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CRL Pays de Loire : fabrication du livre numérique

Couperin rejette l'offre Numilog

CouperinUne annonce qui tombe décidément mal pour une rentrée sous le signe du développement de l'offre numérique en bibliothèques. Depuis longtemps les retours ne manquaient pas des bibliothèques sur l'inadaption des offres de Numilog, pourtant pionnier dans le domaine. Couperin, le consortium universitaire de publications numériques, vient de rejeter l'offre Numilog qui était négociée depuis 2004, la publication est apparue sur le site ici:

2014: offre rejetée.
L'offre de service s'éloigne trop des attentes de Couperin en terme d'offre de livres électroniques.
Aucun engagement n'a été pris par l'éditeur concernant le développement de fonctionnalités à destination des professionnels malgré des demandes répétées:
- Fourniture de notices Unimarc.
- Fourniture de statistiques Counter.
Couperin émet par ailleurs de fortes réserves quant aux contraintes techniques qui freinent considérablement l'accès et l'utilisation des ressources acquises.
- Aucun accès pérenne aux livres achetés dans le cadre de l'option "achat" (sans abonnement à la plateforme)
- Présence de DRM dans le cadre de l'option "achat".
Dans ces conditions, l'offre de l'éditeur ne peut être validée par le consortium.

Derrière l'offre Numilog, c'est bien entendu toute l'offre du groupe Hachette qui est rejeté ainsi par le consortium. Merci à Daniel Bourrion de la BU d'Angers pour l'information.

PS: MAJ 4 sept. Denis Zwirn, PDG de Numilog, m'a envoyé ce complément d'informations que je publie dans son intégralité:

«Vous rendez public une décision commerciale qui ne concerne en principe que Couperin et Numilog dans le cadre privé de leurs relations d’affaire. J’exerce donc mon droit de réponse afin que votre public soit informé de manière complète.

Le rejet de l’offre de Numilog après 10 ans d’accord avec Couperin n’a pas manqué de nous surprendre puisque près de 40 B.U. et Ecoles utilisent toujours nos services avec satisfaction et reconduisent chaque année leur abonnement. Cela risque de causer un préjudice à ces B.U. et à tous leurs usagers, étudiants, chercheurs et enseignants, à l’heure où les bibliothèques sont en demande permanente de plus de contenus en termes de livres numériques, le catalogue de Numilog étant de très loin le plus important disponible en France pour les bibliothèques: plus de 65.000 titres dans tous les domaines, en particulier dans le secteur universitaire, dont de très nombreux ouvrages et manuels de l’année. Sur le fond, la décision de Couperin, sans négociation ni discussion préalable avec nous, est largement injustifiée.

Les deux premiers sujets sont des questions techniques qui peuvent recevoir un traitement rapide et ne valent sans doute pas, car des substituts existent en attendant, de priver les usagers des B.U. de l'accès à nos livres numériques car cela ne les concerne pas.

- Les notices UNIMARC sont disponibles en version béta, les finalisations pratiques de leur intégration par toutes les bibliothèques sont en cours d’expérimentation, la BM de Rennes les a déjà intégrées. Par ailleurs, sans nier l’importance du format UNIMARC spécifique aux bibliothèques, il est possible depuis de nombreuses années de moissonner toutes nos notices au format OAI, standard mondial dans le secteur des livres numériques et utilisé par plusieurs de nos clients bibliothèques sans difficulté.

- La normalisation COUNTER pour les statistiques est à l’étude, peut faire l’objet d’un planning concerté, et ne justifie pas en elle-même cette interruption des services d’accès. Des statistiques de prêt détaillées en temps réel et exportables sont depuis longtemps disponibles pour nos clients. Je doute que tous les fournisseurs de livres numériques français soient à l’heure actuelle à même de satisfaire cette norme.

Les deux autres sujets sont des questions de fond, qui concernent toute les acteurs de la chaîne du livre, et les usagers, avec sans aucun doute des prises de postures politiques dans un contexte national voir européen qui dépasse Numilog.

- L’usage des DRM est ce qui permet de bâtir des systèmes de prêt basés sur la «chrono-dégradabilité» lorsque les usagers souhaitent pouvoir télécharger les livres numériques, usage de plus en plus demandé. C’est ce que pratiquent tous les fournisseurs de livres numériques aux bibliothèques dans le monde entier. Il est logiquement totalement impossible de se passer de cela pour gérer des prêts numériques et l’immense majorité des bibliothécaires le comprennent et l’acceptent, sans que les inconvénients ne soient significatifs dans leur expérience quotidienne. Vous ne pouvez pas prêter un livre à un usager qui le télécharge en lui demandant "s'il vous plait, n'oubliez pas d'arrêter de le lire dans 15 jours...", ou alors il faut leur vendre ce livre. La présence de DRM est en outre une obligation contractuelle exigée par tous les éditeurs que nous représentons et tout détournement de cela serait simplement illégal. Sans cela pas de catalogue en téléchargement en bibliothèque, ni chez Numilog ni ailleurs, car pas de modèle économique pour cela! Mais nous proposons par ailleurs en complément des accès en streaming, qui ne sont pas munis de DRM car les fichiers ne sont pas téléchargés: les usagers qui sont gênés par les DRM peuvent librement bénéficier de cet usage, qui est le même que celui que les bibliothèques proposent par exemple pour l’accès aux bouquets de revues scientifiques. Le téléchargement avec DRM n’est qu’une option libre, un plus.

- C’est aussi bien sûr en raison de cet usage, techniquement et légalement obligatoire des DRM, que la livraison de fichiers sans DRM pour un usage illimité et non protégé depuis les serveurs des B.U. après interruption souhaitée de nos services n’est pas possible. Mais la propriété des livres et pérennité des achats est bien garantie par contrat: nous permettons aux B.U. qui souhaitent arrêter l’usage de nos services de prêt de télécharger définitivement les livres numériques sur 6 machines, nous pouvons également leur proposer avec l’accord des éditeurs un transfert vers un autre prestataire de site de bibliothèque numérique.

Par ailleurs, nous proposerons prochainement aux libraires de pouvoir commercialiser en direct notre catalogue de livres numériques à leurs bibliothèques clientes habituelles, notamment afin de répondre à des appels d’offre mixte papier/ numérique, et cette décision abrupte de Couperin va à l’encontre des souhaits de ces deux acteurs de la chaine du livre traditionnel de préserver leurs relations et leur rôle dans le monde numérique. Elle ne peut que favoriser la progression, en lieu et place, des modèles de prêt ou de location directes des grands acteurs internationaux, qui menacent le rôle ces deux professions et jouent la désintermédiation, ce dont les usagers se moquent si des accès plus commodes leur sont offerts. Cette décision risque en outre de renforcer les réticences qu’ont parfois certains éditeurs à proposer leur catalogue numérique aux bibliothèques, alors que Numilog travaille à les convaincre depuis 10 ans, en bâtissant de manière pionnière des services de qualité et des modèles économiques équilibrés.

Nous espérons rétablir prochainement un dialogue constructif avec Couperin pour éclairer ces incompréhensions regrettables, en réglant bien sûr les points techniques mineurs et en espérant que le pragmatisme et l’intérêt des B.U. et de leurs usagers prévaudront sur ce qui ressemble, concernant notamment les DRM, à des postures ou à des stratégies politiques ou idéologiques en décalage par rapport aux possibilités de la technique, du droit et aux réalités pratiques du livre numérique.»

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