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Liseuses : certains y ont cru, d'autres pas...

LiseusesIntéressant billet sur Liseuses.net qui revient sur le marché des liseuses. Un marché démarré en 2007 par Amazon qui a lui-même lancé celui du livre numérique dans son entier. Tablettes/ liseuses, c'est le même marronnier depuis tellement d'années, relire seulement au printemps 2013. Les "chaussures de randonnée" résistent toujours bien. J'ai eu envie de compléter ce billet par un panorama des sociétés (12 au total) qui ont cru ou non aux liseuses. Un retour en arrière sur des stratégies bien différentes, certaines très récentes qui sont riches d'enseignements:

Ils n'ont pas cru aux liseuses

Google: le géant américain a démarré son programme de numérisation GoogleBooks très en avance dès 2005. On aurait pu croire qu'il allait prendre une longueur d'avance sur le marché du livre numérique, malgré la défiance des éditeurs. Aucune réaction à l'arrivée du Kindle d'Amazon. Google a hésité un temps en 2011, une fois que le marché était bien parti autour d'un modèle IRiverStory. Le projet a été stoppé, la firme a choisi de se déployer vers les smartphones et les tablettes Nexus avec le succès que l'on connait du côté d'Android. En revanche, malgré l'arrivée d'une offre de livres sur GooglePlay il y a deux ans, Google représente moins de 5% des ventes de livres numériques sur le marché anglo-saxon. A peine plus en Europe. C'est bien maigre aux regards des investissements consentis dans la numérisation en amont par Google. Pas très grave sans doute, tant le géant américain n'en est pas à un business près.

Samsung: le fabricant coréen est le principal acteur en terme d'innovations sur le high-tech. Il n'a pas repéré la technologie comme Sony ou Philips à son démarrage. Samsung a exploré le marché en Asie en 2010 avec deux modèles développés en interne. J'avais même rencontré l'équipe commerciale au Salon du Livre. Des bons modèles, Fnac, Darty pressentis chez nous. Quelques mois seulement plus tard, enterrement de première classe. Samsung lâche l'affaire à l'international, brade les séries fabriquées et passe à Android. On ne croit plus aux liseuses chez Samsung, Amazon aura beau jeu de venir en Asie avec son Kindle. Samsung n'existe pas sur le marché du livre numérique. Depuis cette année, le géant corréen a conclu un partenariat avec Barnes and Noble sur les tablettes aux Etats-Unis. Quels retours sur les ventes? A Frankfurt la semaine dernière, Samsung affichait un volontarisme certain envers les éditeurs du monde entier pour promouvoir ses technos sur smartphones et tablettes. Deux marchés sur lesquels sa situation va être très difficile selon les analystes dans les années à venir.

Borders: la chaine de librairie américaine n'a pas cru aux liseuses au démarrage sur le marché américain. Le train du numérique parti sans Borders, Amazon l'a tuée.

Apple: Steve Jobs ne croyait pas aux liseuses, comme d'ailleurs au marché de la lecture numérique. Voir ses propos révélateurs en janvier 2008: "Aujourd'hui, il y a un large éventail d'observations sur l'industrie, y compris sur l'Amazon Kindle, un livre électronique qui, selon moi, ne mène nulle part en grande partie parce que les américains ont cessé de lire. Peu importe si le produit est bon ou mauvais, le fait est que les gens ne lisent plus". Malgré le succès de son iPod qui était bien un lecteur spécialisé et non généraliste, Apple a cru mettre au pas la lecture numérique avec les succès de son iPhone, puis de son iPad et de sa formidable machine à cash iTunes. Malgré la part hégémonique qu'Apple possède sur les marchés des smartphones et des tablettes depuis de nombreuses années, le géant américain pèse moins de 15% du marché du livre numérique anglo-saxon. On est très loin de la razzia qu'Apple avait fait sur la musique dématérialisée. Certains rêveront toujours d'une liseuse Apple? La razzia aurait bien pû se faire en effet. Amazon peut bien remercier Jobs et Apple qui part aujourd'hui sur les montres.

Orange: l'opérateur français a travaillé sur les premiers modèles de liseuses au moment du lancement de la première offre de livres numériques Read and Go dès 2008. En partenariat avec cinq grands titres de la presse française (Le Monde, le Parisien, les Échos, l’Équipe et Télérama) ainsi que les Editions Mango et des premières titres d'Hachette, Orange avait démarré un prototype autour des liseuses Iliad et CybookGen3. A l'époque Pierre Assouline rapportait même la réflexion d'un éditeur: "C’est plié: les télécommunications feront la loi chez nous aussi. Vous verrez, un jour, Orange sera le vrai maître de l’édition en France”. Lettre morte chez Orange pour un déploiement important, le prototype est resté en cet état, les équipes sans doute renvoyées à leurs chères études. En mai 2010 encore, on pressent un accord entre le fabricant chinois Hanwang et Orange. La commercialisation devait intervenir en septembre de la même année. Là encore, il n'en sera rien, on ne croit toujours pas aux liseuses à la tête d'Orange, qui rate une nouvelle fois le coche. Depuis deux ans, Orange est à l'initiative du modèle ouvert MO3T. Des éditeurs, des libraires autour de la table, aucun fabricant de liseuses. Fermez le ban. Orange n'existe tout simplement pas sur le marché du livre numérique en France.

SFR: comme Orange, SFR s'était rapproché de l'univers des liseuses en 2008 autour d'un prototype sur le CybookGen3. Vite remisé dans les cartons de l'opérateur.

 

Ils ont cru aux liseuses

Amazon: Amazon a tout de suite compris le business qu'il pouvait réaliser avec les liseuses dans son emprise globale sur le marché du livre. Le Kindle sorti en 2007, c'est son arrivée qui a fait décoller le livre numérique dans le monde entier. Réplique dans chaque pays à l'arrivée d'Amazon. Revoir la recette du Kindle en 2012. Une dizaine de modèles très largement subventionnés au total depuis cette date. Amazon près aujourd'hui 60% du livre numérique américain et près de 80% au Royaume-Uni. Amazon sort aujourd'hui deux nouveaux modèles de liseuses, trois modèles au total entre 79 et 199$.

Barnes and Noble: le libraire américain a vite compris l'enjeu au démarrage du marché aux Etats-Unis en 2007. Le développement du premier modèle Nook s'est fait en 2008, la première Nook lancé en 2009. C'est un modèle très innovant avec un double écran. Bien que Barnes and Noble ait bien failli boire le bouillon avec ses tablettes propriétaires, il représente près de 20% du marché du livre numérique américain. On regrettera qu'un développement international ambitieux, pressenti il y a quelques années, n'ait finalement pas abouti pour le Nook. L'alliance avec un libraire, pas facile pour d'autres libraires eux-mêmes.

Sony: Sony est le pionnier des liseuses. La technologie très tôt repérée, les premiers modèles sortent en 2004 au Japon et en 2006 aux Etats-Unis. Objectif de Sony, ne pas rater le livre comme il a raté la musique quelques années plus tôt. Dix ans plus tard, Sony abandonne le marché des liseuses cette année. Il n'a pas percé aux Etats-Unis face à Amazon mais surtout n'a pas réussi à convaincre des grands libraires dans le monde entier. Maintenir une liseuse "générique" devient impossible tant les modèles sont désormais très largement subventionnés par tous les libraires. Malgré une liseuse toujours de qualité, impossible de tenir sans la librairie associée. Sony supprime la ligne "liseuse", dommage.

Rakuten/Kobo: le géant du e-commerce japonais met la main sur la petite start-up canadienne en 2011. Objectif, suivre Amazon à la trace. Malgré l'échec aux Etats-Unis sans chaines associées, Kobo conclu de nombreux accords avec des distributeurs en Europe. Des sommes très importantes sans doute investies par Rakuten pour suivre le rythme en gamme (liseuses et tablettes) avec des modèles fortement subventionnés, mais le livre numérique s'inscrit dans un enjeu plus global pour le géant asiatique.

Fnac: plusieurs tentatives de la part de la Fnac. La première en 2008 avec Sony. L'offre de livres n'est pas là, un désengagement total de la part d'Hachette au niveau de l'offre, la Fnac jette l'éponge. Nouvelle tentative en 2010 avec un modèle FnacBook, développé en interne par la Fnac. Celui-ci se révèle assez médiocre, aussi bien la conception que l'ergonomie, dommage. Dernière tentative en 2011 au lancement du Kindle en France, un partenariat avec Kobo. Les Kobo rentrent en France avec succès. Fnac/ Kobo réprésentent plus de 20% du marché du livre numérique dans notre pays.

Deutsche Telecom: l'opérateur allemand a sans doute observé très tôt en interne ce marché. Très discret sur la question, il démarre tard au printemps 2013 seulement avec un modèle développé en interne et, sous la marque Tolino, rallie des grands acteurs de la distribution en Allemagne. En moins d'un an, Tolino raffle le morceau, plus de 30% du marché allemand et taille des croupières à Amazon. Il part à l'international depuis le début de l'été, Belgique, Pays-Bas, Italie...

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