73 notes dans la catégorie "Club des lecteurs numériques"

Roman soufflant-bluffant ! - n°53

Incone1C'est dimanche, retrouvez la chronique de Thierry:

«Dis-moi, tu penses qu’il y a une vie après la mort?
- Malheureusement, non. Et toi?
- Moi non plus. Mais ça n’est peut-être pas malheureux, non?
On disparaît, et pfuit! plus rien.»
«Pop et Kok» de Julien Peluchon aux Editions du Seuil.
«L'âme est immatérielle » disait l'un.
- Nullement! » disait l'autre; « la folie, le chloroforme, une saignée la bouleversent et puisqu'elle ne pense pas toujours, elle n'est point une substance ne faisant que penser.»
«Bouvard et Pécuchet» de Flaubert.
Tenez-vous bien! Calez-vous bien dans votre fauteuil! Imaginez un «roman-marmite» explosif où «l’auteur-magicien» rusé aurait mélangé (avec un malin plaisir d’écriture pour un malin plaisir de lecture!) un zeste de Bouvard et Pécuchet de Flaubert avec une pincée du Candide de Voltaire, une louche de Robinson et Vendredi de Defoe et un soupçon de «Mercier et Camier» de Beckett, le tout jubileusement jeté en pâture (en enfer) sur une route effrayante à la Cormac McCarthy! Oui, je vous avais prévenus de bien rester assis! Voilà ce que c’est de ne pas écouter!
KokNous sommes en 2185 dans un zone industrielle de Rouen après le Souffle terrible, le sublime éclair bleu. «Ciel et Terre avaient tremblé. La pluie était tombée, une pluie mauve qui avait tout couvert d’une suie morose. On eût cru l’Apocalypse parée des couleurs de l’arc-en-ciel, et la ville, flambant, grésillant, pétaradant ainsi chamarrée,
s’était changée en une symphonie de hurlements, de tonnerre, de râles, avant un long silence ponctué d’escarbilles et de caverneux sanglots. Cent mille cadavres frais fumant sous la pluie mauve et ferreuse, et l’éclosion du phénomène zombie. Et pas seulement ici. Sur tout le territoire, dans le monde entier, sauf quelques îlots pleins d’espoir, ça et là dans les océans, en Afrique, dans certaines parties de l’Asie... Là où le Souffle n’était, paraît-il, pas venu...»
Restent des barbares, des zombies et... et... Pop et Kok, nos deux compères, nos deux Candide. Pop et Kok et leurs entreprises piteuses. Pop et Kok et leurs amours pitoyables. Pop et Kok et leurs résistances désespérantes. Nous sommes les frères survivants de Pop et Kok dans ce monde à écrire... vide, vierge (ou dévasté?) comme une page blanche...
Flaubert avait sous-titré son «Bouvard et Pécuchet» Encyclopédie de la bêtise humaine et bien moi je pourrais dire que j’ai lu «Pop et Kok ou la bêtise humaine».
Vous avez compris que j’ai beaucoup aimé lire ce roman amusant (parodique à souhait!), surprenant et singulier.
Eric Chevillard, qui a eu le coup de foudre pour ce roman, écrit de lui: «Leurs aventures dérisoires et comiques, pitoyables et héroïques, font de ces derniers hommes les frères des tout premiers, ceux qui survécurent dans un monde hostile avec si peu d'aptitudes et de moyens. Et puisque le roman d'anticipation recoupe si bien le récit des origines, comment ne pas se demander en effet si les débris que les archéologues exhument aujourd'hui ne sont pas ceux déjà de la catastrophe à venir?»
Lu en epub dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Cris et chuchotements - n°52

MagritteThierry, comme d'habitude, fidèle à son poste.

Gaëlle Josse, née le 22 septembre 1960, a publié des recueils de poésie. Dans son premier roman, Gaëlle Josse nous inventait le journal intime d'une femme inconnue vue de dos sur un tableau d'Emmanuel de Witte, peintre hollandais du XVIIe ("Les heures silencieuses"). 
Dans ce deuxième roman, "Nos vies désaccordées" aux Editions Autrement, elle nous (dé)peint, de petites touches impressionnistes, musicales, nos intérieurs, nos émotions, nos sentiments. 
C'est l'histoire chuchotée de François Vallier, pianiste de renommée internationale et de Sophie son unique amour.

 Nos-vies-desaccordees-gaelle-josse-9782746731448Un jour qu'il rentre d'une tournée aux Etats-Unis, il lit un message sur le site internet qui lui est consacré. Après trois ans sans nouvelle, il apprend que Sophie est internée dans un asile psychiatrique.
Sa vie illusoire va s'effondrer...
C'est un roman sur la musique, sur la peinture, l'amour, la jalousie, la folie, le deuil d'un enfant.
Ce roman s'inspire de l'histoire d'amour entre Robert et Clara Schumann. Robert Schumann, compositeur et pianiste romantique qui tentera de se suicider en se jetant dans le Rhin. Sauvé et enfermé dans un asile durant deux ans avant d'y mourir.
"Avec Sophie, j'ai tout reçu, et tout perdu. Je me suis cru invincible. Je nous ai crus invincibles. Jamais je n'ai été aussi désarmé qu'aujourd'hui, ni plus serein peut-être."
Un très beau moment de lecture. Tout en violence retenue. Captivant et émouvant!

Lu en epub dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques

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Immersion chez les autonomes - n°51

MagritteChronique de notre ami Thierry:

"Black Block" de Elsa Marpeau, aux Editions Gallimard.
"L'Etat n'aime pas la littérature. Et la littérature lui rend bien."
"Black Block" est le deuxième roman d'Elsa Marpeau. Avec "Les yeux des morts" elle avait obtenu le Prix Nouvel Obs du roman noir 2011.
Petit rappel pour ceux qui viennent d'arriver. Un black bloc est "un regroupement éphémère d'individus au cours d'une manifestation, dans le but de mettre en place des actions violentes contre tout ce qui est perçu comme symbole matériel du capitalisme.

MarpeauLes Black Blocs sont des structures informelles et décentralisées, sans appartenances formelles ni hiérarchies. Ils sont constitués principalement d'activistes des mouvances libertaires." Là je cite copieusement Wikipédia.
Swann et Samuel forment un jeune couple "pacsé" de deux ans d'âge.
Elle est laborantine. Il est professeur de sociologie. Jusque là tout va bien.
Oui mais voilà, vous lisez un polar. Et un jour, une page, Swann découvre Samuel mort dans leur nid d'amour. Une balle dans le ventre. "Elle enfonce tout doucement son doigt dans le trou. C'est humide et chaud. Elle le ressort sanglant. Elle ne sait pas où le poser pour éviter de se salir ou de salir la moquette. Elle le lèche pour que la trace ne s'étende pas."
L'enquête commence. Et c'est la SDAT, Section antiterroriste qui prend les rênes. Swann va alors se mettre en tête de retrouver le coupable. Au fur et à mesure de sa recherche elle va découvrir un autre Samuel, un Samuel inconnu qui menait une double vie.
Celle des anarchistes autonomes qui vivent dans un squat en attendant le Grand Soir. Enfants légitimes d'Action Directe, des Brigades Rouges ou de la Fraction Armée Rouge. Un petit monde qui lit Jacques Derrida, Nietzsche ou Kropotkine. "Le traumatisme reste traumatisant et incurable parce qu'il vient de l'avenir." Aux écoutes, les oreilles de l'Etat: le Commandant Anton Legal et le Capitaine Bouveresse. Ce polar fait une allusion non dissimulée à la fameuse (fumeuse) affaire Tarnac-Coupat, ce jeune accusé de sabotage qui déclare que "l'antiterrorisme est la forme moderne du procès en sorcellerie".
Un livre qui se lit vite, vite, en accéléré, au rythme des phrases courtes et incisives de l'auteur. Ni plus... ni moins.
Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Un chef d’oeuvre oublié - n°50

MagritteChronique de Thierry qui nous parle aujoud'hui d'un livre qui lui tient particulièrement à coeur.

Oui, j’insiste, il faut lire «Le Sang noir» de Louis Guilloux sous peine, sous peine de, j’sais pas moi, sous peine d’ignorance de la nature humaine tiens. Pour 8,49€ en epub, ça ne vaut pas la peine de s’en priver!
«J’admire et j’aime l’oeuvre de Louis Guilloux, qui ne flatte ni ne méprise le peuple dont il parle et qui lui restitue la seule grandeur qu’on ne puisse lui arracher, celle de la vérité.» Albert Camus.
    Cher lecteur, installez-vous bien inconfortablement dans ce chef d’oeuvre oublié de la littérature française que Jorge Semprun considérait comme l’un des plus grands romans du XXe siècle.


GuillouxPlantons le décor. Sur scène, devant nous, tout près de nous, avec nous, à les toucher, à les sentir, à les écouter parler, crier, chuchoter et penser, des personnages uniques en leurs genres et pourtant si universels. Tous plus réalistes les uns que les autres. Guilloux se méfie de l’imagination comme de son ombre, comme de sa lumière. Il montre, il décrit. Il ne juge pas, il ne commente pas, il n’explique pas.
    En coulisse, très loin, l’odeur de la boucherie des tranchées, le grognement ignoble des gueules cassées, le vacarme de la révolution russe, les cris des poilus mutins aussitôt fusillés.
Parfois le rideau frémit, une bise d’espoir, une brise de désespoir, le rideau se soulève et l’on voit tout: horrible!
    Nous sommes en 1917 dans une ville de province qui pourrait être Saint-Brieuc, ville natale de Guilloux, qui veut, sans la nommer, nous parler d’elle. Ici l’avant c’est l’arrière.
Ce roman «qui offre de quoi perdre pied» (André Gide) transpire, respire à pleines pages Balzac, Céline, Nietzsche, Ibsen, Dostoïevski. Tout ça? Ben oui tout ça! «L’homme révolté» de Camus nous tend la main tout au long des pages. Mais ce roman bouleversant rit aussi à plein poumons comme une comédie de boulevard. Une vraie Comédie Humaine mon cher Honoré! Chacun y joue son rôle. «Ce qu’il y avait d’intolérable, c’est que c’était toujours l’épicier qui était l’épicier, l’avocat, l’avocat, que M.Poincaré parlait toujours comme M.Poincaré, jamais, par exemple, comme Apollinaire et réciproquement..."
    Son «anti-héros» Merlin est professeur de philosophie (professeur de désordre) au lycée. A un an de la retraite. Ses élèves et les gens du village le surnomment Cripure car cet homme a mauvaise réputation. Cripure comme «Critique de la raison pure» (ou Cripure de la raison tique selon ses élèves) de Kant que ce professeur un peu loufoque aime tant commenter à ses élèves. Cripure donc a eu son heure d’importance à Paris: une thèse sur Tournier un philosophe (thèse jugée trop fantaisiste et refusée) et une étude sur la pensée médique. Il sait philosopher: «On vit comme si on avait une vie pour apprendre.» Imparable! Cripure est handicapé physique atteint d’une difformité si voyante.
    Cripure le voilà et malgré ce portrait saisissant nous le prendrons en amitié. «Son petit chapeau de toile rabattu sur l’oeil, sa peau de bique flottante, sa canne tenue comme une épée, et cet effort si pénible à chaque pas pour arracher comme d’une boue gluante ses longs pieds de gugusse, Cripure avait l’air dans la rue d’un somnolent danseur de corde. Sa myopie accusait le côté ahuri de son visage, donnait à ses gestes un caractère ralenti, vacillant, d’ivrogne ou de joueur à colin-maillard.»
    Louis Aragon disait de Cripure qu’il était «nécessaire à la pleine compréhension de l’homme d’aujourd’hui, une arme pour l’homme de demain contre l’homme d’hier.» Cripure fait bande à part dans le village. Il rejette le lache patriotisme des planqués de la grande guerre (officiers, ministres), il crache sur Dieu, l’argent et l’armée (depuis l’affaire Dreyfus). Mais il sait déjà que la révolution qui se prépare à l’est ne sera pas pour lui. Trop tard.
    Cripure aura tout raté: sa carrière d’écrivain, ses amours... le Paradis artificiel sur Terre comme au Ciel! Il restera donc le bouc émissaire (à la peau de bique!) des «bien pensant» et des nantis. Ce Cripure c’est le portrait tout craché de Georges Palante le professeur de philosophie de Louis Guilloux lycéen à Saint-Brieuc. Palante, l’athée social, vénéré par Michel Onfray qui lui consacra son premier livre et adulé par Albert Camus, est le philosophe de l’aristocratisme individuel, l’auteur de «Combat pour l’individu» ou «La sensibilité individualiste». Palante était atteint d’acromégalie, une maladie dégénérative. Sa thèse avait été refusée. Tiens, tiens!
    Mais dans ce roman il y a aussi Maïa la phénoménale compagne illettrée de Cripure, ses chiens à puces, son bureau poussiéreux bourré à craquer de livres, l’odieux Nabucet, le doux farfelu Moka, Faurel le député et son fils déserteur, Babinot le patriote ridicule, Kaminski le cynique et suffisant officier, Mme de Villaplane l’aristocrate déchue, Monfort l’étudiant poète-révolutionnaire, Glâtre le collectionneur d’images des catalogues de modes, la belle Toinette et son officier blond et beaucoup d’autres illustres copies conformes, informes, difformes à la nature humaine. De l’hypocrisie donsidérée comme un des beaux arts!
    Simplement, avec pudeur et générosité, Guilloux sait révéler le Bien et le Mal qui déchirent les couples, empoisonnent les familles, attisent les luttes de classe, provoquent les guerres. A la vie, à la mort!
    Cher lecteur, n’ayez pas peur des 600 pages. Elles se lisent à la mesure des courts chapitres (comme autant de nouvelles) qui rythment la lecture. Je vous le dis pompeusement, je pourrais écrire une thèse sur ce livre... Bon, pas sûr qu’elle soit acceptée par un académique jury bien pensant... «Ne vient de nous-mêmes que ce que nous tirons de l’obscurité qui est en nous, et que ne connaissent pas les autres.» Marcel Proust.
    Le sang obscur comme le sang noir de ceux qui n’ont plus que l’apparence de la vie...

Louis Guilloux (1899-1980) est un auteur trop méconnu. Ami de Camus et de Malraux, admirateur de Conrad, son nom est associé au Prix Louis Guilloux décerné chaque année à une œuvre de langue française ayant une «dimension humaine d'une pensée généreuse, refusant tout manichéisme, tout sacrifice de l'individu au profit d'abstractions idéologiques».

Lu et relu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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PocketBook 611 en voyage dans le Club

PocketbookTrois exemplaires du PocketBook 611 qui circulent au sein de notre petit Club des lecteurs numériques depuis quelques semaines. J'avais déjà eu l'occasion de vous parler de ce modèle mi-décembre. Voici les retours de nos amis Thierry, Chantal et Sabine.

Je remercie PocketBook France pour nous avoir mis à disposition ces lecteurs qui vont poursuivre leurs voyages chez d'autres membres.

Mes impressions sur le 611.

 Du confort physique du lecteur. Le premier coup d’oeil séduit de suite.
La première prise en main plaît d’entrée.
Superbe et sobre carrosserie arrondie gris-noir, épurée, légère, autour d’un Vizplex 6 pouces au contraste impeccable très agréable à lire. Confortable, cette liseuse a tout d’une grande!
Ici, sous le capot, pas de tactile dernière tendance. Mais une navigation aux souples boutons sous les doigts. Rapide et efficace le moteur, processeur  Freescale de 800 МHz, fait vite et bien son boulot.
Un jeu d’enfant! Ceci compense cela. Après tout une liseuse électronique est là, avant tout, pour lire, sans avoir à trifouiller pendant des plombes, à s’énerver quand ça marche pas à deux pages de la découverte du criminel de votre dernier polar.
Les réglages sont ouverts à tous vents... ou presque! 
10 types de caractères intégrés et possibilité de rajouter vos propres polices. La taille des caractères, les intervalles, les espaces, les marges ainsi que d'autres caractéristiques d'un texte peuvent être modifiés.
Bien sûr j’aurais préféré tourner les pages sur des boutons situés à droite du capot, c’est plus pratique. Ils sont en bas mais tout de même très accessibles. La prise de notes reste anecdotique et je n’ai pas pu/su accéder au web avec une wifi injoignable.
Les mises à jour des solides et fiables produits Pocketbook sont régulièrement au rendez-vous.
Avec son prix compétitif à 129€, je suis sous le charme.
Un rassurant matériel de lecture qui mériterait une plus ample reconnaissance! Il n’y a pas que Sony (tentant PRS T1 essayé en magasin), Bookeen (mon excellent petit Opus 5 pouces) ou Kobo (pas vu, pas pris, too much tactile) dans la vie numérique...
Sur ce 611, j’ai lu «Du domaine des murmures» de Carole Martinez et «Tangente vers l’est» de Maylis de Kérangal avec chroniques à venir, une BD («Pulp» déjà chroniquée), des poèmes de Baudelaire et du Balzac.
Le tout avec grand plaisir, n’en déplaise à Yann Moix!
«La lecture, c'est comme les auberges espagnoles, on n'y trouve que ce que l'on y apporte.» André Maurois.

Thierry

Tout d'abord je suis confuse d'avoir été sélectionnée d'emblée alors que je suis une utilisatrice habituée de liseuse. Je n'avais pas repéré cette clause. Et cela m'intéressait de comparer un produit différent.
Donc pour le PocketBook 611
Les plus: la légéreté et le design, ainsi que le confort de lecture (bon contraste)
Les moins: la difficulté de navigation et la manipulation peu intuitive. Une molette et 2 boutons pour tout faire, c'est un peu juste. J'ai eu beaucoup de mal à trouver le wifi et n'est pas réussi à me connecter et le modèle n'est pas référencé sur l'aide en ligne en français.
A noter aussi la rémanence importante et la lenteur des changements de page, avec un effet d'écran noir marqué.
Merci pour cette expérience intéressante.

Chantal

J'ai eu à peu près le même avis que Chantal, à l'exception que j'ai abandonné ma tentative de me connecter à mon wifi domestique après avoir saisi très laborieusement 6 caractères de ma clé (c'est mission impossible avec une interface si peu intuitive).
Je n'ai toujours pas récupéré mon Sony Reader du SAV (c'est désespérant), mais je dois bien avouer que le côté tactile manque cruellement sur ce modèle.

Sabine

Sur les rails irréversibles... n°49

MagritteAujourd'hui, chronique de Thierry sur "Tangente vers l'Est" de Maylis de Kerangal, Editions Verticales.

Aliocha le russe monte dans le Transsibérien. Hélène la française aussi. Lui veut déserter son service militaire qui lui fait peur. Elle veut déserter un amour qui lui fait peur. Le Transsibérien: près de dix mille kilomètres, neuf-cents gares desservies, de Moscou à Vladivostok jusqu’à l’océan Pacifique en passant par la Sibérie et le lac Baïkal.
Vous montez dans le wagon et vous voilà partis pour cent trente pages de suspens à la Hitchcock, style «L'Inconnu du Nord-Express» par exemple!
Hélène, première classe et Aliocha, troisième classe sont deux fuyards aux destins contraints aux rails irréversibles.
Chers lecteurs, traqués, à bout de souffle, restez vigilants et méfiez-vous d’un certain sergent Letchov comme de la peste! Et pas question de tirer le signal d’alarme! Ici pas d’échappatoire sauf si vous descendez en marche... sauf si vous abandonnez le livre... ce qui m’étonnerait!
Un vrai thriller rythmé aux boogies!
31vxFWZbCVL._SL500_AA300_Maylis de Kerangal, prix Médicis 2010 avec «Naissance d’un pont» était attendue au tournant.
Elle franchit la grande Russie haut le verbe!
Le Prix Landerneau Roman 2012 vient juste de lui être attribué pour ce dernier livre.
«Après quoi les rails irréversibles qui déplient le pays, déballent, déballent, déballent la Russie, progressent entre les latitudes 50° N et 60° N, et les gars qui poissent dans les wagons, les crânes pâles sous la tonsure, les tempes vaporisées de sueur, et parmi eux Aliocha, vingt ans, bâti en force mais le corps pris dans des élans contraires, le torse qui oblique vers l'avant quand les épaules, elles, sont déjetées vers l'arrière, colériques, le teint ciment, l'oeil noir...»

Lu en epub dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques

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Sony PRS-T1 dans le Club

Sony-prs-t1Pierrick, l'un des membres de notre club des lecteurs numériques, vient de mettre en ligne son propre test du dernier Sony PRS-T1; d'autres aussi ont choisi cette solution ouverte sur l'ensemble du marché, avec la même satisfaction, ce sont les échos que j'en ai. Plusieurs semaines de lecture aussi pour ma part sur ce modèle, je reviendrais dans les jours qui viennent sur mon propre test.


Eugène le bagnard- n°48

MagritteLa chronique dominicale de Thierry. Aujourd'hui "Au Bagne" d'Albert Londres.

«Bagnard, au bagne de Vauban
Dans l’île de Ré
Je mange du pain noir et des murs blancs
Dans l’île de Ré
A la ville m’attend ma mignonne
Mais dans vingt ans
Pour elle je ne serai plus personne
Merde à Vauban
Bagnard, je suis, chaîne et boulet
Tout ça pour rien,
Ils m’ont serré dans l’île de Ré
C’est pour mon bien
On y voit passer les nuages
Qui vont crevant
Moi je vois se faner la fleur de l’âge
Merde à Vauban.»
Léo Ferré
Eugène Camille Dieudonné est anarchiste. Il fréquente le local du journal «L’anarchie» dirigé par Victor Serge (à lire les indispensables «Mémoires d’un révolutionnaire» de Victor Serge). Le 29 février 1912, Dieudonné est arrêté. Il est accusé d’appartenir à la Bande à Bonnot (lire l’excellent «L’homme à la carabine» de Pécherot). Il est condamné à la peine capitale: la guillotine. Innocenté par ses camarades, sa peine est commuée par Raymond Poincaré en travaux forcés à perpétuité. Envoyé au bagne de Cayenne il n’a qu’une idée en tête: se faire la belle. Suite aux campagnes de soutien du journaliste Albert Londres, il sera gracié.
«Au bagne», publié en 1923, raconte la rencontre d’Albert Londres et de Dieudonné.
Le célèbre journaliste Albert Londres milite contre les conditions inhumaines des bagnards.
Une instructive virée dans notre Histoire de France des années 20, un juste regard sur la vie des bagnards. De 1852 à 1953, la France a transporté et déporté plus de 100000 personnes vers les bagnes de la Guyane et de la Nouvelle-Calédonie.
Libéré, Eugène Dieudonné s'installe comme ébéniste dans le faubourg St-Antoine à Paris.
En 1930 paraît son livre «La vie des forçats», souvenirs du bagne,  préfacé par... Albert Londres.
Londres-albert.1258229097.thumbnail"Au bagne" est un livre-témoignage passionnant. Le journaliste sait se faire oublier pour laisser la part belle (la bonne parole) à Dieudonné.
Une belle leçon de journalisme que devraient cogiter tous les "journalistes-people" d’aujourd’hui qui parlent, parlent, parlent et parlent sans fin, affamés de notoriété, sans jamais laisser parler!
Le Prix Albert Londres couronne, en France, le meilleur reporter de l’année en presse écrite depuis 1933 et audiovisuelle depuis 1985.
«Notre métier n'est ni de faire plaisir, ni de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie» écrivait Albert Londres.

Gratuit sur les sites EbooksGratuits et EditionsdeLondres, lire également le récit "L'Homme qui s'évada" paru sur Publienet récemment.

Livre lu en epub dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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La Reine des Glaces - n°47

MagritteThierry toujours au rendez-vous ce dimanche avec sa chronique habituelle.

"Journal intime d'une prédatrice" de Philippe Vasset, Editions Fayard.

«Elle» (ce sera son nom), elle est blonde («hâlée, d'une blondeur trop éclatante pour être naturelle»), toute de blanc vêtue et croqueuse de glaçons du Grand Nord. Femme d’affaires impitoyable, cyclique manipulatrice et charmeuse. Le pôle Nord peut rapporter gros: réserves de gaz, de pétrole ou de diamants. C’est ici, au pays des Inuits, que la Reine des Glaces va poser ses griffes acérées joliment peintes au vernis. «Elle» va tout anéantir sur son passage jusqu’à se (s’auto)détruire. Pour l’appât, sans partage, d’un bon gain, bon teint.
Le narrateur, «Il» (ce sera son nom) travaille dans l’ombre fascinée de «Elle».
«Il» la suit partout comme l’ombre de son ombre, comme l’ombre de son chien. Amoureux? Agent secret? Simple valet soumis? A vous de voir...
Cruel et cocasse, clinique et cynique ce roman glacial devrait figurer dans tous les trousseaux des juvéniles traders bourgeonneux et sans reproche qui partent, sabre au clair, au front des dégradantes agences de notation!
JournalCe roman efficace écrit avec éloquence est une démonstration sans tain et sans pitié de notre monde au frigide coeur économique.
Au temps cannibale de «notre» crise boursicoteuse, le salvateur Philippe Vasset veut nous «décrire les effloraisons incontrôlées de l'économie mondialisée.»
Philippe Vasset nous avait déjà immergés dans le monde sinistre des marchands d’armes avec son «Journal intime d’un marchand de canons», après la descente aux enfers dans le monde financier avec ce «Journal intime d’une prédatrice», que nous prépare t-il?
Peut-être un «Journal intime d’un marchand de sable»?
En attendant le troisième opus avec impatience, interrogeons-nous: mais dans quel monde vivons-nous?
Né en 1972, Philippe Vasset est journaliste et écrivain. Diplômé en géographie, en philosophie ainsi qu'en relations internationales, il a travaillé un temps dans un cabinet d’investigation américain, tiens, tiens! Il est aujourd’hui rédacteur en chef d’Intelligence on line, publication spécialisée dans le renseignement industriel et politique, tiens, tiens!

Lu en format epub dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Du temps de Debord - n°46

MagritteMilles excuses à Thierry, il était bien présent ce week-end pour sa petite chronique, c'est moi qui était aux abonnés absents!

"Qu'as-tu fait de tes frères?" de Claude Arnaud, Grasset.

«Pierre en aventurier mental, Philippe en penseur global, moi en Gavroche planant, nous sommes déterminés, chacun à notre façon, à ébranler le monde de notre père, à mesurer notre puissance destructrice. Cela nous mènera-t-il à une seconde Genèse ou à un suicide collectif? Tout vaut mieux que cette société de morts-vivants. C'est une vie si facile, abondante et animée, que je me découvre une ambition, celle de ne jamais rien faire. De passer mes journées à sentir, à comprendre, à paresser et à jouir, en respirant l'air du temps. Il est hors de question que je perde ma vie à la gagner; je la passerai à la dépenser.»
Voilà qui en dit déjà très très long...


Qu'as tu faisLe JE du livre c’est Claude Arnaud, l’auteur, écrivain né en 1955, biographe de Chamfort et de Cocteau et Prix Jean-Jacques Rousseau 2011 pour «Qu’as-tu fait de tes frères?».
Il s’agit donc d’un roman autobiographique. Le roman des années 70. Le roman de trois frères: Claude, Philippe et Pierre.
Une famille bourgeoise promise au firmament qui va vivre une terrible tragédie.
Attention: roman très très émouvant et très très bien écrit!
Dans l’amphithéâtre, pêle-mêle: les dérives de l’extrême gauche clandestine (la Gauche Prolétarienne), les crises d’identités adolescentes, les drogues prometteuses, les illusions perdues, les poignantes confessions, les révoltes antipatriarcales contre un père trop détesté, la mort prématurée d’une mère trop aimée, la folie et le suicide, les idéaux pensés-perdus d’avance. «Une hémorragie de noms propres qui s'écoulent de ma bouche."
Toute une autre époque!
Celle de Guy Debord, de «Socialisme et Barbarie», du manifeste des 121 contre la Guerre d’Algérie, de Mai 68, de la (dé)libération sexuelle...
Les regrets éternels d’une vie brûlée à tombeau ouvert: «Son champ d'intervention n'a cessé de se réduire avec la maladie, le mien s'est ouvert à l'infini. Elle s'est pelotonnée dans son intérieur jusqu'à ne plus quitter sa chambre, seuls les grands problèmes du monde me concernaient encore. Je m'en veux d'avoir pris tout le temps d'étudier la "pensée" de Mao à travers cent brochures indigestes, non de l'observer au quotidien.»
Un roman courageusement tourmenté et terriblement lucide sur la vie qui ne tient qu’à un fil où " l'intelligence est souvent la clef de la vie, parfois sa pire ennemie."

Livre lu en epub dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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La vie, mode d’emploi - n°45

MagritteC'est dimanche, la chronique de Thierry, bien sûr!

«La vie très privée de Mr Sim» de Jonathan Coe (version epub)

Si la crise, basse et lourde, pèse comme un couvercle sur votre esprit gémissant en proie aux longs ennuis (merci Baudelaire), si le dernier Sollers vous a provoqué des migraines ophtalmiques, si le dernier Delphine de Vigan vous a impulsivement précipité dans l’impérieux bouillonnement des soldes, si vous pensez que le dernier Marc Levy ne vaut pas un triple A, si la dernière cuvée de Jacques Attali vous a donné des nausées (j’vois pas bien le rapport mais tant pis, ça me fait du bien!), alors, éteignez télévision, ordinateur, GPS et téléphone et ouvrez grand la dernière livraison de Jonathan Coe.


SimSuivez les extras aventures ordinaires de Monsieur Sim. Prononcez «sim» comme la carte SIM de votre mobile. Mr Sim, Maxwell Sim, c’est, tenez-vous bien, tous à la fois et tout à la fois: Mr Hulot (non pas le Nicolas mais le Mr Hulot de Tati), Laurel et Hardy, les Monty Python et Donald Crowhurst.
Donald Crowhurst? Un homme d’affaire anglais qui participa à une course autour du monde à la voile en 1969, le Sunday Golden Globe Race. Il est l’acteur de la plus grande escroquerie de la navigation de compétition. Il écrivit un faux journal de bord qui prétendait avoir effectué le tour du monde alors qu’il avait à peine entamé le parcours. Devant cette supercherie qui le plaçait premier de la course, il paniqua, sombra dans la folie et se suicida (histoire vraie relatée dans le livre «L’étrange voyage de Donald Crowhurst»). Hum, hum, pas gai tout ça me direz-vous!
Et pourtant... et pourtant...
Cet émouvant et attachant personnage, tout droit sorti de l’imaginaire de Jonathan Coe, vit, plus vrai que nature, la vie sans mode d’emploi. Ou plutôt, ou peut-être lit-il le mode d’emploi (mais en existe t-il vraiment un? si oui, faites moi signe!) à l’envers et contre tous, en sautant des pages, dans le désordre ou bien dans une langue étrangère. Mr Sim ne sait pas s’il doit reculer ou avancer, tourner à droite ou à gauche... bref, la vie comme un indécis voyage solitaire au long-cours...
«Les voitures, c'est comme les gens. On va, on vient dans le grouillement du quotidien, on passe à deux doigts les uns des autres, mais le vrai contact est très rare. Tous ces ratages de peu, tous ces possibles irréalisés, c'est effrayant quand on y pense. Mieux vaut éviter soigneusement d'y penser.» nous confie Mr Sim. La vie comme une interminable et monotone autoroute... où personne ne se croise vraiment. Où tout le monde se croise sans vraiment se voir. Hum, hum, pas gai tout ça me direz-vous!
Et pourtant... et pourtant...
Mr Sim se sent seul. «Il y a quarante ans, Donald Crowhurst avait apparemment pu se cacher au cœur de l'océan l'Atlantique, grain de poussière dans l'océan, entouré par l'infini de la haute mer et dérobé aux yeux de tous les habitants de la planète. De nos jours, une quantité de satellites en orbite étaient braqués sur nous en permanence et pouvaient établir nos coordonnées avec une rapidité et une précision inimaginables. L'intimité ça n'existait plus. Nous n'étions plus jamais seuls.»
Alors le Mr Sim il tombe facilement amoureux: d’une inconnue voisine de table dans un restaurant, de la douce et rassurante voix féminine de son GPS. GPS qu’il va surnommer Emma en hommage à Jane Eyre.
Mr Sim: sa femme le quitte avec sa fille, il est VRP en brosses à dents, sa mère est morte depuis longtemps, son père inexistant vit en Australie et pour achever le tout il n’a pas d’ami. Hum, hum, pas gai tout ça me direz-vous!
Et pourtant... et pourtant...
Prenez la route au côté de Mr Sim pour un voyage désorganisé de Londres aux îles Shetland au nord de l’Ecosse. Vous n’avez pas fini de vous dérider!
Ce roman est hilarant. Lu à gorge déployée! Les seconds rôles sont de première classe: Emma la dame du GPS, Poppy l’ange gardienne des maris volages, Trevor le collègue vendeur de brosses à dents et j’en passe... Du grand Jonathan Coe! Je me suis surpris à rire en lisant. Et que dire de mes proches qui commençaient à s’inquiéter!
Jonathan Coe nous dépeint un monde désenchanté, nous brosse dru et dur une société anglaise déliquescente, nous observe drôlement en mordant là où ça fait mal mais sans blessure, nous regarde de travers en rigolant mais sans nous pointer du doigt, nous pousse dans nos derniers retranchements mais sans nous juger.
Une magistrale (auto)dérision!
Une fin (d)étonnante... Préparez vos mouchoirs!

Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques

«Testament à l'anglaise"
«La pluie, avant qu'elle tombe"
«Bienvenue au club" (très très recommandé!)
«La Maison du sommeil»
ces quatre livres de Coe sont disponibles au format epub

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Hum... diabolique histoire ! - n°44

MagritteLa chronique du dimanche de notre ami Thierry:

«Une histoire sans nom» de Barbey d’Aurevilly

«Les plus grandes séductions peut-être que l’histoire des passions pourrait raconter ont été accomplies par des voyageurs qui n’ont fait que passer et dont cela fut la seule puissance.»

Jules_Barbey_AurevillyBarbey d’Aurevilly (1808-1889) est un habile, talentueux et trop méconnu conteur (baroque? gothique? allez savoir!) fasciné par le Mal, le secret et les passions diaboliques. Catholique tourmenté, monarchiste, outrancier anti-révolutionnaire, polémiste et dandy opiomane (au premier abord, pas très sympathique le garçon, dans les salons, on le surnommait Brummell II!), il aime tremper ses personnages dans le péché. «Les êtres heureux sont graves. Ils portent en eux attentivement leur cœur comme un verre plein, que le moindre mouvement peut faire déborder ou briser.»

Ici, dans cette «Histoire sans nom» (parue avec succès en 1882), le génial prosateur à l’imagination débordante, Barbey D’Aurevilly peint, avec un réalisme impitoyable lourdement chargé de symbolisme (le tout servi bien crémeux à souhait d’adjectifs, j’aime ça et j’assume!), les ravages d’une passion filiale entre une mère et sa fille. L’aristocrate Mme de Ferjol, originaire de Normandie (comme l’auteur) se marie, suit son époux et se retrouve «coincée», presque cloîtrée dans un trou perdu du Forez (pas très loin de chez moi!). Son mari qu’elle adore meurt trop tôt. Elle va alors se plonger, jusqu’à se se noyer, dans la prière. Entièrement vouée à Dieu, elle va même jusqu’à délaisser sa fille Lasthénie qui va, en silence, cruellement souffrir d’un manque de tendresse maternelle. La belle, fraîche et innocente Lasthénie...


Une histoireLorsqu’un maudit jour un énigmatique et ténébreux prête capucin arrive dans le village pour célébrer le carême. Il sera logé chez Mme de Ferjol, reconnue figure généreuse du village. Pendant quarante jours, le temps du carême, cet obscur et taciturne capucin va inquiéter les trois femmes qui l’accueillent: Mme de Ferjol, sa fille et la fidèle servante Agathe. Pas aimable, pas causant le capucin! Toutes les trois semblent craindre, sans raison apparente, cet impénétrable passager. Puis, le dernier jour du carême, il disparaît comme par enchantement... comme par désanchantement... Plus aucune nouvelle de lui! Volatilisé ce diable de capucin!
Les jours passent et le souvenir du «fugitif» trépasse. Oui mais voilà que l’éclatante Lasthénie dépérit de jour en jour. Elle ne parle plus et s’automutile. (Lasthénie de Ferjol a donné son nom à un syndrome décrit en psychiatrie: le syndrome de «Lasthénie de Ferjol» qui est un type de pathomimie au cours duquel le patient se provoque intentionnellement une anémie par des saignements qu'il occasionne lui-même délibérément.) Coup de tonnerre chez les Ferjol, sans le savoir, Lasthénie serait enceinte! «Muette comme une tombe» (ou comme une carpe mais c’est moins romantique!), jamais elle ne dira le nom du père (ni du saint esprit!). Mme de Ferjol bannit sa fille et décide de retourner dans sa Normandie natale avec sa fille et sa servante afin de cacher cette grossesse inavouable dans ce village refoulé. Mais cher fébrile lecteur, je ne vous en dis pas plus...
La fin de cette histoire est étonnante, époustouflante... du Hitchcock vous dis-je!
Ce roman est noir, très noir mais tellement bien écrit!

«Connétable des lettres», Barbey d’Aurevilly influencera Proust, Bernanos et Mauriac. Un auteur oublié qui mérite d’être lu. Lui qui se voit ni au-dessus, ni au-dessous mais à côté des groupes littéraires, se dit «stylite» (non pas styliste mais stylite qui signifie ermite) et «fakir de la solitude». Il se brouille avec presque tout le beau monde littéraire de son temps: Flaubert, Zola et Victor Hugo qui le traite de «formidable imbécile». Tout de même, il sera un des seuls à défendre Baudelaire lors de son procès d’accusation à la publication des Fleurs du Mal.
Baudelaire, Walter Scott et Balzac seront épargnés par ces virulentes aristaques.

Le jeune Léon Bloy qui vénère Barbey d’Aurevilly comme un maître écrit: «L’enfer n’est jamais si effrayant que lorsqu’il est montré par un trou de d’aiguille.»

Version epub gratuite téléchargée sur ebooksgratuits.com lue dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Le Club des lecteurs numériques en mode lecture

2011-09-41Pas un Club des 5, un Club des 30! Le Club des Lecteurs Numériques, quatre mois d'existence et déjà une belle activité. Plus d'une trentaine de blogeurs/blogeuses qui vous parlent de leurs lectures en mode numérique, c'est par ici. Beaucoup de nos membres fraichement équipés de nouveaux lecteurs/liseuses, de nombreux éditeurs qui nous témoignent de leur confiance avec des services de presse, nous venons même de lancer un prêt de lecteurs en interne, plus de détails dans quelques jours. Un grand merci à tous!


Delphine et son Kobo

Webcam-toy-photo5555555-300x225Notre amie Delphine, qui anime le Club des Lecteurs Numériques avec moi, a choisi le Kobo. Un mois après, l'heure d'un petit bilan!

D'autres témoignages repérés depuis quelques jours sur les blogs littéraires et autres:

  • Helran, toujours de notre club en direct d'Helsinki.
  • Un Mammouth et David, garçons, on va encore me taxer de mysoginie.

Si vous en voyez d'autres, n'hésitez pas à me relayer dans vos commentaires!

PS: la liste s'allonge, LibreetGeek,


Le petit monde de Plup ! - n°43

MagritteThierry toujours fidèle à son poste pour sa petite chronique hebdomadaire:

C’est ma première surprise partie... euh, non, c’est ma première BD téléchargée sur mon Opus de Booken.
L’auteur, Jeff Balek varie les plaisirs: blogs, photos, romans, nouvelles et BD. Par ces temps de crise pourquoi épargner?
Son Plup, prononcez Plup, petit personnage de petites cases, tendance comic strip, vit sa vie casanière sur son propre blog au http://leplup.com/. Allez y jeter un coup d’oeil avant de vous lancer dans un téléchargement compulsif!
La BD s’avère très agréablement lisible sur mon petit écran E-ink.
Plup le jaune, sans queue mais avec tête, est un captieux penseur voire un fieffé philosophe.
Le PlupA little goguenard, il a de gros yeux et s’acharne à contrarier son auteur. Doit pas être toujours facile à vivre le Plup! Son meilleur ami subsistant est un misérable cactus qui semble bien à l’étroit dans son petit pot de terre... tout comme Plup qui râle souvent de l’exiguïté de sa vie en cage... euh, non, en cases!
Les textes sont inégaux. Quelques-uns sont subtils et prêtent à sourire quand d’autres engagent à tourner la page, d’un coup décidé du clic de sa liseuse numérique ou d’un effleurement désabusé du touch-screen de son e-reader, c’est selon... vos moyens... ou la clémence du dernier Père Noël, le tout frais, là, celui qui vient de passer, y’a quelques jours seulement, quoi, vous avez déjà oublié, trop gâté tiens, vous dis-je!
En gros, y’a du bon et du moins bon... à vous d’écrémer le bon grain de l’ivraie! Des goûts, on ne discute pas et des couleurs non plus car Plup est jaune ou rien du tout! Autrement dit et pour que les choses soient claires entre nous, gustibus et coloribus non disputandum.
Mais pour 1,99€... pourquoi pas essayer?

Format epub à 1,99€ de chez Numeriklivres.
Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

Tiens, pour finir en lettré affecté, au point où j’en suis, j’ai bien envie de vous citer le bon vieux Aristote: "La plus grande injustice est de traiter également les choses inégales." A méditer...

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« Ah, Bartleby! Ah, humanité! » - n°42

MagrittePour commencer la nouvelle année dans la bonne humeur, cette chronique de Thierry, merci!

« Ah, Bartleby! Ah, humanité! »

«Bartleby», une nouvelle de Herman Melville
(oui, c’est bien lui, Melville, lui-même, l’auteur de Moby Dick!)
Format epub téléchargé gratuitement chez Publie.net

MelvilleLe titre original de cette dérangeante et hilarante nouvelle de Melville parue en 1853 est «Bartleby the Scrivener, A Wall Street History».
Le narrateur de cette histoire absurde est un homme de loi des célèbres bureaux de Wall Street. Il engage un scribe (un copiste quoi!) nommé Bartleby. Travailleur acharné ce fameux (fumiste?) Bartleby se dévoile au fil des pages. Bizarre, bizarre, il répond systématiquement aux demandes de son patron (le narrateur) par cette phrase énigmatique: «Je préférerais ne pas.» (dans le texte anglais «I would prefer not to.»). De plus ce personnage loufoque suit un régime alimentaire très très curieux: il ne mange que des biscuits au gingembre! La suite devient presque dramatique, angoissante: Bartleby refuse de travailler, de quitter les lieux et répète à qui veut l’entendre la même phrase obsédante: «Je préférerais ne pas.»
De là à ce que le philosophe Deleuze dise de lui «Bartleby n’est pas le malade, mais le médecin d’une Amérique malade, le medecine-man, le nouveau Christ, ou notre frère à tous.», il n’y a qu’un pas!
Mais qui est ce Bartleby? Un tir au flanc? Un élément subversif? Un anarchiste? Un adepte de la réduction du temps de travail? Un anti productiviste? Un poison infiltré dans l’ultralibéralisme? Un gentil nihiliste? Le grain de sable qui enraye la machine économique?
Mais que nous dit-il cet irritant Bartleby? Que notre vie agitée ne vaut pas un clou? Que travailler plus pour gagner plus est un attrape-nigaud? Que nous allons droit dans le mur? Que notre «overbooking» est une illusion d’optique? A vous de choisir...
Alors? Que faire de lui? Le virer comme un malpropre? Prévenir les flics? Jusqu’où aller? Que va faire son patron? Aujourd’hui, par ce mauvais temps de crise, je ne donnerai pas cher de la peau de ce Bartleby... mais, mais... à vous de lire...

«Qu’entendez vous par là? Êtes-vous dans la lune? Je veux que vous m’aidiez à collationner ces feuilles, tenez.» Et je les lui tendis.
«Je préférerais ne pas», dit-il.
Pour déjouer une nouvelle année de crise dépressive rien de tel qu’un bon et réjouissant Bartleby! Imaginez un instant un Bartleby chez les traders!
Lu dans le cadre du club des Lecteurs Numériques.

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La Conquête de la littérature américaine - n°41

MagritteThierry revient vers nous avec un classique de la littérature américaine:

"La Lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne sur le site EbooksLibresetGratuits.

"Etoile jaune, tonte des femmes, fer rouge marqué au dos de l’esclave noir, fleur écarlate brodée au sein de Hester Pryme l’infidèle, «Il y a dans la nature humaine peu de traits plus laids que cette tendance - que l'on observe alors chez des gens ni plus ni moins méchants que leurs voisins - à devenir cruels simplement parce qu'ils possèdent le pouvoir de faire souffrir.» et je cite encore l’auteur «Il semble bien, en effet, que quelle qu'ait pu être la faute d'un individu, il n'y a pas d'outrage qui aille plus à l'encontre de notre commune nature que celui qui interdit au coupable de cacher son visage sous le coup de la honte.»

La lettre +®carlateNous sommes en 1642 à Boston. C’est la sombre histoire d’Hester Pryme condamnée par sa communauté puritaine à porter sur la poitrine la lettre A pour Adultère. Son mari a disparu depuis de nombreuses années. Est-il mort? Où vit-il? Dieu seul le sait! De ce «péché» naîtra Pearl une petite fille aux allures de lutin des forêts. La belle courageuse et digne Hester, l’indomptable Hester refuse de dévoiler le nom du père.
Plus tard, Roger Chillingworth, son mari, est de retour. Il apprend que sa femme l’a trahi. Il veut venger son honneur et retrouver l’amant de sa femme (mais non il ne s’agit d’une pièce de Boulevard avec l’amant caché dans le placard!?). Il est persuadé qu’il s’agit d’un jeune pasteur nommé Arthur Dimmesdale adulé de ses paroissiens, un véritable saint homme sur Terre! Voilà pour le début de l’histoire mais je ne vous dis pas tout... à vous de lire...
L’histoire est belle, sombre et triste à pleurer. Mais en parallèle s’écrit l’histoire de l’Amérique à travers un féroce pamphlet contre le puritanisme de ces premiers colons anglais et très très protestants. Hawthorne dénonce l’hypocrisie du pouvoir religieux, du pouvoir colonial qui enferment dans un même complice carcan jusqu’aux libertés les plus intimes... jusqu’aux derniers indiens. La colonie anglaise s’installe, sur le nouveau monde avec ses bûchers aux sorcières, ses mises au pilori, ses évangélisations de peaux-rouges et sa bonne conscience. Ce beau roman est aussi un hymne à la nature sauvage et rédemptrice... l’échappée belle. Pearl l’enfant «illégitime» apparaît alors comme un symbole libertaire, habillée de feuilles et couronnée de fleurs au milieu d’une forêt hantée de secrets païens.
L’écriture de ce roman est magnifique, tout en suggestions, allégories et images.

Nathaniel_HawthorneIci l’Amérique se dessine. Ici la littérature américaine écrit ses premiers maux. Ici Hawthorne ouvre grand les portes à F. Scott Fitzgerald, William Faulkner, Tennessee Williams et Philip Roth...
«Mais ce qui attirait tous les regards et transfigurait en quelque sorte la femme ainsi vêtue, si bien qu'hommes et femmes de son ancien entourage étaient à présent frappés comme s'ils la voyaient pour la première fois, c'était la LETTRE ÉCARLATE si fantastiquement brodée sur son sein. Elle faisait l'effet d'un charme qui aurait écarté Hester Prynne de tous rapports ordinaires avec l'humanité et l'aurait enfermée dans une sphère pour elle seule».

Nathaniel Hawthorne (4 juillet 1804, Dedham, Massachusetts, États-Unis -19 mai 1864, Plymouth, New Hampshire, États-Unis) est un écrivain américain, auteur de nouvelles et de romans. Il est considéré comme le fondateur de la littérature nord-américaine en prenant ses distances avec la littérature anglaise de l’époque considérée à ses yeux comme une «littérature coloniale». Avec Hawthorne c’est le début de l’histoire de la littérature nord-américaine qui commence.

Irréprochable version epub gratuite. Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Lire Dickens, c'est lire la vie! - n°40

MagritteThierry en avance ce week-end pour sa petite chronique:

«Le nom de famille de mon père étant Pirrip, et mon nom de baptême Philip, ma langue enfantine ne put jamais former de ces deux mots rien de plus long et de plus explicite que Pip. C’est ainsi que je m’appelai moi-même Pip, et que tout le monde m’appela Pip.»

«De Grandes Espérances» peut être à juste titre envisagé à part dans l’ensemble de l’oeuvre de Dickens. Il se distingue aussi bien des longs romans, par son format et sa relative concision, que des autres livres parus en magazine hebdomadaire, dont il évite la sécheresse excessive. Dans les années 1950, un jury d’homme de lettres français l’a élu meilleur roman étranger du XIXème siècle devant «Guerre et Paix» et «Crime et Châtiment», et aujourd’hui encore on le cite fréquemment comme le meilleur livre de son auteur. Fait significatif: même les critiques peu favorables à Dickens lui concédent des qualités particulières, un peu comme ceux qui, n’aimant ni «L’Education sentimentale», «Ni Salammbô», ni «Bouvard et Pécuchet», reconnaissent les mérites de «Madame Bovary». En somme, le «classicisme», la maîtrise formelle des «Grandes Espérances», s’ils ne déchaînent pas toujours l’enthousiasme, forcent au moins le respect.»
Ce passage est extrait de la passionnante biographie de Jean-Pierre Ohl, «Charles Dickens» qui vient de paraître dans la collection Folio-biographies (non disponible en numérique).
Charles Dickens finit d’écrire «Les Grandes Espérances» en 1861.
C’est l’un des derniers romans de l’auteur. Il meurt en 1870.
L'œuvre est publiée pour la première fois sous forme de feuilleton de décembre 1860 à août 1861, dans le magazine créé et dirigé par Dickens «All the Year Round», et paraît ensuite en trois volumes chez l'éditeur londonien Chapman and Hall, en 1861.

Charlesdickens_1302195243Non, Dickens n’est pas un auteur réservé aux enfants!
Dickens c'est Kafka, Dostoïevski ou Beckett avant l'heure. C'est une «substance fluide et composée» (Chesterton), un romancier de génie, un «transmutant» du réel.
C’est l’histoire du petit Pip, élevé «à la main» par sa soeur. Une sorte  de biographie fictionnelle de cet enfant qui va grandir avec nous.
Ce roman fourmille de personnages hauts en couleur comme souvent chez Dickens: Abel Magwitch le forçat, l'étrange Miss Havisham et sa fille Estella. Dickens sera malheureux en amour (malgré 11 enfants!) tout comme son héros Pip qui dit à propos d'Estella: «Je n’ai jamais connu une seule heure de bonheur en sa compagnie, et pourtant, je ne cessais d’espérer le bonheur de vivre avec elle jusqu’à sa mort.» Le gentil et le méchant, le sage et le fou, le riche et le pauvre, la belle et le laid. Les archétypes à la Dickens sont là.
L’héritage mystérieux d'une immense fortune (l'expression «grandes espérances» désigne une promesse d'héritage) va bouleverser sa vie... jusqu’aux plus belles espérances... jusqu’aux plus cruelles désillusions... Des manoirs lugubres, une campagne anglaise magique, un Londres sombre: «Londres. Le Grand Four. Le Coin des fièvres. Babylone. La Grande Verrue. La lanterne magique... remplie de plus de merveilles et de plus de crimes que toutes les cités de la terre.» Si vous voulez visiter le Londres industriel et miséreux de cette fin du 19ème siècle, n'allez pas vous perdre dans un savant, démonstratif  et ennuyeux livre d'Histoire, suivez le guide romanesque, suivez Dickens.
Des dialogues hilarants et cinglants... La misère et l’hypocrisie. Aventures et trahisons. Des larmes et des rires...
Ah! L’humour féroce de Dickens: inimitable!
Tout Dickens: magnifique!
Dickens, c’est la vie... dure et tendre, triste et joyeuse! 
A lire absolument!
John Irving écrit: «D'ailleurs c'est le propre des grands romanciers, qu'il s'agisse de Dickens, de Hardy, de Tolstoï ou de Hawthorne et Melville. On parle toujours de leur style, mais en fait, ils exploitent tous les styles, n'en refusent aucun. Pour eux, l'originalité de l'expression est un phénomène de mode qui passera. Les questions plus vastes et plus importantes, celles qui les préoccupent, leurs obsessions, resteront au contraire: l'histoire, les personnages, le rire, les larmes.»

2 tomes à télécharger gratuitement à la Bibliothèque du Québec dans une version epub irréprochable.
Ce livre de plus de 700 pages peut se lire au rythme d’un roman-feuilleton, par épisodes, comme une lecture au long-cours.

Dickens, Dumas père ou Balzac sont de talentueux feuilletonistes.
Le phénomène du roman-feuilleton naît en Angleterre au 18ème siècle et l’auteur se doit de tenir en haleine ses lecteurs à chaque épisode sous peine de protestations et de cessation de publication!

Lu dans le cadre du Club des lecteurs Numériques sur l’Opus de Booken.

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Rien à expliquer - n°39

MagritteNouvelle chronique de Thierry, décidément très prolixe cette semaine, merci.

"Don't Explain" de Marc Villard, paru chez Publie.net, 1,99€ en version epub inédite et impeccable.

Marc Villard fait ressurgir huit figures emblématiques du jazz.
«Le Jazz n’est ni un répertoire spécifique ni un exercice académique… mais une manière de vivre.» chante le trompettiste Lester Bowie.
Marc Villard nous joue huit noires nouvelles. Ici, rien à expliquer. Juste lire et écouter. La nuit et les villes, les femmes et les bars, les dealers et la dope, une trompette oubliée et une contrebasse dans son étui géant... les ombres noires de Miles Davis, de Coltrane, de Billie Holiday...


VillardVingt pages, vingt minutes... une syncope sans temps faible, des vies à contretemps!
A lire le temps du solo de Miles dans «Don'T Explain To Me Baby».
Le temps d’une vie? Pas plus...
«Je m’étais fait virer du quartet de Ferrero la semaine où j’ai rencontré Nadine au Perroquet Bleu. Les deux choses n’étaient pas liées. C’était une fille à musiciens...»

Pour les branchés jazz, à signaler: «Autobiographie du jazz» de Jacques Réda, un tableau de portraits des plus grands avec la discographie indispensable qui va avec, «Vita Nova Jazz» un roman de Enzo Cormann et «San Quentin jazz band» un polar de Pierre Briançon, tous disponibles en format epub.
Que de bonnes notes...

T.C.

Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Le Feu de l'amour - n°38

MagritteMerci à Thierry pour sa petite chronique du jour, le passage de relais a été bien assuré!

"Le Feu de l’amour!

Cher lecteur, vous vous demandez, parfois, peut-être, à quoi ça sert un blog d’informations comme Aldus. Oui! Celui-là même que parcourent vos yeux fatigués de lumière rétroactive, avides de nouvelles terres inconnues...
Et bien ça sert à ça: à découvrir un auteur, un livre.
Vous en doutiez? Non!


GardienJe tiens particulièrement à remercier Lionel Dujol, bibliothécaire responsable de la médiation numérique des collections aux Médiathèques du Pays de Romans dans la Drôme. Sa vidéo parue ici, m’a donné envie de lire «Le Gardien du feu» d’Anatole Le Braz.
La version epub impeccable chez Publie.net ne vous coûtera que 1,99€.
Alors, cher lecteur, à vos marques, prêt, téléchargez!
L’auteur tout d’abord. Anatole Le Braz. Vous connaissez?
Moi, non! Jamais entendu parlé de lui.
Son vrai nom est Anatole Jean François Marie Lebras et il a été nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1897.
Né à Saint Servais, au pied des Monts d'Arrée en Bretagne, il a fait ses études universitaires à Paris. Professeur, écrivain, poète, conteur et collecteur de mémoire, amoureux du Trégor (on en reparlera du Trégor!) et habitant de Port-Blanc.
Anatole Le Braz est né en 1859 et mort en 1926.
Il publie en 1893 «La Légende de la Mort chez les Bretons Armoricains», récits et témoignages recueillis auprès de paysans et de marins, et le «Le Gardien du feu» paraît en 1900.
Alors, Le Braz, un écrivain régionaliste au goût de chouchen et de crêpes bretonnes au beurre salé? N’ayez pas peur, ce livre n’est pas écrit en breton mais en bon français, très bon français. Non, non, et non.
Un thriller? Un roman romantique? Un roman gothique? Que sais-je?
Nous y voilà. Le pitch comme on dit à la télé qu’il ne faut surtout pas regarder.
Avant d’aller plus loin, retenez bien ce proverbe gaélique:
«Trois choses qui arrivent sans qu'on demande, la peur, l'amour et la jalousie.» Cela pourrait vous être utile!
Alors voilà. Nous sommes en 1876. Y’a Goulven Denès, le gars de l’intérieur des terres, le Léonard, le gars de Léon quoi, pas très doué pour la mer... ni pour l’amour. Faute de mieux (sa mère le verrait bien curé!), il s’engage dans la marine marchande avant de finir (oui, finir sera bien le mot de la fin!) gardien de phare. «Une haute silhouette de pierre dressée en plein Raz, dans une solitude éternelle, au milieu d’une mer farouche agitée d’incessants remous et dont les sourires même, les jours de calme, ont quelque chose d’énigmatique et d’inquiétant.» Le phare de Gorlébella. Et puis y’a Adèle Lézurec, la sirène au front romantique, qui chante et qui lit, Adèle la Trégorroise, la belle de mer, douée pour la vie, douée pour l’amour. Rien ne les assemble, ils ont tout pour ne pas se rencontrer et pourtant ils vont se marier, peut-être s’aimer? Goulven est amoureux fou (oui, fou sera bien le mot de la fin!).
L’Adèle de mer est-elle heureuse près de ce sombre et laborieux Goulven de terre, trop terrien?
De ce livre je ne vais rien vous cacher car vous le saurez dès la première page: Goulven va enfermer dans «son» phare sa belle aimée et son amant (celui qui prend sa relève au phare!). Enfin «soi disant» amant. A vous de juger! Allez-vous croire sur paroles (?) un perroquet des îles et une vieille bigote superstitieuse? Ils vont agoniser pendant treize jours. Goulven se suicidera en se jetant du haut du phare. Terrible! Alors pourquoi lire la suite?
Et bien parce que l’auteur sait nous y conduire avec mers et merveilles. Ce roman est une tempête. Il donne le vertige!
Un coup de cœur... un coup au cœur!
Fortement recommandé!

« Lorsqu'on la contemple en toute sécurité de la chambre d'un phare ou de la maisonnette blanche d'un sémaphore, comme cela, oui, je comprends la mer. Autrement, non! Paradis des hommes, mais enfer des femmes!...»

T.C.

François, Lionel, moi, Thierry, le relais se poursuit maintenant pour d'autres...

Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Chroniques de lecture - 37

ChroniqueNotre ami Thierry, toujours fidèle au poste ce week-end.

Aujourd'hui "La Jambe gauche de Joe Strummer" de Caryl Férey chez Folio Noir.

Ma chronique Polar and Rock!
Noir c’est noir!

Âmes sensibles passez votre chemin... Amateurs de slows langoureux de même. Mac Cash, notre héros n’est pas un tendre, c’est un roc ou plutôt un rock!
Mc Cash est au bout du rouleau. Il ne s’est toujours pas remis de la mort de Joe Strummer l’emblématique leader du groupe punk anglais The Clash, de sa séparation avec Angélique... de son combat de rue contre l’armée anglaise de la mère Thatcher qui le laissera borgne.
Mc Cash (loup solitaire, très loup, très solitaire, tendance suicidaire) est un ancien militant de l’IRA, un ancien flic... et un futur papa!


51ujYG9SKtL._SS500_Une lettre d’une lointaine amante barmaid décédée lui révèle la paternité d’Alice, petite fille d’une dizaine d’années placée dans une famille d’accueil. Le très bougon, pour ne pas dire emmerdeur, Mc Cash qui a tout de même un cœur gros comme ça, décide de tout quitter (son tout se résumant à rien!) pour rejoindre le village perdu où l’attend sa fille tant inattendue. Que Mac Cash attire les emmerdes ou que les emmerdes attirent Mac Cash, une chose est sûre, à peine arrivé dans ce bourgeois et paisible village de province, les morts tombent comme des mouches à toutes les pages. Le «borgne» qui voulait en finir se voit revenir à la Une des faits divers... La suite est pour vous...
Ce polar se lit sur le tempo d’une chanson des Clash: c’est à dire en deux temps trois mouvements. Ca va vite, très vite, trop vite. Le rideau tombe déjà sur scène alors que l’on commençait à bien s’habituer et même apprécier ce bougre de Mac Cash.
L’histoire d’amour entre ce rude père et sa fille reste émouvante.
L’auteur sait manier les armes du polar et une suite de notre grincheux héros serait la bienvenue... comme un rappel de fin de concert quoi...
«Should I Stay or Should I Go» hurlait au loup Joe Strummer.
Une autre, une autre... chantent en cœur les lecteurs...
Ha oui, j’oubliais le principal: la jambe gauche de Joe Strummer est celle qui battait la mesure!

T.C.

Polar à moins de 5€ au format epub lu sur un Opus Booken dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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