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Le livre soluble dans le web?

Muriel Puisque le livre serait une base de données, le flux serait l'avenir du livre... On lira le long plaidoyer de Hubert Guillaud sur LaFeuille pour un livre/web universel -suite aux remarques de Thierry Crouzet, hier, qui s'interrogeait sur l'inadéquation du passage de son dernier livre sur le web (900 téléchargements, 3 commentaires): "Les nouveaux formats ne sont pas adaptés à la lecture web, à la lecture à l’écran, avec les possibilités communicationnelles des écrans. Ces images de livres (le fameux pdf) n’ouvrent pas suffisamment de possibilités en terme d’interaction. Ils demandent de s’immerger dans un document, sans bénéficier des possibilités communicationnelles et relationnelles qu’a inventé le web: ces documents ne sont pas citables autrement que dans leur entièreté, ne proposent pas d’interaction poussées (difficiles à annoter, à partager, à commenter), ne sont pas indexables, mixables, cherchables, scriptables… Ils demeurent des silos, assez semblables à ceux que le papier à produit, hormis pour ceux qui les produisent. Google sera seul capable d’exploiter les contenus des livres qu’il va proposer dans ces formats: lui seul pourra en produire le graphe, car lui seul en disposera sous un autre format que celui qu’il proposera aux lecteurs. Lui seul pourra créer des graphes et des relations entre les contenus, car lui seul disposera de la base de données des livres: nous n’aurons accès qu’à une succession de fichiers, que nos outils auront du mal à interpénétrer. La structure web, elle, propose un autre contrat de lecture. Chaque partie de document est citable, anotable, commentable, accessible, indexable, cherchable, mixable, scriptable… De page en page, de billets en billets, de flux en flux, ces contenus sont agrégables et peuvent proposer des oeuvres finalisées, consommables comme on le souhaite. Mais leur flux n’est pas génératif. Si je m’abonne au flux RSS de la Feuille, j’obtiendrais les derniers billets et les prochains. Je ne pourrais pas obtenir l’oeuvre dans son ensemble, depuis le début, à une dose que je serais capable d’absorber, petit à petit. Si cela n’a que peut d’intérêt pour une oeuvre en continue, en devenir, qui se couple à l’actualité comme l’est un blog, cela n’est pas la même chose pour une oeuvre finie, aboutie, terminée. En passant au format numérique, le livre demeure un bloc qui n’est pas adapté au flux du web". Et si les livres n'étaient justement pas un contrat de type web, mais le passage d'une oeuvre finie, repérable, mémorisée, indépendante entre un auteur et un lecteur, entre un éditeur (lui-même à l'initiative du livre) et un lecteur. Est-ce qu'un livre suppose obligatoirement une glose infinie sur lui-même "indexable, mixable, cherchable, scriptable, citable, annotable, commentable, agrégable, consommable, accessable"? Je ne pense pas que le livre est soluble (dissolvable?) dans le web. Amazon, Barnes and Noble (et Apple demain) ne se posent pas trop la question en "singeant le papier" avec un contrat de lecture simple qui n'a rien à voir avec le web justement. Un livre, je vous le délivre en vingt secondes sur votre téléphone ou votre Kindle/Nook. Il semblerait que cela garde du sens et rencontre un certain nombre de lecteurs intéressés. Je me demande aussi si Marc Lévy a envie ce week-end d'échanger, de répondre à 300.000 lecteurs, voire de modifier son texte lundi matin? Le débat est ouvert...

PS: pour ceux qui auront du mal à lire complètement le billet, voici un fichier fini et exportable justement, une bonne alternative à l'imprimante.

@ photographie: Muriel Taragano (Espace Mica).


Réflexion autour du livre et de l'oeuvre numérique

"Texte envoyé par Alain Pierrot et Jean Sarzana (merci à eux):"

 La réflexion sur l’œuvre numérique en général, et sur sa définition en particulier, occupe les esprits depuis plusieurs mois dans le monde du livre. Il est en effet légitime de bien s’entendre sur ce dont on parle, pour mettre les notions nouvelles en perspective avec les anciennes, en termes de droit comme en termes de marché. Mais depuis longtemps le livre couvre des champs multiples, il se révèle étonnamment flexible, et de surcroît sa matière est en mutation. C’est dire combien l’exercice s’avère délicat.

Récemment, le SNE a apporté sa contribution à la réflexion collective sur ce thème dans le cadre de la commission dite post-Patino. Nous proposons ici la nôtre, en deux approches successives.

La première s’attache à cerner le champ du livre en tant qu’œuvre incorporelle, indépendamment de son support, qu’il soit imprimé ou numérique. C’est une démarche d’abord conceptuelle, apparue comme un préalable nécessaire à la réflexion sur le livre numérique lui-même.

La seconde approche, plus factuelle, porte sur les attributs du livre imprimé et propose un essai de typologie primaire de l’œuvre numérique.

Cette contribution ne prétend pas faire le tour du sujet. Elle tend simplement à clarifier le débat en cours en vue de faciliter les échanges en cours et à venir.

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La réflexion sur le livre en tant qu’œuvre est partie d’une citation de Kant :

 «Un livre est l’instrument de la diffusion d’un discours au public, non pas simplement des pensées … C’est là que réside l’essentiel, à savoir qu’il n’est pas une chose qui est diffusée par là, mais … précisément un discours, et dans sa lettre même [1]».

Et encore: «L'auteur et le propriétaire de l'exemplaire peuvent dire chacun avec le même droit du même livre: c'est mon livre! mais en des sens différents. Le premier prend le livre en tant qu'écrit ou discours; le second simplement en tant qu'instrument muet de la diffusion du discours jusqu'à lui ou jusqu'au public, c'est-à-dire en tant qu'exemplaire [2] ».

Cette formulation du grand philosophe allemand, qui souligne la valeur propre de l’œuvre littéraire et rappelle les caractères principaux du droit d’auteur, nous paraît directement répondre aux interrogations actuelles sur le numérique [3].

On pourrait donc avancer que le livre en tant qu’œuvre présente les caractères suivants:
Le livre se présente comme l’inscription d'un discours à l’intention d’un auditoire indéterminé, qui va se l'approprier selon un mode aléatoire (1).
C'est son caractère de référence qui confère au projet de l'auteur le statut de livre. C'est donc nécessairement une oeuvre achevée, prototype qui va imposer sa structure à ses différents avatars (2).
Les techniques d'inscription et les formes de médiation de ce discours, précises et reconnues, permettent de combler la distance qui sépare, dans l’espace et dans le temps, l’auteur du discours et le public de ses lecteurs (3).
L'émetteur et son discours sont identifiés grâce à un code commun implicite -la publication- entre l’auteur et ses lecteurs. Ce code donne aussi l’assurance que la forme donnée au discours, les modalités de sa diffusion et les conditions de son appropriation par le public répondent bien à l’intention de son auteur (4).

       (1)   La référence au discours ne vise pas seulement la dimension textuelle de l’écriture (comme elle pouvait le faire pour Kant à son époque). Dans une bande dessinée, un livre d’art, un livre scolaire ou un guide de voyage, le discours est largement porté par l’image, qui représente bien davantage que la simple illustration d’un texte écrit [4].

      (2)  Pour répondre aux critères d’une œuvre, un livre doit nécessairement se présenter comme achevé - même s’il n’a pas reçu de l’auteur sa forme définitive [5] -et son auteur identifié comme tel- même s'il reste anonyme. Il doit également s’ériger sur un discours construit. Au-delà de son caractère achevé, qui définit l’œuvre par les limites qu’elle se fixe à elle-même, le livre doit exprimer une cohérence et apparaître comme un tout structuré, ces caractères étant perceptibles par d’autres que par son seul auteur [6]. Chaque livre constitue une référence unique, dans l’espace et dans le temps.

      (3)  Les techniques d’inscription vont de la copie manuelle à l’imprimé et de l’ouvrage papier numérisé à l’identique au fichier numérique né et diffusé sur Internet.

Par «formes de médiation précises et reconnues», on entend la transmission de l’œuvre en  direction de ses publics (par les ateliers monastiques, le colportage, la diffusion, les librairies, les foires et salons, les bibliothèques, la toile), sa conservation (dans les archives du libraire ou de l’éditeur, aux fins d’exploitation de l’œuvre, ou au dépôt légal, pour des raisons d’ordre administratif) et la communication faite à partir ou autour d’elle (la promotion du livre sous toutes ses formes: presse, émissions sur le livre, prix littéraires, lectures publiques,…). Ces formes de médiation sont précises et reconnues dans la mesure où elles font l’objet de pratiques et de normes arrêtées par les professionnels eux-mêmes et admises par le public des lecteurs, étant entendu qu’un livre peut être appelé à sortir de son bassin linguistique et du cadre de son époque.

(4) Ce code commun porte sur les métadonnées de l’ouvrage, qui changent selon les époques (nihil obstat, privilège royal, achevé d’imprimer, notice bibliographique).

Les autres conditions posées par le code commun définissent le champ du droit moral.

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Cette base une fois établie –avec les correctifs qu’elle appelle– il est moins malaisé de cerner les différentes acceptions que recouvre la notion de livre, sous sa forme imprimée comme sous sa forme numérique.

Le livre imprimé pourrait donc se caractériser ainsi :

Un livre imprimé se présente comme l’inscription sur un support papier d'un discours établi par son auteur à l’intention d’un auditoire indéterminé, à l’issue d’un travail éditorial le plus souvent défini par contrat. Il constitue un ensemble graphique achevé, illustré ou non (1).

Un livre imprimé est reconnu comme tel à travers sa complexion matérielle et les métadonnées qui lui sont propres. Elles lui confèrent son identité et le garantissent comme référence (2).

Les techniques d'inscription de l’œuvre et les pratiques de sa médiation sont assurées par l’éditeur, qui garantit que la forme donnée à l’oeuvre, les modalités de sa diffusion et les conditions de son appropriation par le public répondent bien à l’intention de son auteur (3).

      (1)   Ici apparaît la fonction éditoriale, qui établit le texte et le met au jour, l’édite et le publie. Ce travail, auquel le contrat d’édition confère son caractère professionnel, donne vie et réalité formelle à une œuvre préexistant à son intervention. La formule «ensemble graphique» permet d’intégrer les bandes dessinées ou les ouvrages pour enfants d’où la forme textuelle peut être formellement absente, et qui n’en constituent pas moins des livres où c’est l’image qui porte le discours. En revanche, elle ne prend pas en compte l’image animée ni le son.

Le livre imprimé se distingue aisément de l’article de presse –à l’œil nu, peut-on dire-. Quant au catalogue de voyage, à la notice technique et au mode d’emploi, c’est le caractère interchangeable de leur auteur et le défaut de personnalité de leur discours qui en font des documents, et pas des livres. En revanche, ce caractère est reconnu aux catalogues d’exposition dès lors qu’ils ont un discours propre au-delà des œuvres qu’ils évoquent.

(2)   A côté de l’œuvre qu’il contient, identifiée par son titre, le nom de son auteur et la date de sa publication, chaque livre en tant qu’objet physique dispose de sa propre identité, distincte de celle de tout autre livre (langue, format, poids, ISBN,…). Le bon référencement – au-delà des nécessités de l’EDI [7] - est une exigence qu’imposent le respect de l’auteur et celui du lecteur [8].

(3)   Confiée aux mains de l’éditeur, l’œuvre doit y trouver non seulement sa forme matérielle et la garantie de son exploitation, mais aussi l’assurance que l’une et l’autre  offrent bien au public l’image que son auteur veut que celui-ci en reçoive. C’est la contrepartie du fait qu’à travers l’éditeur, l’auteur laisse le lecteur s’emparer de son œuvre (à travers les relais que constituent les librairies, les bibliothèques,…).

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S’agissant du «livre numérique», la réflexion s’appuie sur deux éléments propres aux auteurs, c’est-à-dire aux tenants du «discours»:

            - à travers le démembrement du codex [9], la numérisation constitue pour les créateurs une véritable novation quant à la substance même de l’œuvre. Elle permet son éclatement, facilite sa dissémination à l’infini, interdit pratiquement tout suivi de son exploitation sur le Net –sauf marquage, peu efficace, et traçabilité, coûteuse– et peut conduire à la perte de son identité, partielle ou totale. Les auteurs estiment en conséquence que la numérisation introduit une différence de nature, et pas simplement de degré, dans la réalisation et dans l’exploitation de leurs œuvres.

- nombreux sont les auteurs qui ont directement acquis sur le Net une expérience vécue, à travers leur recherche personnelle. Explorant les spécificités de la lecture sur écran, moins linéaire que celle du livre, et tirant profit des possibilités de recherche plein texte et de navigation, ils ont souvent intégré dans la trame de leur “discours” les nouvelles conventions de communication du texte enrichi de liens internes et externes (hypertexte et hypermédia: images fixes, son, vidéo). Leur travail de création leur permet ainsi d’opérer une distinction entre différentes sortes d’œuvres, depuis le livre papier -oeuvre close et fixée dans sa forme- jusqu’à l’oeuvre numérique -oeuvre ouverte, protéiforme et constamment évolutive.

On en arrive ainsi à l’échelle suivante [10] :

A. Un livre est dit «numérisé» lorsqu’il est issu d’un ou de plusieurs ouvrages primitivement réalisés sous une forme imprimée qui ont simplement fait l’objet d’un changement de support. C’est un ouvrage «clos», achevé au même titre que l’œuvre papier dont il est directement issu. Il s’apparente à un fac-similé de celle-ci (1).

B. Un livre est dit «numérique» lorsque l'ensemble qu'il constitue est originellement réalisé sous la forme de fichiers informatiques par un ou plusieurs auteurs dont il exprime le discours construit sous une forme achevée avec le concours d’un ou de plusieurs éditeurs (2). Appelé à une large diffusion par la voie exclusive d'Internet, il ne peut être lu que sur un écran, qu’il soit fixe ou mobile (3). Lorsqu’une oeuvre numérique fait en totalité l’objet d’un téléchargement sur un support papier, cette opération lui confère sous forme dérivée les caractères essentiels d’un livre (4). 

      (1)  Lorsque le livre naît de la mise en forme numérique d’un ouvrage originellement réalisés sous la forme imprimée, il ne s’agit pas d’un livre numérique, mais d’un livre numérisé [11]. La différence est manifeste, dans la mesure où le premier a une origine et une forme exclusivement informatiques, alors que le second doit son existence aux antécédents papier dont il procède.

      (2)  Les deux caractères constitutifs du discours –construit et achevé- étaient implicitement réunis dans le livre, à la fois objet physique et œuvre de l’esprit. L'approche numérique met à jour cette dualité originelle du codex imprimé. Or il faut bien la reconstituer autrement qu’à travers l’imprimé, afin qu’un lien subsiste dans l’immatériel entre le tout et les parties.

      Pour être numérique, l’ouvrage se doit d’échapper aux techniques autres qu’informatiques. Il ne peut être réalisé, publié, exploité et transmis que sous la forme immatérielle d'un fichier. A défaut d’une édition première intégralement numérique, l'ouvrage ne peut plus mériter ce qualificatif.

L’intervention d’auteurs multiples sur ou dans une même œuvre est un des nouveaux aspects de la création numérique, qui échappe aux paradigmes de la littérature générale. De même, l’œuvre numérique invite à la conjonction de deux types d’intervention éditoriale, l'une sur le ou les textes constitutifs de l'oeuvre, l'autre sur la création entre eux d’un réseau d’hyperliens qu'on peut au-delà d'une certaine masse critique considérer comme une base de données.

      (3)  Un ouvrage numérique ne peut être diffusé en tant que tel que via un réseau de même nature, et ce à titre exclusif, sauf à perdre sa nature pour en prendre une autre : celle de cédérom s’il fait l’objet d’une gravure, ou de livre s’il est téléchargé à partir d’une imprimante. Il ne peut donc faire l’objet que d’une représentation, toute reproduction lui imposant un changement de support et lui faisant ainsi perdre son caractère originel.

Par voie de conséquence, une œuvre numérique ne peut être lue que sur un écran, quel que soit cet écran, fixe (ordinateur) ou mobile (téléphone, assistant personnel,…)

(4) Lorsque l’oeuvre numérique adopte par téléchargement la forme imprimée, celle-ci appartient ipso facto au champ du livre, sous sa forme de codex (impression à la demande). Le livre apparaît dans ce cas de figure comme un produit directement issu de l’oeuvre numérique. On est donc à front renversé par rapport aux conditions classiques d’exploitation du livre pratiquées jusqu’ici.

C. Le livre numérique se distingue d'autres espaces interactifs en constante évolution et ouverts à tout intervenant extérieur:

            - le blog est sans doute la forme la plus répandue de ces ensembles numériques, dont les participants ne sauraient être reconnus comme les co-auteurs de l'ensemble, pour autant qu'il reste ouvert. Si un blog fait l'objet d'une édition, fixant billets et commentaires d'une période donnée, les échanges de cette période peuvent acquérir le caractère d'œuvre achevée -et ses participants celui d'auteurs d’une œuvre collective– voire prendre la forme familière d’un livre imprimé [12].

            - certains espaces numériques collectifs du type Wiki (Wikipédia, Wikisource,…), se présentent comme une maquette permanente, une sorte de périodique en écriture continue. A la différence du blog, chaque contribution vient amender l'ensemble sans pour autant prétendre lui donner sa forme achevée.

            - il existe bien entendu beaucoup d’autres formules intermédiaires, notamment des espaces partie figés, partie ouverts, où peuvent s’incrémenter les apports des internautes [13].

La multiplication de ces initiatives montre que si les contenus nourrissent, les formats structurent. Il faut admettre que ces espaces, sous l’infinité de leurs formes, se prêtent mal à une définition générique et relèvent plutôt de la simple description, tout au moins au stade où nous en sommes.

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On s’est accoutumé depuis longtemps à la double nature du livre, objet matériel et œuvre incorporelle, sans éprouver dans la sémantique ou la pratique éditoriale le besoin de les distinguer. Le développement de la numérisation et les nouvelles perspectives d’exploitation qu’elle offre aux œuvres de l’esprit conduisent naturellement à revenir sur cette ambivalence et, à travers elle, à retrouver les analyses de ceux qui ont fondé l’économie de l’édition. C’est ce souci qui a guidé notre démarche.

Celle-ci est loin d’être achevée: outre qu’elle peut être amendée et affinée, reste à préciser la portée juridique des notions qu’elle s’est efforcée de cerner.

  Alain Pierrot / Jean Sarzana (mars-avril 2009)


[1] Emmanuel Kant, Qu’est-ce qu’un livre ? PUF / Quadrige 1995 (traduction Jocelyn Benoist) p. 123

[2] Ibidem, p. 131

[3] Un roman, un poème, un manuel scolaire, un livre pour enfants, une bande dessinée, un essai, une pièce de théâtre sont autant de «discours», au sens où l’emploie Kant.

[4] Autre exemple, tiré de la littérature: Le Petit Prince de Saint-Exupéry.

[5] Les Pensées, Bouvard et Pécuchet, L’Homme sans Qualités, les écrits de Pessoa...

[6] Exemple paradoxal d’un livre hors langage, sans titre et sans auteur : Le Code Voynich, publié en 2005 par Jean-Claude Gawsewitch.

[7] Echange de données informatisées.

[8] Il n’en a pas toujours été ainsi. Le codex se présente souvent comme la compilation sans cohérence de plusieurs ouvrages de genres différents, sans rien qui les lie, que leur reliure. La relation d’unicité entre livre, œuvre et auteur apparaît rarement avant le 15è siècle.

[9] Le codex existait bien avant la découverte de l’imprimerie. Celle-ci a donc beaucoup moins affecté la nature et la substance mêmes de l’œuvre que ne le fait aujourd’hui la numérisation.

[10]  Cette échelle a donné lieu lieu à une réflexion suivie au sein de la Société des Gens de Lettres.

[11]  Exemple des livres accessibles à travers Google Book Search.

[12] Cf www.l-autofictif.over-blog.com et L’autofictif, d’Eric Chevillard, chez L’Arbre Vengeur.

[13] Cf www.livresdesmorts.com (Le Livre des Morts, oeuvre poétique interactive de Xavier Malbreil présentée au Salon du livre 2008) ou encore http://futureofthebook.org.uk/blake/book.html (Songs of imagination and digitisation).

@ Copyright Alain Pierrot/ Jean Sarzana


Montée des bouquineurs

"Qui peut encore douter de la montée des bouquineurs?", c'est Francis Pisani qui se pose cette question avec les annonces convergeantes d'Amazon et de Google. A lire aussi du côté de chez Virginie, les six bonnes raisons pour lesquelles le livre numérique va s'imposer et aussi les moins bonnes raisons de croire que la concurrence est égale pour tout le monde. Pour la réflexion : "Une révolution dans l’édition : L’industrie du livre est l’une des plus rétrogrades, moisies, obsolètes de notre économie. Alors que toutes les autres sortes d’informations se transforment à la vitesse de la lumière, le processus de publication d’un livre est à peu de chose près aujourd’hui le même qu’au Moyen-Âge."
C'est un poncif tellement éculé que j'ai presque envie de mettre en doute le reste quand je lis cela...


La possibilité d'un livre

Possibiliteile Incroyable, en regardant la bande-annonce du nouveau film de Houellebecq qui sort ces jours-ci, je découvre une version d'un livre électronique futuriste que le lecteur feuillette avec le doigt, sorte de combinaison entre papier électronique et écran tactile... 2015, 2050? Espérons que le film aura le même succès que le film de Spiellberg. C'est pas parti pour.


Ergonomie des bidules

Merci à Alain d'avoir attiré mon attention sur ce nouveau concept de lecture présenté par Peter Brantley sur son blog. Il est initié par un groupe de travail de l'Université de Maryland. Cela vaut le coup d'oeil, on reste confondu devant le boulot accompli.
Néanmoins, je suis assez sceptique, avant que ma femme mette cela dans son sac et que cela fasse un article dans Elle! J'ai éclaté de rire quand j'ai vu les pages qui tournent quand on bouge le bidule! Les deux morceaux... Pourvu que Starck ne nous donne pas son avis la-dessus... Un truc à mettre dans un coin et à ressortir de temps en temps du côté de la paléontologie des bidules. Avec les mêmes questionnements que ceux de nos amis de Gutenberg, vous savez bien!


Prospectives du livre

Très intéressante interview sur l'avenir du livre de Francis Pisani dont le blog Transnets est une mine (mais vous le savez sans doute déjà). J'aime beaucoup cette notion d'écosystème/coexistence des médias sur laquelle il revient. A croiser avec l'article de Anthony Grafton dans le New Yorker (signalé par Olivier-Affordance) et l'excellent livre Où va le livre? dont j'avais parlé et que reprennent l'excellent BBF et l'Humanité qui met le doigt sur le terme de bibliodiversité... Vers un écosystème du livre et de l'écrit, c'est aussi le titre du hors-série de l'Aquitaine numérique (merci Alain), décidément... Bref, de quoi commencer la semaine en bonne intelligence, tout cela en attendant bien évidemment les podcasts de Roger Chartier au Collège de France... Au fait, ça vient quand? C'est si compliqué? On rêve de podcasts le jour même pour les pauvres "collégiens" non-parisiens que nous sommes!


Le silence des livres

100_3079 Notre époque est en train de l'oublier, jamais les livres n'ont été aussi silencieux. C'est en substance le sens de ce remarquable petit essai de George Steiner qui vient de paraître aux Editions Arléa. Un essai intitulé La Haine du Livre publié initialement dans la Revue Esprit. Les livres sont vulnérables et possèdent par leur essence même, l'éventualité d'une fin. Et Steiner d'égrainer la longue liste des bûchers et autres destructions massives de toutes les époques. "Très récemment encore, quelque seize mille incunables et manuscrits enluminés, non reproduits, ont péri dans l'incendie de la bibliothèque de Sarajevo. Les fondamentalistes de tous bords brûlent d'instinct les 100_3078 100_3080 livres. Les conquérants musulmans d'Alexandrie, condamnant aux flammes la légendaire bibliothèque auraient dit: "Si elle contenait le Coran, nous en avons déjà des copies; si elle ne le contenait pas, elle ne valait pas la peine d'être préservée." Thèse qui fait écho étrangement avec les possibilités de l'encre électronique, demain, on ne brûlera peut-être plus des livres mais des disques durs. Je me suis même autorisé à reproduire un passage, pas à la plume bien entendu, mais au stylet sur le livre électronique Iliad. Et de pouvoir continuer à échanger en notes manuscrites avec l'auteur via le wifi, voire pourquoi pas des dédicaces personalisées au début du livre. C'est vrai que tout cela porte à la rêverie...