XCIX
Non, impossible de rester seul, il avait besoin d'elle, besoin de la voir. Si seulement elle lui souriait, tout serait fini, tout serait bien de nouveau. Il sortit dans le hall, ausculta sa poitrine, tourmenta ses cheveux, aiguisa son nez, se décida. Pour sauver la face, il s'abstint de frapper à la porte, entra en maître. Sans lever la tête, elle continua à ranger des vêtements dans la valise ouverte sur le lit, les pliant d'abord avec soin, absorbée, visage de marbre. Elle était heureuse de le faire souffrir. Voilà, il verrait bien qu'elle partait pour de bon. Pour lui dissimuler son besoin d'elle et lui prouver son indifférence, il ironisa.
— Alors, départ éternel ?
Elle fit signe que oui, poursuivit ses rangements minutieux. Pour la faire souffrir et lui montrer qu'il s'attendait bien à la voir partir, il fit le serviable, lui passa une robe prise dans l'armoire.
— Cela suffit, ma valise est presque pleine, dit-elle lorsqu'il lui tendit une autre robe. Je ne prends pas tout. J'écrirai pour dire où il faudra envoyer le reste.
— Je vais te donner de l'argent.
— Non, merci. J'ai ce qu'il faut.
— Quel train prends-tu ?
— N'importe. Le premier qui passera.
— Il est presque trois heures du matin. Le premier, celui pour Marseille, ne passe qu'à sept heures.
— J'attendrai à la gare.
Les sourcils froncés, le front plissé, elle fourra des souliers dans un coin de la valise.
— Il y a du mistral. Il fera froid dans la salle d'attente. N'oublie pas de prendre un manteau.
— Cela m'est égal d'avoir froid. Une pneumonie serait une solution.
Dans un autre coin de la valise, elle inséra avec force l'album des photographies de famille. Il sifflota.
— Je suppose que c'est à Genève que tu vas. Pour assister à des concerts symphoniques ?
Elle se tourna vers lui, hostile, les poings fermés.
— Tu m'as trompée quand tu m'as dit que tout irait bien si je disais tout. J'ai eu confiance, je ne soupçonne pas les ruses, moi.
Bien sûr, elle avait raison. Elle était honnête, elle. Oui, mais cette bouche honnête s'était écrasée contre des poils.
— Tu aurais mieux fait de ne pas faire du trapèze volant avec le chef d'orchestre trois heures avant de venir me baiser la main !
Il haleta. Insupportable de voir tout le temps la femme la plus aimante, la plus noble, avec une tête si pure, de la voir tout le temps incompréhensiblement sous un chimpanzé d'orchestre, tout le temps ahanant sous le chimpanzé. Oui, la plus aimante. Quelle femme l'avait aimé autant que cette femme ? Le soir du Ritz, si pure lorsqu'elle lui avait baisé la main. Et ensuite, chez elle, si jeune et naïve devant son piano, si grave d'amour. Et sous le chimpanzé quelques heures avant !
— C'est une honte de me parler ainsi ! Quel mal t'ai je fait ? C'était avant de te connaître.
— Allons, ferme ta valise.
— Alors, cela ne te fait rien de me laisser partir toute seule dans la nuit, dans le froid ?
— Évidemment, c'est triste. Mais que veux-tu, nous ne pouvons plus vivre ensemble. Prends ton manteau.
Il se félicita de sa réponse. Un ton modéré était plus convaincant, confirmait la réalité de la séparation. Elle pleurait, elle se mouchait. Très bien. En tout cas, en ce moment, elle le préférait certainement à Dietsch. La valise bouclée, elle se moucha de nouveau, se tourna vers lui.
— Te rends-tu compte que je n'ai personne au monde ?
— Accroche-toi au bâton du chef d'orchestre. (Oh, si elle s'avançait, si elle lui tendait la main, il la serrerait contre lui et tout serait fini. Pourquoi ne venait-elle pas ?) Quoi, je suis vulgaire ?
— Je n'ai rien dit.
— Tu l'as pensé ! Pour toi la noblesse consiste à dire des mots surfins et à ne pas dire certains autres mots, réputés vils, mais à faire exactement et le plus souvent possible ce que ces mots vils désignent. J'ai dit accroche-toi au bâton du chef d'orchestre et je suis vulgaire, chacun de tes cils le crie ! Mais toi, la noble, que faisais-tu secrètement avec le Dietsch dans une chambre fermée à clef pendant que ton pauvre mari t'attendait avec confiance, avec amour ?
— Si c'est mal ce que j'ai fait avec D.
Il eut un rire amusé, douloureux. Quelle pudeur, quelle décence ! Elle n'avait couché qu'avec une initiale, ne l'avait trompé, ne le trompait qu'avec une initiale !
— Oui, j'ai compris, si c'est mal ce que tu as fait avec ton Dietsch, c'est mal ce que tu fais avec moi. Comme si je ne le savais pas ! Mais ce mal, moi je le paye cher !
— Que veux-tu dire ?
Oui, lui au moins expiait l'adultère par l'enfer de l'amour dans la solitude, un enfer depuis treize mois, vingt-quatre heures par jour, avec l'angoisse de la sentir chaque jour moins aimante. Tandis qu'avec ce veinard d'orchestre il y avait les délicieuses rares rencontres, une fête perpétuelle, assaisonnée par la présence du cocu assommant.
— Que veux-tu dire ? insista-t-elle.
Lui crier que c'était la première fois depuis longtemps qu'ils étaient délivrés de l'avitaminose, que c'était enfin intéressant d'être ensemble ? Mais que lui resterait-il alors à cette malheureuse ? Non, lui épargner cette humiliation.
— Je ne sais pas ce que j'ai voulu dire.
— Bien. Maintenant je te serais reconnaissante de me laisser. Je dois m'habiller.
— Cela te gêne de passer une jupe devant le successeur du chef d'orchestre ? demanda-t-il sans conviction, machinalement, sans en souffrir, car il était fatigué.
— Je te prie de me laisser.
Il sortit. Dans le hall, il n'était pas sans inquiétude. Est-ce qu'elle allait lui faire le coup de partir pour de bon ? Chargée de sa valise, elle apparut, en élégant petit tailleur gris, celui qu'il aimait le plus, dûment poudrée. Comme elle était belle. Elle se dirigea lentement vers la porte, l'ouvrit lentement.
— Adieu, dit-elle, et elle lui lança un dernier regard.
— Cela me fait de la peine de te voir partir à trois heures du matin. Que feras-tu dans cette petite gare jusqu'à sept heures ? D'ailleurs, la salle d'attente est fermée la nuit. Le mieux est que tu partes d'ici un peu avant l'arrivée du train, ce sera tout de même moins fatigant que de rester dehors dans le froid.
— Bien, je vais attendre dans ma chambre qu'il soit six heures quarante, dit-elle lorsqu'il eut suffisamment insisté et qu'elle estima pouvoir honorablement accepter.
— Repose-toi, dors un peu, mais mets le réveil pour ne pas risquer de rester endormie. Mets-le pour six heures et demie plutôt, ou même pour six heures vingt, la gare est assez loin. Alors, voilà, je te dis adieu dès à présent. Tu es sûre que tu ne veux pas d'argent ?
— Non, merci.
— Eh bien, c'est tout. Adieu.
Rentré chez lui, il ôta ses gants blancs, reprit l'ourson de velours, en remplaça les bottes par des espadrilles vertes et le sombrero par un petit canotier. Le charme dura peu. Se persuadant qu'il avait soif, il se rendit à la cuisine, sortit d'une armoire une bouteille de lime-juice, la remit presque aussitôt en place. Après être retourné chez lui pour se ganter de nouveau, il alla frapper chez elle. Debout devant sa valise, les bras croisés et les mains aux épaules, elle était en robe de chambre, ce qui le rassura.
— Je regrette de te déranger, mais j'ai soif. Où est le lime-juice ?
— Dans la grande armoire de la cuisine, en bas, à gauche. Mais elle pensa aussitôt que s'il allait se servir lui-même elle ne le reverrait pas. Elle lui proposa donc d'aller chercher elle-même le jus de limon. Il remercia. Elle lui demanda où il le voulait, chez lui ou ici ? II pensa que si elle l'apportait chez lui elle s'en irait tout de suite.
— Ici, puisque j'y suis, dit-il d'un ton indifférent.
Resté seul, il se vérifia dans la glace. Les gants blancs faisaient bien sur cette robe de chambre noire. De retour de la cuisine, elle déposa noblement le plateau d'argent sur la table, versa le lime-juice puis l'eau minérale, puis deux cubes de glace à l'aide d'une pince d'argent, mélangea, tendit le verre, alla s'asseoir. Décente, elle tira le bas de sa robe, en recouvrit ses jambes. Il vida le verre sur le tapis.
— Soulève ta robe !
— Non.
— Soulève ta robe !
— Non.
— Puisque Dietsch a vu, moi aussi je veux voir ! Tenant sa main plaquée contre ses genoux, elle commença à sangloter avec des grimaces, ce qui le mit hors de lui. Cette femme qui avait l'impudence d'éprouver de la pudeur, qui ne voulait pas lui montrer ce qu'elle avait montré à un autre ! Pourquoi devait-il, lui, être le seul à qui on ne montrait rien ? Il répéta longtemps la monotone demande de soulever, ne comprenant même plus le mot sans cesse redit. Soulève, soulève, soulève, soulève ! À la fin, pour ne plus entendre cette voix, affolée, humiliée, elle souleva, montra ses longues jambes soyeuses, montra ses cuisses.
— Voilà, méchant, voilà, homme méchant, tu es content maintenant ?
Son corps tremblait et son visage traversé par des ondes était effrayant et beau. Il s'approcha.
— Je suis ta femme, pleurait-elle merveilleuse ment sous lui, et il déferlait contre elle qui déferlait contre lui et qui lui disait de n'être plus méchant avec elle, qui lui redisait qu'elle était sa femme, et il ado rait sa femme, déferlait contre elle, ô aimante exaspération, chant des chairs en lutte, rythme premier, rythme maître, rythme sacré. Ô coups profonds, fris sonnante mort, sourire désespéré de la vie enfin qui s'élance et fait éternelle la vie.
Dietsch aussi, comme moi ! pensa-t-il, encore en elle. Dietsch en ces mêmes parages ! À peine, avait-elle dit, mais ce à peine c'était du mensonge, on ne pouvait pas éprouver à peine, pensa-t-il toujours en elle. Et si elle avait éprouvé une fois, pourquoi pas les autres fois ? Et d'ailleurs, si c'était vrai qu'aucun plaisir par la suite, elle n'aurait pas continué. Donc, oui, chaque fois avec Dietsch. Il s'écarta. Elle vit les yeux fous et, nue, bondit hors du lit, ouvrit la porte- fenêtre, s'enfuit dans le jardin, tomba. Clarté du corps suave, luisant de lune. Il frissonna. Nue sur l'herbe humide, elle allait prendre froid 1
— Reviens ! Je ne te ferai pas de mal !
Comme il s'approchait, elle se releva, courut vers la haie des roses. Dans les arbres encore noirs, les premiers petits courageux saluaient l'aurore proche, s'aimaient les uns les autres, et elle qui courait, qui avait peur de lui. Il rentra, revint avec le manteau de vigogne, le posa sur le gravier, lui cria de ne pas avoir peur et qu'il allait s'enfermer chez lui, lui cria de se couvrir.
Derrière les rideaux de sa chambre, il la guetta, la vit qui se décidait enfin à rentrer, revêtue du manteau, obéissante. Mais pourquoi ne le boutonnait-elle pas ? Pauvre faiblesse aperçue entre les pans entrouverts. Boutonne, ma chérie, boutonne, mon trésor, ne prends pas froid, tu es si fragile, murmura-t-il contre la vitre.
Peu après, entré chez elle, il la trouva, blanche et immobile, les yeux cernés de bleu, grands ouverts sur sa vie. Alors, il eut mal de la voir souffrir, malade à cause de lui. Ignoble, il était ignoble, il était un maudit. Pour lui ôter sa souffrance, il joua une douleur qu'il éprouvait pourtant, s'assit lourdement pour attirer son attention, posa son front contre la table. Il la connaissait, elle était bonne. Le voyant souffrir, elle voudrait le consoler, viendrait le consoler, viendrait adoucir la souffrance de son aimé, et ainsi elle oublierait la sienne, se sentirait mieux. Comme elle tardait à venir, il soupira. Alors, elle s'approcha, se pencha, lui caressa les cheveux, apaisée par sa tâche de réconfort. Soudain, il aperçut Dietsch en toute virilité. Oh, la chienne ! Il redressa la tête
— Combien ?
— Combien quoi ?
— Combien mesurait-il ?
— Quel intérêt, mon Dieu, quel intérêt vraiment ? s'écria-telle avec une grimace de désespoir.
— Un grand intérêt ! dit-il solennellement. L'unique intérêt de ma vie ! Alors, combien ?
— Je ne sais pas. Un mètre soixante-sept, je pense.
Se complaisant à croire à l'abomination des attraits de Dietsch, il recula avec horreur, mit sa main contre ses lèvres. Mais quel monstre était cet homme ?
— Je comprends tout maintenant, dit-il, et il se promena de long en large, les bras levés en immense stupéfaction, cependant qu'elle pleurait, riait nerveusement, se haïssait de rire. Dans quel enfer était-elle ? Les damnés devaient rire dans les flammes.
— C'est affreux, dit-elle.
— En effet, cent soixante-sept centimètres, c'est affreux, dit-il. Quelle que soit ta bonne volonté, je comprends, c'est affreux, c'est trop.
Grand jour dehors. Devant elle pétrifiée, faisant la morte, traversée de frissons, il parlait depuis des heures, inlassablement. Debout, sa robe de chambre gisant à terre, toujours ganté de blanc mais complètement nu car il avait chaud, trois cigarettes allumées entre les lèvres, il fumait, entouré d'un nuage qui brûlait les yeux de la coupable, fumait avec force et parlait sans arrêt, sentait les sueurs de Dietsch, voyait les lèvres de son aimée touchées par les lèvres ignobles de Dietsch, oh, ces quatre horribles petits biftecks en mouvement perpétuel. Orateur et prophète, ridicule et moral, il parlait, avait mal à la tête, mal de voir sans cesse les organes des deux adultères en même temps que leurs langues frénétiques, reprochait, fulminait, disait les abominations de la pécheresse, évoquait ses décentes grand-mères aux cheveux chastement couverts d'une résille de jais, car les cheveux sont une nudité, disait' le Talmud, louangeait la vertueuse incompétence sexuelle des Juives de Céphalonie pour qui le bel homme était toujours un obèse imposant. Et toutes fidèles à leur seigneur mari !
Immobile, tête baissée, elle l'entendait à travers les brouillards des cigarettes fumées, comprenait à peine, anesthésiée de sommeil et de malheur, tandis que tristement il bouffonnait sur les étreintes de Dietsch et d'Ariane, les ridiculisant pour les avilir, pour supprimer la magie de Dietsch, le lointain, le désirable. Enfin, elle se leva, décidée à fuir. Non, pas la force de prendre un train. Aller au Royal. Ne plus savoir, ne plus l'entendre, dormir.
— Laisse-moi partir.
Il s'approcha, lui pinça l'oreille, sans conviction. Il n'avait nulle envie de lui faire du mal. Mais quoi, la supplier de rester ? Impossible. Le bras mou, les doigts irréels, il lui pinça de nouveau l'oreille dans l'espoir que la scène continuerait et qu'ainsi elle resterait.
— Assez ! Ne me touche pas !
— Et lui, il ne te touchait pas ?
— Il me touchait autrement, murmura-t-elle, idiote de sommeil et de fatigue.
Autrement ! Oh, l'ânesse rouge ! Et c'était à lui qu'elle disait cela ! Il se retint de frapper. S'il frappait, elle partirait. Le réveil sonna. Six heures et demie. L'empêcher de penser au train de sept heures.
— Répète ce que tu as dit.
— Qu'est-ce que j'ai dit ?
— Tu as dit autrement.
— Bon. Autrement.
— Que veut dire autrement ?
— Qu'il ne me pinçait pas l'oreille.
— Pourquoi ? demanda-t-il machinalement, l'esprit vide, mais il fallait tout de même continuer.
— Quoi pourquoi ?
— Pourquoi est-ce qu'il ne te pinçait pas l'oreille ?
— Parce qu'il n'était pas vulgaire.
Il se regarda dans la glace. Donc lui, vulgaire, malgré les gants blancs.
— Comment est-ce qu'il te touchait alors ?
— Je ne me rappelle pas.
— Dis comment il te touchait.
— Mais tu le sais ! (Il se retint de frapper.) Mon Dieu, mais tu ne vois pas que tu salis notre amour ?
— Tant mieux ! D'ailleurs, je t'interdis de parler de notre amour. Il n'y a pas de notre amour. Tu t'es fait trop dietscher.
— Alors, laisse-moi partir.
— Est-ce que tu lui disais aussi que tu étais sa femme ? En allemand sans doute ? Ich bin deine Frau ?
— Je ne lui disais rien en allemand.
— Et en français ?
— Je ne lui disais rien.
— Pas vrai. Vous n'étiez pas muets tout le temps. Dis ce que tu lui disais à ces moments-là.
— Je ne me rappelle pas.
— Donc tu lui disais des mots. Il faut que je sache lesquels.
— Mon Dieu, mais pourquoi me parles-tu tout le temps de cet homme ?
C'était vrai, de lui en parler tellement, d'en évoquer les étreintes, il en avait en réalité augmenté le prestige, la lointaine magie, le lui avait rendu attirant, appétissant. Voilà, hantée maintenant par le Dietsch, revivant les joies passées par la faute du cocu rabâcheur, elle allait peut-être avoir envie de recommencer les gymnastiques d'antan avec le Dietsch, redevenu nouveau, excitant. Tant pis, tant pis. Savoir.
— Dis-moi ce que tu lui disais, scanda-t-il.
— Je ne sais pas. Rien.
— Tu lui disais bien-aimé ?
— Sûrement pas. Je ne l'aimais pas.
— Alors pourquoi est-ce que tu te laissais faire ?
— Parce qu'il était doux, bien élevé.
— Bien élevé ? Avec les coups qu'il t'assenait quelque part ?
— Tu es ignoble.
— Qu'on lui assène ces coups-là, c'est bien élevé ! s'écria-t-il, hors de lui. Mais qu'on le lui dise, c'est ignoble, et c'est moi qu'on méprise, et c'est lui qu'on estime ! Tu l'estimes ?
— Oui, je l'estime.
L'un et l'autre tenaient à peine debout, machines détraquées, aveulis de fatigue et d'incohérence. Dehors, tous les oiseaux chantaient maintenant leurs petits hymnes au soleil. Hébété, toujours nu et fumant, il considérait l'incroyable créature qui osait respecter un homme avec qui elle avait fait des immondices. Le bras malade, il la repoussa à peine, comme en rêve. Elle tomba aussitôt, mais les mains en avant pour amortir la chute. À plat ventre, elle resta immobile, le front contre son bras. La légère robe s'était soulevée, la révélait jusqu'à la courbe des reins. Elle poussa un long gémissement, appela son père, sanglota. Mouvante, sa croupe s'abaissait et se relevait au rythme des sanglots. Il s'approcha.