{1} Voir Mathieu, 7, 14 : « Que la porte de la vie est petite, que la voie qui y mène est étroite, et qu'il y en a peu qui la trouvent ! »
{2} Tophet : littéralement, le « bûcher ». Il s'agit du lieu de sacrifice d'enfants au dieu Moloch, situé dans la vallée de Ben Hinnom, au sud de Jérusalem. Voir Isaïe, 30, 33.
{3} Kamakura : lieu de pèlerinage bouddhiste, au Japon, célèbre pour sa statue gigantesque de Bouddha.
{4} Bouddha à Kamakura : Les exergues des chapitres ne figuraient pas dans la version originale. Je les ai rétablis en utilisant le texte de l'édition Sussex (revue par l'auteur), qui introduit une ou deux variantes par rapport à la première édition MacMillan. Dans la première édition, le titre Bouddha à Kamakura ne figurait pas à la suite des exergues des trois premiers chapitres.
{5} Zam-Zammah : ce canon du XVIIIème siècle se trouve encore, à ce jour, devant le musée de Lahore.
{6} Musée de Lahore : le père de Kipling, John Lockwood Kipling, fut conservateur de ce musée de 1875 à 1894 et servit de modèle au personnage du conservateur.
{7} Mavericks : le nom de ce régiment imaginaire a déjà été utilisé par Kipling dans la nouvelle « La mutinerie des Mavericks » (Les handicaps de la vie). Le nom vient d'un éleveur texan du nom de Maverick dont le bétail n'était pas marqué. Par extension, le mot en est venu à désigner une personne indépendante ou rebelle. La destinée de Kim se trouve donc également inscrite dans le nom.
{8} Ne varietur : « ne doit pas changer ». L'inscription figurait sur les certificats d'appartenance à une loge maçonnique.
{9} Certificat de libération : certificat qui autorise le transfert d'un membre de la loge.
{10} Loge maçonnique : Kipling lui-même appartint à cette loge qui avait la particularité d'admettre des gens de confessions et de nationalités différentes.
{11} La corne est un symbole biblique de force et de puissance.
{12} Colonnes : cet emblème maçonnique renvoie aux colonnes du temple de Salomon à Jérusalem.
{13} Le fort de Lahore, construit par l'empereur Akbar à la fin du XVI° siècle, se trouve de l'autre côté de la ville par rapport à la porte de Delhi.
{14} Haroun-al-Rachid : on aura reconnu le célèbre calife de Bagdad qui apparaît dans Les Mille et Une Nuits.
{15} Moti Bazar : littéralement : « le bazar de la perle ».
{16} Pendjabi : cette langue d'origine indo-européenne est parlée au Pendjab.
{17} Voie du Milieu : l'expression désigne le moyen terme pour les bouddhistes, entre l'ascétisme et l'excès.
{18} Quatre Lieux saints : ce sont le lieu de naissance de Bouddha (Kapilavastu), le lieu où il s'éveilla (Bodhgaya), le lieu où il donna son premier sermon (Samath), et le lieu de sa mort (Kusinagara).
{19} Sculptures gréco-bouddhistes : l'influence grecque sur l'art de cette région remonte à Alexandre. Autrement appelé art du Gandhara, cet art est probablement le premier à avoir représenté Bouddha : il mélange influences grecques et indiennes.
{20} Bouddhas de l'ancien temps : selon Bouddha, il y eut quatre bouddhas avant lui.
{21} Sakyamuni : cet autre nom de Bouddha signifie le « sage des Sakya » ; Sakya est le nom du clan de Gautama.
{22} Maya : il s'agit de la mère de Bouddha.
{23} Ananda était un cousin et disciple de Bouddha.
{24} Cette « admirable invocation bouddhique » est de Kipling ; on la retrouve dans la version complète du poème « Bouddha à Kamakura », dont elle constitue les trois premiers vers de la deuxième strophe.
{25} L'Annonciation est le rêve que fit Maya où elle aurait conçu Bouddha par un éléphant blanc à six défenses pénétrant son sein.
{26} Asita est l'ermite qui prédit au roi Shuddodana, père de Bouddha, un grand avenir pour celui-ci.
{27} Siméon : ce vieillard du Temple reconnut en Jésus le Sauveur. Voir Luc, 2, 25 à 35.
{28} Devadatta, roi de Bénarès et cousin de Bouddha, aurait fait trois tentatives pour le tuer.
{29} Impureté : il s'agit vraisemblablement de la femme aux serpents venue maudire Bouddha alors qu'il méditait, et qu'il fit taire par son calme. Cet épisode est raconté par Edwin Arnold, The Light of Asia or The Great Renunciation, Londres, Trübner & Co., 1879, p. 164. Un autre épisode (The Jûtaka or Stories of the Buddha's Former Births, trad. (du pâli) sous la direction de E. B. Cowell, Cambridge, Cambridge University Press, 1895-1913, livre I, n° 63, vol. I, pp. 156-157) raconte comment une femme qu'il avait sauvée de la noyade le fit tomber amoureux d'elle pour pouvoir le tromper, et comment il fut sauvé par un brigand qui la tua et devint ermite en sa compagnie.
{30} Parc aux daims : situé à Sarnath, près de Bénarès, c'est le lieu du premier sermon prononcé par Bouddha.
{31} Adorateurs du feu : Gautama était opposé à la vénération du feu, et notamment au sacrifice par le feu, telle que la prescrivaient, selon lui, les Védas. D'autre part les miracles qui lui sont attribués sont nombreux ; peut-être s'agit-il de l'épisode où il éteignit le feu d'une forêt (voir The Jûtaka or Stories of the Buddha's Former Births, édition citée, 1895-1913, livre I, n° 35, vol. I, p. 88). Il peut s'agir également de l'épisode au cours duquel Gautama passa six ans avec un groupe d'ascètes : l'une des épreuves consistait à s'asseoir au milieu d'un cercle de cinq feux.
{32} Prince : le Bodhisat est souvent représenté sous les traits d'un prince.
{33} Naissance miraculeuse : Gautama serait né du flanc droit de sa mère qui se tenait à la branche d'un arbre.
{34} Disciple faible : la douleur d'Ananda, au chevet du lit de Gautama, fut telle qu'il éclata en sanglots, avant d'être réconforté par celui-ci dans ses derniers instants.
{35} Arbre Bodhi : cet arbre est le figuier sous lequel Gautama médita et s' « éveilla ».
{36} Adoration de la Sébile : il peut s'agir de l'épisode raconté par E. Arnold (ouvrage cité, p. 114) où Gautama passait dans les rues avec sa sébile et les villageois se pressaient pour lui faire des offrandes. L'adoration des objets religieux fait partie des cultes introduits bien après la mort de Siddharta.
{37} Fo-Hian et Hwen-Thiang : ces deux célèbres sages chinois vinrent en Inde respectivement aux Vème et VIIème siècles ; ils en rapportèrent des textes bouddhiques.
{38} Beal : (1825-1889) ; il est auteur et traducteur de livres sur le Tibet et le bouddhisme.
{39} Stanislas Julien (1799-1873) est le traducteur français de la vie de Hwen-Thiang.
{40} Royaume du milieu : l'expression désigne ici l'Inde du Nord.
{41} Roue des Choses : la roue est une métaphore qui revient fréquemment dans les enseignements de Bouddha pour désigner le cycle de la vie et des réincarnations. C'est un thème important dans le roman, souvent mentionné par le lama, mais utilisé aussi par le narrateur pour parler du cours de la vie ; voir par exemple : « Kim se jeta de tout cœur dans l'inconnu où l'emportait ce nouveau tour de roue. »
{42} La flèche s'envola loin : archer émérite, Gautama dut se mesurer à d'autres jeunes pour pouvoir se marier, car il avait seize ans seulement et n'était pas en âge de prendre femme. La légende raconte que la flèche disparut (voir E. Arnold, ouvrage cité, p. 32 et suivantes) mais ne fait pas état de cette rivière miraculeuse. P.-E. Foucaux (Histoire du Bouddha Sakya Mouni, traduit du tibétain par P.-E. Foucaux, Paris, Benjamin Duprat, 1860) raconte en revanche qu'à l'endroit où entra la flèche, il se forma un puits qui est appelé « le puits de la flèche ». Comme le suggère Charles Ramble (« The Creation of the Bon Mountain of Kongpo » dans Paysages et mandala, éditeur A. W. Macdonald), Kipling a pu également obtenir cette légende chez W. W. Rockhill, The Life of the Buddha and the Early History of his Order, Londres, Kegan Paul, 1884. Notons que certaines légendes ne rapportent pas l'événement à la demande en mariage, mais à un concours destiné à montrer que Siddharta était apte à gouverner.
{43} N'étant pas de la Loi : c'est-à-dire qui n'appartient pas à la religion bouddhiste.
{44} Liés : ils sont liés car, comme tout homme, prisonniers des renaissances.
{45} Jaïn : Mahavira, contemporain de Gautama, fonde le jaïnisme. Il prône un ascétisme rigoureux pour se libérer du cycle des renaissances, et met en avant, comme le bouddhisme, la méditation. Ces deux religions ne sont pas très éloignées, ce qui explique par exemple que le lama séjourne dans un temple jaïn à Bénarès. On compte aujourd'hui encore environ trois millions de jaïns en Inde.
{46} Padma Samthora : Padma signifie « lotus » ; Samthora est vraisemblablement une déformation de Samsâra, qui désigne le cycle des naissances. Dans le contexte, l'expression renvoie à une représentation picturale de la roue de la vie.
{47} Roue de la vie : la roue de la vie représente le cycle des renaissances.
{48} Taureau sacré de Shiva : Nandi, la monture de Shiva : ce dernier est l'une des divinités principales de l'hindouisme (avec Brahma et Vishnu).
{49} Bête sacrée : la vache, considérée comme un avatar de Vishnu, est un animal sacré en Inde.
{50} Compatissant : l'expression désigne Allah.
{51} Anna : Subdivision de la roupie, une roupie égale seize annas.
{52} Baltis : le mot renvoie ici aux porteurs d'origine balti.
{53} Le sikhisme est une religion indienne fondée au XV° siècle par Guru Nanak et qui se voulait à l'origine une synthèse entre l'hindouisme et l'Islam. Les Sikhs sont présents avant tout au Pendjab. Ils portent la barbe et les cheveux non coupés et sont traditionnellement des guerriers ; ils s'allièrent aux Anglais à partir du milieu du XIX° siècle. Voir le sarcasme du soldat à l'égard des Sikhs, (au milieu du chapitre II).
{54} Pain musulman : ce pain, autrement appelé chapati, est un pain plat.
{55} Le Service topographique était chargé du recensement des terres, tâche d'une importance considérable pour l'administration anglaise car elle offrait un moyen de contrôle sur le pays.
{56} Puissance bienveillante et septentrionale : il s'agit de la Russie dont les menées expansionnistes en Asie centrale inquiétaient les Anglais.
{57} Bouddha à Kamakura : dans l'édition Macmillan, on lit « Sans mépriser homme ni bête » au lieu de « Sans mépriser prêtre ni foi ».
{58} Morts en leur linceul : citation de Shakespeare, Hamlet, I, 1, 115.
{59} Géhenne est un autre nom de l'Enfer.
{60} Ganga : le Gange est un fleuve sacré pour les Hindous car il serait descendu des cieux.
{61} Bhumia : il s'agit probablement de Bhûmi, déesse de la Terre.
{62} Alexandre, venu d'Egypte par la Perse, est arrivé en Inde en 327 av. J.-C. et y a laissé de nombreuses traces de son passage. Voir note 19 du chapitre I.
{63} Om mane pudme hum : cette incantation bouddhiste (mantra) est extrêmement fréquente ; elle signifie « gloire au joyau dans le lotus ». On la rencontre fréquemment sur les pierres des monastères tibétains.
{64} Pays du Sud : l'Inde est ainsi désignée par rapport aux montagnes du lama.
{65} Bungalows : le mot a ici son sens originel de « maison indienne basse entourée de vérandas ».
{66} Pindi : abréviation de Rawalpindi.
{67} S'accrochait : c'est-à-dire continue dans le cycle des renaissances.
{68} Devadatta : voir note 28 du chapitre I.
{69} Bouddha à Kamakura : cette strophe ne figure pas dans la version du poème publiée dans les Poèmes.
{70} Voie du Milieu : voir note 17 du chapitre I.
{71} Basse caste : les Tibétains ne reconnaissent pas le système des castes.
{72} Lit de cordes : les lits indiens sont faits d'un châlit en bois et d'un sommier de cordes tressées.
{73} Krishna est un dieu hindou, avatar de Vishnu.
{74} Prayag : nom sanscrit d'Allahabad qui est une ville de pèlerinage particulièrement sacrée située au confluent du Gange, de la Yamuna et d'une troisième rivière aujourd'hui à sec. Selon la mythologie, c'est là que se déroula le combat entre les dieux et les esprits pour la possession du liquide d'immortalité.
{75} Grand Trunk Road : la route qui va de Calcutta à Peshawar, construite par les Anglais pour améliorer les communications dans le pays, suit le tracé de la première route construite au XVIème siècle et qui allait du Bengale à Amritsar. Cette route, parfois comparée à un large fleuve dans le roman, se rapproche poétiquement à la fois de la route chaucerienne de Cantorbéry et du fleuve de Huck Finn. C'est sur celle-ci que se rencontre la multiplicité de l'Inde. Voir plus loin dans le chapitre : « Elle s'allonge toute droite, portant sans encombre le trafic de l'Inde entière sur un parcours de quinze cents milles — fleuve de vie mouvante, comme il n'en existe nulle part ailleurs au monde.
{76} Insurrection : il s'agit ici de la révolte des cipayes, en 1857. Cette mutinerie des troupes indiennes dura un an, fut sévèrement réprimée et mena la métropole à prendre directement le contrôle du pays jusque-là administré par la Compagnie des Indes orientales.
{77} Tuniques rouges : l'expression désigne l'uniforme de l'infanterie britannique.
{78} Sobraon, Chillianwallah, Moodkee et Ferozeshah : lieux de quatre des batailles pendant les guerres sikhs entre 1845 et 1849 (voir note 53, chapitre I).
{79} Quatre barrettes : cette récompense était attribuée à un soldat pour sa participation à la répression de la révolte.
{80} Kaiser-i-Hind : la reine Victoria prit le titre d'impératrice des Indes en 1877.
{81} Ordre de l'Inde britannique : cette médaille était décernée aux officiers indiens pour services rendus.
{82} Nikal Seyn : John Nicholson perdit la vie au cours de l'assaut de Delhi en 1857. Il fût considéré comme un héros par ses soldats.
{83} Ombragée : la route fut plantée d'arbres pour faire de l'ombre aux soldats qui l'empruntaient.
{84} Le hibou est considéré en Inde comme stupide.
{85} Kathiawar : district au nord de Bombay célèbre pour ses chevaux.
{86} Takkus : déformation du mot « taxe ».
{87} Quelque État sikh indépendant : à la suite des guerres du milieu du siècle, le grand royaume sikh du Pendjab fut annexé par les Anglais.
{88} Puttees : ce sont des jambières formées de bandes enroulées.
{89} Sept Sœurs : oiseau de la famille de l'étourneau
{90} Petites pinces de cuivre : ces pinces servent à poser les braises sur le narghilé.
{91} Scrupule de caste : certaines castes hindoues ont des interdits alimentaires qui concernent la nourriture mangée ou la personne qui la prépare. Le lama, contrairement à un religieux hindou, n'a pas d'interdits.
{92} Dans mon pays : Kim se considère ici comme un Pendjabi et oublie son identité anglaise.
{93} La dernière reine de Delhi, Zinat Mahal Begam, fut destituée en 1858.
{94} Assiettes de feuilles propres : ces assiettes sont faites en feuilles de bananier.
{95} Le Fils prodigue : version ironique de la parabole du fils prodigue (Luc, 15, 11 à 32).
{96} Une langue raisonnable : le lama parle imparfaitement hindi et, venu des montagnes, communique plus facilement avec la femme de Kulu.
{97} Refrain : cette chanson fut composée en 1872 par Edward Harrigan et David Braham.
{98} Sligo : port du nord-ouest de l'Irlande situé dans le Donegal.
{99} Phœnix Park : parc de Dublin.
{100} Pékin : le Palais d'Été fut pillé en 1860.
{101} Femme écarlate : « la grande Babylone, mère des fornications et des abominations de la terre » (Apocalypse, 17, 5). Ici l'expression désigne l'Église catholique.
{102} Loge régimentaire : les liens entre l'Église anglicane et la franc-maçonnerie sont fréquents.
{103} Saint-Xavier in Partibus : saint François Xavier fut missionnaire en Inde. Le modèle de ce collège est le collège La Martinière de Lucknow.
{104} Orpiment : sulfure jaune à base d'arsenic utilisé en peinture.
{105} Diego Valdez : commandant d'un escadron de l'Invincible Armada.
{106} Lusus naturae : une « ruse de la nature ».
{107} Piquets : ce sont des détachements de soldats.
{108} Les Parsis sont des zoroastriens adorateurs du feu, venus en Inde à partir du VIIIème siècle pour fuir l'invasion musulmane en Perse (d'où leur nom). Ils sont implantés surtout à Bombay et dans le Gujarat.
{109} Les barricades en 1848 : il s'agit des révolutions de 1848 en Europe.
{110} S'accroupit : c'est-à-dire les deux talons par terre et les jambes légèrement écartées.
{111} Nucklao : autre nom de Lucknow.
{112} Les Tirthankaras sont les vingt-quatre maîtres des Jaïns, représentés dans les temples.
{113} Contribution : contribution versée par le régiment à l'Orphelinat militaire.
{114} Grande guerre : l'expression désigne la deuxième guerre afghane de 1878 à 1880.
{115} Cheval : au cours du roman, Kim est fréquemment comparé à un poulain qui grandit et qu'il faut dresser ; Mahbub Ali utilise surtout, naturellement, cette métaphore.
{116} Paraisse clair : comme tous les personnages du roman et le narrateur, Mahbub Ali utilise des proverbes et sentences ; le sens en est ici que Kim ne doit pas essayer de comprendre ce que fait Mahbub.
{117} Sir John Christie : il est probable que ce nom est une invention de l'auteur. Dans la version définitive des poèmes, cet exergue se trouve dans la partie « têtes de chapitres » et ne comporte pas de mention de Sir John Christie.
{118} Sans régiment : un officier sans régiment fait partie de l'état-major.
{119} Bibi Miriam : la Vierge Marie est aussi une sainte pour les musulmans.
{120} Premiers signes, chez Kim, de la contradiction à laquelle il doit faire face entre son identité indienne et son identité de « sahib ».
{121} Tum est une des marques de tutoiement en hindi.
{122} Imambara : littéralement « enclos des Imams » ; ce monument est un lieu de réunion pour commémorer les imams Hassan et Hussein, qui fut construit à la fin du XVIIIème siècle.
{123} Chutter Munzil : littéralement « bâtiment du parasol » ; construit aux alentours de 1830, ce bâtiment était le harem d'un souverain musulman.
{124} Ourdou pur : Lucknow est l'ancienne capitale des nababs de l'Audh, et à ce titre a toujours compté une importante communauté musulmane, notamment chiite. C'est pour cette raison que l'ourdou est censé y être plus pur qu'ailleurs.
{125} Présidences : à la fin du XVIIème siècle, l'Inde avait été divisée en trois présidences par la Compagnie des Indes : Madras, Bombay et le Bengale. Elles étaient indépendantes les unes des autres et ne dépendaient que de Londres.
{126} Pereira, De Souza, et D'Silva : ces trois noms sont fréquents en Inde chez les Indiens d'origine portugaise ou christianisés par les Portugais. Voir aussi plus loin De Castro.
{127} Grand Jeu : l'expression désigne les activités d'espionnage et de renseignements qui visent ici à s'opposer aux menées de la Russie en Asie occidentale.
{128} Rêl : déformation de « rail », chemin de fer.
{129} L'Homme à deux côtés : ce titre a été rajouté dans l'édition Sussex. C'est aussi le titre du poème tel qu'il est recueilli dans l'édition définitive des poèmes (qui comprend trois strophes supplémentaires entre les deux données ici).
{130} Chaînes : ce sont les chaînes d'arpenteur.
{131} Géhenne : Enfer (voir note 3 du chapitre II).
{132} Les sunnites forment une des branches, la principale, de l'Islam. Ils accordent plus d'importance que les shiites à la Sunna (d'où leur nom) qui est le recueil des paroles attribuées au prophète. Les habitants de Tirah, à l'ouest de Peshawar, sont shiites.
{133} Pays des Cinq-Rivières : l'expression désigne le Pendjab.
{134} Mackerson sahib : il fut chef du district de Peshawar.
{135} Conseil Suprême de l'Inde : ce conseil dont la fonction était de seconder le Secrétaire d'État chargé de l'Inde était constitué de très hauts fonctionnaires autrefois en poste en Inde (vice-roi, etc).
{136} Légende de l'Oregon : ces vers sont du dramaturge et acteur irlandais Dion Boucicault (né en 1820 ou 1822, mort en 1890). C'est un des hommes de théâtre les plus actifs du milieu du XIXe siècle en Irlande, mais aussi en Angleterre.
{137} Tour de roue : la reprise de l'image de la roue désigne ici la roue de la vie et de la fortune.
{138} Rubis balais : c'est une pierre de couleur rouge clair.
{139} Babu : le personnage du Babu apparaît dans d'autres histoires de Kipling. Voir par exemple « Le Chef du district » (Les Handicaps de la vie) où le traitement du personnage est acerbe, et « Purun Bhagat » (Le Second Livre de la jungle) où le Babu devient ascète.
{140} C'est la coutume parmi nous : cette coutume a pour objet de protéger l'identité de celui qui peut être amené à effectuer de périlleuses missions.
{141} Angrezi : Anglais.
{142} M.A. : « master of arts » ; équivalent à la maîtrise.
{143} L'Excursion : le poème de Wordsworth fut publié en 1814.
{144} Le Roi Lear et Jules César : les deux pièces de Shakespeare forment donc le fondement de l'éducation anglaise du Babu.
{145} Burke et Hare : allusion à l'écrivain irlandais, Edmund Burke (1730-1797) et à Augustus Hare (1834-1903), auteur de récits de voyage. Mais Burke et Hare étaient aussi deux criminels exécutés à Edimbourg au début du xix° siècle.
{146} Ad interim : en attendant.
{147} Lord Lawrence : Lord Lawrence fut vice-roi des Indes de 1864 à 1869.
{148} Pali : cette langue religieuse est utilisée par les bouddhistes à Ceylan ; les textes anciens sont écrits en pali.
{149} Je n'ai pas trouvé dans les Jâtaka de récit identique ; il faut cependant noter que Bouddha est fréquemment incarné dans l'éléphant blanc (voir par exemple le récit de sa naissance, note 25, chapitre I). Le thème de l'éléphant délivré de ses chaînes revient par ailleurs souvent (voir par exemple, Jâtaka, livre XI, n° 455, vol. IV, p. 60).
{150} Comme la femme honora le prophète : le prophète Élisée, de passage à Sunam, était nourri et logé par une femme de la ville ; voir 2 Rois 4, 8 à 10.
{151} Tiercelet : le tiercelet est le mâle du faucon ; les femelles seules portent le nom de l'espèce.
{152} L'affaitage est le dressage d'un oiseau de chasse.
{153} Un faucon niais est pris dans l'aire et élevé à la fauconnerie.
{154} Un faucon passager est un faucon adulte pris au passage pendant une migration.
{155} La beccade est le petit morceau de viande qu'on donne à la main aux oiseaux.
{156} Oiseau d'escape : cet oiseau vivant est lâché devant un faucon pour le dresser.
{157} Un oiseau est dit de bon travail quand il est fort, et bien dressé.
{158} La Veille de Gow : l'édition .Macmillan porte le titre Pièce ancienne. Cette « Pièce ancienne » est en fait une œuvre inachevée de Kipling. L'édition définitive des poèmes publie ce qu'il en reste : des scènes de l'acte II, de l'acte IV, de l'acte V. Ces vers font partie de la scène 2 de l'acte II. Gow est l'un des personnages de la pièce. Particulièrement intéressante ici est la fascination de Kipling pour la technique.
{159} Dîner de Hadj ; c'est-à-dire un dîner de pèlerins en route pour La Mecque ou de retour de pèlerinage.
{160} Vacances de la mousson : dans le nord de l'Inde, la mousson arrive généralement au mois de juin ; ces vacances correspondent donc aux vacances d'été.
{161} Préparateurs de pipe : celui qui prépare le narghilé et veille aux braises.
{162} Turc : les langues turques sont parlées dans une grande partie de l'Asie, notamment en Asie centrale, et comprennent entre autres le turc, l'azéri, le turkmène, l'ouzbek, le kirghiz et le kazakh.
{163} Royal Society : Société scientifique fondée en 1662.
{164} Danses du diable : danses pratiquées par des sorciers ou exorcistes.
{165} F. R. S. : « Fellow of the Royal Society », c'est-à-dire membre de cette société.
{166} Lamuel : voir Proverbes, 31. Ces conseils invitent à la tempérance et à la justice.
{167} Buktanoos : les djinns, dans la tradition musulmane, sont des êtres corporels susceptibles d'apparaître sous diverses formes. Ils ont des rapports obscurs avec Iblis et les diables, car il en est de bons et de mauvais. La croyance en les djinns qui est authentifiée par le Coran existe en Inde comme dans tous les pays musulmans, avec des variations régionales. Les démons (« shaytans ») sont considérés soit comme de mauvais djinns, soit comme les enfants d'Iblis.
{168} Zulbazan, Dulhan, Musbout : démons ; voir la note précédente.
{169} Herbert Spencer (1820-1903), sociologue et psychologue. Il expliquait que l'univers pouvait être appréhendé en termes d'évolution mécaniste.
{170} Asiatic Quaterly Review : publication de la Royal Asiatic Society of Bengal dont le premier numéro date de 1832.
{171} Aryasamaj : littéralement « société des Aryas ». Mouvement réformiste hindou né dans le dernier quart du XIXème siècle et qui se caractérise par un retour à la pureté védique.
{172} Le tantrisme est une branche de l'hindouisme, qui s'appuie sur des rites ésotériques pour atteindre la libération.
{173} Ladakhi : originaire du Ladakh.
{174} La Chanson du jongleur, op. 15 : l'édition Macmillan ne porte pas de titre. Comme dans bien d'autres cas, Kipling a développé cette strophe pour en faire un poème plus long qui figure sous ce titre dans l'édition définitive des poèmes.
{175} Celui qui est Un : l'expression renvoie au divin, but de la méditation.
{176} Sakhi Sarwar Sultan : lieu saint musulman du Pendjab pakistanais.
{177} La cause des choses : ces représentations étaient probablement, à l'origine, dessinées sur le sol à l'aide de craies de couleur, ou simplement faites avec les doigts, comme c'est encore parfois le cas aujourd'hui au Tibet.
{178} Prêtres jaïns : voir le texte autour de la note 12 du chapitre 9.
{179} Sakyamuni : voir note 21 chapitre I.
{180} Créature vivante : le respect de la vie chez les Jaïns conduit les prêtres à porter un masque sur la bouche de façon à ne pas avaler par mégarde quelque insecte et à balayer le chemin devant eux pour ne pas écraser de créature vivante.
{181} Le serpent est vénéré en Inde sous plusieurs formes ; considéré comme un esprit de la terre, il est aussi un symbole d'éternité dans la cosmologie hindoue.
{182} Cordon brahmanique : ce cordon est porté en travers de la poitrine par les brahmanes.
{183} Bœuf : Kim pouvait manger du bœuf avec des Anglais ou des musulmans, mais l'hindouisme interdit la consommation de cette viande.
{184} Ghats crématoires : ce sont les lieux de crémation, au bord du Gange, à Bénarès.
{185} Tête tondue : l'expression désigne ici un prêtre.
{186} Pays des rois : c'est-à-dire dans les royaumes qui n'étaient pas directement sous contrôle britannique.
{187} Le curcuma est une épice jaune, proche du safran.
{188} La Mer et les montagnes : l'édition Macmillan ne comporte pas de titre ici. Le poème recueilli sous ce titre dans l'édition des poèmes comporte quatre strophes. Celle-ci est la première et l'exergue du chapitre XIII, la deuxième.
{189} D.S.P. : District Superintendant of Police » ; chef de la police du district.
{190} Strickland sahib : ce personnage apparaît dans d'autres histoires de Kipling, en particulier : « Le Sais de Mlle Youghal » et « L'Affaire Bronckhorst » dans les Simples contes des montagnes et « La Marque de la bête » et « Le Retour d'Imray » dans Les Handicaps de la vie.
{191} Roum : Constantinople.
{192} Aminabad, Sahaigounge, Akrola, Phulesa : quatre villages autour de Saharanpur.
{193} Porc, Colombe et Serpent : ces animaux figurent au centre de la roue de la vie et représentent les trois causes du mal : ignorance, luxure et colère (voir le texte voisin de la note 4 du chapitre XI).
{194} Dalaï-Lama : le chef spirituel des bouddhistes du Tibet, qui était à l'époque la première autorité politique du pays.
{195} Juge inique : cette parabole (Luc, 18, 1-8) enseigne les vertus de la prière.
{196} Taureau de Shiva : voir note 48 du chapitre I.
{197} Sinâ, arplan : drogues à base de plantes.
{198} F.A. : ce type d'initiales désigne à l'ordinaire un diplôme universitaire. Comme il n'existe pas de diplôme de ce nom, on peut supposer qu'il s'agit d'un « Failed B.A. », c'est-à-dire d'un B.A. (licence) raté.
{199} Nord : c'est-à-dire la Russie.
{200} Kaiser : le tsar.
{201} Herbert Spencerien : voir note 19 du chapitre X.
{202} Évolution : ce vocabulaire est emprunté à Spencer.
{203} Cui bono : littéralement « à qui cela bénéficie » ; l'usage incorrect de l'expression par le Babu fait partie de la satire de l'Indien éduqué à l'anglaise.
{204} Français : à partir de 1891, il y eut un rapprochement entre la Russie et la France qui donna lieu à une alliance défensive entre les deux pays, signée en 1892.
{205} Chandernagor : Ville du Bengale, comptoir français depuis 1685 (et jusqu'en 1951).
{206} La Mer et les montagnes : voir note 1 du chapitre XII.
{207} Eua : nom de la montagne par laquelle sont passés le lama et Kim.
{208} Épouses de nombre de maris : la polyandrie est répandue dans certaines régions de montagnes.
{209} Borax : genre de détergent qu'on trouve notamment au Tibet (Na2B4O7, 10 H2O)
{210} Élisée : voir 2 Rois 2, 24 ; Élisée maudit des enfants qui se moquaient de lui ; ceux-ci furent alors dévorés par deux ours.
{211} Francis E. Sumichrast, naturaliste, auteur, entre autres, de : Note sur les mœurs de quelques reptiles du Mexique (Genève, 1864), de Note sur quelques reptiles mexicains peu connus (1872) et de Coup d'œil sur la distribution géographique des reptiles au Mexique (1873).
{212} Day and Martin : marque londonienne de cirage.
{213} Les kobolds, esprits familiers du folklore allemand, sont considérés comme les gardiens des métaux précieux enfouis dans la terre.
{214} La femme de Shamlegh n'est autre que Lispeth (voir chapitre XV), héroïne de la nouvelle du même nom contenue dans Simples contes des montagnes. On l'y voit tomber amoureuse d'un « sahib » qui l'abandonne.
{215} Idoles de cuivre : c'est-à-dire les instruments de mesure topographique.
{216} Kabir, né vers 1398, mort vers 1440, fut un poète et réformateur religieux.
{217} La Prière : l'édition Macmillan porte le titre Kabir. L'édition définitive des poèmes porte le titre « La Prière ». Le poème est ici donné en entier.
{218} Ombre : c'est-à-dire une illusion.
{219} Noix : manifestement un symbole sexuel.
{220} Le Cheval qui Peut Faire le Tour du Monde en Un Jour : une des incarnations antérieures de Gautama était sous la forme d'un cheval blanc ailé. La légende veut que, volant de l'Himalaya à Ceylan, le cheval sauva les hommes qui voulaient bien le suivre, alors que ceux qui n'avaient pas voulu lui faire confiance furent dévorés par les lutins (voir The Jâtaka or Stories of the Buddha's Former Births, éd. cit., livre II, n° 196, vol. II, p. 90). Le nom du cheval, Jam-lin-nin-k'or, signifie littéralement « qui fait le tour du monde en un jour ».
{221} Maison : il s'agit des maisons de l'astrologie qui divisent le ciel en fuseaux.
{222} Triple couronne : l'expression désigne la tiare du pape.
{223} Le Siège des fées : l'édition définitive des poèmes comporte deux strophes avant celle-ci.
{224} Le Mall est la grande rue de Simla.
{225} Cornes noires du Raieng : il s'agit de rochers surplombant la route, situés à l'est de Simla.
{226} Ananda : voir note 23 du chapitre I.
{227} Je suis la vache du Saint Homme : c'est-à-dire, fais avec moi ce qu'il te plaira.
{228} La dengue est une fièvre virale transmise par un moustique.
{229} In articulo mortem : à l'article de la mort. Il y a là une faute de la part du Babu qui aurait dû dire in articulo mortis.
{230} In posse : possiblement.
{231} Expressions mahométanes : Kim vient de prononcer le nom d'Allah.
{232} Voir Cendrars : « C'est Kipling qui donne la recette dans Kim. Lorsque Kim descend épuisé des hautes montagnes du Thibet où il a accompagné son maître, le vieux lama possédé de la folie de la Roue, après avoir frotté, lavé, massé, claqué le jeune garçon et l'avoir restauré et revêtu d'une robe neuve, la vieille femme noble qui les a accueillis et leur donne l'hospitalité dans sa grande maison de la plaine envoie Kim se coucher dans le verger en lui recommandant de se faire un trou entre les racines et de s'étendre, et de se recouvrir de terre meuble, et de ne plus bouger, de dormir comme un mort, sur le dos, et de ne pas se retourner ni de s'agiter, mais de bien s'orienter pour bien laisser agir les courants magnétiques et telluriques qui vous compénètrent avec amour de la nuque aux talons pour reformer un être et lui redonner le jour comme si l'on était venu s'abriter et reprendre des forces dans le ventre de sa mère, et au bout de huit jours Kim est debout, frais, rosé, vaillant et prêt à raccompagner son maître dans de nouvelles pérégrinations. Moi, au bout de huit jours, j'étais aussi crevé que le premier jour quand j'étais venu m'échouer à Naples et avais trouvé asile dans le tombeau de Virgile » (Bourlinguer, 1948, rééd. « Folio », Paris, Gallimard, p. 113).
{233} Pashtu : cette langue indo-européenne est parlée en Afghanistan et au nord du Pakistan.
{234} Nibban : mot pali pour nirvana.