Suzanne était arrivée en courant au bungalow. Joseph n'y était pas. Mais elle avait trouvé la mère en train de préparer le dîner, debout près du réchaud. Elle avait brandi la bague.
— Regarde, une bague. Vingt mille francs. Et il me l'a donnée.
La mère avait regardé, d'un peu loin. Et elle n'avait rien dit.
M. Jo avait attendu sous le pont que Suzanne revienne mais comme elle n'était pas revenue, il s'en était allé.
Une heure après, un peu avant qu'ils se mettent à table, la mère avait demandé gentiment à Suzanne de la lui confier pour qu'elle la voie mieux. Joseph qui était assis dans le salon à ce moment-là, avait pu l'entendre la lui demander.
— Donne-la-moi, avait-elle dit gentiment, je l'ai à peine regardée.
Suzanne avait tendu la bague. Elle l'avait prise et elle l'avait longuement considérée dans le creux de sa main. Puis, sans s'expliquer, elle était allée dans sa chambre et elle avait refermé la porte sur elle. A son air entre tous reconnaissable, faussement courroucé tout à coup lorsqu'elle était sortie de la salle à manger, Joseph et Suzanne avaient compris : elle était allée cacher la bague. Elle cachait tout, la quinine, les conserves, le tabac, tout ce qui pouvait se vendre ou s'acheter. Elle l'avait cachée dans la crainte superstitieuse de la voir s'échapper des mains trop jeunes de Suzanne. Maintenant la bague devait être entre deux lattes de la cloison ou dans un sac de riz, ou dans le matelas de son lit, ou bien attachée par une ficelle autour de son cou, sous sa robe.
Il n'en avait plus été question jusqu'au dîner. Suzanne et Joseph s'étaient mis à table. Mais elle, non. Elle s'était assise à l'écart de la table, le long du mur, sur un fauteuil.
— Mange, dit Joseph.
— Laisse-moi tranquille. Sa voix était mauvaise.
Elle ne mangeait pas, même pas une tartine et elle ne réclamait même pas son café habituel. Joseph la surveillait d'un regard inquiet. Elle non, elle ne regardait rien, elle fixait le plancher sans le voir, d'un air de haine. Qu'elle fût comme ça assise à l'écart, contre le mur, pendant qu'ils mangeaient, pour quelque raison que ce fût, n'importe laquelle, Joseph ne pouvait pas le supporter.
— Pourquoi tu fais cette gueule-là ? demanda Joseph.
Elle devint toute rouge et cria :
— Ce type me dégoûte, me dégoûte et il ne la reverra pas sa bague.
— On te parle pas de ça, dit Joseph, on te demande de manger.
Elle tapa du pied et toujours en criant :
— Et d'ailleurs, qu'est-ce que c'est ? tout le monde à notre place la garderait.
Puis de nouveau elle se tut. Un moment passa. Joseph recommença :
— Faut que tu boives ton café, bois au moins ton café.
— Je ne boirai pas mon café parce que je suis vieille et que je suis fatiguée et que j'en ai marre, marre d'avoir des enfants comme j'en ai...
Elle hésita. De nouveau elle rougit très fort et ses yeux s'embuèrent.
— Une saleté de fille comme j'ai là...
Puis elle reprit sa nouvelle rengaine.
— Il n'y a rien de plus dégoûtant qu'un bijou. Ça sert à rien, à rien. Et ceux qui les portent n'en ont pas besoin, moins besoin que n'importe qui.
Elle se taisait de nouveau et si longtemps qu'on aurait pu la croire calmée si ce n'avait été cette raideur de tout son corps. Joseph n'avait plus insisté pour qu'elle mange. C'était la première fois de sa vie que la mère avait eu entre les mains une chose d'une valeur de vingt mille francs. « Donne-la-moi », avait-elle dit gentiment. Suzanne l'avait donnée. Elle l'avait regardée longuement et elle était devenue saoule. Vingt mille francs, deux fois l'hypothèque du bungalow. Joseph, pendant qu'elle regardait, avait détourné la tête. Sans dire un mot, elle était allée la cacher dans sa chambre. C'était difficile de manger.
— Un pareil dégénéré, lui donner sa bague, ce serait une honte, une honte. Après les saletés qu'il est venu faire ici.
Ni Suzanne ni Joseph n'osaient la regarder ni lui répondre. Elle était malade d'avoir pris la bague comme elle l'avait prise, et de l'avoir gardée. Car il lui était déjà impossible de la rendre, c'était sûr. Elle répétait comme une idiote les mêmes choses, les yeux au plancher, honteuse. C'était difficile de la regarder. Qu'avait donc fait Suzanne en lui montrant la bague ? Quelle jeunesse, quelle vieille ardeur refoulée, quel regain de quelle concupiscence jusque-là insoupçonnée s'étaient donc réveillés en elle à la vue de la bague ? Déjà, elle avait décidé de la garder.
Ç'avait éclaté lorsque Suzanne était sortie de table. Elle s'était enfin levée. Elle s'était jetée sur elle et elle l'avait frappée avec les poings de tout ce qui lui restait de force. De toute la force de son droit, de toute celle, égale, de son doute. En la battant, elle avait parlé des barrages, de la banque, de sa maladie, de la toiture, des leçons de piano, du cadastre, de sa vieillesse, de sa fatigue, de sa mort. Joseph n'avait pas protesté et l'avait laissée battre Suzanne.
Il y avait bien deux heures que ça durait. Elle se levait, se jetait sur Suzanne et ensuite elle s'affalait dans son fauteuil, hébétée de fatigue, calmée. Puis elle se levait encore et se jetait encore sur Suzanne.
— Dis-le-moi et je te laisserai.
— J'ai pas couché avec lui, il me l'a donnée comme ça, je lui ai même pas demandé, il me l'a montrée et il me l'a donnée comme ça, pour rien.
Elle frappait encore, comme sous la poussée d'une nécessité qui ne la lâchait pas. Suzanne à ses pieds, à demi nue dans sa robe déchirée, pleurait. Lorsqu'elle tentait de se lever, la mère la renversait du pied et elle criait :
— Mais dis-le-moi donc, bon Dieu, et je te laisserai.
Ce qu'elle ne pouvait pas supporter, semblait-il, c'était de la voir se relever. Dès que Suzanne faisait un geste, elle frappait. Alors, la tête enfouie dans ses bras, Suzanne ne faisait plus que se protéger patiemment. Elle en oubliait que cette force venait de sa mère et la subissait comme elle aurait subi celle du vent, des vagues, une force impersonnelle. C'était lorsque la mère retombait dans son fauteuil qu'elle lui faisait peur à nouveau, à cause de son visage hébété par l'effort.
— Dis-le-moi, répétait-elle, et quelquefois d'une voix presque tranquille.
Suzanne ne répondait plus. La mère se lassait, oubliait. Parfois elle bâillait et d'un seul coup ses paupières se fermaient, sa tête chavirait. Mais au moindre mouvement de Suzanne ou simplement lorsqu'elle ouvrait les yeux, réveillée par le chavirement de sa tête, et qu'elle l'apercevait à ses pieds, elle se levait et frappait encore. Joseph feuilletait Hollywood-Cinéma, le seul livre, vieux de six ans, qu'il y ait eu dans la famille et dont il ne s'était jamais lassé. Quand la mère frappait, il s'arrêtait de feuilleter l'album. A un moment donné, tout d'un coup, il dit :
— Merde, tu le sais bien qu'elle a pas couché avec lui, je comprends pas pourquoi tu insistes.
— Et si je veux la tuer ? si ça me plaît de la tuer ?
Joseph restait parce qu'il ne voulait pas la laisser seule avec la mère dans cet état, c'était sûr. Peut-être même n'était-il pas tout à fait rassuré. Après qu'il ait crié, elle avait encore frappé mais moins fort et chaque fois moins longtemps. Alors Joseph, chaque fois, avait recommencé à l'engueuler.
— Et puis même si elle a couché avec lui, tu t'en fous pas complètement ?
Oui, elle frappait avec moins d'assurance. Il y avait bien deux ans qu'elle ne frappait plus Joseph. Dans le temps elle l'avait beaucoup frappé lui aussi, jusqu'au jour où il l'avait prise par le bras et l'avait doucement immobilisée. D'abord stupéfaite, elle avait fini par se marrer avec lui, heureuse au fond de le voir devenu si fort. Depuis elle ne l'avait plus frappé, non sans doute parce qu'elle le craignait mais aussi parce que Joseph lui avait dit qu'il ne le supporterait plus. Joseph trouvait qu'il fallait battre les enfants, surtout les filles, mais sans exagération et seulement en dernier recours. Mais depuis l'écroulement des barrages et depuis qu'elle ne battait plus Joseph, la mère battait Suzanne bien plus souvent qu'autrefois : « Quand elle aura plus personne à qui foutre des gnons, disait Joseph, elle s'en foutra sur sa gueule à elle. »
Joseph resterait tant que la mère ne se serait pas couchée, c'était sûr. Suzanne était tranquille.
— Et même si elle avait couché avec lui pour la bague, dit-il, tu parles d'une affaire !
Très profondément satisfaite et tranquille. La mère avait beau faire. La bague était là, dans la maison. Il y avait vingt mille francs dans la maison. C'était ce qui comptait. Elle devait déjà savoir ce qu'elle allait en faire. Ce n'était pas possible de le lui demander ce soir mais dès demain ils pourraient sans doute en parler librement. La rendre était déjà impossible. D'habitude Suzanne supportait mal qu'elle la batte, mais ce soir, elle trouvait que c'était mieux que si la mère, après avoir pris la bague, s'était mise à table tranquillement, comme d'habitude.
— Une bague, qu'est-ce que c'est au fond ? On a le devoir de garder une bague dans certains cas.
— Et comment qu'on l'a ! dit Joseph.
Qui aurait pu être de l'avis contraire ? Peut-être qu'ils allaient pouvoir acheter une nouvelle auto et recommencer une partie des barrages. Et peut-être qu'à partir de cette bague, ils deviendraient riches d'une richesse qui n'aurait rien à voir avec celle de M. Jo. Elle avait beau gueuler.
Ce soir était un grand soir. De M. Jo, on avait pu soutirer cette bague et maintenant elle était là, quelque part dans la maison et aucune force au monde ne pouvait déjà plus l'en faire sortir. Ce soir-là avait tardé à venir mais ça y était, il était arrivé. Depuis des années que les projets échouaient les uns après les autres ce n'était pas trop tôt. Leur première réussite. Non pas une chance mais une réussite. Car depuis des années qu'ils attendaient, ils avaient bien gagné, rien qu'à attendre, cette bague-là. Ç'avait été long mais ça y était, elle était de leur côté ; de ce côté-ci du monde. On la tenait. Ç'avait été pour pouvoir l'approcher, simplement l'approcher encore à l'ombre du pont, que l'autre l'avait lâchée. Mais cette victoire-là, qui résistait à tous les coups, elle ne pouvait la partager avec personne, même pas avec Joseph.
— Une bague, c'est rien. La refuser dans mon cas serait un crime.
Qui aurait pu être de l'avis contraire ? Qui, au monde, aurait pu être de l'avis contraire ? N'en pas vouloir alors qu'elle vous était offerte était simplement inimaginable. Il y en avait assez qui reposaient stériles dans de beaux coffrets, de ces pierres, alors que le monde en avait tant besoin. Celle qu'ils tenaient commençait son chemin, délivrée, féconde désormais. Et, pour la première fois depuis que les mains ensanglantées d'un noir l'avait extraite du lit pierreux d'une de ces rivières de cauchemar du Katanga, elle s'élançait, enfin délivrée, hors des mains concupiscentes et inhumaines de ses geôliers.
Elle avait cessé de frapper. Distraite, toute à ses pensées, elle réfléchissait sans doute à ce qu'elle allait en faire.
— Peut-être qu'on pourra changer l'auto, dit doucement Suzanne.
Joseph abandonna Hollywood-Cinéma et le posa sur la table. Lui aussi réfléchissait. Mais la mère jeta un coup d'œil à sa fille et recommença à gueuler.
— On ne changera pas l'auto, on paiera la banque, le Crédit Foncier, et peut-être on changera la toiture. On fera ce que je voudrai.
Ce n'était donc pas fini comme on aurait pu le croire. Il fallait attendre encore.
— On paiera le Crédit Foncier, dit Suzanne, et on fera remettre une toiture.
Pourquoi, de la voir sourire fit qu'elle recommença à frapper ? Elle se leva, se jeta sur elle et la renversa.
— Je n'en peux plus, je devrais être au lit...
Suzanne releva la tête et la regarda.
— J'ai couché avec lui, dit-elle, et il me l'a donnée.
La mère s'affala dans son fauteuil. « Elle va me tuer, pensa Suzanne, et même Joseph pourra pas l'empêcher. » Mais la mère fixa Suzanne, les deux bras levés, comme prête à bondir, puis, elle laissa retomber ses bras et calmement, elle dit :
— C'est pas vrai. Tu es une menteuse.
Joseph s'était levé et s'était approché de la mère.
— Si tu y touches encore, lui dit-il doucement, une seule fois encore, je fous le camp avec elle à Ram. Tu es une vieille cinglée. Maintenant, j'en suis tout à fait sûr.
La mère regarda Joseph. Peut-être que s'il avait ri elle aurait ri avec lui. Mais il ne riait pas. Alors, elle resta dans son fauteuil, hébétée, méconnaissable de tristesse. Suzanne, allongée de tout son long à côté du fauteuil de Joseph, pleurait. Pourquoi avait-elle recommencé ? Peut-être qu'elle était folle. La vie était terrible et la mère était aussi terrible que la vie. Joseph s'était rassis et c'était elle, Suzanne, qu'il regardait maintenant. La seule douceur de la vie c'était lui, Joseph. Ayant découvert cette douceur-là, si réservée, enfouie sous tant de dureté, Suzanne découvrit du même coup, tout ce qu'il avait fallu de coups et de patience, tout ce qu'il en faudrait encore sans doute pour la forcer à se montrer. Et alors elle pleura.
Bientôt la mère s'endormit tout à fait. Et tout d'un coup, la tête ballante, la bouche entrouverte, complètement en allée dans le lait du sommeil, elle flotta, légère, dans la pleine innocence. On ne pouvait plus lui en vouloir. Elle avait aimé démesurément la vie et c'était son espérance infatigable, incurable, qui en avait fait ce qu'elle était devenue, une désespérée de l'espoir même. Cet espoir l'avait usée, détruite, nudifiée à ce point, que son sommeil qui l'en reposait, même la mort, semblait-il, ne pouvait plus le dépasser.
Suzanne rampa jusqu'à la porte de la chambre de Joseph et elle attendit de voir ce qu'il allait faire.
Il resta un long moment à regarder la mère endormie, les mains crispées sur les bras de son fauteuil, les sourcils froncés. Puis il se leva et alla vers elle.
— Va te coucher, tu sera mieux dans ton lit.
La mère se réveilla en sursaut et chercha dans la pièce.
— Où est-elle ?
— Va te coucher... Elle a pas couché avec lui.
Il l'embrassa sur le front. Suzanne ne l'avait vu l'embrasser que lorsqu'elle était dans le coma qui suivait ses crises et qu'il croyait qu'elle allait mourir.
— Hélas ! dit la mère en pleurant, hélas ! je le sais bien.
— Faut plus t'en faire pour la bague, on va la vendre.
La tête dans ses mains, elle pleurait.
— Hélas ! je suis une vieille cinglée...
Joseph la souleva et la conduisit dans sa chambre. Puis Suzanne ne vit plus rien. Elle alla s'asseoir sur le lit de Joseph. Sans doute l'aidait-il à se coucher. Au bout d'un moment il revint dans la salle à manger, prit la lampe et rejoignit sa sœur. Il posa la lampe sur le plancher et s'assit sur un sac de riz, au pied de son lit.
— Elle est couchée, dit-il, vas-y aussi.
Suzanne préférait attendre. Elle allait rarement dans la chambre de Joseph. C'était la pièce la moins meublée du bungalow. Il n'y avait aucun meuble à part le lit de Joseph. Par contre les cloisons étaient tapissées de fusils et de peaux qu'il tannait lui-même et qui pourrissaient lentement en dégageant une odeur fade et écœurante. Dans le fond, du côté du rac, donnait la réserve que la mère avait fait aménager en cloisonnant la véranda. Depuis six ans, elle y empilait les conserves, le lait condensé, le vin, la quinine, le tabac et elle en portait la clef sur elle, nuit et jour, attachée à son cou par une ficelle. Peut-être la bague y était-elle déjà, à l'ombre d'une boîte de lait condensé.
Suzanne ne pleurait plus. Elle pensait à Joseph. Il était assis sur un sac de riz, au milieu de ces choses auxquelles il tenait encore plus qu'à tout : ses fusils et ses peaux. C'était un chasseur, Joseph, et rien d'autre. Il faisait encore plus de fautes d'orthographe qu'elle. La mère avait toujours dit qu'il n'était pas fait pour les études, qu'il n'avait l'intelligence que de la mécanique, des autos, de la chasse. C'était possible qu'elle eût raison. Mais peut-être le disait-elle seulement pour se justifier de ne pas lui avoir fait poursuivre ses études. Depuis qu'ils étaient arrivés à la plaine, Joseph chassait. A quatorze ans, il avait commencé à chasser de nuit, il se construisait des miradors et partait sans un seul pisteur, pieds nus, en cachette de la mère. Il n'y avait rien au monde qu'il aimait tant qu'attendre le tigre noir à l'embouchure du rac. Il pouvait l'attendre des nuits, des jours, tout seul, par n'importe quel temps, à plat ventre dans la vase. Une fois il avait attendu trois jours et deux nuits et il était revenu avec une panthère noire de deux ans. Il l'avait mise en proue à la pointe de sa barque et tous les paysans s'étaient assemblés sur les berges du rac pour le voir arriver.
Quand il réfléchissait comme ce soir, avec difficulté et avec dégoût, on ne pouvait pas s'empêcher de le trouver très beau et de l'aimer très fort.
— Vas-y, répéta Joseph, t'en fais pas...
Il avait l'air fatigué, il lui disait de s'en aller et tout de suite après il oubliait visiblement qu'elle était là.
— T'en as marre ? demanda Suzanne.
Il leva les yeux et la découvrit, assise sur le bord de son lit, dans sa robe déchirée.
— C'est rien. Elle t'a fait mal ?
— C'est pas ça...
— T'en as marre, toi ?
— Je ne sais pas.
— De quoi que t'as marre ?
— De tout, dit Suzanne, comme toi. Je ne sais pas.
— Merde, dit Joseph, faut penser à elle aussi, elle est vieille, on se rend pas compte, puis elle en a marre plus que nous. Puis pour elle c'est fini...
— De rigoler. Elle a jamais beaucoup rigolé, elle rigolera plus jamais, trop vieille pour ça, elle n'a plus de temps... Allez, va te coucher, je veux me coucher.
Suzanne se leva. Alors qu'elle sortait, Joseph lui demanda :
— T'as couché avec lui ou t'as pas couché avec lui ?
— Non, j'ai pas couché avec lui.
— Je te crois. C'est pas pour ce qui est de coucher mais faut pas que ce soit avec lui, c'est un salaud. Faudra que tu lui dises demain de plus jamais revenir.
— Plus jamais ?
— Plus jamais.
— Et alors ?
— Je sais pas, dit Joseph, on verra.