L’auteur
Eugène Le Roy, poète et écrivain régionaliste périgourdin s’est fait connaître par ses nombreux romans principalement Jacquou le Croquant.
Biographie
Il est né en 1836 au château de Hautefort (Dordogne) où son père est valet de chambre (homme de confiance du Baron) et sa mère lingère.
Après l’école du village, il poursuit des études jusqu’à 15 ans au petit séminaire de Périgueux ; refusant l’état de prêtre, il « monte » à Paris puis s’engage, en 1854, dans l’armée (il servira principalement en Algérie), qu’il quitte en 1860.
De retour à Hautefort, il prépare le concours des contributions indirectes (les impôts) ; reçu, il circule entre différents postes aux quatre coins du département où il notera les attitudes et malheurs des petites gens qu’il côtoie tous les jours et qui émailleront de vie ses récits.
C’est un républicain engagé, décalé dans son époque (il a la nostalgie « de la vie d’avant ») et dans la société (issu de ce milieu et exerçant une profession de notable, il exècre pourtant les petits bourgeois pour leurs idées conformistes et étriquées ainsi que le clergé qui prétend dicter la conscience de chacun).
Désabusé, il a perdu ses illusions de « quarante-huitard », il se consacre tout entier à l’écriture où il peut dire ce qu’il ressent.
Disciple de Voltaire, il prône le libre-arbitre et la voie de la raison ; personnage attachant, car convaincu et passionné, il meurt en 1907 à Montignac, laissant derrière lui une œuvre magistrale, pleine de poésie.
Ses œuvres
Le Moulin du Frau, paru en feuilleton dans L’avenir de la Dordogne du 2 avril au 21 août 1891, puis chez Fasquelle en 1905.
Jacquou le Croquant, paru dans La revue de Paris du 15 mars au 15 mai 1899, puis chez Calmann-Lévy en 1900.
La damnation de Saint-Guynefort, composé en 1901, il est édité en 1937 chez Sedrowski.
Nicette et Milou. Milou parut de novembre à décembre 1900 dans La revue de Paris, puis chez Calmann-Lévy en 1901. Nicette parut dans la même revue dans du 15 mars au 24 mai 1901.
L’année rustique en Périgord, articles parus du 21 novembre 1903 au 7 juin 1904 dans Le petit centre de Limoges, puis publié à Bergerac en 1906.
Au pays des pierres, publié chez Fasquelle en 1906.
Les gens d’Auberoque, paru dans La revue de Paris du 1er mai au 1er juillet 1906, puis chez Calmann-Lévy en 1906.
Mademoiselle de la Ralphie, paru en feuilleton dans La petite République du 25 février au 26 avril 1906, puis chez F. Rieder en 1921.
L’ennemi de la mort, paru dans La revue des deux-mondes à partir du 15 juillet 1912, puis chez Calmann-Lévy en 1912.
Le roman
Commencé en mars 1896, le roman est achevé en mai 1897 et publié en 1899. C’est un récit sur la forêt Barade mais il évoluera peu à peu vers la révolte d’un petit paysan orphelin contre les nobles qui accaparent toutes les richesses.
L’histoire
L’histoire commence en 1815 (Napoléon 1er est alors exilé à Ste Hélène), à Combenègre, pauvre métairie dépendant des terres de l’Herm, où les Ferral sont métayers du comte de Nansac. Suite au meurtre de Laborie, régisseur du château, Martissou, son père, est condamné aux galères où il meurt peu après.
Marie, obligée de quitter Combenègre, se réfugie dans une masure à Bars, où minée par les trajets et le peu de travail trouvé, elle meurt à son tour.
Jacquou est seul au monde, orphelin ; il a 9 ans.
Il s’en va par les chemins glaner un peu de travail çà ou là ; affamé le plus souvent, dormant dans les fossés, il échoue à Fanlac et s’endort au pied du vieux puits sur la place, épuisé (parcours de Jacquou).
Le curé du village, Bonal, le recueille et entreprend son éducation ; peu à peu Jacquou se remet mais il n’oubliera jamais l’injustice qui a fait mourir ses parents.
À la mort du bon curé Bonal, Jacquou, qui fréquente Lina, prend le métier de charbonnier avec son ami Jean, il braconne aussi quelquefois dans les bois du comte.
Un soir il se fait prendre par les gardes du comte qui l’enferment dans les oubliettes du château ; ne voyant plus son ami et le croyant mort, Lina se jette dans le Gour (gouffre près de Thenon) ; pendant ce temps le chevalier de Galibert, ami de Bonal, délivre Jacquou en menaçant le comte de représailles avec la justice.
Jacquou est libéré mais, en apprenant la mort de sa belle, il rassemble autour de lui tous ceux qui ont eu à se plaindre du comte, et Dieu sait s’ils sont nombreux ; un soir ils incendient le château : Nansac est ruiné, Jacquou jugé et libéré. Il revient à l’Herm où il se marie et reprend son métier tranquille de paysan.