II

 Les pigeons du Rhin

 

À l’Élysée, le président de la République se tourne vers la haute autorité militaire que représente le maréchal.

— Enfin, monsieur le maréchal, comment expliquez-vous cette débâcle sans précédent ?

M. Albert Lebrun vient ainsi de poser la question clé. Nous devenons encore plus attentifs. Tout le problème stratégique de la guerre est posé à travers la question. Et j’ai dans l’oreille la réponse du maréchal.

— Peut-être a-t-on trop développé les transmissions électriques. Elles ont été coupées. Peut-être avons-nous renoncé trop vite aux colombophiles et aux pigeons voyageurs. Peut-être faudrait-il disposer à l’arrière d’un pigeonnier grâce auquel le Grand Quartier général resterait en communication permanente.

Nous nous regardons suffoqués.

Laurent-Eynac.[1]