Notes        

1.    Madame Hanska a ajouté quelques corrections très rares au feuilleton corrigé par Balzac ; quand nous avons pu reconnaître sa main, nous avons écarté ses corrections, comme l’avait fait Thierry Bodin dans son édition du texte pour la Pléiade. Nous ne ferons pas toujours les mêmes choix que notre prédécesseur et nous indiquerons toujours la correction que nous écartons. Ici, il semble bien que ce soit madame Hanska qui ait corrigé « L’art » par « Le paysage ».
2.    [N.D.A.] En principe, je n’aime pas les notes, voici la première que je me permets ; son intérêt historique me servira d’excuse ; elle prouvera d’ailleurs que la description des batailles est à faire autrement que par les sèches définitions des écrivains techniques qui, depuis trois mille ans, ne nous parlent que de l’aile droite ou gauche, du centre, plus ou moins enfoncés ; mais qui du soldat, de ses héroïsmes, de ses souffrances ne disent pas un mot. La conscience avec laquelle je prépare les Scènes de la Vie Militaire me conduit sur tous les champs de bataille arrosés par le sang de la France et par celui de l’étranger ; j’ai donc voulu visiter la plaine de Wagram. En arrivant sur les bords du Danube, en face de la Lobau, je remarquai sur la rive, où croît une herbe fine, des ondulations semblables aux grands sillons des champs à luzerne. Je demandai d’où provenait cette disposition du terrain, pensant à quelque méthode d’agriculture : « Là, me dit le paysan qui nous servait de guide, dorment les cuirassiers de la garde impériale ; ce que vous voyez, c’est leurs tombes ! » Ces paroles textuelles me causèrent un frisson ; le prince Frédéric S…, qui le traduisit, ajouta que ce paysan avait conduit le convoi des charrettes chargées de cuirasses. Par une de ces bizarreries fréquentes à la guerre, notre guide avait fourni le déjeuner de Napoléon le matin de la bataille de Wagram. Quoique pauvre, il gardait le double napoléon que l’Empereur lui avait donné de son lait et de ses œufs. Le curé de Gross-Aspern nous introduisit dans ce fameux cimetière où Français et Autrichiens se battirent ayant du sang jusqu’à mi-jambe, avec un courage et une persistance également glorieuse de part et d’autre. C’est là que, nous expliquant qu’une tablette de marbre sur laquelle se porta toute mon attention, et où se lisaient les noms du propriétaire de Gross-Aspern, tué dans la troisième journée, était la seule récompense accordée à la famille, il nous dit avec une profonde mélancolie : « Ce fut le temps des grandes misères, et ce fut le temps des grandes promesses ; mais, aujourd’hui, c’est le temps de l’oubli… » Je trouvai ces paroles d’une magnifique simplicité ; mais, en y réfléchissant, je donnai raison à l’apparente ingratitude de la Maison d’Autriche. Ni les peuples, ni les rois ne sont assez riches pour récompenser tous les dévoûments auxquels donnent lieu les luttes suprêmes. Que ceux qui servent une cause avec l’arrière-pensée de la récompense, estiment leur sang et se fassent condottieri !… Ceux qui manient ou l’épée ou la plume pour leur pays ne doivent penser qu’à bien faire, comme disaient nos pères, et ne rien accepter, pas même la gloire, que comme un heureux accident.
Ce fut en allant reprendre ce fameux cimetière pour la troisième fois que Masséna, blessé, porté dans une caisse de cabriolet, fit à ses soldats cette sublime allocution : « Comment, s… mâtins, vous n’avez que cinq sous par jour, j’ai quarante millions, et vous me laissez en avant !… » On sait l’ordre de l’Empereur à son lieutenant et apporté par monsieur de Sainte-Croix, qui passa trois fois le Danube à la nage : « Mourir, ou reprendre le village ; il s’agit de sauver l’armée ! les ponts sont rompus. » (L’auteur.)
3.    Madame Hanska a corrigé « et » par « il a ».
4.    Madame Hanska a corrigé « est obligé » par « est donc obligé alors ».
5.    Madame Hanska a corrigé « les lépidoptères, les coquilles, les insectes » par « la géologie, la minéralogie, l’entomologie ».
6.    On lit dans l’édition de Thierry Bodin pour la Pléiade « leur pain » au lieu de « leur père ». Il n’y a pas lieu de penser qu’il s’agisse là d’une lecture fautive de La Presse, d’autant plus que Balzac ne l’a pas corrigée.
7.    En marge, madame Hanska a ajouté « de cent sous » après « la pièce ».
8.    Madame Hanska avait ajouté : « à la mère de Godain » au lieu de « à la mère Godain ».
9.    Erreur de La Presse : « où » au lieu de « ou ».
10.    Ici, Balzac indique en marge : « Mettez ici le texte entouré du feuillet 55 ». Ce feuillet n’ayant pas été conservé, il est difficile de procéder au déplacement voulu par l’auteur, mais ce n’est pas impossible. Thierry Bodin a suivi, dans son édition pour la Pléiade, les précédents éditeurs qui ont déplacé ici le paragraphe qui concerne l’abbé Mouchon et qui se trouvait initialement dans le feuilleton de La Presse du 15 décembre 1844, col. k.
11.    Ici s’arrête le feuillet 54 ; la suite du feuilleton corrigé de La Presse n’a pas été corrigée. Nous poursuivons l’édition de la première partie des Paysans en suivant le feuilleton paru jusqu’au 21 décembre 1844.
12.    Dans le feuilleton de La Presse, on lit ici : « les Aigues pouvaient échapper au mauvais gré » ; Balzac a corrigé cette erreur dans une note parue dans le feuilleton suivant, paru le 17 décembre 1844. Nous intégrons évidemment ces corrections à notre édition.
13.    Erreur des épreuves : « jubilation » au lieu de « juridiction ».
14.    Erreur de la Revue de Paris : « le président Gaubertin » au lieu de « le président Gendrin ».
15.    Sur épreuves, ce chapitre est le dix-septième (il appartenait à l’époque où elles ont été imprimées, en vue de la publication du feuilleton dans La Presse, à la première partie). Nous conservons la numérotation adoptée dans la Revue de Paris, mais nous utilisons le titre qui figure sur épreuves, « L’idole d’une ville », plutôt que celui choisi par Mme de Balzac « Le triumvirat de La-Ville-aux-Fayes ».
16.    On lit sur les épreuves « Viollet » au lieu de « Groison », mais on sait que Balzac a changé les noms et les rôles de ses personnages. C’est bien Groison qui a bénéficié d’un mariage avantageux grâce à Montcornet ; Viollet est quant à lui un gendarme qui n’a pas de rapport à rendre directement au propriétaire des Aigues.