C’étaient des petits mousquetons, qui avaient pris ce nom de pedrenales de ce qu’on y mettait le feu, non point avec une mèche, comme aux arquebuses, mais avec une pierre à fusil (pedernal).
Au temps de Cervantès, la Catalogue, plus qu’aucune autre province d’Espagne, était désolée par les inimities de familles, qui jetaient souvent parmi les bandits des jeunes gens de qualité, coupables de quelque meurtre par vengeance. Les Niarros et les Cadells divisaient alors Barcelone, comme les Cupuletti et les Montecchi avaient divisé Ravenue. Un partisan des Niarros, obligé de prendre la fuite, se fil chef de voleurs. On l’appelait Roque Guinart ou Guinart, ou Guinarte ; mais son vrai nom était Pédro Rocha Guinarda. C’était un jeune homme brave et généreux, tel que le peint Cervantès, et qui eut dans son temps, en Catalogue, la réputation qu’eut dans le nôtre, en Andalousie, le fameux José-Maria. Il est cité dans les mémoires de Commines.
C’est du mot bando, mandement à cri publie, qu’est venu celui de bandolero, qui désignait un brigand dont la tête était mise à prix. Peut-être le nom de bandit vient-il aussi du mot ban. 102
Au chapitre XII du Don Quichotte d’Avellanéda , il est dit que Sancho. reçut de don Carlos deux douzaines de boulettes et six pelottes de blanc-manger, et que, n’ayant pu tout avaler d’une fois, il mit le reste dans son sein pour le déjeuner du lendemain,.
Michaël Scotto, de Parme, que les Anglais nomment Scott et les Français Scot, ou Lescot, ou l’Ecossais. C’était un astrologue du treizième siècle, fort aimé de l’empereur Frédéric II, auquel il dédia son Traité de la physionomie e ses autres ouvrages. Dante fait mention de lui au chant XX de l’Enfer :
Quell’ astro, che ne’ fianchi è cosi poco,
Michele Scotto fu, che veramente
Delle magiche frode seppe li gioco.
On raconte qu’il invitait souvent plusieurs personnes à dîner, sans faire apprêter quoi que ce fût ; et, quand les convives étaient à table, il se faisait apporter les mets par des esprits. « Ceci, disait-il à la compagnie, vient de la cuisine du roi de France ; cela, de celle du roi d’Espagne, etc. » (Voir Bayle, article Scot.)
Ce qu’on appelait alors un sarao.
Formule d’exorcisme dont se servait l’Église, et qui avait passé dans le langage commun.
Allusion à un passage d’Avellanéda au chapitre XII.
On dit en Espagne les prophéties de Péro-Grallo, comme nous disons en France les vérités de M. de La Polisse.
Il a été souvent question de ces têtes enchantées. Albert le Grand, dit-on, en fabriqua une, et le marquis de Villéna une autre. Le Tostado parle d’une tête de bronze qui prophétisait dans le bourg de Tabara, et dont l’emploi principal était d’informer qu’il y avait quelque juif dans le pays. Elle criait alors : Judœus adest, jusqu’à ce qu’on l’en eût chassé. (Super numer., cap. XXI.)
En espagnol, los juguetes.
Avant que Cervantès se moquât des traducteurs de l’italien, Lope de Véga avait dit, dans sa Filomena : « Dieu veuille « qu’il soit réduit, pour vivre, à traduire des livres de l’italien en castillan ; car, à mes yeux, c’est un plus grand délit que « de passer des chevaux en France. »
Le Pastor Fido est de Guarini ; l’Aminta, du Tasse. L’éloge de Cervantès est surtout vrai pour la traduction en vers de Jaurégui.
Cervantès avait déjà dit des libraires, dans sa nouvelle du Licencié Vidriéra : « ... Comme ils se moquent d’un auteur, « s’il fait imprimer à ses frais ! Au lieu de quinze cents, ils impriment trois mille exemplaires, et, quand l’auteur pense « qu’on vend les siens, on expédie les autres. »
Luz del alma cristiana contra la ceguedad e ignorancia, par Fr. Felipe de Menesès, moine dominicain. Salamanque, 1564.
Allusion au proverbe : A tout cochon vient sa Saint-Martin.
C’était le houra de l’époque.
Don Luis Coloma, comte d’Elda, commandait l’escadre du Barcelone en 1614, lorsqu’on achevait l’expulsion des Morisques.
Commandant d’un navire algérien.
Le vice-roi de Barcelone était, en 1614, don Francisco Hurtado de Mendoza, marquis d’Almazan.
Vers d’un vieux romance, déjà cites au chapitre II de la première partie.
Cervantès jone ici avec grâce sur le mot deslocado, auquel il donne tantôt le sens de disloqué, tantôt celui de guérir de folie, de loco, fou.
Il y eut plusieurs commissaires charges de l’expulsion des Morisques, et ce don Bernardino de Velasco, duquel Cervantès fait un éloge si mal place dans la bouche de Ricote, ne fut commissionne que pour classer les Morisques de la Manche. Il est possible qu’il ait mis de la rigueur et de l’integrité dans ses fonctions, mais d’autres commissaires se laissèrent doucir, et, comme un le voit dans les mémoires du temps, bien des riches Morisques achetèrent le droit de rester en Espagne, en changeant de province.
Voir la note 1, page 80, au chapitre XIII, première partie.
Je demande pardon pour ce barbarisme, qu’il était peut-être impossible d’éviter.
Cervantès imite un passage de l’Amadis de Grèce (seconde partie, chapitre CXXXII). « Au milieu de ses nombreux «soucis , don Florisel de Niquéa, résolut de prendre l’habit de pasteur et de vivre dans un village. Cela décidé, il partit, « il découvrit son dessein à un bon homme, et lui fit acheter quelques brebis pour les conduirez champs, etc. »
On croit que Garcilaso de la Vega a désigné dans ses églogues, sous le nom de Nemoroso, son ami le poëte Boscau, à cause de l’identité entre le mot italien bosco et le mot latin nemus, d’où s’est formé le nom de Nemoroso.
Terminaison qui indique l’augmentatif en espagnol.
Espèces de cymbales.
Étrille.
Déjeuner.
Tapis.
Officier de justice.
Magasin.
Petite boule creuse, remplie de fleurs, ou de parfums, ou de cendres, qu’on se jetait aux tournois des Arabes, dans les danses à cheval.
Brodequin.
Galetas.
Petite monnaie valant la trente-quatrième partie du réal.
Giroflier.
Faquir, prêtre ou moine musulman. Cervantès oublie alfoli, magasin de sel, et aljonjoli, sésame, plante.
[Après les ténèbres j’attends la lumière. Ces mots latins, écrits en exergue autour d’une grue, formaient la devise de Juin de la Cuesta, premier éditeur du Don Quichotte, et ami de Cervantès.
Cette strophe et les deux derniers vers de la precedente sont copiés littéralement de la troisième églogue de Garcilose de la Véga.
Le bonnet pointu des condamnés du saint-office se nommait coroza. On l’appelait aussi mitre scélerate. pour la distinguer de la mitre des évêques.
O mas duro que marmol à mis que jas! vers de Garcilaso dans la première églogue.
Voir la note 1, page 854, au chapitre précédent.
Petite monnaie valant le quart d’un réal, un peu plus d’un sou.
Le proverbe entier est : On ne prend pas de truites sans se mouiller les chausses. No se toman trachas à bragas enjutas.
Ancienne ville du royaume de Léon, que se disputèrent longtemps les Arabes et les Chrétiens.
En espagnol : Dé donde diere. Cervantès, dans le Dialogue des chiens, cite le même mot du même Maulléon, qu’il appelle poëte sot, quoique académicien de l’académie des Imitateurs, Madrid en 1986, dans
Cette academie des imitateurs ou Imitatoria (à des académies italiennes) fut fondée à Madrid en 1986, dans La maison d’un grand seigneur, ami des lettres ; mais elle subsista fort peu de temps,
Voir les chapitre VIII, IX et XXVI du Don Quichotte d’Avellanéda.
Il y a, dans cette tirade, un perpétuel jeu de mots entre gracioso, plaisant, gracias, saillies, bons mots, et gracia, grâce, agrément, dont il est impossible de rendre en français toute la grâce.
Les mêmes expressions proverbiales se trouvaient déjà dans la lettre de Sancho à sa femme Thérèse (chap. XXXVI).
Il n’y a point de granges en Espagne. On bat les grains en plein vent, sur des places unies, disposées à l’entrée des villages, et qu’on appelle las eras.
Le héros d’anciens couplets populaires, où on lui dit :
¡ Ah! Mingo Revulgo, ô hao !
¿ Que es de tu sayo de blao ?
¿ No le vistes en domingo ?
« Hé ! Mingo Revuigo, ho hé ! qu’as-tu fait de ton pourpoint de drap bleu ? est-ce que tu ne le mets pas le dimanche ? «
Aina est un vieux mot qui veut dire vite, à la hâte. Térésaina signifierait Thérèse la pétulante. Sancho l’appelait précédemment Téresona, qui aurait signifié Thérèse la grosse.
Giacobo Sannazaro, né à Naples en 1458, auteur de plusieurs églogues italiennes et du fameux poëme latin De Partu Virginis, auquel il travailla vingt ans,
Ce que les Espagnols appellent albaccas,
Et comme il arriva aux huit villes d’Espagne à propos de Cervantès.
Vers d’un ancien romance.
Le pseudonyme Avellanéda termine la seconde partie de son livre en laissant don Quichotte dans la maison des fous (casa del Nuncio) à Tolède. Mais il ajoute qu’on sait par tradition qu’il quitta cet hôpital, et qu’ayant passé par Madrid pour y voir Sancho, il entra dans la Castille-Vieille, où il lui arriva de surprenantes aventures. C’est à cette menace d’une troisième partie que Cervantès fait allusion.