L’église Notre-Dame de Malibu est un bâtiment de séquoia en forme de A, construit vers la fin des années quarante au pied des collines, à l’embouchure de Malibu Canyon. Dans mon enfance, les durs bancs de chêne étaient éternellement gelés par l’air mouillé de l’océan et les dalles grises et cirées brillaient d’un reflet polaire. L’endroit idéal pour Dieu. Les thèmes que le père Brundage abordait en chaire n’avaient qu’un point commun : ils ne disaient rien de la vie des humains ordinaires. En cherchant à me garer, j’ai aperçu des gens de ma famille debout sur le parvis, près des limousines et du corbillard. Pour éviter qu’on ne me voie, et qu’on voie les bosses sur la carrosserie du break, je suis allé me mettre un bloc plus loin dans la rue, derrière une caravane.
Vitres fermées, j’ai fumé des cigarettes, laissant tourner l’heure pour que tout le monde ait le temps d’entrer. Mon cerveau manquait de vin, drame, il s’affolait, les pensées fusaient et la sensation me gagnait d’un désastre imminent. Au vrai, une puissante panique me scotchait au siège de la voiture.
J’ai enfin réussi à entrer dans l’église. Je me suis arrêté au bénitier, laissant l’air glacé imprégner mes vêtements trempés de sueur. J’ai respiré fort et ça m’a calmé.
La messe avait commencé. Pourtant, les bancs étaient presque vides, à part une solide ligne de nuques, celles de la famille Dante et d’Agnès, ma femme, étirée sur une demi-rangée près du cercueil. À la vue d’Agnès, mon estomac se contracta violemment.
Une douzaine d’autres personnes étaient éparpillées dans l’église – je reconnus des voisins de Malibu, un célèbre écrivain de L. A. qui admirait les vieux livres épuisés de mon père, un réalisateur de sitcoms et des collègues scénaristes. Je n’avais pas besoin de m’approcher pour savoir que l’expression, sur la chair froide dans le cercueil ouvert, n’était pas celle de Dante, mais une variante concoctée par maman, Fab et quelque entrepreneur de pompes funèbres ecclésiastique et vénal pour affadir la réalité.
Ma main tremblait et refusait de plonger dans le froid bénitier, mais l’instinct social me fit accomplir le geste. Au même instant, quelqu’un derrière moi trempa ses doigts lui aussi.
Je me suis retourné et j’ai reconnu un ancien voisin de mon père, Townsend O’Hagen. Il était vêtu d’un costume d’affaires à rayures démodé et portait pour l’occasion un Fedora à ruban rouge. Ça me faisait du bien de le voir.
Dans les années cinquante, à l’époque des procès anticommunistes du maccarthysme, Townsend avait été mis sur la liste noire des scénaristes. Il avait aggravé son cas en donnant, pour sauver sa peau, des noms au comité lors d’une audience télévisée. Ce qui, d’après Dante, avait ruiné sa carrière.
Je le croyais mort car personne dans la famille n’avait cité son nom depuis des années, même quand il avait quitté Malibu pour ouvrir une librairie d’occasions à Santa Monica. Il avait l’air gras et prospère. Il avait au moins quatre-vingts ans. Il a souri, moi aussi.
Il a réussi à se rappeler mon nom, ce qui le renvoyait au temps où j’allais au collège avec Kerry, sa fille. « C’est vous, Bruno, murmura-t-il. Vous vous souvenez de moi ? » J’ai souri en hochant la tête : « Ouais. Towny O’Hagen. »
Il me présenta ses condoléances et m’emboîta le pas le long de l’allée centrale. J’ai pris place dans la rangée de famille entre ma sœur et Benny Roth et Towny sur le banc derrière, à côté de Paul Matsumoto, le dernier agent de mon père.
L’affaire fut expédiée en une demi-heure, tandis que les pensées des assistants et les prières du père Brundage ricochaient sur le cercueil verni. Quand la famille éprouvée, toute vêtue de noir, eut évacué la nef pour se rassembler sur le parvis, les autres participants se pressèrent pour étreindre ma mère et ma sœur. Fabrizio en costume Armani (neuf cents dollars chez May Company) dominait la scène de sa haute taille et serrait des mains.
Mal à l’aise, je restai à l’écart à fumer des cigarettes et discuter avec Townsend. Le cousin John, roi des cameramen et crack en mécanique, me donna quelques tuyaux, ce qu’il faut vérifier quand on achète une voiture américaine d’occasion, un bavardage qui m’aidait à étouffer les sarcasmes et les critiques qui grouillaient sous mon crâne.
Soudain, acculé par l’émotion, au bord de la panique, j’ai pris ma mère dans mes bras et j’ai prétexté un rendez-vous de travail qui m’empêchait de partir avec la famille. J’ai embrassé ma sœur Maggie et serré la main de Fab en m’excusant derechef. Fab a repris ses clés de voiture sans croiser mon regard ni même dire un mot.
J’allais m’éloigner, à pied, sans même savoir comment retourner à L.A., quand Townsend lâcha qu’il habitait un duplex de location en haut de Benedict Canyon, « près de l’endroit précis qu’on voit sur la carte des Villas de Stars, où Valentino a baisé son premier cheval en public ». Il me demanda si je voulais profiter de sa voiture.
À l’instant où nous partions, ma femme s’est dressée devant moi. Elle exigeait une explication. Où avais-je disparu depuis quatre jours ? Sous les yeux de ma mère et de toute la famille, elle me balança d’une voix forte une demande de divorce, m’accusant d’être un drogué, un porteur de sida qui l’empêchait de vivre et qui avait volé sa carte de crédit.
De quoi me faire perdre les pédales. Je me mis à hurler comme un dingue sur le parvis de l’église. Benny Roth, mon beau-frère, s’interposa pour me calmer et Agnès recula, consciente qu’elle avait choisi le mauvais moment, politiquement, pour lancer des embrouilles.
Quelques minutes plus tard, la famille, parée pour le cimetière, s’entassait dans les limousines. J’ai localisé Townsend dans le parking, il me faisait de grands signes derrière une vieille Cadillac décapotable. Je l’ai rattrapé et nous avons mis le cap sur Hollywood.
Loin du cercueil et de l’église, je me sentais déjà mieux. À l’approche de Topanga Canyon, j’ai demandé à Townie de s’arrêter devant une boutique d’alcools pour acheter des cigarettes. Je suis ressorti avec les clopes et une bouteille de Shenley pour nous deux. Il a commencé par refuser mon offre. Deux ou trois visites à la bouteille plus tard, il était de meilleure humeur et chantait « Tura Lura Lura » et « Venez vous qui croyez » en latin avec un fort accent de Dublin tandis qu’on faisait circuler la bouteille.
Le whisky le rendait bavard. Il avait des tas d’histoires à raconter sur des actrices célèbres et des secrétaires de production avec lesquelles ils s’étaient bien amusés, Robin des Bois et lui.
C’était un merveilleux conteur et sa voix vibrait comme celle d’un speaker de pièce radiophonique du temps jadis. Bagarres, bitures d’une semaine, ex-femmes avec couteaux, procès, prisons. Il emplissait la voiture de poésie. Il exagérait considérablement, c’était magique.
Redevenant sérieux, il déclara qu’il était important pour moi d’en savoir plus sur la vie des scénaristes de L.A. dans les années 30, comme Jonathan Dante et lui. Il me soûla avec le système des contrats pratiqué par les studios et comment, jusqu’à la création du syndicat, les producteurs se permettaient de martyriser les scénaristes maison. Les écrivains avaient tout juste le droit de la fermer.
Je l’ai interrogé sur la liste noire. D’abord, il n’a rien voulu lâcher. Puis, après un fort reniflement, il a changé d’avis et vidé son sac. S’il avait assisté à deux ou trois meetings « de soutien », c’était surtout pour les gros seins d’une actrice sur laquelle il avait des vues. D’après Townsend, les meetings se composaient de vingt pour cent de discours et de quatre-vingts pour cent de cocktails. Pas méchant ni dangereux pour personne. Mais les flics avaient pris les noms, et plus tard la liste allait faire des ravages.
Dante avait eu de la chance, m’expliqua-t-il. Il s’était toujours tenu à l’écart des groupes. Il répugnait à se frotter aux monstrueux ego et à tous les faux jetons d’Hollywood, ce qui lui avait valu d’échapper à la rafle.
Après la Seconde Guerre mondiale, la crise avait rattrapé l’industrie du cinéma. Entregent et carnet d’adresses étaient devenus l’arme absolue pour décrocher les bons scénarios. Mon père figurait sur ce que Townsend appelait la « liste noire inversée ». Juste parce qu’il refusait de faire partie des coteries « in » et de fréquenter les gens « bien placés ». Townsend rigolait. La « chance » de mon père, me dit-il, c’est qu’il traitait les gens comme des chiens, qu’il virait ses agents et traînait une réputation de mauvais coucheur. Dante était incapable de cirer des bottes. Un jour, il avait même sorti Val Lewton à coups de poing.
Townsend se souvenait qu’ensuite, jusqu’en 1951, sans commandes pour le cinéma, mon père avait passé deux ans sur un roman. Avant de recevoir le coup de fil d’un producteur aux abois qui, gros chèque et planning serré à la main, cherchait un scénariste « sûr » pour sauver un script mal ficelé.
Au coin de Sunset et La Brea, j’ai dit à Townsend de me laisser là, près du Starbust Motel. Je lui ai tendu la bouteille, il a bu une dernière et interminable lampée et j’ai vu des larmes dans ses yeux. Comme mon père il appartenait à l’autre ville, au Los Angeles à jamais disparu. « Tu me fais penser à lui, dit-il. Même nature… Puissent nos chemins se croiser.
— Merci de m’avoir raccompagné », dis-je.
Le temps d’ouvrir la portière, il avait retrouvé le sourire. Il m’a serré la main. Quand il a redémarré, vitre baissée, je l’ai entendu entonner les premières notes d’une chanson de Noël tirée d’un film idiot des années quarante dont le nom m’échappait.
Rocco était malade. Il grognait quand on essayait de le caresser ou quand on approchait de son assiette.
D’après Amy, il n’avait rien avalé depuis la bataille et passait son temps à dormir. Je suis ressorti et j’ai marché jusqu’à la boutique d’alcools où j’ai acheté un carton de lait, du Mogen David et un litre de Jack Daniels. Dans mon souvenir, les chiens aimaient le lait.
Sur le rayon des magazines, il y avait une section entière de journaux de petites annonces pour voitures d’occasion. J’ai acheté le plus épais.
On a essayé de faire boire un peu de lait à Rocco mais il n’a pas voulu. Amy en a fait chauffer dans une casserole sur la cuisinière et elle y a versé du whisky. Il en a bu la moitié et s’est rendormi. Amy a dit que sa mère avait des chiens, qu’elle avait l’expérience et qu’elle voyait bien que quelque chose clochait. « I-I-Il sou-souffre, dit-elle. Cé-cé-c’est pour ça qu’il a bu-bu ce-cette merde. Dab-dab-d’habitude, les chi-chiens b-boivent pas de v-vin et de whi-whi-whi-whi-whisky. I-il est ma-malade, j’te dis. »
Quand j’ai ouvert l’autre bouteille de Mad Dog, elle m’a dit qu’elle partirait si j’oubliais ma promesse de ne plus boire. J’ai dit d’accord, et d’ailleurs ça valait mieux pour moi. J’ai essayé de lire un vieux roman de Daniel Mainwaring mais je ne pensais qu’à mon père. Et si j’écrivais un poème ? Ça faisait longtemps, mais pourquoi ne pas essayer. Une demi-heure plus tard, les pages jaunes du bloc-note jonchaient la chambre. Des textes prétentieux et maladroits. Nulle poésie, là-dedans. C’était pire que le pire Ferlinghetti, un radotage absurde, artificiel, pompeux, malsain et puant la drogue qui me renforçait dans l’idée que j’étais un menteur, un imposteur, mais sûrement pas un poète.
Amy m’assura que j’étais trop sévère avec moi-même et me demanda de lui lire un des poèmes, avec la promesse corruptrice d’une fellation. Je me lançai dans la récitation à voix haute du meilleur, mais c’était trop mauvais, j’ai renoncé à mi-course, écœuré. J’ai déchiré les papiers et les morceaux ont volé dans la chambre. Amy se moqua de moi mais me suça comme promis, avec de longs aller et retour électrisants, jusqu’à ce que je décolle pour la planète Mars.
Ce n’était pas une japonaise, mais une américaine six-cylindres, une Dart Dodge modèle 1971 à moteur 3,6 litres. Quelqu’un m’avait dit un jour – un taxi new-yorkais, je crois – que le meilleur moteur était le six-cylindres incliné de Chrysler.
Celui-ci affichait cent mille kilomètres au compteur, complètement révisé. Carlos, un gars du Salvador, régnait sur une arrière-cour remplie d’une dizaine de tacots aux divers stades de la remise en état. Avec leurs capots levés, ils avaient l’air de dinosaures rouillés et affamés. On s’est faufilés jusqu’à la Dodge. Carlos a souri et nous l’a présentée comme un vieux pote. « Lui meilleur, dit-il. Lui tourne comme Mercedes-Benz. »
Il était grand pour un latino, deux mètres au bas mot, et avait une haute opinion de ses qualités de vendeur. Il gagnait sa vie, nous apprit-il, en réparant les vieilles voitures. Il arborait une imposante incisive en or et souriait trop.
Il nous raconta qu’à El Salvador, il avait été l’équivalent de chef mécanicien chez un concessionnaire de marques. Amy semblait impressionnée. Il ajouta que si nous achetions la voiture, il nous réparerait gratuitement n’importe quelle panne, et balança un sourire pour garantir sa sincérité. Amy lui retourna le sourire en notre nom.
La Dart avait une transmission automatique et une carrosserie bleu-noir repeinte deux ou trois fois. Les pneus étaient en bon état et les quatre enjoliveurs en place. Les deux portes présentaient de légères éraflures, il manquait un morceau de calandre, l’ensemble était présentable.
À l’intérieur, les sièges étaient recouverts d’une misérable imitation de peau de mouton beige et déchirée, qui masquait une ignoble housse plastique datant de la mise en service de la voiture, Mathusalem. On s’y ferait. Il ne manquait pas un bouton au tableau de bord et quand j’ai cliqué sur la radio AM-FM, il en est sorti un de mes vieux blues préférés, Johnny Reid, excellent présage.
Le taxi d’Hollywood à Downey m’avait coûté trente-huit dollars, pourboire non compris. Après un essai de conduite qui mit la Dart à l’épreuve, j’ai donné mille deux cents dollars en liquide à Carlos dent-en-or. À chaque billet de vingt et de dix que je tirais de la liasse, la dent rigolait. Cet investissement me laissait avec un peu moins de quatre cents dollars de capital.
Dans le taxi, Amy n’avait pas arrêté de siroter le Jack Daniels. Prévoyant qu’elle aurait à parler avec des inconnus, elle voulait supprimer le bégaiement. Mais elle avait exagéré. Effet secondaire, la garce devenait familière, un flirt agaçant s’ébauchait avec le mécanicien à cheveux gras. J’ai d’abord feint d’ignorer cette répugnante absurdité, mais l’attention de Carlos commençait à se disperser. Elle en fit tant que, l’œil dévissé vers l’entrecuisse du pantalon noir et moulant, il s’embrouilla en recomptant les billets. On était loin du commerce.
« Excusez-moi, dis-je pour mettre le holà.
— Quoi chéri ? » répondit Amy d’une voix soyeuse destinée à impressionner le mécano aux yeux bleus. Elle ne bégayait plus.
Moi, j’avais la rage plein la bouche. « Tu te décides ? Tu suces ce bougnoule avant que j’achète la voiture ou tu as la gentillesse d’attendre qu’il ait fini d’empocher mon fric ? »
Triste échantillon de vocabulaire, qui mit Amy aussitôt en colère. « Me-merde, Bruno. Espèce de cochon. Je ne-ne te d-dois rien ! »
J’étais trop avancé pour reculer. « Si elle te suce, Carlos, tu déduis cinquante dollars sur le prix de la bagnole. Correct ? »
Ça lui a coupé le sourire, à Carlos.
Dans la Dart, en route vers Hollywood, elle a joué l’héroïne profanée. Assise sur la banquette arrière, la tête de Rocco sur les genoux, elle s’envoyait du whisky et crachait les mots comme un cobra furieux.
« Pau-pauvre mec gr-gros ma-malin, Bruno. Sa-sale a -a-alcoolo vicieux… tu-tu crois tout sa-savoir. Je préfère avoir l’herpès et baiser Ka-Ka-Carlos et rec-rec-récupé-rer les ca-canettes de bi-bière en a-lu-lu-luluminium dans les ca-ca-caddies et do-dormir sous les po-porches d’Hollywood Boulevard que su-su-supporter ta merde un jour de plus. Je ne té-t’aime plus et en plus je te dédéteste à mort. » Quand Amy s’énervait, même avec alcool, le bégaiement redoublait.
En cinq minutes, sa colère était à court de carburant. Elle se contenta de marmonner dans l’oreille du chien, puis elle se tut et mâchonna des cigarettes jusqu’à Hollywood.
J’avais quitté l’autoroute et j’attendais au rouge à un mile du motel quand soudain, sans prévenir, elle ouvrit brusquement la porte arrière et sauta sur la chaussée. La bouteille de Jack Daniels gisait vide à côté du chien.
« Eh, j’ai crié, remonte !
— Va te faire, tête de con ! hurla-t-elle, titubante. Merde à ta pu-putain de fa-famille ! Tu me dois huit cents dollars. Deux cents par jour pour quatre jours. Paie-moi ! »
Nous étions à trois files du trottoir. « Bon sang, Amy, remonte dans la voiture.
— Pas question, cria-t-elle, et elle se mit à tambouriner sur le toit métallique. Tu m’as bou-bousillé quatre jours ! Un ! » PAN. « Deux ! » PAN. « Trois ! » PAN. « Quatre ! » PAN. « Ça fait huit cents dollars ! » PAN – PAN – PAN. Les coups résonnaient et Rocco se mit à aboyer et à montrer les dents.
Je hurlais moi aussi, j’essayais de la raisonner. « Monte, tu vas nous faire arrêter par les flics ! Tu sais bien que je n’ai pas huit cents dollars !
— Pas mon problème ! PAN – PAN. Ton problème ! T-ton père t’aimait mais parce que cé-c’était pas ton tu-truc, tu l’as envo-voyé chier. Comme moi. PAN – PAN. Sale con égo-go-goïste ! »
Les coups sur le toit ont fini par m’énerver. Je suis sorti pour arrêter ce cirque. Les voitures nous frôlaient à toute vitesse.
Elle me vit arriver. Ivre et impavide, elle claqua la porte arrière et s’élança vers le trottoir au nez d’une camionnette. Elle riait et hurlait en même temps, ravie par ses sarcasmes. « Même pas ca-capable de t’occu-cuper d’un p-putain de chien ! »
J’ai décidé de la laisser filer. Bourrée, cinglée, fâchée, ça faisait trop. Je suis remonté dans la voiture et je l’ai regardée qui zigzaguait vers Sunset Boulevard, braillant des cris de haine par-dessus son épaule.