17 novembre 1997

Cher Jonathan,

Ouf. J’ai l’impression d’avoir tellement de choses à t’informer. Commencer est très rétif, oui ? Je commencerai par le sujet le moins rétif, qui est l’écriture. Je n’ai pas perçu si tu fus apaisé par la dernière section. Je ne comprends pas, qu’est-ce qui remue ? Je suis content que tu étais de bonne humeur au sujet de la partie que j’ai inventée au sujet de te commander de boire le café jusqu’à ce que je puisse voir mon visage dans la tasse et que tu as répondu que c’était une tasse en terre. Je suis une personne très drôle, je pense, malgré que Mini-Igor dit que je suis seulement drôle à regarder. Les autres inventions étaient aussi de premier ordre, oui ? Je demande parce que tu n’as rien articulé à leur sujet dans ta lettre. Ah oui, je m’aplatis bien sûr tout plat d’excuses pour la section que j’ai inventée au sujet du mot « nantir », que tu ne savais pas ce qu’il signifiait. Elle a été retirée, comme mon effronterie. Même Alf n’est pas humoristique par moments. J’ai fait des efforts pour te faire apparaître comme une personne avec moins d’anxiété, ainsi que tu m’as commandé de le faire en tant d’occasions. Ceci est difficile à accomplir parce que en vérité tu es une personne avec beaucoup d’anxiété. Peut-être devrais-tu être usager de drogue.

Quant à ton histoire, je te dirai que je fus d’abord une personne très perplexe. Qui est ce nouveau Safran, et ce Cadran, et qui va se marier ? Primitivement, je pensais que c’était le mariage de Brod et de Kolkien, mais quand j’ai appris que ce ne l’était pas, j’ai pensé, Pourquoi leur histoire ne continue pas ? Tu seras heureux de savoir que j’ai procédé, suspendant ma tentation de jeter ton écriture dans les ordures, et que tout est devenu illuminé. Je suis très heureux que tu retournas à Brod et à Kolkien, malgré que je ne suis pas heureux qu’il devenait la personne qu’il devenait à cause de la scie (je ne pense pas qu’il y avait ce genre de scie à cette époque mais j’ai confiance que tu as un bon dessein pour ton ignorance), malgré que je suis heureux qu’ils étaient capables de découvrir un genre d’amour, malgré que je ne suis pas heureux parce que en réalité ce n’était pas de l’amour, n’est-ce pas ? On pourrait apprendre beaucoup du mariage de Brod et Kolkien. Je ne sais pas quoi, mais je suis certain que cela a à faire avec l’amour. Et aussi, pourquoi ce terme « Le Kolkien » ? C’est similaire à cette façon que tu termes « L’Ukraine », qui aussi n’a pas de sens pour moi.

Si je peux articuler une proposition, s’il te plaît, permets à Brod d’être heureuse. S’il te plaît. Est-ce une chose si impossible ? Peut-être elle pourrait encore exister et être proximale avec ton grand-père Safran. Ou alors voilà une idée majestueuse : peut-être Brod pourrait être Augustine. Pénètres-tu ce que je signifie ? Il faudrait que tu altères beaucoup ton histoire et elle serait très âgée, bien sûr. Mais pourrait-elle être merveilleuse de cette manière ?

Ces choses que tu écrivis dans ta lettre au sujet de ta grand-mère m’ont fait rappeler que tu m’avais raconté sur les marches d’Augustine au sujet de quand tu t’asseyais sous sa robe et que ça te présentait la sécurité et la paix. Je dois confesser que je devins mélancolique alors et suis encore mélancolique. Je fus aussi très remué – est-ce comme cela que tu l’utilises ? – par ce que tu écrivis au sujet de combien impossible ça doit avoir été pour ta grand-mère d’être une mère sans un mari. C’est effarant, oui, comment ton grand-père survécut tellement seulement pour mourir quand il vint en Amérique ? C’est comme si après avoir survécu tellement, il n’y avait plus de raison de survivre. Quand tu écrivais au sujet de ton grand-père mort trop tôt, cela m’aidait à comprendre, dans certaines manières, la mélancolie que grand-père ressent depuis que grand-mère est morte, et pas seulement parce qu’ils sont tous les deux morts du cancer. Je ne connais pas ta mère, bien sûr, mais je te connais, et je peux te dire que ton grand-père aurait été si si fier. C’est mon espoir que je serai une personne dont grand-mère aurait été si si fière.

Et maintenant, pour concerner d’informer ta grand-mère de notre voyage, il ne pourrait y avoir une seule question que tu dois le faire, même si cela la fera pleurer. En vérité, c’est quelque chose d’anormal de témoigner un grand-parent qui pleure. Je t’ai raconté au sujet de quand j’ai témoigné grand-père pleurer et je m’implore moi-même de dire que je désire ne jamais le témoigner pleurer encore. Si ceci signifie que je dois faire des choses pour lui de sorte qu’il ne pleurera pas, alors je ferai ces choses. Si ceci signifie que je ne dois pas regarder quand il pleure, alors je ne regarderai pas. Tu es très différent de moi dans cette manière. Je pense que tu as besoin de voir ta grand-mère pleurer et si ceci veut dire faire des choses pour la faire pleurer, alors tu dois les faire, et si ceci veut dire la regarder quand elle pleure, alors tu dois regarder.

Ta grand-mère trouvera quelque manière d’être contente avec ce que tu as fait quand tu es parti en Ukraine. Je suis certain qu’elle te pardonnera si tu l’informes. Mais si tu ne l’informes jamais, elle ne sera jamais capable de te pardonner. Et c’est ce que tu désires, oui ? Qu’elle te pardonne ? N’est-ce pas pourquoi tu as tout fait ? Une partie de ta lettre m’a rendu le plus mélancolique. C’était la partie quand tu disais que tu ne connais personne et que cela t’englobe même toi. Je comprends beaucoup ce que tu dis. Te rappelles-tu la division que j’écrivis au sujet de comment grand-père disait que je ressemblais à une combinaison de mon père, de ma mère, de Brejnev et de moi-même ? Je fus fait me rappeler cela quand j’ai lu ce que tu écrivis. (Avec notre écriture, nous nous rappelons l’un à l’autre des choses. Nous faisons une histoire, oui ?) Je dois t’informer de quelque chose maintenant. C’est une chose que je n’ai jamais informé quiconque et tu dois promettre que tu ne l’informeras à aucune âme. Je n’ai jamais été charnel avec une fille. Je sais. Je sais. Tu ne peux pas le croire, mais toutes les histoires que je t’ai racontées sur les filles qui me surnomment Toute-la-Nuit, Bébé et Numéraire étaient toutes des non-vérités, et c’étaient des non-vérités non bienséantes. Je crois que je manufacture ces non-vérités parce que ceci me fait sentir une personne extra. Mon père me demande très souvent au sujet des filles, et avec quelles filles je suis charnel, et dans quelles dispositions nous sommes charnels. Il aime rire avec moi à ce sujet, surtout tard la nuit quand il est plein de vodka. Je sais que cela le décevrait beaucoup s’il savait comment je suis vraiment.

Mais plus, je manufacture des non-vérités pour Mini-Igor. Je désire qu’il sente comme si il a un frère cool, et un frère que dans la vie il pourrait désirer d’incarner un jour. Je veux que Mini-Igor soit capable de se vanter à ses amis au sujet de son frère, et de vouloir être contemplé dans des lieux publics avec lui. Je pense que ceci est pourquoi je savoure tellement écrire pour toi. Cela rend possible pour moi d’être pas comme je suis mais comme je désire que Mini-Igor me voie. Je peux être drôle, parce que j’ai le temps de méditer au sujet de comment être drôle, et je peux dépanner mes erreurs quand j’accomplis des erreurs, et je peux être une personne mélancolique dans des manières qui sont intéressantes, pas seulement mélancoliques. Avec l’écriture, nous avons des deuxièmes chances. Tu me mentionnas ce premier soir de notre voyage que tu pensais que tu étais peut-être né pour être un écrivain. Quelle chose terrible, je pense. Mais je dois te dire que je ne pense pas que tu comprenais le sens de ce que tu disais quand tu disais cela. Tu faisais des suggestions de comment tu aimes écrire, et comment c’est une chose intéressante pour toi d’imaginer des mondes qui ne sont pas exactement comme le nôtre, ou des mondes qui sont exactement comme le nôtre. C’est vrai, j’en suis sûr, que tu écriras beaucoup beaucoup plus de livres que moi mais c’est moi, pas toi, qui est né pour être l’écrivain.

Grand-père m’interroge à ton sujet chaque jour. Il désire savoir si tu le pardonnes pour les choses qu’il t’a dites au sujet de la guerre, et au sujet de Herschel. (Tu pourrais l’altérer, Jonathan. Pour lui, pas pour moi. Ton roman est maintenant en train d’arriver au rebord de la guerre. C’est possible.) Ce n’est pas une mauvaise personne. C’est une bonne personne vivant dans un mauvais temps. Te rappelles-tu quand il disait ceci ? Il est rendu si mélancolique de se rappeler sa vie. Je le découvre pleurant presque chaque nuit, mais je dois contrefaire que je repose. Mini-Igor aussi le découvre pleurant, et aussi mon père, et malgré que mon père ne pourrait jamais m’en informer, je suis certain qu’il est rendu mélancolique de voir son père pleurer.

Tout est de la façon qu’il est parce que tout était de la façon qu’il était. Parfois je me sens pris au piège dans ceci, comme si, quoi que je fasse, ce qui arrivera a déjà été fixé. Pour moi, d’accord, mais il y a des choses que je veux pour Mini-Igor. Il y a tellement de violence autour de lui, et je veux dire plus que seulement la sorte qui arrive avec les poings. Je ne veux plus qu’il ressente la violence, mais aussi je ne veux pas qu’un jour il fasse sentir la violence à d’autres.

Mon père n’est jamais à la maison parce qu’il devrait témoigner grand-père pleurer. Ceci est mon idée. « Son ventre », me dit-il la semaine dernière quand nous entendîmes grand-père dans la salle de télévision. « Son ventre. » Mais ce n’est pas son ventre, je le comprends et mon père comprend ceci aussi. (Ceci est pourquoi je pardonne à mon père. Je ne l’aime pas. Je le hais. Mais je lui pardonne pour tout.) Je perroquette : grand-père n’est pas une mauvaise personne, Jonathan. Tout le monde accomplit des mauvaises actions. J’en accomplis. Mon père en accomplit. Toi-même, tu en accomplis. Une mauvaise personne est quelqu’un qui ne lamente pas ses mauvaises actions. Grand-père est maintenant en train de mourir à cause des siennes. Je te supplie de nous pardonner et de nous faire meilleurs que nous sommes. Fais-nous bons.

Ingénument,

Alexandre