Aller de l’avant à Loutsk
 

Sammy Davis Junior, Junior convertit son attention de mastiquer sa queue à tenter de nettoyer les lunettes du héros en les léchant, et je vous dirai qu’elles avaient besoin de nettoyage. J’écris qu’elle essayait parce que le héros ne se montrait pas sociable. « Pourriez-vous m’enlever ce chien, s’il vous plaît ? dit-il, faisant son corps en une boule. S’il vous plaît. Je n’aime vraiment pas les chiens. » « Elle est seulement en train de faire des jeux avec vous, lui dis-je quand elle mit son corps sur le sien et lui donna des coups avec ses pattes arrière. Ça signifie qu’elle vous aime bien. » « S’il vous plaît », dit-il en tentant de l’ôter. Elle faisait maintenant des bonds et aussi en retombant sur sa figure. « Je ne l’aime vraiment pas. Je n’ai pas envie de jeux. Elle va casser mes lunettes. »

Je mentionnerai maintenant que Sammy Davis Junior, Junior est très souvent sociable avec ses nouveaux amis, mais que je n’avais jamais témoigné une chose comme celle-là. Je raisonnai qu’elle était amoureuse du héros. « Endossez-vous de l’eau de Cologne ? » demandai-je. « Quoi ? » « Endossez-vous de l’eau de Cologne ? » Il fit une rotation de son corps de sorte que sa figure était dans le siège, détournée de Sammy Davis Junior, Junior. « Peut-être un peu », dit-il, défendant les arrières de sa tête avec ses mains. « Parce qu’elle adore l’eau de Cologne. Ça la fait sexuellement stimulée. » « Seigneur. » « Elle essaye de faire le sexe avec vous. C’est un bon signe. Ça signifie qu’elle ne mordra pas. » « Au secours ! » dit-il quand Sammy Davis Junior, Junior fit une rotation pour faire un soixante-neuf. Pendant tout ceci, grand-père retournait encore de son repos. « Il ne l’aime pas », lui dis-je. « Mais si », dit grand-père, et ce fut tout. « Sammy Davis Junior, Junior ! lançai-je. Assis ! » Et voulez-vous savoir ? Elle s’assit. Sur le héros. Dans la position soixante-neuf. « Sammy Davis Junior, Junior ! Assieds-toi de ton côté du siège arrière ! Descends du héros ! » Je crois qu’elle me comprendit parce qu’elle s’ôta du héros et revint à cogner sa figure contre la fenêtre de l’autre côté. Ou peut-être qu’elle avait léché toute l’eau de Cologne du héros et n’était plus intéressée à lui sexuellement mais seulement comme ami. « Vous sentez cette odeur épouvantable ? » enquit le héros ôtant l’humidité de sa nuque. « Non », dis-je. Une bienséante non-vérité. « Il y a une odeur épouvantable. Ça pue comme s’il y avait un mort dans la voiture. Qu’est-ce que c’est ? » « Je ne sais pas », dis-je, malgré que j’avais une idée.

Je ne cogite pas qu’il y avait une personne dans la voiture qui était surprise quand nous devînmes perdus parmi la gare de Lvov et l’autoroute de Loutsk. Grand-père fit une rotation pour dire au héros, « Je déteste Lvov. » « Qu’est-ce qu’il dit ? » me demanda le héros. « Il a dit que ce ne sera pas long », lui dis-je, encore une non-vérité bienséante. « Long avant quoi ? » demanda le héros. Je dis à grand-père, « Tu n’es pas obligé d’être gentil avec moi. Mais ne gaffe pas avec le juif. » Il dit, « Je peux lui dire tout ce que je veux. Il ne comprend pas. » Je fis une rotation verticale de ma tête pour bénéficier le héros. « Il dit que ce ne sera pas long avant d’arriver à l’autoroute de Loutsk. » « Et de là ? demanda le héros. Combien de temps de là jusqu’à Loutsk ? » Il apposa son attention sur Sammy Davis Junior, Junior qui cognait encore sa tête contre la fenêtre. (Mais je mentionnerai qu’elle était une bonne chienne, parce qu’elle cognait sa tête contre sa fenêtre seulement, et quand on est en voiture, chienne ou pas chienne, on peut faire tout ce qu’on désire du moment qu’on reste de son côté. Et aussi elle ne pétait pas beaucoup.) « Dis-lui de fermer sa bouche, dit grand-père. Je ne peux pas conduire s’il parle tout le temps. » « Notre chauffeur dit qu’il y a tant d’immeubles à Loutsk », dis-je au héros. « Nous sommes payés prodigieusement pour l’écouter parler », dis-je à grand-père. « Pas moi », dit-il. « Moi non plus, dis-je, mais quelqu’un l’est. » « Quoi ? » « Il dit que par l’autoroute ce n’est pas plus que deux heures pour Loutsk, où nous trouverons un hôtel terrible pour la nuit. » « Qu’entendez-vous par terrible ? » « Quoi ? » « Je dis, qu’entendez-vous… quand… vous… dites… que… l’hôtel… sera… terrible ? » « Dis-lui de fermer sa bouche. » « Grand-père dit que vous devriez regarder par votre fenêtre si vous voulez voir quoi que ce soit. » « Et alors, l’hôtel terrible ? » « Ah, je vous implore d’oublier que j’ai dit ça. » « Je déteste Lvov. Je déteste Loutsk. Je déteste le juif sur la banquette arrière de cette voiture que je déteste. » « Tu ne rends pas tout ceci plus un gâteau. » « Je suis aveugle. Je suis censé avoir pris mon retardement. » « Qu’est-ce que vous racontez tous les deux ? Et qu’est-ce que c’est que cette saloperie d’odeur ? » « Quoi ? » « Dis-lui de fermer sa bouche ou je nous conduirai hors de la route. » « Qu’est-ce… que… vous… ra… con… tez… tous… les… deux ? » « Le juif doit être contraint au silence. Je vais nous tuer. » « Nous disions que le voyage va peut-être être plus long que nous ne le désirions. »

Cela captura cinq très longues heures. Si vous voulez savoir pourquoi, c’est parce que grand-père est d’abord grand-père et seulement ensuite chauffeur. Il nous fit perdre souvent et devint sur ses nerfs. Je devais traduire sa colère en informations utiles pour le héros. « Putain », disait grand-père. Je disais, « Il dit que si vous regardez les statues, vous verrez que certaines n’endurent plus. Ce sont celles où il y avait des statues communistes avant. » « Putain de putain de putain de putain de merde ! » hurlait grand-père. « Ah, disais-je, il veut que vous savez que cet immeuble, cet immeuble et cet immeuble sont tous importants. » « Pourquoi ? » enquit le héros. « Putain ! » dit grand-père. « Il ne se rappelle pas », dis-je.

« Pourriez-vous mettre la climatisation ? » commanda le héros. Je fus humilié au maximum. « Cette voiture n’a pas la climatisation, dis-je. Je m’aplatis d’excuses. » « Bon, peut-on ouvrir les fenêtres ? Il fait vraiment chaud. Et ça pue la chose morte. » « Sammy Davis Junior, Junior sautera par la fenêtre. » « Qui ? » « La chienne. Elle s’appelle Sammy Davis Junior, Junior. » « C’est une blague ? » « Non, elle sautera en vérité de la voiture. » « Mais comment il s’appelle ? » « Elle s’appelle », le rectifiai-je, parce que je suis de premier ordre avec les pronoms. « Dis-lui de se coller les lèvres au velcro », dit grand-père. « Il dit que la chienne fut nommée d’après son chanteur préféré qui était Sammy Davis Junior » « Un juif », dit le héros. « Quoi ? » « Sammy Davis Junior était juif. » « Ce n’est pas possible », dis-je. « Converti. Il avait trouvé le Dieu juif. C’est drôle. » Je dis ceci à grand-père. « Sammy Davis Junior n’était pas juif ! hurla-t-il. C’était le nègre du Rat Pack ! » « Le juif en est certain. » « Le Music Man ? Un juif ? Ce n’est pas une chose possible ! » « C’est ce qu’il m’informe. » « Viens ici, Dean Martin Junior ! hurla-t-il vers le siège arrière. Viens ici ! Viens, ma fille ! » « Est-ce qu’on peut ouvrir la fenêtre, s’il vous plaît ? dit le héros. Je ne peux pas vivre dans cette odeur. » Alors je dus m’aplatir plus plat d’excuses que je ne m’étais jamais aplati. « Ce n’est que Sammy Davis Junior, Junior. Elle fait terrible pétage dans la voiture parce qu’elle n’a ni amortisseurs ni traverses, mais si nous ouvrons la fenêtre, elle sautera dehors et nous avons besoin d’elle parce qu’elle est la chienne voyante de notre chauffeur aveugle qui est aussi mon grand-père. Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ? »

Ce fut pendant ces cinq heures de voiture de la gare de Lvov à Loutsk que le héros m’expliqua pourquoi il venait en Ukraine. Il excava plusieurs articles de son sac de flanc. D’abord il m’exhiba une photographie. Elle était jaune et pliée et avait tant de morceaux d’adhésif pour l’apposer ensemble. « Vous voyez ? dit-il. C’est mon grand-père Safran. » Il montrait un jeune homme qui je dirai apparaissait beaucoup comme le héros, et aurait pu être le héros. « Elle a été prise pendant la guerre. » « À qui ? » « Non, pas prise dans ce sens-là. La photographie a été faite. » « Je comprends. » « Ces gens qui sont avec lui sont la famille qui l’a sauvé des nazis. » « Quoi ? » « Ils… l’ont… sauvé… des… na… zis. » « À Trachimbrod ? » « Non, quelque part en dehors de Trachimbrod. Il a échappé au raid nazi sur Trachimbrod. Tous les autres ont été tués. Il a perdu son épouse et un bébé. » « Perdu ? » « Ils ont été tués par les nazis. » « Mais si ce n’était pas Trachimbrod, pourquoi nous allons à Trachimbrod ? Et comment trouverons-nous cette famille ? » Il m’expliqua que nous ne cherchions pas la famille mais cette fille. Elle serait la seule survivante.

Il remua son doigt le long de la figure de la fille sur la photographie en la mentionnant. Elle était à côté de son grand-père à lui dans l’image. Un homme qui j’en suis certain était son père était à côté d’elle et une femme qui j’en suis certain était sa mère était derrière elle. Ses parents apparaissaient très russes mais pas elle. Elle apparaissait américaine. Elle était jeune, peut-être quinze ans. Mais il est possible qu’elle avait plus d’âge. Elle aurait pu être aussi âgée que le héros et moi, comme aurait pu être le grand-père du héros. J’ai regardé la fille tant de minutes pendantes. Elle était si si belle. Ses cheveux étaient bruns et reposaient seulement sur ses épaules. Ses yeux apparaissaient tristes et pleins d’intelligence.

« Je veux voir Trachimbrod, dit le héros. Voir à quoi ça ressemble, comment mon grand-père a grandi. Où je serais aujourd’hui s’il n’y avait pas eu la guerre. » « Vous seriez ukrainien. » « C’est ça. » « Comme moi. » « Oui. » « Seulement pas comme moi parce que vous seriez un fermier d’une ville non impressionnante et que je vis à Odessa qui est beaucoup comme Miami. » « Et je veux voir ce que c’est devenu, maintenant. Je crois qu’il ne reste pas de juifs, mais peut-être que si. Et il n’y avait pas que des juifs dans les shtetls, alors on devrait trouver d’autres gens avec qui parler. » « Les quoi ? » « Les shtetls. Un shtetl, c’est comme un village » « Pourquoi ne pas l’appeler simplement un village ? » « C’est un mot juif. » « Un mot juif ? » « Yiddish. Comme schmock. » « Qu’est-ce que ça veut dire, schmock ? » « Quelqu’un qui fait quelque chose avec quoi on n’est pas d’accord est un schmock. » « Apprenez-moi un autre. » « Putz. » « Qu’est-ce que ça veut dire ? » « C’est comme schmock. » « Apprenez-moi un autre. » « Schmendrik. » « Qu’est-ce que ça veut dire ? » « C’est aussi comme schmock. » « Vous connaissez un seul mot qui ne soit pas comme schmock ? » Il réfléchit un moment. « Shalom, dit-il, c’est en fait trois mots, mais c’est de l’hébreu, pas du yiddish. Tout ce que je trouve est plus ou moins schmock. Les Eskimos ont quatre cents mots pour neige et les juifs quatre cents pour schmock. » Je me demandai, Qu’est-ce qu’un Eskimo ?

« Alors, nous allons visiter le shtetl ? » enquis-je au héros. « Je me suis dit que c’était un bon endroit pour commencer nos recherches. » « Recherches ? » « D’Augustine. » « Qui est Augustine ? » « La fille de la photographie. C’est la seule qui serait encore en vie. » « Ah. Nous rechercherons Augustine qui vous croyez sauva votre grand-père des nazis. » « Oui. » Ce fut très silencieux un moment. « J’aimerais la trouver », dis-je. Je perçus que cela apaisait le héros, mais je ne le disais pas pour l’apaiser. Je le disais parce que c’était digne de foi. « Et ensuite, dis-je, si nous la trouvons ? » Le héros fut une personne pensive. « Ensuite je ne sais pas. J’imagine que je la remercierai. » « D’avoir sauvé votre grand-père ? » « Oui. » « Ce sera très étrange, oui ? » « Quoi ? » « Quand nous la trouverons. » « Si nous la trouvons. » « Nous la trouverons. » « Probablement pas », dit-il. « Alors pourquoi nous recherchons ? j’enquis, mais avant qu’il puisse répondre, je l’interrompis avec une autre enquête. Et comment savez-vous qu’elle s’appelle Augustine ? » « Je ne le sais pas vraiment. Derrière, vous voyez, là, il y a quelques mots de l’écriture de mon grand-père, je crois. Peut-être pas. C’est du yiddish. Ça dit : “Moi avec Augustine, 21 février 1943.” » « C’est très difficile à lire. » « Oui. » « Pourquoi vous pensez qu’il remarque seulement au sujet d’Augustine et pas des deux autres personnes sur la photographie ? » « Je ne sais pas. » « C’est étrange, oui ? C’est étrange qu’il remarque seulement elle. Vous pensez qu’il l’aimait ? » « Quoi ? » « Parce qu’il remarque seulement elle. » « Et alors ? » « Alors peut-être qu’il l’aimait. » « C’est drôle que vous pensiez ça. Nous devons penser de la même façon. » (Merci, Jonathan.) « En fait, j’y ai beaucoup pensé, sans avoir de bonnes raisons. Il avait dix-huit ans et elle avait, quoi, dans les quinze ? Il venait de perdre sa femme et sa fille dans le raid des nazis sur le shtetl. » « Trachimbrod ? » « C’est ça. Après tout, ce qui est écrit n’a peut-être rien à voir avec la photo. Il aurait pu s’en servir comme brouillon. » « Brouillon ? » « Du papier sans importance. N’importe quoi pour écrire dessus. » « Ah. » « En fait, je n’en ai pas la moindre idée. Ça semble si improbable qu’il ait pu l’aimer. Mais est-ce qu’il n’y a pas quelque chose d’étrange dans cette photo, ils sont si près l’un de l’autre, alors même qu’ils ne se regardent pas ? La façon qu’ils ont de ne pas se regarder. L’air distant. C’est très fort, vous ne pensez pas ? Et ce qu’il a écrit au dos. » « Oui. » « Et que nous pensions tous les deux à la possibilité de cet amour, c’est étrange aussi. » « Oui », dis-je. « Une part de moi voudrait qu’il l’ait aimée et une autre part de moi déteste cette idée. » « Quelle est la part de vous qui déteste s’il l’aimait ? » « Vous savez, c’est bien de penser qu’il y a des choses irremplaçables. » « Je ne comprends pas. Il a marié votre présente grand-mère, alors quelque chose doit avoir été remplacé. » « Mais ce n’est pas pareil. » « Pourquoi ? » « Parce que c’est ma grand-mère. » « Augustine aurait pu être votre grand-mère. » « Non, elle aurait pu être la grand-mère de quelqu’un d’autre. Je n’en sais rien, elle l’est peut-être. Peut-être qu’il a eu des enfants avec elle. » « Ne dites pas cela de votre grand-père. » « Mais puisque je sais qu’il a eu d’autres enfants avant, en quoi cela serait-il si différent ? » « Et si nous révélions un de vos frères ? » « Ça n’arrivera pas. » « Et comment avez-vous obtenu cette photographie ? » demandai-je en la tenant près de la fenêtre. « Ma grand-mère l’a donnée à ma mère il y a deux ans et elle lui a dit que c’était la famille qui avait sauvé mon grand-père des nazis. » « Pourquoi seulement deux ans ? » « Que voulez-vous dire ? » « Pourquoi c’était si nouvellement qu’elle l’a donnée à votre mère ? » « Ah, je comprends. Elle avait ses raisons. » « Que sont ses raisons ? » « Je ne sais pas. » « L’avez-vous enquise sur l’écriture derrière ? » « Non. On ne pouvait rien lui demander là-dessus. » « Pourquoi ? » « Elle a gardé cette photographie pour elle pendant cinquante ans. Si elle avait voulu nous en dire quoi que ce soit, elle l’aurait fait. » « Maintenant je comprends ce que vous dites. » « Je n’ai même pas pu lui dire que j’allais en Ukraine. Elle me croit encore à Prague. » « Pourquoi cela ? » « Elle n’a pas de bons souvenirs d’Ukraine. Son shtetl, Kolki, est à quelques kilomètres seulement de Trachimbrod. Je pense que nous irons aussi. Mais toute sa famille a été tuée, tout le monde, mère, père, sœurs, grands-parents. » « Un Ukrainien l’a sauvée ? » « Non, elle avait fui avant la guerre. Elle était jeune, elle a quitté sa famille. » Elle a quitté sa famille. J’écrivis ceci dans mon cerveau. « Cela me surprend que personne n’ait sauvé sa famille », dis-je. « Ça n’a rien de surprenant. Les Ukrainiens, à cette époque, ont été terribles avec les juifs. Presque aussi mauvais que les nazis. Le monde était différent. Au début de la guerre, beaucoup de juifs voulaient s’adresser aux nazis pour être protégés des Ukrainiens. » « Ce n’est pas vrai. » « C’est vrai. » « Je ne peux pas croire ce que vous dites. » « Regardez dans les livres d’histoire. » « Cela n’est pas dit dans les livres d’histoire. » « Bien, mais c’est comme ça. Les Ukrainiens étaient connus pour être terribles avec les juifs. Comme les Polonais. Écoutez, je ne veux pas vous offenser. Cela n’a rien à voir avec vous. Nous parlons de ce qui se passait il y a cinquante ans. » « Je crois que vous vous trompez », dis-je au héros. « Je ne sais pas quoi dire. » « Dites que vous vous trompez. » « Je ne peux pas. » « Vous le devez. »

« Voilà mes cartes », dit-il, excavant quelques bouts de papier de son sac. Il en montrait une qui était mouillée de Sammy Davis Junior, Junior. Sa langue, j’espérais. « Voilà Trachimbrod, dit-il. On l’appelle aussi Sofiowka sur certaines cartes. Voilà Loutsk. Là, c’est Kolki. C’est une vieille carte. La plupart des endroits que nous cherchons ne figurent pas sur les nouvelles cartes. Tenez », dit-il. Et il me la présenta. « Vous verrez où nous devons aller. C’est tout ce que j’ai. Ces cartes et la photographie. Ce n’est pas beaucoup. » « Je peux vous promettre que nous trouverons cette Augustine », dis-je. Je perçus que cela apaisait le héros. Cela m’apaisait aussi. « Grand-père », dis-je en faisant de nouveau une rotation vers l’avant. J’expliquai tout ce que le héros venait de m’articuler. Je l’informai au sujet d’Augustine et des cartes et de la grand-mère du héros. « Kolki ? » demanda-t-il. « Kolki », dis-je. Je fus certain d’impliquer chaque détail, et aussi j’inventai plusieurs nouveaux détails, pour que grand-père comprenne l’histoire plus. Je perçus que cette histoire faisait grand-père très mélancolique. « Augustine », dit-il, et il poussa Sammy Davis Junior, Junior sur moi. Il scruta la photographie pendant que j’amarrais le volant. Il la mit près de sa figure, comme s’il voulait la renifler ou la toucher avec ses yeux. « Augustine. » « C’est celle que nous cherchons », dis-je. Il remua sa tête ci et çà. « Nous la trouverons », dit-il. « Je sais », dis-je. Mais je ne savais pas, et grand-père non plus.

Quand nous atteignîmes l’hôtel, c’était déjà l’obscurité commencée. « Vous devez rester dans la voiture », dis-je au héros, parce que le propriétaire de l’hôtel saurait que le héros est américain et mon père m’avait dit qu’ils facturent les Américains en surplus. « Pourquoi ? » demanda-t-il. Je lui dis pourquoi « Comment sauront-ils que je suis américain ? » « Dis-lui de rester dans la voiture, dit grand-père, ou ils le factureront deux fois. » « Je fais des efforts », lui dis-je. « J’aimerais entrer avec vous, dit le héros, pour voir un peu l’endroit. » « Pourquoi ? » « Pour voir un peu. Voir à quoi ça ressemble. » « Vous pourrez voir à quoi ça ressemble quand j’aurai pris les chambres. » « Je préférerais le faire tout de suite », dit-il, et je dois confesser qu’il commençait à être sur mes nerfs. « Mais qu’est-ce qu’il raconte encore, nom de Dieu de bordel de merde ? » demanda grand-père. « Il veut entrer avec moi. » « Pourquoi ? » « Parce que c’est un Américain. » « Vous êtes d’accord pour que j’y aille ? » demanda-t-il encore. Grand-père se tourna vers lui et me dit, « C’est lui qui paye. S’il veut payer en surplus, qu’il paye en surplus. » Alors je l’ai emmené avec moi quand je suis entré à l’hôtel pour payer deux chambres. Si vous voulez savoir pourquoi deux chambres, une était pour grand-père et moi, et l’autre était pour le héros. Mon père disait que ce devait être de cette manière.

Quand nous entrâmes à l’hôtel, je dis au héros de ne pas parler. « Ne parlez pas », dis-je. « Pourquoi ? » demanda-t-il. « Ne parlez pas », dis-je sans beaucoup de volume. « Pourquoi ? » demanda-t-il. « Je vous le précepterai plus tard. Chut. » Mais il continua d’enquérir pourquoi il ne devrait pas parler et comme j’en étais certain il fut entendu par le patron de l’hôtel. « J’aimerais contempler vos documents », dit le patron. « Il faut qu’il contemple vos documents », dis-je au héros. « Pourquoi ? » « Donnez-les-moi. » « Pourquoi ? » « Si nous devons avoir une chambre, il faut qu’il contemple vos documents. » « Je ne comprends pas. » « Il n’y a rien à comprendre. » « Y a-t-il un problème ? m’enquit le patron. Parce que c’est le seul hôtel de Loutsk qui possède encore des chambres à cette heure du soir. Désirez-vous tenter votre chance dans la rue ? »

Je fus finalement capable de prévaloir sur le héros de donner ses documents. Il les remisait dans une chose à sa ceinture. Plus tard, il me dit que cela s’appelle une banane, et que les bananes ne sont pas cool en Amérique. Et s’il endossait une banane, c’était seulement parce qu’un guide disait qu’il devrait en endosser une pour garder ses documents près de sa section du milieu. Comme j’en étais certain, le patron de l’hôtel factura le héros un tarif étranger spécial. Je n’éclairai pas le héros de ceci, parce que je savais qu’il aurait manufacturé des requêtes jusqu’à ce qu’il ait à payer quatre fois et pas seulement deux, ou jusqu’à ce que nous ne recevions aucune chambre pour la nuit et que nous devions reposer dans la voiture, comme grand-père en avait fait une accoutumance.

Quand nous retournâmes à la voiture, Sammy Davis Junior, Junior mastiquait sa queue dans le siège arrière et grand-père s’était remis à manufacturer des RRR. « Grand-père, dis-je, ajustant son bras. Nous obtînmes une chambre. » Je dus le bouger avec beaucoup de violence de façon à le réveiller. Quand il épanouit les yeux, il ne savait pas où il était. « Anna ? » demanda-t-il. « Non, grand-père, dis-je. C’est moi, Sacha. » Il était tant honteux et cacha sa figure de moi. « Nous obtînmes une chambre », dis-je. « Il se sent bien ? » me demanda le héros. « Oui, il est moulu. » « Ça ira, pour demain ? » « Bien sûr. » Mais, en vérité, grand-père n’était pas dans son état normal. Ou peut-être il était dans son état normal. Je ne savais pas ce qu’était son état normal. Je me rappelais une chose que mon père m’avait dite. Quand j’étais petit, grand-père disait que j’avais l’air d’une combinaison de mon père, de ma mère, de Brejnev et de moi-même. J’avais toujours pensé que cette histoire était très drôle jusqu’à cet instant dans la voiture devant l’hôtel à Loutsk.

Je dis au héros de ne laisser aucun de ses sacs dans la voiture. C’est une mauvaise et populaire habitude de gens en Ukraine de prendre les choses sans les demander. J’ai lu que New York City est très dangereux mais je dois dire qu’Ukraine est plus dangereuse. Si vous voulez savoir qui nous protège des gens qui prennent sans demander, c’est la police. Si vous voulez savoir qui nous protège de la police, c’est les gens qui prennent sans demander. Et très souvent, c’est les mêmes gens.

« Mangeons », dit grand-père, et il commença à conduire. « Vous avez faim ? » je demandai au héros, qui était encore l’objet sexuel de Sammy Davis Junior, Junior. « Enlevez-la-moi », dit-il. « Vous avez faim ? » répétai-je. « S’il vous plaît ! » implora-t-il. Je l’appelai, et comme elle ne répondit pas je lui mis un coup de poing dans la figure. Elle se déplaça de son côté du siège arrière, parce que maintenant elle comprendait ce que veut dire être idiot avec la mauvaise personne, et commença à pleurer. Est-ce que je me sentais très mal ? « Je suis affamé », dit le héros, levant la tête de ses genoux. « Quoi ? » « Oui, j’ai faim. » « Alors vous avez faim. » « Oui. » « Bon. Notre chauffeur… » « Dites grand-père. Ça ne me gêne pas. » « Il n’est pas Eugène. » « J’ai dit me gêne, pas Eugène. » « Qu’est-ce que ça veut dire, mogène ? » « Contrarier. » « Qu’est-ce que ça veut dire, contrarier ? » « Embêter, déranger, déplaire. » « Je comprends déplaire. » « Donc vous pouvez l’appeler grand-père, c’est ça que je vous disais. »

Nous devînmes très affairés à parler. Quand je fis une rotation vers grand-père, je vis qu’il examinait Augustine encore. Il y avait une tristesse parmi lui et la photographie, et rien au monde ne m’effrayait plus que cela. « Nous allons manger », lui dis-je. « Très bien », dit-il, tenant la photographie très près de sa figure. Sammy Davis Junior, Junior persévérait à pleurer. « Mais il y a une chose », dit le héros. « Quoi ? » « Je suis… » « Apaisé de manger, oui ? » « Je suis végétarien. » « Je ne comprends pas. » « Je ne mange pas de viande. » « Pourquoi ? » « C’est comme ça. » « Comment pouvez-vous ne pas manger de viande ? » « J’en mange pas, voilà. » « Il ne mange pas de viande », dis-je à grand-père. « Mais si », m’informa-t-il. « Mais si » informai-je de même le héros. « Non. Je vous dis que non. » « Pourquoi ? » lui enquis-je encore. « C’est comme ça. Jamais de viande. » « Du porc ? » « Non. » « La viande ? » « Pas de viande. » « Du bifteck ? » « Non. » « Des poulets ? » « Non. » « Vous mangez du veau ? » « Surtout pas ! » « Et la saucisse ? » « Pas de saucisse non plus. » Je dis cela à grand-père et il me présenta une expression très mogène. « Qu’est-ce qu’il a qui ne va pas ? » demanda-t-il. « Qu’est-ce que vous avez qui ne va pas ? » lui demandai-je. « Je suis comme ça, c’est tout », dit-il. « Des hamburgers ? » « Non. » « De la langue ? » « Qu’est-ce qu’il a dit qui n’allait pas ? » demanda grand-père. « Il est comme ça, c’est tout. » « Il mange de la saucisse ? » « Non. » « Pas de saucisse ? » « Non. Il dit qu’il ne mange pas de saucisse. » « En vérité ? » « C’est ce qu’il dit. » « Mais la saucisse… » « Je sais. En vérité, vous ne mangez pas de saucisse ? » « Pas de saucisse. » « Pas de saucisse », dis-je à grand-père. Il ferma les yeux et essaya de mettre les bras autour de son estomac, mais il n’y avait pas de place à cause du volant. Il apparaissait comme s’il devenait la nausée parce que le héros ne mangeait pas de saucisse. « Bon, qu’il déduise ce qu’il va manger. Nous allons au restaurant le plus proximal. » « Vous êtes un schmuck », informai-je le héros. « Vous n’utilisez pas ce mot correctement » dit-il. « Mais si », dis-je.

« Comment ça, il ne mange pas de viande ? » demanda la serveuse, et grand-père plaça la tête dans ses mains. « Ça ne va pas ? » demanda-t-elle. « Qui ? Celui qui ne mange pas de viande, celui qui a la tête dans ses mains, ou la chienne qui mastique sa queue ? » « Celui qui ne mange pas de viande. » « Il est comme ça, c’est tout. » Le héros demanda au sujet de quoi nous parlions. « Ils n’ont rien sans viande », l’informai-je. « Il ne mange pas de viande du tout ? » m’enquit-elle de nouveau. « C’est seulement qu’il est comme ça », lui dis-je. « De la saucisse ? » « Pas de saucisse », répondit grand-père à la serveuse, faisant une rotation de sa tête de là à là. « Vous pourriez peut-être manger un peu de viande, suggérai-je au héros, parce qu’ils n’ont rien qui n’est pas de la viande. » « Ils n’ont pas de pommes de terre ou je ne sais quoi ? » demanda-t-il. « Vous avez des pommes de terre ? demandai-je à la serveuse. Ou je ne sais quoi ? » « On reçoit une pomme de terre seulement avec la viande », dit-elle. Je le dis au héros. « Je ne pourrais pas avoir une assiette de pommes de terre tout simplement ? » « Quoi ? » « Je ne pourrais pas avoir deux ou trois pommes de terre sans viande ? » Je demandai à la serveuse et elle dit qu’elle irait au chef l’enquérir. « Demande-lui s’il mange du foie », dit grand-père.

La serveuse revint et dit, « Voici ce que j’ai à dire. Nous pouvons faire des concessions de lui donner deux pommes de terre, mais elles sont servies avec un morceau de viande sur l’assiette. Le chef dit que cela ne peut être négocié. Il faudra qu’il la mange. » « Deux pommes de terre c’est très bien ? » demandai-je au héros. « Oh, ce serait formidable. » Grand-père et moi commandâmes tous les deux la grillade de porc et en commandâmes une pour Sammy Davis Junior, Junior aussi, qui devenait sociable avec la jambe du héros.

Quand l’aliment arriva, le héros demanda que j’ôte la viande de son assiette. « Je préfère ne pas y toucher », dit-il. C’était sur mes nerfs au maximum. Si vous voulez savoir pourquoi, c’est parce que je percevais que le héros percevait qu’il était trop bien pour notre aliment. Je pris la viande de son assiette, parce que je sus que c’était ce que mon père aurait désiré que je fasse, et je n’articulai pas un mot. « Dis-lui que nous commencerons très tôt demain matin », dit grand-père. « Tôt ? » « Pour avoir autant de jour pour rechercher que possible. Ce sera rétif la nuit. » « Nous commencerons très tôt demain matin », dis-je au héros. « C’est bien », dit-il, donnant un coup de pied avec sa jambe. J’étais très ahuri que grand-père pouvait désirer aller de l’avant tôt le matin. Il détestait ne pas reposer tardif. Il détestait ne pas reposer à tout moment. Il détestait aussi Loutsk, la voiture, le héros et, depuis peu, moi. Partir tôt le matin lui procurerait plus du jour réveillé avec nous tous. « Fais-moi inspecter ses cartes », dit-il. Je demandai au héros pour les cartes. En tendant la main dans sa banane, il donna encore un coup de pied avec sa jambe qui fit Sammy Davis Junior, Junior devenir sociable avec la table et aussi fit remuer les assiettes. Une des pommes de terre du héros descendit sur le par terre. Quand elle frappa le par terre elle fit un bruit. POUM. Elle roula et puis fut inerte. Grand-père et moi nous examinâmes l’un l’autre. Je ne savais pas quoi faire. « Une terrible chose s’est produite », dit grand-père. Le héros continuait de contempler la pomme de terre par terre. C’était un par terre sale. C’était une de ses deux pommes de terre. « C’est atroce », dit grand-père silencieusement, et il bougea son assiette sur le côté. « Atroce. » Il était exact.

La serveuse revint à notre table avec les colas que nous avions commandés. « Voilà vos… », commença-t-elle, mais après elle témoigna la pomme de terre par terre et s’éloigna avec une vitesse biaisée. Le héros témoignait toujours la pomme de terre par terre. Je ne le tiens pas pour certain, mais j’imagine qu’il imaginait qu’il pouvait la ramasser, la remettre dans son assiette et la manger, ou qu’il pouvait la laisser par terre, illusionner que la mésaventure n’était jamais arrivée, manger sa seule pomme de terre et contrefaire d’être heureux, ou qu’il pouvait la pousser avec le pied à Sammy Davis Junior, Junior, qui était assez aristocratique pour ne pas la manger sur le par terre sale, ou dire à la serveuse pour une autre, qui signifierait qu’il devrait recevoir un autre morceau de viande que moi j’ôterais de son assiette parce que pour lui la viande est dégoûtante, ou qu’il pouvait simplement manger le morceau de viande que j’avais ôté de son assiette avant, comme j’aurais espéré qu’il le ferait. Mais ce qu’il fit n’était aucune de ces choses. Si vous voulez savoir ce qu’il fit, il fit rien du tout. Nous demeurâmes silencieux témoignant la pomme de terre. Grand-père inséra sa fourchette dans la pomme de terre, la ramassa du par terre et la posa dans son assiette. Il la coupa en quatre morceaux et en donna un à Sammy Davis Junior, Junior sous la table, un à moi, et un au héros. Il coupa un morceau de son morceau et le mangea. Puis il me regarda. Je ne voulais pas mais je sus qu’il fallait que je le fasse. Dire qu’elle n’était pas délicieuse serait une exagération. Puis nous regardâmes le héros. Il regarda par terre, puis son assiette. Il coupa un morceau de son morceau et le regarda. « Bienvenue en Ukraine », lui dit grand-père, et il me cogna le poing dans le dos, qui est une chose que je savourais beaucoup. Puis grand-père se mit à rire. « Bienvenue en Ukraine », traduisis-je. Puis je me mis à rire. Puis le héros se mit à rire. Nous rîmes avec beaucoup de violence pendant longtemps. Nous obtînmes l’attention de toutes les personnes dans le restaurant. Nous rîmes avec violence, et puis avec plus de violence. Je témoignais que chacun de nous manufacturait des larmes à ses yeux. Ce n’était pas avant beaucoup dans le postérieur que j’ai comprendu que chacun de nous riait pour une raison différente, pour notre propre raison, et que pas une de ces raisons avait une chose à faire avec la pomme de terre.

Il y a une chose que je n’ai pas mentionnée avant, qu’il serait maintenant bienséant de mentionner. (S’il te plaît, Jonathan, je t’implore de ne jamais exhiber ceci à une âme. Je ne sais pas pourquoi j’écris ceci ici.) Je rentrais à la maison d’une célèbre discothèque une nuit et désirais contempler la télévision. Je fus surpris quand j’entendis que la télévision était déjà allumée, parce que c’était si tardif. Je cogitai que c’était grand-père. Comme j’ai illuminé avant, il venait très souvent chez nous quand il ne pouvait reposer. C’était avant qu’il est venu vivre chez nous. Ce qui se produisait est qu’il commençait à reposer en contemplant la télévision mais ensuite se levait quelques heures plus tard et retournait à sa maison. À moins que je ne puisse pas reposer, et parce que je ne pouvais pas reposer, j’entendais grand-père contempler la télévision, je n’aurais pas su le lendemain s’il avait été chez nous la nuit précédente. Peut-être a-t-il été là chaque nuit. Parce que je ne le sus jamais, je pensais à lui comme d’un fantôme.

Je ne disais jamais bonjour à grand-père quand il contemplait la télévision parce que je ne voulais pas me mêler avec lui. Donc je marchais lentement cette nuit-là et sans bruit. J’étais déjà sur l’escalier quatre quand j’entendis quelque chose d’étrange. Ce n’était pas exactement pleurer. C’était quelque chose un petit peu moins que pleurer. Je submergeai les quatre escaliers avec lenteur. Je marchai sur les orteils à travers la cuisine et observai depuis le coin parmi la cuisine et la pièce de télévision. D’abord je témoignai la télévision. Elle exhibait un match de football. (Je ne me rappelle pas qui était adverse mais je suis confiant que nous étions gagnants.) Je témoignai une main sur le fauteuil dans lequel grand-père aime contempler la télévision. Mais ce n’était pas la main de grand-père. Je tentai de voir plus et je tombai presque. Je sais que j’aurais dû reconnaître le bruit qui était un petit peu moins que pleurer. C’était Mini-Igor. (Je suis un tel imbécile idiot.)

Cela me fit une personne souffrante. Je vous dirai pourquoi. Je savais pourquoi il était en train d’un petit peu moins que pleurer. Je savais très bien et je voulais aller à lui pour lui dire que j’avais un petit peu moins que pleuré moi aussi, tout comme lui, et que n’importe comment qu’il semblait qu’il ne grandirait jamais pour devenir une personne extra comme moi, avec tant de filles et tellement d’endroits célèbres où aller, il le ferait. Il serait exactement comme moi. Et regarde-moi, Mini-Igor, les hématomes s’en vont, et aussi s’en va comment tu détestes, et aussi le sentiment que tout ce que tu reçois dans la vie est quelque chose que tu as gagné.

Mais je ne pouvais lui dire aucune de ces choses. Je me perchai sur le par terre de notre cuisine, à seulement plusieurs mètres de distance de lui, et je commençai à rire. Je ne savais pas pourquoi je riais mais je ne pouvais pas m’arrêter. Je pressai la main contre ma bouche afin de ne pas manufacturer le moindre bruit. Mon rire devint plus et encore plus jusqu’à ce que mon ventre ait mal. Je tentai de me lever, pour pouvoir aller dans ma chambre, mais j’avais peur que ce serait trop difficile de maîtriser mon rire. Je demeurai là tant, tant de minutes pendantes. Mon frère persévéra à un peu moins que pleurer, qui fit mon rire silencieux encore plus. Je suis capable de comprendre maintenant que c’était le même rire que j’ai eu dans le restaurant à Loutsk, le rire qui avait la même noirceur que le rire de grand-père et le rire du héros. (Je demande clémence pour écrire ceci. Peut-être je le retirerai avant de te poster cette partie. Pardon.) Quant à Sammy Davis Junior, Junior, elle ne mangea pas son morceau de la pomme de terre.

Le héros et moi parlâmes beaucoup au dîner, surtout d’Amérique. « Dites-moi au sujet des choses que vous avez en Amérique », dis-je. « Que voulez-vous savoir ? » « Mon ami Gregory m’informe qu’il y a tant de bonnes écoles pour la comptabilité en Amérique. Est-ce vrai ? » « Je crois. Je ne sais pas vraiment. Je pourrais me renseigner pour vous quand je rentrerai. » « Merci », dis-je parce que j’avais maintenant une connexion en Amérique et n’étais pas seul, et ensuite, « Que voulez-vous fabriquer ? » « Ce que je veux fabriquer ? » « Oui. Que deviendrez-vous ? » « Je ne sais pas. » « Sûrement vous savez. » « Ci et ça. » « Qu’est-ce que ça veut dire ci et ça ? » « C’est que je ne suis pas encore sûr. » « Mon père m’informe que vous écrivez un livre au sujet de ce voyage. » « J’aime écrire. » Je lui cognai le poing dans le dos. « Vous êtes écrivain ! » « Chut ! » « Mais c’est une bonne carrière, oui ? » « Quoi ? » « Écrire. C’est très noble. » « Noble ? Je ne sais pas. » « Avez-vous publié des quelconques livres ? » « Non, mais je suis encore très jeune. » « Vous avez publié des histoires ? » « Non. Enfin, une ou deux. » « Comment sont-elles titrées ? » « Laissez tomber. » « C’est un titre de premier ordre. » « Non. Je vous dis : laissez tomber. » « J’adorerais beaucoup lire vos histoires. » « Elles ne vous plairont sans doute pas. » « Pourquoi dites-vous ceci ? » « Même à moi, elles ne me plaisent pas. » « Ah. » « C’est un apprentissage. » « Qu’est-ce que ça veut dire apprentissage ? » « Ce ne sont pas de vraies histoires. J’apprenais à écrire, c’est tout. » « Mais un jour, vous aurez appris à écrire. » « C’est bien ce que j’espère. » « C’est comme devenir comptable. » « Peut-être. » « Pourquoi voulez-vous écrire ? » « Je ne sais pas. Avant, je pensais que j’étais né pour ça. Non, je ne l’ai jamais vraiment pensé. C’est un truc qu’on dit. » « Non, pas du tout. Je pense vraiment que je suis né pour être comptable. » « Vous avez de la chance. » « Peut-être vous êtes né pour écrire ? » « Je ne sais pas. Peut-être. C’est terrible à dire. Minable. » « Ce n’est ni terrible ni minable. » « C’est si difficile de s’exprimer. » « Je comprends ceci. » « Je veux m’exprimer. » « La même chose est vraie pour moi. » « Je cherche ma voix. » « Elle est dans votre bouche. » « Je veux faire quelque chose dont je n’aie pas honte. » « Quelque chose dont vous êtes fier, oui ? » « Même pas. Je me contenterais de ne pas en avoir honte. » « Il y a beaucoup d’écrivains russes extra, oui ? » « Oh oui, bien sûr. Des tonnes. » « Tolstoï, oui ? Il écrivit Guerre et aussi Paix, qui sont des livres extra, et il gagna aussi le Noble Prix de la Paix de littérature, si je ne suis pas erroné. » « Tolstoï. Bély. Tourgueniev. » « Une question. » « Oui ? » « Écrivez-vous parce que vous avez une chose à dire ? » « Non. » « Et si je peux participer dans un thème différent : combien de numéraire recevrait un comptable en Amérique ? » « Je n’en suis pas sûr. Beaucoup, j’imagine, si il ou elle sont bons. » « Elle ! » « Ou il. » « Y a-t-il des comptables nègres ? » « Il y a des comptables afro-américains. Mais il ne faut pas se servir de ce mot, Alex. » « Et des comptables homosexuels ? » « Il y a des homosexuels dans tous les métiers. Il y a des éboueurs homosexuels. » « Combien de numéraire recevrait un comptable homosexuel nègre ? » « Vous ne devriez pas vous servir de ce mot. » « Quel mot ? » « Celui qui vient après homosexuel. » « Quoi ? » « Celui qui commence par n, enfin, ce n’est pas le pire des mots commençant par n, mais… » « Nègre ? » « Chut. » « Je kife les nègres. » « Il ne faut pas dire ça, vraiment. » « Mais je kife tout du long. C’est des gens extra. » « Mais c’est ce mot. Ce n’est pas une chose gentille à dire. » « Nègre ? » « S’il vous plaît. » « Qu’est-ce qui vous mogène dans nègre ? » « Chut. » « Combien coûte une tasse de café en Amérique ? » « Oh, ça dépend. Un dollar, peut-être. » « Un dollar ! C’est gratuit ! En Ukraine, une tasse de café c’est cinq dollars ! » « Bah, je n’ai pas parlé des cappuccinos. Ils peuvent coûter jusqu’à cinq ou six dollars. » « Les cappuccinos, dis-je en élevant les mains au-dessus de ma tête, il n’y a pas de maximum ! » « On boit des laits russes en Ukraine ? » « Qu’est-ce que c’est lait russe ? » « Non, parce que c’est très à la mode en Amérique. Vraiment, on en trouve à peu près partout. » « Vous faites le mélange café-chocolat en Amérique ? » « Bien sûr, mais c’est seulement pour les enfants. Ce n’est pas très à la mode en Amérique. » « Oui, c’est tout à fait pareil ici. Nous avons aussi des mochaccinos. » « Oui, bien sûr. On a ça en Amérique. Ils peuvent coûter jusqu’à sept dollars. » « Sont-ils une chose très aimée ? » « Les mochaccinos ? » « Oui. » « Je pense que c’est pour les gens qui veulent boire du café mais apprécient plutôt le chocolat chaud. » « Je comprends ceci. Et les filles, en Amérique ? » « Oui, quoi ? » « Elles sont très informelles avec leur motte, oui ? » « Ces filles-là, tout le monde en entend parler, mais je ne connais personne qui en ait jamais rencontré une. » « Êtes-vous charnel très souvent ? » « Et vous ? » « Je vous ai enquis. L’êtes-vous ? » « Et vous ? » « J’ai enquis tout premier. L’êtes-vous ? » « Pas vraiment. » « Quelle est l’intention de pas vraiment ? » « Je ne suis pas curé, mais je ne suis pas John Holmes non plus. » « J’ai connaissance de ce John Holmes. » J’ai levé les mains à mes côtés. « Avec le pénis extra. » « C’est bien lui », dit-il, et il rit. Je l’avais fait rire avec une de mes drôleries. « En Ukraine tout le monde a un pénis comme ça. » Il rit encore. « Même les femmes ? » demanda-t-il. « Vous faites une drôlerie ? » demandai-je. « Oui », dit-il. Alors je ris. « Vous avez déjà eu une petite amie ? » demandai-je au héros. « Et vous ? » « C’est moi qui vous enquis. » « Plus ou moins », dit-il. « Qu’intentionnez-vous avec plus ou moins ? » « Rien d’officiel, voilà. Pas une petite amie pour de bon, quoi. Une fille avec laquelle je sortais, peut-être deux. Je ne veux rien d’officiel. » « C’est le même état de chose avec moi, dis-je. Moi aussi je ne veux rien d’officiel. Je ne veux pas être menotté à une fille seulement. » « Exactement », dit-il. « Enfin, je me suis amusé avec des filles. » « Bien sûr. » « Des pipes. » « Oui, bien sûr. » « Mais une fois qu’on a une petite amie, enfin, vous voyez. » « Je vois très bien. »

« Une question, dis-je. Pensez-vous que les femmes en Ukraine sont de premier ordre ? » « Je n’en ai pas vu beaucoup depuis que je suis ici. » « Avez-vous des femmes comme ça, en Amérique ? » « En Amérique, il y a toujours au moins un exemplaire de tout. » « J’ai entendu dire ceci. Avez-vous beaucoup de motocyclettes en Amérique ? » « Bien sûr. » « Et de fax ? » « Partout. » « Vous avez un fax ? » « Non. Ils sont très désuets. » « Qu’est-ce que ça veut dire, désuet ? » « Ils sont dépassés. Le papier, c’est tellement fastidieux. » « Fastidieux ? » « Fatigant. » « Je comprends ce que vous me dites et j’harmonise. Je ne me servirai jamais de papier. Cela me fait une personne endormante. » « C’est un tel désordre. » « Oui, c’est vrai, cela fait un désordre et on dort. Une autre question. La plupart des jeunes ont-ils des voitures impressionnantes en Amérique ? Des Lotus Esprit V8 double turbo ? » « Pas vraiment. Moi pas. J’ai une Toyota, une vraie merde. » « Elle est marron ? » « Non, c’est une expression. » « Comment votre voiture peut être une expression ? » « J’ai une voiture qui est comme un tas de merde. Vous comprenez, elle pue la merde et elle a une allure merdeuse comme la merde. » « Et si vous êtes un bon comptable, vous pourriez vous acheter une voiture impressionnante ? » « Absolument. On doit probablement pouvoir s’acheter à peu près tout ce qu’on veut. » « Quel genre de femme aurait un bon comptable ? » « Qui sait. » « Aurait-elle des nichons durs ? » « Je ne peux pas en être sûr. » « Mais probablement ? » « Je crois. » « Je kife ceci. Je kife les nichons durs. » « Mais il y a aussi des comptables, même très bons, qui ont une femme affreuse. C’est comme ça, c’est la vie. » « Si John Holmes était un comptable de premier ordre, il pourrait épouser n’importe quelle femme qu’il voudrait, oui ? » « Probablement. » « Mon pénis est très grand. » « D’accord. »

Après le dîner au restaurant, nous retournâmes en voiture à l’hôtel. Comme je le savais, ce n’était pas un hôtel impressionnant. Il n’y avait pas de zone pour nager et pas de discothèque célèbre. Quand nous épanouîmes la porte de la chambre du héros, je perçus qu’il était dans la détresse. « C’est pas mal, dit-il, parce qu’il perçut que je perçus qu’il était dans la détresse. C’est vrai, c’est seulement pour dormir. » « Vous n’avez pas d’hôtels ainsi en Amérique ! » C’était une drôlerie que je faisais. « Non », dit-il, et il riait. Nous étions comme des amis. Pour la première fois que je pouvais me rappeler, je me sentais entièrement bien. « Soyez certain d’assurer la porte après que nous serons partis dans notre chambre, lui dis-je. Je ne veux pas vous faire une personne pétrifiée, mais il y a tant de gens dangereux qui veulent prendre des choses sans les demander aux Américains, et aussi les kidnapper. Bonne nuit. » Le héros rit encore, mais il rit parce qu’il ne savait pas que je n’étais pas en train de faire une drôlerie. « Viens, Sammy Davis Junior, Junior », dit grand-père en appelant la chienne, mais elle refusait de quitter la porte. « Ici ! » Rien. « Viens ici ! » brailla-t-il, mais elle refusait de déloger. J’essayai de lui chanter, ce qu’elle savoure, surtout quand je chante « Billie Jean », de Michael Jackson. « She’s just a girl who claims that I am the one. » Mais rien. Elle poussait seulement sa tête contre la porte de la chambre du héros. Grand-père tenta de l’enlever avec force, mais elle commença à pleurer. Je frappai à la porte, et le héros avait une brosse à dents dans la bouche. « Sammy Davis Junior, Junior va manufacturer des RRR avec vous, cette nuit », dis-je malgré que je savais que ce ne serait pas un succès « Non », dit-il, et ce fut tout. « Elle ne se départira pas de votre porte », lui dis-je. « Alors, qu’elle dorme dans le couloir. » « Ce serait bénévole à vous. » « Ça m’intéresse pas. » « Cette nuit seulement. » « Ce serait une nuit de trop. Elle me tuera. » « C’est très invraisemblable. » « Elle est folle. » « Oui, je ne peux disputer qu’elle est folle. Mais elle est aussi compatissante. » Je savais que je ne prévaudrais pas. « Écoutez, dit le héros, si elle veut dormir dans la chambre, je veux bien dormir dans le couloir. Mais si je suis dans la chambre, je suis seul dans la chambre. » « Vous pourriez peut-être dormir tous les deux dans le couloir », suggérai-je.

Après avoir laissé le héros et la chienne reposer – héros dans la chambre, chienne dans le couloir –, grand-père et moi descendîmes au bar de l’hôtel pour des boissons de vodka. C’était une idée de grand-père. En vérité, j’étais terrifié en menue quantité d’être seul avec lui. « C’est un brave garçon », dit grand-père. Je ne perçus pas s’il m’enquérait ou me préceptait. « Il a l’air brave », dis-je. Grand-père bougea la main sur sa figure qui était devenue couverte de poils durant le jour. Ce fut seulement alors que je remarquai que ses mains tremblaient encore, qu’elles avaient tremblé tout le jour. « Nous devrions tenter très inflexiblement de l’aider. » « Nous devrions », dis-je. « J’aimerais beaucoup trouver Augustine », dit-il. « Moi aussi. »

Ce fut tout de parler pour la nuit. Nous bûmes trois vodkas chacun et regardâmes la météorologie qui était à la télévision derrière le bar. Elle dit que la météo du lendemain serait normale. J’étais apaisé que le temps serait normal. Cela rendrait nos recherches plus un gâteau. Après la vodka, nous montâmes dans notre chambre qui flanquait la chambre du héros. « Je reposerai sur le lit et tu reposeras par terre », dit grand-père. « Bien sûr », dis-je. « Je ferai mon réveil pour six heures du matin. » « Six ? » j’enquis. Si vous voulez savoir pourquoi j’enquis, c’est parce que six heures n’est pas très tôt le matin pour moi, c’est tardif la nuit. « Six », dit-il, et je sus que c’était la fin de la conversation.

Pendant que grand-père se lavait les dents, j’allai m’assurer que tout était acceptable avec la chambre du héros. J’écoutai à la porte pour détecter s’il était capable de manufacturer des RRR et je n’entendis rien d’anormal, seulement le vent pénétrant les fenêtres et le bruit des insectes. Bon, dis-je à mon cerveau, il repose bien. Il ne sera pas moulu demain matin. Je tentai d’épanouir la porte pour être certain que la porte était assurée. Je l’ouvris d’un pourcentage et Sammy Davis Junior, Junior, qui était encore consciente, entra. Je la regardai se coucher près du lit où le héros reposait en paix. Ceci est acceptable, pensai-je, et je fermai la porte avec silence. Je retournai à la chambre de grand-père et moi. Les lumières étaient déjà éteintes, mais je perçus qu’il ne reposait pas encore. Son corps faisait des rotations et les refaisait. Les draps de lit bougeaient et l’oreiller faisait des bruits pendant qu’il faisait des rotations et encore des rotations et puis encore d’autres. J’entendais sa vaste respiration. J’entendais son corps bouger. Ce fut ainsi toute la nuit. Je savais pourquoi il ne pouvait reposer. C’était la même raison pour laquelle je ne pouvais reposer. Nous concernions tous deux la même question : qu’avait-il fait pendant la guerre ?