Une ouverture à l’illumination
Quand nous retournâmes à l’hôtel, il était très tard, et presque très tôt. Le propriétaire était lourd de sommeil au bureau de la réception. « Vodka, dit grand-père. Il faut que nous buvions, tous les trois. » « Tous les quatre », avisai-je, montrant Sammy Davis Junior, Junior, qui avait été une tumeur si bénigne, tout le jour. Et donc tous les quatre allâmes de l’avant au bar de l’hôtel. « Vous êtes retournés », dit la serveuse quand elle nous témoigna. « De retour avec le juif », dit-elle. « Ferme-la », dit grand-père, et il ne le dit pas d’une voix à fendre les oreilles, mais doucement, comme si c’était un fait qu’elle devait la fermer. « Je demande pardon », dit-elle. « Ce n’est pas une chose », lui dis-je, parce que je ne voulais pas qu’elle se sente inférieure pour une petite erreur, et aussi parce que je voyais sa poitrine quand elle se penchait en avant. (Pour qui ai-je écrit cela, Jonathan ? Je ne veux plus être dégoûtant. Et je ne veux pas être drôle, non plus.) « Si, c’est une chose, dit grand-père, et tu dois maintenant demander indulgence au juif. » « Que se passe-t-il ? » demanda le héros. « Pourquoi on n’entre pas ? » « Fais des excuses », dit grand-père à la serveuse, qui n’était qu’une jeune fille même plus jeune que moi. « Je demande pardon de vous avoir traité de juif », dit-elle. « Elle demande pardon de t’avoir traité de juif », dis-je au héros. « Comment le sait-elle ? » « Elle le sait parce que je le lui ai dit avant, au petit déjeuner. » « Tu lui as dit que j’étais juif ? » « C’était un fait approprié sur le moment. » « Je buvais un mochaccino » « Je dois te corriger. C’était un café. » « Qu’est-ce qu’il dit ? » demanda grand-père. « Peut-être serait-il le mieux, dis-je, que nous acquérions une table et commandions une grande quantité de boissons et aussi d’aliments. » « Qu’a-t-elle dit d’autre à mon sujet ? » demanda le héros. « Elle a dit autre chose ? On voit ses nichons quand elle se penche. » (Ceci était de toi, tu te le rappelleras. Je n’ai pas inventé ceci et on ne peut donc me le reprocher.)
Nous poursuivîmes la serveuse jusqu’à notre table, qui était dans le coin. Nous aurions pu avoir n’importe quelle table, parce que nous étions les gens exclusifs sur place. Je ne sais pas pourquoi elle nous mit dans le coin, mais j’ai une idée « Que puis-je obtenir pour vous ? » demanda-t-elle. « Quatre vodkas, dit grand-père. Une des quatre dans un bol. Et avez-vous quelque chose à manger qui n’a pas de viande ? » « Des cacahuètes », dit-elle. « Ceci est excellent, répondit grand-père, mais aucune pour Sammy Davis Junior, Junior, parce que ça la rend très malade. C’est une chose terrible que même une seule touche ses lèvres. » J’informai ceci au héros parce que je pensais qu’il pouvait le trouver humoristique. Il sourit seulement.
Quand la serveuse retourna avec nos verres et un bol de cacahuètes, nous conversions déjà au sujet de notre jour, et aussi de nos combinaisons pour demain. « Il doit être présent au train à dix-neuf heures du soir, oui ? » « Oui, dis-je, nous désirerons donc départir de l’hôtel au déjeuner, pour être du côté sûr. » « Peut-être nous aurons le temps pour chercher plus. » « Je n’en suis pas trop certain, dis-je. Et où chercherions-nous ? Il n’y a rien. Il n’y a personne à enquérir. Tu te rappelles ce qu’elle a dit. » Le héros ne nous donnait aucune attention et ne demanda jamais, même une seule fois, au sujet de quoi nous conversions. Il était sociable seulement avec les cacahuètes. « Ce serait plus facile sans lui », dit grand-père, bougeant ses yeux vers le héros. « Mais c’est sa recherche », dis-je. « Pourquoi ? » « Parce que c’est son grand-père. » « Nous ne cherchons pas son grand-père. Nous cherchons Augustine. Elle n’est pas plus à lui qu’à nous. » Je n’y avais pas pensé de cette façon, mais c’était vrai. « De quoi parlez-vous ? me demanda Jonathan. Et pourrais-tu demander à la serveuse encore des cacahuètes ? »
Je dis à la serveuse de nous récupérer plus de cacahuètes, et elle dit, « Je vais faire ceci, malgré que le propriétaire commande que nul ne reçoive jamais plus d’un bol de cacahuètes. Je vous excepterai parce que je me sens si misérable au sujet d’avoir traité le juif de juif. » « Merci, dis-je, mais il n’y a aucune raison de se sentir misérable. » « Et demain ? demanda Jonathan. Je dois être au train à sept heures, c’est ça ? » « Correct. » « Que ferons-nous jusque-là ? » « Je ne suis pas une personne certaine. Nous devons départir très tôt, parce que tu dois être à la gare deux heures avant que ton train aille de l’avant, et il faut trois heures pour y aller, et il est vraisemblable que nous deviendrons des gens perdus. » « À t’entendre on devrait partir maintenant », dit-il, et il rit. Je ne ris pas, parce que je savais que la raison pour laquelle nous départirions tôt n’est pas en vérité à cause des justifications que je lui avais dites, mais à cause qu’il n’y avait plus rien à chercher. Nous avions échoué.
« Investiguons AU CAS OÙ », dit grand-père. « Quoi ? » demandai-je. « La boîte, voyons ce qu’il y a à l’intérieur. » « Est-ce une mauvaise idée ? » « Bien sûr que non, dit-il. Pourquoi serait-ce une mauvaise idée ? » « Peut-être devrions-nous permettre à Jonathan de l’investiguer confidentiellement, ou peut-être personne ne devrait-il l’investiguer. » « Elle la lui a présentée dans un but. » « Je sais, dis-je, mais peut-être ce but n’a-t-il rien à voir avec l’investiguer. Peut-être le but est-il qu’elle ne soit jamais ouverte. » « Tu n’es pas une personne curieuse ? » me demanda-t-il. « Je suis une personne très curieuse. » « De quoi parlez-vous, les mecs ? » « Serais-tu satisfait d’investiguer AU CAS OÙ ? » « Que veux-tu dire ? » « La boîte qu’Augustine t’a présentée aujourd’hui. Nous pourrions la fouiller. » « Est-ce une bonne idée ? » « Je ne suis pas certain. J’ai demandé la chose identique. » « Je ne vois pas pourquoi ce serait une mauvaise idée. Parce que, enfin, elle me l’a bien donnée pour une raison. » « Ceci est ce que grand-père a articulé. » « Vois-tu une bonne raison de ne pas le faire ? » « Je n’en prévois aucune. » « Moi non plus. » « Mais. » « Mais ? » « Mais rien », articulai-je. « Mais quoi ? » « Mais rien. C’est à toi de décider. » « Et à toi. » « Ouvrez cette putain de boîte », dit grand-père. « Il dit d’ouvrir la putain de boîte. » Jonathan retira la boîte de sous son siège et la plaça sur la table. AU CAS OÙ était écrit sur le côté et, de plus proximal, je perçus que les mots avaient été écrits et effacés plusieurs fois, écrits, effacés, et récrits. « Mmmm », dit-il, et il fit des gestes vers un ruban rouge qui était attaché autour de la boîte. « C’est seulement pour la fermer », dit grand-père. « C’est seulement pour la fermer », lui dis-je. « Probablement », dit-il. « Ou alors, dis-je, pour nous anticiper de ne pas l’examiner. » « Elle n’a pas parlé de ne pas l’examiner. Elle nous aurait dit quelque chose, tu ne crois pas ? » « Il me semble. » « Ton grand-père pense que nous devrions l’ouvrir ? » « Oui. » « Et toi ? » « Je ne suis pas certain. » « Comment ça, tu n’es pas certain ? » « Je ne pense pas que ce serait une chose si misérable de l’ouvrir. Elle aurait articulé quelque chose si elle désirait qu’elle ne soit pas investiguée » « Ouvrez cette putain de boîte », dit grand-père. « Il dit d’ouvrir la putain de boîte. »
Jonathan délogea le ruban, qui était entouré plusieurs fois autour d’AU CAS OÙ, et l’ouvrit. Peut-être anticipions-nous qu’elle soit une bombe, parce que quand elle n’explosa pas, nous fûmes tous ébahis. « Ce n’était pas si terrible », dit Jonathan. « Ce n’était pas si terrible », dis-je à grand-père. « C’est bien ce que je dis », me dit-il. « Je dis que ce ne serait pas si terrible. » Nous regardâmes dans la boîte. Ses ingrédients apparurent très similaires à ceux de la boîte RESTES, excepté qu’il y en avait peut-être plus. « Bien sûr qu’on était censés l’ouvrir », dit Jonathan. Il me regarda et se mit à rire, et ensuite je ris, et ensuite grand-père rit. Nous riions parce que nous savions combien nous avions été insensés de chier des briques au sujet d’ouvrir la boîte. Et nous riions parce qu’il y avait tant de choses que nous ne savions pas et que nous savions qu’il y avait tant de choses que nous ne savions pas.
« Cherchons », dit grand-père, et il bougea ses mains à travers la boîte marquée AU CAS OÙ, comme un enfant cherchant dans une boîte de cadeaux. Il excava un collier. « Regardez », dit-il. « C’est des perles, je crois, dit Jonathan. Des vraies perles. » Les perles, si c’étaient des vraies perles, étaient très sales, et jaunes. Et il y avait des morceaux de terre fichés parmi elles, comme de l’aliment parmi des dents. « Il apparaît très âgé », dit grand-père. Je dis ceci à Jonathan. « Oui, harmonisa-t-il. Et sale. Je parie qu’il a été exhumé. » « Qu’est-ce que veut dire exhumé ? » « Déterré, comme un cadavre. » « Oui, je connais cette chose. Ce pourrait être similaire comme l’alliance dans la boîte RESTES. » « C’est ça. » Grand-père leva le collier près de la bougie sur notre table. Les perles, si c’étaient des vraies perles, avaient beaucoup de taches et n’étaient plus resplendissantes. Il essaya de les nettoyer avec son pouce, mais elles restèrent sales. « C’est un beau collier, dit-il. J’en avais acquis un très similaire à celui-ci pour ta grand-mère quand nous sommes tombés amoureux. C’était il y a beaucoup d’années mais je me rappelle à quoi il ressemblait. Il obligea tout mon numéraire pour l’acquérir, comment pourrais-je oublier ? » « Où est-il maintenant ? demandai-je. À la maison ? » « Non, dit-il, elle le porte encore. Ce n’est pas une chose. C’était ce qu’elle désirait. » Il mit le collier sur la table, et je perçus que le collier ne le rendait pas mélancolique, comme on aurait pu l’attendre, mais qu’il le faisait une personne très satisfaite. « Maintenant, toi », me dit-il, et il me donna un coup de poing dans le dos d’une manière qui n’intentionnait pas de me faire mal, mais le fit néanmoins. « Il dit que je devrais choisir quelque chose », dis-je à Jonathan, parce que je désirais découvrir comment il allait répondre à l’idée que grand-père et moi partagions le même privilège que lui d’investiguer la boîte. « Vas-y », dit-il. J’insérai donc ma main dans AU CAS OÙ.
Je sentis de nombreuses choses anormales, sans pouvoir dire ce qu’elles étaient. Nous ne l’avions pas dit, mais cela faisait partie du jeu, qu’on ne pouvait contempler dans la boîte quand on sélectionnait la chose à excaver. Certaines des choses que ma main touchait étaient lisses, comme du marbre ou des cailloux de la plage. D’autres choses que ma main touchait étaient froides, comme du métal, ou chaudes, comme de la fourrure. Il y avait beaucoup de feuilles de papier. Je pouvais être certain de cela sans les témoigner. Mais je ne pouvais pas savoir si ces papiers étaient des photographies ou des lettres ou des pages de livres et de magazines. J’excavai ce que j’excavai parce que c’était la plus grande chose dans la boîte. « Voilà », dis-je, et je sortis un morceau de papier qui était enroulé et attaché avec une ficelle blanche. Je retirai la ficelle et déroulai le papier sur la table. Jonathan en restreignit un bout et je restreignis l’autre. Il était marqué CARTE DU MONDE, 1791. Malgré que les formes de la terre étaient d’une certaine quantité différentes, il restait d’apparaître très semblable au monde que nous connaissons actuellement. « C’est une chose extra », dis-je. Une carte telle que celle-là vaut plusieurs centaines, et avec de la chance, milliers de dollars. Mais plus que ceci, c’est une réminiscence de cette époque avant que notre planète soit si petite. Quand cette carte fut faite, pensai-je, on pouvait vivre sans savoir où on ne vivait pas. Ceci me fit penser à Trachimbrod et au fait que Lista, la femme dont nous désirions tant qu’elle soit Augustine, n’avait jamais entendu parler d’Amérique. Il est possible qu’elle soit la dernière personne sur la terre, raisonnai-je, qui n’a pas entendu parler d’Amérique. En tout cas, c’est si agréable de le penser. « Je l’adore », dis-je à Jonathan, et je dois confesser que je n’avais pas des idées quand je lui dis ceci. C’est seulement que je l’adorais. « Garde-la, elle est à toi », dit-il. « Ceci n’est pas une chose vraie. » « Prends-la. Puisque ça te fait plaisir. » « Tu ne peux me donner ceci. Les articles doivent rester ensemble », lui dis-je. « Vas-y, dit-il. Elle est à toi. » « Tu es certain ? » demandai-je, parce que je ne désirais pas qu’il se sente chargé de me la présenter. « Tout à fait certain. Garde-la en souvenir de notre voyage. » « Non, dis-je. Je la donnerai à Mini-Igor, si cela est acceptable avec toi », parce que je savais que la carte était une chose que Mini-Igor adorerait aussi. « Dis-lui que j’espère que ça lui fait plaisir, dit Jonathan. Qu’il la garde en souvenir. »
« À toi », dis-je à Jonathan, parce que c’était maintenant son occasion d’excaver dans AU CAS OÙ. Il tourna sa tête loin de la boîte et inséra sa main. Il ne requit pas une longue quantité de temps. « Voilà », dit-il, et il retira un livre. Il le plaça sur la table. Il apparaissait très vieux. « Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il. Je remuai la poussière de la couverture. Je n’avais jamais précédemment témoigné un livre similaire à celui-là. L’écriture était sur les deux couvertures, et quand je l’épanouis, je vis que l’écriture était aussi sur l’intérieur des deux couvertures et, évidemment, sur toutes les pages. C’était comme s’il n’y avait pas une place suffisante dans le livre pour le livre. Le long du côté était marqué en ukrainien, Le Livre des événements passés. Je dis ceci à Jonathan. « Lis-moi quelque chose », dit-il. « Le début ? » « N’importe où, ça ne fait rien. » J’allai à une page dans le milieu et sélectionnai une partie du milieu de la page pour la lire. C’était très difficile, mais je traduisis en anglais pendant que je lisais. « “Le shtetl était colorié avec les actions de ses résidents”, lui dis-je, “et parce que chaque couleur était utilisée, il était impossible de percevoir ce qui avait été manipulé par des humains et ce qui était des mains de la nature. Getzel G, il y avait des bruits, devait avoir joué du violon de tout le monde – malgré qu’il ne savait pas jouer du violon ! – parce que les cordes étaient de la couleur comme ses doigts. Les gens chuchotèrent que Gesha R essayait d’être une gymnaste. Ceci est comment la fracture Juif/Humain était jaune comme ses mains. Et quand le rouge du visage d’une écolière fut confusionné pour le rouge des doigts d’un saint homme, l’écolière fut insultée.” » Il s’assura le livre et l’examina pendant que je dis à grand-père ce que j’avais lu. « C’est merveilleux », dit Jonathan, et je dois confesser qu’il l’examina d’une façon similaire à comment grand-père examinait la photographie d’Augustine.
(Tu peux comprendre ceci comme un cadeau de moi à toi, Jonathan. Et exactement comme je te sauve, tu pourrais sauver grand-père. Nous sommes seulement à deux paragraphes. S’il te plaît, essaie de trouver une autre option.)
« À vous, maintenant », dit Jonathan à grand-père. « Il dit que c’est maintenant à toi », lui dis-je. Il tourna sa tête de la boîte et inséra sa main. Nous étions similaires à trois enfants. « Il y a tellement de choses, me dit-il. Je ne sais pas quelle chose prendre. » « Il ne sait pas quoi prendre », dis-je à Jonathan. « Nous aurons le temps de tout prendre », dit Jonathan. « Peut-être celle-ci, dit grand-père. Non, celle-ci. On dirait qu’elle est douce et jolie. Non, celle-ci. Celle-ci a des parties qui remuent. » « Il y aura le temps de tout prendre », lui dis-je, parce que rappelle-toi où nous en sommes de notre histoire, Jonathan. Nous croyions encore que nous possédions du temps. « Voilà, dit grand-père, et il excava une photographie. Ah, c’est simple, trop dommage. J’avais l’impression que c’était autre chose. »
Il plaça la photographie sur la table sans l’examiner. Moi aussi, je ne l’examinai pas non plus, parce que pourquoi l’aurais-je examinée, raisonnai-je. Grand-père avait raison, elle apparaissait très simple, et ordinaire. Il y avait vraisemblablement cent photographies de cette manière dans la boîte. La rapide contemplation que je lui présentai ne me montra rien d’anormal. C’étaient trois hommes, ou peut-être quatre. « À toi, maintenant », me dit-il, et je tournai ma tête et insérai ma main. Parce que ma tête était tournée pour ne pas contempler dans la boîte, je témoignai Jonathan pendant que ma main investiguait. Une chose douce. Une chose rugueuse. Jonathan bougea la photographie à son visage, pas parce qu’il était une personne intéressée, mais parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire au moment pendant que je fouillais la boîte. Ceci est ce que je me rappelle. Il mangea une main de cacahuètes et en laissa une poignée descendre au plancher pour Sammy Davis Junior, Junior. Il fit une menue gorgée de sa vodka. Il regarda ailleurs que la photographie pendant un instant. Je sentis une plume et un os. Puis je me rappelle ceci : il regarda la photographie encore. Je sentis une chose lisse. Une chose menue. Il regarda ailleurs que la photographie. Il la regarda encore. Il regarda ailleurs. Une chose dure. Une bougie. Une chose carrée. Une piqûre d’épingle.
« Ça alors », dit-il, et il leva la photographie à la lumière de la bougie. Puis il la posa. Puis il la reprit et, cette fois, la posa près de mon visage de sorte qu’il put observer la photo et mon visage tous les deux en même temps. « Qu’est-ce qu’il fait ? » demanda grand-père. « Qu’est-ce que tu fais ? » lui demandai-je. Jonathan plaça la photographie sur la table. « C’est toi », dit-il.
Je retirai ma main de la boîte.
« Qui ? » « L’homme sur la photo. C’est toi. » Il me donna la photographie. Cette fois je l’examinai avec beaucoup de minutie. « Qu’y a-t-il ? » demanda grand-père. Il y avait quatre personnes dans la photographie, deux hommes, une femme et un bébé que la femme tenait. « Celui de gauche, dit Jonathan. Là. » Il mit son doigt sous le visage de l’homme et je dois confesser qu’il ne pouvait y avoir rien de véridique que de reconnaître qu’il me ressemblait. C’était comme un miroir. Je sais que c’est une expression, mais je le dis sans aucune autre signification que les mots. C’était comme un miroir. « Quoi ? » demanda grand-père. « Un instant », dis-je, et je levai la photographie à la lumière de la bougie. L’homme se tenait même de la manière puissante que je me tiens. Ses joues apparaissaient comme les miennes. Ses yeux apparaissaient comme les miens. Ses chevelures, ses lèvres, ses bras, ses jambes, tout apparaissait comme les miens. Même pas comme les miens. C’étaient les miens. « Dis-moi, dit grand-père, qu’est-ce qu’il y a ? » Je lui présentai la photographie et écrire le reste de cette histoire est la chose la plus impossible.
D’abord il l’examina pour voir de quoi c’était la photographie. Parce qu’il baissait les yeux pour contempler la photographie qui était sur la table, je ne pouvais voir ce qu’ils accomplissaient. Il releva les yeux de la photographie et contempla Jonathan et moi, et il sourit. Il monta même ses épaules, comme un enfant fait quelquefois. Il fabriqua un petit rire et, après, prit la photographie. Il l’éleva à son visage avec une main et éleva la bougie à son visage avec l’autre. Elle fit beaucoup d’ombres où sa peau avait des plis, qui étaient en beaucoup plus d’endroits que je n’avais observé avant. Cette fois, je voyais ses yeux voyager ci et çà sur la photographie. Ils s’arrêtaient sur chaque personne et témoignaient chaque personne des pieds aux chevelures. Puis il leva encore les yeux et sourit encore à Jonathan et à moi, et il bougea aussi ses épaules comme un enfant encore.
« Ça me ressemble », dis-je.
« Oui, c’est vrai », dit-il.
Je ne regardai pas Jonathan, parce que j’étais certain qu’il me regardait. Alors je regardai grand-père qui investiguait la photographie malgré que je suis certain qu’il sentait que je le contemplais.
« On dirait que c’est moi », dis-je. « Il a aussi observé ceci », dis-je de Jonathan, parce que je ne voulais pas être seul dans cette observation.
(Ici, c’est presque trop redoutable pour continuer. J’ai écrit jusqu’à ce point plusieurs fois, et corrigé les parties que tu m’aurais fait corriger, et fait d’autres drôleries, et d’autres inventions, et écrit comme si j’étais toi écrivant ceci, mais chaque fois que j’essaie de persévérer, ma main tremble tant que je ne peux plus tenir ma plume. Fais-le pour moi. S’il te plaît. C’est maintenant à toi.)
Grand-père dissimula son visage derrière la photographie.
(Et ceci ne me semble pas une chose tellement lâche, Jonathan. Nous cacherions aussi notre visage, oui ? En vérité, je suis certain que nous le cacherions.)
« Le monde est tout petit », dit-il.
(Il rit à cet instant, comme tu te le rappelles, mais tu ne peux inclure cela dans l’histoire.)
« Ça me ressemble tellement », dis-je.
(Et là, il a mis ses mains sous la table, tu te le rappelleras, mais ceci est un détail qui le fera apparaître faible, et n’est-ce pas assez déjà que nous écrivions ceci ?)
« Comme une combinaison de ton père, de ta mère, de Brejnev et de toi-même. »
(Ce n’était pas erroné de faire une drôlerie ici. C’était la chose à faire.)
Je souris.
« Qui est-ce, d’après toi ? » demandai-je.
« Et d’après toi, qui est-ce ? » demanda-t-il.
« Je ne sais pas. »
« Tu n’as pas à me présenter des non-vérités, Sacha, je ne suis pas un enfant. »
(Mais je le fais. C’est ce que tu n’as jamais compris. Je présente des non-vérités pour te protéger. C’est aussi pourquoi j’essaye si inflexiblement d’être une personne drôle. Tout est pour te protéger. J’existe au cas où tu aurais besoin d’être protégé.)
« Je ne comprends pas », dis-je. (Je comprends.)
« Ah non ? » demanda-t-il. (Mais si.)
« Où a été faite la photographie ? » demandai-je. (Il doit y avoir une explication)
« À Kolki. »
« C’est de là que tu étais ? » (Tu disais toujours Odessa… pour tomber amoureux…)
« Oui. Avant la guerre. » (Les choses sont ainsi. En vérité, c’est comme ça.)
« La grand-mère de Jonathan ? »
« Je ne connais pas son nom, et je ne veux pas connaître son nom. »
(Je dois t’informer, Jonathan, que je suis une personne très triste. Je suis toujours triste, je crois. Peut-être cela signifie-t-il que je ne suis pas triste du tout, parce que la tristesse est quelque chose d’en dessous de notre disposition normale et que je suis toujours la même chose. Peut-être suis-je la seule personne au monde, alors, qui ne deviens jamais triste. Peut-être que j’ai de la chance.)
« Je ne suis pas une mauvaise personne, dit-il. Je suis une bonne personne qui a vécu dans un mauvais temps. »
« Je sais ceci », dis-je. (Même si tu étais une mauvaise personne, je saurais quand même que tu es une bonne personne.
« Tu dois lui informer tout ceci comme je te l’ai informé à toi », dit-il, et ceci me surprit beaucoup, mais je ne demandai ni pourquoi, ni rien du tout. Je fis seulement comme il commandait. Jonathan ouvrit son journal et commença à écrire. Il écrivit chaque mot qui fut parlé. Voici ce qu’il écrivit :
« Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait parce que je pensais que c’était la chose correcte à faire. »
« Tout ce qu’il a fait, il l’a fait parce qu’il pensait que c’était la chose correcte à faire », traduisis-je.
« Je ne suis pas un héros, c’est vrai. »
« Il n’est pas un héros. »
« Mais je ne suis pas une mauvaise personne non plus. »
« Mais il n’est pas une mauvaise personne. »
« La femme de la photographie est ta grand-mère. Elle tient ton père. L’homme qui est à côté de moi était notre meilleur ami, Herschel. »
« La femme de la photographie est ma grand-mère. Elle tient mon père. L’homme qui est à côté de grand-père était son meilleur ami, Herschel. »
« Herschel porte une calotte sur la photographie parce qu’il était juif. »
« Herschel était juif. »
« Et c’était mon meilleur ami. »
« C’était son meilleur ami. »
« Et je l’ai tué. »