XVII

Arbogast vit le revolver et se mit à reculer jusqu’à ce que son dos eût heurté la portière. Il essaya de l’ouvrir.

— Ne bougez pas, dit Parry.

— Ne tirez pas dans ma figure, supplia Arbogast. Parry abaissa l’arme et la pointa sur la poitrine d’Arbogast.

— C’est mieux comme ça ? demanda-t-il.

— Écoutez, dit Arbogast, laissez-moi filer… je vous promets de m’en aller pour de bon, vous n’entendrez plus jamais parler de moi.

Parry secoua la tête.

— Je vous en prie, dit Arbogast. Parry secouait toujours la tête.

— Je pensais bien que vous prépariez un tour à votre façon, dit Arbogast.

— Alors, pourquoi n’avez-vous rien fait ?

— Et pourquoi je me suis embringué avec vous, d’abord ?

— Je peux répondre, fit Parry. Vous êtes un maître chanteur.

— Oui, mais nous avons notre honneur, nous aussi, croyez-moi. Si je vous donne ma parole, je m’en irai et je vous laisserai tranquille.

Parry secouait toujours la tête.

— Vous n’allez pas me tuer ? demanda Arbogast. Parry eut un geste de dénégation.

— Alors, qu’allez-vous faire de moi ? Par-dessus la tête d’Arbogast, Parry vit le terrain

Vague tout jaune sous le soleil brûlant. Tout au bout, il y avait un bouquet d’arbres.

— Descendez ? dit-il.

— Qu’est-ce que vous allez faire de moi ?

— Ouvrez la portière et descendez.

— Je vous en prie…

— Faites ce que je vous dis ou je tire. Arbogast ouvrit la portière, descendit, parcourut du regard le terrain désert qui s’étendait devant lui. Cependant, Parry coupait l’allumage, mettait pied à terre et claquait la portière. Les deux hommes se trouvèrent debout, face à face, mais cette fois c’était Parry qui tenait le revolver.

— Avancez, dit Parry.

— Où allons-nous ?

— Dans ce bois, là-bas.

— Pourquoi ?

— Nous y serons seuls, personne ne nous dérangera.

— Vous allez me tuer, dit Arbogast.

— Non, je ne tirerai pas, à moins que vous n’essayiez de me prendre le revolver, répondit Parry.

Ils obliquèrent dans le terrain vague. Parry appuyait le canon du revolver dans les côtes d’Arbogast.

Ils marchèrent en silence jusqu’à l’extrémité du terrain et s’engagèrent enfin dans le petit bois. L’air y était très chaud et très humide. Ils progressaient lentement.

Après avoir parcouru une cinquantaine de mètres, Parry s’arrêta :

— Je crois qu’on sera bien ici, dit-il.

Arbogast se retourna et regarda le pistolet.

Parry visait l’estomac d’Arbogast :

— C’est vous qui avez tué Fellsinger ? demanda-t-il.

— Non.

— Mais vous m’avez suivi jusqu’à son appartement ?

— Non.

— Pourtant, vous saviez déjà qu’Irène Janney avait de la galette ? Vous saviez que sa fortune se montait à deux cent mille dollars.

— Oui, je vous l’ai dit.

— Et vous vouliez mettre la main sur la galette.

— C’est d’accord.

— Bon. Alors, tout a l’air de se raccorder, du moins en partie. Deux cent mille dollars, c’est une grosse somme. Vous avez sans doute pensé que pour m’avoir aidé à m’évader, elle risquait un ou deux ans de prison. Mais, si moi je profitais de ma liberté pour tuer quelqu’un, elle devenait complice du meurtre et ça allait chercher dix et même vingt ans. Avec deux cent mille dollars à la clef, le jeu valait bien la chandelle. Il est donc normal que vous ayez suivi le taxi, quand vous m’avez vu quitter l’appartement.

— Non.

— Pourtant, pourtant… c’est obligé. Vous avez suivi le taxi. Quand je suis entré dans l’immeuble de Fellsinger, vous m’avez suivi, vous vous êtes caché dans le vestibule, pour voir où j’allais. Après mon départ, vous avez sonné chez Fellsinger. Vous vous êtes dit : le chauffeur de taxi va le dénoncer ; il le reconnaîtra inévitablement quand il verra sa photo dans la presse, et il témoignera qu’il l’a conduit cette nuit-là dans cette maison. Le témoignage du chauffeur de taxi, les empreintes digitales dans l’appartement, l’affaire était dans le sac ! Vous saviez évidemment que je n’étais pas venu là pour tuer, mais pour demander de l’aide. Vous ignoriez qui était Fellsinger, mais vous aviez deviné que c’était un de mes amis. Donc, avec le témoignage du chauffeur, avec mes empreintes dans l’appartement et la certitude que Fellsinger était mon ami, vous pouviez présumer que les flics concluraient à ma culpabilité. Vous n’avez pas mis longtemps à évaluer la situation, vous n’êtes pas un cave, monsieur Arbogast ! Vous êtes donc monté chez mon ami Fellsinger et vous l’avez assassiné.

— Non.

— Et pourtant, ça collerait bien. Vous reconnaissez que vous avez surveillé l’immeuble où je logeais. Vous reconnaissez que vous avez attendu pour me filer. N’est-ce pas ? Vous étiez dans votre voiture. Vous me guettiez, vous m’avez suivi jusque chez Fellsinger. Et vous, vous aviez une raison pour le tuer. Vous êtes le seul homme au monde à qui ce crime pouvait profiter puisque fatalement j’allais être accusé de ce second meurtre et que, de ce fait, Irène Janney devenait ma complice. Tout m’a donc l’air de se raccorder parfaitement.

— Non, dit Arbogast, je n’ai pas tué Fellsinger.

— Mais qui, alors ? Quelqu’un l’a bien tué et ce n’est certainement pas moi. Je n’avais rien à gagner en le tuant et tout à perdre. Si ce n’est pas vous, qui est-ce ?

— Je n’en sais rien.

— L’assassin de Fellsinger m’a suivi et il a commis le crime aussitôt après mon départ. C’est l’évidence même. Alors, examinons l’affaire de plus près. Vous étiez devant l’immeuble. Vous m’avez vu monter dans le taxi. Vous avez vu le taxi démarrer. Est-ce que le taxi a dépassé votre voiture ?

— Oui.

— Avez-vous suivi le taxi ?

— Non. Je vous ai déjà dit que non.

— Alors, vous êtes resté là, comme ça, et vous avez regardé le taxi filer ?

— Tout juste.

— Vous êtes un menteur, car j’ai marché pendant un bon moment avant de héler ce taxi.

— Et moi je vous ai suivi pendant un bon moment, répondit Arbogast.

— Mais vous venez de dire que vous étiez resté sur place.

— J’ai dit que j’étais resté à l’endroit d’où je vous ai vu monter en taxi. Je n’avais pas l’intention d’aller plus loin. Écoutez, voilà ce que j’ai fait : je vous ai vu quitter la maison. Vous avez traversé le carrefour. Alors j’ai embrayé et je vous ai suivi à distance en restant à peu près à cinquante mètre derrière vous. Je marchais en deuxième vitesse et avançais le plus lentement possible. Puis, arrivé au troisième croisement, vous êtes monté dans un taxi.

— Et vous, qu’est-ce que vous avez fait ?

— Je me suis rangé le long du trottoir.

— Et après ?

— Je suis resté là et je vous ai vu partir en taxi.

— Et après ?

— J’ai tourné et je suis revenu me poster un peu plus loin que l’immeuble, pour être précis, je me suis arrêté au bout du pâté de maisons.

— Vous avez tourné ? Comment avez-vous tourné ? Vous êtes passé derrière le pâté de maisons ?

— Non. J’ai rebroussé chemin dans la même rue.

Parry regarda fixement les yeux d’Arbogast.

— Vous êtes bien sûr que vous n’avez pas quitté la rue ?

— Je vous dis la vérité. J’ai fait demi-tour. Je suis revenu d’où je venais et je me suis arrêté devant le même immeuble. Je savais que vous reviendriez.

— Comment cela ?

— Je ne suis pas un cave. Vous aviez là une bonne planque, même qu’on vous a procuré des vêtements neufs, et qu’on vous a donné de l’argent. Mon club m’avait précisé, entre autres renseignements, que la jeune personne était célibataire. Donc vous viviez ensemble, tout seul. Il aurait fallu que vous soyez cave pour la laisser tomber. J’avais bien compris que vous n’alliez pas la quitter jusqu’à votre départ définitif, quand l’affaire se serait un peu tassée.

— Enfin, vous êtes bien sûr que vous avez fait demi-tour, sans passer derrière le pâté de maisons ?

— Voyons, dit Arbogast, si j’avais fait le tour du pâté de maisons, je me serai trouvé sur le même trottoir que l’immeuble. Vous aviez bien repéré ma bagnole, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Vous avez vu qu’elle était arrêtée le long du trottoir d’en face.

— Oui.

— Et que l’avant de la voiture était tourné vers vous ?

— Oui.

— Bon. Eh bien ! Ça prouve que j’ai fait demi-tour. Et d’ailleurs, quelle importance ça peut bien avoir ?

— En réalité vous avez tourné deux fois.

— Mais bien sûr, dit Arbogast. Quand vous êtes sorti de la maison, j’étais rangé le long du trottoir d’en face et j’ai fait demi-tour pour vous suivre. Puis j’ai tourné de nouveau pour revenir au même endroit.

— Vous avez fait demi-tour la première fois, dès que vous m’avez vu sortir de l’immeuble ?

— Non, dit Arbogast. J’ai attendu que vous soyez au premier croisement.

— Vos phares étaient éteints ?

— Évidemment, je ne suis pas un cave !

— Parlez-moi un peu de votre deuxième manœuvre.

— Que voulez-vous que je vous dise ? J’ai braqué et puis, quand le moteur a été en marche, j’ai tourné.

— Vous avez tourné immédiatement ?

— Non. Comme je vous l’ai dit déjà, je me suis d’abord arrêté pour voir filer le taxi.

— Enfin, vous voulez me faire croire que vous avez vu partir le taxi et que vous n’avez même pas essayé de le suivre. Ça ne tient pas debout.

— Ma bagnole ne dépasse pas le cinquante.

— Bon, ça c’est un argument. Mais rien ne vous permettait de penser que le taxi irait plus vite. C’est donc pour une autre raison que vous ne l’avez pas filé. Et cette raison je la connais. D’ailleurs, vous aussi, vous commencez à comprendre que j’ai deviné juste. Vous avez vu une autre voiture prendre mon taxi en filature.

— Qu’est-ce que vous voulez dire ? Une voiture ?

— Une voiture, une bagnole, une auto, quoi ! Vous l’avez vu suivre le taxi et c’est pourquoi vous vous êtes arrêté. Cette voiture s’est mise à filer le train à mon taxi, tous feux éteints. Vous ne saviez pas qui la conduisait, mais vous avez pensé à la police. Et même au cas où ce n’était pas la police, la prudence vous commandait de faire demi-tour et de rester sur l’expectative. Mon taxi pouvait éventuellement semer son poursuivant et, dans ce cas, je devais revenir, ou, tout au moins, rester toujours en liberté, à votre disposition. Tant que j’étais en liberté, vous aviez barre sur Irène Janney. Et ça vous encourageait à continuer votre guet devant son immeuble. Donc, cette nuit-là, vous avez risqué le coup, pour une histoire de dix ou quinze billets. Même le lendemain matin, quand vous m’avez vu revenir avec la tête bandée, l’enjeu était encore de dix ou de quinze mille dollars. Mais ce même jour, un peu plus tard dans la matinée, vous vous êtes frotté les mains en répétant : « Je ne suis pas un cave ! » Vous veniez d’apprendre qu’un homme avait été assassiné la nuit précédente et que la police m’accusait de ce meurtre. Dès lors, vous saviez que vous pourriez extorquer à Irène toute sa fortune, jusqu’au dernier cent. Vous vous êtes vu riche de deux cent mille dollars. Il faut dire que maintenant, vous ne voyez plus que le canon d’un revolver. Le seul moyen qui vous reste de vous tirer d’affaire, c’est de me décrire la voiture qui suivait mon taxi.

— Je n’ai pas vu de voiture.

— Vous allez me dire la vérité ou je vous tire dans la cuisse, je vide le chargeur dans votre cuisse jusqu’à ce que vous n’ayez plus de jambe.

— Il n’y avait pas d’autre voiture, dit Arbogast.

— Je ne vous crois pas. Il y en avait une, c’est évident. C’était même une voiture assez spéciale. Il vous reste une dernière chance de vous en aller d’ici par vos propres moyens. Vous allez dire comment était la voiture qui m’a suivi et je verrai si c’est bien celle à laquelle je pense.

Arbogast regarda Parry droit dans les yeux.

Parry soutint son regard sans ciller. Il jouait le tout pour le tout. Son avenir dépendait de la réponse d’Arbogast et il venait de bluffer, comme il ne l’avait jamais fait de sa vie. Arbogast regardait le revolver.

— Je n’ai plus rien à perdre, dit Parry.

Arbogast aspira de l’air, l’avala.

— Je vois que tout est inutile, dit Parry. Vous ne voulez pas parler et si vous le faites, vous ne direz pas la vérité. Vous avez essayé de me nuire, ainsi qu’à Irène Janney. C’est moi maintenant, qui vais vous faire du mal.

— Je vais parler, dit Arbogast.

— Allez-y ! Mais je veux la vérité du premier coup, parce que je ne vous donnerai pas une seconde chance.

— C’était un roadster, dit Arbogast, avec un toit bâché de couleur vive. Je crois qu’elle était orange.

— Orange vif ? Orange éclatant ? insista Parry.

— Oui, un roadster orange vif.

— Et qui était dedans ?

— J’ai pas pu voir.

— Très bien, dit Parry. J’en sais assez comme ça.

— Et moi, qu’est-ce que je deviens là-dedans ?

— Je m’en fous.

— Qu’est-ce que vous allez faire de moi ?

— Rien du tout. Je vais vous laisser ici. Je n’ai plus besoin de vous, je vous élimine.

— Alors, si vous m’éliminez, laissez-moi partir.

— Partez, dit Parry. Faites demi-tour et marchez droit devant vous.

— Laissez-moi prendre ma voiture.

— Non, dit Parry, c’est moi qui la garde.

— Vous n’allez pas faire ça.

— Tout à l’heure vous vous imaginiez que je ne pouvais pas vous prendre votre revolver, et pourtant je l’ai pris.

— Vous n’irez pas loin avec ma voiture.

— Je n’ai plus envie de me sauver, dit Parry. Vous m’avez mis sur la bonne piste. Vous m’avez apporté la vérité sur un plateau d’argent. Vous me suiviez pas à pas pour me nuire et, en fin de compte, c’est vous qui me révélez la vérité. Qu’est-ce que vous en dites ?

— Je ne suis pas encore éliminé, à ce que je vois.

— C’est peut-être la destinée, dit Parry. Parfois tout va mal pendant un bon bout de temps, tout s’embrouille comme à plaisir et soudain tout s’éclaire, tout devient limpide.

— Vous n’allez pas prendre la bagnole.

— C’est pas à vous de décider ce que je prendrai ou ce que je ne prendrai pas. Vous n’avez qu’une chose à faire, c’est de bien vous mettre dans la tête que les deux cent mille dollars, ils vous ont passé devant le nez. Vous savez, c’est vraiment réconfortant de voir des mecs de votre espèce perdre la partie. Ça permet à des pauvres mecs comme moi de croire qu’ils ont quelques chances de vivre heureux en ce bas monde.

— Vous voyez bien que je ne suis pas éliminé…

— Ça va, ça va, Monsieur Arbogast, allez-vous-en, faites demi-tour et continuez tout droit.

— Ah ! Mais non, je n’ai pas encore fini, moi, éclata Arbogast. J’ai monté cette affaire pour en tirer du fric et je compte bien rentrer dans mes frais.

Il bondit sur Parry. Parry redressa son revolver et tira en l’air, dans l’espoir d’effrayer Arbogast, mais celui-ci avait dépassé le stade de la peur, et de toutes ses forces, il tomba sur Parry. Les deux hommes roulèrent par terre ensemble. La main d’Arbogast tâtonnait pour s’emparer de l’arme. Parry tendait le bras au-dessus de sa tête pour empêcher l’autre de s’en saisir. Arbogast pesait lourd sur Parry, il se coulait, se poussait plus haut, cherchant le revolver. À son tour, Parry se mit à ramper. Tous deux progressèrent ainsi, sans desserrer leur étreinte. Parry se tordit et roula sur lui-même, mais déjà Arbogast avait saisi son poignet et essayait de lui arracher l’arme. Parry serrait le revolver tant qu’il pouvait, lorsqu’il sentit les deux genoux d’Arbogast contre sa poitrine. Arbogast luttait pour lui arracher le revolver et grognait comme une bête. Parry parvint à dégager sa main. Arbogast appuya ses genoux sur la gorge de Parry et saisit son bras. La figure de Parry se congestionna, car la pression des genoux sur sa gorge augmentait. À chaque seconde, c’était pire. Bientôt il lui fut impossible de respirer, mais il ne lâchait toujours pas le revolver. Il lui semblait que l’arme faisait partie de son corps et que rien au monde ne pourrait la lui arracher. Arbogast devait s’en douter, car, au lieu de tenter de s’en saisir, il s’appliquait à étouffer Parry.

Celui-ci commençait à perdre ses forces. La pression des genoux était devenue si lourde, si inexorable, qu’elle avait vidé Parry de toute sa combativité. Et déjà son œsophage obturé s’était raidi en une colonne de douleur, qui débordait à chaque extrémité, troublant ses yeux, crispant son estomac, et parfois, se vrillant en un paroxysme de souffrance, lorsque le genou appuyait plus fort. Mais Parry ne voulait pas lâcher le revolver. La douleur le pénétrait de plus en plus profondément, elle montait et descendait le long de la colonne. Dans son estomac, elle se répandait comme une flamme pourpre et éclatante, mais, à l’extrémité opposée, elle embrasait son cerveau d’une chaleur noire. Quant à la colonne elle-même, elle était sur toute sa longueur transparente comme un tube de verre, et Parry, à travers cette transparence, avait une claire vision des choses : il constatait qu’Arbogast ne cherchait plus à atteindre le revolver, mais mettait toute son énergie à étrangler Parry. Parry était parfaitement lucide. Il imaginait Arbogast l’enterrant dans le bois et allant cherché ses soixante mille dollars. Ensuite, il reviendrait encore et en demanderait vingt de plus. Il disparaîtrait pour revenir à la charge de nouveau, exigeant trente, puis quarante mille. Il s’en irait, il reviendrait, il s’en irait et reviendrait encore. Il voyait Irène lui tendant l’argent et il entendait ses questions : « Où était passé Parry ? Qu’est-ce qu’il était devenu ? » Arbogast lui répondait qu’il était planqué quelque part et que ça n’avait aucune importance, il suffisait qu’elle donnât de l’argent à chaque nouvelle demande.

Une douleur plus aiguë pénétra dans sa gorge et parcourut de haut en bas la colonne douloureuse de son cou. C’était une douleur mortelle. En même temps il sentit autre chose : un petit souffle tiède sur sa main, plus chaud que l’atmosphère étouffante du bois. Parry devina que c’était le souffle d’Arbogast qui se penchait sur sa main, sans cesser de lui enfoncer les genoux dans la gorge. Parry retourna sa main et dressa le revolver. À travers la colonne de douleur, il entendit le hurlement d’Arbogast et appuya sur la gâchette.