Tout en parlant il a très doucement été
De son col, en mettant ses deux mains, une broche
En croissant, un cadeau de lui ; puis il l’approche
De la flamme, pour voir, à son éclat, l’effet
Des pierres aux couleurs sombres ; puis il défait,
Sur l’épaule de la robe, des boutonnières
Faites rien que d’un gros fil ; après les dernières,
Sa main en descendant recommence plus bas
Sur le côté de son corsage, sous son bras
Qu’elle lève en riant, complaisante et docile,
Voulant lui rendre la besogne plus facile ;
Il déboutonne avec ses deux mains, et quand tout
Le côté de la taille est défait jusqu’au bout,
Il cherche par-derrière, en tâtonnant, l’attache
Du col, qu’on ne voit pas sous le chou qui la cache ;
L’agrafe semble avoir un écart trop étroit,
Et pendant un instant il reste maladroit
Pour la faire partir ; de près il dévisage
Roberte en souriant. Le devant du corsage
Tombe alors de travers en entraînant avec
Tout le col, que Gaspard enfin a d’un coup sec
Ouvert, forçant afin que l’agrafe s’en aille ;
Dessous on voit comme un double corsage en faille
Avec un rang serré de boutons au milieu,
Comme un cache-corset tout noir dont il tient lieu.
Roberte met ses mains en haut pour le défaire ;
Mais Gaspard, les ôtant tout doucement, préfère
Le déboutonner, lui ; pendant qu’il est en haut,
Elle s’y met aussi par en bas, et bientôt
Lorsque les deux côtés sont ouverts sur le ventre,
Leurs mains, en remuant, se rejoignent au centre
Toujours fermé du rang de boutons, dont il vient
Pendant ce temps d’ouvrir le haut ; c’est lui qui tient
À défaire les trois derniers boutons ; il ouvre
Alors les deux côtés tout à fait, et découvre
Ainsi, le satin bleu de ciel de son corset ;
Puis il écarte sa chemise qu’un lacet
Étroit, bleu, formant un grand nœud au milieu, fronce ;
Ensuite dans l’espace entrouvert il enfonce
Sa figure, pour la baiser entre les seins ;
Sur sa poitrine à la peau blanche des dessins
Compliqués sont formés d’un côté par des veines ;
Son corset par-devant a ses agrafes pleines
De reflets sur leur cuivre étincelant, plat ; lui
Reste ainsi quelque temps immobile, enfoui
Dans la chemise au même endroit ; puis il varie
La place, et maintenant par toute une série
De baisers caressants, il monte vers son cou ;
Il arrive, et choisit à droite une place où
De nouveau très longtemps, immobile, il s’arrête
En la serrant toujours plus fort ; elle se prête,
Heureuse, à ses désirs muets qu’elle comprend
D’instinct, obéissant à son bras en cambrant
Son corps sous son étreinte ; à présent il la couche
Sur lui, se renversant sur sa chaise ; sa bouche
Se tend en avant vers la sienne, comme pour
L’attirer, puis s’y colle ; elle alors à son tour
Lui rendant son baiser, de ses deux bras l’enlace
Les deux yeux à moitié fermés, et toute lasse,
En se laissant aller sur lui de tout son poids.
Le dossier de la chaise a craqué plusieurs fois.