Ce livre fait de son mieux pour être un récit fondé sur des faits et des activités de Gary Gilmore et des hommes et des femmes qui l’ont connu dans la période du 9 avril 1976, où il a été libéré du pénitencier de Marion, dans l’Illinois, jusqu’à son exécution un peu plus de neuf mois plus tard à la prison d’État de l’Utah. Le chant du bourreau est donc directement fondé sur des interviews, des documents, des comptes rendus d’audiences et autre matériel original recueillis au cours d’un certain nombre de voyages dans l’Utah et l’Oregon. Plus de cent personnes ont été interviewées, plus un certain nombre par téléphone. Le total, avant de faire le compte, arrivait à quelque chose comme trois cents séances et leur durée varie de quinze minutes à quatre heures. Peut-être une dizaine de personnes ont enregistré chacune plus de dix heures. Et il est certain qu’au cours des trente derniers mois, les interviews de Nicole Baker ont dû atteindre trente heures, les conversations avec Bessie Gilmore dépassent sans doute ce chiffre. On peut affirmer sans exagération que la transcription totale de toutes les conversations enregistrées approcheraient quinze mille pages.
C’est à partir de ces révélations que ce livre a été bâti et le récit est aussi exact que possible. Cela ne veut pas dire qu’il approche beaucoup plus de la vérité que les souvenirs de témoins. Si les événements importants ont été corroborés par d’autres récits dans la mesure du possible, ce n’était pas toujours possible, étant donné la nature de l’histoire et, bien sûr, deux témoignages sur le même épisode étaient souvent très différents. Dans ces cas-là, l’auteur a choisi la version qui lui semblait la plus probable. Ce serait pure vanité que de supposer qu’il a toujours eu raison.
Un temps considérable a été consacré à essayer d’établir la succession des événements. La documentaliste, Jere Herzenberg, a découvert que les gens avaient des défaillances de mémoire caractéristiques. Certains se rappelaient toujours divers épisodes comme ayant eu lieu à quelques jours d’intervalle alors qu’en fait, si on avait établi à partir d’autres sources un calendrier provisoire, telle aventure pouvait se situer à deux semaines d’une autre. Comme une chronologie précise se révéla bientôt aussi cruciale pour comprendre les mobiles, tous les efforts ont été faits pour y parvenir, et pas seulement dans l’intérêt de l’histoire. On comprenait mieux un caractère quand la chronologie était exacte. Bien sûr, il n’était pas toujours possible de donner une date précise pour plus d’un événement (par exemple, la nuit de printemps où Nicole et Gary s’ébattaient dans ce champ derrière l’asile). On ne pouvait que le situer approximativement dans l’espoir de n’avoir commis aucune erreur trop grave.
Le matériel de seconde main, comme les citations de journaux, permettaient quelques libertés. On a parfois supprimé des mots ou des phrases sans le marquer par des parenthèses et, à de très rares occasions, on a déplacé une phrase ou transposé un paragraphe. Non pas pour rendre le texte de l’article plus frappant ou plus absurde ; c’était plutôt pour éviter des répétitions ou supprimer des allusions susceptibles d’embrouiller le lecteur.
Les interviews de Gilmore ont été dégrossies et de temps en temps une phrase a été transposée. Ce n’était pas tant pour améliorer ses propos que pour le traiter convenablement, le traiter, disons, à peu près comme on le ferait pour des remarques qu’on aurait faites soi-même en en rédigeant la transcription. Le passage du parler à l’écrit n’en exige pas moins.
Avec les lettres de Gilmore, toutefois, il semblait juste de le présenter à un niveau supérieur à sa moyenne. On tenait à bien montrer son influence sur Nicole et la meilleure façon d’y parvenir était de laisser son esprit exercer son impact sur nous. D’ailleurs, il écrivait bien par moments. Ses bonnes lettres sont pratiquement intactes.
L’auteur enfin voudrait faire aveu d’invention. La Vieille chanson de prison qu’on trouve au début et à la fin de ce livre n’est pas hélas, un refrain ancien mais une création écrite par l’auteur voilà dix ans pour son film Maidstone.
Aussi le contre-interrogatoire auquel John Woods procède sur un psychiatre qui prescrit de la prolixine vient en fait d’une interview faite deux ans plus tard par Lawrence Schiller et moi-même et placée dans la bouche du Dr Woods avec son aimable autorisation.
En outre, les noms et les détails permettant d’identifier certains personnages ont été changés pour protéger leur vie privée. Il va de soi que toute ressemblance entre leurs noms fictifs et ceux de personnes vivantes ou disparues serait pure coïncidence.
Il est toujours présomptueux de dire qu’un livre n’aurait pu être écrit sans la contribution de certaines personnes puisque cela suppose au préalable que le livre valait la peine d’être écrit. Toutefois, étant donné la longueur de cet ouvrage, je peux sans risque d’erreur supposer que tout lecteur qui est parvenu aussi loin à dû trouver quelque intérêt aux pages précédentes. Qu’il soit donc précisé que sans la coopération de Nicole Baker, il n’aurait pas été possible d’écrire ce récit fondé sur les faits – cette histoire vraie d’une vie, j’ose le dire, sans les vrais noms et les véritables existences – comme s’il s’agissait d’un roman. Mais, étant donné les détails intimes que Nicole Baker a bien voulu communiquer à Schiller puis à moi, j’avais une richesse narrative suffisante dès le départ pour me sentir encouragé à en chercher davantage.
Comme il a déjà été précisé dans les dernières pages du livre, c’est surtout Lawrence Schiller qui a recueilli ces interviews de Nicole ; nombre d’entre elles ont été terminées avant même qu’on ait la certitude que j’allais me charger de cette tâche. Dans les mois qui ont suivi l’exécution de Gilmore, Schiller allait chaque semaine à Provo ou à Salt Lake et enregistrait deux ou trois longues interviews par jour. En mai 1977, lorsque les contrats furent signés, et que j’ai pu commencer à m’atteler à la tâche, Schiller avait déjà recueilli quelque chose comme soixante interviews et il allait en ajouter encore autant et faire d’innombrables voyages en Utah et en Oregon. Ce fut la première de ses inestimables contributions à ma tâche ; l’autre, ce fut de bien vouloir se laisser interviewer lui-même. Peut-être a-t-il tenu à avoir le meilleur livre possible, mais Schiller a posé pour son portrait et tracé la carte de ses moindres défaillances. Il a confié ses secrets, persuadé sans doute que, ses vieilles méthodes révélées, cela l’inciterait désormais à recourir à des techniques plus raffinées ; aussi, a-t-il non seulement livré le contenu de ses visions mais aussi la logique de ses vilaines combines et dans les mois qui ont suivi, il n’en a pas éprouvé de regrets. Sans Schiller, cela n’aurait pas été possible d’écrire la seconde moitié du Chant du Bourreau. Ma profonde reconnaissance donc à Nicole Baker et à Lawrence Schiller.
Il y en a d’autres que j’aimerais remercier pour m’avoir apporté une contribution qui a dépassé mes espérances. Vern Damico, Bessie Gilmore et Brenda Nicol sont trois noms qui me viennent aussitôt à l’esprit ; leur apport a été considérable et ils m’ont donné sans compter leur temps en étant toujours disponibles pour vérifier des contradictions et des détails, aussi bien que pour apporter à cet ouvrage leur touche personnelle. Une partie d’ailleurs du plaisir que j’ai trouvé à écrire ce livre tient à ce que j’ai fait leur connaissance. Je tiens à remercier presque autant April Charles, Kathryne Rikki et Sterling Baker ainsi que Jim Barrett, Dennis Boaz, Earl Dorius, Barry Farrell, Pete Galovan, Richard Gibbs, Toni Gurney, Grace McGinnis, Spencer McGrath, Robert Moody, Ron Stanger, Judith Wolbach et le Dr John Woods, mais il est vrai qu’instaurer de telles catégories est injuste pour tous les autres qui ont été interviewés, puisque presque tous n’ont pas ménagé leurs efforts pour décrire leur rôle dans cette histoire. Qu’on me permette de citer ici leurs noms : Anthony Amsterdam, Wade Anderson, Gil Athay, Cathy Baker, Ruth Ann Baker, Sue Baker, M. et Mme T.S. Baker, Jay Barker, Bill Bafrett, Marie Barrett, Thomas Barrett, Cliff Bonnors, Alvin J. Bronstein, Brent Bullock, le juge J. Robert Bullock, Chris Caffee, David Caffee, Ken Cahoon, Cline Campbell, le Dr L. Grant Christensen, Rusty Christiansen, Glade Christiansen, Val Conlin, Mont Court, Virginius (Jinks) Dabney, Ida Damico, Michael Deamer, Pam Dudson, Porter Dudson, Roger Eaton, Michael Esplin, M. et Mme Norman Fulmer, Elizabeth Galovan, Richard Giauque, Frank Gilmore Jr, Stanley Greenberg, Steven Groh, le Dr Grow, Howard Gurney, Phil Hansen, Robert Hansen, Ken Halterman, Doug Hiblar, le Dr Howells, Alex Hunt, Julie Jacoby, Albert Johnson, Dave Johnston, le juge David T. Lewis ; Kathy Maynard, Wayne McDonald, le révérend Thomas Meersman, Bill Moyers, Johnny Nicol, Gerald Nielsen, le capitaine Nolan, Martin Ontiveros, Glen Overton, le lieutenant Peacock, Shirley Pedley, Margie Quinn, Lu Ann Reynolds, Michael Rodak, Jerry Scott, Craig Smay, le lieutenant Skinner, Lucinda Smith, Tamera Smith, Craig Snyder, David Susskind, Craig Taylor, Frank Taylor, Julie Taylor, Wally (l’Australien), Wayne Watson, le Dr Wesley Weissart, Noall Wootton.
Don Adler, T. Aiken, Paul J. Akins, Mildred Balser, Mary Bernardie, Frank Blalm, Tony Borne, Mark Brown, Vince Capitano, le directeur Hoyt Cupp, Dynamite Shave, LeRoy Earp, Richard Frazier, Duane Fulmer, Sally Hiblar, Mildred Hillman, le Dr Jarvis, l’inspecteur Jensen, Tom Lydon, Harry Miller, John Mills, Bill Newall, Andrew Newton, le Dr Allen Roe, le lieutenant Lawrence Salchenberger, l’évêque Seeley, Linda Strokes, le capitaine Wadman, le capitaine Harold Whitley, Tolly Williams, le Dr Joe Winter ont aussi été interviewés. Pour des raisons de construction du livre, ils ne figurent pas (à part une allusion parfois à leur nom) dans les pages de cet ouvrage, mais leur influence n’en a pas été diminuée pour autant. De nombreux déplacements ont été effectués à la prison d’État de l’Oregon pour interviewer les gardiens et les prisonniers qui avaient connu Gilmore au cours des nombreuses années qu’il avait passées dans cet établissement, et l’auteur a été grandement aidé dans sa compréhension de la vie carcérale, du côté officiel par le directeur Hoyt Cupp qui a fourni une coopération précieuse et notamment en faisant part de son opinion personnelle sur les conditions d’emprisonnement, par le capitaine Whitley, le lieutenant Salchenberger et les responsables des quartiers de haute surveillance, par Paul J. Akins, Vince Capitano, LeRoy Earp, Andrew Newton et Tolly Williams pour leurs souvenirs de Gilmore lorsqu’il partageait leur détention. L’auteur doit aussi beaucoup à Duane Fulmer qui a fourni un manuscrit clair, bien écrit et extrêmement détaillé de la vie à l’École de garçon MacLaren. Ces contributions, si elles n’apparaissent pas directement dans le livre, ont constitué une matière indispensable, un ensemble de documentation personnelle qui ont permis de mieux comprendre certains des agissements de Gilmore dans les neuf derniers mois de sa vie. Il faut ajouter à cela les lettres de Jack H. Abbott, un détenu qui a passé une grande partie de sa vie dans les prisons de l’Ouest et qui m’a adressé une série de lettres exceptionnelles, tout à fait dignes d’être publiées, qui définissent le code, la morale, l’angoisse, la philosophie, les pièges, l’orgueil et la recherche de l’inviolabilité chez les détenus endurcis, et ce dans une langue dont je n’ai pas rencontré l’équivalent dans la littérature de prison de ces dernières années.
Mikal Gilmore a été assez aimable pour me communiquer son article publié dans Rolling Stone du 10 mars 1977, au sujet des visites qu’il avait faites à son frère, et Sam Smith m’a autorisé à visiter sa prison.
Il convient aussi de faire une mention toute particulière de Colleen Jensen et de Debbie Buschnell pour avoir consenti à me faire un portrait de leurs maris et se contraindre par-là même à revivre les heures les plus douloureuses et les plus bouleversantes de leur existence. Aucune interview n’a été plus pénible tant pour l’interviewé que pour l’interviewer et aucune n’a été plus précieuse pour l’équilibre de ce livre.
Pour leur assistance dans la recherche de la documentation et dans la dactylographie, il convient de remercier aussi Janet Barkas, Dean Brooks, Sœur Bernadette Ann, Clayton Brough, Murray L. Calvert, Molly Malone Cook, Peter Frawley, Kathleen Garrity, Lenny Hat, Jere Herzenberg, Diana Broede Hess, Susan Levin, Francis Lorsen, Mary Oliver, Donna Pode, Dave Schwendiman, Martha Thomases et Mike Mattil qui a fait un gigantesque travail de correction littéraire avec un talent et une rapidité extraordinaires.
À ceux qui ont bien voulu lire et commenter ce manuscrit : Noms Church, Berbard Farbar, Carol Goodson, Robert Lucid, Scott Meredith, Stephanie Schiller et John T. Williams s’adresse ma gratitude sans bornes. J’aimerais ajouter ici le nom de Judith McNally, qui non seulement a lu et commenté ce manuscrit, mais a passé dix ans à travailler pour moi en tant que secrétaire, enquêteuse, documentaliste et lectrice. Sans elle ce livre n’aurait pu être écrit en quinze mois.
Je voudrais enfin saluer la mémoire de cet admirable et fin passionné de littérature qu’était Larned G. Bradford, de chez Little, Brown, qui a disparu le 12 mai 1979. Il a été mon éditeur-conseil pendant dix ans, et il aurait été content de voir cet ouvrage publié.