Quatre mois après le matin où Kathy Maynard découvrit Nicole au lit avec une overdose de somnifère, les journalistes arrivaient encore avec leurs magnétophones. Leur intérêt pour Nicole était grand et la curiosité concernant Kathy elle-même assez mince, mais c’est une technique de certains intervieweurs que de commencer par poser à chaque témoin, important ou non, de nombreuses questions sur sa vie.
INTERVIEWEUR : Quel âge aviez-vous quand vous vous êtes mariée ?
KATHY MAYNARD : Seize ans.
INTERVIEWEUR : Pourquoi vous êtes-vous mariée à seize ans ?
KATHY MAYNARD : Parce que mes autres amies le faisaient.
INTERVIEWEUR: Et qui avez-vous épousé ?
KATHY MAYNARD : Tim Mair, de Heber City.
INTERVIEWEUR : Quel âge avait-il ?
KATHY MAYNARD (en ricanant) : Dix-sept ans.
INTERVIEWEUR : Dix-sept ans, et qu’est-ce qu’il faisait ?
KATHY MAYNARD : Il travaillait dans une scierie.
INTERVIEWEUR : Et où l’avez-vous rencontré ?
KATHY MAYNARD : Devant l’école. Sur une pelouse.
INTERVIEWEUR : Combien de temps êtes-vous sortie avec lui avant de l’épouser ?
KATHY MAYNARD : Environ un mois.
INTERVIEWEUR : Où vous êtes-vous mariés ?
KATHY MAYNARD : Chez lui, à Heber.
INTERVIEWEUR : Pourquoi vous êtes-vous mariés chez lui et non pas chez vous ?
KATHY MAYNARD : Parce que ma mère habitait un motel.
INTERVIEWEUR : Votre mère était-elle heureuse de ce mariage ou non ?
KATHY MAYNARD : Non, elle était très secouée : elle ne voulait pas que je me marie.
INTERVIEWEUR : Combien de temps êtes-vous restés mariés ?
KATHY MAYNARD : Ohhhhh, voyons… trois mois.
INTERVIEWEUR : Vous aviez couché avec lui avant de vous marier ?
KATHY MAYNARD : Oh ! que oui. (Ricanement.)
INTERVIEWEUR : Bon. Et, hum, qu’est-il advenu de ce mariage ?
KATHY MAYNARD : Il s’est tué.
INTERVIEWEUR : Il s’est tué ?
KATHY MAYNARD : Hé oui.
INTERVIEWEUR : Alors que vous étiez mariés ?
KATHY MAYNARD : Hé Oui.
INTERVIEWEUR : Pourquoi ? Je veux dire, qu’est-ce qui s’est passé… Qu’est-ce qui est arrivé ?
KATHY MAYNARD : Eh bien, il buvait et ce jour-là, on allait à Provo, faire des courses de Noël… En revenant de Provo, il s’est arrêté pour s’acheter un couteau de chasse, et sur le moment je n’ai pas fait attention…
INTERVIEWEUR : Bon.
KATHY MAYNARD : Et en revenant on s’est disputés parce qu’il ouvrait toujours la vitre et qu’il faisait froid, alors quand on est rentrés chez maman… il a recommencé à se disputer avec moi. Ma mère dormait, elle travaillait de nuit, alors je lui ai juste demandé de se calmer un peu, vous comprenez… de bien vouloir parler plus bas pour ne pas la réveiller. Alors il s’est mis en colère et il est sorti. J’étais au lit. Il a fait demi-tour et il est revenu. Il a allumé l’électricité, il avait son couteau à la main et il a dit : « Regarde », et il s’est poignardé.
INTERVIEWEUR : Comme ça, devant vous ?
KATHY MAYNARD : Hé oui. Kevin, remets le beurre de cacahuètes à sa place !
INTERVIEWEUR : Vous avez une idée de la raison pour laquelle il a fait ça ?
KATHY MAYNARD : Je ne sais pas… Une fois il s’est tiré une balle dans le pied.
INTERVIEWEUR : Alors que vous étiez mariés ?
KATHY MAYNARD : Avant qu’on se marie… parce que j’étais avec un autre type.
INTERVIEWEUR : Bon.
KATHY MAYNARD : Kevin, va jouer dehors une minute.
INTERVIEWEUR : Vous vous êtes fait des reproches ?
KATHY MAYNARD : Oh ! pendant pas mal de temps parce que ça m’a plutôt secouée et je me disais, ma foi, si je ne m’étais pas disputée avec lui…
INTERVIEWEUR : Oui, oui.
KATHY MAYNARD : Et puis, je ne sais pas, après avoir parlé à pas mal de gens je me suis rendu compte qu’il était malade et qu’il avait besoin d’être soigné.
INTERVIEWEUR : Comment s’est-il poignardé ?
KATHY MAYNARD : Eh bien, il s’est enfoncé le couteau dans le ventre. On n’a pas pu arrêter l’hémorragie, alors il est tombé dans le coma et puis la perte de sang…
INTERVIEWEUR : Est-ce qu’il est mort dans le… l’appartement ?
KATHY MAYNARD : Oh non, il est mort à l’université d’Utah… à Salt Lake…deux jours plus tard.
INTERVIEWEUR : Deux jours plus tard ?
KATHY MAYNARD : Hé Oui.
INTERVIEWEUR : Et… euh… vous n’étiez pas enceinte à cette époque ?
KATHY MAYNARD : Si, j’étais enceinte… mes jumeaux étaient de Tim.
INTERVIEWEUR : Vous saviez que vous étiez alors enceinte ?
KATHY MAYNARD : Non !
INTERVIEWEUR : Combien de temps après sa mort avez-vous su que vous étiez enceinte ?
KATHY MAYNARD : Ohhh ! apporte-moi le beurre de cacahuètes et le couvercle, tu veux ? Il y avait un mois je n’avais pas eu mes règles mais je ne m’inquiétais pas parce que ça m’était déjà arrivé avant…
INTERVIEWEUR : Vous vous en êtes donc aperçue environ deux mois plus tard ?
KATHY MAYNARD : Oui.
INTERVIEWEUR : Vous dites ça avec un soupir…
KATHY MAYNARD : Ohh ! ça m’a foutu un coup. Comme je vous le disais, j’ai épousé Les Maynard deux semaines après la mort de Tim, alors…
INTERVIEWEUR : Vous voulez dire que vous vous êtes remariée tout de suite après la mort de Tim ?
KATHY MAYNARD : J’ai fait la connaissance de Les à l’enterrement de Tim.
INTERVIEWEUR : Vous connaissiez Les Maynard avant ?
KATHY MAYNARD : Je ne savais même pas qui il était.
INTERVIEWEUR : Comment se fait-il qu’il était à l’enterrement ?
KATHY MAYNARD : C’était un ami de Tim. Il le connaissait.
INTERVIEWEUR : Bon. Vous l’avez donc rencontré à l’enterrement ? Que s’est-il passé après cela ?
KATHY MAYNARD : Euh. Euh. (Silence) Eh bien, j’habitais avec ma cousine et son mari… et Les est passé… j’ai pas dessoûlé pendant deux semaines après la mort de Tim…
INTERVIEWEUR : Vous n’avez pas dessoûlé ?
KATHY MAYNARD : Non. (Ricanements.)
INTERVIEWEUR : À la bière, au whisky ou quoi ?
KATHY MAYNARD : Oh ! tout ce qui me tombait sous la main… J’ai pris tout l’argent qui restait de l’enterrement de Tim et j’ai acheté de quoi picoler. Les est resté là avec moi deux semaines et puis on s’est mariés…
INTERVIEWEUR : Pourquoi avez-vous épousé Les ?
KATHY MAYNARD : Je me sentais seule. Je crois que j’avais peur.
INTERVIEWEUR : Et pourquoi vous a-t-il épousée ?
KATHY MAYNARD : Je n’en ai aucune idée… Peut-être parce qu’il me plaignait.
INTERVIEWEUR : Vous n’en avez jamais parlé avec lui ?
KATHY MAYNARD : Non.
INTERVIEWEUR : Et comment était votre mariage avec Les ?
KATHY MAYNARD : Épouvantable.
INTERVIEWEUR : Dès le début ?
KATHY MAYNARD : Eh bien, quand je me suis dégrisée et que je me suis rendu compte de ce que j’avais fait je ne pouvais pas supporter qu’il me touche et je… j’allais tout le temps m’asseoir au cimetière près de la tombe de Tim et j’ai jeté mon alliance sur sa tombe. Ça n’allait pas fort… J’ai filé pour deux mois, ce qui a causé un tas de problèmes, des histoires de jalousie et des trucs comme ça…
INTERVIEWEUR : Quand vous êtes partie, avez-vous commencé à voir d’autres hommes ?
KATHY MAYNARD : Oh non !
INTERVIEWEUR : Vous êtes juste partie pour être toute seule ?
KATHY MAYNARD : Oui.
INTERVIEWEUR : Donc vous n’avez jamais été amoureuse de lui.
KATHY MAYNARD : Ça n’était pas de l’amour. Ça n’était pas possible. Mais je crois que ça a fini par donner autre chose. Après qu’on ait eu les gosses.
INTERVIEWEUR : Les deux premiers ?
KATHY MAYNARD : Hmmm, oui.
INTERVIEWEUR : Et combien de temps avez-vous vécu avec lui ?
KATHY MAYNARD : Deux semaines.
INTERVIEWEUR : Vous n’avez vécu avec Les que deux semaines aussi. Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?
KATHY MAYNARD : Les ? Ah ah, avant-hier.
INTERVIEWEUR : Alors vous le voyez régulièrement ?
KATHY MAYNARD : Hem hem, il est avec ma meilleure amie.
INTERVIEWEUR : Quand il revient vous voir, est-ce qu’il cherche à coucher avec vous ou quoi ?
KATHY MAYNARD : Oh ! non.
INTERVIEWEUR : Est-ce que Les et vous avez divorcé ?
KATHY MAYNARD : On est en train.
INTERVIEWEUR : Qu’est-ce qu’il fait maintenant ?
KATHY MAYNARD : Il travaille dans une station-service à Spanish.
INTERVIEWEUR : Spanish Fork ?
KATHY MAYNARD : C’est ça.
Kathy réveillait Nicole tous les matins. Afin qu’elle puisse partir de bonne heure pour voir Gary, Kathy devait passer car la plupart du temps Nicole n’arrivait pas à se réveiller.
Ce matin-là, Kathy arriva avec la cafetière, frappa et sonna à la porte de Nicole puis regarda par la fenêtre et vit que celle-ci dormait. Elle était allongée à plat ventre sur le divan. On apercevait un peu de son dos nu. Quand Kathy eut sonné un moment, elle essaya la porte. Le verrou était mis, ce qui la tracassa un peu. Elle rapporta le café chez elle, revint et se mit à appeler Jeremy jusqu’au moment où il finit par s’éveiller et par sortir de la chambre. Il était encore à moitié endormi et vint s’affaler sur le divan auprès de sa mère. Il portait un petit pyjama vert et tout ce qu’il voulait, c’était recommencer à dormir. Enfin, au bout d’un quart d’heure, elle réussit à se faire ouvrir la porte par Jeremy, mais quand Kathy entra, secoua Nicole et la retourna, celle-ci ne réagit pas.
Nicole s’était endormie sur une photo de Gary enfermée dans un petit cadre doré, une simple photo en couleur où il portait sa veste bleue de prisonnier, mais il avait l’air bien. À côté de la photo se trouvait une lettre et Kathy vit d’un coup d’œil que c’était une vieille lettre, écrite au début d’août. Elle remarqua la date parce que Nicole lui avait souvent dit combien la première longue lettre de Gary comptait pour elle. Alors Kathy essaya encore une fois de réveiller Nicole. Pendant tout ce temps, Jeremy les regardait toutes les deux.
Kathy finit par appeler Sherry, une autre voisine. Les deux femmes s’approchèrent pour secouer Nicole et se retrouvèrent sur le balcon, en jeans et pieds nus, très inquiètes. Au moment où elles venaient de se décider à appeler le docteur, voilà qu’arriva ce journaliste, Jeff Newman, qui se dirigeait tout droit vers la porte de Nicole. Kathy hurla : « Elle dort. Nicole dort. »
Jeff Newman les regarda d’un drôle d’air et dit : « Elle va bien ? Je suis censé l’emmener à la prison ce matin. » Kathy dit : « Oui, elle est juste fatiguée. » Il reprit : « Je reviendrai dans une demi-heure », et s’en alla. Elles appelèrent alors le médecin de Sherry. Dès l’instant où il entendit le nom de Nicole, il leur dit de téléphoner à l’hôpital.
Les flics couraient dans l’appartement en essayant de trouver des flacons de somnifère et les ambulanciers, sans perdre de temps, installèrent Nicole sur une civière et Kathy s’en alla chercher Jeremy, qu’elle avait déposé chez elle, avec ses gosses. Ils étaient tous en train de manger de la confiture qu’ils avaient prise dans le réfrigérateur. Sur ces entrefaites, Jeff Newman revint. Kathy lui dit : « Je ne sais pas si Nicole serait contente de vous savoir ici. » « Pourtant, je reste », lui déclara-t-il.
Kathy se dit qu’avec des gens comme Jeff, en train de fouiner partout, elle ferait mieux de prendre les lettres de Nicole. Elle alla donc chercher un sac, les fourra dedans et rapporta le tout chez elle. Ensuite Les arriva et Kathy s’en alla chercher du lait pour les enfants. Pendant qu’elle était partie, deux policiers rappliquèrent et dirent à Les qu’ils voulaient les lettres. Peut-être avaient-ils surveillé l’appartement. Ils dirent à Les que Kathy pouvait s’attirer de graves ennuis. Les dit : « Bon, prenez-les. » Plus tard dans la journée, Kathy essaya d’aller voir Nicole à l’hôpital, mais on ne laissait entrer personne, sauf la famille. En fait, Kathy ne devait jamais revoir Nicole.
Pendant le week-end, les conversations avec Gary avaient été pleines de questions littéraires et philosophiques sur la nature de la prison, et ce mardi matin-là, Dennis comptait parler des meurtres. Bien entendu, il était très curieux à ce sujet. Ça lui flanqua un coup quand le journaliste téléphona pour demander ce que M. Boaz pensait de la double tentative de suicide de Gary et de Nicole. Dennis avait complètement oublié « N’aie pas peur de la faucheuse. » Il se dit : « Je ne suis vraiment pas dans le coup. » « Ils ne sont pas morts ? demanda-t-il.
— C’est tout juste », répondit le journaliste.
La veille encore, un ami avait conseillé à Dennis d’obtenir de Gary un accord écrit. Il n’avait pas voulu le demander. Dans des circonstances aussi insolites, un contrat étoufferait toute possibilité de relations humaines convenables. Il devait toutefois reconnaître que Gary commençait à faire preuve d’esprit pratique. La veille, il avait manifesté un certain intérêt pour Susskind, et parlait de Schiller, qui lui avait envoyé un télégramme. Dennis avait perçu un intérêt nouveau dans la voix de Gary. Ce fut pourquoi la tentative de suicide le surprit tant.
Dans la journée les choses ne firent qu’empirer. Un autre journaliste téléphona pour lui annoncer : « Monsieur Boaz, vous figurez sur la liste établie par Sam Smith des gens susceptibles d’avoir fait passer les somnifères à Gilmore. » Dennis se sentit angoissé. Et si, à son insu, la prison avait enregistré ses conversations avec Gary ? On aurait très bien pu prendre sur bande celle où il parlait avec Gary de lui apporter cinquante comprimés de somnifère, mais peut-être pas la suivante où il avait dit à Gary qu’il ne le voulait pas et ne le pouvait pas. À cet instant, Dennis comprit ce que c’était que la main froide et moite de la peur quand elle vous serre les tripes. Ce n’était pas un cliché. Il avait vraiment les tripes serrées par une force extérieure.
À l’hôpital, un type de Newsweek confirma la nouvelle : Boaz était le suspect numéro un du directeur. Puis Geraldo Rivera, de la chaîne de télévision A.B.C., dit la même chose. « Je n’ai vraiment pas besoin de ça », songea Dennis.
Cela devint pour lui une journée d’inquiétude et de grande émotion. À la pensée de Gary mort et de Nicole disparue, Dennis éprouva un tel sentiment de perte qu’il commença à se demander s’il pouvait, en bonne conscience, continuer à exiger que Gary fût exécuté.
Sur ces entrefaites, Geraldo Ribera proposa une interview et ils allèrent dans sa suite à l’hôtel pour en discuter. Afin de ne pas nuire à Gary, Dennis, durant toute la semaine, n’avait pas fumé d’herbe et n’en avait pas sur lui. Il se dit que Ribera connaîtrait peut-être quelqu’un pouvant lui en fournir et, de fait, il y avait un reporter à l’hôtel avec du Phai d’excellente qualité. Dennis en aspira une bouffée comme si c’était l’air du paradis. Mais il y avait toujours la prémisse plus ou moins raisonnable qu’un peu de l’amour de Dieu était enfermé dans l’herbe. Bien sûr, Dennis était ainsi tombé un jour sur un type qui avançait d’intéressantes contre-hypothèses, voulant démontrer que ce qui entrait dans vos poumons sous forme d’amour n’était peut-être qu’un fac-similé offert par le démon. Un argument intéressant, mais tout ce que Dennis savait dans l’immédiat c’était que l’herbe de bonne qualité le réconfortait affectivement. Ça lui allait droit au cœur.
Assis dans la chambre d’hôtel à bavarder avec Geraldo Ribera, il commença à éprouver le sentiment accablant du caractère désespéré de la situation et il éclata en sanglots. Dennis ne pouvait pas se contenir. Il se mit à pleurer bruyamment devant Geraldo. Tout ça était beaucoup plus triste qu’il ne l’avait pensé.
Tamera devait être la première à reconnaître que ça avait peut-être l’air idiot mais que, sur le moment, elle ne se doutait absolument pas que son article allait avoir les honneurs de la une.
Deux mois auparavant, lorsqu’elle avait débuté au Deseret News, elle avait eu sa signature à la une pour un article sur la rupture du barrage de Teton. C’était formidable pour une jeune journaliste. Elle pensait que son reportage sur le barrage de Teton allait être son grand et unique coup et elle n’envisageait même pas qu’il se présenterait quelque chose d’aussi important. Aussi, lundi après-midi, après avoir quitté Nicole, retourna-t-elle au journal où elle se mit à lire toutes les lettres, puis travailla sur son article pendant la nuit sans se préoccuper un seul instant de la place où on le publierait. Toutefois, lorsqu’elle eut fini, à 7 heures du matin, elle aurait dû s’en douter. Il y avait d’autres gens qui travaillaient autour d’elle maintenant, dont deux rédacteurs. Elle espérait simplement que son article toucherait les lecteurs. Mais comme tout le monde était rassemblé autour de son bureau, l’aidant à faire les corrections de dernière minute, cela finit par devenir un de ces articles où la feuille à peine retirée de la machine à écrire on la porte à la composition. Il fut mis sous presse à 8 heures du matin et Tamera s’attarda encore pour aider à trouver des intertitres. Enfin, vers 8 heures et demie ou 9 heures, elle aurait pu aller se coucher mais elle avait envie de voir d’abord son article imprimé. Elle alla donc faire un tour en attendant la première édition.
Tamera finit par se retrouver au Centre des Visiteurs, à Temple Square, où elle monta la rampe. C’était une grande allée en spirale qui s’incurvait si bien en l’air qu’on avait l’impression de monter à l’assaut d’une galaxie. Le plafond était bleu foncé et tout en haut il y avait une énorme statue de Jésus. Un bel endroit. Tamera était allée là autrefois pour être seule et méditer. On éprouvait dans cet endroit un sentiment très doux de paix. On sentait presque des puissances rôder autour de soi. Elle se mit à prier pour que son histoire ait de l’impact et que d’une façon ou d’une autre les choses s’arrangent pour Nicole.
Tamera revint au journal et jamais encore elle n’avait senti une ambiance aussi électrique dans la salle des informations. Elle comprit que quelque chose d’énorme avait dû arriver au moment du bouclage. On était en train de rassembler si vite les éléments d’un article qu’on le tapait directement sur le terminal de l’ordinateur relié à l’atelier de composition. Vraiment dingue. Son rédacteur en chef s’approcha et dit : « Nicole et Gilmore ont essayé de se suicider. Ils sont en réanimation. Commence à faire un petit article. » « Fichtre ! » s’exclama Tamera. Elle s’assit devant sa machine, sans avoir l’idée de ce qu’elle allait pouvoir écrire.
La mort et le suicide, commença Tamera, étaient le principal sujet des conversations du meurtrier Gary Mark Gilmore et de son amie Nicole Barrett durant la semaine précédant leur double tentative de suicide.
Nicole m’a parlé de ces conversations. Lors d’une série d’entretiens privés que nous avons eus durant cette semaine si tendue, elle m’a fait lire les nombreuses lettres qu’elle a reçues de Gilmore, elle m’a raconté combien il l’avait encouragée et rassurée à propos du suicide et elle a discuté en toute franchise de sa propre attitude devant la mort.
En ce moment, mon amie est à l’article de la mort, dans un hôpital de Provo, et le monde entier a les yeux tournés vers elle…
Elle continua à écrire, une page suivant l’autre, relatant tout ce qui lui était arrivé ainsi qu’à Nicole.
Je disposais d’une source d’information que personne jusqu’alors n’avait pu atteindre. Mes émotions étaient diverses. Je la respectais en tant qu’individu mais, comme n’importe quel journaliste, j’espérais bien tirer un bon article. Pourtant, je ne voulais pas faire pression sur elle ni la mettre dans une situation où elle ne désirait pas se trouver.
En la voyant sortir de la prison, en jeans, chandail à la main, et fumant une cigarette, je l’interrogeai sur sa visite et notre conversation commença. Nous sommes montées dans ma Volkswagen et je n’ai pas allumé la radio pour que tout soit silencieux si elle avait envie de parler. Cela m’avait semblé être le cas.
« Quand j’arrive pour le voir, me dit-elle soudain, j’ai l’estomac noué, mais je me sens mieux après. Il est si fort, tellement plus fort que moi. Il me rassure toujours et m’oblige à me sentir mieux. »
Tamera écrivait comme un robot. Elle se dirigea d’ailleurs, ses feuillets en main, jusqu’au terminal d’ordinateur et se mit au clavier sans tout d’abord rien éprouver de spécial. Puis elle fut tout à coup envahie par une intense émotion : elle ne s’était pas doutée un seul instant que Nicole allait tenter de se suicider ce même jour. Absolument pas.
Elle parvint à se calmer, mais tout aussitôt la colère s’empara d’elle : Gary n’était qu’un manipulateur de la pire espèce. C’était une chose, se dit Tamera, que d’essayer de persuader quelqu’un de coucher avec vous, mais faire en sorte de manipuler les autres pour les faire mourir avec soi, c’était de l’égoïsme absolu. Ces lettres, où il se montrait si terriblement jaloux. Il ne pouvait pas supporter l’idée, disait-il, que Nicole rencontre un autre homme, ou Dieu sait quoi ! De l’enfantillage, se dit Tamera, du pur enfantillage !
Sur ces entrefaites, son frère Cardell entra dans la salle des informations. Il travaillait dans le centre et c’était la première fois qu’il venait ainsi la voir. Il avait entendu l’histoire à la radio et s’était dit que Tamera aurait peut-être besoin de lui. Elle serra Cardell dans ses bras et éclata en sanglots. Peut-être pensaient-ils tous les deux à son ancien ami le prisonnier. Plus tard ce même soir, son autre frère téléphona de Vancouver pour la féliciter et lui dire combien sa femme et lui étaient fiers d’elle. Ils faisaient des photocopies des articles pour les envoyer à la famille. Elle découvrit par la suite que toutes les agences de presse avaient repris son article. L’Associeted Press le distribua abondamment, ainsi que l’Observer de Londres, une agence de presse Scandinave, un journal d’Afrique du Sud, une agence de Paris, Newsweek et les Allemands de l’Ouest. Son journal conclut chacune de ces ventes à sept cent cinquante dollars, ce qui représentait plus que le salaire de Tamera jusqu’à ce jour. Excellente opération.
Wayne Watson et Brent Bullock, du bureau de Noall Wootton, se rendirent à l’appartement de Nicole Barrett après avoir reçu un coup de fil de la police à propos des lettres. Ils pensaient qu’il pourrait peut-être trouver là des preuves qui pourraient se révéler utiles dans l’affaire Max Jensen si jamais on devait aussi juger Gary pour ce crime.
De retour au bureau de Noall, Watson et Bullock commencèrent à étudier le matériel, mais après avoir lu les dix premières lettres, ils n’y découvrirent aucun indice. De toute évidence, le type était un individu intelligent, mais les lettres, pour ce qui était de découvrir des preuves nouvelles, étaient sans intérêt. Wayne Watson tomba bien sur un paragraphe qui signifiait quelque chose si on savait qu’en argot des Jacks et des Jills étaient des somnifères. Il prit contact avec un homme du bureau du shérif de Salt Lake, qui menait l’enquête au pénitencier afin de découvrir comment les somnifères avaient été introduits dans la place, et qui lui dit que c’était bien possible que ça soit Nicole qui l’ait fait.
À dire vrai, le plus intéressant de toute l’opération fut que Brent Bullock et Wayne Watson se firent photographier dans la petite salle de séjour de Nicole. On les voyait, chacun accroupi et regardant les lettres jetées à terre, tous deux aussi costauds que des joueurs de rugby professionnels et se redressant comme des poux. De plus Brent exhibait une moustache en guidon de vélo de quinze centimètres. Lorsque cette photo fut publiée, leurs femmes et leurs amis se payèrent leur tête. « Les Sherlock Holmes au travail », s’esclaffèrent-ils.
Kathryne était au travail à Ideal Mobilier quand sa mère, Mme Strong, téléphona. « Tu as entendu la radio ? demanda-t-elle. Tu n’as pas écouté la radio ? » Puis elle lâcha un seul mot : « Nicole ! »
Kathryne s’effondra. Elle se mit à hurler : « Non ! Non ! Non ! » Elle imaginait le pire. Au fond du magasin le grand poste stéréo était allumé, mais en sourdine et elle n’écoutait pas. Elle tendit soudain l’oreille et entendit les mots : « L’amie de Gilmore… suicide. » Kathryne eut une véritable crise de nerfs. Sa mère avait beau hurler dans l’appareil, ce ne fut qu’une fois calmée qu’elle comprit ce qu’elle lui disait : « Elle n’est pas morte, tu sais, elle est à Utah Valley. Je vais passer te chercher. » Kathryne resta prostrée, comme si elle avait eu une commotion. Sa mère arrêta la vieille Lincoln devant le magasin, cette saloperie de Lincoln, la vieille plaisanterie de la famille, et l’emmena. À l’entrée des urgences, à l’hôpital, l’employée de la réception les envoya au second. Lorsqu’elle entra dans la chambre de Nicole, Kathryne ne put retenir un mouvement d’horreur. Cette abominable machine était là une fois de plus. Dire qu’il y avait à peine sept jours, son père était relié au même appareil. Il était mort et c’était au tour de Nicole d’y être réunie.
On donna un peu de valium à Kathryne et un docteur se présenta. Il avait une petite bouche aux lèvres serrées et il déclara que les chances de survie de Nicole étaient de cinquante pour cent. « Ça peut basculer d’un côté ou de l’autre », dit-il. Puis il ajouta : « Nous ne savons pas s’il y a eu lésion cérébrale… Le problème est qu’elle puisse supporter l’appareil qui assure ses fonctions respiratoires… et je ne peux pas le garantir. » On peut dire qu’il ne leur laissait pas beaucoup d’espoir. « Je ne peux rien garantir, conclut-il, tant qu’on n’aura pas réussi à éliminer tout le somnifère de son organisme. » Un policier était assis devant la porte.
Kathryne entrait un quart d’heure dans la chambre de Nicole, puis sortait pour aller s’asseoir dans le couloir pendant que sa mère prenait sa place. Puis elle y retournait. Ça dura tout l’après-midi. Rikki était revenu du Wyoming après l’enterrement du père de Kathryne et il resta dans la salle d’attente du service de réanimation afin d’éloigner les journalistes. On les empêchait de monter, mais une d’elles parvint à se glisser jusqu’au service de réanimation et resta là toute la journée, avec un sac à tricoter à ses pieds. Personne ne savait que c’était une journaliste. Au bout de trois heures, elle dit à Kathryne : « Vous êtes la mère de Nicole ? » Kathryne se contenta de la regarder sans y prêter attention. La femme s’adressa alors à Cathy Kampman : « Vous êtes de la famille de Nicole ? » « Je vous en prie, ne nous ennuyez pas », répondit Cathy. Mais la femme insista : « Nicole a des frères et sœurs ? » Ce fut alors que Cathy comprit. « Vous êtes une reporter de télé, n’est-ce pas ? » Elle avait remarqué que chaque fois que l’une d’elles commençait à parler, la femme se penchait vers son sac et tournait quelque chose. Kathryne entra dans une colère folle, et la fit expulser.
Tout d’abord Charley ne devait pas venir, et puis, à la surprise de Kathryne, il passa vers 3 heures alors qu’elle était allée jusqu’à l’appartement de Nicole. L’infirmière lui raconta que M. Baker était venu et qu’il s’était effondré en voyant Nicole, puis il était parti. Kathryne apprit plus tard que Charley était allé à Pleasant Grove et qu’il y était resté avec Angel et Mike pour le restant de la journée et toute la nuit.
Kathryne ne bougea pas et refusa d’aller dîner. Peu après minuit, elle appela quelques Anciens qu’elle connaissait dans l’Église mormone, et ils vinrent prier avec elle au chevet de Nicole, oignant sa tête d’huile, posant les mains sur son front. Ils prièrent Dieu de lui accorder le rétablissement. Ils ne pouvaient le faire au nom de l’Église étant donné qu’elle avait tenté de se suicider, mais ils demandèrent quand même au Seigneur de les écouter au nom de la foi de tout le reste de la communauté.
Vers 4 heures du matin, sa mère raccompagna Kathryne chez elle où elle resta avec Charley jusqu’à 10 heures, heure à laquelle il la reconduisit à l’hôpital. Mais elle ne voulut pas se reposer, et ne cessa pas d’appeler l’hôpital pour voir s’il y avait un changement.
Le lendemain, il y avait tant de journalistes que Kathryne fut obligée de se dissimuler sous une longue perruque blonde.
DESERET NEWS
Lashville, Tennessee (A.P.) 16 novembre. – Le chanteur populaire Johnny Cash déclare qu’il a essayé d’appeler Gary Gilmore à la prison d’État de l’Utah, pour l’inciter à « se battre pour sa vie », quelques minutes seulement après que le prisonnier ait été découvert inconscient à la suite, semble-t-il, d’une tentative de suicide.
« Je ne sais pas ce que j’aurais dit à un homme qui projetait de se supprimer, dit Cash. Quelquefois ça aide, d’autres fois non. Mais j’aurais essayé de l’en dissuader. » Le chanteur a déclaré que son premier mouvement avait été de ne pas s’en mêler. « Je lui ai dit (à l’avocat) que je ne recherchais pas la publicité. Je pensais que je ferais mieux de m’occuper de mes affaires. Qui, d’ailleurs, recherche ce genre de publicité ? »
Comme Boaz insistait, en disant que son client voulait absolument voir Cash, le chanteur déclara qu’il avait décidé d’appeler la prison.
Dès l’instant où Brenda entendit la nouvelle, elle se mit à téléphoner d’heure en heure, mais tout ce que l’hôpital où se trouvait Gary, à Salt Lake, voulut bien lui dire, c’est qu’il était encore en vie. Brenda demanda : « Si je viens, est-ce que je pourrai le voir ? » On lui répondit : « Pour être sûre d’entrer, ce ne sera qu’accompagnée du gouverneur. » Elle demanda si elle pouvait au moins parler à une des infirmières qui le soignaient, et on finit par lui en passer une. « Voudriez-vous, je vous prie, dire à Gary que Brenda a téléphoné et que je pense à lui tendrement, fit-elle. J’aimerais qu’il lutte pour sa vie. » Elle ne sut jamais si l’infirmière avait transmis le message.
À l’hôpital, on était à peu près persuadé que Gary n’avait pas fait une vraie tentative de suicide. D’après leurs estimations, il avait pris la moitié d’une dose mortelle, vingt comprimés environ ; deux grammes. Trois grammes représentaient une dose mortelle à cinquante pour cent, c’est-à-dire que la moitié des gens qui absorbaient une telle quantité en mouraient. Comme Gilmore était un grand gaillard, ses chances de réussir avec deux grammes étaient faibles. D’ailleurs, il avait pris les comprimés juste avant l’appel du matin. C’était suspect. Nicole semblait avoir absorbé la même quantité mais beaucoup plus tôt, et elle était dans un état autrement plus sérieux. Elle pesait à peine quarante-cinq kilos et lui près du double.
On interviewait Sam Smith, le directeur de la prison.
L’INTERVIEWER : Avez-vous une idée de la façon dont il a pu se procurer le produit ?
LE DIRECTEUR : Eh bien, il y a un certain nombre de possibilités. Il aurait pu accumuler les médicaments qu’on lui aurait ordonnés, les mettre de côté et les absorber ; il aurait pu aussi se les procurer peut-être par d’autres détenus du quartier de haute surveillance, mais il est possible qu’il se le soit procuré grâce à ceux qui venaient lui rendre visite.
L’INTERVIEWER : Serait-il facile pour quelqu’un d’apporter des médicaments aux détenus ?
LE DIRECTEUR : Ma foi, il est pratiquement impossible d’empêcher quelqu’un de cacher sur sa personne ou dans une cavité naturelle quelque chose d’aussi petit que des comprimés.
L’INTERVIEWER : Est-ce que les visiteurs, pourtant, ne sont pas fouillés lorsqu’ils viennent les voir ? le directeur : Oui, ils sont fouillés, mais ça ne veut pas dire qu’on puisse explorer chacun de leurs orifices naturels et s’assurer qu’ils n’y dissimulent pas des médicaments.
L’INTERVIEWER : En tant que responsable du bien-être et de la sécurité de Gilmore, quel est votre sentiment sur ce qui s’est passé aujourd’hui ?
LE DIRECTEUR : Je suis navré, bien sûr, mais je reconnais d’un point de vue réaliste que lorsque les gens veulent se tuer, il est assez difficile de les en empêcher pendant longtemps.
L’INTERVIEWER : Je vous remercie, Sam.
Après cette interview, la presse se déchaîna. Un reporter fit observer que quand on écoutait Sam Smith, on n’avait pas besoin de somnifères.
La plaisanterie, parmi les journalistes, c’était que de chercher une adresse dans une ville de l’Utah, c’était comme essayer de repérer les coordonnées d’artillerie sur une carte. Par exemple, 2575 Nord 1100 Ouest. « Ici, monsieur, écrivit Barry Farrell dans son cabinet. Vous avez la bonne adresse. C’est simplement que vous n’êtes pas dans la bonne ville. » Barry Farrell, qui était là pour faire un article pour New West, en était à un tel point d’exaspération que sa plus grande distraction était de prendre des notes. Il abhorrait Salt Lake. « Il y a dans cette ville un côté helvétique, écrivait-il, une complaisance que les gens de la Côte Ouest trouveraient sans doute extrêmement agaçante. S’enivrer ici, c’est comme s’inscrire pour une cure de désintoxication. » Puis il ajoutait : « Après 1 heure, le seul bruit qu’on entende en ville, c’est le crépitement des enseignes au néon. »
C’était difficile d’obtenir des renseignements. Tout était bouclé. Farrell ne se rappelait pas beaucoup d’enquêtes où le centre d’intérêt d’une affaire semblât si éloigné. Il n’avait pas été journaliste à Life pendant des années sans réussir à s’introduire dans pas mal d’endroits. Souvent il parvenait à obtenir des interviews là où d’autres échouaient. Mais là, pas la moindre interview. Dans son carnet de notes Farrel écrivit : « On ne peut qu’imaginer combien Gilmore a dû trouver cela étouffant… La claustrophobie vous étreint quand on se trouve sans occasion de pécher. »
Earl Dorius était naturellement préoccupé de savoir comment les somnifères étaient parvenus à Gilmore et il téléphona au directeur de la prison pour s’informer. Sam Smith lui dit que les principaux suspects étaient Nicole Barrett, Dennis Boaz, Vern Damico, Ida Damico et Brenda Nicol. Dorius le remercia de ces renseignements.
Lorsque Gibbs apprit la nouvelle, il repensa à une discussion avec Gary sur les moyens de passer en douce des médicaments en haute surveillance. Il était d’avis, se rappela-t-il, d’utiliser des balles.
Ce soir-là, quand le gros Jake se trouva de garde, il dit à Gibbs que les gens de la prison étaient idiots. Voyons, la police de Provo avait prévenu le pénitencier que Nicole s’était procuré deux ordonnances de somnifères la veille de ces tentatives de suicides. Pourtant on ne l’avait pas fouillée à fond. Le gros Jake regarda Gibbs et ajouta : « Je parierais que c’est toi qui lui as appris comment faire passer la camelote. » Le gros Jake eut un grand sourire et s’éloigna.
DESERET NEWS
La plupart des lettres réclament la clémence.
16 novembre. –… Un habitant de Minneapolis a demandé pourquoi Gilmore devrait être le seul à être exécuté alors que d’autres tueurs condamnés vivent encore.
« L’ancien lieutenant William Calley, convaincu du meurtre avec préméditation d’au moins vingt-deux êtres humains de race orientale se promène maintenant dans les rues », écrivait-il. Par une ironie du sort, George Latimer, président de la commission des grâces, qui doit décider du sort de Gilmore, était le principal avocat civil de Calley.
DESERET NEWS
16 novembre. – Les Filles de la Sagesse de Litchfield, dans le Connecticut, parlant de Gilmore, ont déclaré : « Nous sommes persuadées qu’il est destiné à faire quelque chose de valable pour l’humanité. Il lui faut du temps pour découvrir ce qu’est ce quelque chose. »
DESERET NEWS
16 novembre. –… Le père de Max Jensen, David Jensen, fermier de l’Idaho et président de paroisse dans l’Église des Saints du Dernier Jour, a déclaré : « La mort de notre fils nous a consternés, mais c’est une chose que nous acceptons. Nous ne voudrions certes pas être à la place des parents de Gilmore. »
DESERET NEWS
16 novembre. – La veuve de Buschnell, qui attend un autre enfant pour le début de l’année, est partie pour la Californie vivre avec sa belle-mère. Des membres de sa famille affirment qu’elle s’effondre lorsqu’on prononce le nom de son mari.