Pièce à quatre mains


— Maman ?

— DeDe, Dieu merci ! Où es-tu ?

— À Nome. Écoute, maman…

— Tu les as trouvés ?

— Non. Pas encore. Je rentre, maman. Je voulais juste que tu saches…

— C’est affreux ! Oh, mon Dieu, c’est affreux, DeDe. Je croyais que tu avais dit que tu pourrais…

— J’ai essayé, maman. Je croyais que c’était possible…

— Tu es folle ! J’appelle la police immédiatement. Nous ne devons pas continuer à nous occuper de ça nous-mêmes. Je me fiche de rendre cette affaire publique. Je ne…

— Il ne s’agit pas de publicité, maman, mais de M. Starr. Nous ne pouvons pas nous permettre la folie qui consisterait à ce qu’il soit mis au courant par la presse.

— Alors tu vas le laisser filer avec tes enfants ! Je n’ai jamais entendu de telles sottises ! Tu as perdu tout sens commun, DeDe. Quand on ne fait pas confiance à la police à ce point, c’est qu’on…

— Je fais confiance à la police, maman. Mais je connais M. Starr.

— Tu ne l’as jamais rencontré !

Silence.

— Je crois que je l’ai rencontré, maman.

— Mais enfin, qu’est-ce que tu me chantes, DeDe ? Je t’en prie, ma chérie… Tu me fais peur !

— Excuse-moi, maman. J’ai essayé de te protéger, mais maintenant, j’ai besoin de ton aide. Je veux que tu sois très courageuse. Tu peux faire ça pour moi ?

— Bien sûr que oui. De quoi parles-tu ?

— Emma est là ?

— Évidemment. Elle est toujours là.

— Tu n’es pas seule, donc. Te reste-t-il des Quaaludes ?

— DeDe…

— Je veux que tu en prennes un après avoir raccroché.

— DeDe, j’appelle la police immédiatement après ton coup de fil. Tu n’es plus responsable de tes actes, c’est tout à fait clair, et je refuse de…

— Maman ! Assieds-toi !

— Je suis assise.

— Très bien. Maintenant écoute-moi, maman. Et s’il te plaît, ne pleure pas !

— Je ne peux pas m’en empêcher.

— Je reviens demain matin. Je veux que tu saches qui est M. Starr de façon à ce que nous puissions en discuter rationnellement quand je serai revenue. Contente-toi d’écouter. Nous n’avons pas de temps à perdre.

 

— Mouse ? C’est Mary Ann.

— Ah, enfin ! Où es-tu ?

— À Nome. On ne les a pas retrouvés. Nous avons fait tout ça pour rien.

— Ils sont ici, Babycakes ! Quelque part par ici.

— Quoi ?

— Jon les a vus sur le bateau au retour. Jon Fielding. C’est le médecin de bord du Sagafjord !

— Tu me fais marcher !

— J’aimerais bien ! Personne n’a vérifié s’ils étaient à bord ? Je veux dire : apparemment, ce n’est pas du tout un enlèvement. En attendant, on a une jeune dame pas contente du tout à la cave.

— Je sais. Je m’en occuperai. Jon en est sûr ?

— Certain.

Silence.

— Alors on fait quoi, mon ange ?

— Mon Dieu !

— Ce n’est pas une réponse, je le crains.

— Écoute, Mouse… Est-ce que Jon savait où ils allaient ?

— Il a pensé qu’ils retournaient à Halcyon Hill.

— Tu parles !

— Il a dit à Jon qu’il était un ami de la famille.

— Eh bien non, Mouse. Il a menti. Ce type est fou à lier. Il a enlevé les enfants.

— Et ils sont revenus comme si de rien n’était sur un paquebot de croisière jusqu’à San Francisco.

— Mouse… Je sais que ça paraît dingue… Mais c’est parce qu’il est dingue. Il y quelque chose qui cloche.

— Je ne vais pas discuter.

— En tout cas, les mômes sont sains et saufs.

— Mmm. Bambi sera soulagée d’apprendre ça, aussi.

— Mon Dieu, Mouse… Je suis vraiment désolée.

— On la libère, alors ?

— Euh… Non. Je veux dire : les gosses n’ont toujours pas été retrouvés et… Mon Dieu, je n’arrive plus à raisonner. Autant la garder jusqu’à mon retour, demain. Je préfère m’expliquer sur place. Dis à Mme Madrigal de ne pas s’inquiéter, s’il te plaît… Et à Brian que je l’aime. J’ai essayé de le joindre chez Perry’s, mais c’est constamment occupé.

— Je lui dirai que tu as appelé. Ne fais pas de bêtises, Babycakes.

— Toi non plus. Tu me manques.

— À moi aussi, avoua Michael.

— Au fait, demande à Jon…

— Il reste pour le mariage, l’informa Michael.

— Super.

— Dans l’ancienne chambre de Burke.

— Moins super.

— Ah, ne t’y mets pas toi aussi !