Il était là. Le message. Si visible. Comme un cri. Appuyé contre le miroir de la coiffeuse. Ariah ne comprendrait jamais comment, ou pourquoi, elle ne l’avait pas remarqué plus tôt.
Sur le papier à en-tête rose de l’hôtel, tracés d’une écriture hâtive, gribouillée, dans laquelle Ariah n’aurait pas tout de suite reconnu celle de Gilbert, il y avait ces mots :
Ariah je regrette… je ne peux pas…
J’ai essayé de t’aimer
Je vais où ma fierté doit me conduire
je sais… tu ne peux pardonner
Dieu ne pardonnera pas
Je nous libère ainsi tous les deux de notre serment.
Sur le tapis, au-dessous, un stylo en argent marqué d’un monogramme. Il avait dû être jeté en hâte sur la coiffeuse et rouler sur le sol.
Très longtemps (cinq minutes ? dix ?) Ariah resta pétrifiée, tenant le message d’une main tremblante, le cerveau vide. Puis elle se mit enfin à pleurer, de vilains sanglots rauques qui la déchirèrent.
Comme si, en fin de compte, elle l’avait aimé ?