7

Lorsque Rachel s’en fut dans la grange chercher un sac pour le ginseng, elle constata, pour le troisième matin d’affilée, qu’il n’y avait pas un seul œuf sous ses deux poules naines et sa rousse de Rhode Island. Un renard, une belette ou un chien aurait aussi tué les poules, et elle se dit qu’il devait plutôt s’agir d’un opossum ou d’un raton-laveur, ou alors d’une couleuvre agile, cherchant à faire ses provisions de graisse pour l’hiver. Elle trouva son sac et quitta la grange. Elle songea à suivre son idée d’aller prendre la canne à pêche et de se mettre en quête d’un œuf de pintade. Le ciel était bleu comme une aile de geai, la journée la plus tiède de la semaine, mais au lieu de monter, la fumée de la cheminée plongeait vers le sol, donc le temps était sur le point de changer, peut-être dès cet après-midi. S’il y avait une nouvelle chute de neige, elle aurait le plus grand mal à trouver son ginseng et elle ne pouvait pas prendre un tel risque, aussi s’en fut-elle chercher la pioche dans l’appentis, sans toucher à la canne à pêche. Encore une chose à faire quand je reviendrai, se dit-elle.

Elle enveloppa Jacob dans ses langes et ils traversèrent un pâturage dont les fils de fer barbelés ne servaient plus désormais à contenir le moindre animal ; c’était la première fois de toute sa vie qu’elle le voyait vide. Elle remarqua que les arbres vers lesquels ils se dirigeaient avaient à présent pris leurs teintes automnales, formant un dais aussi vif et varié qu’un de ces bocaux en verre où l’on met les vieux boutons. Assez vite, le terrain monta à l’assaut de la face nord de la crête de Colt Ridge. Ils s’enfoncèrent dans un bosquet de bouleaux argentés et de tsugas, que Rachel traversa sans ralentir. Loin en direction de Waynesville, elle entendit un sifflet et se demanda s’il s’agissait du train de la compagnie forestière. Elle songea à Bonny et Rebecca, les deux filles avec qui elle avait travaillé dans les cuisines du camp, et sentit à quel point leur présence lui manquait. Et aussi celle de Joël Vaughn qui avait parfois tendance à jouer les je-sais-tout, mais s’était toujours montré très gentil avec elle, pas seulement au camp, mais avant, quand ils étaient gosses à Colt Ridge et fréquentaient l’école primaire. Il lui avait même envoyé une carte pour la Saint-Valentin, quand ils avaient onze ans. Elle se rappela qu’au camp, lorsque son ventre avait commencé à s’arrondir et que pas mal de gens lui avaient battu froid, Joël était resté son ami.

La pente devenait plus raide, la lumière faiblissait, se séparait en bandes, comme si on l’avait découpée avec des ciseaux pour la tresser à la crête, morceau après morceau. Bientôt des peupliers et des noyers d’Amérique remplacèrent les arbres à bois tendre. Rachel vit un buisson d’hamamélis et s’arrêta pour arracher quelques feuilles dont l’odeur âcre fit remonter des souvenirs de baume pour la poitrine et de journées passées au lit quand elle était malade. La mousse tapissait les affleurements granitiques de sa peluche vert sombre. Elle avançait lentement, cherchant du regard non seulement la plante jaune quadrifoliée, mais aussi la sanguinaire du Canada et l’osmonde cannelle et d’autres plantes encore qui, comme son père le lui avait appris, signalaient les endroits où poussait le ginseng.

Elle trouva d’abord la sanguinaire, à l’ombre d’un rocher en saillie où filtrait une source. Elle extirpa soigneusement les plantes du sol et les déposa dans son sac. Lorsqu’elle rompit une tige par mégarde, le jus rouge, qui servait à confectionner des toniques, lui souilla les doigts. Un écureuil se mit à crier dans un arbre un peu plus haut sur la crête et un autre ne tarda pas à lui répondre.

Rachel traversa prudemment le terrain marécageux. Une salamandre orange sortit de sous un tapis de feuilles de chênes humides. La jeune fille se rappela que son père lui avait dit un jour qu’il ne fallait jamais faire de mal aux salamandres aux abords d’une source, car elles en gardaient l’eau pure. De l’autre côté du rocher en surplomb, elle trouva d’autres sanguinaires et de grosses touffes d’osmonde cannelle. Lorsqu’elle s’avança parmi elles, elle eut l’impression de marcher à travers des plumes de paon. Elles faisaient entendre un bruissement ténu contre sa robe et ce murmure dut apaiser Jacob, car ses yeux se fermèrent.

Elle pénétra dans un nouveau bosquet d’arbres à bois dur et enfin elle vit la plante qu’elle cherchait, ses feuilles jaunes chatoyant contre la pénombre de la forêt. Jacob dormait à présent et elle le posa sur le sol, desserrant un peu les langes qui l’enveloppaient afin de pouvoir en tirer un morceau pour appuyer sa tête. Elle creusa sur une bonne quinzaine de centimètres tout autour du pied de ginseng, afin d’être sûre de ne pas couper la racine. Puis elle retroussa sa robe jusqu’aux cuisses et s’agenouilla devant sa trouvaille, empoignant le manche de sa pioche à quelques pouces à peine de la pointe d’acier pour dégager la terre tout autour de la tige avant de tirer du sol une racine pâle qui ressemblait à une carotte veinée. Elle retira les baies de la plante de ginseng et les plaça au fond du trou avant de les recouvrir et de passer à la suivante.

Ils restèrent dans ce bois jusqu’au moment où des nuages sombres commencèrent à s’amonceler au-dessus de la crête. Rachel avait alors déterré tout le ginseng de l’endroit et cueilli les autres plantes dont elle avait besoin. Lorsqu’elle repartit en sens inverse, son dos lui faisait déjà mal et elle savait que ce serait encore pire le lendemain. Mais le sac en toile était au quart plein, soit au moins deux livres de racines qu’elle vendrait à M. Scott une fois qu’elles auraient séché pendant un mois dans sa grange. Jacob était à présent bien éveillé et se tortillait dans ses langes, si bien que sa mère avait de plus en plus de mal à tenir son sac et sa pioche de sa seule main gauche.

« Y en a plus pour longtemps, va, dit-elle, autant à elle-même qu’à l’enfant. Faut juste ranger la pioche dans la grange et aller porter la sanguinaire à la veuve. »

Au moment où ils regagnaient le pâturage, Rachel entendit des chiens aboyer quelque part dans les bois les plus éloignés et elle se demanda si c’étaient ceux qu’elle avait vus au cimetière. Elle hâta le pas, se remémorant une histoire qu’on lui avait racontée, dans laquelle des chiens errants emportaient un enfant qu’on avait posé par terre, en bordure d’un champ. On n’avait jamais retrouvé le bébé, juste les lambeaux ensanglantés de sa couverture. Elle surveilla la ligne des arbres le temps de quitter avec son fils le pâturage. Elle appuya au passage la pioche contre le mur de la grange et ils poursuivirent leur chemin jusqu’à la cabane de la veuve.

« Je vous ai apporté de la sanguinaire, annonça Rachel, pour vous remercier de vous être occupée de Jacob l’autre jour.

— Ça, c’est gentil, dit la vieille en acceptant la poignée de feuilles et en les posant dans son évier.

— J’ai aussi d’l’hamamélis, si z’en avez besoin.

— Nan. L’hamamélis, j’en ai à revendre, dit la veuve Jenkins. T’as trouvé beaucoup de ginseng ? »

Rachel ouvrit son sac et lui fit voir les racines.

« Pour combien qu’y en aura, à votre avis, quand y sera séché ?

— Ben, je dirais que Scott, y t’en donnera bien dix dollars, répondit la veuve. Et p’têtre même douze, si son lumbago y fiche la paix.

— J’espérais que ça ferait un peu plus, quand même, dit Rachel.

— Avant que cette Bourse dans le nord, elle se casse la figure, y en aurait p’têtre eu pour plus, mais ces temps-ci, l’argent liquide, l’est aussi difficile à trouver que le ginseng. »

Rachel contempla l’âtre quelques instants. La veuve mettait toujours un peu de bois de pommier dans son feu, non pas parce qu’il brûlait mieux qu’un autre, mais à cause des flammes roses qu’il donnait. Un feu où qu’y a un peu de bois de pommier, c’est aussi joli à regarder que n’importe quel tableau, disait-elle toujours. Rachel sentit le poids de son fils dans ses bras et le compara à la légèreté du sac en toile. Tout à coup, elle sentit s’abattre sur elle comme une vague la fatigue qu’elle n’avait pour ainsi dire pas remarquée jusque-là, occasionnée par cette longue équipée à travers le pâturage et jusqu’en haut de la crête, en portant l’enfant. Elle posa Jacob par terre.

« Ça nous mènera à peine jusqu’au printemps, dit-elle. Dès que j’aurai sevré le petit, faudra que je retourne travailler au camp.

— Nan, je crois pas que tu devrais, répondit la veuve Jenkins. Ça me plaît déjà guère que t’y vas le dimanche, pour assister aux prières.

— J’ai vendu la vache, le cheval et la selle, dit la jeune fille, et maintenant v’là que chais pas quelle vermine, elle me chaparde mes œufs. Je peux pas faire autre chose.

— Et puis d’abord, qu’est-ce qui te fait croire qu’on te reprendra au camp, alors que les gens, y font la queue pour y trouver n’importe quel boulot ?

— J’ai bien travaillé quand j’y étais, fit valoir Rachel. Y s’en souviendront. »

La vieille femme se pencha en avant et poussa un grognement en prenant le petit garçon par terre. Elle s’assit dans son fauteuil canné, au coin de l’âtre, et posa l’enfant sur ses genoux. L’éclat du feu se reflétait dans ses lunettes, ondulant contre les verres comme des pétales de rose.

« Tu crois que ce gars, y va vous venir en aide, à toi et au petit », dit la veuve, d’une voix douce et sans inflexions, si bien que ce n’était ni une question, ni une opinion, mais tout simplement la vérité.

« Même si je le croyais, ça changerait rien à ma décision de retourner au camp, dit Rachel. Faut bien que j’aye un peu d’argent pour vivre. Et le camp, c’est le seul endroit que je connais où que j’pourrai trouver du boulot. »

La veuve Jenkins soupira et serra Jacob contre elle. Elle contempla le feu, pinçant ses lèvres gercées, avant de faire un tout petit signe affirmatif de la tête.

« Alors, voudrez bien garder Jacob, si qu’on m’embauche ? demanda Rachel, avant de faire une pause. Si pouvez pas, je trouverai quelqu’un d’autre.

— J’ai aidé ton papa à t’élever, alors je peux t’aider, toi, à élever ce petit bout, répondit la vieille, mais seulement si t’attends qu’y l’aura un an. Comme ça, y sera vraiment en âge d’être sevré. Et je veux pas que tu me payes pour m’occuper de lui.

— Ah, ben nan par exemple, ça me gênerait de rien vous payer, dit Rachel.

Bon, on verra ça le moment venu. S’y vient. P’t’être que les choses, elles s’arrangeront avant. »

La veuve fit sauter Jacob sur ses genoux. L’enfant s’esclaffa et étendit les bras sur les côtés, comme pour garder son équilibre.

« Mais si qu’on en arrive là, y me causera aucun dérangement, ce petit bonhomme, assura la veuve Jenkins. On est faits pour s’entendre, lui et moi. »

Une fois rentrée chez elle, Rachel étala le ginseng sur le sac en toile pour le laisser sécher. Les corbeaux s’étaient installés dans les arbres et les écureuils étaient enfouis au plus profond de leurs nids. Les bois étaient silencieux et attentifs, on aurait dit que les arbres se serraient les uns contre les autres, comme s’ils attendaient non seulement la pluie, mais qu’on leur raconte une histoire.

« Vaut mieux qu’on le trouve avant l’arrivée de la pluie, cet œuf de pintade, dit Rachel à Jacob. Et pis, tant qu’on y est, on verra comment que vont les abeilles. »

Ils passèrent parmi les arbres situés derrière la maison, s’arrêtant d’abord devant la ruche blanche posée à l’orée du bois. Ce n’était plus comme à la saison chaude, à présent, et Rachel fut obligée de se pencher tout près pour entendre les insectes, dont la masse mouvante bruissait avec autant de douceur qu’un vent paresseux. La peinture de la ruche était écaillée et ternie ; il faudrait s’en occuper avant le printemps prochain, parce que le blanc apaisait les abeilles presque autant que la fumée.

Va falloir que t’y dises, aux abeilles, que l’est mort. Sans quoi, elles partiront, avait déclaré la veuve Jenkins à Rachel le jour de l’enterrement de son père. C’était une chose à laquelle les vieilles gens croyaient et, sans trop savoir si c’était vrai ou non, Rachel l’avait fait. Elle avait retiré sa sombre tenue de deuil et enfilé une robe en lin usée, puis elle était allée dans l’appentis chercher le voile en toile à beurre. Fait d’une mousseline diaphane, il était blanc, comme sa robe. À cette heure-là, presque toutes les abeilles étaient rentrées pour la nuit, quelques rares attardées allant et venant encore, tandis qu’elle approchait de la ruche. Rachel se rappelait la lenteur avec laquelle elle avait ouvert le couvercle, et surtout combien l’odeur était claire et propre, comme de la mousse au bord d’une rivière. Elle avait parlé aux abeilles, calmement, sa voix se fondant dans leurs voix bourdonnantes. Après, quand elle avait regagné la maison dans ce crépuscule de la fin du mois de juin, Rachel avait soudain songé que quelqu’un qui l’aurait vue de loin aurait aisément pu la prendre pour une mariée. Et elle s’était dit aussi que si la distance avait été en mois, plutôt qu’en miles, ce qui l’aurait ramenée à ces midis des mois d’hiver qu’elle avait passés dans le lit de Pemberton, elle aurait pu se le figurer, elle aussi.

Jacob pleurnicha et Rachel sentit les premières atteintes d’un crachin glacé.

« Bon, allons chercher l’œuf », dit-elle à l’enfant.

Il lui fallut quelques minutes, parce que la pintade les cachait avec beaucoup d’habileté, mais Rachel finit par en dégotter un dans un méli-mélo de chèvrefeuille ratatiné. Elle tira la couverture sur la tête de Jacob, car le crachin s’était épaissi, virant au grésil qui lui fouettait le visage. Elle entra dans la grange et posa son fils sur un petit tas de paille. Le chuchotis du grésil sur le toit en tôle créait à l’intérieur du grand bâtiment une atmosphère douillette, on avait l’impression que les grandes poutres qui formaient ses épaules s’étaient rapprochées les unes des autres.

Rachel fit un saut jusque dans l’appentis, où elle détacha l’hameçon et la ligne de la canne à pêche, et retourna dans la grange. Avec le barbillon de l’hameçon, elle fit un petit trou dans l’œuf, puis elle enfonça l’objet entier à l’intérieur du jaune, jusqu’à ce qu’on ne voie plus le moindre petit bout de métal. Ensuite, elle reposa délicatement l’œuf dans la paille et elle attacha les six pieds de ligne à la tête d’un clou. Dire qu’elle devait se donner tout ce mal, parce qu’elle était obligée de vivre si chichement qu’il lui fallait compter le moindre sou, pensa-t-elle avec amertume. Son père et elle avaient traversé des périodes difficiles. Quand Rachel avait sept ans, ils avaient perdu une vache laitière, empoisonnée par des feuilles de cerisier, et quand elle en avait douze, un orage de grêle avait détruit la récolte de maïs. Mais même aux moments les plus durs, il était toujours resté quelques dollars dans la boîte à café rangée sur l’étagère du haut du placard à provisions, il y avait toujours eu une vache ou un cheval que l’on pouvait vendre, dans le pâturage.

Vendez-le, vous devriez en obtenir un bon prix, avait dit Mme Pemberton en tendant à Rachel le couteau de chasse. Et c’était sans doute vrai, on lui en donnerait peut-être autant que pour le ginseng, mais la seule idée de faire ce que lui avait ordonné cette femme la révoltait. Elle préférait encore vendre ses chaussures et aller pieds nus que de sortir pour le vendre ce couteau de la malle où elle l’avait rangé. La veuve Jenkins dirait sans doute qu’elle péchait par orgueil, et peut-être que m’sieur Bolick, le prédicateur, serait de son avis, mais elle avait dû assez souvent ravaler son orgueil au cours des derniers mois pour croire que le bon Dieu ne lui reprocherait pas d’en garder un tout petit peu.

 

Le lendemain matin, Rachel trouva un raton laveur blotti dans le coin de la stalle, avec le fil de pêche qui lui tirait le coin des lèvres. Sa langue rose haletait. Il ne tourna pas la tête, lorsqu’elle ouvrit la porte de la stalle. Seuls ses yeux, au milieu du masque noir, pivotèrent. Pourtant, ce ne furent pas les yeux, mais les pattes de devant qui la firent hésiter. On aurait dit des mains ratatinées et noircies par le feu, mais néanmoins humaines. L’année précédente, son père se serait chargé de la besogne, il aurait fait ce qu’il avait dû faire quand un grand chien était entré dans la basse-cour et avait tué un coq, ce qu’il avait fait quand un poulain était né boiteux. Ce que doivent faire tous les fermiers.

Si tu le laisses partir, y reviendra, se dit Rachel, et cette fois-là tu l’attraperas pas, passequ’un raton laveur, l’est trop malin pour se faire avoir deux fois. Y cherchera la ligne et l’hameçon et y laissera l’œuf piégé, mais y volera tous les autres œufs de la grange. C’est pas comme si j’avais le choix. Rachel songea que d’ailleurs, désormais, c’était vrai dans tous les cas, ou presque ; au début, on avait un choix à faire, mais si on se trompait, comme elle l’avait fait, c’était tout de suite fini. C’est comme quand on essaie de franchir une rivière à pied. Un pas de travers, le pied qui se pose sur un rocher bancal ou dans un creux et pouf, on perd l’équilibre et on se trouve emporté, et ensuite il ne reste plus qu’à tenter de survivre.

Ça devrait pas être comme ça, se dit Rachel, et elle savait que pour quelques personnes, ça ne l’était pas. Elles pouvaient faire le mauvais choix et continuer comme si de rien n’était, aussi facilement qu’une vache écarte une mouche d’un coup de queue. Et ça non plus, ce n’était pas normal. Emportée par sa colère, il lui parut moins difficile d’aller chercher la hache dans l’appentis.

Lorsqu’elle entra dans la stalle, le raton laveur ne bougea pas. Elle se rappela que son père disait toujours que le crâne d’un lynx était si mince qu’on pouvait le fracasser à mains nues. Elle se demanda si c’était vrai aussi pour un raton laveur. Elle tenta de décider s’il valait mieux se servir du côté épais de la hache ou du tranchant. Elle souleva l’outil de quelques pouces et réfléchit que si elle ratait son coup avec la lame, elle risquait de couper la ligne.

Elle tourna donc le manche de façon à frapper avec le côté opposé. Elle visa, leva la hache, l’abattit et entendit un craquement. L’animal frémit un instant et s’immobilisa. Rachel s’agenouilla et dégagea l’hameçon de sa lèvre. Elle examina la fourrure et sut aussitôt que si le raton laveur était venu quelques mois plus tard, le froid aurait déjà suffisamment épaissi sa fourrure pour qu’elle puisse la vendre à M. Scott. Elle prit la bestiole par la queue, l’emporta derrière la maison et la lança dans les bois.