On avait dit à Serena de garder le lit six semaines, mais au bout d’un mois, elle reprit sa surveillance auprès des équipes d’abattage. Lorsqu’elle descendit les marches de sa galerie, Galloway l’attendait. Ensemble, ils se rendirent à l’écurie et Serena en ressortit montée sur l’arabe, avec l’aigle sur le bras. Elle sortit lentement du camp et Galloway la suivit de sa démarche bancale, telle une ombre indéfectible et résolue. Toute la crête de Rough Fork était déboisée, jusqu’à celle voisine de Wash Ridge. Vues de loin, les forêts de la vallée ne semblaient pas avoir été coupées, mais plutôt broyées par un énorme glacier. Les pluies étaient moins violentes, mais les cours d’eau envasés continuaient à faire de la traversée des basses terres une opération difficile. Les hommes trébuchaient et glissaient pour se relever en jurant et en essuyant la boue qui souillait leurs visages et leurs habits. Deux ouvriers se fracturèrent des os dans cette fange et plusieurs autres y perdirent leurs outils. Un scieur qui avait dans le temps déboisé au bord de la mer déclara que la seule différence entre la vallée et un des marécages du comté de Charlestown, c’était qu’au camp, il n’y avait pas de mocassins d’eau.
Depuis la galerie du bureau, Pemberton regarda Serena et Galloway se frayer un chemin à travers le terrain ravagé et disparaître le long du Cove Creek. À mesure que la matinée s’écoulait, il s’occupa d’une pile de factures et s’entretint par téléphone avec Harris au sujet d’une rencontre avec deux investisseurs en puissance. Toutes les demi-heures, Pemberton quittait sa table de travail pour aller regarder vers l’ouest, là où se trouvait Serena. À onze heures, il fut temps pour lui d’aller voir Scruggs, l’homme responsable du fonctionnement de la scierie depuis la mort de Buchanan. Mais Pemberton répugnait à quitter le camp et pas seulement parce que la santé de sa femme lui donnait du souci. Ce matin-là, Campbell n’était pas venu travailler et, pour autant que Pemberton s’en souvienne, c’était la première fois que cela lui arrivait. Il alla trouver Vaughn et lui demanda de s’installer dans le bureau et de répondre au téléphone. En quittant le camp au volant de sa voiture, il vit Serena et son cheval gravir la crête de Half Acre Ridge. Il se rappela à quel point les bûcherons avaient été étonnés de constater que l’air raréfié des montagnes n’avait pas l’air de la gêner le moins du monde, même au cours de ses premiers jours au camp, lorsqu’elle s’était rendue sur les pentes les plus élevées de la concession. Ils oublient où j’ai grandi, avait-elle dit à son mari.
Quand il arriva à la scierie, Pemberton trouva Scruggs au bord du bassin de flottage, occupé à superviser le travail de deux ouvriers qui guidaient le bois vers le chariot. Maniant leurs piques de huit pieds comme des acrobates, ils se déplaçaient avec rapidité à la surface du bassin, passant d’une grume à l’autre avec une confiance qui semblait se rire des dangers. Pemberton vit que le plus âgé était Ingledew, un chef d’équipe qui travaillait à la scierie depuis qu’elle avait ouvert ses portes. Ingledew portait des bottes de bûcheron dont les pointes en métal accrochaient le bois comme des griffes, mais le tout jeune garçon qui lui servait d’équipier travaillait encore pieds nus, alors qu’il était employé à la scierie depuis un mois.
« C’est Jacob Ballard ?
— Ouais, m’sieur, répondit Scruggs dont la voix laissa percer une certaine surprise. Je savais pas que vous le connaissiez.
— Je me rappelle avoir vu son nom sur le registre des employés, dit Pemberton. Pourquoi n’a-t-il pas encore acheté ses bottes ?
— J’y ai dit et redit, répondit Scruggs, mais ce gamin songe qu’à faire le joli cœur auprès de je ne sais quelle gueuse à Sevierville, tous les dimanches, alors y préfère dépenser tout son argent pour y acheter des colifichets. »
Pemberton et Scruggs regardèrent le garçon traverser pieds nus la surface à peu près invisible du bassin, maniant sa pique comme un harpon qu’il plantait dans les grumes afin de les mettre dans la position voulue pour être chargées sur le chariot, tandis que derrière lui Ingledew s’affairait lui aussi à désenchevêtrer le bois. La plupart des bouchons cédaient assez aisément, mais parfois les grumes étaient aussi solidement agrégées que si on les avait cousues les unes aux autres et c’était l’ensemble qui avançait au lieu d’une seule, obligeant les deux hommes à s’accroupir pour dégager le bois à la main.
« Mais sans ça, y travaille bien, pas vrai, surtout pour un gosse aussi vert, dit Scruggs. Y glisse sur le bassin comme une araignée. »
Pemberton acquiesça en regardant Ballard crapahuter jusqu’à une autre grume, afin d’aiguiller le bois vers le chariot où un troisième larron l’attendait pour la transporter jusqu’au camion. Ballard était maigrichon, mais Pemberton sentait bien, à la façon dont il maniait les grumes, que, comme tant de montagnards, il était doué d’une grande force nerveuse.
Au moment où Pemberton allait repartir, il vit Ingledew défaire un bouchon et libérer le bas du tronc d’un grand peuplier qu’il poussa vers la grume sur laquelle se tenait Ballard. Le peuplier heurta une autre grume plus petite un yard derrière le jeune garçon, laquelle vint à son tour percuter la sienne. Les deux grumes ne firent guère que se toucher, rien de plus, mais cela suffit. Le bois roula et Ballard glissa. Il plongea les pieds les premiers par une légère brèche entre les grumes, comme si l’on avait ouvert une trappe. Les jambes, le tronc, la tête suivirent en un éclair et disparurent, tout sauf une main et quelques pouces de poignet. Sans qu’on sache trop comment, Ballard parvint à se cramponner à sa pique de la main droite. Pendant quelques instants, Pemberton crut que cela le sauverait, car chacune des extrémités de l’outil s’était coincée dans les grumes. Il regarda la main qui serrait la pique, espérant de toutes ses forces que le garçon pourrait tenir bon jusqu’à ce qu’Ingledew ait franchi la distance qui les séparait pour venir à son aide. Lorsque celui-ci se rapprocha, son poids fit bouger le bois près de l’endroit où son camarade était tombé et la brèche où Ballard s’était englouti s’étrécit jusqu’à n’être pas plus grosse que le poing qui passait encore pour se cramponner à la pique.
Cinq secondes de plus et Ingledew aurait peut-être réussi à le tirer de l’eau, mais la main de Ballard lâcha prise et fit un ultime effort pour se raccrocher à une grume, les bouts des doigts arrachant même un morceau d’écorce. La brèche disparut en même temps que la main. Ingledew, frénétique, parvint à écarter quelques troncs, mais Pemberton savait aussi bien que ses employés que sous la surface paisible du bassin, les courants de la rivière tourbillonnaient encore. Ingledew ne cessait de se déplacer, ménageant de nouvelles ouvertures à proximité, tandis que Pemberton et Scruggs scrutaient le bassin pour tenter d’apercevoir un bouchon que Ballard aurait pu secouer ou déranger par en dessous. Et maintenant l’ouvrier préposé au chariot s’était élancé sur l’eau à son tour, mais Ballard resta introuvable. Au bout de vingt minutes, Ingledew et son camarade durent renoncer et regagnèrent le bord.
Scruggs, qui était le seul catholique de tout le camp et peut-être de tout le comté, inclina la tête et se signa.
« Ces saletés de grumes, elles se sont refermées sur le pauvre gamin comme le couvercle d’un cercueil », dit-il doucement.
Pemberton contempla la surface tapissée de bois, si calme à présent qu’on aurait pu croire que les grumes reposaient sur la terre plutôt que sur l’eau. Il lui sembla soudain que la distance entre la terre et le ciel augmentait et cette sensation fut suivie d’un vertige semblable à celui qui lui avait fait perdre connaissance sur le chariot de l’hôpital. L’espace d’un instant, il eut peur de sentir ses jambes céder sous lui. Il ploya légèrement les genoux et inclina la tête, les mains contre ses cuisses, attendant que le malaise soit passé.
« Ça va ? lui demanda Scruggs.
— Oui, donnez-moi juste un instant », dit Pemberton en relevant lentement la tête.
Il s’aperçut que non seulement Scruggs, mais aussi Ingledew et l’autre employé l’observaient. Scruggs tendit la main pour le soutenir, mais Pemberton l’écarta aussitôt. Il prit plusieurs fois sa respiration, au ralenti, et attendit que l’espace séparant le ciel et la terre se referme, se stabilise.
« Voulez vous asseoir un moment dans le bureau, m’sieur Pemberton ? » demanda Scruggs.
Pemberton secoua la tête. Le vertige avait été remplacé par une envie de vomir et il voulait surtout quitter les lieux avant que la sensation n’empire.
« Venez au camp demain et nous vous trouverons un nouveau gars, dit-il en se dirigeant sans attendre vers sa voiture, et cette fois, faites-lui savoir clairement qu’il doit absolument acheter des bottes de bûcheron avec sa première paye.
— Bien, m’sieur », dit Scruggs.
Pemberton monta dans la Packard et parcourut juste assez de chemin pour être hors de portée de regard de la scierie. Puis, il se gara sur le côté de la route, ouvrit la portière et attendit de voir si son estomac était assez solide pour retenir son turbulent contenu.
Une fois de retour au camp, Pemberton apprit que Campbell manquait toujours à l’appel, et il envoya Vaughn régler à sa place un problème que posait le deuxième treuil de téléphérage. Après quoi, il retourna s’occuper de ses factures, mais après s’être levé une troisième fois pour aller regarder par la fenêtre, il remit le chéquier dans le coffre-fort et gagna l’écurie. Il sella son cheval et se rendit à travers les souches et les débris jusqu’à la crête de Wash Ridge, où il trouva Serena en train de parler à un chef d’équipe. La tête de l’aigle, couverte de son chaperon, se tourna vers Pemberton en l’entendant approcher.
« Tu viens t’assurer que je tiens le coup, Pemberton ? demanda Serena en le voyant arriver à côté d’elle.
— Tu en ferais autant.
— Oui, c’est vrai, reconnut-elle en tendant la main pour lui toucher la joue. Mais toi, tu parais bien pâle. Tu te sens bien ?
— Oui, très bien », répondit Pemberton.
Tandis que le chef d’équipe posait à Serena une dernière question, Pemberton songea à la main de Ballard cramponnée à sa pique. Il s’imagina le jeune garçon, suspendu dans l’eau trouble, se demandant s’il valait mieux lâcher prise ou pas, tenter de se sauver tout seul ou attendre d’être sauvé. Ces secondes avaient dû lui sembler aussi longues que des minutes, Pemberton le savait, exactement comme pour lui, quand l’ours l’avait saisi entre ses pattes. Elles se sont refermées sur lui comme le couvercle d’un cercueil, avait dit Scruggs. Oui, c’était tout à fait ça, se dit Pemberton, cette noirceur qui ne laissait aucun espoir.
Le bûcheron hocha la tête pour indiquer à Serena qu’il comprenait. Il ôta son feutre bosselé et retourna auprès de ses hommes, tandis que Pemberton poussait son cheval contre l’arabe.
« Harris a téléphoné, annonça-t-il. Nous ferons la connaissance de nos investisseurs en puissance chez les Cecil, ce week-end.
— Alors, je vais enfin voir le château, dit Serena. Harris a-t-il dit autre chose à leur sujet ?
— Les Calhoun font partie des vieilles familles fortunées de Charleston. Ils viennent passer leurs étés à Asheville et séjournent une partie du temps chez les Cecil, ce qui explique cette rencontre chez eux. Lowenstein est un homme d’affaires new-yorkais qui a particulièrement bien réussi.
— Pourquoi est-il dans le coin ?
— Sa femme est tuberculeuse. »
Pemberton se tut pour regarder les bûcherons s’enfoncer dans les bois plus touffus et il les regardait toujours lorsqu’il reprit la parole.
« Quant au Brésil, Harris m’a dit que ces gens n’envisageaient pas d’investir ailleurs que dans la région.
— Eh bien, il va falloir les faire changer d’avis », dit Serena.
Pendant quelques instants, ni l’un ni l’autre ne dit mot. Les jets et les tourets de l’aigle firent un léger bruit, tandis qu’elle déployait ses ailes. Serena caressa son bréchet du dos de l’index et l’oiseau se calma.
« On a perdu un homme à la scierie, ce matin, dit Pemberton. Un des derniers embauchés, qui plaisait bien à Scruggs.
— S’il plaisait à Scruggs, la perte est regrettable. Il sait reconnaître un bon ouvrier », dit Serena, puis elle se tut un instant et regarda vers l’est, en direction du camp.
« Campbell est revenu ?
— Non, répondit son mari.
— Alors, c’est vrai.
— Quoi donc ?
— Un scieur prétend qu’il nous a laissés tomber, dit Serena. Donnons-lui jusqu’à demain matin, avant d’envoyer Galloway à ses trousses.
— Pourquoi veux-tu le ramener ? S’il ne veut plus travailler pour nous, qu’il aille se faire voir.
— Il sait qui nous avons payé et pourquoi, répondit Serena, ce qui risque de nous poser problème. De plus, il faut bien faire comprendre aux employés la nécessité d’être loyal.
— Campbell saura tenir sa langue. Si Galloway le ramène, les hommes auront l’impression que nous sommes incapables de faire marcher l’affaire sans lui.
— Il ne le ramènera pas », dit Serena, s’adressant à la fois à son mari et à l’homme qui se tenait derrière lui.
Galloway était appuyé contre un châtaignier dont le tronc était plus large que ses épaules étroites. Bien qu’il porte une chemise en denim bleu, il était resté si immobile que Pemberton ne l’avait pas remarqué. Le montagnard ne fit pas le moindre signe, mais Pemberton sut qu’il avait écouté toute leur conversation. Et qu’il écoutait toujours. Pemberton baissa les yeux un instant. Sa main gauche se replia légèrement sur elle-même et il vit que son pouce frottait l’or de son index. Une image lui revint de son enfance, le souvenir d’un génie coiffé d’un turban qui apparaissait quand on frottait une lampe. Il ferma la main complètement et leva les yeux.
« Bon, d’accord », dit-il.
« McIntyre va un peu mieux, annonça Stewart ce soir-là, au moment où l’équipe posait ses outils pour la journée et prenait quelques instants de repos, avant de parcourir le demi-mile qui la séparait du camp. Nous deux, sa femme, on a fait comme vous avez dit.
— L’avez mis au bout d’un bâton ? s’étonna Ross.
— Non, mais on l’a mis au soleil. Y voulait pas quitter sa couche, alors on a sorti la couche et lui avec et on a déposé le tout dans le pâturage à vaches, où y a pas un brin d’ombre.
— Et ça y a fait du bien ? demanda Henryson.
— Pendant quelque temps, on aurait dit que ouais, dit Stewart. Parlait toujours pas, mais l’a quand même ramassé sa hache et s’est mis à couper des bûches pour le feu, seulement au même moment, y a une grande chouette rayée qu’est passée au-dessus du pâturage et qu’y a recollé la pétoche. Y s’est persuadé que l’oiseau annonçait du mauvais à venir. »
Ross se racla la gorge et cracha, indiquant de la tête le quart de mile de souches et de débris, vers le sud, où venaient d’apparaître les Pemberton et Galloway. Celui-ci était à pied, mais les deux autres allaient à cheval, l’aigle perchée sur le bras de Serena, aussi raide qu’une sentinelle.
« Si tu veux quelque chose qu’annonce du mauvais à venir, te voilà servi », lâcha Ross.
Henryson acquiesça.
« On dit que la mort, elle vient toujours par trois et si ces trois-là, c’est pas la mort soi-même, moi, suis le roi d’Angleterre. »
Les hommes se turent, les yeux tournés vers la vallée dévastée, et regardèrent les Pemberton et Galloway passer au-dessous d’eux, le hongre blanc de Serena luisant contre le paysage dénudé, tandis que Galloway fermait la marche, le bord de son chapeau se découpant contre le soleil du soir.
« Visez donc les sonnettes sur le galurin du Petit Moignon, lança Ross. Elles rebiquent comme un crotale qui se prépare à vous déverser dans le corps tout le contenu de ses crocs. »
Henryson se pencha et releva sa jambe de pantalon pour examiner un bleu gros comme le poing que lui avait laissé une branche en le fouettant.
« Moi, je dirais que c’est une bonne chose que le Petit Moignon, il a ces sonnettes, dit-il, surtout si elles nous font une petite secousse, de temps en temps. Au moins, comme ça, on sait qu’il est dans les parages. Pasque ce type-là, y serait capable d’échapper à son ombre. »
Ils gardèrent le silence quelques instants.
« Campbell, l’est pas venu au boulot aujourd’hui, reprit Henryson.
— Et ça, ça y ressemble pas, ajouta Stewart.
— Et ce qu’y ressemble pas non plus, c’est de se coltiner un sac plein de fringues et de laisser sa porte d’entrée ouverte, dit Henryson en baissant sa jambe de pantalon. Vaughn s’est levé dans la nuit pour aller pisser et l’a vu qu’y fourrait le tout dans sa bagnole et qui décanillait. Moi, je pense que Campbell a senti tourner le vent. L’a toujours été vachement malin.
— Comme je t’ai dit, fit remarquer Ross, Campbell, y s’occupera d’abord de soi-même quand ça commencera à sentir le roussi, comme tout le monde.
— Je crois qu’il en avait marre de faire partie de toutes leurs saloperies, dit Stewart. On voyait bien que ces gens-là lui ont jamais plu, même s’y disait rien.
— Y supporteront pas de savoir qu’il a filé comme ça, déclara Henryson, sans quitter des yeux les Pemberton et Galloway.
— Pour ça non, convint Ross. Quand on tient les comptes, on sait où que vont les chèques, y compris ceux que messieurs les sénateurs à Raleigh se fourrent dans la poche.
— Combien de temps tu crois qu’elle va donner à Campbell avant d’y coller le Petit Moignon aux fesses ? demanda Henryson.
— Moi, je dirais une journée, dit Ross, juste histoire de mettre un peu de piment dans l’affaire.
— Y en a qui disent que la maman à Galloway, elle aide à réussir ses meurtres, dit Stewart. Tout ce qu’elle a besoin, la vieille, c’est de bien vous regarder. Et puis ensuite, elle dit à Galloway tout ce qu’y doit savoir. V’là ce qu’on raconte.
— Y a de la probabilité dans ce que tu dis, répondit Snipes, trouvant matière à épiloguer là-dessus. Même que les scientifiques et consorts prétendent qu’y a des gens qu’ont des manières incertaines de savoir les choses.
— Et c’est bien pour ça que tu m’entendras plus jamais l’appeler le Petit Moignon, dit Ross à Henryson, et je te conseille d’en faire autant si tu veux pas suivre le même chemin que tous les autres que le Galloway a pris en grippe. »
Ils regardèrent le petit groupe longer le repli du terrain où le Rough Fork Creek débouchait dans la vallée. Leurs formes semblèrent frémir et se brouiller, à la manière d’un mirage. Puis elles disparurent, comme avalées par l’air ambiant.