84.

J’étais persuadé que les flics rappelleraient, mais je n’ai pas eu de nouvelles. Et je ne doutais pas un seul instant que Sammy allait me passer un savon, pourtant, rien de ce côté-là non plus.

Quelques jours plus tard, Quint m’a demandé de le suivre sur le parking derrière le restaurant et m’a donné une de ses cigarettes.

— Trenton est une petite ville, Zajack, m’a-t-il fait, tandis qu’il s’en allumait une. Les nouvelles vont vite, par ici. Je t’épargne les détails, mais j’ai appris par des relations que la famille de ton copain Sam Contini a fait pression sur les flics pour qu’ils laissent tomber, quand sa nénette l’a dénoncé. Et on m’a chargé de te dire de fermer ta gueule, de te mêler de tes oignons et surtout de ne plus t’approcher de la gamine, compris ?

Je m’apprêtais à tout nier en bloc, mais Quint en savait trop.

— D’où est-ce que tu tiens tout ça ?

— Disons que j’ai reçu un coup de fil – et n’en parlons plus.

Il m’a dévisagé, le regard dur.

— La putain de Mafia, Zajack ! Tu te rends compte ? J’aurais jamais cru ça de toi. Fais gaffe, quand même, si tu veux pas te retrouver à flotter dans le fleuve comme une crotte de chien.

Il a jeté son mégot par terre et l’a écrasé sous son talon, puis m’a laissé contempler le ciel pastel, seul.

J’ai repensé à ces types qui s’affairaient dans le sous-sol de « Joey le Couteau ». Soudain, tout s’éclairait.

On m’a appelé dans le restaurant : on était censés ouvrir dans quinze minutes et il n’y avait pas un burger de prêt.

J’ai balancé ma cigarette par-dessus mon épaule et je suis rentré.