HUITIÈME PARTIE

72.

Un matin de juin, la sœur nous annonce qu’elle a reçu les résultats des examens d’entrée au lycée catholique. Elle nous fait venir un par un à son bureau pour un entretien privé à propos de notre avenir. Lorsque mon tour arrive, son sourire se fait narquois.

— Admis en section lettres, groupe 1, siffle-t-elle, devant mes notes.

Elle m’attrape l’oreille et la tord violemment.

— Le groupe des meilleurs élèves ! Les meilleurs ! Explique-moi ça, tu veux bien, Zajack ? Toujours à essayer de tromper ton monde, hein ! Sur qui as-tu copié les réponses ? Serpent ! Tricheur !

— Personne ! C’est juste que l’examen était facile !

Honnêtement, je suis aussi étonné qu’elle d’apprendre que je me retrouve dans le peloton de tête. Il y a peut-être une erreur.

— Ah oui, facile ? Dis-moi, petit malin : pourquoi est-ce que tu ne le montres jamais en classe, ton génie ? Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas donné une seule bonne réponse et que tu me casses les pieds depuis le début de l’année ?

*

Bash et le paternel avaient prévu de m’envoyer au lycée public afin de ne pas avoir à dépenser un sou de leur argent durement gagné pour mes études. Mais cet examen délirant a changé la donne.

— Toi ? Dans les premiers ? Qu’est-ce que tu racontes ?

Lorsqu’elle a croisé la religieuse le dimanche suivant, celle-ci a pris Bash à part et lui a conseillé de m’offrir une chance de bénéficier d’une bonne éducation catholique.

— Qui sait ? Il vous surprendra peut-être, a-t-elle ajouté.