81.

J’ai vidé une demi-bouteille d’Old Spice sur mon visage et mon cou. Puis j’ai arraché les poils follets sur mon menton. Et j’ai coiffé mes cheveux en arrière avec du gel Nestlé – une immonde glu violette qui rendait les cheveux durs comme du béton.

J’ai reculé pour examiner le résultat dans le miroir. Pas terrible. J’avais beau soulever des haltères, je restais un gringalet mal fichu. J’aurais été le premier à me coller un zéro pointé.

J’ai dit à Bash que j’allais m’entraîner et que je rentrerais tard. Quand Sammy est arrivé au volant de sa voiture de sport rugissante, j’attendais sur les marches de l’YMCA. Il était tout sourire. J’admirais ces gars que rien n’abattait jamais et qui profitaient de la vie en dépit de tout, parce qu’il faut un vrai talent – ou être totalement stupide – pour voir le bon côté des choses dans ce cloaque qu’on appelle le monde. Ceux qui refusaient de laisser la culpabilité leur gâcher le plaisir étaient plus rares encore – et Sammy en faisait partie. Ce soir, sa femme et leur bébé n’existaient plus.

Sur la Route 1, il a braqué brusquement et s’est garé sur le parking d’un motel. Il a sauté de voiture pour prendre quelque chose dans le coffre. Il est revenu avec un sac de marin dont il a sorti un blouson classieux avec un col en daim. Puis il a brandi une boîte de Trojan. Il m’a lancé une pochette en aluminium.

— Au cas où.

J’ai regardé le paquet. « LUBRIFIÉ ».

Puis Sammy a fouillé tout au fond du sac et en a extrait un étui en cuir qui contenait un lourd revolver. Il me l’a tendu pour que je le soupèse.

— Un 9 mm à canon court. Barbara ne me voit jamais sans mon matos. Faudrait pas qu’elle oublie à qui elle a affaire.

Agiter une arme meurtrière en public devait être un délit, mais il s’en souciait comme d’une guigne. Il m’a demandé de l’aider à enfiler le holster. Puis il a mis son blouson et a passé un peigne dans ses cheveux.

Barbara louait une maison dans une petite rue de banlieue, pas très loin de la voie rapide. Selon Sammy, elle était secrétaire à Princeton depuis quelques mois et vivait là en attendant de trouver mieux.

Nous nous sommes engagés sur l’allée de gravier pour nous garer à l’arrière. C’était logique : il ne tenait pas à se faire remarquer.

Il a frappé doucement. Les rideaux ornés de dentelle se sont écartés. Puis la porte s’est ouverte sur Barbara. Elle était sexy : du cul, des nichons et des hanches. Un pur-sang de compétition. Je comprenais pourquoi il prenait ces risques.

Les tourtereaux se sont quasiment violés sous mes yeux. Ils murmuraient, s’embrassaient, se tripotaient. Enfin, Sammy a relevé la tête pour respirer et lui a dit qui j’étais.

La petite-cousine est entrée. Sandy portait un corsage transparent et un short en jean court. Elle était plus belle que toutes les filles que j’avais jamais eu l’occasion d’approcher – la divine Bridget Derry elle-même pouvait aller se rhabiller.

Mon camarade a fait les présentations. Ma bite s’est durcie dans mon pantalon.

Sur le trajet, il m’avait fait jurer de ne jamais le contredire et de ne rien laisser échapper risquant de le trahir. Mais quand « Babs » a lancé : « Ce doit être excitant de travailler pour le Bureau fédéral », je me suis figé.

Avant qu’elle ait le temps de se rendre compte de mon malaise, Sammy a joué sa carte maîtresse : il a nonchalamment écarté son blouson, dévoilant son arme.

La vue de ce bout de métal lui a cloué le bec aussi sec. Soudain, elle était impatiente de se retrouver seule avec lui. Elle a pris mon ami par le bras et l’a entraîné vers la chambre restée ouverte.

Nous l’avons regardée retirer le blouson de Sammy. Il a refermé la porte d’un coup de pied tandis qu’il se débarrassait de son holster.

Sandy et moi nous sommes dirigés vers la cuisine d’un pas hésitant. Je bavais devant son jeune cul parfait. Elle a sorti une bière du frigo et me l’a tendue.

On entendait Barbara glapir dans la chambre. Aucun doute, il la faisait grimper aux rideaux. Leur raffut a allumé des petites étoiles dans les yeux de Sandy.

— Si on se trouvait un endroit plus calme, qu’en dis-tu, Max ?

Elle m’a conduit par la main dans une autre pièce et on s’est assis sur le canapé.

— Alors, parle-moi du FBI.

J’ai réfléchi à toute allure.

— Désolé… j’ai pas le droit. Devoir de réserve.

Je préférais ne pas m’attarder sur le sujet et je l’ai embrassée. Sa langue était un serpent humide qui pointait et se dressait dans ma bouche. Cette gamine n’avait pas froid aux yeux.

— Allons, Max. Tu peux me faire confiance ! Je te jure que je répéterai rien à personne ! Je suis simplement curieuse d’en apprendre un peu plus sur toi et sur Sammy. Parce que ma cousine est dingue de lui…

J’ai esquivé ses questions aussi longtemps que j’ai pu. Pour finir, j’ai réussi à la faire taire. On se pelotait dans la pénombre. J’ai glissé ma main dans son corsage. Ses mamelons étaient durs, mais partout ailleurs sa peau était du velours.

Je me suis étendu sur Sandy et je me frottais contre elle. J’avais l’impression de pouvoir tout essayer et qu’elle ne ferait rien pour m’arrêter. Quand ses doigts se sont refermés sur ma queue, j’ai cru que j’allais passer au travers du plafond. Elle exerçait un mouvement de va-et-vient sur mon sexe. J’ai glissé la main dans son petit short.

Merde, j’étais tombé sur une fille qui aimait la rigolade. Quand on est jeune, on ne tourne pas autour du pot, c’est ça qu’est bien. Et comme on n’a rien à dire, on la ferme.

Je m’apprêtais à m’introduire dans sa chatte, quand on a gratté à la porte. Sandy s’est levée d’un bond et a remis son short. Je suis allé ouvrir à regret. Sammy était en train de reboutonner sa chemise, son holster autour de son épaule.

— Cinq minutes, Max. Je viens d’avoir le bureau au téléphone. Il y a du grabuge dans le Bronx. Il faut qu’on rentre fissa !

Il m’a fait un clin d’œil. Dans le salon, Barbara avait le regard humide.

— Quand est-ce qu’on se revoit ? a-t-elle gémi, tandis que Sandy me glissait son numéro.

— Je t’appellerai, poupée, lui a-t-il promis en l’embrassant.

Sur le trajet du retour, on s’est bien marrés.

— Alors, qu’est-ce que t’en dis de celle-là, Max ? « Du grabuge dans le Bronx ! » Terrible, hein ? Prends-en de la graine : une fois que t’as trempé ta nouille, inutile de t’attarder. On rentre, on sort, c’est ma devise. La vérité, c’est que j’ai pas envie de regarder une pute après l’avoir baisée…

Moi, tout ce que je savais, c’était que j’avais les couilles prêtes à exploser. Sammy n’arrêtait pas de consulter sa montre.

— Faut que je rentre avant que ma bonne femme commence à se demander ce que je fabrique…

Il m’a laissé à l’angle de Mulberry et de Pine Avenue. J’ai terminé à pied. Le paternel était de garde à la caserne. Bash somnolait dans le fauteuil à bascule. Les Beverly Hillbillies murmuraient sur la Zenith. J’ai bredouillé que je revenais d’une longue séance de musculation et que le service de bus était un peu foireux ce soir.

Puis j’ai couru à la salle de bains. Je sentais l’odeur de Sandy partout sur moi. J’ai refermé ma main sur ma bite et je me suis astiqué énergiquement. En moins de quinze secondes, je balançais la purée.