Mike Kelly dit à sa femme d/ aller se faire voir et se retourna, se couvrant la tête avec la couverture. Allez, lève-toi. On a plus de lait ni de pain. Il ne dit rien. Allez Mike, jvais être en retard au boulot. Silence encore. Oh steplaît lèvetoi Mike, s’asseyant au bord du lit et lui poussant doucement lépaule. Tu veux pas aller au magasin pendant que jmhabille. Allez quoi. Mike se retourna, chassant la main posée sur son épaule, et se dressa sur un coude. Écoute, va bosser et fais pas chier, t/ entends ? lui tournant le dos en se rallongeant, ramenant les couvrantes par-dessus sa tête. Irene se leva brusquement et marcha bruyamment jusqu/ au fauteuil, en arracha ses vêtements et commença à s/ habiller. T/ es dégueulasse Mike. T/ entends ? dégueulasse, se laissant tomber dans le fauteuil et enfilant ses chaussettes. Casse-toi garce avant que je te fasse une grosse tête. Irene continua à râler entre ses dents tout en s/ habillant puis partit en tapant des pieds jusqu/ à la salle de bains dont elle referma la porte sur elle en la claquant. Tas intérêt à arrêter tes conneries Irene sinon jte cogne. Tournée vers la porte close elle tira la langue puis s/ empressa d/ ouvrir tout grand les deux robinets dont leau projeta des éclaboussures hors du lavabo. Elle enfonça le bouchon dans la bonde, maudissant encore Mike (ce dégueulasse), referma les robinets et lança le gant de toilette dans le lavabo. Elle se débarbouilla, râlant toujours à mi-voix et Helen, sa fille de 3 ans, frappa à la porte. Irene l/ ouvrit d/ un geste brusque. Qu/ estce que tu veux toi ? Helen mit son pouce dans sa bouche et regarda fixement sa mère. Eh ben ? Zai envie de faire pipi moman. Eh ben vas-y. Helen fit donc pipi et Irene se rinça puis s/ essuya le visage. Jvais être en retard. J/ en suis sûre. Elle s/ attaqua à sa chevelure avec une brosse et Arthur, presque 18 mois, se mit à pleurer. Oh nom de DIEU ! Elle jeta la brosse à cheveux dans la baignoire (Helen suçait encore son pouce et elle attendit qu/ Irene sorte de la salle de bains avant de glisser à bas du siège, de tirer la chasse et de courir dans le séjour) et retourna en trombe dans la chambre. Tu pourrais au moins t/ occuper du bébé. Mike se redressa brusquement et lui gueula de se casser et de lui foutre la paix. T/ es sa mère tas qu/ à t/ occuper de lui. Irene tapa du pied et le sang lui monta au visage. Si tu trouvais du boulot jpourrais m/ occuper de lui. Il ramena les couvertures par-dessus sa tête. M/ embête pas. Espèce de dégueulasse. Espèce de… Elle arracha un blouson à son cintre, Arthur braillait toujours pour avoir un biberon, Helen assise au coin du living attendait que la dispute cesse. Irene fourra les bras dans les manches du blouson. Donne-moi un peu d/ argent pour le petit déjeuner. Il rejeta les couvertures et tendit la main vers son pantalon et sortit un dollar de son portefeuille. Tiens. Et maintenant tire-toi et arrête de me casser les couilles. D/ un geste brusque elle s/ empara du dollar et sortit au pas de charge de lappartement, espérant qu/ Arthur allait brailler encore plus fort et obliger Mike à se lever, le dégueulasse. Tous les matins c/ était pareil. Jamais y me donne un coup de main. Tu crois qu’y préparerait un biberon pour le petit. Quand je rentre du boulot c/ est moi qui dois préparer le dîner et moi qui dois faire la vaisselle et moi qui dois faire la lessive et moi qui dois m/ occuper des gosses !!! Non mais quel dégueulasse !!! – fonçant dans la rue jusqu/ au magasin. Elle entra, ignorant les bonjour Irene des vendeurs et prit une douzaine d’œufs puis la remit en place pour en prendre une demi-douzaine parce qu/ il fallait aussi des cigarettes, un litre de lait et 2 petits pains. Elle sortit les cigarettes du sac et les mit dans sa poche pour ne pas risquer de les oublier et de les laisser à Mike (ce dégueulasse). De retour à lappartement elle ouvrit la porte d/ un coup de pied puis la referma en la claquant. Arthur braillait toujours, Helen alla près du berceau pour lui parler, et Mike lui gueula de faire taire le mouflet. Pourquoi qu/ tu t/ en occupes pas avant d/ aller au magasin, vraiment et franchement indigné de la façon qu/ elle avait de négliger les enfants. Si tu tfais tant de souci pourquoi tu te lèves pas pour t/ occuper de lui, dégueulasse ? Il s/ assit dans le lit et se tourna vers la porte ouverte. Fais gaffe à cque tu dis si tu veux pas quejte rentre tes paroles dans la gueule, puis il se laissa aller à la renverse et se couvrit la tête avec la couverture. Irene tremblait de rage mais tout cqu/ elle pouvait faire c/ était taper du pied, tenant toujours le sac de provisions et puis OOOOOOOO OOOOOOOO… Puis elle s/ avisa de lheure qu/ il était et posa le sac sur la table, mit une casserole d/ eau sur le feu, courut à la chambre du petit et saisit le biberon d/ Arthur, le remplit de lait, le fit tiédir ; versa des cornflakes et du lait dans un bol pendant que le biberon réchauffait courut jusqu/ au berceau avec le biberon, Arthur le prit et cessa de pleurer (Mike gémissant un merci mon Dieu) ; puis Irene appela Helen pour qu/ elle mange ses cornflakes et se prépara une tasse de café instantané, beurra un petit pain, le trempa dans sa tasse, le mangea et se précipita dans la chambre. Donne-moi de largent. Oh bordel de Dieu t/ es encore là ? Fais vite, Mike, jvais être en retard. Il lui lança un demi-dollar. Au fait, et la monnaie du dollar que je viens de te donner ? Y en a pas (comme ça elle avait au moins 10 cents et un paquet de cigarettes). Irene avala la dernière gorgée de son café et sortit précipitamment. Elle courut jusqu/ à larrêt du bus espérant qu/ elle n/ allait pas attendre trop longtemps et continuant de maudire Mike, ce dégueulasse. Si y ne fait pas le ménage aujourd/ hui j/ arrête mon boulot. Voilà cque jvais faire. Qu/ il en trouve lui du boulot. Elle vit un bus qui s/ amenait et accéléra, arrivant juste à temps à larrêt. Le dégueulasse.
Ada ouvrit la fenêtre. L’air était immobile et tiède. Elle sourit et regarda les arbres ; les vieux, altiers, grands et forts ; les jeunes, petits, flexibles, pleins d/ espoir, le soleil baignant de sa lumière les feuilles nouvelles et les bourgeons. Même les feuilles naissantes sur les haies et les jeunes pousses fines du gazon et des pissenlits s/ animaient dans la lumière du soleil. Oh, quel ravissement. Et Ada louait Dieu, être et créateur de lunivers qui amenait le printemps avec la chaleur de son soleil.
Elle se pencha par la fenêtre, sa fenêtre préférée. De là lusine et les terrains vagues et les décharges n/ étaient pas visibles ! Elle ne voyait que le parc paysagé et le terrain de jeu. Et tout s/ éveillait à la vie, réchauffé par l/ éclat du soleil. Il y avait des dizaines de nuances de vert et maintenant que le printemps était bel et bien là tout verdirait encore et la vie se multiplierait sur la terre et les oiseaux deviendraient plus abondants et leurs chants la réveilleraient le matin. Tout serait beau. Elle regardait les oiseaux sautiller sur le sol, s/ envoler vers les branches encore minces des arbres qui n/ allaient pas tarder à épaissir et à se charger de feuilles vertes. Oui, il faisait chaud. La première chaude journée de l/ année. Il y avait eu quelques autres journées où le soleil avait brillé et lair été tiède, mais il y avait toujours eu un reste des vents de lhiver pour le refroidir ou de la pluie pour le mouiller. Mais pas à présent. Le long hiver était fini. Le long hiver froid et cruel quand on pouvait tout juste aller jusqu/ au magasin et rentrer à lappartement… rentrer à lappartement pour s/ asseoir et regarder par la fenêtre et attendre… attendre une journée comme celle-ci. Il y avait eu quelques journées – oui, quelques-unes, pas beaucoup – où elle avait pu s/ asseoir sur le banc, mais alors même que les vents ne soufflaient pas et que le soleil brillait elle ne pouvait s/ asseoir en bas que quelques minutes puis, alors qu/ elle s/ était emmitouflée dans des chandails avec gants, écharpe et manteau, et qu/ elle était assise là où le soleil brillait le plus fort, un froid glacial s/ insinuait à travers ses vêtements et il lui fallait remonter. Et même quand le soleil brillait on ne le sentait pas vraiment, pas vraiment comme on aurait dû, ainsi que le soleil est censé éclairer notre corps et le réchauffer de part en part jusqu/ à notre cœur. Non, on le sentait seulement un peu sur le visage. Et puis – il n/ y avait jamais personne à qui parler pendant lhiver. Personne ne venait s/ asseoir. Ne fût-ce que quelques minutes. Et aussi, les hivers sont si longs. Si solitaires. Toute seule dans ses 3 pièces pleines de meubles, reliques des jours anciens, assise à la fenêtre à regarder les branches des arbres dénudées frissonner dans le vent ; les oiseaux cherchant pitance sur le sol nu et gelé ; les gens marchant le dos tourné au vent comme le monde entier lui tournait le dos à elle. En hiver la haine de tous était mise à nu pour qui savait regarder. Elle voyait la haine dans les stalactites de glace qui pendaient de sa fenêtre ; elle la voyait dans la bouillasse de neige fondue qui couvrait les rues ; elle l/ entendait dans la grêle qui griffait sa vitre et lui mordait le visage ; elle la voyait dans la tête baissée des passants qui se hâtaient vers la chaleur du foyer… oui ils baissaient la tête et la détournaient en passant devant Ada et Ada se frappait la poitrine et s/ arrachait les cheveux et elle criait à Jéhovah le Seigneur d/ avoir pitié et d/ être miséricordieux et elle se griffait le visage jusqu/ à avoir des lambeaux de chair sous les ongles et du sang ruisselant sur ses joues, se cognant la tête contre la vitre jusqu/ à ce qu/ elle se couvre d/ ecchymoses et que des gouttelettes de sang rose tachent lhumidité de son mur des lamentations, les bras encore dressés dans sa supplication à Jéhovah demandant pourquoi elle était châtiée, implorant miséricorde, demandant pourquoi les gens se tournaient contre elle, se frappant la poitrine et implorant miséricorde de son Dieu qui avait donné les Tables à Moïse et guidé ses enfants à travers le désert brûlant ; le Dieu courroucé qui avait ouvert les flots de la mer Rouge devant le peuple élu et noyé les armées de ses poursuivants dans les flots tumultueux ; implorant le Dieu vengeur qui avait infligé une peste au Pharaon et aux enfants d/ Israel quand c/ était à Lui qu/ ils avaient tourné le dos… Ô Dieu aie pitié… et Ada se tenait devant son mur des lamentations regardant les cieux à travers le givre couvrant la vitre tachée de son sang, priant le Père comme le faisaient les arbres avec leurs membres nus dressés vers le ciel ; et elle se frappait la poitrine et s/ arrachait les cheveux et lacérait la chair de ses joues et se cognait la tête, et s/ affalait contre sa fenêtre, pleurant, sanglotant, tombant lentement, tombant à genoux en marmonnant… et Ada gisait par terre en sanglots, en larmes, en sang… puis, au bout d/ un moment, s/ endormait. Quand elle s/ éveillait elle jeûnait pendant 24 heures, assise parmi ses reliques, récitant à haute voix d/ antiques prières, se balançant d/ arrière en avant dans son fauteuil en priant. À la fin des 24 heures elle se préparait une tasse de bouillon et se plantait devant sa fenêtre à regarder les arbres sans feuilles et la terre gelée ignorant le béton, les autos qui passaient, n/ entendant que la voix de Dieu et ne pensant qu/ aux jours tièdes qui allaient venir. Pendant 2 jours de plus, 3 jours en tout, elle ne se lavait pas le visage et restait confinée dans lappartement, ne buvant qu/ une tasse de bouillon chaque jour, priant, regardant par la fenêtre, parcourant ses 3 pièces, allant et venant, consciente de la raideur des plaies qui séchaient sur son visage, regardant les croûtes dans le miroir et les tâtant doucement du bout des doigts. Puis à la fin du 3e jour elle se lavait le visage et prenait un repas et allait au magasin et achetait les deux ou trois choses dont elle avait besoin, souriant aux gens, demandant au vendeur comment il allait et lui disant de rester en bonne santé et de prendre soin de lui.
Mais lhiver était fini et à présent elle pouvait s/ asseoir sur un banc et sentir le soleil, regarder les oiseaux, les enfants qui jouaient, et peut-être que quelqu/ un viendrait s/ asseoir et bavarderait avec elle
Vinnie et Mary seraient encore célibataires s/ ils ne s/ étaient pas connus. Mais ils avaient fini par se rencontrer, quand il avait 40 ans et elle 35, et s/ étaient mariés et les deux familles s/ en étaient réjouies. Sitôt qu/ ils furent seuls pendant la nuit de noces, Vinnie entraîna Mary jusqu/ au lit et lui sauta dessus, secouant le lit, la commode, le portrait de la Très Sainte Vierge accroché au-dessus du lit, jusqu/ à ce qu/ elle ait si mal au ventre qu/ elle ne pouvait plus bouger, mais seulement rester sur le dos geignant et LUI GUEULANT D/ ARRÊTER. Mais Vinnie avait continué de la bourrer, la bave aux lèvres et GUEULANT QU/ ELLE ÉTAIT SA FEMME ET ILS AVAIENT CONTINUÉ DE REBONDIR SUR LE LIT (secouant la Très Sainte Vierge) BOURRANT, BOURRANT, BOURRANT ET GUEULANT. (5 ans plus tard ils avaient 2 enfants et gueulaient toujours. Les enfants étaient assis dans leur berceau gueulant depuis une demi-heure quand Vinnie et Mary se levèrent. Mary roula jusqu/ au côté du lit et GUEULA AUX ENFANTS MAIS BOUCLEZLA ! QU/ EST-CE QUI VOUS PREND ? VINNIE LUI DONNA UNE GRANDE CLAQUE DANS LE DOS ET LUI DIT DE PRÉPARER UN BIBERON ET D/ ARRÊTER DE GUEULER, puis s/ assit sur le côté du lit en se grattant la tête. Ils se levèrent tous les deux et se plantèrent l/ un devant lautre sans cesser de se gratter, LES MOUFLETS GUEULAIENT TOUJOURS. VAS-Y. PRÉPARE UN BIBERON. MIAM MIAM. QUESTCE TAS POURQUOI TU GUEULES. COMMENT ÇA JE GUEULE ? PRÉPARE LE BIBERON. OH BOUCLELA. Mary enfila ses pantoufles et partit en traînant des pieds à la cuisine où elle prépara le biberon, debout devant la gazinière, en attendant qu/ il réchauffe, se grattant le ventre et les aisselles. Elle retourna dans la chambre pour s/ habiller après avoir donné le biberon au petit, mais quand elle enleva sa chemise de nuit Vinnie s/ amena et lui donna des tapes sur les nichons pour les faire ballotter. YTTOMBENT SUR LES GENOUX. Elle le repoussa. LAISSE-MOI IDIOT. Baissant la main il lui tira les poils du pubis. QUELLE TOUFFE. Elle lui flanqua une bourrade qui le fit reculer, TES DINGUE. TES NASE, et elle saisit ses vêtements et alla s/ habiller dans la salle de bains, dont elle ferma la porte à clé. Vinnie s/ habilla et alla voir les enfants. Penché sur eux il leur sourit et leur pinça les joues. T/ AS BU TON BIBERON HEIN ? C/ EST BIEN, ils clignaient des yeux, le bébé continuant à sucer la tétine de son biberon. C/ EST BIEN LES ENFANTS, les pinçant de nouveau avant de quitter la pièce. OH, DÉPÊCHE HEIN FAUT QUE J/ AILLE AUX TOILETTES. ET ALORS QUOI TES PRESSÉ ? BOUCLE-LA ET DÉPÊCHE, TU VEUX ? Vinnie se mit à faire les cent pas, alla dans la cuisine, retourna dans la chambre des enfants puis vint tambouriner sur la porte de la salle de bains. ALLEZ, QUOI, DÉPÊCHE, TU VEUX ? MONSIEUR EST PRESSÉ ? TAS QU/ A ATTENDRE, enfilant lentement ses vêtements puis emplissant lentement d/ eau le lavabo. Vinnie cognait des deux poings sur la porte. OUVRE CETTE PORTE NOM DE DIEU. FAUT QUE JE PISSE. VA-T/EN. POURQUOI TU T/ HABILLES PAS DANS LA CHAMBRE ? PARCE QUE T/ EN PROFITES POUR M/ EMMERDER. ALORS VA-T/ EN TU VEUX ? Vinnie donnait des coups de poing et des coup de pied dans la porte. ESPÈCE DE SALE GARCE. Il se détourna de la porte et se remit à faire les cent pas se tenant l/ entrejambe, marchant de plus en plus vite, faisant des bonds. JE PEUX PAS ATTENDRE. OUVRE LA PORTE. VA-T/ EN. Il recommença à donner des coups de poing dans la porte. JETE JURE QUE J/ VAIS TFAIRE LA PEAU QUAND TU SORTIRAS. Se détournant encore une fois de la porte pour aller dans la chambre. Il ouvrit la fenêtre et urina, le jet tombant sur la fenêtre ouverte de la chambre à coucher à l/ étage en dessous, ricochant sur la fenêtre et éclaboussant le bébé dans son berceau. Mrs. Jones resta un moment les yeux écarquillés puis appela son mari pour lui dire que de leau ruisselait de létage au-dessus et éclaboussait son bébé. Jvais aller voir. Ça doit être les dingues du dessus. Personne d/ autre ferait un coup pareil. Il sortit d/ un pas décidé et monta à létage. Mary finit par ouvrir la porte et sortit lentement de la salle de bains. J/ AI FINI. VASY. JCROYAIS QUTÉTAIS PRESSÉ. VASY, VA PISSER. Vinnie lui flanqua une calotte. ALORS QUOI T/ ES DEVENUE CINGLÉE ESPÈCE DE GARCE. T/ ES CON OU QUOI ? HEIN ? Elle lui en retourna une. TU CROIS QUE JVAIS ME LAISSER FAIRE ESPÈCE DE SALE RITAL ? Il lança le poing, la rata et LUI GUEULA DESSUS et Mr. Jones tambourina à la porte et Mary gueula à Vinnie BOUCLE-LAAAA et elle alla ouvrir la porte et Mr. Jones demanda qui pouvait bien avoir eu lidée de lancer de leau par la fenêtre, que tout était tombé sur son bébé, et Mary haussa les épaules et dit QUOI ? QUELLE EAU ? QUEST-CE QUE VOUS RACONTEZ ? Et Mr. Jones dit qu/ elle savait très bien de quelle eau il parlait et le petit finit son biberon et le jeta par terre et les deux enfants se remirent à gueuler et MARY GUEULA À VINNIE DE FAIRE TAIRE LES ENFANTS ET VINNIE GUEULA QU/ IL ÉTAIT EN TRAIN DE S/ HABILLER, et Mary se retourna vers Mr. Jones qui lui avait tapé sur lépaule en disant, alors ? et elle dit QUOI ? et gueula aux enfants BOUCLEZ-LAAA et Vinnie alla dans la chambre des enfants QU/ ESTCE QUYA ? POURQUOI VOUS PLEUREZ HEIN ? Et il prit les enfants dans ses bras et Mary dit à Mr. Jones qu/ elle ne savait rien du tout de cette histoire d/ eau jetée par la fenêtre. Et il leva les bras au ciel et Mary se tourna pour dire aux enfants UNE MINUTE VOUS VOULEZ BIEN ? Et Mr. Jones dit, que ça ne se reproduise plus sinon il appellerait les flics et Mary haussa les épaules et referma la porte et les enfants étaient encore en train de GUEULER ET VINNIE LEUR DIT DE SE TAIRE MARY OCCUPE-TOI DES ENFANTS TU VEUX et elle les changea et Vinnie alla à la salle de bains faire sa toilette et GUEULA À MARY DE PRÉPARER LE PETIT DÉJEUNER ET ELLE LUI DIT DE PAS S/ EMBALLER et elle finit ce qu/ elle faisait avec les enfants qui coururent chercher des jouets dans leur chambre et Vinnie s/ aspergea le visage d/ eau et Mary FLANQUA LA CAFETIÈRE SUR LA GAZINIÈRE ET VINNIE SORTIT ET SE SERVIT UN VERRE DE JUS ET ELLE DIT BEN ET MOI ? ET IL LUI DIT QU/ ELLE AVAIT QU/ À SE SERVIR TOUTE SEULE ET ELLE LUI DIT QU/ IL AVAIT QU/ À SE PRÉPARER SON PETIT DÉJEUNER ET ELLE LUI ABATTIT UNE CLAQUE SUR LA TÊTE ET ELLE LUI DONNA UN COUP DE PIED DANS LA JAMBE ET IL LE LUI RENDIT ET LUI DIT DE SERVIR LE PETIT DÉJEUNER ET DE PRÉPARER LES ENFANTS POUR QU/ ILS PUISSENT ALLER PRENDRE LAIR ET ELLE LUI DIT JTE PISSE À LA RAIE ET FLANQUA AVEC UN GRAND BRUIT UNE POÊLE SUR LA GAZINIÈRE ET SE FIT CUIRE DEUX ŒUFS ET QUAND ELLE EUT FINI IL EN FIT CUIRE DEUX POUR LUI ET LUI DIT QU/ ELLE AVAIT INTÉRÊT À FAIRE MANGER LES ENFANTS SANS QUOI IL LA FLANQUERAIT PAR LA FENÊTRE. ET ELLE LUI DIT DE PAS S/ EN FAIRE POUR ÇA, TU VEUX ? ET IL BALANÇA SES ŒUFS DANS UNE ASSIETTE QU/ IL FLANQUA SUR LA TABLE ET LES DEUX PETITS VOULAIENT LE MÊME JOUET ET SE MIRENT À TIRER SUR LE JOUET ET À SE CRIER DESSUS ET À PLEURER ET MARY DIT BOUCLEZLAAA ET VINNIE LUI DIT D/ ALLER VOIR CE QUI SE PASSAIT ET ASPIRA UN ŒUF À GRAND BRUIT ET MARY ALLA DANS LA CHAMBRE DES ENFANTS ET LEUR PRIT LE JOUET ET LEUR DIT DE SORTIR DE LA CHAMBRE ET ELLE LEUR SERVIT LE PETIT DÉJEUNER ET VINNIE ALLA S/ ASSEOIR AU SALON D/ OÙ IL GUEULAIT DES TRUCS À MARY ET MARY LUI RÉPONDAIT EN GUEULANT ET DE TEMPS EN TEMPS LES ENFANTS SE METTAIENT A GUEULER ET MARY ET VINNIE LEUR GUEULAIENT DESSUS ET LES ENFANTS GUEULAIENT PLUS FORT ET LES PARENTS HURLAIENT ET LE PETIT DÉJEUNER SE TERMINA ENFIN ET TOUT LE MONDE CONTINUA À GUEULER LES ENFANTS COURANT DANS LEUR CHAMBRE ET MARY COMMENÇANT À FAIRE LA VAISSELLE ET LES VOISINS MONTÈRENT LE SON DE LEUR RADIO.
GAZETTE DE LA RÉSIDENCE
« PAR AVION »
Des gens qui jettent les ordures par les fenêtres on dit qu’ils les envoient PAR AVION. Il n’est pas question de tolérer ce genre d’envoi PAR AVION dans la résidence. Nous avons noté beaucoup de plaintes ces derniers temps au sujet d’ordures déposées dans la rue, dans les couloirs, et d’autres plus rares de gens qui disaient avoir reçu des ordures lancées par une fenêtre. Ce genre de comportement est une atteinte aux règles d’hygiène et de santé publique ainsi qu’au règlement interne de la résidence. Tout locataire surpris à lancer des ordures par la fenêtre fera l’objet d’une procédure d’expulsion immédiate. Dans l’intérêt de tous notre résidence doit demeurer un lieu d’habitation sûr et propre. Cela relève de la responsabilité de chacun des résidents.
Lucy se leva lentement et alla dans la chambre des enfants, changea et habilla Robert, son benjamin, le sortit de son berceau, puis habilla Johnny. Elle leur dit de jouer sans faire de bruit (elle ne permettrait certainement pas à ses enfants de courir partout comme des peaux-rouges), papa dort, et alla à la cuisine préparer le petit déjeuner. Elle remplit 3 verres de jus de fruits et appela doucement les enfants. Ils arrivèrent en courant et elle mit un doigt sur la bouche en leur disant de ne pas faire de bruit, les petits garçons sages ne courent pas partout dans la maison en cassant les oreilles des gens. Ils avalèrent leur jus de fruits et retournèrent jouer dans leur chambre. Quelques minutes plus tard ils vociféraient PAN, PAN et Lucy courut jusqu/ à leur chambre leur dire de faire moins de bruit. Mais on joue aux fusils maman. Johnny, combien de fois devrai-je te dire que les petits garçons sages ne jouent pas aux fusils dans la maison. Je sais pas maman. Lucy le regarda fixement une seconde. Bon, ça ne fait rien, ne fais pas de bruit voilà tout. D/ accord. Bien, mais fais-le, et Lucy retourna à la cuisine, tendant loreille pour un bruit éventuel venant de la chambre des enfants, soulagée de constater qu/ ils étaient tranquilles et ne se conduisaient pas comme une bande de sauvages. Elle était sur le point de les appeler quand on frappa à la porte. Elle rajusta son peignoir, se lissa les cheveux puis alla ouvrir. La gentille jeune blanche de létage en dessous lui souriait. Je crois qu/ il doit y avoir quelque chose qui ne va pas dans votre salle de bains Lucy. Une fuite, il y a de leau qui coule du plafond chez moi. Lucy poussa un OOOOOOH et se précipita à la salle de bains. Elle ouvrit la porte et les enfants pivotèrent sur eux-mêmes, Johnny déployant des efforts frénétiques pour fermer les robinets. Elle les foudroya du regard, vit leau sur le sol – Robert commençant à pleurnicher et Johnny tournant toujours les robinets en disant pardon – leau qui se déversait encore par-dessus le rebord du lavabo. Tendant le bras elle chassa d/ une claque les mains de Johnny des robinets et ferma leau. Johnny se mit à pleurer et elle ouvrit la bouche pour le gronder quand elle se rappela que la jeune femme était encore à la porte. Elle y courut et lui dit qu/ elle était vraiment navrée, c/ était les enfants qui avaient joué et elle espérait qu/ il n/ y avait pas eu de dégâts. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je regrette, je vous prie de m/ excuser, Jeanne. Non ce n/ est pas grave. Il n/ y a pas de mal. Elles se sourirent et la jeune femme s/ en alla. Lucy faillit claquer la porte mais la rattrapa à temps et la referma sans bruit, ne voulant pas que la fille puisse croire qu/ elle était en colère contre elle. Mortifiée, elle s/ adossa à la porte. De tous les locataires de la résidence il avait fallu que ce soit cette gentille blanche. Une famille si sympathique de gens discrets et maintenant ils vont croire que nous sommes exactement comme les autres. Elle se précipita de nouveau à la salle de bains. Johnny était encore debout près du lavabo et regardait la porte ouverte en écarquillant les yeux, mais Robert était retourné dans leur chambre laissant des empreintes humides. Lucy saisit Johnny par le bras et l/ entraîna hors de la salle de bains. Oh tu vas avoir ce que tu mérites. Tu ne sais donc pas qu/ il ne faut pas faire des choses pareilles, HEIN ? TU NE LE SAIS PAS ? lui appliquant une claque sur le derrière, continuant de le tirer vers sa chambre. Johnny criant et pleurant pardon maman jl/ ai pas fait exprès. Tu l/ as pas fait exprès. TU L/ AS PAS FAIT EXPRÈS, avec une nouvelle claque et le poussant sur son lit. Johnny continuait à pleurer et à implorer. Robert s/ était blotti dans le coin craignant d/ avoir lui aussi la fessée – et Lucy criant à Johnny qu/ il méritait d/ être puni pour ce qu/ il avait fait… puis se rendant compte qu/ elle criait et que les gens du dessous pouvaient peut-être l/ entendre, ou que d/ autres l/ avaient peut-être entendue… elle tendit loreille un moment… et puis ferma vite la porte, disant à Johnny de se taire. Les dents serrées elle lui parlait d/ une voix rageuse. Si tu as réveillé papa tu vas le regretter, elle tremblait de colère et de contrariété, exaspérée par ce qui s/ était passé, et de la crainte que quelqu/ un l/ ait entendue crier. Elle tendit loreille pour voir si Louis s/ était réveillé mais aucun bruit ne venait de la chambre à coucher. Elle se retourna vers Johnny qui s/ efforçait d/ arrêter de pleurer (on a pas fait de bruit dans la salle de bains), mais avec de grosses larmes qui roulaient encore sur ses joues et la respiration entrecoupée de sanglots. Robert se mit à pleurnicher et Lucy lui dit de se taire, la voix plus assurée et mieux maîtrisée. Johnny vit bien que le pire était passé. De sorte qu/ il commença à maîtriser ses sanglots, sans cesser d/ adresser des regards implorants à sa mère. Papapardon mamaman. Tais-toi et calme-toi et – LE PORRIDGE ! Elle se précipita à la cuisine et retira la casserole du feu. Ah Dieu merci ça n/ a pas brûlé. Elle versa le porridge dans les assiettes des enfants et les appela. Ils prirent place en silence à la table et commencèrent à manger. Lucy reprit sa tasse de café maintenant refroidi. Elle s/ en servit une autre et s/ assit à table avec les enfants. Elle entendait Vinnie et Mary se disputer en vociférant. Lucy secoua la tête et maudit la résidence. Elle finit son café puis se rappela leau qui avait coulé par terre dans la salle de bains et prit le balai et la serpillière dans le placard et courut éponger le carrelage, guettant le premier bruit que ferait Johnny pour lui administrer une bonne correction. Elle tordit la serpillière pour l/ essorer, la rangea et s/ assit à table. Johnny avait fini son porridge et regardait en silence sa mère faire manger Robert puis débarrasser la table. Elle dit aux enfants d/ aller jouer dans leur chambre sans faire de bruit puis alla dans la sienne s/ habiller. Cela fait, elle prépara le linge pour la laverie. Elle se lava, puis se brossa les cheveux, mit la lessive dans le chariot et sortit de lappartement en emmenant les enfants. Elle alla rapidement jusqu/ à lascenseur, ouvrit la porte et s/ apprêtait à y entrer quand elle remarqua un petit tas (en fait elle remarqua d/ abord lodeur) de merde humaine sur le plancher de lascenseur. Encore ! Elle s/ arrêta et rattrapa Robert qui était sur le point de marcher dedans, puis tourna rapidement les talons avant que quelqu/ un la voie là. Prenant Robert dans ses bras elle s/ engagea dans lescalier (oh mon Dieu, maintenant il va falloir que je remonte 2 étages avec le chariot) Lucy était rouge de honte, elle voulait s/ éloigner le plus possible de lascenseur avant que quelqu/ un d/ autre en ouvre la porte, Johnny criant à sa mère de l/ attendre. Lucy attendit Johnny devant la porte (se convainquant déjà que c/ était un de ces sales Portoricains qui avaient fait ça) puis sortit en trombe du bâtiment, Johnny courant pour ne pas se laisser distancer.
Abraham se leva tard. Il était resté au lit aussi longtemps qu/ il avait pu mais le bruit des cinq gosses était trop pour lui. Même la porte fermée n/ y changeait rien et il se leva donc. Il s/ assit au bord du lit et ôta soigneusement le filet dont il protégeait sa coiffure gonflée et ondulée, alluma une cigarette et se mit à penser à la jolie, mais alors vraiment jolie poulette à la peau brune qui était CHEZ MEL la veille au soir. Elle avait la peau claire et vraiment douce et les cheveux longs et souples. Ni tirés ni raides, mais doux et lisses mon frère, et longs. Oh oui… et elle portait une robe vraiment moulante et quand elle marchait son petit cul bien rond vibrait et sautait en cadence que c/ en était affolant et quand elle dansait le swing on voyait les muscles de ce cul parfait rouler dans tous les sens. Ah oui… c/ était vraiment le dessus du panier. Celle-là, mon frère, il aurait vraiment voulu lui mettre le grappin dessus et sl/ envoyer. Puuutain… jlui ferai sa fête à ce cul-là mon frère, mais alors sa fête. Jt/ assure quand j/ aurai fini dla baiser cette poulette-là, elle saura ce que ça veut dire de se faire baiser et de prendre son pied. Et elle saura qui appeler mon manège à moi. Nomdedieu… C/ est décidé ce soir je me sape que tous les négros du coin auront lair d/ être des clodos. C/ est pas compliqué l/ étalon ici présent sera le mieux sapé des enfoirés de négros que cette poulette aye jamais vu. Puuutain. C/ est le frère Abe qui vous parle. Abe Washington, aussi honnête qu/ Abraham Lincoln. Héhéhéhéhé… et ya pas personne, mon frère, quand je dis personne c/ est personne, qui puisse avoir une dent contre moi. Ya pas à dire jsuis le mec à la coule mon frère. Et quand jvais m/ attaquer à cette poulette, j/ aime mieux te dire qu/ elle le saura… Oh oui… il se leva et s/ étira, éteignit sa cigarette et s/ habilla. Il ouvrit la porte de la chambre et gueula aux gosses de la boucler puis alla à la salle de bains. Ils se calmèrent quelques instants puis se remirent à courir, à brailler et à tirer. Abe fit d/ abord mousser le savon avant d/ étaler abondamment la mousse sur sa figure, la rinçant d/ abord à leau chaude puis à leau froide. Il se sécha la figure en la tapotant avec la serviette puis l/ examina dans le miroir, passant très soigneusement chaque centimètre carré de peau au crible, poussant son nez d/ abord d/ un côté puis de lautre, tirant sur la peau de son cou. Au bout de cinq minutes il fut content de ne trouver qu/ un unique bouton. Qu/ il prit grand soin de presser avant d/ humecter le coin de la serviette avec de leau froide et d/ en tapoter la zone infectée. Il se brossa les dents qu/ il avait naturellement blanches mais il tenait à s/ assurer qu/ il les débarrassait des taches jaunes de la nicotine. Puis il se gargarisa. Puis il se massa la figure avec une crème de soin – tout en se penchant par la porte pour gueuler à ces nomdedieu de gosses de la boucler – puis il l/ examina de nouveau dans le miroir. Il prit un peu de brillantine qu/ il frotta entre ses paumes avant de l’étaler en s/ en tapotant les cheveux. Puis il prit le peigne et doucement, non sans hésitation au début, peignit sa chevelure, posant le peigne de temps à autre pour se servir de la brosse souple, mettant chaque cran en place, touchant par-ci par-là, faisant gonfler cette ondulation-là un peu plus que celle-ci, veillant à ce qu/ aucun cheveu ne rebique ou ne soit pas à sa place – mais vous allez la fermer bande de chiards – reculant d/ un pas pour admirer dans le miroir laspect étincelant de sa chevelure, ajustant un cran encore un tout petit peu, puis saisissant le petit miroir à main et tournant le dos au grand miroir qui était au-dessus du lavabo, il brandit le petit devant lui pour examiner larrière de sa tête, poussant un peu ici et là, puis souriant en pensant à ce cul parfait, s/ essuya les mains sur la serviette et sortit pour aller à la cuisine. Il dit à sa femme de lui préparer des œufs et s/ assit et se cura les ongles, essuyant la crasse sur le bord de la table. Il se lima les ongles et demanda à sa femme pourquoi elle n/ habillait pas les gosses pour les envoyer jouer dehors. Y font trop de ramdam à courir partout comme ça. Elle lui répondit qu/ elle avait déjà trop à faire pour se mettre les nerfs en pelote avec les enfants. Lesquels s/ étaient de nouveau calmés pendant quelques instants mais recommencèrent bientôt à courir en jouant à tirer des coups de feu et l/ un d/ entre eux marcha sur le pied d/ Abe qui poussa un gueulement et tenta de lui balancer une gifle. Le petit s/ écarta à toute vitesse mais se cogna contre sa mère qui était en train de sortir les œufs du réfrigérateur. Elle déposa les œufs et leur cria qu/ elle allait prendre une ceinture pour les corriger et qu/ ils cesseraient peut-être alors de courir partout comme des fous furieux. Le gosse commença à demander pardon en pleurnichant et elle prit la ceinture qu/ elle avait autour de la taille et l/ en menaça. Et il se fit tout petit et recula jusqu/ à ce que sa mère renonce, puis il s/ assit en silence et sa sœur, laînée, le gronda d/ avoir été méchant et il eut envie de lui donner des coups de pied comme il faisait d/ ordinaire, mais il avait trop peur. Il attendrait de la retrouver dehors. Abe voulut savoir pourquoi on lui faisait attendre ses œufs, il avait des trucs à faire. Elle apporta les œufs et il les mangea, Nancy lui racontant que le docteur à la clinique avait dit que les gosses avaient la matrition et qu/ y zy avaient refilé de lhuile de foied/ morue mais y dit quça suffit pas et qu/ y faudrait leur donner des vitamines et Abe trempa son pain dans le jaune et rattrapa du bout de la langue le jaune qui dégouttait du pain et lui dit dpas l/ emmerder avec des histoires de vitamines et elle dit qu/ il lui fallait des sous pour en acheter et il dit qu/ il lui refilait 20 $ par semaine et qu/ elle pouvait acheter les vitamines avec. Mais non jpeux pas. Il haussa les épaules et lui dit de leur donner plus de chou vert et il épongea les filaments de blanc pas cuit avec son pain et lui dit de lui filer son café et elle le lui versa et dit merde quoi y mfaut des sous et il dit puuutain, qu/ y scassait le cul sur les docks pour gagner du fric et qu/ ça lui ferait mal aux seins dla laisser le flanquer par la fenêtre, et les gosses étaient encore assis en silence, attendant que leur père s/ en aille pour qu/ ils puissent se faire habiller et sortir là où ils étaient en sécurité, et Nancy pesta contre Abe qui n/ était qu/ un sale négro avare et il lui dit de fermer un peu ses grosses lèvres de négresse et il compta 20 $ et les jeta sur la table et dit qu/ elle était vernie d/ en avoir autant, qu/ il avait tout un bordel de factures à payer alors qu/ elle tout ce qu/ elle avait à faire c/ était d/ acheter de la bouffe et nomdedieu si tu peux pas en acheter assez avec ça et tes saloperies de vitamines en plus, alors tant pis pour toi parce que c/ est honteux.
Elle rafla largent sur la table et cria aux gosses de s/ habiller et de ficher le camp et les deux aînés détalèrent vers leur chambre, alors que la fille disait, oui maman et partait en marchant ; et Abe avala son café et sortit de la cuisine. Il enfila une veste, examina une dernière fois sa figure et ses cheveux, ajustant le cran qui était le plus en avant, puis sortit.
Un groupe de mômes, dans les 5 et 6 ans, se tenait sur les marches à lentrée d/ un des bâtiments. À trente mètres de là un autre groupe de mômes blottis les uns contre les autres. Les 2 groupes se tenaient à lœil, crachant, jurant, regardant fixement. Certains de ceux qui étaient sur les marches voulaient se faire ces empapaoutés dans limmédiat et les zigouiller, les autres voulaient attendre Jimmy. Jimmy était le plus balèze d/ entre eux. Quand y sera là onsles fera, ces bâtards. Y en a pas un chez eux qui court aussi vite que lui. Puuutain mon frère, on va tous les choper et les zigouiller. Et comment, on va les brûler vivants ces empapaoutés. Ils trépignaient d/ impatience sur les marches, glaviotant et foudroyant du regard lautre groupe. Alors ils entendirent quelqu/ un dévaler lescalier et Jimmy sortit. Jimmy leur adressa un hurlement, prit son flingue et dit, allez, zigouillons ces foutus salopards. Tous se déchaînèrent en cris suraigus et suivirent Jimmy qui courait sus à lautre bande dont les membres se mirent aussi à courir en poussant des cris suraigus. Le jeu des cow-boys et des Indiens avait commencé. Ils couraient au long des rues, tirant, vociférant, pan pan, tes mort empapaouté. Cht/ ai eu. Mon cul oui. Cht/ ai eu. Pan. Pan. Allant et venant entre les badauds en marche, arrêtés ou assis sur les bancs ; courant autour des arbres, pan, pan, regardant en arrière et tirant sur leur poursuivant, se cognant à d/ autres mômes et les faisant tourner sur eux-mêmes – tu peux pas regarder oùqutuvas eh connard – ou quand c/ étaient des petits ils les renversaient tout simplement, le poursuivant sautant alors par-dessus le môme tombé par terre qui pleurait à présent et criait pour appeler sa maman. Pan, pan, à travers les haies et tournant autour des jeunes arbres ; piétinant les buissons, pan, pan. Jimmy en coinça un près des marches. Il était juste devant Jimmy de lautre côté d/ un landau. Le môme feintait, faisant mine d/ aller d/ un côté puis de lautre. Pour finir Jimmy choisit un côté et le môme se précipita dans la direction opposée renversant le landau, le bébé en tomba et roula par terre, s/ arrêtant quand il atteignit la haie. Les 2 mômes le regardèrent un instant, écoutant ses cris, puis une tête sortit d/ une fenêtre exigeant de savoir ce qu/ ils foutaient là, et les mômes se tirèrent en se magnant le cul et Jimmy traversa la haie en courant derrière lautre môme, pan, pan, et contournant le bâtiment ils disparurent à la vue. Le jeu des cow-boys et des Indiens continuait.
Ada fredonnait en faisant la vaisselle. Elle récura lévier puis fit son lit, ouvrant d/ abord les fenêtres afin d/ aérer la literie, puis bordant soigneusement les draps et la couverture, gonflant les oreillers (Hymie avait toujours aimé que son oreiller soit épais et bien gonflé), puis alla raccrocher sa chemise de nuit et le pyjama qu/ elle étalait chaque soir sur le lit du côté de Hymie. (Hymie avait toujours aimé avoir un pyjama propre chaque soir et bien qu/ il soit mort depuis 5 ans, 6 en octobre, le 23 octobre, elle disposait toujours un pyjama chaque soir, sauf qu/ à présent elle utilisait toujours le même, qu/ elle lavait une fois par mois, puis repassait et remettait sur le lit.) Puis elle fit le ménage dans lappartement, balayant la cuisine, réalignant les chaises, avant d/ essuyer la vaisselle et de la ranger avec le reste de celle qu/ elle réservait aux produits laitiers. Son fredonnement se mua peu à peu en un chant léger tandis qu/ elle enfilait son chandail et son manteau et se préparait à descendre. Elle fit le tour de lappartement, s/ assurant que le gaz était éteint ainsi que toutes les lumières avant de refermer la porte et de sortir. Près de lentrée du bâtiment s/ étendait un petit espace bordé de bancs et de quelques jeunes arbres. C/ était là qu/ Ada s/ asseyait chaque fois que le temps le permettait. Elle s/ assit sur le banc le plus proche sachant qu/ il serait exposé au soleil plus longtemps que tous les autres. C/ était son banc à elle et c/ était là qu/ elle s/ asseyait pour regarder les enfants, les gens qui passaient ou venaient s/ asseoir, et pour profiter de la chaleur du soleil. Elle ferma les yeux et se tourna face au soleil, levant le visage, et demeura ainsi plusieurs minutes à sentir la chaleur sur son front, ses paupières, ses joues, sentant les rayons du soleil pénétrer sa poitrine, réchauffer son cœur, au point qu/ elle se sentait presque heureuse. Elle prit une profonde inspiration, poussa un soupir inaudible, et baissa la tête et ouvrit les yeux, puis soulevant un peu les pieds, elle gigota les orteils dans ses chaussures. Ses pauvres pieds devaient transporter un tel fardeau et ils souffraient tant en hiver, mais à présent eux-mêmes revivaient et étaient soulagés. Des mois et des mois merveilleusement chauds et ensoleillés passeraient avant que ses pieds ne doivent subir la torture de grosses chaussettes épaisses et être contraints d/ affronter le froid. Bientôt elle pourrait aller une journée à Coney Island et s/ asseoir sur les planches de la promenade et regarder les baigneurs et peut-être pourrait-elle même aller marcher dans les vagues, mais elle se demandait si c/ était une bonne idée. Elle risquait de glisser, ou quelqu/ un risquait de la renverser. N/ empêche, la plage était agréable même pour s/ asseoir seulement sur un banc à prendre le soleil. Elle regarda un petit garçon passer sur son tricycle puis observa un groupe d/ enfants qui se poursuivaient en hurlant. De temps à autre elle parvenait à distinguer les mots qu/ ils se hurlaient et elle rougissait et les chassait aussitôt de son esprit (de cela aussi elle se souviendrait lhiver suivant) puis elle se tourna brusquement en entendant pleurer un bébé, découvrant le landau renversé, entendant la voix venue d/ une fenêtre, apercevant la vision fugitive et floue de 2 enfants qui filaient ; cherchant à situer lendroit où se trouvait ce bébé, se levant du banc quand elle finit par le voir gisant sur le sol, mais se rasseyant quand elle vit une femme sortir du bâtiment. Franchement, ces enfants devraient faire un peu plus attention. Elle regarda la mère ramasser le petit et le déposer dans le landau et lui fourrer un biberon dans la bouche et remonter. J/ espère qu/ il ne s/ est pas fait mal. Le bébé ne pleurait plus et Ada se détourna pour regarder de nouveau lenfant qui tournait autour des bancs sur son tricycle. Elle vit passer une femme avec ses enfants et son chariot à provisions. La femme sourit, inclina la tête et dit Bonjour. Ada lui rendit son salut mais sans sourire. C/ était une gentille dame mais son mari était un vaurien. Il regardait toujours Ada d/ un drôle d/ air comme s/ il allait lui faire du mal. Pas comme son Hymie. Son Hymie était toujours amical, un si brave homme. Cela leur aurait fait 43 ans de mariage cet été-là, le 29 juillet, s/ il vivait encore. Hymie l/ aidait tout le temps. Et lui aussi adorait aller à la plage mais c/ était si rare qu/ ils puissent y aller. Seulement le lundi quand ils fermaient le magasin et ça ne tombait pas toujours bien. Mais souvent quand ils y allaient elle préparait des sandwiches et un thermos d/ une boisson fraîche et Hymie lui louait toujours un transat et un parasol. Il y tenait, il insistait à chaque fois. Je veux que tu sois confortablement installée pour profiter de ta journée. Voilà ce qu/ il disait. Elle elle disait toujours non, ne t/ embête pas avec ça. On s/ en passe très bien, et ils riaient. Mais Hymie tenait à ce qu/ elle ait toujours le parasol au cas où elle aurait envie de se mettre un peu à lombre, mais elle n/ en avait jamais envie et ils s/ asseyaient tous les deux sur les transats à prendre le soleil et une fois, peut-être deux, pendant la journée, ils allaient faire trempette dans les vagues. C/ était un si brave homme son Hymie. Et parfois quand Ira son fils chéri eut grandi il leur disait d/ y aller tous les deux, à la plage, qu/ il s/ occuperait du magasin, et cela leur faisait une journée de plage supplémentaire. Ira son fils était le garçon que toutes les mères auraient rêvé d/ avoir. (Chaque soir avant de se coucher elle embrassait leur photo.) Ce n/ était encore qu/ un enfant quand on l/ avait tué. Rien qu/ un enfant. Pas même marié. Pas même marié quand l/ armée le lui avait pris. Un garçon qui avait tant de qualités. Quand il n/ était encore qu/ un petit bout, en rentrant de l/ école il lui disait d/ aller faire un somme et que lui aiderait papa au magasin et Hymie faisait un si grand sourire et caressait la tête du petit Ira et disait oui, va faire un somme, Ira est un grand garçon maintenant, et il va m/ aider. Et Ira souriait en levant la tête vers son papa et Ada se retirait dans les petites pièces qui ouvraient derrière la confiserie pour s/ étendre. Et parfois, s/ il arrivait qu/ il n/ y ait guère de clients, Hymie préparait le dîner pendant qu/ Ira surveillait le magasin et après Ira revenait et la réveillait et disait, le dîner est servi maman. Tu vois ? Et tout était sur la table et ils mangeaient tous les deux et puis elle allait s/ occuper du magasin pendant que Hymie mangeait à son tour. Et il travaillait dur, Hymie. Il ouvrait le magasin à 6 heures du matin et rentrait les journaux qu/ on avait livrés dans la rue, et parfois il faisait froid il pleuvait, et il transportait les gros paquets de journaux tout seul (il n/ avait jamais accepté qu/ elle l/ aide à le faire) et il coupait la ficelle et les disposait sur le présentoir et elle, au lit, faisait semblant de dormir, et pendant toutes les années de leur vie conjugale Hymie s/ était levé si discrètement pour la laisser dormir plus longtemps et tous les matins elle s/ était réveillée mais jamais ne le lui avait fait savoir afin qu/ il ne s/ inquiète pas pour elle. Puis il revenait à 8 heures et elle faisait semblant de se réveiller quand il la touchait et elle se levait pour préparer le petit déjeuner. Pendant 20 ans ils avaient eu le magasin et avaient été si heureux – le petit au tricycle rentra dans un arbre et passa par-dessus le guidon et se releva aussitôt et repartit – peut-être qu/ ils n/ avaient pas toujours été riches mais ils étaient heureux et elle avait encore dans les narines lodeur du distributeur de sodas à la pression ; et celle sucrée de la crème glacée, des sirops, des sorbets, de la sauce caramel chaude, des guimauves, de la chantilly, des esquimaux glacés, des glaces à leau et des granités et des bonbons et du chewing-gum sur le comptoir et des étagères de confiserie de lautre côté du magasin, dont les portes en verre coulissantes étaient tachées par les doigts poisseux de milliers d/ enfants. Elle s/ accoudait au comptoir pour les regarder pendant qu/ ils choisissaient des bonbons en les montrant d/ un doigt qu/ ils appuyaient contre la vitre. Cela se produisait tant de fois par jour et Ada se demandait quel besoin ils avaient d/ appuyer leurs mains contre la vitre et pourquoi il leur fallait si longtemps pour arrêter leur choix. Et puis quand elle avait eu Ira, assez tard dans sa vie, ça avait cessé de l/ embêter autant. Ils étaient jeunes comme son Ira chéri. Mais à mesure qu/ ils grandissaient ils n/ étaient plus si mignons et vous disaient de ces choses… Mais Ira était toujours resté un si gentil garçon et il avait fallu qu/ on le tue. Et eux n/ avaient même pas pu voir son corps. Rien qu/ un télégramme et plusieurs années après un cercueil plombé. Mon pauvre Ira. Si jeune. Pas même père et maintenant mort. Mort depuis 15 ans déjà – quelques autres enfants se joignirent à celui qui avait le tricycle et le lui empruntèrent à tour de rôle, riant et tournant en rond. Ada sourit en les regardant faire. Mort depuis 15 ans et pas même d/ enfants pour garder ton souvenir. Je ne sais pas pourquoi ils m/ ont fait ça. Il est même mort avant Hymie, son père. Et même Hymie m/ a quittée. Un si brave homme. Il travaillait si dur qu/ il s/ est cassé les reins – quelqu/ un passa et Ada sourit, mais la personne passa son chemin sans remarquer Ada et Ada fut sur le point de crier, mais s/ arrêta quand elle remarqua qu/ à présent des femmes commençaient à descendre et des gens à aller faire leurs courses et que des enfants couraient et riaient et que le soleil devenait plus brillant et plus chaud et que quelques messieurs chevauchaient certains bancs avec un échiquier entre eux et que peut-être quelqu/ un allait venir s/ asseoir à côté d/ elle et qu/ on bavarderait.
Les ménagères étaient sur un banc. Elle regardaient Ada et riaient. Un temps pareil ça fait tout sortir. Même Ada. Ça doit être pour aérer ses habits. Rires. Toujours le même manteau merdeux. Elle le porte tout lhiver. Pourquoi qu/ elle l/ enlève pas ? Elle a rien en dessous ? Qu/ est-ce tu racontes ? Jte parie qu/ elle a la gale. Rires. Quelle saleté. Jte parie que même le gars de la désinfection ose pas monter chez elle. Jte parie qu/ elle a la chatte qui pue le fromage de Limbourg. Rires (il y en a une qui se curait le nez, explorant chaque narine d/ abord avec le petit doigt, repérant les concrétions de choix, puis avec lindex libérait les accumulations de la nuit, raclant du pouce, et cueillant entre le pouce et lindex une belle morve charnue, longue et verte, tachetée de jaune, la balançant de-ci de-là, puis la roulant en boule, la caressant entre ses doigts, cherchant à s/ en débarrasser d/ une pichenette mais elle s/ accrochait avec ténacité, adhérant au doigt jusqu/ à ce qu/ il s/ en libère en se frottant sur le banc). Et cette connasse de Lucy, jl/ ai vue qu/ allait à la laverie avec un paquet de linge. Encore un. Non mais pour qui qu/ a sprend la conne. Sans arrêt à laver du linge. Ouais de qui qu/ a sfout ? Tu sais qu/ son mari fait des études. C/ est ça. Faut croire qu/ y pense qu/ y sra quelqu/ un. Pt-ête qu/ y va apprendre à être mac. Pour quoi faire ? Jamais personne voudra baiser Lucy. Jte parie qu/ elle croit qu/ c/ est fait pour pisser. Moi, jfais ma lessive quand y faut et j/ en fais pas une affaire. (Y en a une qui lève une fesse de son gros cul, lâche un pet sonore et gargouillant et pousse un soupir.) Rires. Vise Ada qui sourit. Jcrois qu/ elle est dingue cette façon qu/ elle a dsourire tout le temps comme ça. Tas raison. Y a des gens qui lui causent dans sa tête. Faudrait que quelqu/ un appelle Kings County pour la faire enfermer. Rires. C/ est vrai, c/ est dangereux tous ces dingues en liberté. Cqu/ elle aurait besoin c/ est qu/ on la baise un bon coup. Ptête que jdevrais y envoyer Henry, y frait du bon boulot. Rires. Jte parie qu/ elle a du pognon planqué queque part. On les connaît ces gens-là. Tas raison. Son mari était dans les affaires à son compte alors qu/ on vienne pas me dire qu/ elle a besoin de laide sociale. Vise-la assise toute seule à sourire. Si j/ avais son pognon, on risquerait pas dme voir assise ici. (Une croûte est recueillie sur une jambe, examinée sous divers angles, puis jetée d/ une pichenette.)
Il a été porté à l’attention du syndic de notre résidence que certains adolescents rançonnent des enfants plus jeunes, menaçant de les frapper s’ils ne leur remettent pas tout l’argent qu’ils ont. Ils interceptent aussi les enfants plus petits quand ils vont au magasin rapporter des bouteilles consignées qu’ils leur prennent en plus de l’argent qu’ils ont sur eux. Tout enfant surpris à prendre l’argent d’un plus petit sera remis à la police aux fins de poursuites et sa famille fera l’objet d’une procédure d’expulsion immédiate. Le syndic de la résidence recommande aux mères de famille d’éviter d’envoyer de jeunes enfants au magasin avec de l’argent ou des bouteilles consignées. Nous tenons à faire de notre résidence un endroit sûr et tranquille pour tous ses habitants. Nous attendons de chacun qu’il coopère à cette entreprise.
Mike finit par se lever. Les pleurs du bébé lui parvenaient faiblement, mais il savait qu/ aussitôt la porte ouverte, le niveau sonore des cris et des pleurs augmenterait et que Helen viendrait l/ emmerder pour une raison ou une autre, qu/ il lui donne à manger ou l/ habille ou encore pour lui poser une de ses fichues questions à la con. Il s/ habilla et se rassit au bord du lit et fuma une cigarette, puis se coucha en s/ étirant sur le lit dans lespoir que le sommeil le terrasse. Il se couvrit les yeux avec un bras mais ça ne changea rien. Il écrasa la cigarette et roula sur le flanc – Helen entendit ce mouvement et se détourna de la fenêtre par laquelle elle avait regardé les mômes jouer, et attendit que la porte s/ ouvre – mais non, il ne se sentait pas fatigué, voilà. Il n/en resta pas moins allongé là dans lespoir de somnoler et peut-être de finir par dormir quelques heures de plus. Ce serait toujours ça de passé. Je me demande quelle heure il est. Y peut pas être midi j/ ai pas entendu le sifflet. Si les gosses voulaient bien la fermer jpourrais ptête dormir. Mais le soleil brillait et même avec le store tiré il y avait plein de lumière dans la chambre et bon sang de bon Dieu autant qu/ y slève et puis merde. Autant qu/ y slève. Il roula de nouveau jusqu/ au bord du lit et se mit lentement debout. Cet emmerdeur de chiard devait être trempé. Nomdedieu le boucan qu/ y peut faire. Il alla à la fenêtre et risqua un œil dehors, gardant le store baissé. La plupart des fenêtres des appartements étaient ouvertes et il regarda à lintérieur de chaque appart l/ un après lautre, attendant pour passer au suivant de s/ être entièrement accoutumé au changement d/ éclairage et d/ avoir la certitude qu/ il n/ y avait rien à mater. Une fois il avait vu une femme, avec une tronche pas mal d/ ailleurs, se pencher à la fenêtre pour parler avec quelqu/ un en bas, et un de ses nichons était sorti de son peignoir. Elle ne savait pas qu/ il était en train de mater donc elle ne s/ était pas pressée pour le remettre en place. Et c/ était pas un ptit nichon non plus. Des trucs comme ça pouvaient se produire à n/ importe quel moment, surtout quand y fsait chaud. Ç/ avait été une bonne journée. Y s/ était senti bien tout du long. C/ était presque aussi bon que de se farcir une inconnue. Il avait bandé comme un cerf toute la journée et quand Irene était rentrée du boulot, il l/ avait emmenée directos dans la chambre et ils avaient baisé comme des dingues. Il l/ avait fait asseoir dessus avec les nichons en avant et il y avait enfoui sa figure et pendant tout ce temps-là Irene avait gigoté son cul et lui nomdedieu ce qu/ il avait pu frétiller de la queue. Ah oui alors, ça c/ était une journée. Si seulement un truc comme ça pouvait arriver de nouveau. Une fois ou deux il avait vu une négresse se balader les nichons à lair, mais c/ était pas pareil. Ça le faisait bander, mais pas comme de voir les nichons d/ une blanche avec des gros tétons roses. C/ était ça qu/ il lui fallait. Une inconnue. Ça faisait un bail qu/ il avait baisé personne d/ autre qu/ Irene… sauf, bien sûr, les deux ou trois fois où, avec une bande de potes, yzorganisaient une soirée pour se bourrer la gueule à la bière et où tous finissaient par passer à tour de rôle sur la même grognasse, mais ça non plus c/ était pas pareil. C/ est pas la même chose que de se faire une poulette. C/ est pas qu/ Irene soit pas un bon coup – elle est vachement bien faite et elle a une belle paire de nichons – mais y commençait à se fatiguer que ça soit toujours la même chose et puis depuis peu elle s/ était mise à y casser les couilles pour qu/ y retrouve un boulot. Mais jl/ emmerde. Pourquoi qu/ il aurait dû bosser ? Il en retire rien. Pourquoi qu/ y devrait se lever le matin et aller se casser les couilles ? Ils s/ en tiraient très bien comme ça avec le boulot d/ Irene. – Le bébé braillait encore, mais y s/ était complètement habitué au bruit maintenant et comme il avait lesprit occupé il l/ entendait pas. Il continuait à mater soigneusement chaque fenêtre l/ une après lautre. Une jeune juive habitait en face de chez lui et il regarda sa fenêtre pendant longtemps. Elle avait une belle paire de nibards et il aurait bien aimé se la faire un jour. Si seulement y pouvait mater par la fenêtre de la salle de bains et la voir sortir de la baignoire, ça putain ce serait queque chose. Une belle jeunesse. Merde. Si ça se trouve elle est déjà sortie. Y passa à la fenêtre suivante. Mais pourquoi que je devrais bosser putain ? Se casser les couilles pourquoi ? On en retire que dalle de toute manière. Merde. J/ ai presque 26 piges et qu/ est-ce que j/ ai ? Que dalle. Pourquoi je devrais aller me casser les couilles pour un juif qui me lâcherait deux ou trois minables biffetons par semaine pendant qu/ y s/ empiffre ? Je les emmerde. Si j/ avais 2 ou 3 dollars je pourrais aller voir les mecs ce soir et pt-ête qu/ on se lèverait queque chose. C/ est ça qui mferait du bien. Jme sens un peu amorti ces temps-ci. J/ ai besoin de sortir avec les mecs c/ est tout. C/ est mes oignons si jveux pas bosser. Il termina son tour d/ inspection des fenêtres, et les passa en revue de nouveau, rapidement, mais y avait toujours rien à mater. Mes couilles. Il sortit de la pièce. Ignorant les pleurs de plus en plus sonores du bébé il alla à la cuisine, Helen marchant derrière lui. J/ espère qu/ Irene a fait une grande cafetière ce matin nomdedieu. Il regarda le bocal de café instantané sur la table et maudit cette feignasse d/ Irene qui n/ avait pas préparé de grande cafetière. Il fit chauffer de leau et se prépara une tasse de café, secouant la tête pour dire oui, ou non, à Helen qui n/ avait pas cessé de parler depuis qu/ il était sorti, signifiant son accord, ou son désaccord, lui disant OK, attends une minute, pas aujourd/ hui, peut-être demain. Il alluma une cigarette, mit la radio – Helen parlait toujours – et finit par dire à Helen de lui lâcher la grappe. Jveux sortir papa. OK, d’accord, laisse-moi finir mon café, tu veux ? Il but son café et fuma une cigarette puis entreprit de l/ habiller, tirant des vêtements de la commode, cherchant un tricot de corps et, où est ta culotte, nomdedieu, pestant contre Irene qui n/ avait pas disposé les vêtements des mômes avant de partir. Comment qu/ elle pouvait s/ attendre à cqu/ y sache où c/ était qu/ elle rangeait tout ce bordel et pendant tout ce temps-là Arthur braillait et Helen le regardait, le pouce dans la bouche, et Mike était hors de lui nomdedieu, parce qu/ y avait pas de raison que les choses soyent pas là où il aurait pu les trouver. Et pourquoi qu/ elle avait pas habillé la petite avant de partir bordel et il finit par dire et puis merde et la poussa rudement dans sa chambre. Il se prépara une nouvelle tasse de café et alluma une nouvelle cigarette, s/ efforçant d/ ignorer Arthur, mais sans y arriver et sachant que tôt ou tard il devrait le changer de la même manière qu/ il savait chaque matin en s/ éveillant qu/ il finirait par devoir se lever et qu/ il en arriverait à ce même moment où il lui devenait impossible de continuer à ignorer les hurlements du chiard et où il lui faudrait changer sa couche pisseuse. Nomdedieu ce qu/ il pouvait détester changer le môme le matin. Ça l/ emmerdait moins laprès-midi, lautre moment où il le changeait (quand il le changeait), mais le matin c/ était dégoûtant. La saleté de couche était trempée de pisse et puait que c/ en était pas croyable. Et d/ ordinaire y avait aussi plein de merde et elle était étalée partout sur le cul du petit. Il finit son café et sa cigarette mais ne bougea pas de la table. Peut-être qu/ y pourrait aller acheter quelques bouteilles de bière d/ abord. Ouais, bonne idée. Il acheta quelques litres de bière et en rentrant se sentit déjà mieux. Il se versa un verre et alla dans la chambre des mômes, regarda Arthur, pourquoi tas besoin de faire un barouf pareil. Nomdedieu cque tu peux puer. Il tira violemment sur la culotte en caoutchouc puis défit soigneusement les épingles et détourna un peu la tête en ôtant lentement la couche. Oh Seigneur, quelle saloperie. Il serra les dents, il était si furieux qu/ il avait envie de baffer le môme. Arthur finit par s/ arrêter de pleurer quand la couche trempée fut retirée et Mike le regarda qu/ il avait intérêt à se taire s/ il ne voulait pas qu/ il lui enroule la couche autour de la tête. Il se débarrassa de la merde dans les toilettes et laissa tomber la couche dans un seau. Le seau était plein de couches sales et il pesta contre Irene qui ne les avait pas lavées la veille comme il avait dit. Elle sait qu/ elle devrait laver les couches tous les jours, la pétasse, merde. Il revint à Arthur, lui mit une couche propre, remonta la culotte en caoutchouc puis laissa tomber quelques joujoux dans le berceau avant de retourner à la cuisine et à sa bière. Bon, c/ était toujours ça de fait. Et maintenant il allait au moins pouvoir s/ asseoir tranquillement et boire une bière et écouter la radio et qui sait penser à un truc à faire.
La laverie automatique était bondée et Lucy s/ assit sur une banquette pour attendre. Elle assit les enfants à côté d/ elle et leur dit de se tenir tranquilles, mais Robert se mit à balancer les pieds et Johnny glissait à bas de la banquette, Lucy le rattrapant par le bras, le tirant en arrière et lui disant de s/ asseoir sans bouger et de se taire. Je ne veux pas que tu coures partout comme les autres enfants ici. Lucy lançait des coups d/ œil en direction des machines que lui avait désignées la responsable, cherchant à calculer dans combien de temps elle pourrait s/ en servir. Si seulement elle avait eu un magazine pour passer le temps, mais quand bien même, elle savait qu/ elle n/ aurait pas pu se concentrer parce que Johnny aurait à coup sûr été jouer avec d/ autres enfants si elle ne le surveillait pas. Elle le tira par le bras pour le faire rasseoir sur la banquette et dit à Robert d/ arrêter de remuer les jambes. Ah ce qu/ elle pouvait détester attendre dans cette laverie. Assise là sans rien d/ autre à faire que d/ écouter glousser ces bonnes femmes stupides et leurs jacasseries entrecoupées de hihihihihi à travers toute la boutique. Toujours à rigoler. Ah, elle détestait cette laverie. Johnny avait encore glissé à bas de la banquette contre laquelle il se tenait maintenant adossé, coulant à sa mère un regard pour voir si elle allait le tirer en arrière. Elle regarda de nouveau les machines à laver. Il n/ y en aurait plus pour très longtemps. Johnny avança d/ un pas – elle n/ avait encore rien fait et peut-être qu/ il allait pouvoir s/ éloigner un peu. Lucy le tira par le bras et le fit rasseoir. Il lui faudrait attendre. Les machines s/ arrêtèrent enfin et la bonne femme en retira son linge que Lucy examina d/ un œil torve. Il était encore un peu douteux. Elle prépara le sien pour les machines. Johnny, qui avait de nouveau glissé à bas de la banquette, tournait en rond en boudant. Robert observa son frère un moment puis lui aussi se laissa glisser et se tint debout en s/ accrochant à la banquette. Lucy mit la poudre dans les machines, puis en ajouta encore un tout petit peu. Cela fait, elle se retourna et vit Robert ramasser quelque chose par terre qu/ elle s/ empressa de lui prendre, puis chercha des yeux Johnny tout en remettant Robert sur la banquette. Il était en train de jouer avec un petit garçon à lautre bout de la laverie et Lucy faillit se mettre à crier mais elle se maîtrisa et alla calmement le chercher. Johnny jouait avec un petit Portoricain vêtu d/ une salopette sale et chaussé de tennis crasseuses et déchirées. Lucy avait envie de le tirer violemment par la main mais se contraignit au contraire à garder son calme pour le ramener jusqu/ à lendroit où tous trois étaient assis. Johnny pleurnichait et demandait pourquoi il ne pouvait pas jouer avec le petit garçon et Lucy lui répondit qu/ il devait rester assis pour ne pas risquer de se blesser avec une des machines à laver. Johnny discuta mais Lucy resta ferme. Elle lui sourit et lui dit de rester assis tranquillement. Puis elle regarda ses machines et fronça les sourcils en découvrant que la mousse dépassait le niveau indiqué et commençait même à être visible au bord de lentonnoir situé sur le dessus de la machine dans lequel on versait la poudre. Les yeux écarquillés elle regarda monter la mousse, la main encore sur la jambe de Johnny, puis la vit déborder et dégouliner le long des flancs de la machine. Elle ne savait pas quoi faire et était trop gênée pour appeler lemployée. La mousse continuait à enfler et déborder et un filet d/ eau courait maintenant entre les machines. Quelqu/ un finit par attirer lattention de lemployée qui s/ amena, tripota quelque chose derrière les machines ce qui eut pour effet de faire retomber la mousse puis elle demanda qui se servait de cette machine-là. Lucy se leva et commença à bredouiller des excuses et la bonne femme lui dit qu/ elle aurait dû faire plus attention à la quantité de poudre qu/ elle mettait dans la machine puis lui indiqua lendroit où elle trouverait le balai et la serpillière. Lucy alla les chercher et épongea leau évitant soigneusement dans sa gêne de croiser le regard de quiconque. Elle alla remettre la serpillière en place et se mit à éprouver une certaine rancœur et fut en même temps incapable de s/ empêcher de se demander si l/ employée estimait qu/ elle ne valait pas mieux que la Portoricaine à lautre bout de la laverie. Elle retourna à la banquette et vit que Johnny n/ y était pas mais était retourné jouer avec le petit garçon. Elle l/ appela en criant rudement et Johnny revint en courant et s/ empressa de se rasseoir, n/ osant pas la regarder (il se rappelait ce qui avait eu lieu le matin), mais sachant qu/ elle continuait à lui lancer des regards furibonds. Les enfants se tinrent tranquille et Lucy ne disait rien, le regard fixé sur les machines, les joues brûlantes d/ un mélange de gêne et de rancœur. Les machines s/ arrêtèrent enfin et elle dit aux enfants de ne pas bouger et alla vider les machines puis se rassit sur la banquette et attendit que lessoreuse soit libre. Pendant qu/ elle attendait, une femme entra avec un chariot de linge et demanda si elle pouvait se servir de lessoreuse, celle de la laverie d/ en face était en panne. Lemployée lui dit qu/ il faudrait attendre que ses clientes à elle aient terminé, qu/ elle ne pouvait pas permettre aux gens des autres bâtiments de venir se servir de son essoreuse jusqu/ à ce que ses propres usagers aient terminé et qu/ elle ne savait pas s/ ils auraient terminé à temps, il se faisait tard et il y avait une vraie foule qui attendait et elle allait fermer bientôt. La bonne femme était exaspérée d/ avoir attendu une heure dans lautre laverie et qu/ après ça cette saleté de truc soit tombé en panne et du coup elle était pas d/ humeur à cqu/ on lui manque de respect. Elle dit qu/ elle voulait seulement se servir de lessoreuse et qu/ elle attendrait le temps qu/ il faudrait, mais qu/ elle allait s/ en servir et qu/ y avait pas à palabrer, foudroyant cette saleté de blanche du regard, furieuse contre elle qu/ elle ait osé lui parler sur ce ton. Oui ben vous allez attendre que tous mes usagers à moi aient fini et s/ il reste du temps, je dis bien si, vous pourrez vous en servir et c/ est pas la peine de le prendre de haut. Dites donc, j/ ai pas venue ici pour me faire manquer de respect, jvais me servir de ctessorreuse un point c/ est tout, zentendez ? Lemployée avait bien envie d/ envoyer la négresse se faire voir ailleurs que dans sa laverie mais elle n/ osa pas. Elle lui tourna le dos, décidant soudain d/ aller aider une femme (de couleur) à sortir sa lessive de la machine, puis dit à lintruse (cte putain de négresse) que sa laverie était réservée aux locataires du bâtiment, et de toute façon, la dame de lautre laverie ne permet jamais à mes usagères de se servir de son essoreuse. Lautre lui marcha droit dessus et lui dit de garder pour elle ce genre de conneries, que si elle voulait se servir de cte putain d/ essoreuse elle s/ en servirait et merde. Lemployée se redressa, posa les mains sur les hanches et rayonna. Et toi tu peux me vider les lieux et plus vite que ça, ma fille. Nous avons ici des dames qui n/ ont pas lhabitude d/ entendre ce genre de langage (espèce de sale pute de négresse de merde). Me donne par d/ ordre salope. Cte putain de laverie est à tout lmonde et jme servirai de ta saleté d/ essoreuse même si jdois te casser ta sale gueule avant. Me parle pas sur ce ton espèce de fille de garce (noire) mal embouchée… Lucy saisit Robert et le chariot et se précipita hors de la laverie, remonta la rampe et sortit au grand air, quittant la laverie avec la même précipitation qu/ elle avait mise à s/ éloigner de lascenseur, Johnny courant derrière elle pour ne pas se laisser distancer.
Abraham ouvrit la portière de sa Cadillac qui en jetait un max et regarda d/ un petit air satisfait – les gens assis alentour, les gens qui passaient et les gens qui lavaient leurs autos, dont les enfants allaient et venaient en courant avec des seaux d/ eau – avant d/ y monter et de refermer la portière d/ un grand geste élégant. Il étendit les jambes, poussant contre le dossier, et sourit. Elle était à lui. Parfaitement. À lui tout seul. Il considéra le tableau de bord avec tous ses boutons et le caressa. Chaque putain de millimètre carré de chrome lui appartenait à lui, Abe. Il mit le moteur en route et le laissa tourner au ralenti, puis alluma la radio et ouvrit la vitre de son côté. Il régla sur la station qu/ il désirait, tapant du pied sur les cris et les gémissements d/ un saxo, prit une cigarette dans son paquet, la plaça lentement et soigneusement entre ses lèvres, enfonça lallume-cigare du tableau de bord, se radossa à son siège, tapant toujours du pied en souriant, jusqu/ à ce que lallume-cigare ressorte avec un petit plop puis l/ extrayant de son logement alluma sa cigarette, soufflant la fumée sur le pare-brise et la regardant sortir en volutes par la fenêtre. Il regarda de nouveau les pauvres nases qui lavaient leurs autos à la main et ricana. On ne risquait pas de voir un jour ce frère laver sa propre voiture. Ce n/ était pas pour Abe, ça. Il appuya le coude sur la portière, étendit de nouveau les jambes et remit ses génitoires en place. (Comment que je vais lui défoncer son petit cul caramel.) Le bon Abe se sentait toujours détendu et en grande forme dans sa Cadillac et aujourd/ hui il se sentait mieux que jamais. Il voulait bien être pendu si c/ était pas une journée au petit poil et son regard alla de la banquette arrière au plancher (n/ a pas lair très net, mais les gars le nettoient toujours après qu/ y zayent fini le lavage), passa la main sur la garniture luxueuse, caressa de nouveau le tableau de bord (que je soye pendu s/ il est pas luisant comme un cul de bébé), monta le volume de la radio et jouit encore une fois du spectacle des branques qui lavaient leurs autos avec seaux d/ eau, lessive et éponges. Que je soye pendu si on dirait pas que tous les bonhommes de la résidence sont venus laver leur bagnole aujourd/ hui. C/ est pas mon genre. Moi, je raque pour que ça soye fait. Ah, quel pied, quel pied c/ était mon frère d/ être assis là à écouter la radio et à sentir lodeur de la voiture, ctodeur typique de CADILLAC sans avoir toute cette marmaille à vous courir sur lharicot et laute garce à pousser ses gueulantes. Abe inspira profondément et expédia d/ une pichenette la cigarette par la fenêtre. C/ est pas tout ça mais faut quj/ y vais. Il passa la marche arrière et recula, fit demi-tour dans un grand crissement de pneus (haha, visez-moi tous ces négros qui me matent) et alla au garage de Blackie. Il descendit de sa Cadillac et Blackie s/ amena pour le saluer. Comment vas-tu mon frère ? Au petit poil Blackie. Et toi mon cousin ? Jme bile pas papa. Comme d/ habitude ? Tu mconnais, jsais comment qu/ on traite une Cadillac. Jviendrai la reprendre un peu plus tard. Abe gagna en flânant le salon de coiffure au bout du pâté de maisons et quand il ouvrit la porte tout le monde le salua et il sourit et gagna un fauteuil inoccupé, adressant à tous des sourires radieux et des gestes de la main, sa popularité lui causant un grand, un très grand plaisir, parce que tout le monde savait quel type merveilleux il était, quel bluesman viveur à la coule, et que tout le monde l/ estimait par-dessus tout. Il n/ était pas sitôt assis que le cireur s/ amena et entreprit de lui astiquer les pompes. Si seulement cte petite poulette pouvait le voir en ce moment et voir que tout le monde savait qu/ il était un type terrible, mais ça elle le saurait le soir même. Oh oui mon frère et comment qu/ elle le saura ! Elle saurait qu/ elle avait pas affaire avec un quelconque plouc de nègre fraîchement débarqué du sud, mais avec ce bon Abe, un vrai mâle qui connaissait la musique (caressant ses génitoires) et elle allait pas tarder à le savoir. La radio jouait et Abe se mit à chanter avec lartiste, mais beaucoup plus fort, parce qu/ il savait qu/ il était meilleur et de loin que le crooner négro de la TSF, qui était pourtant pas mal non plus. Le cireur finit d/ astiquer les pompes d/ Abe et il lui expédia un demi-dollar. Avant de prendre place dans le fauteuil pour sa coupe de cheveux Abe se recoiffa soigneusement, ajustant chaque cran jusqu/ à ce qu/ il occupe précisément la position désirée, puis il s/ assit en disant, comme d/ hab. Il croisa les jambes et surveilla le merlan dans la glace pendant qu/ il coupait. Il supervisa la coupe de chacun de ses tifs, demandant au coiffeur de présenter le miroir à main derrière sa tête toutes les 3 ou 4 minutes, pour s/ assurer que la coupe était parfaitement droite sur la nuque et pas trop courte, vérifiant la longueur de ses pattes, le regardant passer la tondeuse autour des oreilles et lui enjoignant de couper l/ extrémité des quelques poils qui rebiquaient sur la gauche juste en arrière du second cran. Puis le dossier bascula et Abe se fit raser, le coiffeur travaillant avec soin de façon à éviter toute irritation ou le moindre danger de susciter une rougeur, et Abe lui indiquait la direction à suivre pour raser les différentes parties de son visage et attention là, au petit bouton. Quand il eut terminé le coiffeur lui essuya le visage avec une serviette chaude mais pas trop, exactement comme le bon Abe l/ aimait, puis le massa soigneusement avec une crème nourrissante et une lotion après-rasage spéciale. Puis Abe se fit tailler la moustache et couper les poils du nez. Il se leva du fauteuil et se regarda dans le miroir, se peignant pour ajuster les ondulations et les crans, et lâcha 2 ou 3 biffetons au merlan. Il s/ attarda un moment avec les frères, à écouter de la musique et à chanter dessus, leur parlant des jolies poulettes qui lui couraient après et de la belle nana caramel qui lui avait fait de lœil la veille et aussi du grand enfoiré de négro qu/ il avait foutu sur le cul quelques semaines plus tôt CHEZ MEL et quand jte dis qu/ il était grand, Jim, il était grand, et il avait une lame comme ça, mais jlui en ai balancé un et paf y s/ est retrouvé sur le cul comme ça, et il leur montrait son poing en souriant et ils se marraient tous et il leur adressa encore un grand geste de la main avant de franchir la porte d/ une démarche élastique. Ah oui pour sûr ils avaient tous Abe à la bonne. Il regarda sa montre mais il était encore trop tôt pour aller chercher la Cadillac. Il leur faut encore une heure ou deux pour faire du bon boulot. Dommage, parce que c/ était le genre de journée où on aime prendre le volant et tourner un peu en écoutant de la bonne musique à la radio et qui sait, lever une sœurette. Dommage que la poulette soit pas dans le coin à ce moment-là. Ils auraient pu aller faire une petite promenade… c/ est ça, mon frère, une petite promenade en bagnole, hehehehe… bah, on en fera ptête une petite ce soir… il fit claquer ses doigts, puuutain… Il s/ arrêta devant le cinoche et examina les affiches annonçant cqu/ on projetait. Deux films de cow-boys. Alors le bon Abe décida d/ aller tuer le temps au cinoche vu que puuutain, il avait toujours aimé les films de cow-boys et que quand il sortirait, la Cadillac serait prête.
La plupart des gosses étaient de sortie à présent, courant en tous sens, bousculant ou se faisant bousculer et flanquer par terre, selon leur taille. Quelques-uns avaient ramassé des sacs-poubelle qui traînaient çà et là dans les couloirs et y avaient mis le feu, ils couraient autour en braillant, saisissant des détritus enflammés pour se les jeter à la figure les uns des autres jusqu/ à ce que quelques portes s/ ouvrent et qu/ on leur enjoigne de foutre le camp vite fait bande de petits enfoirés et qu/ ils dispersent le feu dans le couloir à coups de pied, gueulent enfoiré toi-même et dévalent lescalier, en hurlant, et sortent du bâtiment. D/ autres enfonçaient des bandes de papier journal dans les boîtes à lettres contenant du courrier, puis allumaient le papier et sautaient joyeusement pendant que le courrier brûlait et que les flammes noircissaient le mur. Quand tout le courrier eut brûlé ils tirèrent autant de sonnettes qu/ ils purent en atteindre puis sortirent en hurlant du bâtiment. Des têtes parurent aux fenêtres proférant des menaces contre les gosses qui allaient ramasser des coups de pied aux fesses s/ ils n/ arrêtaient pas leurs conneries et on leur jeta un sac-poubelle et une bouteille vide et les gosses éclatèrent de rire et crièrent tu l/ as dans l/ cul et coururent jusqu/ au terrain de jeux où les plus petits grimpaient sur les toboggans, renversant les encore plus petits, marchant sur les mains de ceux qui essayaient de grimper à léchelle, en faisant tomber un autre en le tirant par les pieds, donnant des coups de pied dans la figure d/ un autre encore ; puis ils firent la tournée des balançoires, en en faisant tomber les gosses, dont l/ un qui reçut une balançoire en pleine figure, et les plus jeunes gisaient par terre en larmes jusqu/ à ce que quelques parents, assis à prendre le soleil, regardent dans cette direction et se mettent à crier, alors les gosses partirent en courant vers un autre coin du terrain de jeux, et quelques-uns des plus grands piquèrent le ballon des gosses qui jouaient au basket et quand le propriétaire du ballon se mit à pleurer et à crier qu/ on le lui rende, ils finirent par le lui lancer de toutes leurs forces dans la figure et il se mit à saigner du nez et un de ses copains gueula après les gosses qui s/ enfuyaient les traitant de sales nègres et ils revinrent sur leurs pas et lui dirent que lui il était encore plus noir que de la merde, et les autres gosses leur dirent qu/ ils grouillaient de poux nègres et un gamin dit à lautre que sa mère niquait avec les Portoricains et le gosse sortit une lime à ongles et entailla la joue de lautre avant de s/ enfuir, ses copains s/ enfuyant avec lui ; et tout au bout du terrain de jeux un petit groupe de gosses tranquillement blottis les uns contre les autres, entre eux, ignorant les bagarres et les cris, les bras de la camaraderie entourant les épaules les uns des autres, se fendaient la pêche en fumant de la marijuana.
DÉPÊCHE-TOI D/ HABILLER LE PETIT. JVEUX L/ EMMENER SE FAIRE COUPER LES CHEVEUX. QUOI SFAIRE COUPER LES CHEVEUX ? LUI AGITANT LA MAIN SOUS LE NEZ. EN QUEL HONNEUR QU/ IL AURAIT BESOIN DE SFAIRE COUPER LES CHEVEUX ? YA QUEQUE CHOSE QUI CLOCHE AVEC SES CHEVEUX, HEIN ? POURQUOI QUTU VEUX LES LUI COUPER ? PASQU/ Y SONT TROP LONGS VLÀ POURQUOI. REGARDE, IL A DES BOUCLES COMME UNE FILLE. TIRANT JOEY PAR LES CHEVEUX, LE SOULEVANT PRESQUE DE TERRE, LE PETIT BRAILLANT ET DONNANT DES COUPS DE PIED À VINNIE. Y SONT TROP LONGS, VOILÀ. MARY SAISIT UNE POIGNÉE DE CHEVEUX EN DISANT QU/ EST-CE T/ AS CONTRE LES BOUCLES ? T/ AIMES PAS LES BOUCLES ALORS LE PETIT DOIT SE FAIRE COUPER LES CHEVEUX ? NON, J/ AIME PAS TOUTES CES BOUCLES-LÀ, SECOUANT VIOLEMMENT LA MAIN QUI TENAIT LES CHEVEUX DE JOEY. JVEUX PAS QU/ IL AIT LAIR D/ UNE FILLE. Y VA SFAIRE COUPER LES CHEVEUX. DANS TON CUL QU/ Y VA SFAIRE COUPER LES CHEVEUX. Y M/ PLAISENT À MOI SES CHEVEUX LONGS ET BOUCLÉS ET Y VA LES GARDER COMME ÇA. TIRANT SI FORT SUR LES CHEVEUX DE JOEY QU/ ELLE LE SOULEVA DU PLANCHER ET QU/ IL POUSSA UN CRI AIGU ET LUI ÉGRATIGNA LA MAIN SI FORT QU/ ELLE L/ OUVRIT ET IL SE TOURNA POUR DONNER UN COUP DE PIED À SON PÈRE ET LUI GRIFFA LA MAIN ET VINNIE LUI LÂCHA LES CHEVEUX POUR LUI APPLIQUER UNE BAFFE DERRIÈRE LA TÊTE ET MARY LUI BOTTA LES FESSES ET TOUS DEUX LUI HURLÈRENT DESSUS, MAIS JOEY S/ EN FICHAIT, IL SE CONTENTA DE S/ ÉLOIGNER EN COURANT ET ILS SE TOURNÈRENT L/ UN CONTRE LAUTRE. VINNIE HURLA DE NOUVEAU QU/ ELLE HABILLE LE PETIT POUR QU/ IL PUISSE L/ EMMENER SFAIRE COUPER LES CHEVEUX ET MARY DIT QU/ IL EN AVAIT PAS BESOIN. NON MAIS, QUELLE CONNASSE. LE PETIT A LES CHEVEUX QUI LUI DESCENDENT JUSQU/ AU CUL ET ELLE, ELLE DIT QU/ IL A PAS BESOIN DE SE LES FAIRE COUPER. EXACTEMENT. JE LE DIS. C/ EST MOI QUI LE DIS. C/ EST JOLI. ÇA MPLAÎT. C/ EST PAS NORMAL QU/ IL AYE LAIR D/ UNE FILLE. ET C/ EST QUI QUI DÉCIDE HEIN ? C/ EST QUI QUI DÉCIDE DE CE QU/ EST NORMAL ? ET D/ AILLEURS IL A PAS LAIR D/ ÊTRE UNE FILLE. IL EST MIGNON. VINNIE SE TAPA SUR LA TÊTE ET POUSSA UN GROGNEMENT. NON MAIS, IL EST MIGNON ! COMMENT QU/ Y SERAIT MIGNON AVEC TOUTES CES BOUCLES ? MAIS C/ EST QUOI LE PROBLÈME AVEC LES BOUCLES ? HEIN ? C/ EST QUOI LE PROBLÈME ? IL AVAIT PAS DE BOUCLES PEUT-ÊTRE LE GOSSE À TON FRÈRE AUGIE ET ROSIE Y FAISAIT PTÊTE PAS GARDER LES CHEVEUX LONGS, HEIN ? HEIN ? ALORS QU/ EST-CE TAS A GUEULER COMME UN CON ? C/ EST ÇA C/ EST ÇA, ET T/ AS VU LE TARÉ QU/ IL A LAIR D/ ÊTRE DEVENU, LE GOSSE. LES CHEVEUX LONGS ÇA LES REND TARÉS LES GOSSES. VLÀ CQUE ÇA FAIT. À DIEU NE PLAISE QUE MON GOSSE GRANDISSE COMME ÇA. J/ Y COLLERAI UNE BALLE DANS LA TÊTE. Joey les regardait par lentrebâillement de la porte de sa chambre. À QUI QU/ TU COLLERAS UNE BALLE DANS LA TÊTE, HEIN ? À QUI ? QUOI, À QUI ? JT/ EN COLLERAI UNE À TOI AUSSI. AH TU CROIS ÇA, HEIN ? BEN OUI. VASY. VASY. JTE CASSERAI LA TÊTE CONNASSE. À QUI QUTU VAS CASSER LA TÊTE, HEIN ? FAIS-Y COUPER LES CHEVEUX. VASY. FAIS-Y COUPER LES CHEVEUX. TU VERRAS. JTE DIS QU/ IL A BESOIN DE SE FAIRE COUPER LES CHEVEUX ALORS TA GUEULE, T/ ENTENDS ? LUI AGITANT SA MAIN SOUS LE NEZ, ET MARY LE FRAPPA SUR LE FRONT ET HURLA QU/ ELLE NE VOULAIT PAS QUE JOEY SE FASSE COUPER LES CHEVEUX ET VINNIE LA POUSSA D/ UNE BOURRADE, CASSE-TOAAAAAA, ET ALLA DANS LA CHAMBRE DE JOEY. JOEY ÉTAIT ASSIS DANS UN COIN À SURVEILLER LA PORTE ET SE MIT À CRIER QUAND VINNIE LE RAMASSA ET L/ EMPORTA JUSQU/ À LA PENDERIE OÙ IL ARRACHA DES VÊTEMENTS À LEUR CINTRE. IL ASSIT LE PETIT SUR LE LIT ET COMMENÇAIT À L/ HABILLER QUAND MARY ENTRA ET LE REPOUSSA EN LUI DISANT DE LAISSER JOEY TRANQUILLE, QU/ IL N/ AVAIT PAS BESOIN DE SE FAIRE COUPER LES CHEVEUX, ET VINNIE LA POUSSA CONTRE LE MUR EN LUI DISANT FOUS-MOI LA PAIX, T/ ENTENDS ? ET IL CONTINUA À HABILLER JOEY ET MARY REVINT À LA CHARGE ET LUI CRIA SOUS LE NEZ ET RECOMMENCA À LE POUSSER ET IL LA REPOUSSA D/ UNE MAIN TOUT EN ESSAYANT D/ HABILLER JOEY DE LAUTRE ET JOEY SUR LE LIT LANÇAIT DES COUPS DE PIED EN HURLANT ET SON PETIT FRÈRE ENTRA À QUATRE PATTES VENANT DU SALON ET S/ ASSIT QUELQUES INSTANTS PRÈS DU LIT PUIS SE MIT LUI AUSSI À HURLER ET VINNIE REPOUSSA MARY PLUS VIOLEMMENT ET ELLE TOMBA EN ARRIÈRE, TRÉBUCHANT SUR LE BÉBÉ, ET ATTERRIT SUR LE PLANCHER ET SE RELEVA D/ UN BOND ET SE MIT À DONNER DES COUPS DE PIED À VINNIE ET IL LUI RETOURNA UNE BAFFE EN TRAVERS DE LA FIGURE ET JOEY SE TORTILLA POUR ÉCHAPPER À VINNIE ET SE METTRE SUR LE VENTRE EN PLEURANT ET EN LANÇANT DES COUPS DE PIED ET LE BÉBÉ QUI S/ ÉTAIT TU UNE SECONDE QUAND MARY LUI AVAIT TRÉBUCHÉ DESSUS SE MIT À BRAILLER ENCORE PLUS FORT ET MARY DIT DE LAISSER LE PETIT TRANQUILLE BORDEL DE MERDE ET VINNIE L/ AGRIPPA PAR LES ÉPAULES ET LA SECOUA EN LUI DEMANDANT SI ELLE ÉTAIT DINGUE OU QUOI ET LA REPOUSSA CONTRE LE MUR ENCORE UNE FOIS ET JOEY TOMBA DU LIT SUR LE PLANCHER QU/ IL HEURTA D/ ABORD AVEC LES PIEDS EN CRIANT PUIS VIOLEMMENT AVEC LES MAINS ET VINNIE SE PENCHA PAR-DESSUS LE LIT ET LE RAMASSA POUR RECOMMENCER À L/ HABILLER PENDANT QUE MARY LUI FAISAIT PLEUVOIR UNE GRÊLE DE COUPS DE POING SUR LA TÊTE ET QU/ IL CONTINUAIT À LA REPOUSSER TOUT EN ENFILANT LES VÊTEMENTS SUR LES BRAS ET SUR LES JAMBES DU PETIT. ET QUAND SA CHEMISE SE DÉCHIRA ET QUE VINNIE LUI TIRA TROP SUR LE BRAS IL LE LÂCHA UNE MINUTE LE TEMPS DE DÉCOCHER UN COUP DE POING À LA MÂCHOIRE DE MARY QUI FUT PROJETÉE TITUBANTE PAR LA PORTE DE LA CHAMBRE, REBONDIT SUR UN MUR ET S/ ABATTIT SUR LE PLANCHER SOUS LES YEUX DU BÉBÉ QUI CONTINUAIT À BRAILLER ET JOEY CESSA UNE MINUTE DE DONNER DES COUPS DE PIED ET VINNIE ARRIVA À LUI ENFILER D/ AUTRES VÊTEMENTS, PUIS JOEY SE MIT A HURLER DE NOUVEAU, MAIS IL ÉTAIT PRESQUE HABILLÉ À PRÉSENT ET MARY ÉTAIT ENCORE INCONSCIENTE ET VINNIE CONTINUAIT À MARMONNER ENTRE SES DENTS QUE LE PETIT AVAIT BESOIN DE SFAIRE COUPER LES CHEVEUX, PAS QUESTION QU/ IL AIT LAIR D/ UN TARÉ, ET QU/ AUGIE ÉTAIT SALEMENT EN PÉTARD CONTRE ROSIE QUI LUI AVAIT PAS FAIT COUPER LES CHEVEUX ET QUE LUI, VINNIE, ACCEPTERAIT SÛREMENT PAS CE GENRE DE CONNERIES. ET JOEY FUT ENFIN HABILLÉ ET MARY COMMENÇA À GEINDRE ET VINNIE LUI GUEULA LA FEEERME, ET IL TRAÎNA JOEY DE LA CHAMBRE DANS LAUTRE CHAMBRE OÙ IL PRIT UN BLOUSON QU/ IL ENDOSSA ET LE BÉBÉ AVAIT RAMPÉ JUSQU/ À MARY ET LUI TAPAIT SUR LE VENTRE EN GLOUSSANT ET MARY OUVRIT LES YEUX ET VINNIE ET JOEY SORTIRENT DE LA CHAMBRE ET ELLE ESSAYA D/ AGRIPPER LA JAMBE DE VINNIE QUAND IL L/ ENJAMBA MAIS IL PARVINT À SE LIBÉRER D/ UNE SECOUSSE ET ELLE LES REGARDA SORTIR DE LAPPARTEMENT, SE REMETTANT LENTEMENT DEBOUT ET QUAND ELLE ARRIVA ENFIN À GAGNER LA FENÊTRE DU SALON, VINNIE ET JOEY SORTAIENT DU BÂTIMENT, JOEY HURLANT TOUJOURS, MAIS PAS AUSSI FORT, PENDANT QUE VINNIE LE TRAÎNAIT ET MARY OUVRIT LA FENÊTRE ET HURLA REVIENS PUTAIN D/ ENFOIRÉ DE FILS DE PUTE ET VINNIE LUI FIT DE LA MAIN LE SIGNE DE LA FERMER LA FEEEEERME, T/ ENTENDS ? ET IL DESCENDIT L/ ALLÉE JUSQU/ À LA RUE PENDANT QUE MARY CRIAIT ENCORE À LA FENÊTRE.
Au supermarché Lucy crut bien que Johnny allait la rendre folle. Robert resta tranquillement assis dans le chariot, mais Johnny se mit à courir entre les rayons, s/ arrêtant pour dévisager les gens et parler avec d/ autres enfants. À croire que toutes les 2 minutes il fallait qu/ elle l/ arrache d/ une conversation avec un gosse et elle ne lui avait pas sitôt lâché la main qu/ il s/ esquivait et qu/ en le cherchant des yeux elle le trouvait en conversation avec un nouveau gamin, s/ agenouillant pour regarder sous les rayons ou pour jouer avec un chaton ou Dieu sait quoi encore. Et ensuite, bien sûr, il voulut des bonbons. Et pour finir Lucy fut contrainte de lui tordre le bras et de lui dire d/ être sage s/ il ne voulait pas recevoir une correction. Ah là là, ce qu/ elle pouvait détester les week-ends, être obligée de faire les courses dans des magasins bondés (Louis passait deux journées entières à la maison (certaines fois), et il était toujours pressé d/ aller se coucher, mais pas pour dormir, il avait envie de batifoler toute la nuit), et à la laverie il y avait toujours foule. Quand elle eut enfin terminé ses courses elle sortit du magasin. Dans la rue elle se hâta, en prenant Robert dans les bras, traînant son chariot et Johnny, qui courait pour ne pas se laisser distancer, mais s/ arrêtait toutes les 3 minutes pour regarder une vitrine ou des gosses qui jouaient. Elle était doublement irritée par les gens qui flânaient tranquillement, profitant de la chaleur et du soleil. Ada lui sourit quand elle passa devant son banc mais Lucy l/ ignora (la sale juive. Elle change jamais de vêtements) et pressa le pas. Elle dut littéralement traîner Johnny pour l/ arracher aux enfants qui jouaient devant le bâtiment et lui donner une tape sur le bras quand il demanda pourquoi il ne pouvait pas rester en bas jouer avec les autres. Elle lui aboya dans loreille et il rentra en courant. Lascenseur n/ avait évidemment pas été nettoyé et elle dut monter à pied jusqu/ à lappartement. Elle n/ arrivait pas à comprendre que personne ne se soit avisé de faire disparaître cette saleté alors que tout le monde savait que le gardien ne serait pas de retour avant lundi. Quelqu/ un aurait au moins pu étaler un journal par-dessus.
Louis était assis à la table et lisait en buvant du café. La porte se referma en claquant et elle se laissa tomber dans un fauteuil. Elle enleva leur manteau aux enfants et ils coururent en hurlant jusqu/ à leur chambre et Lucy leur dit de jouer sans faire de bruit. Elle se servit une tasse de café et se laissa de nouveau tomber dans le fauteuil. Ouf, jsuis claquée. Louis aspira une gorgée de café (cette rengaine-là d/ ordinaire elle attend qu/ on soit couchés pour me la sortir), poursuivit sa lecture et émit un grognement. Je suis absolument crevée. J/ ai dû monter deux fois lescalier aujourd/ hui avec ce chariot qui pèse une tonne. Hein ? Oui, deux fois. Lucy était un peu piquée par le manque d/ intérêt que Louis manifestait pour son désagrément, mais elle se répéta qu/ il devait travailler pour ses études. Elle attendit qu/ il la regarde pour poursuivre. Ayant terminé un paragraphe il se tourna enfin vers elle. Tu disais ? J/ ai dû me taper lescalier deux fois, d/ un ton exaspéré. Ah oui ? Oui. Elle lui parla de la saleté dans lascenseur. Louis répondit qu/ il trouvait que ça serait plus facile d/ attendre d/ être rentré chez soi que de faire ça. Puis il sourit en imaginant lallure ridicule que devait avoir eue la personne accroupie pour chier. Lucy dit qu/ elle ne trouvait pas ça très drôle, surtout quand on devait se taper lescalier. Mais Louis continua à sourire en se demandant ce qui se serait passé si quelqu/ un était entré dans lascenseur juste à ce moment-là. Il aurait sûrement été bien emmerdé. C/ est le cas de le dire. Louis éclata de rire et Lucy fronça les sourcils. Johnny sortit en trombe de la chambre en hurlant, Robert sur les talons, PAN PAN. Lucy attrapa Johnny et exigea de savoir ce qu/ ils étaient en train de faire. Johnny la dévisagea et dit ben on joue. Et vous pouvez pas faire un peu moins de bruit ? Pourquoi faut-il toujours que vous fassiez un tel boucan – pasqu/ on joue aux cow-boys. Ça m/ est égal. Jouez sans faire de bruit. Est-ce que vous avez besoin de courir partout comme des dératés. Allez, retournez dans votre chambre et jouez sans faire de bruit. Les enfants retournèrent dans leur chambre et Lucy poussa un soupir. Ah on peut dire qu/ il me met les nerfs en pelote. Je l/ ai dans les jambes toute la journée. Toujours à courir – à courir dans toute la maison en hurlant. Ah c/ est pas si grave comme tu le dis. Elle eut envie de le reprendre sur sa syntaxe – comme – mais hésita sachant que ça le mettrait en colère. Mais je le supporte toute la journée, tous les jours, tu ne sais pas ce que c/ est. Ben pourquoi tu le laisses pas sortir pour aller jouer ? Lucy tressaillit. Pasque – parce que je ne veux pas qu/ il aille jouer avec des petits loqueteux, voilà pourquoi. Louis se tortilla sur son siège. Il la voyait venir et était bien décidé à éviter toute discussion. Si on habitait ailleurs et dans un plus grand appartement, ce serait moins grave. Louis ne dit rien, mais prit une profonde inspiration et alluma une cigarette – quelque part où je pourrais le laisser sortir ou alors où il y aurait assez de pièces pour que je ne l’aie pas dans les jambes toute la journée. Quatre pièces ce n/ est pas assez. Et j/ ai même pas d/ amies ici (tu n/ en as nulle part). J/ ai personne à qui parler. Mais qu/ est-ce que tu me chantes ? Y a plein de monde à qui parler dans le coin, tas qu/ à regarder par la fenêtre, ya du monde absolument partout. Mais moi j/ ai pas envie de parler avec ce monde-là (on dit des gens pas du monde). Eh ben moi je vois pas cqu/ y a de mal à vivre ici, et en plus c/ est vraiment pas cher. Et je compte pas déménager. Mais tu ne sais pas ce que c/ est toute la journée. Louis regrettait déjà de s/ être laissé aller à discuter, encore une fois, avec Lucy, mais il n/ arrivait pas à s/ arrêter. Tous les week-ends c/ est pareil, faut qu/ elle lance une discussion. Écoute, moi jdis qu/ on reste. Jsuis très bien ici et si on déménageait on pourrait pas avoir de voiture, et moi il est pas question que je me passe de voiture. Il se leva et se versa une autre tasse de café et Lucy continua à discuter. Il se rassit à la table et essaya d/ ignorer Lucy – si seulement y pouvait y avoir un match de base-ball à la télé. La voix de Lucy poursuivait son ronron monotone et Louis fumait et buvait en essayant de ne pas l/ entendre, n/ ayant aucune envie de se disputer toujours au sujet des mêmes problèmes de merde ce qui aurait pour effet de la mettre en rogne. Après quoi elle lui tournerait le dos pendant un mois chaque fois qu/ ils iraient se coucher. C/ était déjà assez difficile comme ça de la mettre dans les bonnes dispositions. Elle avait toujours une excuse ou une autre et lui il était trop fatigué pour sortir chercher ailleurs ce soir-là. Mais alors pas question de renoncer à la voiture – les enfants se remirent à se hurler dessus et Lucy courut dans leur chambre – et d/ ailleurs, les cours ne dureraient encore que quelques mois et une fois sorti de lécole, pour lui, ce serait gagné. Et une fois qu/ il aurait un bon boulot et quelques dollars de côté, alors peut-être qu/ ils déménageraient pour une résidence du genre classe moyenne, mais il n/ allait certainement pas laisser tomber lécole pour le moment (et il ne renoncerait pas à la voiture. Sans elle, il risquerait de ne jamais arriver à baiser) surtout avec tout le fric qu/ il avait déjà dépensé. C/ était la meilleure formation de réparateurs télé et radio de la ville – Lucy revint en se plaignant des gosses qui étaient toujours à se disputer pour un jouet – et il décrocherait un boulot en un tournemain, et tout le monde savait la facilité avec laquelle on se faisait du fric en réparant les postes de radio et de télé. Lucy continuait à parler et Louis à refuser de discuter, pensant, et ayant pensé toute la journée, à ce qui se passerait le soir, et regrettant terriblement qu/ en attendant, il n/ y ait pas un match à la télé.
Les femmes étaient encore sur le banc, elles regardaient un couple qui venait de s/ asseoir sur le banc d/ en face. Je me demande comment qu/ y baisent ? La femme était petite, une orthèse métallique lui encerclait chaque jambe, elle était un peu bossue et elle s/ appuyait sur des béquilles pour marcher. Son mari avait une jambe de bois et claudiquait. Ptête qu/ y dévisse sa patte pour la baiser avec son moignon. Rires. Je me demande si elle lui file des coups de béquille quand elle jouit… Les éclopés les regardèrent et sourirent et les femmes inclinèrent la tête et sourirent. Ptête qu/ y lui tape sur la bosse quand il a envie de la grimper comme un chameau. Rires. Elles sourirent de nouveau aux éclopés, puis les sourires désertèrent tous leurs visages et elles poussèrent des geignements en voyant approcher Mr. Green. Sa femme avait eu une attaque et était à lhosto et chaque fois qu/ y sortait de chez lui il alpaguait la première personne qu/ il rencontrait pour raconter toute lhistoire, si bien que chaque fois qu/ il se montrait tout le monde caletait vite fait. Mais les femmes étaient trop léthargiques pour bouger. C/ était bizarre la façon dont ça s/ est passé lattaque. On était assis au salon et tout d/ un coup elle a eu lair bizarre – vous savez, très pâle quoi – et puis elle s/ est mise à gémir et puis à baver un petit peu et jl/ ai aidée à aller jusqu/ au canapé et elle est tombée dans les vapes, quoi – jl/ appelais par son nom, jla secouais, mais elle bougeait plus – alors j/ ai été prendre une des chaises de cuisine et jl/ ai apportée près du canapé – j/ aurais pas eu la force de bouger un gros fauteuil – et jme suis assis là avec elle – jl/ aurais pas quittée pour rien au monde – jpense que j/ ai bien dû rester là au moins quatre heures, et puis jsuis allé à la porte d/ à côté pour demander à la gentille jeune fille qu/ est note voisine de venir voir ma femme – je sais pas cque j/ aurais fait sans elle – alors elle l/ a regardée et elle a dit tout de suite d/ appeler un docteur – c/ est une si gentille jeune fille et intelligente avec ça – alors j/ ai fait cqu/ elle a dit et y l/ ont emmenée à lhôpital – y zy ont fait toutes sortes d/ examens et y m/ ont dit que c/ était une attaque. J/ ai même pas pu la voir jusqu/ au lendemain. Ça fait 3 semaines qu/ elle est à lhôpital maintenant, mais elle va mieux. Elle a très bien mangé hier, elle a même repris du ragoût – elle dit qu/ il était très bon – (les femmes n/ arrêtaient pas d/ échanger des regards, avec des gloussements et des petits gémissements, espérant que le vieux croûton allait s/ en aller et l/ une des femmes se mit à examiner la chevelure d/ une des autres, grattant de grosses pellicules, essayant d/ en débarrasser le cuir chevelu pour pouvoir chercher des lentes. Elle jetait les plus grosses mais pressait les petites entre ses ongles pour voir si c/ était seulement une pellicule ou une lente. Si ça faisait un petit craquement elle la montrait à la femme en lui montrant qu/ elle en avait chopé une) elle a repris du ragoût et ce matin quand elle est allée à la selle, c/ était très bien. Molle et très sombre. Ça doit être les cachets qu/ on lui donne qui rendent ses selles sombres comme ça. Si elle continue d/ aller mieux ils l/ autoriseront peut-être à rentrer à la maison bientôt… Mr. Green parlait, parlait, et les femmes grognaient et remuaient sur le banc (la chasseresse complètement absorbée dans sa tâche) et quand il se tut enfin, il s/ éloigna et alla arrêter quelqu/ un d/ autre qui sortait de limmeuble pour lui raconter toute lhistoire. Les femmes ne comprenaient pas pourquoi il était si impatient, le vieux maboule, ça devait bien faire 20 ans qu/ y bandait plus, 20 ans au moins. Ouais. Ça fait bien longtemps qu/ on la lui a désossée.
Mike se levait de la table de temps en temps, emportant son verre de bière avec lui, pour aller regarder par la fenêtre. Il jetait un œil aux autres fenêtres, mais sans aucun intérêt réel, ne s/ attendant à rien. Il était trop tard pour surprendre une poulette le peignoir ouvert. Y regardait par la fenêtre, voilà tout. Il remarqua qu/ il y avait beaucoup de passants et de gens assis sur les bancs et se rappela qu/ on était samedi et que son copain Sal allait s/ amener. Probablement avec une bouteille. Bien sûr. Sal allait s/ amener et ils allaient s/ envoyer en lair. Au poil ! Il finit sa bière puis retourna à la table et remplit son verre. Plus la peine de boire lentement, maintenant. Sal arriverait à peu près quand il aurait fini la bière et quelques coups de gnôle lui remettraient les yeux en face des trous. Il monta le son de la radio et tambourina des doigts sur la table. Il se sentait déjà mieux. Oui. Il avait quelque chose à faire à présent. Il débarrassa la table de la vaisselle sale qu/ il empila dans lévier. Helen lui demanda de nouveau si elle pouvait aller jouer dehors et Mike faillit répondre oui mais en la regardant il se rendit compte qu/ il lui faudrait d/ abord l/ habiller et il n/ était pas d/ humeur à aller chercher partout des chemises, gilets, et tout le tremblement. Non. Tu sortiras demain. Merde quoi, c/ était pas sa faute s/ y ne savait pas où étaient leurs affaires. Si Irène les sortait pour lui le matin, ce serait différent, mais pourquoi est-ce qu/ y devrait aller chercher partout les fringues des enfants ? Irene la sortirait demain. Dieu soit loué elle avait congé pendant les deux jours qui venaient. Et lui au moins n/ aurait pas à s/ occuper des gosses. Et s/ il faisait beau, peut-être qu/ il sortirait. Il irait peut-être voir un truc ou un autre. Irene lui cassait les couilles d/ ordinaire quand elle était à la maison, toujours à lui demander dl/ aider à ci ou à ça et n/ arrêtant pas de râler parce qu/ elle devait faire la lessive ou le ménage. Pour qui elle le prenait, une boniche ou quoi. Je l/ emmerde. C/ est son boulot. Pourquoi que je le ferais ? C/ est pas ma faute si jsuis au chômage. Peut-être que Sal et lui sortiraient et lèveraient une grognasse. Oui. Ptête qu/ on fera la tournée des bars. Ça mferait pas de mal de mtremper un peu le biscuit. Voilà cqu/ y mfaut, une belle pétasse qui ndemande que ça. Il se frotta la bite avec la paume de la main. Voilà ce qu/ il lui fallait. Irene avait ses ours cqui fait qupendant une semaine y pourrait même pas avoir recours à sa vieille. Il buvait sa bière et sourit en imaginant lever un joli minois, la raccompagner chez elle et la baiser… Helen lui demanda si elle pouvait avoir quelque chose à manger. J/ ai faim. Ah nomdedieu. Tu peux donc pas me lâcher une minute, s/ efforçant de continuer à penser au joli minois qu/ il lèverait mais dont limage s/ estompait rapidement et qu/ il arriva pas à évoquer de nouveau tout en regardant Helen et en l/ écoutant. Il beurra une tranche de pain, y flanqua un peu de confiote et la lui tendit. Elle s/ éloigna en léchant la confiote et quand Arthur la vit manger il se mit à pleurnicher et Mike entra en fureur. Pourquoi qu/ tes pas restée bouffer ici. Pourquoi faut-il qutu mcasses les couilles sans arrêt. Helen le dévisagea pendant une bonne minute puis retourna lentement à la cuisine, mais Arthur continuait à pleurnicher. Bon, bon, ça va nomdedieu. Mike prit le biberon dans le berceau et le remplit de lait. Tiens, bordel. Et maintenant ferme-la. Ah, vivement qu/ Irene rentre que je vous aie plus sur le dos tous les deux.
Irene ne prenait pas la peine de sourire aux clients qui lui posaient des questions. Elle leur disait seulement combien ça coûtait ; non on a pas ce modèle-là en vert ; et y aura une taxe de 2 cents et elle prenait largent, rendait la monnaie, laissait tomber les articles dans un sac et les leur tendait par-dessus le comptoir. Y avait toujours un monde fou le samedi. S/ il y avait pas cette foule dingue des samedis elle n/ aurait jamais pensé à ses jours de congé. Elle avait toujours tellement à faire à la maison. Mike levait jamais le petit doigt. Ce dégueulasse. Quand arrivait le mardi elle était heureuse d/ aller bosser. Le boulot n/ était pas mauvais. Surtout maintenant qu/ elle s/ y était habituée. Il s/ agissait de se lever le matin. Et elle avait quelques copines au travail. Mais les samedis étaient terribles. Heureusement plus de la moitié de la journée était déjà passée. Et au moins ses règles étaient finies. Elle ne l/ avait pas dit à Mike mais elle avait eu une semaine de retard cette fois. Elle était sûre d/ être enceinte. Lautre nuit la capote avait craqué. Elle avait vraiment eu la trouille. Elle avait pas envie d/ avoir un autre gosse. Pas pour le moment, en tout cas. Mais si elle en avait un, faudrait bien qu/ elle s/ y fasse. Elle imaginait que Mike trouverait un boulot. S/ il y était vraiment obligé. Mais ç/ avait été une chouette nuit. La meilleure depuis bien longtemps. Peut-être qu/ ils allaient remettre ça ce soir. Elle était toujours très excitée après ses règles. Mike serait peut-être soûl quand elle rentrerait. Il l/ était d/ ordinaire le samedi. Pourvu qu/ il n/ ait pas trop bu. Pas assez en tout cas pour plus arriver à bander. Elle se demanda si Mike chercherait du boulot si elle était enceinte. Bah, ils trouveraient bien un moyen de se débrouiller, ça ne changerait pas grand-chose. Il y avait toujours l/ aide sociale. Mais elle n/ avait pas envie de renoncer à son boulot. C/ était mieux que de rester à la maison. Les gosses vous tapent sur les nerfs des fois. Si seulement elle avait pas tellement à faire à la maison. Elle allait en reparler à Mike. Elle allait lui en parler au lit ce soir. Elle espérait qu/ il ne serait pas trop soûl.
Sal était là depuis un moment, il avait apporté une bouteille et un sac de chips, au cas où ils auraient une petite faim, hahaha. Mike avala coup sur coup deux petits verres d/ alcool qu/ il fit descendre avec le restant de bière, et il se sentit bien. Arthur jouait tranquillement dans son berceau et Helen avait cessé de le tanner pour sortir et jouait dans sa chambre dont elle sortait de temps en temps pour manger une ou deux chips et Mike lui souriait et lui caressait la tête en lui disant qu/ elle était mignonne. Sal avait quelques dollars et ils se dirent qu/ ils iraient dans deux ou trois troquets le soir venu pour voir ce qu/ ils pouvaient lever. Après les premiers petits verres ils s/ étaient mis à boire moins vite, ne voulant pas être trop bourrés, il était encore tôt, ils étaient donc assis à la table, sirotant leur whisky, écoutant la radio, attendant qu/ Irene rentre pour qu/ elle puisse s/ occuper des gosses ; et attendant que la nuit tombe pour aller s/ en payer une tranche et s/ envoyer en lair. Et comment !
EXPULSIONS
Ci-dessous la liste des expulsions de notre résidence
Au cours des deux mois écoulé :
Moralité 7
Hygiène domestique 3
Non-paiement de loyer 2
Criminalité 9
Trouble à l’ordre public 4
Divers 8
Assurez-vous de n’enfreindre aucun des articles du règlement. Nous souhaitons que notre résidence soit un lieu de vie sûr et heureux. Cela dépend de vous.
Deux gosses s/ entraînent à la boxe, les autres se sont groupés tout autour délimitant une espèce de ring. Ils se frappent à main ouverte et chaque fois que l/ un des deux touche tous les autres poussent des acclamations. Le père d/ un des gosses regarde par la fenêtre et les voit et sort en trombe du bâtiment gueulant aux autres gosses de ficher la paix à son fils qu/ il engueule parce qu/ il se bagarre. Les gosses le dévisagent un moment, sans bouger, puis les autres lui disent que ces deux-là ne se bagarrent pas, qu/ ils font semblant. Qu/ il est en train d/ enseigner la boxe à Harold. Le père saisit son fils par le bras et le tire violemment à lui et lui retourne une baffe en lui disant qu/ il l/ avait averti de ne pas se bagarrer et de ne pas traîner avec ces voyous. Tu ne sais donc pas qu/ on peut nous expulser si tu fais des histoires ? Il pointe le doigt sur lautre gosse et lui dit de ficher la paix à son fils, que s/ il le prend encore une fois à frapper son fils il lui flanquera une dérouillée avec une ceinture. Harold reste collé à son père qu/ il a peur de regarder et la honte l/ empêche de regarder ses copains. Son père continue d/ engueuler lautre gosse et le gosse de lui dire que ce n/ était pas une bagarre, qu/ il était seulement en train de lui apprendre à boxer. Le père continue d/ agiter le doigt sous le nez du garçon en lui disant qu/ il n/ a pas besoin d/ apprendre à se battre à Harold. Je lui apprendrai moi, à se battre. Je lui apprendrai même à tuer, voilà ce que je ferai. Je ne laisserai pas mon fils se faire taper par des petits salopards comme toi. S/ il veut apprendre à se battre je lui montrerai comment on fait. Il se met à secouer Harold par le bras en lui disant que si ces gosses l/ ennuient de nouveau il n/ aura qu/ à ramasser un bâton pour leur casser la tête. Ou une pierre. Les gosses se contentent de le regarder fixement jusqu/ à ce qu/ il s/ arrête et s/ en aille, tirant Harold par le bras. Quand la porte se referme derrière lui, un autre gosse prend la place de Harold et la démonstration continue.
Abraham vit les deux films d/ un bout à lautre et les dessins animés, regardant sans cesse sa montre avant de se laisser entièrement absorber par le film. Un des films montrait un mec vraiment mauvais qui flinguait à peu près tout le monde et fit grosse impression sur Abraham par la façon dont il semait la terreur en ville où tout le monde faisait dans son froc jusqu/ à ce qu/ un méchant salopard venu du Texas lui tombe sur le poil et lui règle son compte. Ce bon Abe avait compris tout de suite que le petit mec avait pas intérêt à la ramener avec le balèze du Texas. Il gloussa quand le mec se faisait démolir à la fin. En sortant de la salle il alla rapidement au garage reprendre sa Cadillac. Il l/ examina sous toutes les coutures intérieures et extérieures et sourit en constatant que la grande carrosserie noire luisait et que les flancs blancs étaient éclatants. Il régla la note et fila au laveur un dollar de pourliche puis sauta au volant et partit. Il se balada pendant un bout de temps, pour le plaisir de rouler dans les rues, prêtant loreille au ronron du moteur, le volant bien en main, jouissant de ce qu/ il entendait à la radio. Tout en conduisant il avait devant les yeux limage des flancs blancs et des gros ailerons à larrière et il se sentait bien. Vraiment bien. Il passa devant le bar CHEZ MEL et s/ arrêta, klaxonna et fit un grand signe aux mecs à lintérieur, puis rentra lentement chez lui. Il se rangea mais ne descendit pas tout de suite de voiture. Il resta au volant jouissant du spectace des quelques types qui n/ avaient pas encore fini de laver leur voiture. Il descendit de sa Cadillac et rentra chez lui s/ étendre et prendre son repos nocturne.
Elles finirent les commissions, apportèrent la bière chez elles et regagnèrent leur banc. Mrs. Olson, qui avait fait une attaque voilà deux ans quand son mari était mort, sortit du bâtiment et quand elle passa clopin-clopant les femmes la suivirent des yeux et éclatèrent de rire. Elle penchait un peu en avant en marchant et traînait le pied droit. Elle était dans lincapacité d/ abaisser son bras droit qui était plié au coude et appliqué en travers de sa poitrine, la main à demi fermée tressautant de bas en haut. Les femmes adoraient la regarder, se demandant si elles récoltaient les vieux chewing-gums et les merdes de chien avec son pied droit. Elle devrait mettre des grolles avec une pointe en acier au bout. Ça doit être en branlant son mari qu/ elle est devenue comme ça. Rires. C/ est ptête bien ça qui l/ a tué. Une des femmes leva les yeux sur une fenêtre du troisième étage et appela lattention des autres en montrant du doigt un bébé qui avait réussi à sortir à quatre pattes de la fenêtre et était agenouillé sur le rebord. Les femmes le regardèrent aller et venir à quatre pattes sur le rebord de la fenêtre. Ysprend ptête pour un oiseau. Eh, tu vas t/ envoler ? Rires. D/ autres gens levèrent les yeux et quelqu/ un poussa un cri et quelqu/ un d/ autre cria recule, Oh mon Dieu, oh mon Dieu. Ada mit son visage dans ses mains. Les femmes continuaient à rire en se demandant quand il allait tomber. En proie à la panique des gens couraient en rond sous la fenêtre ; certains se précipitèrent dans lescalier et cognèrent à la porte, mais personne ne répondit. Ils frappèrent de nouveau et guettèrent un son derrière la porte, entendant vaguement quelque chose, un murmure, mais personne ne vint ouvrir. Ils redescendirent en courant et on leur demanda s/ il y avait quelqu/ un à la maison. Vous êtes sûrs qu/ il n/ y a personne ? On a entendu un truc… peut-être des gosses… je ne sais pas… qu/ est-ce qu/ on peut faire… Oh mon Dieu… Il bouge… jpeux pas voir ça… appelez les flics… Les gens continuaient à courir en rond, d/ autres courant jusque dans la rue cherchant des yeux une voiture de police ; un autre encore appela le bureau du syndic et les femmes cessèrent de rire maintenant qu/ il y avait une telle foule tout autour mais continuaient de regarder d/ un air anxieux, en attendant que le petit corps glisse lentement par-dessus le rebord pour tomber, tomber… et s/ aplatir par terre ou dans une haie ; et Ada regardait la fenêtre à chaque cri que poussait la foule, se hâtant de se couvrir les yeux après avoir regardé ; et le bébé se balançait d/ avant en arrière sur le rebord et semblait sur le point de basculer et deux hommes coururent se mettre sous la fenêtre pour tenter de le rattraper et d/ autres levaient les bras (les femmes continuant à espérer qu/ il se passerait encore des choses un peu excitantes) en criant recule – oh là là mon Dieu – recule – et le bébé se pencha encore un peu plus en avant comme s/ il regardait la foule et les cris hystériques qui en montaient. Et le bébé se redressa et la foule poussa un soupir et quelqu/ un gueula que les flics ne sont jamais là quand on a besoin d/ eux – et pourquoi y font pas un peu plus vite ; et quelqu/ un se précipita de nouveau dans lescalier pour marteler la porte de coups de poing en hurlant, personne ne vint ouvrir ; et quelqu/ un suggéra de faire descendre une corde depuis la fenêtre du dessus, corde par laquelle quelqu/ un pourrait descendre ; puis deux vigiles de la résidence arrivèrent en courant et crièrent aux deux types postés sous la fenêtre de rester où ils étaient et ils montèrent en courant et se servirent d/ un passe pour ouvrir la porte et passèrent en trombe devant les trois enfants blottis les uns contre les autres derrière la porte, pour entrer dans la pièce où le bébé était agenouillé sur le rebord de la fenêtre, et ils s/ arrêtèrent à un mètre ou deux de cette fenêtre puis parcoururent cette distance sur la pointe des pieds avec mille précautions et en silence afin de ne pas attirer lattention du bébé de peur qu/ il se retourne et tombe, retenant leur souffle quand le premier des deux sortit tout doucement les bras par la fenêtre et saisit ceux du bébé qu/ il ramena d/ un geste brusque à lintérieur… le serra un moment contre lui… et ferma la fenêtre (la foule regardait toujours (les femmes mécontentes que ce soit fini et que le petit ne soit pas tombé) puis baissant lentement les yeux quand la fenêtre fut fermée avant de s/ éloigner lentement). Les deux vigiles emportèrent le bébé au salon et s/ assirent, ôtant leur casquette pour s/ éponger le front. Bon Dieu, c/ est pas passé loin, le corps secoué de tremblements. Lautre fit oui de la tête. Le bébé se mit à pleurer et ils le posèrent donc sur le plancher et il rejoignit à quatre pattes ses frères et sa sœur. Effrayés les enfants regardaient fixement les deux flics et ces derniers leur sourirent et leur demandèrent où était leur maman. Ils continuèrent à les regarder les yeux écarquillés sans rien dire. Puis l/ un d/ entre eux s/ approcha d/ une démarche chancelante et leur demanda s/ ils étaient vraiment de la police et ils dirent oui et le petit garçon éclata de rire. Ils lui demandèrent où était sa maman et il dit sortie. Où est ton papa ? Le loupiot rit et dit maman dit qu/ il est soûl et il tapa dans ses mains, riant, et sa sœur se hâta d/ ajouter que son papa allait trouver un travail sur les bateaux et ramener plein à manger à la maison et acheter une télé. Les deux autres garçons ne disaient rien continuant à regarder fixement les vigiles. Jcrois qu/ on devrait les emmener au bureau et appeler lassistante sociale, hein Jim. T/ as raison. Je vais voir si je leur trouve des habits. Il demanda aux enfants où étaient leurs habits et ils lui montrèrent, sans rien dire, et gardant le silence pendant qu/ on les habillait. Quand il fut prêt à partir l/ aîné, qui devait avoir dans les 5 ans, leur demanda de pas dire à leur maman cqui était arrivé. Elle a dit d/ ouvrir à personne et si elle voit que quelqu/ un est entré quand elle reviendra elle nous tapera. Les vigiles rassurèrent les enfants, laissèrent un mot pour dire où ils les emmenaient, et partirent.
MARY OUVRIT DE GRANDS YEUX EN VOYANT LA TÊTE DE JOEY QUAND VINNIE LUI ENLEVA SON BONNET. TAS VU, MAINTENANT IL A LAIR D/ UN GARÇON. PAS D/ UNE ESPÈCE DE TAPETTE. MARY REGARDAIT LA TÊTE DE JOEY. ESPÈCE DE FILS DE PUTE. NON MAIS T/ AS VU CQUE T/ AS FAIT. QUOI CQUE J/ AI FAIT. J/ AI RIEN FAIT DU TOUT. JL/ AI EMMENÉ SFAIRE COUPER LES CHEVEUX. QU/ EST-CE QUI VA PAS, T/ AIME PAS SA COUPE ? SPÈCE DE FILS DE PUTE, TAS COUPÉ TOUS SES CHEVEUX. TOUTES LES JOLIES BOUCLES QU/ IL AVAIT, TOUTES TU LES AS COUPÉES. ON DIRAIT QU/ IL EST EN TRAIN DE DEVENIR CHAUVE. AH FERME TA GUEULE. AH OUAIS ? T/ Y FERAS PLUS JAMAIS COUPER LES CHEVEUX. Joey alla dans sa chambre. M/ APPROCHE PAS SPÈCE DE FILS DE PUTE. AH TU CROIS ÇA, HEIN ? JE VAIS TE CASSER LES PATTES MOI CONNASSE. C/ EST ÇA VASY. JTE TUERAI. HOULÀ, C/ EST QU/ ELLE ME CHERCHE. AH OUAIS ? TU VAS VOIR. TU VAS VOIR. ESSAYE VOIR. JE TE COUPE TA PUTAIN DE BITE MOI. À QUI QUE TU VAS COUPER LA BITE, HEIN, À QUI ? PAUVE CONNASSE JVAIS TE PÉTER LES JAMBES. VINNIE AGITA LA MAIN SOUS LE NEZ DE MARY PUIS SE DÉTOURNA ET S/ APPLIQUA UNE CLAQUE SUR LE FRONT, NON MAIS QUEL CRÉTIN, QUEL CON JE FAIS, ET IL ALLA À LA CUISINE FAIRE CHAUFFER LE CAFÉ. MARY ALLA DANS LA CHAMBRE DES ENFANTS ET PRIT JOEY, LE SOULEVA UN PEU AU-DESSUS D’ELLE EN LE TENANT À BOUT DE BRAS, LE TOURNANT POUR LE REGARDER D/ UN CÔTÉ PUIS DE LAUTRE. QU/ EST-CE QUI ZONT FAIT À MON JOEY ? Y T/ ONT COUPÉ TOUTES TES JOLIES BOUCLES. HEIN MON JOEY ? TON PÈRE EST TROP BÊTE. TOUTES CES JOLIES BOUCLES ET T/ ÉTAIS SI MIGNON. JOEY COMMENÇAIT À SE TORTILLER ET À PLISSER LES YEUX ALORS MARY LE REMIT SUR SES PIEDS. Y m/ a donné une sucette, le monsieur. COMMENT ÇA UNE SUCETTE ? QUEL MONSIEUR ? Çui qui m/ a coupé les cheveux. Je pleurais et y m/ a donné une sucette. ELLE ALLA EN TROMBE À LA CUISINE. C/ EST QUOI CTIDÉE DE DONNER UNE SUCETTE AU PTIT, HEIN ? T/ ES MALADE ? ET ALORS C/ EST GRAVE UNE SUCETTE ? HOULÀLÀ, TU CROIS QUÇA ALLAIT LE TUER OU QUOI ? JT/ AI DÉJÀ DIT QUE JVOULAIS PAS QUE LE GOSSE MANGE DE SUCETTES. TU DÉCONNES ? QUOI ? PAS DE SUCETTES ? TOUS LES GOSSES ONT DES SUCETTES. POURQUOI QU/ IL EN AURAIT PAS ? JTE L/ AI DIT. LES GOSSES PEUVENT S/ ÉTRANGLER AVEC UNE SUCETTE ET EN MOURIR PAUVRE CON. T/ AS DONC AUCUNE IDÉE DE RIEN ? TOUS LES JOURS ON ENTEND QU/ UN GOSSE EST MORT À CAUSE D/ UNE SUCETTE. MAIS QU/ EST-CE QUE TU MVEUX ? LE GOSSE PLEURAIT ALORS LE MEC LUI A FILÉ UNE SUCETTE. IL EST PAS MORT APPAREMMENT. LE GOSSE PLEURAIT. LE GOSSE PLEURAIT. SI TU L/ AVAIS PAS EMMENÉ AU COIFFEUR IL AURAIT PAS PLEURÉ. Y VOULAIT PAS, LUI, SE FAIRE COUPER LES CHEVEUX. POURQUOI TU LUI FOUS PAS LA PAIX À CE GOSSE ? ET TOI POURQUOI TU FERMES PAS TA GUEULE, HEIN ? LE GOSSE S/ EST FAIT COUPER LES CHEVEUX. VU ? MAINTENANT IL A PLUS LAIR D/ UN TARÉ. ET TOI T/ Y DONNES UNE SUCETTE COMME UN VRAI CON QU/ TES. ET S/ IL ÉTAIT MORT, HEIN ? T/ IMAGINES ? S/ IL ÉTAIT MORT ? MORT MAIS COMMENT ? JE RÊVE. ELLE EST COMPLÈTEMENT DINGUE CTE CONNASSE. COMMENT QU/ Y SERAIT MORT D/ UNE SUCETTE ? S/ Y LA SUCE ET QU/ Y SL/ ENFONCE DANS LA GORGE ET QU/ A RESTE COINCÉE, T/ ES TROP CON. QUELLE CONNERIE, AGITANT LA MAIN DEVANT LUI. T/ ES COMPLÈTEMENT CINGLÉE, PUTAIN. AH OUI ? C/ EST CE QUE TU CROIS, HEIN ? ALORS VIENS PAS TE COUCHER, C/ EST TOUT. T/ AS QU/ À RESTER ICI CETTE NUIT. MOI JE DORMIRAI DANS NOTE LIT ET ESSAYE PAS DE VENIR ME BARATINER. Joey et son frère jouaient avec des trains en plastique avec des tut tut et des sifflements de toute leur force. Ils s/ en donnaient à cœur joie. AH OUI ? ESSAYE POUR VOIR. JTE PÈTERAI LES JAMBES. DIEU M/ EST TÉMOIN JTE PÈTERAI LES JAMBES.
MACABRE DÉCOUVERTE
Les restes calcinés d’un nourrisson, apparemment âgé d’environ 10 jours, ont été découverts aujourd’hui dans l’incinérateur d’une des résidences du logement social de notre ville. George Hamilton, 27 ans, demeurant au 37-08 Lapidary avenue, gardien de la résidence, était en train de sortir les cendres de l’incinérateur quand il a découvert les restes. Il en a aussitôt averti les autorités. La police qui enquête sur cette macabre découverte pense que le corps a été déposé dans l’incinérateur pendant la nuit. Un porte-parole du logement social a exprimé l’opinion que les parents du nourrisson n’étaient pas locataires de la résidence. La police a quadrillé le voisinage et la résidence mais à l’heure où nous mettons sous presse, aucune des autorités concernées n’a publié d’autres informations. C’est le deuxième cadavre de nourrisson découvert à la résidence ce mois-ci.
Les femmes s/ étaient rassises sur le banc après que les vigiles avaient récupéré le bébé sur le rebord de la fenêtre. Elles avaient pris du plaisir à lincident tant qu/ il avait duré. Vraiment dommage que les secours aient été si rapides. Peut-être qu/ il se serait vraiment mis à voler. Rires. C/ est elle qui l/ aura pas volé quand les flics vont lui tomber sur le dos, d/ avoir laissé ses gosses tout seuls comme ça. Je parie qu/ elle aura droit à son rapport aux services sociaux. Oui, et elle aura que cqu/ elle mérite. J/ espère qu/ on lui coupera les allocs. Sans blague c/ est dingue cqu/ y sont vaches aux services sociaux en ce moment. On a vu s/ amener une autre inspectrice pas plus tard qu/ hier. Elle a regardé les bouteilles de bière et elle a demandé ce qu/ elles faisaient là. Ouais, y manquent pas d/ air. J/ y ai dit que c/ étaient des copains qui les avaient achetées. D/ ordinaire y se pointent au début du mois et j/ ai le temps de me débarrasser de tous ces trucs-là. Ouais, y sont toujours à fouiner. Comment ça se fait qu/ y reviennent si vite ? L/ inspectrice a dit qu/ on avait dénoncé Charlie qu/ il avait du travail. Il était en congé hier Dieu merci. Y travaille pas tous les jours ? Pour quoi faire ? 2 jours par semaine c/ est assez. Avec laide sociale on s/ en tire très bien. Le mec le déclare pas ni à la sécu ni à rien alors y peuvent pas vérifier. Ouais, Henry bosse au noir un ou deux jours par semaine lui aussi. J/ espère qu/ on aura pas d/ enquête un jour où y sera au boulot. Charlie bosse aujourd/ hui ? Non, il est à la maison, y dort. Y se repose en prévision de ce soir, hein ? Rires. Moi je filerai deux ou trois bières à Henry comme ça y sera en forme un petit moment. Essaye d/ y mettre du Geritol dans sa bière. Y paraît que ça refait bander. Les femmes continuèrent à bavarder jusqu/ à ce qu/ elles décident de rentrer préparer le dîner. Elle se séparèrent à lentrée du bâtiment se souhaitant mutuellement bonne chance pour la nuit puis rentrèrent dans leurs foyers et mirent de la bière au réfrigérateur, empilèrent les assiettes de la journée dans lévier et commencèrent à s/ occuper du dîner.
Ada demeura sur le banc aussi longtemps qu/ il fut au soleil. Il y avait quelques promeneurs et quelques enfants jouaient encore, mais tous les autres bancs étaient inoccupés. Elle était la seule assise. Quelques personnes lui avaient dit bonjour et souri, mais aucune ne s/ était assise pour bavarder avec elle. Cependant la journée n/ avait pas été trop solitaire. Il y avait des gens alentour, et des enfants, et le soleil était chaud et brillant. De temps en temps par des journées semblables à celle-ci, pendant que le soleil brillait encore et que la brise fraîche du soir commençait à peine à souffler, elle et Hymie se postaient devant le magasin pour regarder le soleil descendre derrière le bâtiment et les gens se hâter vers chez eux en rentrant du travail… et les autos et les camions dans lavenue ; et comme cela sentait bon et frais, comme des draps qui ont passé la journée sur la corde à linge ; et après elle rentrait pour préparer le dîner et Hymie mangeait sa soupe et souriait… Dieu le bénisse, ce pauvre Hymie.
Le soleil avait disparu derrière le bâtiment et les réverbères s/ étaient allumés. La brise fraîchissait. L/ obscurité n/ allait pas tarder à tomber. Ada se leva et s/ éloigna lentement de son banc pour gravir lescalier jusqu/ à son appartement. Elle pendit son manteau, ferma toutes les fenêtres et se posta derrière sa fenêtre habituelle. Il y avait encore quelques enfants sur le terrain de jeu et elle les regarda mais bientôt lobscurité engloutit tout le terrain et ils s/ en allèrent eux aussi. Les autos et les camions défilaient dans lavenue mais elle les ignora pour se concentrer sur larrêt des autobus au coin et sur les gens qui en descendaient pour se hâter de rentrer chez eux. Le coucher de soleil ne lui était pas visible mais c/ était un tableau qu/ elle connaissait et elle imaginait les mauves, les roses, les rouges, se chevauchant et se mêlant, comme dans les couchers de soleil auxquels elle avait assisté et aussi comme celui qui figurait sur le puzzle qu/ elle avait, représentant un navire sur locéan dans le soleil couchant, puzzle qu/ elle assemblait puis défaisait et assemblait de nouveau, des dizaines de fois consécutives, tout au long des longs hivers froids et sans cœur… et parfois même au printemps quand il pleuvait pendant des jours et que même ses stations devant la fenêtre ne lui apportaient aucun réconfort. Lobscurité tombait rapidement à présent et il semblait faire très froid dehors, on distinguait à peine les arbres de leurs ombres, les oiseaux semblaient sautiller sur place pour se réchauffer. Il n/ y avait plus grand-chose à voir à présent, rien qu/ un passant de temps à autre se hâtant de rentrer chez lui, les autos et les camions qu/ elle ignorait, et les ovales ondulants de lumière tombant des réverbères. Elle quitta sa fenêtre pour aller à la cuisine. Elle prépara son dîner et s/ assit à la table, encore et toujours consciente de la présence d/ une chaise vide en face d/ elle. Il est mort depuis si longtemps à présent et il me semble encore que c/ était hier que nous étions assis face à face et que Hymie mettait un gros morceau de beurre sur un petit pain à loignon. Elle sourit en se rappelant lamour que Hymie vouait aux petits pains à loignon et la façon qu/ il avait d/ y étaler du beurre. Béni soit-il, il est heureux à présent. Fini pour lui les souffrances… elles ne sont plus que pour moi. Elle mangea lentement son léger repas puis resta quelques minutes à se rappeler que Hymie et Ira la taquinaient parce qu/ elle mettait si longtemps à manger. J/ aurais le temps de manger deux fois avant que tu aies fini, maman, voilà ce que disait Ira. Deux fois, je pourrais manger. Et tous les sablés qu/ ils avaient envoyés à Ira quand il était à l/ armée. Elle avait fait tant de sablés. Combien en avait-il mangés ? Peut-être était-il mort depuis longtemps et qu/ on a continué d/ en envoyer. Et il écrivait toujours et disait, merci maman pour les sablés… un si gentil garçon, Dieu le bénisse, mon Ira… Elle alla dans la chambre à coucher, rabattit le couvre-lit, étala sa chemise de nuit et le pyjama de Hymie et passa au salon pour écouter la radio, rien qu/ un petit moment avant de se coucher.
Irene rentra du boulot bien contente d/ en avoir fini avec ce samedi et avec ses règles. Elle espérait que Mike irait peut-être faire les courses pour le dîner mais n/ y comptait pas trop. Mais ça lui était égal parce qu/ elle était de bonne humeur et qu/ il faisait beau. Elle se sentait d/ autant mieux dehors après avoir passé toute la journée au magasin. Avant d/ ouvrir la porte elle entendit la radio et ne fut pas surprise une fois qu/ elle l/ eut ouverte de voir Mike et Sal installés à la table pour boire. Elle dit bonsoir et passa directement dans la chambre où elle jeta sa veste sur le lit, puis prit dans ses bras Helen qui avait couru derrière elle. Helen lui raconta tout ce qu/ elle avait fait et Irene poussa des ooooo et des aaaaa puis elles allèrent ensemble voir Arthur. Elle passa quelques minutes avec les enfants puis sortit et, souriante, demanda à Mike comment ça allait. Pas mal mon chou. Sal s/ est amené voilà un petit moment et on a éclusé quelques godets, hahahaha, elle sourit de nouveau et hésita à lui demander si Helen était sortie. Tu veux quelque chose à manger, Sal ? Évidemment qu/ y veut queque chose à manger. Qu/ est-ce que tu crois, qu/ y mange jamais ? Irene haussa les épaules. Je demandais comme ça. Si t/ allais nous chercher un steak, lui tendant des sous et souriant à Sal, s/ assurant de lui faire ainsi comprendre qu/ il était maître chez lui et quc/ était pas parce qu/ Irene travaillait qu/ elle avait le droit de le faire chier. Va nous chercher un steak mon chou. Irene alla prendre sa veste, sa bonne humeur était en train de la déserter, et elle se sentit aussitôt maussade, et prête à se mettre en rogne à la moindre occasion. Le moins qu/ il aurait pu faire était de demander gentiment au lieu de la ramener à ce point-là. Elle s/ arrêta devant la table et lui demanda, s/ efforçant de prendre un ton détaché, comment ça se fait qu/ Helen soit pas en salopette ? Elle est pas sortie aujourd/ hui ? Non, elle est pas sortie aujourd/ hui. Pourquoi ? Il a fait très beau. Pasque j/ avais pas envie de chercher où tu planques ses habits. Et puis après ? Pas capable de soutenir son regard et tournant la tête pour regarder Sal, tout en exagérant son froncement de sourcils. Irene serra les dents et sortit. Ce dégueulasse. Va jamais faire les commissions ; refuse de faire le ménage (sera probablement trop bourré ce soir) ; s/ occupe même pas de faire sortir la petite. Elle se hâta d/ une boutique à lautre, achetant ce dont elle avait besoin ; rentra à la hâte ; prépara et servit le repas en silence ; Mike ne faisant pas attention à elle, ayant le sentiment d/ avoir mis les points sur les i devant Sal ; ce dernier et lui s/ apprêtant à partir sitôt le repas avalé.
Une jeune fille attendait seule lautobus. Elle fumait et regardait dans la direction où devait arriver lautobus. Elle avait rendez-vous avec ses copines d/ ici quelques minutes et elle était en retard. Elle ne cessait de descendre du trottoir pour regarder vers le bout de la rue. Une voiture s/ arrêta à quelques dizaines de centimètres du trottoir et le conducteur se mit à crier, j/ peux vous déposer quelque part, ma belle ? La fille regarda la voiture, puis vers le bout de la rue, mais toujours pas de bus. Allez, jvous dépose où vous voudrez. Elle regarda le type pendant une minute en se demandant s/ il l/ emmènerait jusqu/ à la 5e avenue ou s/ il se mettrait à déconner. Elle se dit qu/ elle allait courir le risque, espérant que le type ne la virerait pas quand elle dirait non. Il cria de nouveau et elle se mit à marcher vers la voiture quand elle aperçut le bus qui venait de tourner pour s/ engager dans la rue à deux ou trois cents mètres de là. Elle remonta sur le trottoir et tourna la tête. Il cria de nouveau et elle dit, allez casse-toi. Il grommela quelque chose et elle expédia d/ une pichenette sa cigarette contre la voiture en lui disant de foutre le camp vite fait. Le type redémarra et s/ éloigna mais s/ arrêta une centaine de mètres plus loin dans la rue et descendit de voiture. Il siffla et cria et quand la fille se tourna pour lui crier d/ aller se faire mettre, il ouvrit sa braguette, sortit sa queue et l/ agita vers elle, en continuant à crier et à siffler. Elle lui dit de se la mettre dans le cul et il finit par remonter en voiture et s/ en aller. La jeune fille regarda la voiture s/ éloigner dans la rue puis se tourna quand lautobus arriva. Non mais quel taré.
Nancy et les gosses étaient encore à table quand Abraham se leva. Elle lui demanda s/ il voulait dîner et il répondit ça non alors. Il n/ avait aucune envie de manger sa ragougnasse. Il remplit la baignoire et s/ assit dans leau en fumant une cigarette, se savonnant doucement de sa main libre, songeant à la fille caramel et contemplant sa bite raidie. Après avoir fini la cigarette il se savonna complètement, insistant soigneusement et doucement sur son entrejambe pour être sûr de sentir bon (bon à embrasser, héhéhé), puis se rinça et se sécha. Puis il se mit du déodorant sous les bras et sous les couilles ; se massa le visage avec une crème de soin ; s/ aspergea le visage, le cou et la poitrine de lotion après-rasage ; étala de la brillantine entre ses paumes et l/ appliqua sur sa chevelure, puis passa 20 minutes à peigner avec grand soin ses crans et ses ondulations. Puuutain j/ en jette un max. Que jsoye pendu si jsuis pas le vrai Don Juan noir ! Il vérifia larrière de sa tête dans le petit miroir puis s/ étant ainsi assuré que chaque ondulation était à sa place, il se lava les mains et retourna dans la chambre pour s/ habiller. Il mit sa chemise blanche toute neuve avec un col à manger de la tarte blanc sur blanc et noua sa cravate lavande et violette en un gros nœud triangulaire. Il choisit son costume marron, celui qu/ il s/ était fait faire l/ année précédente, c/ est vraiment le costard pur jus mon frère. Un trou de 100 tickets dans mes finances. Il arrangea soigneusement sa chemise autour de la taille avant de serrer la mince ceinture. Il enfila le veston, le boutonna et roula les revers, ajusta la pochette et mit de lordre dans ses poches. Puis il décrocha son chouette trois-quarts fauve, vérifia ses chaussures, endossa le trois-quarts, puis positionna soigneusement son chapeau sur sa tête. Impec, mon frère, il était prêt. Il sortit de chez lui et ne s/ arrêta qu/ au moment d/ ouvrir la portière de sa luxueuse Cadillac. Il s/ assit au volant et ferma la portière, souriant en entendant le claquement sourd qu/ elle produisait. Puuutain. Pour une soirée ça va être une soirée. Et quand je dis soirée, je devrais dire nuit, mon pote…
ÇA VEUT DIRE QUOI LA SAUCE EST PAS BONNE ? ÇA VEUT DIRE QULA SAUCE EST PAS BONNE. QU/ EST-CE QUI T/ ARRIVE, TU COMPRENDS PLUS LANGLAIS ? ELLE EST PAS BONNE. PAS BONNE. PAS BONNE. TU T/ Y CONNAIS EN SAUCE, TOI ? OH EH SI JE M/ Y CONNAIS ? JE M/ Y CONNAIS ASSEZ POUR DIRE QU/ ELLE EST DÉGUEULASSE. Y A PAS ASSEZ D/ AIL. Y A EXACTEMENT AUTANT D/ AIL QUE D/ HABITUDE. LES MÊMES 8 GOUSSES D/ AIL ET TU DIS QU/ Y A PAS ASSEZ D/ AIL. T/ ES QU/ UN PAUVE CON. ELLE EST BONNE CTE SAUCE. VIENS PAS ME DIRE QU/ ELLE EST PAS BONNE. C/ EST QUI LE PAUVE CON ? HEIN ? QUI ? Y VA TE FOUTE SON POING DANS LA GUEULE LE PAUVE CON. MÊME PAS CAPABLE DE FAIRE UNE SAUCE. MAIS BOUFFE DONC ET FERME TA GUEULE, TU VEUX. J/ AIME PAS LA SAUCE. BALANÇANT SA FOURCHETTE SUR LA TABLE ET SECOUANT LA MAIN SOUS LE NEZ DE MARY. C/ EST UNE PUTAIN DE SAUCE IRLANDAISE. SANS AIL. SANS AIL. Le petit Ralphie prit un écheveau de spaghettis et le laissa tomber sur le plancher. Joey le ramassa et le mit sur son assiette. Ralphie en jeta d/ autres par terre et Joey les ramassa. VIENS PAS ME DIRE QU/ Y A PAS ASSEZ D/ AIL. MOI LA SAUCE JL/ AIME BIEN AVEC DE LAIL. ALORS FERME-LA OU JT/ ASSOMME. AH MAIS QU/ EST-CE QUE T/ Y CONNAIS, HEIN ? QU/ EST-CE QUE T/ Y CONNAIS ? Le petit Ralphy prit une poignée de spaghettis et les jeta sur Joey qui les reçut en pleine figure. Joey lui cria d/ arrêter et lui donna une claque sur la main. Ralphy se mit à hurler et lui jeta une autre poignée à la figure. Joey jeta sur Ralphie une poignée… DONNE-MOI ENCORE UNE BOULETTE JPEUX PAS BOUFFER LES MACARONIS. TU PEUX PAS BOUFFER, TU PEUX PAS BOUFFER ? POUR QUI QU/ TU TE PRENDS ? T/ ES LE ROI, PEUT-ÊTRE ? TU PEUX PAS BOUFFER. DONNE-MOI UNE AUTRE BOULETTE ET FERME-LA. T/ AS MAL AUX JAMBES TU PEUX PAS ALLER LA CHERCHER TOI-MÊME, HEIN ? QUOI ALLER LA CHERCHER MOI-MÊME ? DONNE-MOI UNE AUTRE BOULETTE JTE DIS OU JTE PÈTE LES JAMBES. AH LÀLÀLÀLÀ. SE LEVANT ET PRENANT UNE AUTRE BOULETTE DANS LA CASSEROLE AVEC LA LOUCHE ET LA LAISSANT TOMBER DANS LASSIETTE DE VINNIE. ÇA AU MOINS JPEUX PTÊTE LE BOUFFER. MÊME PAS CAPABLE DE FAIRE UNE SAUCE.
Lucy ne dit pas grand-chose pendant le repas, se contentant de rappeler de temps en temps à Johnny qu/ il devait manger ou demandant à Louis de lui passer ci ou ça. Au milieu du repas, Robert décida qu/ il ne voulait plus manger et Lucy dut lui mettre de force la nourriture dans la bouche entre deux bouchées qu/ elle prenait pour elle-même et les rappels à lordre à Johnny. Mange ! Quand elle eut fini elle commença à débarrasser, mettant de force dans la bouche de Robert la cuillerée qui restait dans son assiette. Louis sortit de table et alluma la télé. Johnny se mit à jouer avec le contenu de son assiette et Lucy le réprimanda en criant et il se mit à pleurnicher et recommença à manger et Lucy lui dit de faire moins de bruit et de manger. Louis avait envie de lui dire d/ arrêter de hurler, nomdedieu, et de lui flanquer une baffe. À croire qu/ elle avait toujours une raison de hurler à propos de ci et de ça. Particulièrement pendant les week-ends. Et il se contenta de fixer son attention sur la télé en caressant lidée d/ aller faire une balade en voiture le lendemain (peut-être seul), et en espérant que les quelques heures qui allaient suivre seraient vite passées. Lucy finit par forcer la dernière cuillerée dans la bouche de Johnny puis lava la vaisselle, sortant de temps en temps de la cuisine pour dire aux enfants de ne pas faire de bruit (Louis se tortillant, un peu mal à l/ aise sur son fauteuil), puis après avoir fini la vaisselle elle mit les enfants au lit et vint s/ asseoir au salon, sans rien dire, pour regarder la télé. Louis se tournait vers elle de temps à autre et faisait un commentaire sur lémission, espérant la mettre de bonne humeur avant qu/ ils aillent se coucher, mais Lucy réagissait seulement par des grognements, songeant qu/ elle devrait bientôt aller se coucher avec lui et que ça recommencerait comme tous les week-ends (et un certain nombre de nuits en semaine aussi) et à cette seule idée ses muscles se crispaient et sa chair devenait flasque, froide et moite. Lucy se contentait de grogner et Louis se dit bon, tant pis. Ils n/ allaient pas tarder à se coucher et peut-être que cette fois ce ne serait pas pareil.