Les chèques de laide sociale avaient été encaissés et de longues queues se formaient devant le marchand de vins et spiritueux dont la boutique était en face de la résidence. Le propriétaire se faisait aider par ses deux fils et par un de ses frères comme tous les samedis soir. La boutique était au milieu d/ un pâté de maisons et les deux files d/ attente se prolongeaient de part et d/ autre jusqu/ au coin des deux rues où elles disparaissaient à la vue. Et le flic qui faisait sa ronde se tenait près de lentrée pour éviter qu/ une bagarre se déclenche entre les gens qui se bousculaient pour entrer dans le magasin et malgré sa présence on jouait beaucoup des coudes en poussant des jurons. Les vendeurs travaillaient aussi vite qu/ ils le pouvaient et emballaient rapidement les bouteilles, mais les deux files d/ attente se prolongeaient toujours, chacune jusqu/ au coin d/ une rue où elle disparaissait. Les derniers faisaient de temps en temps un pas de côté pour regarder vers lavant en se demandant combien de temps durerait encore leur attente, et puis ils finissaient par tourner au coin de la rue et puis par arriver en vue de la vitrine illuminée et là au moins ils pouvaient regarder toutes les bouteilles à létalage et le temps semblait passer plus vite avec leur but sous les yeux. Un resquilleur tenta d/ entrer avant son tour, mais quelqu/ un d/ autre le tira en arrière et une dispute commença et tout le monde se mit à leur gueuler de dégager la porte pour pouvoir entrer et le propriétaire sortit. Il était dans tous ses états et leur hurla d/ arrêter (les clients dans la boutique commençant à s/ agiter en voyant que le propriétaire était sorti de derrière son comptoir parce qu/ il craignait qu/ un incident se produise qui les empêcherait d/ acheter leurs bouteilles après avoir fait la queue pendant tant d/ heures) et pour finir le flic s/ amena et tira violemment les deux types en arrière en leur disant de se barrer. Ils supplièrent qu/ on les autorise à acheter leurs bouteilles ou au moins à prendre place tout au bout de la queue (proposant de largent au flic), mais ce dernier refusa (peu désireux de compromettre lexcellent accord qu/ il avait passé avec le patron) et ils finirent par s/ en aller, revenant en douce pour donner de largent à des copains qui leur achèteraient une bouteille. Avant que le dernier client ait été servi, les vendeurs étaient trempés de sueur et complètement KO, mais les quelques derniers clients furent bientôt dans le magasin. De nombreuses fêtes avaient déjà commencé et tandis que les derniers clients achetaient leurs bouteilles et reprenaient joyeusement le chemin de leur domicile, les cloches d/ une église voisine sonnèrent minuit.
Abraham entra au bar CHEZ MEL et se tint pendant quelque temps près de la porte, observant la scène, les mains dans les poches de son trois-quarts, Don Juan noir à la redresse, comme tous les frères présents dans létablissement le savaient. Il adressa un signe à ses potes, accrocha son chapeau et son trois-quarts au porte-manteau et alla au bar, commanda un scotch et lâcha négligemment un billet sur le comptoir. Le flanc appuyé contre le comptoir, il examina les lieux. Ce n/ était pas encore la foule, et la fille caramel n/ était pas arrivée. Il alla dans la salle du fond et s/ assit à une table et commanda un plat des excellents travers de porc qu/ on servait CHEZ MEL et nettoya chacun des travers jusqu/ à los puis se laissa aller contre le dossier de son siège en se curant les dents du bout de la langue avec un petit bruit de succion et alluma une cigarette. Quel pied, mon frère. Il paya la note et retourna au bar, vit la fille caramel et aborda un frère qu/ il connaissait et qui se tenait près d/ elle. Il tapota le frère dans le dos, appela le barman, sers à boire à mon pote, commanda un autre scotch et laissa négligemment tomber un billet de 20 dollars sur le comptoir. La poulette doit ouvrir de grands yeux à présent mon frère. Il savait la jouer élégante et détachée. Oh oui, le bon Abe était le type même du grand mâle, Honest Abe, hahaha. Moi, c/ est Lucy. Il l/ invita à danser et adressa un clin d/ œil aux frères qui étaient au bar tandis qu/ il emmenait sa cavalière vers la piste. Puuutain, tu joues sur du velours quand tu sais manœuvrer comme le bon Abe. Ils dansèrent et il lui dit qu/ elle dansait vraiment très bien et qu/ elle devait être nouvelle dans le coin parce qu/ il était tout le temps fourré là et ne l/ avait encore jamais vue et elle sourit et dit qu/ elle n/ était encore venue que deux ou trois fois et ils dansèrent et burent et le bon Abe la baratina en douceur et sut qu/ il avait le ticket et lui dit qu/ il avait une Cadillac avec des pneus à flanc blanc, et lui proposa de manger un morceau et de changer de crèmerie parce qu/ avec lui y avait toujours du mouvement et il sut que la nuit serait au petit poil et que le cul de la pétasse était pour lui.
Nancy mit les gosses au lit et sortit la bouteille de vin de sa planque dans le placard. Elle s/ assit et regarda la télé pendant quelque temps, s/ envoyant des gorgées au goulot, puis alla se coucher et but, fuma, et se tripota lentrejambe. Elle aurait bien voulu que cet enfoiré d/ Abe rentre pour la baiser. Ce fils de pute ne m/ a baisée qu/ une fois depuis un mois et personne d/ autre ne vient jamais chez nous. Si elle arrivait à trouver quelqu/ un pour garder les gosses elle pourrait sortir mais elle ne trouvait personne. Puuutain. Elle était crevée. Avait presque envie de dormir. Mais il était encore trop tôt. Sans compter qu/ il lui restait encore près d/ une demi-bouteille. Elle allait d/ abord la boire. Quelqu/ un s/ amènera peut-être pour voir Abe, on ne sait jamais. Mais lui, pas la peine de l/ attendre. Y rentrera pas de la nuit. Puuutain. Y me faudrait une bite. Elle vida sa bouteille et la jeta dans le vide-ordures puis retourna se coucher et allongée dans son lit se rappela la queue d/ Abe, comme elle était grosse et dure, et ce que ça lui faisait quand il la pénétrait.
Une femme s/ époumonnait hystériquement dans les aigus, JE T/ AIME Ô SEIGNEUR, JE T/ AIME et elle se roulait sur le plancher, le martelant de ses poings. Les locataires des appartements voisins écoutaient en riant. DESCENDS SEIGNEUR ! DESCENDS SUR NOUS ! et quelqu/ un tapait sur un tambour, quelqu/ un d/ autre sur une table, OOOOOOOH JE L/ AIME TANT ! JE MOURRAIS POUR L/ AMOUR DE LUI ! et d/ autres voix suraiguës et un rugissement traversaient les murs, et les gens dans les appartements mitoyens écoutaient en riant. JÉSUS Ô JÉSUS ! Ô JÉSUS ! et les autres voix rugissaient HAAAAAL LÊÊÊ LOUOUOUOU YAAAAA ! NOUS T/ AIMONS Ô SEIGNEUR ! Ô JÉSUS NOUS T/ AIMONS et les roulements de tambour et les coups martelés sur la table redoublaient et une voix se mit à gémir J/ AI PÉCHÉ ! J/ AI PÉCHÉ ! Ô SEIGNEUR PARDONNE-MOI PARCE QUE J/ AI PÉCHÉ et un nouveau corps tomba sur le plancher, prosterné, tapant des poings et le tambour devint frénétique et les coups tapés sur une casserole s/ ajoutèrent aux tambours et à la table et d/ autres corps s/ abattirent sur le plancher et ils roulaient et martelaient et donnaient des coups de pied et les voix hurlaient suraiguës et résonnaient dans les graves et rugissaient JE L/ AIME ! JE L/ AIME ! HAAAAAL LÊÊÊ LOUOUOUOU YAAAAA ! Ô SEIGNEUR SEIGNEUR HAAAAAL LÊÊÊ LOUOUOUOU YAAAA-BABOUM BABOUMBABOUMBABOUMBABOUM – NOUS SOMMES TES ENFANTS SEIGNEUR BÉNIS TES ENFANTS SEIGNEUR – J/ AI PÉCHÉ ! J/ AI PÉCHÉ ! PARDONNE-MOI SEIGNEUR ! Ô SEIGNEUR PARDONNE UN MISÉRABLE PÉCHEUR ! (des oreilles se pressaient contre le mur, des mains se levaient pour réclamer le silence, des rires éclataient) – ET JOSHUA FIT TOMBER LES MURS ! OOOJÉRICHO ! OOOJÉRICHO ! BABOUMBABOUMBABOUMBABOUM BABOUM – IIIIIIIIIIIAAAAAAAAA – OOOO
MISÉRICORDE ! Ô DIEU DE MISÉRICORDE ! PARDONNE À TES ENFANTS SEIGNEUR ! PITIÉ POUR NOUS PAUVRES PÉCHEURS – DESCENDS ! DESCENDS SUR NOUS JÉSUS ! HAAAAL LÊÊÊ LOUOUOUOU YAAAA (une porte fut entrouverte afin qu/ on entende mieux) – JE L/ AIME ! JE L/ AIME ! – HAAAAAL LÊÊÊ LOUOUOUOU YAAAA – PAUVRE PÉCHEUR – DESCENDS – OOOOOOO – DANS L/ INFERNALE FOURNAISE – SEIGNEUR ! Ô SEIGNEUR ! DRRRRR – DESCENDS – BÉNISSEZ-NOUS SEIGNEUR ! JÉSUS ! JÉSUS ! JÉSUS ! JÉSUS ! JÉSUS ! JÉSUS – HAAAAL LÊÊÊ LOUOUOUOUOU YAAAA ! LES PORTES DE NACRE – DESCENDS SUR NOUS QUI T/ ADORONS SEIGNEUR – IIIIIIAAAAA – Ô JÉSUS – DONNE-NOUS TA BÉNÉDICTION – JE L/ AIME – TES ENFANTS – PÉCHEURS – PARDONNE – AMEN ! AMEN SEIGNEUR ! AMEN ! et la porte fut refermée.
La rue était tranquille et une bande de jeunes nègres à un coin se mit en marche vers une bande de Portoricains à lautre coin, chaque bande arrachant les antennes des autos rangées le long du trottoir ; certains portant des pierres, des bouteilles, des bouts de tuyaux, des gourdins. Les deux bandes s/ immobilisèrent à quelques mètres l/ une de lautre au milieu de la chaussée, se traitant de sales nègres pour les uns et d/ enfoirés de macaques portoricains pour les autres. Une voiture s/ amena dans la rue, klaxonnant, cherchant à passer, mais personne ne bougea d/ un millimètre et pour finir la voiture dut repartir en marche arrière. Les rares passants s/ enfuirent. Les bandes restaient au milieu de la chaussée. Puis on lança une pierre, puis une autre, et 30 ou 40 jeunes se mirent à hurler en lançant des bouteilles et des pierres jusqu/ à ce qu/ il n/ en reste plus une seule, alors ils se jetèrent les uns contre les autres brandissant les gourdins ou maniant comme des fouets les antennes arrachées aux voitures, jurant, gueulant, puis un premier cri de douleur, un coup de feu tiré par un flingue bricolé à la maison et une fenêtre qui vola en éclats et des gens qui hurlaient aux fenêtres et l/ un des jeunes tomba et fut bourré de coups de latte et piétiné et des petits groupes de jeunes se formèrent, balançant des coups de poing, de gourdin, de latte, hurlant, et un couteau se planta dans un dos et un autre jeune tomba et une antenne fendit une joue jusqu/ à la commissure des lèvres et le lambeau de joue déchiqueté claquait contre les dents ensanglantées et un crâne s/ ouvrit sous un coup de gourdin et une autre fenêtre vola en éclats, brisée par une pierre, et 2 ou 3 s/ efforcèrent d/ en tirer un quatrième à lécart tandis que trois paires de lattes s/ acharnaient contre sa tête et un nez fut réduit en bouillie sous un coup de poing américain et alors on entendit une sirène par-dessus les hurlements et soudain, l/ espace d/ une fraction de seconde, tous et tout se figèrent, puis tous tournèrent les talons et déguerpirent, laissant trois des leurs sur le carreau. Les flics s/ amenèrent et les gens revinrent dans la rue, et les flics les faisaient reculer, posant des questions, et lambulance arriva enfin et l/ on aida deux des trois blessés à y monter tandis qu/ on y transportait le troisième. Puis lambulance repartit, les flics s/ en allèrent et la rue redevint tranquille.
À peine passé la porte le type lui mit la main aux fesses. Mais merde, tu peux pas attendre une minute, elle le repoussa. Elle tituba et s/ appuya contre le mur, le type se penchant sur elle, l/ embrassant dans le cou tandis qu/ elle ouvrait violemment une porte de placard à la recherche d/ une bouteille, puis la claquait n/ ayant rien trouvé. Elle regarda autour d/ elle cherchant à comprendre ce qui clochait. Quelque chose clochait. Peut-être que son mari était rentré. Elle appela. Appela de nouveau et toujours pas de réponse. Repoussant le type elle gagna la chambre en titubant pour voir s/ il y était, mais non. Jcrois qu/ il est pas là. Mais y a pas de doute ya quelque chose qui cloche. Alors elle se rappela ses gosses. Ils auraient dû être là. Elle alla voir dans leur chambre et appela, mais ils avaient disparu. Merde, où étaient-ils passés les petits salopards. Je leur avais dit de pas bouger. Elle retourna à la cuisine, le type toujours sur les talons, lui retirant son manteau et lui pinçant les fesses. Elle regarda partout dans la cuisine et au salon, une main tendue derrière elle pour faire danser les couilles du type du bout des doigts, il lui bavait dans le cou, pelotant et marmonnant. Elle finit par aviser le mot laissé par les vigiles. Oui ben, rien à foutre. Ils ont qu/ à y passer la nuit. Elle retourna dans la chambre, le type collé derrière elle. Ils se déshabillèrent, tombèrent sur le lit et se mirent à baiser.
Mike et Sal firent la tournée de quelques troquets mais restèrent bredouilles. Ils avaient dansé avec deux ou trois grognasses, mais rien d/ autre. Même pas un numéro de téléphone ou un rendez-vous pour le week-end prochain. Sal avait envie qu/ ils tentent leur chance dans un rade portoricain de Columbia street mais Mike s/ en ressentait pas d/ aller aussi loin à pied et de toute manière il se méfiait des Portoricains. Ils restèrent donc debout au comptoir à picoler, dans lespoir qu/ une occase se présente peut-être et qu/ ils arrivent à se brancher, devenant de plus en plus bourrés. Mike se moqua de Sal disant que lui pouvait toujours rentrer baiser à la maison alors que Sal devrait se branler. Sal éclata de rire en disant que ça lui allait, il préférait se branler que d/ avoir à s/ occuper de deux gosses toute la journée. C/ est pas si terrible et puis moi, en échange, je peux me tremper le biscuit. Ils prirent encore un verre et Mike commençait à trouver le temps long, et il était trop excité pour attendre plus longtemps. Il dit à Sal qu/ il allait partir et lui demanda s/ il partait aussi. Non, jcrois que je vais traîner encore un peu. J/ ai rien à faire à la maison. Mike lui dit d’y aller mollo sur la branlette, que lui, il rentrait pour baiser (et nomdedieu c/ était bien ce qu/ il comptait faire, règles ou pas règles). L/ appartement était plongé dans le noir et Mike laissa la porte se refermer en claquant puis prit en titubant la direction de la chambre, maudissant ces putains de chaises qui étaient toujours dans ses jambes. Irene se réveilla quand Mike entra et tendit un moment loreille pour s/ assurer que les gosses ne s/ étaient pas réveillés, puis elle attendit Mike. Elle lui dit te vlà et il se laissa tomber sur le lit et commença à se déshabiller, jetant ses fringues sur une chaise. Tu dors pas ? Tu m/ as réveillée en entrant. Qu/ est-ce tu voulais que je fasse, que je me glisse par le trou de la serrure, bien décidé à pas se laisser marcher sur les pieds et à lui foutre sur la gueule si elle ajoutait un mot. Je t/ ai rien dit, Mike. Viens, viens te coucher. Il finit de se déshabiller et se laissa tomber, tourné vers elle et elle l/ entoura de ses bras. Il essaya de l/ embrasser mais rata sa bouche et l/ embrassa sur le nez et grommela un truc dans le genre remue pas comme ça et elle finit par le remettre dans la bonne direction et l/ embrassa et Mike tâtonna cherchant lentrejambe d/ Irene et ils s/ embrassèrent et elle lui passa la main à lintérieur de la cuisse et Mike se tortilla et lui referma la main sur la chatte et ils continuèrent à s/ embrasser et à se trémousser et Irene jouait continuellement en experte de ses mains et de sa langue mais au bout de 15 minutes Mike n/ arrivait toujours pas à bander si bien qu/ il poussa un juron et roula sur elle et essaya de la pénétrer quand même, mais sa queue ne cessait de se plier et de se dérober mollement et il essaya de la rentrer avec un doigt mais ce fut un fiasco et il injuria Irene la traitant de pétasse bonne à rien, essayant encore, de nouveau avec les doigts, jusqu/ à ce qu/ il sombre dans un sommeil alcoolique et retombe à côté d/ elle. Irene dégagea son bras coincé sous lui et s/ assit pour le regarder, l/ écoutant respirer, sentant lodeur de son haleine… puis elle se rallongea et regarda fixement le plafond.
Naturellement, Lucy accueillit d/ un sourire de sainte-nitouche la proposition de changer de crèmerie et demanda à Abe où ils iraient si elle acceptait et il répondit dans une petite surprise-partie privée rien que nous deux et Lucy hésita et le bon Abe embobina alors cette poulette dans son plus sucré baratin lui disant allez, quoi, mon chou, offrons-nous du bon temps et il lui décocha le GRAND sourire et elle commença à vaciller et ce bon Abe sut, comme il avait su depuis le début, qu/ il allait faire une nouvelle conquête. Puuutain, il n/ était pas grognasse au monde que ce bon Abe ne pût baiser. Ils sortirent de CHEZ MEL et Abe lui fit admirer un bon coup sa Cadillac avant de lui en ouvrir la portière. Il voulait s/ assurer qu/ elle voie ces somptueux ailerons et les flancs blancs. Abe alluma négligemment la radio et lui tendit une cigarette et en route. Ils allèrent à Manhattan et s/ arrêtèrent devant un hôtel et quand ils furent montés dans la chambre, le bon Abe refila un gros pourliche au groom en lui demandant une bouteille de whisky et des glaçons. Il revint avec cette commande au bout de quelques minutes et quand Abe remplit les verres Lucy était déjà dévêtue et au lit. Le bon Abe reluqua ses nichons parfaits et posa les verres et se déshabilla. Roulant sur elle pour la première fois il sourit en songeant qu/ il ferait chanter Mon homme à cette pétasse avant que la nuit soit finie. Après l/ avoir baisée une fois Abe eut envie de boire un coup et de fumer, mais Lucy n/ était pas le genre de fille adepte des périodes de repos et le bon Abe dut donc remettre le couvert et cette fois il se concentra pour de bon sur sa tâche mais il n/ eut droit à son verre et à sa cigarette qu/ après l/ avoir baisée 3 fois et à ce moment-là le bon Abe n/ aurait pas refusé de piquer un petit roupillon. Pas un vrai somme, rien qu/ un petit roupillon. Lucy finit par vider son verre d/ un trait et écrasa sa cigarette et roula sur Abe qui, bien que légèrement crevé, fit honneur à la demoiselle, mais en pensant qu/ il allait devoir s/ arrêter un moment. Après le quatrième round, ils s/ arrêtèrent bel et bien un moment, mais Lucy refusa de le laisser dormir, lui tripotant continuellement loreille, l/ embrassant dans le cou, lui caressant les couilles, jouant avec sa queue jusqu/ à ce qu/ elle redevienne dure et alors elle le tira sur elle encore une fois et ce bon Abe baisa, mais sa concentration n/ était pas maximale et il commençait à penser que cette sacrée pétasse allait le tuer à la tâche.
Dans la résidence la plupart des fêtes et des beuveries étaient terminées et les seules lampes qui restaient allumées étaient dans les appartements où on avait organisé des soirées payantes au cours desquelles les participants jouaient aux cartes et aux dés et où le maître de maison percevait un pourcentage sur les jeux et fournissait de la bière à 35 cents la boîte, du gin à 60 cents le godet, du vin à 30 cents le verre, des sandwiches à 50 cents pièce et un excellent poulet accompagné de riz et de patates douces pour un dollar et demi. Il arrivait qu/ un joueur ayant vraiment trop bu en accuse un autre de tricher et déclenche une dispute ou sorte une lame, mais le maître de maison était toujours un rapide qui avait tôt fait de calmer les choses d/ un coup d/ une petite matraque sur le crâne de sorte qu/ il ne se produisait jamais d/ incident grave. Le reste de la résidence était plongé dans lobscurité et le silence, le seul bruit étant causé par le passage d/ un ivrogne ou par une agression, dont la victime, quand elle reprenait conscience, faisait habituellement un foin de tous les diables en appelant les flics mais cela n/ avait lieu qu/ une ou deux fois par nuit pendant les week-ends et ne dérangeait absolument personne. VINNIE ET MARY AVAIENT CESSÉ DE SE DISPUTER, VINNIE ÉTANT ENFIN PARVENU À LUI ÉCARTER LES JAMBES ET À SE TREMPER LE BISCUIT AVANT DE S/ ENDORMIR, ET ILS SE TOURNAIENT ET SE RETOURNAIENT BRUYAMMENT DANS LE LIT, LES RESSORTS GRINÇANT TANDIS QUE TOUS DEUX DORMAIENT SOUS L/ IMAGE DE LA TRÈS SAINTE VIERGE ; Lucy et Louis dormaient depuis des heures, dos à dos, son corps à elle encore raide et tendu, Louis grommelant dans son sommeil ; Mike s/ agitait et grommelait dans son sommeil d/ ivrogne, mais Irene finit par s/ endormir ; Ada dormait, après avoir posé un baiser sur les photos d/ Ira et de Hymie, une main caressant le pyjama de lautre côté du lit ; et Nancy avait fini par sombrer dans le sommeil tout habillée et la main encore dans lentrejambe ; et même ce bon Abe avait enfin reçu la permission de dormir quelque temps.
Abe fut tiré de son sommeil par le raidissement de sa bite. La vue encore trouble il sentait que quelque chose lui effleurait légèrement les cuisses et le ventre. Soulevant un peu la tête il vit les jolis tétons des nichons de Lucy le caresser tandis qu/ elle lui suçait la queue. En le voyant remuer la tête, elle se leva, s/ assit sur son dard et se mit à pivoter du bassin, souriant à Abe dont les yeux s/ ouvraient plus grands à chaque tour. Ainsi assise sur lui et roulant des hanches, elle se pencha pour prendre deux cigarettes sur la table, s/ en colla une dans le bec et mit lautre dans la bouche d/ Abe, puis les alluma. Dis voir mon homme, tu veux boire un coup ? Abe secoua la tête, s/ accordant automatiquement au roulement des hanches de la fille il remuait parfaitement en rythme avec elle. Il tira quelques bouffées de la cigarette puis l/ éteignit et se mit à baiser avec concentration…
Le soleil se leva derrière Gowanus Parkway illuminant la pellicule huileuse qui recouvrait les eaux du Gowanus Canal et les briques rouges de la résidence. Les cloches des églises annonçaient le début de loffice. Ada regarda un moment par la fenêtre avant d/ entamer son petit déjeuner ; Louis se leva en projetant de sortir aussitôt que possible, seul, pour une promenade en voiture ; Irene se réveilla avant Mike et resta couchée à l/ écouter grommeler en se demandant de quelle humeur il serait en s/ éveillant ; VINNIE SE LEVA LE PREMIER ET GUEULA AUX GOSSES DE LA FERMER, VU ? ET TIRA MARY PAR LE BRAS EN TRAVERS DU LIT ET LUI DIT DE SE LEVER ; Nancy s/ éveilla, se gratta lentrejambe et huma son doigt et gueula aux gosses de la fermer. Quand le bon Abe rentra les gosses étaient à table occupés à manger en hurlant et il leur dit de faire moins de bruit, qu/ il avait envie de dormir, et il alla dans la chambre, vaguement chancelant, les yeux rouges et à peine ouverts. Il ôta soigneusement ses vêtements et les mit sur leur cintre, appliqua la résille sur ses cheveux et se coucha. Nancy entra et s/ allongea à côté de lui et se mit à lui chatouiller le trou du cul. Il la repoussa sans ménagement, lui rit au nez et lui dit de se barrer et de lui foutre la paix. Elle lui dit qu/ elle ne s/ en irait pas, qu/ elle voulait tâter de sa queue et il lui retourna une baffe en lui disant d/ aller prendre une banane et elle le traita de salauddenègrenoirpropàrien et il lui flanqua un coup de poing dans sa gueule d/ enfoirée, la faisant tomber du lit, et lui dit de se barrer vite fait si elle voulait pas qu/ il la foute en morceaux et il la vira de la chambre. Elle se traîna jusqu/ à la cuisine et se remit debout en s/ accrochant au rebord de lévier, gueulant toujours qu/ il était qu/ un salauddenègrenoir, puis se fit couler de leau froide sur la tête. Sa fille s/ amena pour l/ aider et Nancy continua à gueuler et puis, de frustration, elle fondit en larmes et sa fille lui dit de ne pas pleurer, Jésus nous aime maman. Et Nancy l/ envoya balader va-t/ en fous-moi la paix.
Abraham dormait.