Georgette était une folle dernière mode. Elle (il) n/ essayait pas de donner le change ni de le cacher par le mariage et un langage viril, satisfaisant secrètement son homosexualité en tenant un album de ses acteurs ou de ses athlètes préférés ou en dirigeant des activités de jeunes garçons ou en fréquentant les hammams ou les vestiaires d/ hommes, histoire de lorgner de biais tout en cherchant à se protéger derrière le rempart d/une virilité soigneusement feinte (redoutant linstant classique dans une soirée ou un bar où cette façade risquait de commencer à se désagréger comme leffet de lalcool et d/ être entièrement désintégrée par la tentative de voler un baiser ou de peloter un séduisant jeune homme et de se faire repousser d/ un coup de poing et – sale pédé – suivi d/une explosion de rage générale et d/ un flot d/ excuses incohérentes pardon pardon avant de sortir en courant) fière au contraire d’être homosexuelle se sentant intellectuellement et esthétiquement supérieure à ceux (particulièrement les femmes) qui n/étaient pas gay (qu’on pense à tous les grands artistes qui sont pédés !) ; et elle mettait des petites culottes de femmes, portait du rouge à lèvres, du mascara (cela comportant à loccasion de lor et de largent – poussière d/ étoile – sur les paupières), avait une longue chevelure ondulée, des ongles manucurés et vernis, portait des vêtements féminins jusqu/ au soutien-gorge rembourré, talons hauts et perruque (un de ses plaisirs les plus affriolants étant d/aller au BOP CITY vêtue en grande blonde majestueuse (plus d/ un mètre quatre-vingt-dix en talons) accompagnée d/ un nègre (c/ était un beau et grand noir baraqué et quand il entrait d/ une démarche élastique tous les jazzeux de la boîte en étaient baba et les caves devenaient maboules. On est allés dans une fumerie avant de venir et on a fumé comme des malades. On était tellement défoncés que j/ emmerdais la terre entière mon chou, j/ aime mieux te dire !)) ; et quand ça lui prenait mettait une serviette hygiénique.
Elle était amoureuse de Vinnie et rentra rarement chez elle quand il fit de la taule, elle restait à Manhattan avec ses copines, défoncées la plupart du temps à la benzédrine et à la marijuana. Elle était rentrée un matin avec une de ses copines après trois jours de fumette ininterrompue encore maquillée et son frère aîné lui avait flanqué une baffe en lui disant que si jamais il rentrait encore une fois dans cet état il le tuerait. Avec la copine elles s/ étaient enfuies de la maison en poussant des cris et en traitant son frère de sale pédé. Après quoi elle téléphonait toujours pour voir s/ il était là avant de rentrer.
Sa vie ne tournait pas, elle tourbillonnait comme dans une centrifugeuse, autour des stimulants, des opiacés, des michés (qui la payaient pour danser devant eux en petite culotte qu/ ils déchiraient ensuite sur elle ; des bisexuels qui racontaient à leur femme qu/ ils sortaient entre copains puis allaient passer la nuit avec Georgette (elle essayant de s/ imaginer qu’ils étaient Vinnie)), le précipité désaxé montant à la surface.
Quand elle apprit que Vinnie s/ était vu accorder la liberté conditionnelle elle alla à Brooklyn (non sans avoir acheté d’abord 10 douzaines de comprimés de benzédrine) et passa la nuit entière chez le Grec suivant Vinnie partout en cherchant à le prendre à part. Elle lui apporta un café et s/ assit sur ses genoux pour lui proposer une promenade. Il refusait en lui disant qu/ on avait tout le temps mon cœur. Tout à lheure peut-être. Georgette se tortillait sur ses genoux, lui taquinait le lobe des oreilles se sentant une jeune fille à son premier rendez-vous. Elle lui lançait des regards coquets. Tu veux bien que je te suce, Vinnie, elle se forçait à se retenir d/ essayer de l/ embrasser, de le prendre dans ses bras, de lui caresser les cuisses, rêvant à la chaleur de son entrejambe, le voyant nu, le voyant lui saisir la tête à deux mains (sans trop de douceur), se serrant contre lui, regardant ses muscles se contracter, passant doucement le bout de ses doigts le long des muscles tendus de sa cuisse (peut-être même qu/ il grognerait en jouissant) ; le contact, le goût, lodeur… S/ il te plaît Vinnie, le rêve se muant presque en conscience réelle, la benzédrine rendant plus difficile encore de ne pas essayer de lui donner vie sur-le-champ.
Ce n/ était pas la peur de se faire rabrouer ou frapper par lui (dans son esprit elle aurait pu élaborer la chose en querelle d/ amoureux finissant en belle réconciliation) qui la retenait, mais elle savait que si elle le faisait en présence de ses amis (qui la toléraient plus qu/ ils ne l/ acceptaient, ou se servaient d/ elle comme d/ un moyen de se défoncer quand ils étaient fauchés ou pour s/ amuser quand ils s/ ennuyaient) sa fierté le contraindrait à l/ abjurer tout à fait après quoi non seulement il n/ y aurait plus d/espoir, mais, peut-être, plus de rêve. Elle lui posa une main hésitante sur la nuque tortillant les courts cheveux. Elle se leva d/ un bond quand il la repoussa, et gloussa quand il lui pelota le derrière. Elle se pavana jusqu/ au comptoir. Pourrais-je avoir une autre tasse de café s/ il te plaît Alex ? espèce de grosse pédale grecque. Elle mit un nouveau comprimé de benzédrine dans sa bouche et l/ avala avec le café ; mit une pièce dans le jukebox et commença à se tortiller au rythme du blues plaintif d/un saxophone ténor. Quelques-uns de ceux qui étaient présents chez le Grec marquèrent le tempo en tapant dans leurs mains et gueulèrent Chauffe Georgette, Chauffe ! Elle plaça ses mains derrière la tête, décrivant de lentes ellipses avec le bassin et – paf – jusqu/ à une des nanas qui se moquait d/ elle, et lui balança sa hanche dans la tronche. Prends ça grosse salope. Quand la musique s/ arrêta elle s/ assit sur un tabouret au comptoir, finit son café, pivota deux ou trois fois sur le tabouret, s/ immobilisa, se leva en tenant délicatement les mains devant elle dans la posture spectaculaire d/ une chanteuse lyrique et chanta un bel di d/une voix de fausset un peu chevrotante. Quelqu/ un rit et dit qu/ elle devrait se produire sur scène. T/ as une jolie voix Georgie. C/ est ça, c/ était la même fille, pour appeler les cochons. Georgette se tourna, posa les mains sur les hanches, pencha la tête sur le côté et la regarda dédaigneusement. Qu/ est-ce que tu connais à l’opéra, hein, Mamzelle Sucebite ? Elle rejeta la tête en arrière et sortit à grands pas de sa démarche la plus royale.
Vinnie avait 12 ans la première fois qu/ il se fit arrêter. Il avait volé un corbillard. Il était si petit qu/ il avait dû glisser si bas sur le siège pour atteindre les pédales qu/ un flic en faction au coin de la rue considérant le corbillard, arrêté à un feu rouge, crut que la cabine était vide. Le flic fut tellement surpris quand il ouvrit la portière et découvrit Vinnie derrière le volant que le môme réussit presque à enclencher une vitesse et redémarrer avant que le flic se rende compte de la situation et le tire à lextérieur. Le juge fut tout aussi surpris que lagent responsable de larrestation et eut un certain mal à contenir son rire tandis qu/ il réprimandait Vinnie et lui faisait promettre de ne plus jamais faire quelque chose d/ aussi mal. Rentre chez toi et sois sage.
Deux jours plus tard il volait une autre voiture. Cette fois avec des amis plus âgés et plus capables de conduire sans trop attirer lattention. Ils gardaient une voiture, allant avec elle à l’école quand ils y allaient, jusqu/ à ce qu’elle n/ ait plus d/ essence et puis ils l/ abandonnaient pour en voler une autre. Ils se firent pincer plusieurs fois, mais Vinnie était toujours remis en liberté après avoir promis de ne pas recommencer. Il était si jeune, et encore plus jeune d/ allure, et semblait si innocent qu/ il était impossible à un juge de le considérer comme un criminel et qu/ ils hésitaient à l/ envoyer dans un établissement où il risquait d/apprendre à être voleur et non plus seulement un enfant dissipé. À 15 ans et arrêté pour la 11e fois il fut placé en maison de correction. À sa sortie un représentant d/une association d/ action sociale eut un entretien avec lui et lui proposa de venir au club de garçons de cette association dans son quartier. Vinnie avait grandi au cours de lannée précédente et était très fier de savoir se battre mieux que les mômes de son âge et que la plupart de ses aînés. Après avoir déclenché quelques bagarres au club histoire de s/ amuser il cessa d/ y aller et linvitation ne fut jamais renouvelée.
Il effectua son premier séjour en taule à lâge de seize ans. Il avait volé une voiture et fonçait le long d/ Ocean Parkway (il voulait tester la vitesse limite de la voiture au cas où il aurait besoin de semer la police) quand il se planta. Il s/ en tira avec une profonde entaille à la tête. On appela une ambulance et la police. Lambulancier pansa sa plaie et dit aux policiers que son état permettait de l/ emmener au poste. Vinnie n’était pas encore tout à fait conscient de ce qui s/ était passé quand les deux agents l/ aidèrent à gravir les marches du poste de police, mais il savait que c/ étaient des flics. Il en poussa un au bas des marches, décocha à lautre un coup de poing qui le mit KO, et s/enfuit. Il n/ aurait pas été impossible qu/ il échappe aux poursuites, mais il alla chez le Grec histoire d/ exhiber sa plaie devant les copains et de leur raconter comment il s/ était débarrassé des deux flics.
Il fut autorisé à plaider coupable de coups et blessures et s/ entendit condamner à une peine d/ 1 à 3 ans.
Il se plut apparemment bien en prison. Il s/ y tatoua son matricule sur le poignet avec une épingle et de lencre, et le montrait à tout le monde une fois sorti. Il alla droit chez le Grec sitôt mis en liberté conditionnelle, y passa toute la nuit pour raconter des histoires autour des trucs qu/ il avait faits pendant sa peine. Parmi ceux qui étaient chez le Grec, beaucoup avaient fait des séjours dans la même prison et ils parlèrent des matons, du travail, de la cour de promenade et de leurs cellules. Le lendemain de sa remise en liberté, 3 braqueurs furent abattus au cours d/ une tentative de hold-up dans une boutique. L/ un mourut sur le coup et les 2 autres furent hospitalisés dans un état critique. Quand il en entendit parler il acheta un journal, découpa larticle et les photos et garda les coupures sur lui pendant des jours, jusqu/ à ce qu/ elles tombent en morceaux à force d/ avoir été manipulées, racontant à tout le monde que c/ étaient des potes à lui. J/ étais au placard avec ces mecs. Çuilà Steve qu/ a été tué tsais ? C/ était mon pote. On était sur le même établi. On était comme les deux doigts de la main. Les rois de la cour de promenade. Les cadors du premier établi et on faisait la loi. On nous a même foutus au mitard ensemble. Deux connards qui refusaient de nous refiler les colis qu/ y recevaient de chez eux alors on les a cognés. C/ est comme chtedis. Les deux doigts de la main.
La gloire d/ avoir connu quelqu/ un que la police avait abattu pendant un braquage était le plus grand événement de sa vie et un souvenir qu/ il chérissait comme un vieil impotent, au bout d/ une vie décevante, chérirait un essai gagnant marqué à la fin du dernier match de la saison.
Vinnie bichait de refuser à Georgette la promenade qu/ elle essayait de lui faire accepter, et de lui peloter les fesses en lui disant pas maintenant mon cœur. Plus tard peut-être. Il était tout jouasse que quelqu/ un soit excité pour lui à ce point-là. Même que ça soit une tapette. Il la suivit jusqu/ au comptoir où elle s/ était assise et, humectant son doigt, le lui fourra dans loreille, et rit quand elle se contorsionna en gloussant. Dommage que je t/ aie pas eue en taule avec moi. J/ avais bien un ou deux gosses qu/ étaient mignons comme tout mais y/ zavaient pas des miches comme ça et il lui pelotait encore le cul et regardait les autres, souriant, et attendant qu/ ils sourient pour montrer qu/ ils appréciaient ses mots d’esprit. Ça coûte du pognon de me sucer aujourd/hui, Bellesmiches, se tournant une fois de plus vers les autres pour s/ assurer qu/ ils comprenaient que Georgette était amoureuse de lui et qu/ il pouvait se la taper quand il voulait, mais qu/ il la jouait fine, attendant qu/ elle lui donne du pognon avant de condescendre à se laisser sucer par elle ; se sentant supérieur aux autres parce qu/ il connaissait Steve qui s/ était fait buter par les bourres, et parce que Georgette était futée et pouvait les enfumer avec des mots (en même temps il détestait qu/ un autre qu/ elle sache se servir de mots de plus de deux syllabes et estimait que quiconque était allé à lécole était un connard), mais jamais (prenant, dans son esprit borné qui ne mûrirait plus, la solitude de Georgette pour du respect devant sa force et sa virilité) elle ne se risquerait à ça avec lui.
Il suivit Georgette dans la rue se retournant pour rire de la fille qu/ elle avait insultée, sur sa chaise, essayant désespérément de trouver quelque chose à dire, la rage inscrite sur son visage et lui paralysant la langue. Elle cracha et le traita de salopard de pédé. Georgette se retourna, tenant une cigarette entre le majeur et lindex de sa main droite retournée et tendue au bout du bras, la gauche posée sur la hanche avec un regard de dédain pour le visage tout rouge, Quelle est ton excuse péquenaude ? As-tu oublié ton être au vestiaire ou dans quelque cloaque ?
Vinnie rit pour faire croire qu/ il appréciait la remarque de Georgette (vaguement conscient quand même qu/ il pouvait y avoir quelque chose là-dedans qu/ il ne comprenait pas) et repoussa la fille sur sa chaise quand elle essaya de se lever pour aller vers la porte et il sortit et pinça la joue de Georgette, avant de lui prendre une cigarette dans la poche. Çat/ dirait une petite promenade ? Ptête même que je te laisserai me sucer. Oh, toi alors, espérant qu/ il parlait sérieusement, s/ efforçant de son style le plus joliment efféminé de jouer la coquetterie effarouchée. Je te taxerai seulement 5 dollars, s/ adossant à laile d/ une voiture rangée là regardant les autres chez le Grec par la porte ouverte, voulant s/ assurer qu/ ils voyaient et entendaient. Ta générosité me bouleverse Vincent, souriant, Jm/ appelle Vinnie ton Vincent tu peux te le carrer, et voulant l/ avoir même si elle devait effectivement payer, mais pas dans le cadre d/ une transaction financière. Elle lui donnerait de largent s/ il en voulait, mais pas justement là ; si elle le payait sur-le-champ cela ne ferait pas que tuer, ou au moins brouiller, le rêve, cela ferait d/ elle son micheton et ce serait insupportable, surtout après avoir attendu si longtemps. Elle savait qu’il n/ irait pas avec elle tant que les autres seraient là, par peur de se faire traiter de piège à homo, elle était donc obligée d/ attendre et d/ espérer que les autres s/ en aillent éventuellement. Raisonnant ainsi, espérant pourtant, dans sa tête benzédrinée, avoir peut-être tort et qu/ il la saisisse par le bras et s/ éloigne avec elle, elle poursuivait le petit jeu. Chte signale que j/ ai des dizaines de michetons qui me paient, et pas un pauve billet de cinq dollars non plus.
Avec moi t/ auras pas à raquer Georgie, la saisissant par une oreille. Me touche pas Harry, gros taré, repoussant sa main avant d/ appliquer une claque dessus. Je suis pas près de baiser avec toi. Harry sortit son cran d’arrêt de sa poche, l/ouvrit, en bloqua la lame, en tâta le fil et la pointe et marcha sur Georgette tandis qu/ elle reculait en agitant mollement les mains au bout des poignets dans sa direction. Bouge pas et chferai de toi une vraie femme sans qu t/ aies besoin d’aller au Danemark. Vinnie et lui se mirent à rire pendant que Georgette continuait à reculer, les mains mollement étendues. T/as pas besoin de cte grosse saucisse qui t/ encombre Georgie, ptit gars. T/ inquiète, je vais te la couper. D/ abord elle est pas grosse, eh, pauve Quéquette, elle cherchait à réprimer sa peur en se prenant pour une héroïne, et fiche-moi la paix.
Harry lança le couteau sur elle par en dessous et cria réflexe ! Elle leva un peu la jambe gauche, couvrit son visage de ses mains, se détourna et poussa un OOOOOOO suraigu quand le couteau frappa le trottoir, ricochant contre le mur derrière elle et dérapant sur quelques mètres. Harry et Vinnie se bidonnaient, Vinnie alla jusqu/au couteau et le ramassa, Georgette s/ éloignait criant encore à Harry, espèce de gros taré ! Pédale du Neandertal ! espèce de… Vinnie lança le couteau en criant réflexe. Georgette bondit, pirouetta en s/écartant du couteau leur hurlant d/arrêter (seul leffet de la benzédrine empêchait la crise d/ hystérie à présent), mais ils se bidonnaient, leur audace se nourrissant de sa peur ; lançant le couteau plus fort et plus près de ses pieds, le couteau dérapant et zigzaguant comme une boule de billard, ramassé et lancé de nouveau vers les pieds qui dansaient (la scène rappelant celle d/ un western de série B) ; le rire, les bonds et les pirouettes cessèrent soudain quand la lame du couteau se planta dans le mollet (si ç/ avait été une planche et pas la chair de Georgette, la lame aurait vibré et résonné). Georgette considéra perplexe le petit bout de lame visible et le manche qui lui sortait de la jambe, trop surprise pour sentir le sang lui dégouliner le long de la jambe pour penser à la blessure ou au danger, mais écarquillant seulement les yeux sur le couteau en essayant de comprendre ce qui s/ était passé. Vinnie et Harry se contentaient de regarder. Harry marmonna quelque chose comme quoi c/ était bien visé et Vinnie sourit. Georgette leva les yeux, vit le sourire de Vinnie, reporta son regard sur le couteau et cria que son futal neuf était fichu. Les autres, qui regardaient de lintérieur de chez le Grec, se bidonnèrent et Harry lui demanda cque c/ était qui lui poussait sur la jambe. Georgette le traita simplement de connard et sautilla jusqu/ à la marche menant à la porte latérale de chez le Grec où elle s/ assit lentement, gardant soigneusement la jambe raide et étendue devant elle. Harry lui demanda si elle voulait qu/ il extraie le couteau et elle lui gueula d/ aller au diable. Penchée en avant et saisissant doucement le manche du bout des doigts et fermant les yeux elle tira un peu pour voir, puis, lentement, sortit le couteau de sa jambe. Elle poussa un soupir et laissa tomber le couteau, puis s/ adossa en arrière contre le chambranle, plia un peu la jambe et tendit la main pour retirer sa chaussure. Elle était pleine de sang. Les effets de la benzédrine s/ étaient presque complètement dissipés et elle frissonna en vidant sa chaussure du sang qui s/ étala en éclaboussures en tombant sur le trottoir, la petite flaque s/ écoulant en filets dans les fentes de lasphalte, s/ y mêlant avec la poussière et disparaissant… Elle se mit à crier et à insulter Harry.
Qu/ estcetas Georgie ? La pauve petite fille s/est fait bobo ? Elle se mit à crier. Je suis blessée ! C/est vous qui m/ avez fait ça espèces de tarés, vous m/ avez blessée ! Elle regarda Vinnie d/ un regard implorant cherchant à reprendre son calme (les effets de la benzédrine totalement dissipés à présent et la panique commençant à les remplacer), dans l/ espoir de gagner sa sympathie, d/ un regard plein de tendresse comme un amant lors d/ un départ sans retour, et Vinnie se bidonna en trouvant qu/ elle avait tout à fait lair d/ un clebs mendiant un nonosse. Qu/ estcetas ? T/ as mal ou quoi ?
Elle s/ évanouit presque de peur et de colère tandis que les autres hurlaient de rire. Elle considéra tous ces visages brouillés, elle avait envie de leur tomber dessus à coups de pied, de leur cracher dessus, de les gifler, de les griffer, mais quand elle essaya de bouger la douleur dans sa jambe l/ arrêta net et elle se radossa au chambranle, tout à fait consciente à présent de sa jambe et, pour la première fois, songeant à sa blessure. Elle retroussa la jambe de son pantalon jusqu/ au genou et trembla en la sentant trempée de sang et elle regarda la plaie, dont le sang suintait encore, sa chaussette trempée de sang et la petite flaque de sang sous son pied, s/ efforçant d’ignorer les sifflets et les, Vasy fillette, à poil !
Vinnie était rentré chez le Grec demander un flacon de teinture d/ iode à Alex et il ressortit et dit à Georgette de pas s/ en faire. J/ vais t/ arranger ça. Il lui souleva la jambe pour verser la teinture d/ iode dans la plaie et rit, à lunisson des autres, quand Georgette poussa un cri et se leva d/ un bond, tenant la jambe blessée à deux mains, sautillant sur lautre. Au milieu des sifflets, des applaudissements, il y en eut un qui se mit à chanter, Dance Ballerina Dance. Georgette tomba par terre, sans cesser d/ agripper frénétiquement sa jambe, et s/ assit au milieu du trottoir épinglée comme par un projecteur dans la lumière du diner, une jambe repliée sous elle, lautre devant elle genou fléchi, la tête basse entre ses jambes dans la posture d/un clown imitant une danseuse.
Quand la douleur diminua elle se leva et retourna jusqu/ à la marche en sautillant, s/ assit et demanda un mouchoir pour s/ en faire un garrot. T/ es dingue ou quoi ? Jvais pas dégueulasser mon mouchoir. Les rires de nouveau. Vinnie s/ avança galamment et tirant le mouchoir qu/ elle avait dans la poche l/ aida à s/ en entourer la jambe. Et voilààà Georgie. T/ es parée. Elle ne dit rien mais regarda fixement le sang ; la plaie qui devenait de plus en plus grande ; la septicémie qui lui traversait la jambe, l/ envahissait, atteignant presque son cœur ; la puanteur de la gangrène émanant de sa jambe putréfiée…
Eh ben, qu/ estce t/ attends, aboule. Quoi ? Questcetas dit Vinnie ? J/ ai dit aboule le fric que je t/ appelle un taxi pour que tu puisses rentrer chez toi. Je peux pas rentrer Vinnie. Pourquoi ça ? Mon frère est là. Alors où que tu vas aller ? Tu vas pas passer la nuit ici. J/ vais aller à l’hôpital. Je ferai soigner ma jambe puis j/ irai à Manhattan chez Mary. T/ es dingue ou quoi ? Tu peux pas aller à l’hôpital. Quand y verront ta patte y te demanderont comment c/ est arrivé. Et en 5 sec les flics seront chez moi et je me retrouverai au trou. Je leur dirai rien Vinnie. Tu le sais bien. Franchement. Cause à mon cul. Y t/ emmèneront au ballon une piquouse et tu te mettras à table tu déballeras tout, vagues souvenirs de trucs entendus à la radio et vus au cinoche. Chte trouve un tacot et chtemmène chez toi. Non Vinnie, s/ il te plaît ! Je leur dirai rien. Je te promets. Je dirai que c/ est des loubards latinos, cramponnée des deux mains à sa jambe, se balançant d/ avant en arrière à un rythme régulier et hypnotique et s/ efforçant désespérément de ne pas se laisser aller à l/ hystérie et d/ ignorer les élancements de la douleur dans sa jambe. S/ il te plaît ! Mon frère est là. Je peux pas rentrer maintenant ! Écoute, je sais pas ce que ton frère va faire et je m/ en branle, mais je sais ce que je vais faire si tu fermes pas ta putain de gueule.
Pendant qu/ il se dirigeait vers lavenue pour arrêter un taxi Georgette vociférait dans son dos l/ implorant et promettant tout ce qu/ on voudrait. Elle ne voulait pas se disputer avec Vinnie ; elle ne voulait pas lui devenir antipathique ; elle ne voulait pas le provoquer ; mais elle savait ce qui allait se passer quand elle serait chez elle. Sa mère fondrait en larmes et appellerait le médecin ; et si son frère ne trouvait pas la zédrine (elle ne pouvait pas jeter les comprimés et il y en avait trop pour les avaler d/ un seul coup) le médecin saurait qu/ elle avait pris un produit et le leur dirait. Elle savait qu/ il la déshabillerait et découvrirait le string rouge à paillettes qu’elle portait. Son frère négligerait peut-être le maquillage (en voyant sa jambe et tout le sang et quand sa mère inquiète pour elle lui dirait de lui fiche la paix), mais il verrait forcément la zédrine et le string.
Ce n/ était pourtant pas ce qu/ elle redoutait pour de bon ; ce n/ étaient pas les gifles de son frère qui ranimaient cette peur qui l/ avait presque fait s/ évanouir ; qui faillit (mais brièvement) la convaincre de dire une prière ; qui chassa de son esprit lodeur de la gangrène. C/était de savoir qu/ elle devrait passer deux ou trois jours à la maison, peut-être même une semaine. Le médecin lui dirait de ne pas s/ appuyer sur cette jambe tant qu/ elle n’aurait pas cicatrisé et sa mère et son frère l/ obligeraient à respecter l/ avis médical ; et elle savait qu/ ils ne permettraient à aucune de ses copines de venir la voir et elle n/ avait rien en dehors de la benzédrine qui serait probablement découverte et jetée. Elle n/ avait rien caché dans la maison ; aucun moyen de se fournir. À la maison pendant une semaine ou plus sans rien. Je flipperai. Je tiendrai jamais le coup aussi longtemps sans me défoncer. Y vont me faire crever. Crever. Ah merde merde merde…
Un taxi s/ arrêta devant chez le Grec et Vinnie en descendit et avec Harry ils aidèrent (forcèrent) Georgette à monter à l/ arrière. Elle continuait à plaider, à supplier. Elle leur dit qu/ elle avait un micheton qui était courtier à Wall Street et qu/ elle devait le voir ce week-end et qu/ il lui refilerait sûrement 20 dollars peut-être plus. Chte les donnerai. Chte donnerai plus. Je sais où tu peux t/ en faire des centaines les doigts dans le nez. Je connais des pédales qui ont une boutique d/art & d/artisanat au Village. Tu peux les braquer. Ils ont toujours plein de pognon ; comme sur des roulettes… Vinnie lui flanqua une gifle en lui disant de fermer sa gueule, cherchant à voir si le chauffeur s/ intéressait à ce qu/elle disait et lui racontant un truc, presque incohérent, sur son copain qui venait d/ avoir un accident et était encore plutôt secoué.
Il fallut moins de 3 minutes pour arriver chez Georgette à quelques rues de là. Quand le taxi s’arrêta devant chez elle, Vinnie lui prit sa monnaie dans la poche et les trois billets d/ 1 dollar dans son portefeuille. C/ est tout cquetas ? Chten donnerai plus dans quelques jours si tu m/ emmènes à l’hôpital. Écoute, si tu rentres pas toute seule, on va te porter et on dira à ton frangin qutas essayé de lever 2 matafs et qu/ y t/ ont assommé. Tu viendras me voir demain à la maison, seul ? Mais oui, bien sûr. Chte verrai demain, avec un clin d/ œil à Harry. Georgette essaya de le croire et lespace d/ un instant oublia ses peurs et le vieux rêve lui traversa brièvement lesprit et elle vit sa chambre, le lit, Vinnie…
Elle partit en boitant vers la porte et s/ arrêta dans le hall, se fourra une poignée de zédrines dans la bouche, les mâcha puis les avala. Avant de frapper à la porte de chez elle elle se retourna et cria à Vinnie de ne pas oublier pour le lendemain. Vinnie eut un rire moqueur.
Vinnie et Harry attendirent dans le taxi de voir la porte s/ ouvrir et Georgette entrer, sa mère refermant la porte derrière elle, avant de payer le chauffeur. Puis ils descendirent du taxi, s/ éloignèrent dans la rue jusqu/ à lavenue, dont ils tournèrent le coin pour retourner à pied chez le Grec.
La porte se ferma. Cent fois. Se ferma. Alors même qu/ elle s/ ouvrait elle l/ entendit se fermer à la volée bang. Se ferma. Se ferma. Des dizaines de portes comme ces mini-albums d/ images qu/ on anime avec le pouce, et qui défilent d/ un mouvement saccadé, embrumé, comme des ombres… et le clic, clic, le fichu clic clic clic de la serrure et elle se referme à la volée bang. FERMÉE. Encore une fois et puis encore une fois et puis encore une fois elle se referma à la volée BANG. Mille misérables fois. BANG BANG. BANG. Toujours refermée avec un bang. On y frappe jamais. Concentre-toi. Force-le à arriver. Un coup frappé. Un coup frappé. S/ il vous plaît, s/ il vous plaît. Seigneur Jésus qu/ on frappe. Faites qu/ on frappe. Faites que quelqu/ un frappe. Pour entrer. Qu/ est-ce qui empêche qu/ on frappe. Goldie avec de la zédrine. Avec n/ importe quoi. N/ importe qui. Refermée. Refermée. Bang. BANG. BANG ! FERMÉE !!! Oh Seigneur Jésus FERMÉE ! Et je ne peux pas sortir. Seulement me retourner dans mon lit. Cette saleté de lit taré (VINNIE !!!) et ce sale pédé de médecin qu/ a pas voulu me donner quoi que ce soit. Même pas un peu de codéine. Et ça m/ élance. C/ est vrai. C/ est vrai. Ça m/ élance et ça fait mal. Je sens que ça m/ écrase la jambe et c/ est douloureux. Ça fait affreusement mal. Affreusement. C/ est vrai. Il me faut quelque chose pour la douleur. Mais merde je peux pas rester sans rien prendre. Et je peux pas sortir. Même pas Soakie. Y a une chance pour qu/ elle ait quelque chose. Qu/ elle entre. Je peux pas sortir. Sortir. Me lever… (la porte claqua et sa mère leva les yeux et remarqua d/ abord l/ étrange expression du visage de son fils, le regard fixe des yeux écarquillés ; puis le sang sur son pantalon et quand elle se précipita vers lui elle s/ effondra sur l/ épaule de sa mère, en pleurant, elle avait envie de pleurer sur l/ épaule de maman et qu/ elle l/ écoute en lui caressant les cheveux (je l/ aime maman. Je l/ aime et j/ ai envie de lui) ; et sachant qu/ il fallait lui faire peur si elle voulait être protégée par la compassion maternelle, et peut-être que maman la mettrait au lit (elle avait envie de courir se coucher, mais elle savait qu/ il fallait boiter pour l/ impressionner), la mettrait au lit avant que son frère entre dans la pièce. Elle pourrait peut-être cacher la zédrine. Il fallait qu/ elle essaie ! Sa mère vacilla et elles se dirigèrent en boitant vers le lit (faut pas courir), elle avait besoin de sa mère tout près, besoin du réconfort ; et elle se sentit plus calme, plus en sécurité, tandis que le visage de sa mère pâlissait et que ses mains tremblaient ; tout en calculant jusqu/ où elle pouvait pousser cette scène de façon à ce que maman soit suffisamment inquiète mais encore capable de la protéger d/ Arthur… et qu/ elle-même pouvait peut-être avoir la possibilité de cacher la zédrine)…
Pourquoi ne pouvait-il pas être sorti. Pourquoi fallait-il qu/ il soit à la maison. Si seulement il était mort. Espèce de salopard meurs. MEURS (Qu’est-ce qu/ elle a la pauvre fifille à sa maman. Tu t/ as cogné ton petit peton Georginette ? Me touche pas pédé. Me touche pas. Non mais attends c/ est ça qui me traite de pédé. Si c/ est pas hilarant. Merde ! Espèce de taré. Taré. TARÉ TARÉ TARÉ ! Non mais espèce de pourriture de… Georgette s/ appuya plus lourdement sur sa mère et remua sa jambe blessée d/ un côté à lautre, geignant. S/ il te plaît Arthur. S/ il te plaît. Laisse ton frère tranquille. Il est blessé. Il va s/ évanouir tellement il a perdu de sang. Mon frère ? Elle est bonne celle-là. S/ il te plaît… Georgette geignit plus fort et commença à lâcher le cou de sa mère (si seulement elle pouvait arriver jusqu/ au lit pour cacher la zédrine. Cacher la zédrine. Cacher la zédrine) ; s/ il te plaît, recommence pas. Pas maintenant. Téléphone plutôt au docteur. Fais-le pour moi. S/ il te plaît.) Si seulement il était resté dehors. Ou s/ était contenté d/ aller à la cuisine… Georgie Georgie tite souris Chou à la crème et gâteau de riz… Pourquoi y me font ça ? Pourquoi y me fichent pas la paix ??? Arthur regarda son frère et poussa un grognement de dégoût puis alla téléphoner et Georgette essaya frénétiquement de sortir la benzédrine de sa poche mais son pantalon était si ajusté qu/ elle n/ arrivait pas à y glisser la main et elle avait peur de s’éloigner de sa mère de manière à pouvoir le faire. Elle tomba sur le lit et roula sur le côté pour essayer de les sortir et de les planquer sous le matelas ou même sous loreiller (oui, loreiller) mais sa mère crut qu’elle se tordait de douleur et lui tint les mains s/ efforçant de réconforter et d/ apaiser son fils, lui disant d/ essayer de se détendre, le docteur sera bientôt là et tout ira bien. T/ inquiète pas chéri. Tu vas voir. Tout ira bien… et puis son frère revint, regarda sa mère puis le pantalon déchiré et le sang et dit qu/ ils feraient mieux de lui enlever le pantalon pour lui mettre un peu de mercurochrome sur la jambe et Georgette essaya de dégager ses mains, mais sa mère les serra plus fort, comme pour absorber la douleur de son fils, et Georgette se débattit furieusement, cherchant à retenir son pantalon pour empêcher son frère de le lui enlever. Elle criait, ruait, mais alors la douleur se mit vraiment à l/ élancer dans toute sa jambe, et elle essaya de mordre les mains de sa mère mais son frère lui repoussa la tête en arrière (le string ! la zédrine !!!). Arrête. Arrête ! Va-t/ en. Empêche-le. S/ il te plaît empêche-le. Tout va bien mon fils. Le docteur va arriver. Personne ne veut te faire du mal. Sale pédé, arrête. Arrête ! Espèce d/ enfoiré de pédale. ARRÊTE, mais son frère défit la ceinture et agrippa son pantalon par les revers et Georgette se mit à crier et les larmes de sa mère lui tombaient sur la figure, suppliant Arthur de faire attention ; et Arthur tira lentement dessus et arracha quand même la croûte qui s/ était formée sur la plaie et le sang se mit à suinter, puis à couler le long de la jambe, et Georgette se laissa aller à la renverse en pleurant et en criant et Arthur lâcha le pantalon qui tomba sur le plancher et regarda fixement son frère… considérant le sang qui dégoulinait jusqu/ aux draps, la jambe qui tressautait… écoutant son frère pleurer ce qui lui donnait envie de rire de satisfaction, se réjouissant même de voir le malheur se peindre sur le visage de sa mère qui regardait Georgette et lui soulevait la tête entre ses bras et lui caressait la tête, fredonnant et secouant son propre visage pour en chasser ses larmes… Arthur mourant d/ envie de se pencher pour lui flanquer son poing dans la figure, cette saleté de figure couverte de fond de teint, mourant d/ envie de s/ acharner sur cette jambe pour entendre gémir sa tapette de frère… il se redressa et se tint silencieusement au pied du lit quelques instants entendant à moitié les sanglots mêlés à ses propres pensées, puis contournant le lit vint sur le côté et se mit à tirer sur le string rouge à paillettes. Espèce de dégénéré dégueulasse. Devant ma mère t/ as le culot de te vautrer ici avec ce truc. Tout en tirant il flanqua une gifle à Georgette, leur mère implorant, pleurant, cherchant à calmer le jeu, et Georgette roula sur elle-même et lança des coups de griffes tandis que le string étroit lui éraflait la jambe et que leur mère suppliait Arthur de laisser son frère tranquille – mon FRÈRE ! – mais il tirait en donnant des secousses, couvrant la voix des deux autres en gueulant jusqu/ à ce qu/ il ait réussi à l/ arracher et il le jeta loin de lui dans la pièce d/ à côté. Comment peux-tu le tenir dans tes bras comme ça. Ce n/ est qu/ un répugnant homosexuel. Tu devrais le jeter à la rue. C/ est ton frère mon fils. Tu devrais lui venir en aide. C/ est mon fils (c/ est mon petit. Mon tout petit) et je l/ aime et tu devrais l/ aimer. Elle se balançait la tête de Georgette nichée dans le berceau de ses bras et Arthur sortit en trombe de la maison et Georgette roula sur le dos pour tenter d/ attraper le pantalon et la benzédrine, mais sa mère l/ étreignait, continuant de dire à son fils que ça allait s/ arranger. Que tout allait s/ arranger.)
Oh, steplaît, steplaît, steplaît, steplaît… pourquoi me torturer ? Les peaux de vache. Les sales peaux de vache. Oh fais-moi sortir. Ouvre à quelqu/ un. Je veux pas être seule. Qu/ ils viennent par pitié. N/ importe quoi. C/ est la descente. Qu/ ils viennent. Pour l/ amour du ciel. C/ est la descente. LA DESCENTE ! Je peux pas rester dans cette chambre. Cette chambre dégueulasse. Faites entrer Vinnie. Qu/ il m/ emmène. Vinnie. Oh Vinnie, mon chéri. Emmène-moi. C/ est trop moche ici. Trop moche. Et j/ adorais la comptine. Chou à la crème et gâteau de riz. Vinnie – (Le docteur lui regarda les yeux, ne dit rien, puis examina sa jambe. Il nettoya la plaie, la sonda doucement, et Georgette gémit, espérant qu/ il allait faire une ordonnance, et roula sur le lit en s/ efforçant de se pencher par-dessus le bord pour atteindre le pantalon et le docteur marmonna ; sa mère assistait à la scène en tremblant et Georgette lui adressa un regard suppliant ayant besoin de ses caresses et de sa protection, mais elle n/ arrivait pas à atteindre le pantalon. Bon Dieu, pourquoi j/ y arrive pas ? Cessant de rouler sur elle-même elle se mit à pleurer. Sa mère lui caressa le front et le docteur lui pansa la jambe et lui enjoignit de ne pas s/ en servir pendant quelques jours et d/ aller le voir quand ça irait mieux. Il referma sa trousse (clac. Clac. Fermée. Clac !) sourit et dit à Mrs. Hanson qu/ il vaudrait mieux que George n/ ait aucune visite pendant quelques jours. Elle approuva de la tête (Georgette se pencha lentement jusqu/ au bord du lit – quand ils iront vers la porte) et le remercia. Ne vous donnez pas la peine de me raccompagner. Je connais le chemin)) – même pas un peu de codéine. Rien. Si ctenculé de Harry avait pas été là. Le taré. Et ces salopes. Ces connasses à deux balles. Même pas un comprimé de nembutal. Il aurait pu m/ en donner un tout de même. Une entaille peu profonde. Garder le lit quelques jours. Jours. Jours. Jours… JOURS. DES JOURS !!! Les murs vont s/ écrouler. Yvont m/ écraser. Maman ? Dis maman. Maman ? File-moi quelque chose. Steplaît. N/ importe quoi. Essaie de te détendre fils. Ta jambe guérira vite. Ma jambe ? – (Arrête. Arthur, pour lamour de Dieu arrête. Que j/ arrête ? Tu les as vus ? T/ as vu ces trucs-là ? Encore des saloperies de drogue de merde. Voilà ce que c/ est. De la drogue. Ceux-là en tout cas tu les reverras pas mon cher petit frère ! Donne-les. Donne-moi ça. Dis-lui de me les donner maman. Ta gueule ou chte tue. T/ entends ? Je te jure que je vais te crever. Toujours à chialer. Niania. Moman ci moman ça. À chaque fois, à la moindre égratignure – Arthur ! Arrête ! Il tremblait de rage, agrippant le pied du lit regardant son frère ramper et se tortiller dessus, pour se cacher derrière sa maman, réclamant son amour et ses baisers… puis il fourra les comprimés dans sa poche, pivota sur lui-même et tira les cartons du fond de la penderie pour les vider par terre – moman ci moman ça nianiania – lacérant et déchirant les tenues de travelo de Georgette, ses jolies robes et ses soieries, piétinant ses escarpins… tu vois ça maman ? Tu vois ? Regarde. Regarde ces photos dégueulasses. Oh Arthur – Regarde-les. Mais REGARDE ! Des hommes qui font l’amour ensemble. C/ est pas joli joli hein ? Arthur, je t/ en supplie. Eh ben ? Réponds. Tu trouves ça beau ? TU TROUVES ÇA BEAU ? Infect. Vlà ce que c/ est. INFECT !!! Pourquoi tu crèves pas Georgie ! Va donc crever ailleurs. Arrête. ARRÊTE ! Pour l’amour du ciel Arthur, arrête. Je n/ en peux plus. Moi non plus figure-toi. T/ as vu ces photos. Comme ça tu devrais savoir qui c/ est, en vrai. Un dégénéré. Un dégénéré infect ! Arthur, je t/ en prie, fais-le pour moi. Je sais. Je sais. Laisse ton frère tranquille. Steplaît. Mon frère ???) – Oh merde, yvont me rendre dingue. Ysavent que j/ peux pas rester en manque. Ils le savent. Rien à voir. Rien à regarder. Pourquoi moi ? Personne viendra à mon secours ? J/ veux pas rester seule. J/ supporte pas. Au secours. Au moins Goldie a de la zédrine. J/ peux pas rester en manque. Seule sans arrêt. Oh mince mince mince… pourquoi moi ??? Maman ? Maman ? Merde ym/ faut un truc. Tous ces tarés de michetons. Toujours ? J/ veux pas arrêter d/ me défoncer. Ym/ faut un truc. J/ vais devenir dingue. Ym/ obligent à rester en manque. En manque. Pourquoi est-ce qu/ y veulent me tuer ? et la chambre où il n/ y avait pas ou presque pas une seule ombre rétrécissait sans cesse et elle cherchait des coins sombres, mais il n/ y en avait pas, rien qu/ une pénombre là où la porte ouverte de la penderie masquait la lumière du living. Georgette appela… son regard fit le tour de la chambre. S/ arrêta sur le lit. Elle se redressa sur son séant et appela encore… puis lentement lança les jambes par-dessus le bord du lit et tâta prudemment le plancher… se leva… boitilla jusqu/ à la porte et regarda sa mère endormie dans un fauteuil. Elle s/ habilla, prit de largent dans le portefeuille de sa mère et partit. Quand elle fut sur le perron elle se rendit compte qu/ elle ne savait ni le jour ni lheure. Et le soleil était couché. Prenant appui sur les voitures en stationnement, elle boita jusqu/ au coin et héla un taxi, priant pour que Goldie soit chez elle. Elle donna l/ adresse au chauffeur et se mit à penser à la maison de Goldie et à la zédrine.
Quand elle arriva chez Goldie une des filles l/ aida à monter lescalier et à s/ installer dans un fauteuil. Elle demanda qu/ on lui allume une cigarette et s/ adossa dans le fauteuil, ferma les yeux, s/ abandonnant au tremblement de sa main et de son corps, étendant la jambe toute raide devant elle avec un gémissement. Les filles l/ entourèrent, avec des questions, des étonnements, émoustillées par la scène et exultant de la soudaine interruption de la monotonie ; la monotonie des quelques journées passées si ennuyeuses malgré la zédrine et la fumette au long desquelles elles s/ étaient traînées, assises à glander en râlant contre la chaleur comme des michetons fatigués et en se remémorant les raclées administrées par des voyous et les regards des caves ; mais Georgette grimaçait de douleur, sans exagérer tout de même, et elles s/ interrogeaient tout émoustillées. Goldie lui fila une demi-douzaine de zédrines qu/ elle avala, avec des gorgées de café bien chaud, en gardant le silence… s/ efforçant de faire entrer par la pensée la zédrine dans son esprit (et d/ en faire sortir sa chambre et les quelques jours qu/ elle venait de vivre) ; refusant d/ attendre qu/ elle se dissolve et soit absorbée par le sang pour irriguer son corps ; elle voulait que son cœur batte la chamade tout de suite ; elle voulait les frissons tout de suite ; elle voulait le mensonge tout de suite ; Tout de suite !!! Les autres se mirent à jacasser et à glapir quand elle ouvrit les yeux, secouant la tête d/ un air tragique, les bras ballants… chuchotant et éludant les questions, hochant du chef et portant lentement la cigarette à ses lèvres pour y aspirer de maigres bouffées d/ asthmatique. On lui resservit du café et puis vinrent les fourmillements et la chamade et allumant une cigarette elle se redressa un peu dans le fauteuil. Goldie lui demanda si elle se sentait mieux et elle dit oui. Un peu merci. Tu veux de lherbe ? Oh, tu en as ? Bien sûr chérie. Goldie lui fila un joint et Georgette se mit à en aspirer la fumée refusant, refusant absolument, de tousser ; et elles la regardèrent et attendirent que Georgette ait fini le joint et retouché son maquillage pour la bombarder de questions. Je dois dire que j/ aime mieux te voir comme ça. Tu étais tout simplement à faire peur quand tu es arrivée. Ça faisait des jours que j/ étais en manque. Des jours ? Qu/ est-ce qui s/ est passé ? Oui, dis-nous tout chérie. T/ as encore un joint Goldie ? Bien sûr. Mais pour l/ amour du ciel, tu comptes passer toute la soirée comme ça ou vas-tu nous raconter ce qui t/ est arrivé ? Oh franchement Miss Lee. Tu ne vois pas que la pauvre petite est excédée. Inutile de brailler Miss Truc. Je suis morte d/ impatience d/ apprendre ce qui s/ est passé, voilà tout. C/ est normal chérie – oh merci Goldie – je comprends. Laissez-moi juste le temps de reprendre mes esprits et j/ vous raconte tout. Elle fuma le deuxième joint et leur raconta le coup de couteau ; et que c/ était ce taré de Harry qui avait commencé toute lhistoire ; que le docteur n/ avait rien voulu lui donner, pas même un malheureux nembutal ; et qu/ on l/ avait enfermée dans sa chambre sans lui autoriser une seule visite, et j/ ai entendu Vinnie plusieurs fois et ils ne lui ont pas ouvert la porte ; et qu/ elle avait défié son frère, ce taré, et qu/ elle l/ avait étendu avant de sortir de la maison. Je lui suis carrément passée dessus chérie, littéralement, et j/ aurais voulu que tu le voies ! Les yeux lui sortaient de la tête, tout simplement. Oh comment que chte l/ ai étendu. Oh c/ est formidable. Tout simplement formidable. Oh cque j/ aurais voulu être là. J/ aurais adoré te voir étendre ce gros taré. Je n/ oublierai jamais la scène atroce qu/ il nous a faite. Jamais. Tous les mêmes ces connards d/ hétéros. Elles applaudirent, gazouillèrent et poussèrent des aaaah et décidèrent de faire une fête en lhonneur de Georgette qui avait étendu Arthur.
Goldie envoya Rosie, la femelle dérangée qui faisait office de disons bonne à tout faire, chercher du gin, des cigarettes et un autre pacson de zédrine. Elles firent une petite marmite de bouillon et dansèrent tout autour en y jetant des comprimés psalmodiant zédrine dans le chaudron, zédrine dans le chaudron, tourbillon qui chassait la peur et lennui, gloussant, avalant de la zédrine, picolant du gin, portant des toasts à Georgette : Vive LA REINE qui a étendu Arthur. Il méritait de se faire étendre, mais alors pour de bon, ce taré, chacune à son tour étendant par lesprit toutes les brutes, tous les salopards d/ hétéros qui les avaient frappées ou montrées du doigt en ricanant ; et elles dansaient à travers l/ appartement avant de se laisser tomber dans les fauteuils cherchant à reprendre haleine en s/ éventant ; et Rosie servait du bouillon et de la glace et du gin et elles parlaient plus doucement, riant encore, redemandant sans cesse à Georgette de raconter comment elle avait étendu son frère… puis elles se turent peu à peu, trop fatiguées pour crier, s/ étirant sur leur siège, de plus en plus défoncées. Si bien qu/ assises en silence elles prirent conscience de labsence des hommes, leur surexcitation et leur joie débordante leur faisant ressentir labsence d/ amour. De sorte que ses sujets demandèrent à la Reine de convoquer son fringant époux et ses rudes compagnons car elles se sentaient audacieuses ce soir-là et même Camille, frêle folle native d/ un bled du New Jersey, aspirait à de rudes étreintes, et il n/ y avait pas de place, mais alors absolument pas de place pour des michetons. De sorte que Georgette, planant dans son univers de drogue, téléphona chez le Grec et rougit (oh, ma libido qui tressaille) quand elle entendit la voix de Vinnie et battit des paupières quand il dit allo Bellesmiches où qut/ étais passée ? Oh, je faisais la fête, mon bourreau d/ amour, souriant à ses amies et trop défoncée pour se laisser troubler par, Chte vois venir avec ton bourreau d/ amour à la con. Ça t/ empêchera pas de casquer. Elle lui demanda de s/ amener avec d/ autres gars de la bande, confirmant d/ un gloussement quand il lui demanda si elle était défoncée, lui disant qu/ elles avaient plein de gin et de ne pas s/ en faire pour lessence du retour, et Vinnie dit qu/ ils viendraient peut-être (pour la rigolade) et Georgette continua de parler après que Vinnie avait raccroché, roulant des hanches en soupirant, Oh mon Vinnie, et soupirant encore en reposant lentement le téléphone. Elles lui demandèrent s/ ils allaient venir, combien, quand – et Georgette feignant le plus grand détachement regagna son trône d/ une démarche royale, enjoignant aux filles de se taire. Non mais ! on croirait que ça fait des années que vous n/ avez pas eu un homme, un vrai. Ils risquent d/ arriver d/ ici une heure plus ou moins, s/ ils n’ont pas un casse de prévu entre-temps, alors contentez-vous de garder les jambes croisées, elle agitait les bras, souriant gracieusement à une pensée secrète. Elles burent encore du bouillon, avalèrent encore des comprimés de zédrine en échangeant des potins. Camille était nerveuse, n/ ayant jamais rencontré d/ anciens taulards. On en voit jamais dans mon coin. D/ ailleurs Goldie était la première folle à la mode qu/ elle voyait. Toutes les tapettes de son bled étaient des honteuses ou des homos de la haute, aussi était-elle dans tous ses états, se levant d/ un bond pour courir çà et là dans la pièce ; posant question sur question, Georgette lui racontant des histoires de nez cassés, de gorges tranchées qu/ elle accueillait avec des ooooh et des glapissements, jouissant de la peur au creux de son estomac et de lappréhension qui lui tordait les boyaux. Elle déclara que la tête lui tournait et qu/ il lui fallait absolument prendre un bain. Les autres se mirent à rire et à la gronder, Georgette faisant taire d/ un geste leur mais comment peux-tu pendant que Camille emplissait un des tubs de la cuisine et disposait ses brosses : une pour son dos, une pour son ventre, une pour sa poitrine, une pour ses bras, une pour ses jambes, une pour ses pieds, une pour ses ongles de pied, une pour ses mains, une pour ses ongles, et un pot de crème spéciale pour son visage. Elle les aligna, manche tourné vers elle, et commença par la plus à gauche des brosses, celle du dos. Elles lui dirent de se magner pour ne pas se faire agresser dans son bain et oh comme elle eut peur, si elles avaient un peu de jugeote elles n/ auraient pas parlé de ça. Elle était si bouleversée qu/ elle faillit en avoir des vents.
Camille avait fini son bain, ramassé ses brosses et se pomponnait dans la salle de bains quand on sonna. Georgette faillit courir jusqu/ à la porte, mais se retint, se rassit, inclinant la tête sur le côté dans lespoir que la lumière éclairerait comme il faut son visage et elle attendit que quelqu/ un aille ouvrir. Elle tenait délicatement sa cigarette et cherchait à cacher son excitation. Plus d/ une heure depuis le coup de fil et si Miss Camille, tant qu/ elle était dans le tub, lui avait fourni loccasion de sembler détendue et insouciante, Georgette, depuis que Camille avait fini, s/ était vue contrainte de soutenir sa position et de demeurer au centre de toutes les attentions en amusant les autres de ses récits – comment elle avait étendu celui-ci puis celui-là – les filles riant de ses mots d/ esprit ; parlant sans interruption dans lespoir que la sonnette retentirait avant que trop de secondes de silence ne la contraignent à réfléchir à ce qu/ elle allait bien pouvoir dire encore ou ne permettent aux autres de prendre conscience du temps qui passait et de poser des questions sur Vinnie (VINNIE !!! Vinnie il fallait qu/ il vienne) ou encore permettent à ses peurs de remonter à la surface… mais on sonna et elle avala encore une zédrine, finit son bouillon et une fois encore rectifia la position sur son trône.
Goldie ouvrit la porte et les garçons entrèrent nonchalamment, regardant à la ronde, s/ arrêtèrent dans la cuisine, regardant encore, jusqu/ à ce que Vinnie les entraîne dans le living. Quoi de neuf Georgie ? Comment va la jambe ? Oh, très bien, merci. Et d/ incliner un tout petit peu plus la tête sur le côté pour aspirer une brève bouffée à la Bette Davis sur sa cigarette. Les autres faisaient lentement le tour de la pièce et finirent par se laisser tomber çà et là. Les yeux de Harry lui sortirent de la tête quand il vit Lee. On aurait dit une des danseuses qu/ on voit dans certains magazines (sa chevelure blond doré lui tombait jusqu/ aux épaules et elle portait toujours d/ élégants vêtements de femmes), une vraie poupée. Harry continuait de faire les yeux ronds, n/ entravant pas grand-chose à la situation. Il n/ était encore jamais venu chez Goldie et pensa que c/ était peut-être Rosie, la tarée dont il avait entendu les autres mecs parler, mais merde, elle avait vraiment pas lair d/ une tarée. Elle avait plutôt lair d/ un fameux morcif. Goldie servait à boire, mettant une zédrine dans chaque verre, et circulait légèrement à travers les pièces pour les distribuer, tout sourire, débordant tout simplement de joie. Lee dit à Rosie de lui apporter un autre paquet de cigarettes et quand cette dernière fit la grimace et dit non, Lee la menaça du doigt en lui disant de les apporter et plus vite que ça si tu ne veux pas te retrouver dans la rue avec les autres tarées, Miss Sucebite. (Harry regarda Lee, toujours perplexe, puis comprit que ce devait être une des folles. N’empêche que ça reste un fameux morcif.) Rosie lança les cigarettes à Lee et courut à la salle de bains et tambourina à la porte jusqu/ à ce que Camille l/ ouvre, puis contournant cette dernière, alla s/ asseoir par terre entre le lavabo et la cuvette des WC. Oh franchement Rosie. Enfin quoi tout de même ! Camille renifla, rajusta de nouveau sa coiffure, jeta un œil à lextérieur, retourna à la cuisine et gagna lentement le living-room, espérant qu/ elle avait correctement appliqué son maquillage (cette lumière au-dessus du miroir est tout bonnement lamentable) et entra d/ une démarche légère dans le living où elle s/ assit lentement à côté de Goldie pour passer en revue, comme le faisaient les autres filles, les prétendants éventuels. Ses yeux se troublèrent presque d/ excitation. Ils avaient des regards si perçants. Non mais leurs yeux vous traversaient comme si vous étiez nue. Elle se tortilla un peu. Mais c/ est merveilleux. Seulement que fallait-il faire ? Bien sûr elle n/ avait jamais laissé le moins du monde entrevoir la vérité aux autres filles, mais elle était pucelle. Elle avait parlé avec quelques-unes des folles de son bled et elles lui avaient dit comment s/ y prendre, la mettant toujours en garde de ne jamais, mais alors jamais, la sortir de sa bouche quand le mec jouissait parce que ça risque de t/ en mettre partout et dans les yeux et tu sais mon chou, ça peut rendre aveugle, et puis d/ ailleurs c/ est l/ instant où tout explose alors t/ auras sûrement pas envie de l/ enlever… Mais comment est-ce qu/ on commence ? qu/ est-ce qu/ on dit ??? Oh, j/ espère que tout va bien se passer.
Goldie demanda s/ ils avaient envie d/ un autre verre et ils dirent oui, mais avec moins de cette saloperie d/ eau de Seltz. C/ est bon pour vous les filles, mais moi y me faut quelque chose de plus corsé, Goldie fila donc en froufroutant jusqu/ à la cuisine, abaissant les yeux sur Malfie, prépara de nouveaux verres avec seulement une petite goutte de flotte et une zédrine, les distribua et voulut savoir s/ ils désiraient de la zédrine. Oui, pourquoi pas. Elle fit donc circuler la boîte, leur disant d/ en prendre deux, puis elle s/ assit coulant de temps à autre des regards câlins à Malfie.
Georgette n/ essayait plus de diriger la conversation, mais se concentrait sur Vinnie, s/ efforçant, bien sûr, de n/ avoir pas lair intéressé, voulant que ses amies voient bien qu/ il était à elle. Elle essaya de faire des agaceries à Harry, espérant susciter ainsi une certaine jalousie chez Vinnie, mais Harry ne cessait de l/ attraper par les oreilles et de se frotter l/ aine en y disant qu/ il avait une bonne grosse bite à y faire sucer, et Georgette se radossa à son trône, tournant vivement la tête de côté en lui disant qu/ elle ne s/ intéressait pas aux petits garçons, Miss Quéquette, puis se pencha vers Vinnie quand elle le vit lorgner Lee. Elle l/ excitait manifestement, mais elle avait toujours lair d/ être une ravissante pépée et il la prenait pour une femme. Lee bichait à lidée de tous leurs regards, mais tournait la tête pour parler à Goldie ou à Camille ou à la pièce en général. Parce qu/ enfin, elle avait bossé dans certaines des plus belles boîtes de travestis et avait sa photo dans les magazines professionnels et ça n/ aurait certes pas été digne d/ elle de s/ abaisser à fraterniser ouvertement avec ces brutes (elle admettait toutefois qu/ elle les appréciait dans la sécurité de lappartement). C/ était peut-être possible pour Georgette, et les autres, mais une personne de son rang ne pouvait se permettre d/ être vue en compagnie de cette racaille, et puis leurs manières sont trop répugnantes… mais ce ne serait pas désagréable de s/ amuser un peu avec eux… Camille continuait de regarder, de s/ angoisser et d/ espérer.
Goldie demanda à Malfie s/ il avait envie d/ un autre verre et il dit et comment ma jolie, remets-moi ça et Goldie remplit le verre de gin, rien qu/ une goutte d/ eau de Seltz, pas de zédrine (en excès ça risquait de lui couper les moyens), gueula à Rosie qu/ elle soit gentille d/ aller chercher encore du gin. Rosie sourit, tu m/ aimes bien Goldie ? et Goldie lui tapota la tête, bien sûr Rosie. Maintenant sois gentille et va vite nous chercher du gin. Quand Goldie tendit le verre à Malfie elle lui effleura légèrement la jambe et sourit. Malfie leva un peu les yeux et Goldie lui demanda en gazouillant s/ il voulait de la marijane. Tu veux dire de lherbe ? Bien sûr mon chou. Ouais. Elle fila dans la chambre (il ne déplaça pas sa jambe), en ressortit avec une petite boîte à biscuits en fer-blanc et distribua les joints à la ronde. Georgette alluma le sien d/ un geste large et affecté, tira dessus en laissant s/ allonger et pendre la cendre puis aspira une énorme bouffée qui la fit tomber tandis qu/ elle avalait la fumée. Elle partit d/ un grand rire, se tourna et montra du doigt afin d/ être certaine que tous comprendraient ce qui la faisait rire, et elle considéra Harry qui se débattait avec son joint, et le surprit à se couvrir le nez et la bouche s/ efforçant de réprimer une quinte de toux. Fallait nous demander de te montrer comment faire, Harold. C/ est absurde de gâcher de la bonne marijane en la donnant à un amateur. Georgette savoura les rires légers et se radossa tirant sur son joint, le doigt pointé vers Harry qui continuait à se débattre, elle sentit ses yeux s/ embrumer un peu… Roulant les épaules elle regarda son Vinnie puis reporta son attention sur Harry qui ayant enfin cessé de s/ étouffer y dit de fermer sa gueule, pauvre suceuse de bites. Moi je suis une experte dans mon domaine mon chou. Personne ne pourrait sucer une queue mieux que moi. Alors que toi !!! mince t/ es même pas un bon voleur. T/ es nul voilà. Et elle tira sur le joint et le réduisit à un quart de centimètre puis laissa tomber le mégot de sa bouche et, souriant avec dédain, se pencha pour récupérer le joint que Harry n/ avait fumé qu/ à moitié. Son corps était aussi lourdaud que son imagination et il ne parvint qu/ à se lever à demi avant de se rasseoir, s/ efforçant d/ ignorer les sourires des mecs et le gazouillis des folles, se torturant les méninges à la recherche d/ un truc à dire mais se contentant de bredouiller, pédale. Ferme-la et bouffe tes comprimés, espèce de droguée. Lee éclata d/ un grand rire et dit à Georgette qu/ elle était étonnée que ses amis soient si coincés du cul. Pas tous mon chou, et d/ un geste large du poignet elle tapota le genou de Vinnie. Lee continua à charrier Harry, mais s/ effrayant de le voir devenir de plus en plus mauvais elle commença à s/ inquiéter et demanda à Goldie d/ allumer la radio pour mettre de la musique. Goldie trouva une émission de jazz et on se détendit peu à peu sous leffet de lherbe et de la musique. Harry manifesta lintention d/ ouvrir une fenêtre mais comme les mecs ne dirent rien et que les folles froncèrent les sourcils il resta assis, sirotant son verre et considérant Lee. Goldie regardait les yeux de Malfie s/ embrumer, puis lorgna sa poitrine qui se soulevait à chaque battement de son cœur, lui dit qu/ il n/ avait qu/ à enlever sa chemise puisqu/ elle était déjà entièrement ouverte, puis elle considéra les mouvements de sa chair qui luisait de sueur, se délectant des poils qui formaient un petit tapis entre ses seins et de la sueur qui ruisselait et allait s/ y perdre. Rosie avait bien frappé à la porte pendant près d/ une minute avant que Lee, agacée de la façon dont Miss Goldie dévorait Malfie des yeux, se lève brusquement pour aller ouvrir. Elle prit le gin des mains de Rosie, le posa sur la table du living, prit quatre comprimés de benzédrine et un verre de bouillon brûlant avant de se rasseoir, dégoûtée, pour tenter de se retirer aussi loin que possible de cette fête sordide. Même pas capables d/ avaler un peu de zédrine et de fumer un peu d/ herbe sans partir dans les vapes. C/ est ridicule. Je dois dire Georgette que je n/ ai pas une très haute opinion de tes amis masculins. Je les croyais un peu plus dans le coup. Goldie entendit, mais ne prit pas la peine de la regarder et continua de reluquer Malfie, songeant au bonheur que c/ était justement qu/ ils ne soient pas accoutumés à la benzédrine (prenant d/ ailleurs son pied à les (l/ initier), et attendant que le temps s/ envole, comme il le fait quand on est chargé en zédrine, et s/ arrête pour elle et Malfie. Georgette alla à la cuisine, en rapporta un saladier de glace et une bouteille d/ eau de Seltz, et remplit son verre et celui de Vinnie. Ne t/ inquiète pas, Miss Lee. Ils n/ ont pas envie d/ avoir la moindre relation avec toi et tes semblables. Vinnie bichait de cette conversation mais était abruti par lherbe et ne se donna pas la peine de dire quoi que ce soit, se contentant de prendre le verre que lui tendait Georgette et de regarder Lee par-dessus, laissant la fumée s/ échapper lentement de son nez, et de la fixer d/ un regard lubrique jusqu/ à ce qu/ elle détourne la tête. Ce sur quoi il adressa une moue à Camille et lui sourit, savourant intérieurement la peur qu/ il lisait dans ses yeux. T/ inquiète, petite, personne ytfera du mal. Tout ce que tu risques c/ est qu/ on te baise un peu – Georgette lui demanda une cigarette et il lui répondit qu/ elle avait qu/ à fumer les siennes. Elle farfouilla un moment jusqu/ à ce qu/ elle soit certaine qu/ il avait fini de parler à Camille, et alors elle les trouva.
Rosie tétait un verre de gin, assise aux pieds de Goldie, et Georgette se faisait du mouron à lidée que Vinnie risquait d/ aller avec une des autres filles et de ce qu/ elles diraient s/ il le faisait… puis cessant de s/ inquiéter de ce qu/ elles pourraient dire elle s/ attacha simplement à les empêcher de l/ approcher. Elle voulait qu/ elles le croient son amant, mais plus encore elle le voulait lui pour amant. Ne fût-ce qu/ une fois. Ne fût-ce que ça. Elle prit une autre zédrine avec son gin et écouta la musique. C/ était Bird qui jouait. Elle inclina la tête vers la radio et écouta les durs accents qui s/ empilaient, sans toutefois se toucher, brûlant d/ envie de tenir la main de Vinnie, ces beaux accents étranges (la zédrine, lherbe et le gin aussi) la remuaient éveillant en elle une drôle d/ histoire d/ amour, un amour sentimental, pas sexuel ; ce n/ était que cela qu/ elle avait envie de partager, rien que ces trois minutes de Bird avec Vinnie, ces trois minutes hors de l/ espace et du temps, à se contenter d/ être ensemble, leurs mains se touchant peut-être, sans parler, sachant pourtant… se contenter d/ être complémentaires l/ un de lautre et l/ un pour lautre, pas comme un homme et une femme ou deux hommes, pas comme des amis ni des amants, mais comme deux êtres qui aiment… ces trois minutes ensemble dans un monde de beauté, un monde dont était absent jusqu/ au souvenir des michetons et des voyous, des gouines camion ou des Arthur, rien que le présent de lamour…
Et les rythmes étranges de Bird ondulaient jusqu/ à elle, et lempilement des sons s/ organisait à la perfection chacun tombant exactement en place et il n/ y avait rien d/ étonnant à ce que Bird souffle l/ amour.
Puis le morceau finit et la musique d/ ambiance prit le relais et Georgette leva les yeux et son regard s/ éclaira quand elle vit celui, malsain, que Harry fixait sur lentrejambe de Rosie. Cette dernière avait plié les jambes et posé la tête sur les genoux regardant fixement un endroit du tapis, attendant, comme toujours, que Goldie parle pour bondir. Georgette détourna la tête et s/ efforça par la pensée de faire revenir Bird dans son esprit, mais elle tourna lentement la tête en sens inverse, incapable d/ ignorer Rosie, ou d/ éviter de penser à elle. Rosie faisait depuis toujours partie des meubles – on n/ y pensait pas, on ne se posait pas de questions sur elle. Pas plus sur l/ être humain dérangé qu/ elle était, que sur la femme de ménage : la personne qui débarrasse les verres et les bouteilles vides ; qui va acheter la benzédrine ; qui contacte le dealer… Georgette regarda le même endroit sur le tapis, puis de nouveau le visage de Rosie. C/ était qui, Rosie ? C/ était quoi ? Est-ce qu/ elle pensait ? Questcequ/ elle éprouvait ? Elle éprouvait forcément quelque chose, sinon pourquoi serait-elle restée chez Goldie ? Avait-elle aimé un jour ? Ou été aimée ? Pouvait-elle aimer ? Georgette regarda le rictus de Harry, la lubricité qui transparaissait derrière le masque de la défonce. Au moindre mouvement de Rosie Harry bondirait pour la baiser sur place – lui tenir les bras, se courber sur elle, approcher son visage salace tout près du sien (la bave lui dégoulinant de la bouche) et il la lui mettrait dût-il se battre pour ça – Georgette leva la tête pour ne plus voir le visage de Harry. Et s/ il la baisait en aurait-elle du plaisir ? Éprouverait-elle quelque chose ? Est-ce qu/ elle y pensait parfois ? Est-ce qu/ il lui arrivait d/ avoir envie d/ amour ??? Une analogie commençait à prendre forme et Georgette dut la combattre, elle dut se battre avant qu/ elle se précise sous peine de n/ être plus capable de l/ ignorer ou de la nier. Elle avala encore des zédrines et de grandes gorgées de gin. Lequel faillit la faire vomir et prise de panique elle alluma une cigarette et demeura assise à fumer en silence, jusqu/ à ce que la nausée passe (lanalogie commençant à s/ estomper) puis monta le volume de la radio et concentra son attention sur la musique, claquant dans ses doigts, regardant Vinnie dans l/ espoir que la zédrine l/ emporterait bientôt sur lherbe et que Vinnie passerait à l/ action.
Camille demanda à Georgette comment s/ appelait le morceau que diffusait la radio, disant qu/ il lui plaisait beaucoup et Georgette le lui dit, et le nom des musiciens et Camille se mit à remuer un peu au rythme de la musique et Lee se tourna vers elle et lui dit d/ arrêter de se trémousser comme une pétasse en chaleur. Et je ne vois vraiment pas comment tu peux écouter cette musique infecte, Georgette. Toi qui aimes tant l’opéra. Oh franchement Miss Truc – Camille battit en retraite et s/ assit sans bouger – retire le glaçon que t/ as dans le cul. Vinnie se mit à rire et Georgette se tourna vers lui avec une timidité affectée, montant encore un peu le son, ce qui revenait à marquer un point contre Lee, prit un nouveau verre de gin et quand le morceau finit et qu/ un autre commença elle demanda à Camille s/ il lui plaisait, jouissant du regard que cette dernière adressait à Lee – pas la peine de me regarder mon chou. C/ est ton mauvais goût pas le mien – et Camille aurait bien voulu savoir quoi dire, si ça lui avait plu ou pas (ça lui avait plu ?), elle regarda Sal et frissonna de nouveau. C/ est pas mal, je trouve (serait-il aussi brutal qu/ il en a lair ?).
Le téléphone sonna et Goldie donna une tape sur la tête à Rosie qui se précipita pour répondre, puis se tourna vers Goldie en disant que c/ était Sheila. Goldie écouta, dit oui et raccrocha. Elle va rentrer avec un micheton qui a retenu la nuit alors il va falloir qu/ on descende chez Miss Tony. Oh quel endroit infect. Mais ma petite Lee, tu peux toujours rentrer chez toi, si tu as un chez-toi. Rosie, réchauffe le bouillon. Oh, je te trouve affreuse de vivre avec une femme. Bah c/ est simplement parce que tu es jalouse. Toi, Georgette, on ne t/ a pas sonnée. Franchement Goldie, je me demande vraiment comment tu fais, même si elle t/ entretient et te fournit en benzédrine. J/ estime que ça ne regarde que moi, Miss Lee. Et puis pourquoi en faire toute une histoire ? On descend au rez-de-chaussée chez quelqu/ un. Si ça vous va, Harold, bien sûr. Franchement je ne comprends pas comment tu peux coucher avec elle Goldie. À moins que tu te contentes de la gamahucher ? Oh Oh OOOh. Goldie sortit en trombe de la pièce et Rosie cracha sur Lee avant de lui courir après. Oh pour lamour du ciel, ne sois pas si susceptible. Les mecs commencèrent à remuer un peu, la scène leur semblait jouissive, mais ne comprenant rien à rien ils se contentèrent d/ un haussement d/ épaules et Georgette s/ occupa de Goldie et lui demanda si elle allait bien et Camille était complètement effarée, tout de même, ce n/ était pas une façon d/ agir pour une dame. Et Lee passe pour si élégante. Ce genre d/ incident ne se produisait jamais là d/ où elle venait. Mais qu/ il est donc excitant et il est tellement viril ; et Lee déclara qu/ elle était absolument désolée, loin de moi lidée de te faire de la peine, très chère. C/ est seulement que le rez-de-chaussée de Tony est franchement sinistre, avec lélectricité coupée et tout et tout. Et puis je dois m/ être levée du pied gauche aujourd/ hui voilà, elles s/ embrassèrent donc en signe de réconciliation, et toutes, après avoir fini le bouillon (avec encore un peu de benzédrine) emportèrent le gin et les zédrines et descendirent au rez-de-chaussée, suivies par les mecs un peu titubants, pas sûrs de comprendre ce qui se passait au juste mais prenant leur pied et trop défoncés pour s/ en préoccuper, et tout le monde entra chez Tony.
Cette dernière dormait et Goldie alluma donc quelques bougies avant de lui dire que Sheila ayant un client elles devaient venir chez elle et je suis sûre que ça ne te dérange pas mon chou, cela dit en lui refilant des zédrines, et elle envoya Rosie faire du café. Rosie alluma le réchaud à alcool dans la cuisine et posa une cafetière dessus. Quand le café fut prêt elle le servit à la ronde dans des gobelets en carton puis retourna à la cuisine faire une autre cafetière, puis continua à faire du café, cafetière après cafetière, venant entre-temps s/ asseoir aux pieds de Goldie. Les mecs émergèrent lentement de lhébétude de la fumette et la benzédrine ne tarda pas à leur délier la langue et tout le monde se mit à pépier. Goldie déclara qu/ elle se sentait infiniment mieux. Je devais avoir besoin de pleurer un bon coup et elle fit de nouveau circuler la zédrine et tous en avalèrent avec le café et Goldie s/ assit à côté de Malfie pour lui demander s/ il s/ amusait, et il dit oui, vachement ; et Goldie flottait tout bonnement sur un moelleux nuage mauve, se prélassant dans le luxe et un rien d/ autosatisfaction : un beau julot à ses côtés ; des copines merveilleuses ; et une admirable combine pour la benzédrine au drugstore du coin où elle pouvait se procurer des comprimés dosés à 50 mg pour cinquante cents la douzaine. Oh c/ est divin. Je veux dire les bougies et tout et tout… ça fait penser à Genet. Genet ? J/ ai du mal à voir comment cela peut te faire penser à elle. Qui c/ est cette jeunette ? Un écrivain français, Vinnie. Je suis certaine que tu ne connais rien à ces choses-là – je ne comprends vraiment pas comment cette ambiance blafarde te fait penser à Genet (Georgette regarda Lee pendant qu/ elle parlait et jeta un coup d/ œil à Vinnie et soupira. Vinnie n/ aura plus jamais rien à voir avec elle après la remarque qu/ elle vient de faire). Elle est si belle je veux dire. Mais c/ est exactement ça ma chérie. Elle crée une telle beauté à partir des ténèbres torturées de nos âmes – oh ma foi, oui. C/ est assez vrai – et je me sens si belle. Eh ! C/ est où les chiottes ? Georgette se leva d/ un bond (choquée Camille la regarda de travers) et dit c/ est dehors. Je vais te montrer. Vinnie lui fila une tape sur le cul au passage. Ça va Bellesmiches, jtrouverai. Georgette pivota légèrement et se rassit, souriant et marquant mentalement un point de plus. Oh comme ce sera merveilleux… tout à l/ heure. Rosie servait encore du café à la ronde et Harry lui demanda si elle taillait des pipes et dans son brusque mouvement de recul elle renversa du café. Goldie lui dit de faire un peu attention quoi, tu aurais pu brûler quelqu/ un, et Rosie avec un vagissement enfouit la tête dans le giron de Goldie et celle-ci lui dit que c/ était pas un drame. Que personne n/ avait rien eu. Tu peux continuer à servir le café, et Rosie sourit d/ un sourire de miraculée et en évitant de marcher sur des pieds se remit à distribuer du café ; et Georgette suivit des yeux les larmes qui ruisselaient lentement le long du visage de Rosie et luisaient dans lambiance sépia de la pièce ; et Harry se dit que ce serait peut-être le pied de fourrer une pépée larguée comme celle-là. Qu/ estcetas Rosie ? Ma pine te fout les jetons ? Rosie battit en retraite et quitta la pièce et Harry se mit à rire et demanda aux mecs s/ ils avaient vu la tronche qu/ elle tirait. Mince, elle est vraiment larguée celle-là. D/ oùqutu la sors ? Goldie rétorqua qu/ elle l’avait trouvée quelque part et Camille alla à la cuisine voir si Rosie ne réagissait pas trop mal, songeant que Harry était terriblement cruel et que Goldie n/ aurait pas dû la laisser traiter comme ça. Elle ne vit pas Rosie aussitôt et regarda fixement la petite flamme bleue du réchaud à alcool, le café était en train de passer comme un philtre de sorcière. Puis elle aperçut Rosie assise dans le coin, la tête appuyée sur les genoux. Camille n/ était pas à laise, mais se dit qu/ elle ferait bien d/ essayer de la réconforter. Elle l/ appela doucement, d/ une voix hésitante, puis se tut un instant, écoutant la percolation du café, le rythme puissant interrompu tous les trois ou quatre temps par une double pulsation, puis elle se retourna vers le salon où tout le monde bavardait, buvait (Georgette semblait ne l/ avoir pas quittée des yeux), et quand elle croisa le regard de Sal, elle rougit et se retourna vers Rosie qu/ elle appela de nouveau. Rosie ne bougeait pas de son coin, la tête sur les genoux. Camille alla jusqu/ à elle, contournant soigneusement le réchaud, lui demanda si elle se sentait bien. Pourquoi tu ne reviens pas avec nous Rosie, et elle lui toucha légèrement l’épaule. Rosie tourna brusquement la tête, mordit la main de Camille, la dévisagea quelques instants puis reposa sa tête sur ses genoux. Avec un cri aigu Camille retourna en courant au salon tenant sa main blessée, le bras tendu devant elle. Elle m/ a mordue, elle m/ a mordue, cette petite dingue. Elle tournait en rond, les bras encore tendus, tout raides, avec des bonds de cabri. Qu/ estcequi t/ prend bordel ? Elle m/ a mordue. Oh pour lamour du ciel Camille assieds-toi. Assieds-toi. Mais elle m/ a mordue. Ta gueule. Harry la poussa et elle s/ affala contre Lee et elles glapirent en essayant de garder l/ équilibre, mais Camille ne cessait de retomber parce que chaque fois qu/ elle prenait appui elle se rappelait sa main et cherchait à la protéger en l/ attrapant avec lautre, battant lair de ses bras, elle se dégagea de Lee en roulant sur elle-même et cette dernière se mit à tirer frénétiquement sur sa jupe pour l/ empêcher de se retrousser, sans cesser un instant de hurler à Camille de caleter et Camille parvint enfin à se redresser sur les genoux et agrippa la main qui lui échappait pour essayer d/ y trouver des marques de dents. T/ inquiète pas fillette, tu vas pas choper la rage. Lee se rassit bien droite et lissa sa jupe et lança à Camille un regard mauvais, franchement, Miss Truc, et tirant un miroir de son sac examina son visage puis fouilla dans ledit sac pour en extraire son peigne, des cosmétiques, et se hâta de retoucher son maquillage. Camille finit par s/ asseoir en continuant d/ examiner son doigt, ignorant absolument les rires. Oh là là c/ était terrible. Tout ce que j/ ai fait c/ est d/ essayer de lui parler et elle m/ a mordue. Mordue comme… comme une espèce d/ animal. Oh là là c/ était terrible. Pourquoi tu l/ as pas mordue toi ? T/ y aurais refilé la chtouille. Tiens trempe-le dans le café chaud. Goldie riait aussi fort que les autres mais s/ arrangea pour se pencher vers elle et lui offrir réconfort et benzédrine. Oh oui, merci. Elle m/ a fait redescendre, quelque chose de terrible. Oh… elle rafla les zédrines et se les mit dans la bouche (de sa bonne main) puis prit son café (de sa bonne main) dont elle aspira quelques minuscules gorgées pour avaler la zédrine. Eh, c/ est à quelle heure le prochain spectacle ? Tout le monde riait, à l/ exception de Camille, et Lee se contenta d’abord d/ un petit ricanement, mais quand elle eut fini de se refaire une beauté, elle se détendit aussi et se joignit à la fête, chaque nouvelle remarque faisant naître de gros rires et d/ autres plus raffinés ; Camille affichait un air maussade ; mais les mecs s/ en payaient une tranche, sans trop savoir de quoi ils riaient, mais bichant pour de bon sous leffet de la benzédrine, jouissant des frissons glacés et de la bizarre sensation dans leurs mâchoires crispées à en grincer des dents (Harry se demandait s/ yndevrait pas des fois aller à la cuisine histoire de lui apprendre à vivre à la Rosie) ; Georgette se contentant de se détendre et de rire (elle avait déjà 3 points d’avance sur Lee) tout en continuant à guetter loccasion de reconquérir le centre de lattention générale ; et Goldie planait… tout se passait si bien et elle éprouvait des picotements d/ impatience à connaître ce qui allait suivre ; mais la pauvre Camille était honteuse et s/ efforçait de se détendre et de se débarrasser de la honte par le rire mais Dieu que c/ était donc terriblement gênant. Elle s/ était tellement donnée en spectacle ; et Lee était bien décidée à se montrer distante (sans toutefois indisposer Goldie), distante ainsi qu/ il convenait à sa beauté et à son statut. Les rires se poursuivirent même après que d/ avoir tellement ri ils furent trop hors d/ haleine pour continuer à égrener des vacheries et Goldie réclama encore du café et Rosie après avoir servi une fois de plus à la ronde retourna dans la cuisine préparer une nouvelle cafetière de café avant d/ aller s/ asseoir dans le coin, la tête sur les genoux. Goldie compta les comprimés de zédrine parvenant à la conclusion qu/ il en restait suffisamment pour quelques tournées (après lesquelles le drugstore serait ouvert) et en distribua donc. Vinnie demanda du gin (des cascades de rires et de gloussements éclatant encore par accès) et Georgette offrit son verre mais Vinnie refusa (ça ne se fait pas de boire dans le même verre qu/ une tapette) elle remplit donc un gobelet de carton pour lui, espérant que cela ne lui ferait pas perdre de point, avec un coup d/ œil sur Lee, laquelle semblait n/ avoir rien remarqué ; et Tony dit merci après avoir pris une zédrine et se demanda si elles étaient prêtes à partager leurs michetons avec elle tout en cherchant désespérément ce qu/ elle pourrait bien dire ou faire qui attirerait sur elle lattention de tous et les rendrait conscients de sa présence et peut-être que Goldie lui en saurait gré et qu/ un des hommes la trouverait séduisante. Son regard fit le tour de la pièce et elle sourit en papillonnant des cils… puis se leva d/ un bond et ouvrit d/ un geste brusque un tiroir dans lequel elle prit une bougie neuve. Elle referma violemment le tiroir et trottina jusqu/ à la bougie qui s/ était entièrement consumée, alluma la nouvelle et la posa soigneusement sur lancienne. Voilà, c/ est bien mieux comme ça, puis se rassit joyeusement, tournant un visage radieux vers Goldie certaine que cette dernière lui serait reconnaissante de son geste.
Tout le monde fixa son regard sur la nouvelle bougie et sur les ombres que projetait sa flamme tremblotante, continuant à parler à voix basse, continuant à fumer, continuant à siroter du café et du gin ; contemplant lextrémité qui s’amollissait et la première petite goutte de cire qui perla au rebord puis roula au long de la bougie, la mèche devenant plus vive et plus rouge au cœur de la flamme… puis une nouvelle goutte roula jusqu/ à la première ; et une autre encore par un autre chemin tandis que la flamme se courbait et que le rebord fondait et que bientôt de nombreuses gouttelettes dégoulinaient et s/ accumulaient au flanc de la bougie et que tout le monde se détendait plus encore, calmé par cette flamme nouvelle et vaguement vidé d/ avoir tant ri, et s/ enfonçait dans les fauteuils et que les types étendaient plus encore les jambes et que les filles s/ alanguissaient encore et devenaient plus coquettes ; et leurs yeux finirent par se détacher de la flamme et tout leur sembla plus doux et Lee elle-même sentit qu/ elle faisait partie du groupe. Et se tourna sur son siège pour faire face aux autres et se mit à leur raconter de petites anecdotes savoureuses sur la vie des coulisses et la conversation devint bientôt générale et quand on n/ était pas en train de parler on écoutait deux ou trois histoires racontées à la fois. Lee leur dit que la plupart des acteurs sont gays (et même la plupart des dignitaires de lÉglise – et tu sais qui ma chérie), et que lensemble de la distribution d/ une des revues dont elle était la vedette s/ était fait embarquer et que le club avait été fermé parce que tout le monde était défoncé en coulisse – et leurs mains voletaient et les mecs faisaient tomber leur cendre d/ une pichenette – et c/ était pas triste, j/ aime mieux vous le dire. Caldonia était tellement bourrée – parce qu/ elle avait picolé comme une malade pendant des heures et elle se met à se pavaner entre Broadway et la 45e en braillant comme un coq, cocoriCOO cocoriCOO – c/ est pas des conneries, y s/ est fait choper en train de tringler une viande froide. On prenait le métro ensemble. Y bossait dans un hosto, vous voyez, à la morgue, mais quand une jolie petite pépette a clamsé, il en a profité pour la tringler – Rosie remplit tous les gobelets et courut se réfugier dans la cuisine quand Harry lui plongea dans lentrejambe, et s/ assit dans le coin, avec la tête sur les genoux – bof, vous croyez que vos michetons sont des tarés… ben moi, j/ en ai un qui veut que je le dérouille avec sa ceinture – oh, ça, c/ est du masochisme et puis c/ est tout, chérie – oh je sais bien mais y faut que jporte un soutif – bleu pâle avec de la dentelle et une culotte assortie et des bas et un porte-jarretelles et il me frotte les jambes de bas en haut et de haut en bas en faisant claquer les jarretelles jusqu/ à ce que je sois couverte de bleus et quand il éjacule c/ est tout juste si j/ arrive encore à bouger le bras – on a un taré de ce genre-là dans le coin. Il tient un salon de beauté dans la 3e avenue à la hauteur des 80e et il rapplique un ou deux soirs par semaine – oui, oui, je vois qui c/ est. Il a une Dodge neuve. Verte. C/ est ça. Et y ramasse des mômes et les emmène faire un tour et leur refile vingt-cinq cents pour qu/ y pètent – Tony se penchait de plus en plus en avant, loreille tendue, riant, s/ assurant que chacune d/ entre elles se rendait compte qu/ elle écoutait et appréciait chacun de leurs récits ; s/ efforçant de penser à telle petite anecdote qu/ elle pourrait raconter, tel petit truc rigolo qui lui serait arrivé ou auquel elle aurait assisté… ou même un truc dans un film… elle remplit de nouveau son verre de gin, souriant à Goldie ; hocha du chef, sourit, rit, s/ efforçant encore de penser à un truc rigolo, voire vaguement humoristique, passant en revue des années de souvenirs sans rien trouver – et puis Leslie alors ? Oh !!! celle-là quelle dégueulasse – elle se balade dans Central Park vers 5 heures du mat en cherchant des capotes usagées pour les sucer. Putain de bordel de merde. Ben moi j’ai un micheton qui me fait chier des balles de golf – On a connu un môme en taule qui s’est enfoncé un Life roulé dans le cul et a jamais pu le ressortir. Le – Oh j’adore ceux qui chialent presque quand yzont fini et se mettent à te raconter qu/ ils aiment tellement leur femme et leurs mouflets. Et quand y sortent la photo – Oh alors ces tarés-là je les encaisse pas – Au fait y a le type que le Négro a croisé au Village l’aut soir qui lui a refilé 10 sacs pour acheter sa grolle gauche. Le Négro iadit qupour cprix-là il lui faisait la paire et ses chaussettes en prime – Goldie n/ arrêtait pas de regarder Malfie et la façon dont sa chevelure ondulée était ramenée en une épaisse queue d/canard sur sa nuque ; et Georgette se penchait plus près de Vinnie et tout le monde semblait si proche, comme s/ ils appartenaient les uns aux autres et que leur place était ensemble et que tout était merveilleux – est-ce que Francene vous a parlé de cet Arabe qu/ elle avait rencontré un soir ? Figure-toi mon chou qu/ il l/ a tringlée jusqu/ à ce qu/ elle ait l/ impression qu/ il allait la retourner comme une chaussette. Oh ça devait être divin. – Camille lança un coup d’œil inquiet à Sal – Ça fait tellement de bien de rencontrer un homme capable de vous baiser comme il faut. Oui mon chou, mais c/ est tout juste si elle a pas dû se faire faire une hystérectomie. Oh est-ce qu/ elle était – On a connu un mec –
La porte s/ ouvrit à la volée et une jeune femme au visage tuméfié avec un ventre énorme entra en titubant et en appelant Tony. Celle-ci regarda les autres d/ un air d/ excuse puis traversa la pièce pour rejoindre sa sœur, l/ entraîna dans la cuisine et l/ aida à s/ allonger, ôta la cafetière du réchaud et monta la flamme. Rosie les regarda, regarda la cafetière, mais comme Goldie ne disait rien, elle reposa la tête sur ses genoux. Tony s/ agenouilla près de sa sœur, gênée parce qu/ elle savait que Goldie et les autres n/ aimaient pas Mary, et lui demanda ce qui n/ allait pas. Elle souleva légèrement la tête puis la laissa retomber sur le plancher où elle sembla rebondir (Goldie et Lee se détournèrent, dégoûtées. Camille regardait fixement en tremblant), puis roula sur elle-même d/ un côté à lautre, en gémissant, se redressa brusquement avec un cri perçant, les mains crispées sur son abdomen protubérant, se cognant la tête et les bras sur le plancher, lançant les jambes en lair d/ un mouvement spasmodique puis les écartant et les ouvrant tout à fait, agrippant Tony par les épaules quand une nouvelle onde de douleur la déchira et Tony lui saisit les mains. Lâche-moi ! Lâche-moi ! Oh tumfais mal, et les mains finirent par retomber et elle resta tranquille et Tony regarda dans lautre pièce, espérant qu/ on ne la rendait pas responsable de tout ça ; et les folles détournèrent la tête et les mecs avaient le regard vide, aspirant une bouffée ou une gorgée, vaguement curieux, et Tony demanda s/ il fallait appeler la police qui l/ emmènerait à l’hôpital. T/ appelles pas les flics. Tant qu/ on sera ici – Qu/ est-ce que je vais faire ? Pourquoi tu la lourdes pas, cette salope ? Ava accoucher – sans blague ? Moi chcroyais qu/ elle avait des gaz. Ils hurlèrent de rire (Rosie ouvrit les yeux, la tête sur les genoux, puis les referma) et Tony faillit pleurer. (Pourquoi il a fallu qu/ elle s/ amène justement maintenant ? Quand j/ avais une chance d/ être invitée au premier et qu/ on devienne amies) Pourquoi qut/ appelles pas le connard qu/ elle vit avec ? Quand même, c/ est lui lpère, pas nous. Ça chpeux tle garantir. Nouveaux hurlements de rire – Comment tu le sais. Ça pourrait être n/ importe qui ou presque. (Camille éprouvait encore une vague nausée mais était bien décidée à l/ ignorer pour affirmer son appartenance au groupe des filles.) Eh, la avalé un pépin de pastèque ou quoi. Même l/ éructation de Harry provoqua des éclats de rire, mais tous commençaient à se tendre, en particulier les folles. Cette histoire risquait de gâcher une soirée parfaitement délicieuse. Si ça se prolongeait trop longtemps tout le monde allait redescendre et les projets seraient bousillés – Mary se cabra ! En hurlant ! Pas seulement un hurlement bref, mais un enchaînement de hurlements l/ un après lautre. Son visage s/ assombrit et menaça d/ exploser. Les traces de coups sur son visage s/ étaient mises à suinter et elle se redressa sur son séant comme si on l/ avait poussée par derrière, hurlant, glapissant, vagissant, hurlant… Tony se renversa en arrière et se cogna contre le mur (Rosie était toujours assise la tête sur les genoux) et Camille se couvrit le visage de ses mains. Les cris leur griffaient les oreilles et elle avait les yeux hors de la tête, les bras toujours levés vers Tony, le visage s/ assombrissant encore… puis elle s/ arrêta et retomba en arrière, sa tête cognant contre le sol et ses cris et le bruit de sa tête frappant le sol résonnèrent à travers la pièce et bourdonnèrent dans les oreilles de tous, persistant comme le bruit de la mer dans un coquillage… Oh Oh OOOh !!! Elle perd les eaux. Elle perd les eaux. Les folles se levèrent d/ un bond et Harry regarda fixement la flaque qui s’étalait. Vire-la d/ ici. Dehors. Flanque-la dehors ! Allez connasse, vire-la avant que les flics s/ amènent. Oh ça y est à cause d/ elle je rdescends. Cte salope. Cte sale pute. Rosie ROSIE ! Mets-la dehors. Mets-la dehors ! Rosie saisit un bras, mais il était trempé de sueur et lui glissa entre les doigts. Elle retroussa la jupe de Mary et y essuya ses mains et les bras de Mary, puis remarquant son visage l/ essuya aussi et dit à Tony de prendre lautre bras. Elle tira et Tony ne cessait de tomber entraînée par le poids et de regarder Goldie d/ un air implorant et Rosie lui cria de tirer, tirer, et Rosie elle-même tirait par à-coups et à chaque fois le corps de Mary tressautait et frissonnait de douleur et la sueur lui brûlait les yeux et l/ aveuglait et elle ne pouvait que geindre et geindre encore et Harry se leva et les rejoignit en disant qu/ il allait les aider. Il se plaça derrière elle et lui posa les mains sur les nichons, souriant aux mecs, et il la souleva et Rosie tira de nouveau si fort qu/ elle faillit les renverser et ils soulevèrent lentement ce gros tas de Mary et la traînèrent jusqu/ à la porte. Harry dit à Tony d/ aller chercher un taxi pendant que Rosie et lui l/ amèneraient jusqu/ à lentrée. Tony partit, et Rosie s/ accrocha au bras qu/ elle tenait, sans quitter Harry du regard, et ils la traînèrent le long du couloir, de leau et du sang lui dégoulinant le long des jambes, jusqu/ à la porte. Harry demanda à Rosie comment elle s/ en sortait et elle ne broncha pas. Se contentant de tenir le bras et de surveiller Harry du regard. Il se mit à rire et laissa tomber Mary par terre en attendant le taxi.
Quand Harry et Rosie revinrent tout le monde se taisait, des ombres tremblotaient sur les murs, et Harry demanda cqui n/ allait pas, c/ est la morgue ici ou quoi, et s/ assit et alluma une cigarette. Putain elle doit bien peser une tonne la poufe. Mais elle en a une jolie paire faut reconnaître. J/ ai pas pu en faire le tour avec les mains tellement qu/ ysont gros… Les autres se taisaient encore, ne fumaient même pas et Rosie remit la cafetière sur le réchaud et attendit. Lee jugeait simplement toute cette scène répugnante – c/ est vraiment chiant tout de même non – Quoi donc Sal ? Ben, d/ attendre un enfant et que le mec vous dérouille. – Camille était encore affreusement bouleversée – les autres étaient d’accord avec Sal que c/ était chiant d/ attendre un enfant et qu/ un mec vous dérouille. Un mec pareil faudrait lcrever, lenfoiré, même si elle c/ est une pouffiasse – et Goldie et Georgette étaient inquiètes. Elles avaient échafaudé des plans et brûlé d/ impatience toute la soirée et tout allait tellement bien que c/ était vraiment injuste que tout s/ écroule comme ça… à l/ instant même où on approchait du moment… et Georgette cherchait désespérément quelque chose à dire ou à faire… un truc qui pourrait non seulement rattraper le coup et sauver la soirée, mais encore un truc qui ferait de ce coup son coup et de cette soirée sa soirée… un truc qui la remettrait au centre de la soirée. Elle fit des yeux le tour de la pièce… réfléchit… puis se rappela un livre et oui, il était toujours là. Elle le prit, l/ ouvrit, le considéra quelques instants puis décida de ne rien dire mais de se mettre à lire
Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué…
Les quelques premiers mots furent prononcés à voix basse, hésitante, mais de s/ entendre par-dessus la respiration des autres, retentissant à travers la pièce, elle s/ exalta et se mit à lire plus fort, détachant chaque mot avec clarté et justesse
Comme de quelqu’un frappant doucement, frappant
à la porte de ma chambre.
« C’est quelque visiteur », murmurai-je, « qui frappe à
la porte de ma chambre… »
et les autres faisaient silence et Vinnie tourna son visage vers elle
Ah, distinctement je me souviens que c’était le glacial
décembre ;
Et un par un les tisons en mourant brodaient leur
spectre sur le sol
Ardemment je désirais le matin ; en vain m’étais-je
efforcé de tirer…
Tous les regards étaient fixés sur elle à présent (était-il possible que Rosie la regarde aussi ?). Tout le monde la regardait. ELLE !
Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins
longtemps plein d’étonnement, de crainte,
De doute, rêvant des rêves qu’aucun mortel n’a jamais
osé rêver ;
Mais le silence ne fut pas troublé, et l’immobilité ne
donna aucun signe,…
Lintensité théâtrale de linstant gonflait sa poitrine et le poème surgissait plein de beauté et d/ émotion et les vibrations issues de sa bouche faisaient vaciller la flamme de la bougie et elle sut que chacun entrevoyait un corbeau dans la pénombre.
Voyons donc ce que c’est, et explorons ce mystère.
Que mon cœur se calme un instant pour explorer ce
mystère ; --
« C’est le vent et rien de plus ! »…
et elle n/ était plus seulement en train de lire un poème, elle était le poème lui-même et chaque mot lui venait de lâme et toutes les ombres merveilleuses tourbillonnaient autour d/ elle
Alors cet oiseau d’ébène enjôla ma triste imagination et me fit sourire,
Par la gravité et la sévérité guindée de son maintien
« Bien que ta crête soit tondue ras, tu n’es », dis-je, « certes pas un poltron,
Tristement lugubre et antique corbeau dérivant depuis les rives de la nuit… »
Les mecs ouvraient de grands yeux et le visage couvert de transpiration de Vinnie était si proche qu/ elle avait limpression de la sentir couler et même Lee l/ écoutait et la regardait lire et tous avaient conscience de sa présence ; tous savaient qu/ elle était LA REINE.
Il ne prononça rien de plus – ne remua pas une plume –
Jusqu’à ce que, à peine audible, j’articule, « d’autres
amis se sont envolés –
Demain c’est lui qui me quittera comme mes espoirs se
sont envolés. »
Alors l’oiseau dict « Jamais plus. »…
Vinnie considérait Georgette et les ombres qui mettaient en valeur ses yeux, puis ses joues, puis ses yeux… songeant que c/ était dommage qu/ elle soit gay. Il est beau mec et vraiment génial, surtout pour une folle… il était franchement ému par la lecture de Georgette, mais même avec la zédrine qui stimulait son imagination il lui était impossible de surmonter sa répulsion devant la bizarrerie.
De rêverie en rêverie, cherchant ce que cet augural
oiseau de jadis –
Ce que ce triste, disgracieux, sinistre et augural oiseau
de jadis
voulait dire en croassant « Jamais plus ».
Je me tenais ainsi conjecturant, mais n’adressant plus une
syllabe
Au volatile dont les yeux ardents me brûlaient à présent
jusqu’au fond du cœur ;
Cherchant à deviner cela et plus encore, laissant ma tête
reposer
Sur la housse de velours du coussin que la lumière de la
lampe dévorait des yeux,…
où elle, ne s’appuiera, ah, jamais plus !….
Et Charlie Parker jouait (tu l/ entends Vinnie ? Écoute. Écoute. C/ est Bird. Tu l/ entends ? Son saxo envoie de lamour. Il envoie de lamour pour nous) et les rythmes disjoints de Bird résonnaient en tourbillonnant… puis se réconciliaient et mon Dieu que c/ est beau
« … Bois, oh bois l’apaisant népenthès et oublie cette
Lenore perdue ! »
Et le corbeau dict « Jamais plus ».
« Prophète ! » dis-je, « être maléfique ! être maléfique et
pourtant prophète, oiseau ou démon !
Que le tentateur t’ait envoyé, ou la tempête jeté sur ma
rive,
Désolée mais indomptée, dans ce désert enchanté…
Et par une déchirure du store noir elle vit danser des points gris et bientôt la lumière strierait le ciel et les ombres dansantes s/ estomperaient et la douce lumière du petit matin filtrerait à travers la pièce, repoussant les ombres hors des coins encore obscurs et les bougies seraient bientôt éteintes.
Et le Corbeau, immuable, demeure perché, demeure perché
Sur le pâle buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma
chambre ;
Et ses yeux semblent en tout ceux d’un démon qui rêve,
Et la lumière de la lampe qui se déverse sur lui projette son
ombre sur le plancher ;
Et mon âme hors de cette ombre répandue sur le plancher
Ne s’élèvera jamais plus !
Et Bird envoyait un dernier chorus, aigu, et le morceau ne finissait toujours pas, mais Bird s/ estompait lentement et on ne saurait jamais quand il s/ arrêtait pour de bon et les sons résonnaient et roulaient dans l’oreille et tout devenait amour – Dict Bird À tout jamais – et les flammes s/ inclinaient et léchaient le bord des bougies et Harry lui-même n/ essayait plus de combattre sa léthargie pour rompre le charme et Georgette reposa le volume sur ses genoux avec une pleine intensité théâtrale et les derniers mots tournaient encore avec la lumière et s/ attardaient dans loreille comme la mer au fond d/ un coquillage et Georgette se tenait sur un trône prodigieux dans un pays prodigieux où les gens s/ aimaient et s/ embrassaient et communiaient dans le silence, déambulant main dans la main à travers des nuits magiques et Goldie se leva et embrassa la Reine et lui dit que c/ était beau, tout simplement beau et les mecs murmuraient et souriaient et Vinnie se débattait avec la douceur qui l/ envahissait, s/ efforçant sincèrement, lespace d/ une seconde, de la comprendre, puis laissant aller, asséna une tape sur la cuisse de Georgette, gentiment, comme on fait à un copain, et sourit, lui sourit – Georgette manquant de fondre en larmes en voyant léclair de tendresse dans ses yeux – lui sourit et chercha ses mots, se heurtant à ses propres limites avant de dire, Dis donc, Georgie, ptite tête, c/ était pas mal du tout, puis lidée que ses potes étaient présents, particulièrement Harry, se fit jour à travers la benzédrine et son humeur et il se hâta de se redresser sur son siège, prit un verre et tapa une cibiche à Harry.
La lumière faisait irruption par les nombreux trous des stores… les bougies retournant lentement à lanonymat. Goldie ouvrit lentement la boîte de zédrine et la présenta à Georgette. Laquelle en prit deux, deux seulement merci, sourit et les posa sur sa langue et aspira une gorgée de son gin. Ils parlaient à voix basse, souriant, sirotant leur verre, en paix avec le monde, et Georgette se renfonça dans son fauteuil parlant doucement avec Vinnie, et avec ceux des autres qui lui adressaient la parole, tous ses mouvements : fumer, boire, approuver de la tête, étaient doux et royaux ; elle se sentait extrêmement humaine, considérant son monde (son royaume) avec bonté, douceur ; attendant, avec excitation mais sans anxiété, le moment, proche, où elle adresserait un signe de tête à son amant… mais le soleil continuait à monter et la pièce à s/ éclairer et les filles prirent conscience de la transpiration qui avait ruisselé sur leur fond de teint, espérant que les garçons ne le remarqueraient pas avant qu/ elles soient remontées au premier où il leur serait possible de se refaire une beauté. Goldie ne cessait de lancer des coups d/ œil à sa montre et de tendre loreille dans lespoir d/ entendre Sheila et son micheton repartir, désireuse de sortir de cette pièce hideuse pour retourner au premier avec les garçons avant que la lumière ne les fasse redescendre et ne dissipe leffet que Georgette avait eu sur eux ; craignant que la déprime post-zédrine ne s/ installe et que les garçons redeviennent simplement brutaux cessant d/ être des partenaires possibles. Elle voyait la lumière devenir de plus en plus brillante, trop brillante, dans la pièce, et tendait loreille, tendait loreille…
puis elle entendit quelque (un) se précipiter dans le couloir et Tony ouvrit la porte – le cœur de Goldie battait à tout rompre et elle s/ efforça d/ ignorer Tony pour guetter des pas (de deux personnes) dans lescalier – et se mit aussitôt à s/ excuser, adressant des regards pleins d/ espoir à Goldie, avant même que la porte soit refermée et que Goldie finisse par se tourner vers elle pour lui dire de la boucler. Tony obéit aussitôt (elle avait déposé sa sœur à lhôpital et était demeurée dans le taxi pour revenir directement, souhaitant être de retour avant le départ de Goldie ; espérant être invitée à se joindre à eux ; elle n/ avait pas envie de rester seule dans cette saleté d/ appartement et elle désirait tant compter parmi les amies de Goldie, planer avec elles et avoir d/ autres filles avec qui parler). Elle obéit aussitôt et s/ interrompit au milieu d/ une syllabe pour faire des yeux le tour de la pièce mais tous l/ ignorèrent – Goldie se leva d/ un bond et gagna la porte, écouta puis l/ entrouvrit – alors Tony traversa la pièce (je passe entre elles… entre elles. Elles me regardent. Je sais qu/ elles me regardent. C/ était pas ma faute) et s/ assit – Goldie se retourna et dit Ça y est ils sont partis. Rosie, prends nos affaires. Ils sont partis. Tony était assise, puis elle se leva et fit le tour de la pièce (même pas une zédrine… pas une seule) ; alla à la cuisine, se versa un gobelet de café (peut-être que j/ aurais dû rester à lhosto avec elle. Ç/ aurait pas été plus mal) et retourna à son fauteuil.
Goldie fila à la salle de bains se refaire une beauté. Georgette saisit la bouteille de scotch à moitié pleine que le micheton avait laissée et en versa un verre à Vinnie, sur des glaçons, puis alluma la radio. Elle voyait que Vinnie et les garçons planaient de plus en plus et que le temps de vider la bouteille de scotch (et il y avait encore du gin et un nouveau contingent de zédrines allait arriver) ils ne sentiraient plus le sol sous leurs pieds en marchant. Oh quelle journée merveilleuse. (Elle alla aux fenêtres pour régler les stores afin d/ empêcher que trop de lumière entre.) Tout simplement trop. Elle fit de brèves visites en différents points de la pièce, bavardant, souriant, servant à boire, chantonnant (Vinnie, Vinnie) dansant ; riant même avec Lee. Quand Goldie en ressortit, Camille courut à la salle de bains, avec sa brosse à cheveux, sa brosse à ongles, sa brosse pour les doigts et sa brosse pour les mains. Goldie donna à Rosie de largent pour la zédrine puis entraîna Georgette à lécart et lui demanda d/ être lintermédiaire entre elle et Malfie et elle lui répondit, Bien sûr ; et Goldie lui dit qu/ elle avait une boîte de syrettes et que d/ ici quelques minutes quand les choses se seront un peu calmées on ira sfixer. Georgette l/ embrassa et se mit à swinguer pour de bon. Un peu de morphine tomberait à pic, ce serait parfait. Oh oui, parfait. Oh Dieu du ciel… morphine et Vinnie !!! elle remplit un verre de gin et s/ assit à côté de Vinnie (je devrais lui proposer un fix aussi ?) causant avec lui et les garçons (Non. Ça risquerait de le mettre HS) et même Harry et ses remarques absurdes étaient agréables (Oh merde ! pourvu que la zédrine n/ ait pas inhibé sa nature), mais elle fit évidemment le maximum pour éviter tout grand discours avec lui (si seulement les autres pouvaient s/ en aller on resterait ensemble et il m/ embrasserait et je lui caresserais la nuque et j/ embrasserais le lobe de son oreille et nous nous déshabillerions l/ un lautre et nous nous coucherions sur le lit dans les bras l/ un de lautre et je passerais le bout de mes doigts le long de ses cuisses et ses muscles se contracteraient et nous nous tortillerions un peu tous les deux et j/ embrasserais sa poitrine et tâterais son dos et sentirais la sueur et j/ entourerais ses hanches de mes jambes – Qu/ estce t/ en dis Bellesmiches ? Georgette se tourna et commença à ouvrir les bras et Vinnie lui pinça la joue, Ça te dirait de l/ avaler histoire de l/ essorer un peu ? et il se leva lentement en s/ empoignant l’entrejambe. Georgette laissa retomber une main (pas maintenant… tout à lheure) et laissa lautre glisser le long de la jambe de Vinnie. Tu veux m/ aider à les vider ? titubant un peu puis écartant un peu plus les jambes et riant en soupesant ses couilles de la main. Elle se pencha un peu en avant (non non non !!! Tu vas tout gâcher) et il tourna les talons, riant toujours, et alla à la salle de bains (les yeux lui sortent de la tête. Putain il est défoncé. Ça va être somptueux !!!) et il hurla de rire quand il terrifia Camille qui sortait de la salle de bains et elle fit un bond lâchant ses brosses puis se penchant précautionneusement, surveillant la porte de la salle de bains, les ramassa, et fila dans le living-room.
Georgette se rassit et sirota son gin pendant d/ interminables secondes. Harry se leva et lui gazouilla quelque chose, totalement défoncé, et se laissa tomber à côté de Lee. Georgette le suivit des yeux, sirotant toujours son gin, et luttant toujours pour se maîtriser. Elle n/ allait pas tout foutre en lair maintenant. Ce ne sera pas long. Ce ne sera pas long. Vinnie et morphine. Oui. Elle prit la bouteille de gin et remplit le verre de Malfie et lui demanda s/ il voulait bien se faire sucer par Goldie. Malfie ferma un peu les yeux et sourit, prit le verre qu/ elle lui tendait. T/ as encore de la zédrine ? Elle lui tapota la joue et alla lui en chercher deux comprimés avant de retourner dire à Goldie que tout était arrangé. Oh tout se passe si bien. Vinnie et ses copains sont raide défoncés et elle ne tarderait pas à avoir Vinnie. Goldie l/ emmena dans la chambre à coucher et lui donna une syrette. Toi t/ en prends pas ? Pas tout de suite mon chou. Jvais attendre que ce Rital bien membré m/ ait baisée. Georgette se piqua donc et attendit que la première vague soit passée pour regagner son trône, à côté de Vinnie. Il était en train de jacasser avec Malfie et Harry – rejoints par Lee et Camille, Goldie se contentant de regarder Malfie et de rire de temps à autre – et tira sur loreille de Georgette quand elle s’assit. Elle sourit et se déhancha avant de s/ asseoir, saluant modestement de la tête les applaudissements. Georgette regarda tout autour d/ elle et constata avec plaisir que tout le monde swinguait. Même Harry et Lee s/ y étaient mis et la musique sortait de la radio et Camille claquait des doigts (un peu ostentatoirement si vous voulez mon avis, mais c/ est pas grave parce qu/ on (Vinnie et Morphine – VINNIE) swingue aussi) et tout collait à la perfection, tous les mots étaient justes ; et Goldie était assise à côté de Malfie et il souriait aspetta…uno moment ; et Camille avait le sentiment d/ être une vraie garce pleine d/ audace et elle adressa un clin d/ œil à Sal et il essaya de parler mais ne parvint pas à cesser de grincer des dents et sa tête ballottait d/ avant en arrière et d/ arrière en avant, et des petites gouttes de scotch lui dégoulinaient sur le menton. Mais il était si fort et si beau – Oh quel merveilleux menton – et elle gloussait en pensant à la lettre qu/ elle allait écrire à tous les homos de la haute qu/ elle avait connus dans son bled : mon pauvre chou, tu ne connais vraiment rien de rien. Quelle façon splendide de perdre sa virginité ! Sal éclata de rire et éructa jbande comme un cerf ma salope. AAARRGH ; et Malfie vida son verre, le remplit et suivit Goldie dans la chambre à coucher et Georgette regardait tout ça, qui virevoltait, les têtes be-boppant SALT PEAnuts SALT PEAnuts – dict Dizzy À tout jamais – Vinnie et Morphine – VINNie et morphine – et Lee s/ écarta de quelques centimètres et Harry l/ attrapa par le bras et la tira violemment en arrière, Oùqutu vas comme ça, le ptit trav, lui saisissant le poignet et l/ introduisant de force entre ses jambes. J/ ai un beau morceau de barbaque pour toi et Vinnie gueula, est-ce qua s/ est permis un geste déplacé avec toi mon pote ? Et tous deux s/ esclaffèrent bruyamment et Lee fut prise de panique, cherchant à libérer son bras, mais Harry serra plus fort et tordit jusqu/ à ce qu/ elle glapisse, Arrête, arrête ! Tu me fais mal sale pédé (merveilleux, merveilleux. Ça te servira de leçon méchant travelo. Avec lui tu n/ as que ce que tu mérites. VINNie et morphine – VINNie et morphine – pasqu/ on fait la fête et que les gens sont sympas, et que les gens sont sympas…) et les yeux de Harry lui sortirent encore plus de la tête et il se leva et arracha Lee au canapé, amène-toi putain de ta mère. Tu veux avoir lair d/ une poule eh ben tu vas tfaire baiser comme une poule (Camille se fourra les doigts dans la bouche se souleva à demi puis retomba sur le canapé s/ écartant centimètre par centimètre jusqu/ à lautre extrémité (mais lui n’est pas comme ça ( ?))) – Eh Vinnie, amène-toi. On va sla faire. Merde mon pote, chuis redescendu. Allons-y. Il l/ attrapa par lautre bras et ils se mirent à la traîner jusqu/ à la chambre, hurlant, glapissant, pleurant, implorant, et ils s/ esclaffaient et lui tordaient les bras puis Harry l/ empoigna par les cheveux, ses cheveux d/ or qui lui tombaient jusqu/ aux épaules et qu/ elle aimait tant, et lui flanquèrent des baffes. Amène-toi pompabite. Arrête tes conneries. Eh Malfie, ouvre. Malfie ouvrit la porte et sourit de toutes ses dents tandis que les autres traînaient Lee à l’intérieur, et Goldie poussa un cri perçant et sortit en courant, la porte claquant dans son dos. Elle écouta Lee qui criait et les mecs qui la baffaient et poussaient des jurons en déchirant sa robe… puis Goldie avala une demi-douzaine de zédrines ; Camille regarda Georgette, qui n/ avait pas bougé (Non, Non ! Espèce de salope. VINNie VINNie… VINNIE !!! Pas avec Lee. Je t/ aime Vinnie. Je t/ aime. Il va voir mon string rouge à paillettes. S/ il te plaît Vinnie. Vinnie…), Camille tourna les yeux vers Georgette puis vers Sal qui traversait la pièce en titubant dans sa direction. Y a pas de place là-dedans. Il ouvrit sa braguette et en fit sortir sa bite d/ une secousse (qu/ elle est grosse. Et rouge. Attention à tes yeux. Passe les bras autour de son cul) Oh ???? Oh… Sal ? Sal, non. Sal ? Chtenprie. Chtenp – Tiens la vlà ma grosse pine. Sa – Il la lui flanqua dans la bouche et saisit sa longue chevelure auburn brillante et ondulée – Lee cessa de gigoter quand Vinnie et Malfie l/ immobilisèrent et que Harry lui grimpa dessus. Vaseline. La vaseline ! S/ il te plaît, pas sans vaseline. Vinnie lui tendit le pot, puis Lee dit voilà et après ferma les yeux et se contracta quand Harry plongea férocement en elle puis referma ses bras sur lui et lui noua ses jambes autour de la taille. Vinnie et Malfie s/ appuyèrent contre le mur et la sueur de Harry tomba sur le visage de Lee et elle sourit et lui suça le cou et grogna, espérant qu/ il ne jouirait jamais et qu/ il continuerait à plonger et plonger et plonger encore en elle… – Ouais comme ça Camille. C/ est ça HAHA OOOOH. Eh vas-y mollo avec la langue, et Camille s/ accrocha à sa ceinture espérant qu/ elle s/ y prenait bien ; et Goldie sortit la syrette de sa poche, plus calme maintenant que les cris avaient cessé, et bien qu/ elle réprouve que Camille se livre à des activités sexuelles en public comme elle le faisait force lui était de reconnaître qu/ on ne lui avait guère laissé le choix, et ils avaient lair si content l/ un et lautre (j/ espère que Malfie ne sera pas complètement HS après ça), et elle commença à décoller. Tout semble s/ être déroulé magnifiquement – il fallait bien qu/ il aide ses amis. Évidemment. Pourquoi ne devrait-il pas aider Harry à la baiser. Pasqu/ on fait la fête et que les gens sont sympas, et que les gens sont sympas… – Harry prit une combinaison dans un tiroir et s/ essuya la queue. Je parie que tu l/ as senti passer et qu/ tu sais que t/ as été baisée ! Harry et Malfie éclatèrent de rire et Lee regarda Vinnie qui lui grimpait dessus puis elle ferma les yeux et lui noua ses jambes autour des hanches – Goldie retourna au salon et s/ assit sur le canapé, ignorant Camille et Sal, regarda monter et se dissiper les volutes de fumée qui lui sortaient de la bouche et écouta les ondes sonores de la radio ; et les jambes de Sal se mirent à trembler et il plia les genoux et Camille grogna et gargouilla, remuant la tête à une vitesse fantastique, lui enfonçant ses ongles dans le cul, cherchant à prendre sa queue tout entière dans la bouche jusqu/ au dernier centimètre – ça vient – ça vient… (Bois, Oh bois cet apaisant népenthès) ; et nous entendrons la sirène des remorqueurs s/ époumoner… – Sal drapa son futal sur le dossier d/ une chaise et s/ étira prenant une nouvelle cigarette et un nouveau verre. Camille alla à la salle de bains avec sa brosse à ongles, sa brosse pour les doigts, sa brosse pour les mains, sa brosse à cheveux et sa brosse à dents – les mecs sortirent de la chambre, le visage ruisselant de sueur, et remplirent des verres de gin et de glace. Élevant la voix, Lee s/ adressa à Miss Goldie et lui demanda si elle pouvait lui emprunter une robe, et elle lui dit, Bien sûr. L/ éblouissante robe bleue que je portais lan dernier au bal des trav est dans la penderie si tu la veux. Merci, mais je crois qu/ il vaudrait mieux que je mette quelque chose de simple, une robe d/ après-midi fera laffaire. Quelque chose que je peux enlever facilement. C/ est ça, ouais ! HAHAHAHA. Les mecs prirent chacun quelques comprimés de zédrine de plus et regagnèrent nonchalamment le salon. Eh ben Sal qu/ estcetu fais ? Tu poses pour des images pieuses ? Tous s/ esclaffèrent et Goldie considéra fièrement Malfie. Vinnie s/ assit à côté de Georgette et lui fourra un doigt humide dans l’oreille. Ça boume Georgie ? Oh Vincent (bien sûr que non) ne fais pas ça, se tortillant et cherchant à glousser mais le doigt tournait trop vite et trop fort pour qu/ elle puisse résister et son visage se tordit en une grimace. Qu/ estcetas ? T/ as du bobo ? T/ aimes bien Bird ? Bird ? Menfin qu/ estcetas Bellesmiches ? lui pinçant la joue et se tournant vers les autres, tu l/ as appris Parker ? Riant puis faisant des yeux le tour de la pièce. Oh, claquant des doigts, tu penses à cthistoire de corbeau. Ouais. Ouais, bien sûr. Emmène-moi Vinnie ( ?) lui laissant tomber sa main sur la jambe. Qu/ estcetas ? Tas les crocs ? Lui saisissant la main pour s/ en frotter laine. Faut casquer pour msucer Bellesmiches, avec un regard circulaire sur la pièce portant son verre à sa bouche, le gin lui dégoulinant sur le menton, combienqutas ? J/ ai de lamour, j/ ai de lamour – (Camille revint de la salle de bains, débarbouillée et rafraîchie, la chevelure brossée avec tant de soin, radieuse, illuminée, traversant si gaiement la pièce. Oh franchement Miss Truc, on croirait que c/ est la première queue qut/ aies jamais sucée. Camille adressa à Goldie le petit signe de quelques doigts papillonnants et s/ assit à côté de Sal) – j/ ai de lamour et j/ ai Bird. (Ah merde non pas celle-là. Vinnie. Oh Vinnie. Steplaît. Ça fait si longtemps. Si longtemps. Quand ? Quand ? C/ était mon frère et le string) – Lee sortit de la chambre et fila à la salle de bains. Je me demande pourquoi elle n/ a même pas une brosse à cheveux là-dedans – (et Goldie est deux fois moins séduisante que moi) gardant le silence et s/ efforçant, s/ efforçant de sourire coquettement, mais ça ne venait pas, ça ne venait pas. Et Bird s/ était tu, envolé ! Ne restait qu/ un Corbeau. Jamais plus… et elle tourbillonnait, et tourbillonnait encore, et encore, et les sons tourbillonnaient et la fumée tourbillonnait et Vinnie riait, il riait. Vinnie riait et bientôt il la soulèverait dans ses bras pour l/ emporter dans la chambre… Une voix Une voix. Oh mon Dieu, pas son micheton. Je peux pas. Pas maintenant. Pas après que – Lee entra dans un cliquetis de talons portant une paire de bas de Sheila et ses meilleurs escarpins et s/ assit délicatement et regarda le visage trempé de sueur, vicelard, satisfait et rigolard de Harry… contente, Oh si contente de n/ être pas un taré aussi dégénéré que ce pervers ; mais adorant sa bite féroce et la prochaine fois nous serons seuls et il pourra être aussi taré qu/ il voudra, et me sucer la langue, et il reviendra souvent… si je veux. Elle regarda Georgette et leva un sourcil. Tu t/ es fixée mon chou ? (la garce ! La salope ! Fiche-moi la paix !) Eh ben radine-toi Georgie. Debout, bouge ton gagne-pain. Faut pas laisser ton dîner r/ froidir, hein ?
Elle se leva avec dignité – à table, Bellesmiches – et main dans la main ils traversèrent la pièce en douceur et il lui donna une rose et elle la prit en travers de la paume comme un sceptre et la porta lentement à ses lèvres et son parfum était enchanteur et elle sourit du sourire d/ une rose, si doux, délicat, ravissant et Bird fut là une fois de plus, jouant, et elle posa la rose sur son reposoir de satin et fit glisser les voiles de son corps – qu/ estcetufous ? – et ils tombèrent mollement à ses pieds – c/ est seulement pour m/ sucer. Tiens vasy Bellesmiches, et pas avec les dents fais gaffe, haha – une rose. Rose ! Non. C/ était Harry. Jamais plus ! À jamais. À JAMAIS À JAMAIS !!! Oh Vinnie, Vinnie mon amour mon amour – Arrête tes conneries mon pote et suce. (mon amour, amour) Il fit tomber sa cendre d/ une pichenette, en riant, et prit un verre. Est-ce qu/ il gémira ? Fais-le gémir, et elle ouvrit sa ceinture et baissa son pantalon et fit glisser ses mains sur son cul mouillé de transpiration (amour, amour) et il l/ attrapa par les oreilles et rit encore, et elle passa doucement les doigts le long des muscles bandés de ses cuisses (là, frangin, vasy !) sentit les poils de son cul… la sensation, la sensation… – non. NON. OH MON DIEU NON !!! Ce n/ est qu/ une odeur du lit – Attention à mes couilles bordel – de Harry. Harry. Ce n’est pas de la merde. Par pitié. Il ne l/ a pas baisée. Faites que ce soit pas de la merde – la sensation, le goût, lodeur – LODEUR ! Vinnie ramassa la combinaison sur le plancher. T/ es sympa Georgie, caressant la tête de la folle agenouillée. Tu peux m/ sucer quand tu voudras. Dommage que cht/ aie pas eue en taule avec moi. On s/ en serait payé. Elle leva les yeux sur lui et sourit. Vinnie ? Il regarda son visage, se pencha pour lui tapoter doucement la joue. Allez Georgie, on va boire un coup.
Elle s/ assit parmi ses voiles et le regarda partir. Pourquoi est-ce qu/ il ne m/ a pas embrassée ? Si seulement il me laissait l/ embrasser. Du bout des doigts elle tâta la croûte sur son mollet. Dance Ballerina Dance. Des rêves ? Et maintenant ? Quand ? Quand ? Il a été à moi. Oui, à moi. Il ne l/ a pas baisée. Odeur, sensation, goût… C/ était le lit. Ça venait de Harry. C/ était bien. C/ est beau. C/ était ce que je voulais. C/ est… c/ est… Il a été à moi. Vinnie. Encore. Elle essaya de détacher la croûte de la blessure, glissant longle sous son rebord, mais n/ en cassa qu/ un fragment minuscule ; elle sentit la texture molle du pus et tenta d/ arracher la croûte d/ un seul coup rapide… sa main refusa de bouger. Ça faisait mal. Une vraie douleur… elle couvrit la blessure de sa main et prit une syrette dans le tiroir, choisit une veine dans son bras puis reposa la main sur sa jambe. Et ce fut le présent. Le présent, là, tout de suite. Ce n/ était pas hier et ce n/ est pas demain… mais il y aura un lendemain et il y aura des rêves… réalisés… réalisés… non ce n/ était pas… Ça venait de Harry. Vinnie veut bien de moi. À tout moment… oui n’importe quand… Mais Rosie ce n’est pas pareil… c/ est différent… Elle prit une autre syrette, la tripota quelques instants, se piqua une veine dans la jambe puis la posa sur le lit et sortit précipitamment de lappartement. Les autres la regardèrent partir et Camille demanda où elle allait. Oh sa libido doit la taquiner si follement qu/ elle est partie faire 3 fois le tour du pâté de maison en courant. C/ est ça. Elle aimerait bien en avoir une.
La porte se referma avec un grand bruit et elle s/ appuya à la rampe en attendant que sa nausée soit un peu calmée puis elle descendit lescalier en titubant (Tony la regarda faire) et sortit dans la rue. Le soleil était brûlant et brillait et des éclairs de lumière la frappaient comme autant de coups de sabre venant des fenêtres, des pare-brise, des capots de voiture, des enseignes de fer-blanc, des boutons de chemise, des capsules de bouteille et des feuilles de papier qui jonchaient la rue. Le feu au ventre elle se cognait contre les voitures en stationnement, mais elle avançait, avançait toujours, et tout devenait de plus en plus brillant, de plus en plus blanc, de plus en plus brûlant. Accrochée à la rampe elle descendit en titubant lescalier du métro, la belle obscurité du métro. Pas beaucoup de monde. Personne près d/ elle. Elle croisa les bras et posa la tête sur le siège devant elle. Frais. Il la rafraîchit. Oui, rafraîchie sa tête était merveilleusement tiède et Vinnie serait de nouveau à elle et la prochaine fois, une fois, il l/ embrasserait. Et ils sortiraient ensemble. Un cinoche la main dans la main ou des balades et il lui allumerait sa cigarette… oui, il arrondirait les mains autour de lallumette, sa cigarette à lui accrochée au coin des lèvres, et je mettrai mes mains autour des siennes et il soufflera lallumette et la jettera… mais rien ne nous oblige à aller danser. Je sais qu’il n/ aime pas danser. Je porterai une robe imprimée élégante. Quelque chose de simple. Quelque chose de pimpant et frais. Vinnie ? C/ est bien de Harry que ça venait… Non. Non, ce ne sera pas la peine de me travestir. On les défiera tous et on s/ aimera… on s/ aimera. Et on sera aimés. Et je serai aimée. Et Bird descendra des cieux soufflant lamour avec son saxophone et on s/ envolera… Oh quelle sale garce. Je suis bien plus convaincante que Lee quand je m/ habille en femme. Elle on dirait Charlot. Et je danserai comme Melissa. Si seulement je pouvais être un peu moins grande. En tout cas on lui a fait voir à Miss Lee, hein Vincent – (Georgette dansait tout autour de la pièce en fredonnant, en petite culotte de soie et soutien-gorge rembourré, et un micheton était assis nu au bord du lit, la sueur dégoulinant le long de son corps graisseux, touchant la soie quand Georgette passait près de lui en virevoltant, il se tripotait, se léchait les lèvres, la bave lui coulant de la bouche ; puis elle ôta sa culotte et il s/ en saisit, y enfouit son visage et tomba sur le lit en geignant et en grondant…) – Non. Non. C/ est le présent. Demain. Vinnie… oui, oui. Vincenti. Vincenti d/ Amore. Che gelida mannia… oui, oui. Froid, Oh mon bien-aimé. Sì me chiamano Mimi… Si, une bougie. Douce lumière de la bougie… et je te ferai la lecture. Et nous boirons du vin. Non. Il ne fait pas froid. Pas vraiment. Ce n/ est que la brise qui vient du lac. Que c/ est ravissant. Paisible. Regarde, à peine une petite ride à la surface. Et des saules. Oui. Si. Majestueux des saules qui s’inclinent pour se regarder dans l’eau ; courbant le chef, pour nous dire oui à nous. Oui, oui, oui… Oh Vincenti, serre-moi. Plus fort. Vincenti d/ Amore. O Soave Fanciulla. – ( Georgie est un ami à moi, toujours prêt à me tailler une plume, pour cent sous ou une…) Le lac. Le lac. Et la lune… oui… Regarde. Regarde. Tu vois là-bas ? Un cygne. Oh quelle beauté. Quelle sérénité. La lune le suit. Vois comme elle l/ éclaire. Oh quelle grâce. Oh oui oui oui j/ y consens Vinnie, j/ y consens… Vincenti… Vois. Vois, il glisse vers nous. Nous. Pour nous. Oh quelle blancheur. Oui. Qu/ il est blanc. Plus blanc que la neige des montagnes. Qui ne sont plus que des ombres à présent. Tandis qu/ il étincelle, chatoie. Reine des oiseaux. Oui, oh oui, oui, des violoncelles. Des centaines de violoncelles et nous glisserons sous la lune, pirouettant au rythme du LAC DES CYGNES et nous baiserons sa tête et saluerons les saules et nous inclinerons devant la nuit et tous nous glorifieront… ils nous glorifieront et le lac nous glorifiera en souriant et la lune nous glorifiera et les montagnes nous glorifieront et la brise nous glorifiera et le soleil se lèvera doucement et ses rayons s/ étireront et se répandront et les saules eux-mêmes lèveront imperceptiblement la tête et la neige blanchira encore et les ombres s/ élèveront cessant de peser sur les montagnes et il fera bon… oui, il fera bon… les ombres resteront, mais le clair de lune sera tiède (Dance Ballerina Dance) Vinnie ??? le clair de lune sera tiède. Et de plus en plus. Prends-moi dans tes bras Vincenti. Aime-moi. Aime-moi, voilà tout. Mais les champs de fleurs sont si ravissants dans le soleil. Dans les flots brillamment répandus de l/ éclatante lumière du soleil. Chaude et brillante. Et les hautes herbes ondulent et se séparent et c/ est un éclatement de couleurs et de petites gouttes de rosée luisent et tout est rouge et violet et pourpre et vert et blanc… oui blanc, et doré et bleu et rose, d/ un rose très doux et vois les lucioles… telles des fleurs de la nuit… Oh oui, oui, fleurs de la nuit. Douces petites lumières. Ravissantes petites lumières. Oh, que j/ ai froid. La commedia è finita. Non ! NON ! Vincenti. Oui, oui, mon chéri. Sì me chiamano Mimi. Georgie Georgie tite souris Chou à la crème et gâteau de riz. C/ est Bird. Écoute Vinnie. Bird. Oh oui mon chéri, j/ y consens j/ y consens. Je t/ aime. T/ aime. Oh Vinnie. Vincenti. Ta bouche, tes lèvres, sont si chaudes. d/ Amore. Oh vois comme les étoiles adoucissent le ciel. Oui, comme des joyaux. Oh Vinnie, j/ ai si froid. Viens, marchons. Sono andati. Oui mon amour, je l/ entends. Oui. Il souffle lamour. Lamour Vinnie… souffle lamour… non NON ! Oh mon Dieu non !!! Vinnie m/ aime. Il m/ aime. Ce.
N/ était pas.
De la merde