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La rencontre se déroula durant la matinée du vendredi, dans le confortable bureau de Braden à l’ambassade américaine. J’étais arrivé en avance pour pouvoir discuter de la situation avec Spruille Braden qui, m’ayant connu en Colombie comme agent du ministère des Affaires étrangères travaillant avec le SIS, savait qu’il devrait me présenter en ces termes à Hemingway. À l’issue de notre entretien privé, Robert P. Joyce et Ellis O. Briggs se joignirent à nous. Joyce, un des principaux secrétaires de l’ambassade, était un homme policé, bien vêtu, à la poignée de main ferme et à la voix douce. Briggs, qui de par son ancienneté avait dirigé l’ambassade avant l’arrivée de Braden, ne semblait entretenir nul ressentiment contre lui, et l’atmosphère dans la pièce était plutôt cordiale. Dix heures sonnèrent, heure du rendez-vous de l’ambassadeur avec Hemingway. Dix minutes passèrent. Toujours pas d’Hemingway.

Nous avons bavardé ensemble. Briggs et Joyce semblaient convaincus par ma couverture, celle d’un expert en contre-espionnage du ministère des Affaires étrangères affecté au SIS. Sans doute avaient-ils déjà rencontré mon nom dans des rapports en provenance de la Colombie ou du Mexique, des documents où mes fonctions exactes restaient toujours dans le flou. La conversation porta sur l’écrivain, et Briggs parla de leur intérêt commun pour le tir – au gibier et au pigeon d’argile, dans un club local et dans les marais proches de Cienfuegos. Je dus fouiller dans ma documentation mentale pour localiser Cienfuegos – l’image mentale d’une carte m’apparut alors que Briggs évoquait la chasse aux yaguaras dans la province de Pinar del Rio. Cienfuegos désignait à la fois une baie, un port, une ville et une province de la côte sud.

Pendant que Briggs louait les talents de tireur d’Hemingway, je jetai en douce un coup d’œil à ma montre. Dix heures douze. J’étais surpris que l’ambassadeur Braden tolère une telle impertinence. La plupart des ambassadeurs que j’avais connus auraient annulé le rendez-vous si celui qui l’avait demandé avait eu ne serait-ce que quelques instants de retard.

La porte s’ouvrit soudain et Ernest Hemingway s’engouffra dans la pièce, s’avançant vivement à la manière d’un boxeur flottant jusqu’au centre du ring, s’exprimant, d’une voix de stentor qui contrastait avec le ton feutré de notre conversation.

« Spruille, ambassadeur… désolé… vraiment désolé. C’est de ma faute. Cette putain de Lincoln était en panne sèche et j’ai dû aller jusqu’à l’université pour trouver une station-service ouverte. Bob… désolé d’être en retard. Ellis. » Le colosse serra la main de l’ambassadeur, puis fonça sur Joyce pour lui étreindre les mains et, finalement, fila vers Briggs, tapant sur l’épaule du secrétaire tout en faisant disparaître sa main dans la sienne. Puis Hemingway se tourna vers moi, me lançant un sourire et un regard intrigué.

« Ernest, dit l’ambassadeur Braden, voici Joe Lucas. Le ministère des Affaires étrangères a pensé que Joe pourrait vous être utile avec votre projet d’Atelier du crime.

— Joe, dit Hemingway. Enchanté de faire votre connaissance. » Sa poignée de main était ferme sans être douloureuse. Ses yeux étaient vifs, son sourire franc, mais je perçus dans son regard une lueur de méfiance au moment où il s’interrogeait sur la signification de ma présence en ce lieu.

Braden nous fit signe de nous rasseoir.

J’eus vite fait de jauger Hemingway. C’était, comme je l’ai dit, un colosse : plus d’un mètre quatre-vingts, sans doute un peu moins de cent kilos, mais la plus grande partie de son poids était concentrée au-dessus de la taille. Alors que nous étions tous en costume, Hemingway portait un pantalon de toile taché, des mocassins fatigués et une chemise en coton légère – ce que les indigènes appelaient une guayabera – dont les pans flottaient librement. Il avait des épaules massives, carrées, qui faisaient forte impression, et des bras longs et musclés. Je remarquai que son bras gauche était légèrement tordu au niveau du coude, où se trouvait une cicatrice en zigzag. Hemingway avait un torse puissant et une esquisse de bedaine, mais en dépit de son pantalon flottant et de sa chemise tout aussi flottante, on avait l’impression qu’il n’avait ni hanches ni cuisses : il était tout en torse.

Comme il s’asseyait et se tournait vers moi, je remarquai que ses cheveux étaient raides et foncés – d’un châtain tirant sur le noir – et qu’il n’y avait aucune trace de gris dans sa moustache broussailleuse mais taillée avec soin. Ses yeux étaient marron. Il avait un teint rougeaud – halé par le soleil des Caraïbes et la vie au grand air, mais rougi par les coups de soleil et l’enthousiasme – et de fines rides au coin des yeux, signe d’un tempérament rieur. Ses dents étaient d’une blancheur immaculée, ses joues creusées de fossettes. Son menton comme ses mâchoires étaient fermes, exempts de graisse et de signes de vieillissement. J’eus la nette impression qu’Hemingway pouvait charmer les dames s’il en avait envie.

Comme toujours, je ne pus m’empêcher de réfléchir au résultat d’un combat nous opposant. Lorsqu’il s’était déplacé dans le bureau, Hemingway avait eu des mouvements de combattant, se tenant, même au repos, en équilibre sur la pointe des pieds. Sa tête oscillait doucement de gauche à droite quand il parlait, et même quand il se contentait d’écouter, donnant aux autres l’impression qu’il se concentrait sur leurs propos. Tandis que Braden et lui échangeaient des banalités, je remarquai que, malgré ses années passées à l’étranger et au Canada, Hemingway avait conservé un accent du Midwest, un manque d’intonation caractéristique de Chicago. Il semblait affligé d’un léger défaut de prononciation, prononçant le l et le r un peu comme un w.

Hemingway était plus grand, plus lourd et plus musclé que moi, mais le début de bedaine sous sa guayabera suggérait qu’il n’était pas au mieux de sa forme. Son bras gauche estropié – sans doute une ancienne blessure, car il ne semblait pas lui prêter attention – réduirait son allonge et permettrait à un adversaire de trouver une ouverture sur son flanc gauche. Durant la Grande Guerre, me rappelai-je, Hemingway avait été réformé pour déficience visuelle. En dépit de ses bras relativement longs, il devait préférer le combat rapproché ; c’était un homme à saisir son adversaire à bras-le-corps et à le frapper à coups répétés, à porter l’estocade avant de perdre le souffle. Il serait payant de l’obliger à bouger, en particulier sur sa gauche, de devenir une cible mouvante, évasive, de rester hors de portée de ses poings jusqu’à ce qu’il se fatigue, puis de l’attaquer au ventre et aux côtes…

Je chassai ces idées de ma tête. Bob Joyce et Ellis Briggs éclataient de rire, Hemingway venant de plaisanter avec Braden sur l’argent que le personnel de l’ambassade perdait aux matches de pelote basque. Je souris. Cet homme dégageait indubitablement une impression de bien-être et de plaisir. La personne d’Hemingway avait une présence qu’aucun dossier, aucune photographie ne pouvaient traduire – c’était un oiseau rare, un être humain qui dominait toute pièce où il pénétrait.

« D’accord, Ernest, dit l’ambassadeur une fois que les rires se furent estompés. Parlons de votre idée d’Atelier du crime.

— J’ai changé le nom, dit Hemingway.

— Pardon ? »

Large sourire de l’écrivain. « J’ai changé le nom. Je crois que je vais appeler ça l’Usine à forbans. L’Atelier du crime sonne trop prétentieux. »

L’ambassadeur Braden sourit et se pencha sur son bureau couvert de papiers. « L’Usine à forbans, entendu. » Bref regard en direction de Joyce et de Briggs. « Ellis et Bob m’ont exposé les détails de votre proposition initiale, mais peut-être souhaiterez-vous être un peu plus précis.

— Bien sûr. » Hemingway se leva avec souplesse, remuant la tête de droite à gauche tout en parlant. Ses mains semblaient trancher, modeler l’air pour souligner ses propos. « Monsieur l’ambassadeur, cette île se trouve à cent quarante kilomètres des côtes américaines et elle grouille d’agents nazis de la Cinquième Colonne. À Cuba, le contrôle des passeports est une galéjade. Le FBI est présent ici, mais il manque de personnel, il n’a pas de mission bien définie et ses agents sont aussi discrets que des croque-morts dans un défilé de carnaval. Bob et moi estimons qu’il y a plus de trois mille sympathisants phalangistes à La Havane et que nombre d’entre eux sont dans une position idéale pour aider des agents nazis à s’introduire sur l’île et leur trouver une planque sûre. »

Hemingway faisait les cent pas dans la pièce, pivotant sur lui-même dès qu’il arrivait à un mètre de moi, ne cessant de parler des mains, mais sans que cela fût irritant. Il ne quittait pas l’ambassadeur des yeux.

« Bon sang, Spruille, la majorité des clubs espagnols de l’île sont ouvertement anti-américains. Les feuilles de chou qu’ils publient ne ratent pas une chance d’applaudir l’Axe. Avez-vous déjà eu l’occasion de lire le plus grand quotidien de l’île ?

— Le Diario de la Marina ? dit Braden. J’y ai jeté un œil. La ligne éditoriale ne semble guère favorable aux États-Unis.

— Son propriétaire et rédacteur en chef irait danser dans la rue si les nazis envahissaient New York. » Hemingway leva une main à la paume calleuse. « Ce ne serait pas un gros problème, je le sais, si les Caraïbes ne grouillaient pas de meutes de loups en ce moment même. Mais c’est bien ce qui se passe. Des tankers alliés coulent presque chaque jour. Bon sang, on ne peut pas aller pêcher le marlin sans se prendre l’hameçon dans un kiosque de U-Boot. » Il se fendit d’un large sourire.

L’ambassadeur se frotta la joue. « Et quelles seraient les actions que votre Atelier du crime… ou votre Usine à forbans… peu importe le nom… engagerait contre les U-Boots, Ernest ? »

Hemingway haussa les épaules. « Je ne cherche pas à vous convaincre à tout prix, Spruille. Mais j’ai un bateau, vous savez. Un superbe douze-mètres propulsé au diesel que j’ai acheté en 34. Deux hélices et un moteur auxiliaire. Si nous sommes informés de la présence de sous-marins allemands, je peux aller jeter un coup d’œil en mer. J’ai un excellent équipage.

— Ernest, intervint Bob Joyce, parlez donc à l’ambassadeur de ce réseau de renseignements que vous aviez établi en Espagne. »

Nouveau haussement d’épaules, traduisant apparemment la modestie de l’écrivain. Vu ce que j’avais lu dans son dossier, je savais que la modestie était de rigueur.

« Ce n’était pas grand-chose, Spruille. Quand je me trouvais à Madrid en 37, j’ai participé à la formation et à l’organisation d’une agence de renseignements privée. Une vingtaine d’agents à plein temps et une quarantaine de sources temporaires. Nous avons recueilli quelques informations utiles. Du travail d’amateur, je le sais, mais on aurait été abattus sur-le-champ à la première bourde. »

La voix d’Hemingway adopta une tonalité plus rude, plus saccadée, lorsqu’il se lança dans le récit de ses exploits. Avait-il l’habitude d’agir ainsi quand il mentait ? me demandai-je.

Braden hochait la tête. « Et avec qui travailleriez-vous ici, Ernest ? Ellis m’a parlé d’un prêtre. »

Nouveau sourire d’Hemingway. « Don Andrés Untzain. Un de mes bons amis. Peut-être sera-t-il un jour évêque. Il a servi comme mitrailleur en Espagne, dans le camp des Loyalistes. Aussi disposé à abattre un nazi qu’à l’absoudre après l’avoir confessé. Sans doute ferait-il les deux s’il en avait l’occasion. »

Bien qu’Hemingway me tournât le dos à cet instant, je m’efforçai de conserver un visage inexpressif. Donner le nom d’un agent ou d’un informateur dans une rencontre informelle comme celle-ci, et ce sans même qu’on vous l’ait demandé, témoignait d’une stupidité typique d’un amateur.

L’ambassadeur Braden semblait aussi amusé que satisfait. « Qui d’autre ? »

Hemingway ouvrit les bras dans un geste large. « J’ai des douzaines de contacts fiables à Cuba, Spruille. Des centaines. Des garçons, des putains, des journalistes, des trafiquants de rhum, des joueurs de pelote basque, des pêcheurs qui voient des sous-marins nazis toutes les semaines, des nobles espagnols prêts à se venger des salauds qui les ont poussés à s’exiler… tous adoreraient entrer dans le jeu et dénoncer certains des rats nazis qui échouent sur nos rivages comme autant de débris. »

L’ambassadeur joignit les mains. « Combien cela nous coûterait-il ? »

Sourire. « Rien, monsieur l’ambassadeur. Cette opération de contre-espionnage sera la moins onéreuse de toutes celles qu’aura lancées le gouvernement américain. J’en supporterai moi-même tous les frais. Enfin, sans doute aurai-je besoin d’armes et d’équipement… des radios, peut-être, du matériel pour le Pilar si nécessaire… mais tout le reste sera soit bénévole, soit payé par mes soins. »

Braden plissa les lèvres et agita les doigts.

Hemingway s’appuya sur le bureau de l’ambassadeur. En observant la cicatrice sur son bras gauche, je remarquai que ses avant-bras étaient aussi velus que musclés – cela ne correspondait guère à l’idée que je me faisais d’un romancier.

« Monsieur l’ambassadeur, dit Hemingway à voix basse, je crois en ce projet. C’est une idée sérieuse. Non seulement je suis prêt à le financer en grande partie, mais je viens de refuser une invitation à me rendre à Hollywood pour écrire un script sur les Tigres volants de Birmanie dans le cadre de cette stupide série « March of Time ». Quinze jours de travail. Cent cinquante mille dollars. Et j’ai dit non, parce que je pense que l’Usine à forbans est plus importante. »

Braden leva les yeux vers le colosse planté devant lui. « Je comprends, Ernest, dit doucement l’ambassadeur. Et nous pensons que ceci est important, nous aussi. Je dois en parler au Premier ministre de Cuba pour obtenir sa permission, mais ce n’est qu’une formalité. J’ai déjà reçu le feu vert des Affaires étrangères et du FBI. »

Hemingway opina, sourit et regagna son siège. « Formidable, dit-il. Formidable.

— Mais il y a deux conditions », dit l’ambassadeur Braden, considérant à nouveau les papiers étalés devant lui comme si les conditions en question y étaient imprimées.

« Bien sûr », fit Hemingway, qui s’installa à son aise et attendit la suite en souriant.

« Premièrement, reprit Braden, vous devrez m’envoyer des rapports. Ils pourront être brefs, mais ils devront être au moins hebdomadaires. Bob et Ellis trouveront avec vous une façon de vous voir en privé… en secret.

— Il y a une entrée de service à mon bureau du troisième étage, Ernest, dit Bob Joyce. Passez par le magasin au coin de la rue et prenez l’escalier, comme ça on ne vous verra pas entrer dans l’ambassade.

— Formidable, répéta Hemingway. Aucune objection, monsieur l’ambassadeur. »

Braden acquiesça. « Deuxièmement, dit-il à voix basse, vous devrez intégrer Mr. Lucas ici présent à votre organisation.

— Ah ? » Sans cesser de sourire, Hemingway me gratifia d’un regard glacial. « Pourquoi donc ?

— Joe est conseiller en matière de contre-espionnage auprès du ministère des Affaires étrangères, dit l’ambassadeur. Et c’est un homme de terrain accompli. Je l’ai connu en Colombie, Ernest. Il nous a été fort utile là-bas. »

Hemingway continua de me fixer. « Et pourquoi nous serait-il utile ici, Spruille ? » Sans attendre la réponse de l’ambassadeur, il ajouta : « Connaissez-vous Cuba, Mr. Lucas ?

— Non, dis-je.

— Vous êtes déjà venu ici ?

— Jamais.

— ?… Habla usted español ?

— Si. Un poco.

— Un poco, répéta Hemingway d’un ton vaguement dégoûté. Êtes-vous armé, Mr. Lucas ?

— Non.

— Savez-vous vous servir d’une arme ?

— En théorie.

— En théorie, répéta Hemingway. Mais vous savez tout des espions allemands, je suppose ? »

Je haussai les épaules. Cet entretien d’embauche ne devait pas se prolonger. De toute évidence, l’ambassadeur partageait mon opinion, car il déclara : « C’est la seule autre condition, Ernest. Le ministère a insisté. Ils veulent un agent de liaison.

— Liaison », répéta Hemingway, savourant ce mot comme s’il s’agissait d’une obscénité française. « Alors, qui vous donnera vos instructions, Joe… puis-je vous appeler Joe ? »

Je me fendis d’un sourire nerveux. « Vous et vous seul me donnerez des instructions. Du moins jusqu’à ce que l’opération ait pris fin. Ensuite, je rédigerai un rapport à l’intention de mes supérieurs.

— Un compte rendu. » L’écrivain avait cessé de sourire. « Un rapport », répétai-je.

Hemingway se frotta la lèvre inférieure avec ses phalanges. « Et vous n’adresserez de rapports à personne d’autre pendant que nous travaillerons ensemble ? »

Je fis non de la tête.

« Ce sera à vous de le faire, Ernest, intervint l’ambassadeur. Vous contacterez Bob ou Ellis… ou moi-même si les circonstances l’exigent. Joe Lucas peut être votre commandant en second… ou remplir toute fonction que vous lui assignerez. »

Hemingway se leva brusquement pour se diriger vers moi. Me dominant de toute sa masse, il me demanda : « Montrez-moi vos mains, Joe. »

Je m’exécutai.

Hemingway les tourna la paume vers le ciel, puis les remit dans leur position initiale. « Vous avez travaillé de vos mains, Joe. Vous ne vous êtes pas contenté de taper des rapports. Ces vieilles brûlures ont-elles été causées par du fil de pêche ? »

Je fis oui de la tête.

« Vous savez vous débrouiller sur un petit bateau ?

— Correctement. »

Hemingway lâcha mes mains et se retourna vers l’ambassadeur. « D’accord. Conditions et nouvel homme d’équipage acceptés. Quand puis-je inaugurer l’Usine à forbans, Spruille ?

— Que diriez-vous de demain, Ernest ? »

Hemingway eut un sourire rayonnant. « Que diriez-vous d’aujourd’hui ? » Il se dirigea vers la porte d’un pas vif. « Bob, Ellis, je vous offre un verre avant le déjeuner. Joe… où logez-vous ?

— À l’Ambos Mundos. »

L’écrivain opina. « J’y ai vécu. J’y ai même écrit le plus gros d’un sacré bon bouquin. Mais vous ne logez plus là-bas, Joe.

— Ah bon ? »

Il secoua la tête. « Si vous devez travailler dans l’Usine à forbans, vous devez vivre au quartier général de l’usine. Faites vos bagages. Je viendrai vous chercher vers trois heures. Vous logerez à la finca jusqu’à ce qu’on ait capturé des espions allemands ou qu’on en ait marre de se fréquenter. » Il salua l’ambassadeur d’un signe de tête et s’en fut.