Novembre
Le 25 : Dans L’Intransigeant, l’un des « Treize » [René Trintzius] rend compte du roman de Céline : « Ce livre, avec si peu de talent et peut-être du génie, vous laisse pantois. [...] On admet ou on rejette en bloc ce récit spontané. Si le charme - il faut prendre le mot au sens fort - n’agit pas tout de suite, mille taches peuvent choquer, le torrent du style qui broie tous les tons, pulvérise la syntaxe [...] Mais ces reproches, on ne peut les retenir que si l’on ne veut pas se laisser entraîner par le courant. Et je ne crois guère qu’on puisse résister à un courant pareil... »
Le 26 : Le Figaro passe en revue les romans qui devraient être prochainement distingués par des prix littéraires, et les favoris sont les mêmes pour tous les prix. Au Goncourt : Guy Mazeline pour Les Loups (Gallimard), Louis-Ferdinand Céline pour Voyage au bout de la nuit (Denoël et Steele), Simone Ratel pour La Maison des Bories (Plon). Les outsiders sont : André Billy pour La Femme maquillée (Flammarion), Jean-Richard Bloch pour Sybilla (Gallimard). Au prix Femina, Roger Chauviré a les meilleures chances avec Mademoiselle de Boisdauphin (Éditions de l’Illustration).
Le 30, les membres du jury Goncourt se réunissent pour une « répétition générale des votes » au cours de laquelle le prix est virtuellement décerné à Céline avec cinq voix, celles de Lucien Descaves, Léon Daudet, Jean Ajalbert, Rosny jeune, et Rosny aîné, président du jury dont la voix compte double.
Denoël fait retirer 10 000 exemplaires [le premier tirage n’est pas épuisé] et imprimer de nouvelles bandes portant « Le 29e prix Goncourt ».