1934
Le 17 : Sous le titre « La grande pitié des traductions », Émile Zavie rend compte dans L’Intransigeant de la traduction allemande de Voyage au bout de la nuit, publiée en décembre chez l’éditeur tchèque Julius Kittls. Le traducteur, Isak Grünberg, vient de s’apercevoir que sa traduction avait été profondément modifiée : « On n’a pas seulement changé le rythme en transformant presque toutes les phrases, on a remanié les idées et les formules, résumé un passage en une ligne et exprimé le contraire de l’original... »
Le journal prend en exemple l’avant-dernière ligne du roman : « Et cependant j’avais même pas été aussi loin que Robinson dans la vie !... J’avais pas réussi en définitive. » Une fois traduite en français, la version allemande donne : « Et pourtant j’ai même pas eu autant de succès dans la vie que Robinson. »
Deux jours plus tard L’intran gratifie ses lecteurs d’une reproduction de la jaquette illustrée, pittoresque elle aussi, de cette édition allemande.
L’Intransigeant, 19 janvier 1934
Le 27 : Parution à Moscou de la traduction russe par Elsa Triolet de Voyage au bout de la nuit. Plus tard Céline écrira à propos de cette édition tronquée et édulcorée : « Nous sommes fâchés avec cet aigre pitre [Aragon] depuis que j’ai été l’engueuler chez lui vers 1934. Ils s’étaient emparés du Voyage avec sa femme Triolet et me l’avaient traduit et tripatouillé dans le sens propagande soviétique sans absolument aucune permission, à ma grande surprise. Cette désinvolture ! cette arrogance ! [...] Denoël a trempé dans tout ceci et bien d’autres choses. Aussi l’a-t-on liquidé ! »