Previous month:
février 2010
Next month:
avril 2010

91 notes en mars 2010

A qui la faute?

Faute du loup Comme je vous l'annonçais il y a quelques jours le nouveau livre de Stephen King est proposé en version numérique. "En octobre dernier, aux Etats-Unis, la version numérique d'«Under the Dome» n'était sortie qu'un mois après la version papier, pour ne pas cannibaliser les ventes. Ce ne sera donc pas le cas cette fois-ci. L'écrivain a confié à Albin Michel l'exploitation des droits numériques de ses œuvres en français. La maison d'édition compte bien profiter de la manne. D'ores et déjà, trois autres romans, «Duma Sey», «Histoire de Lisey» et «Cellulaire» sont disponibles en téléchargement. Les autres devraient suivre progressivement" (via NouvelObs). Prix absurdes, seulement 9% de remise par rapport à la version papier (4% quand les libraires proposent les remises légales), je ne vous parle même pas de l'écart entre les anciens titres et leurs versions de poche (voir Dialogues). On touche le fond. Si vous lisez Stephen King en anglais c'est cela que l'on vous propose. On prend le chemin de la musique, cannibales pirates, régalez-vous... Et après cela on dira, à qui la faute?

Hanvon: un livre électronique à 100€ en septembre?

Hanvon Un livre électronique à 100€ à la rentrée de septembre? C'est ce que révèle le quotidien La Tribune avec une annonce du fabricant chinois Hanvon. On parle également d'un partenariat avec Orange et Sagem. Rappelons que l'on trouve déjà actuellement chez la chaîne de librairies Waterstone's en Angleterre un livre électronique Elonex (fabrication Hanvon) à moins de 150€. Rien de très surprenant donc, c'est un très vaste marché de modèles à petits prix qui s'ouvrent pour les fabricants chinois. Rappelez-vous le prix de 70€ en France expertisé  par GFK au Salon du Livre l'année dernière comme étant le prix attendu par les lecteurs, qui annoncera un marché de masse. Nous ne serons pas loin en fin d'année 2010.

L'iPad pour les touts-petits

L'éditeur anglais Penguin a dévoilé à Londres ces premières expériences sur l'iPad. John Markinson, le président de Penguin pense que "l'Ipad représente la première réelle opportunité pour créer un modèle de distribution payant qui soit attractif pour les consommateurs. La psychologie d'achat sur les tablettes est différente de la psyvchologie d'achat sur les PC". Un excellent coup marketing pour la marque assurément. Pour le reste cela n'est pas sans rappeler un air de déjà-vu avec les CD-Rom qui en ont échaudés plusieurs chez les éditeurs. Alors des iPads pour tous les bambins, dans toutes les classes et les garderies? A Cupertino sans aucun doute, mais ailleurs? (via Textes).


Asus DR-900 présenté au CEBIT

Grande entrée d'Asus sur le marché des livres électroniques avec une présentation du DR-900 au CEBIT qui se tient actuellement au Hanovre en Allemagne. Ce nouveau modèle grand format (9 pouces, environ 23 centimètres) utilise lui aussi la technologie Sipix pour le tactile qui va devenir un standard pour les modèles à venir. Compatible Wifi et 3G (optionnel, logement pour carte SIM prévu à cet effet). Pas de détails encore sur les prix et la commercialisation [via TabletSpirit].


Mirasol: ça tient la route!

Nos amis français présents au TOC à New York la semaine dernière ont eu l'occasion de prendre en main le fameux lecteur Mirasol. Premières impressions données par Alain Pierrot: "Il s'agit de maquettes de démo, avec une présentation tournant en boucle => probablement pas de couche d'interface tactile, et surtout destinée à mettre en évidence le taux de rafraîchissement, l'absence de passage au noir. Rendu sans rétroéclairage, bon angle de vision. Contraste très correct, avec d'excellents noirs, mais difficulté à rendre les blancs; un  exemple de texte seul donne un contraste "papier journal", avec une impression de gris un peu métallique. Pas vu en extérieur, mais j'ai pris la vidéo dans des conditions de lumière artificielle qui allaient de l'éclairage un peu violent à faible. Ma première impression est que ça tient la route!".

PS: voir également les billets sur Actualitte ici et ici.


Le livre numérique: coûts et profits

EconomyTrès intéressant billet publié hier par le New York Times qui revient sur les différents coûts dans la production des livres (papier et version numérique) et les profits générés en fonction des prix de vente. On sait que les éditeurs sont en train de batailler ferme pour revoir le modèle de prix de vente à 9,99$ imposé par Amazon avec un prix plus élevé à 12,99$ au minimum. Ci-dessus, le tableau synthétique que l'on peut détailler ensemble en les comparant avec une économie du livre en France (je me suis basé sur les chiffres fournis par le Syndicat National de l'Edition l'année dernière). Les chiffres du New York Times sont donnés à la suite d'interviews réalisés avec plusieurs éditeurs et consultants qui travaillent dans l'industrie du livre aux Etats-Unis. Ils représentent bien entendu des chiffres moyens qui sont à moduler fortement selon la diversité des livres, entre un roman simple et des livres plus complexes à fabriquer. Autre chose, la notion de profit pour l'éditeur en pied de tableau ne tient évidemment pas compte de tous ses frais de structure (salaires, charges locaux, électricité, etc.). La dégradation de valeur est posée pour les éditeurs même si les gains attendus sont supérieurs dans les deux cas au modèle papier. Côté papier tout d'abord, les frais de diffusion/distribution ont été fixés à 50%, en France c'est au-delà, nous sommes à 56% en moyenne, 15% de droits d'auteurs (8% seulement en France), 13% de papier/impression et 3% de pré-presse (15% au total en France, tirages inférieurs mais cela est modulé du fait que le livre est cartonné -hardcover book- aux Etats-Unis, broché en France), 4% de frais marketing (frais difficiles à déterminer chez les éditeurs français). Côté numérique, on retiendra les différents pourcentages: entre 17 et 25% de droits d'auteurs (on en est loin actuellement en France), 4% de frais de numérisation/composition et 6% de frais marketing (effort à faire plus que sur une version papier). Une remarque importante, si les frais de marketing peuvent être envisagés de manière proportionnelle selon les titres et les objectifs de vente, les frais de numérisation sont en revanche des frais fixes dont l'importance est très différente dans le calcul pour un best-seller à 100.000 exemplaires (Dan Brown par exemple) et un livre très confidentiel qui va se vendre à quelques dizaines/ quelques centaines d'exemplaires seulement en version numérique. Un rapport pratiquement de 1 à 1000! Par exemple pour amortir une somme de 400€ de frais de fabrication/ correction en France, il faudra vendre pas moins de 800 exemplaires en numérique, on est loin encore de tels chiffres sur le marché français. Par contre une fois l'amortissement fait, ces 4% deviennent de la marge nette pour l'éditeur, un point aussi à garder en tête.

Je me suis amusé à appliquer ce modèle anglo-saxon à la France. Si on prend une hypothèse de 18€ de prix de vente TTC (17,06€ H.T.), côté livre-papier, nous aurions les chiffres suivants: 7,51€ de frais de diffusion/distribution, 1,36€ pour l'auteur, 2,56€ pour l'ensemble de la fabrication, 0,68€ pour le marketing soit un profit de 4,95€ pour l'éditeur. Côté numérique, on peut reprendre les deux modèles d'Amazon et d'Apple, en évacuant le problème actuel de TVA différente entre papier et numérique, j'ai appliqué une TVA à 5,5%. Nous aurions les chiffres suivants: pour le modèle à 12,99€ TTC (12,31€ HT) / 3,69€ de frais de distribution, 2,46€ pour l'auteur (avec des droits à 20%) [on remarque au passage qu'ils sont bien supérieurs à la version papier],  0,49€ de frais de numérisation/composition (j'ai reporté le même chiffre américain de 4%, ce qui me semble inapplicable compte tenu des différences considérables entre le marché anglo-saxon et le marché français, c'est un chiffre que l'on pourrait discuter), 0,74€ de frais marketing. Au total, il resterait un profit de 4,93€. Pour le modèle à 9,99€ TTC (9,47€ HT)/ 2,84€ de frais de distribution, 1,89€ pour l'auteur,  0,38€  de frais de numérisation/composition, 0,57€ de frais marketing. Au total, il resterait un profit de 3,79€. On voit que le premier modèle est tout juste tenable pour les éditeurs français sans dégradation de leurs profits. Le point clé est justement l'appréciation de l'amortissement des frais fixes de numérisation/composition au regard des ventes espérées. Entre 0,40 et 0,50€/ l'ex. pour amortir ces frais, c'est très peu par rapport aux ventes espérées actuellement. Je serais ravi d'avoir vos commentaires sur ces extrapolations.

PS: voir également billet et commentaires sur eBouquin.



Cybook Opus: succès à l'italienne

CybookOn savait que les ventes du petit livre électronique dernier né de chez Bookeen étaient excellentes. Confirmation encore aujourd'hui en Italie où le Cybook Opus est le modèle le plus vendu sur les sites d'électronique Media World et Saturn (via Simplicissimus). De quoi conforter la bonne idée de le décliner bientôt de toutes les couleurs!

Stephen King en version numérique

King Le prochain livre de Stephen King, "Juste avant le crépuscule" (Albin Michel), sera disponible le jour de sa sortie le mercredi 3 mars prochain en version numérique. Dans toutes les bonnes librairies qui disposent du catalogue Hachette/Numilog... (via LivresHebdo). Pas de cavaliers seuls et de sites dédiés pour des auteurs américains "best-sellers" de la trempe de Stephen King, c'est une bien bonne nouvelle!

Edition numérique: quels enjeux?

Implicationsphilosophies.php A signaler que la revue en ligne Implications philosophiques propose à partir d'aujourd'hui une série de contributions de nombreux intervenants sur le thème "Introduction aux enjeux de l'édition numérique": "Il s’agit d’interroger les mutations induites par l’émergence de nouveaux modèles éditoriaux. Les aspects positifs sont bien connus – on peut songer aux faibles coûts de fonctionnement, (comparés à l’édition papier), la possibilité de toucher un public aux dimensions mondiales, d’assurer une meilleure diffusion des contenus, voire la création de nouveaux modèles éditoriaux telle que la publication en «flux continu». Mais ces points positifs ne doivent pas nous aveugler, et il est crucial d’interroger également les points négatifs et les dérives possibles. A ce titre, la tension entre l’authentique découverte (rendue parfois inaudible par les innombrables publications) et le culte de la nouveauté se révèle être un véritable défi que les publications scientifiques se doivent de relever. La numérisation du savoir existant en est un autre. Par ailleurs, mais de manière moins normative, il est tout aussi important d’étudier les mutations dans la conception de la lecture, de l’édition, dans la manière même d’envisager la collaboration entre chercheurs grâce aux nouvelles technologies." Tous les détails par ici (via Textes).