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Contre le book-jacking

L'Art français de la guerre, Alexis Jenni

Jenni Quel formidable livre! Je l'avais repéré par hasard dans la revue Pages chez mon libraire Coiffard, une double-pages d'entretien, la simplicité du bonhomme "il n'y a rien de marquant dans ma vie, par contre j'ai un goût ancien et profond pour la littérature, mais qui est de l'ordre de l'intime", ma libraire qui me glisse, vous verrez, c'est du bon. C'était dernière semaine d'août, avant toutes les critiques positives qui ont suivies dans la presse. "L'Art français de la guerre" chez Gallimard, un premier roman d'un dénommé Alexis Jenni. Et bien, je dois dire que ce petit éloge glâné, c'était pas du tout surfait. Et nombre de libraires l'avaient aussi repéré pendant l'été. Un gros livre (632 pages) dans lequel on plonge sans jamais rester par moment en surface à patauger. On va jusqu'au bout d'une traite, on en sort lavé, épaté. Un énième livre sur la guerre? Entre les vainqueurs et les victimes? Que nenni. Bien autre chose, un prétexte, un vrai défi, comprendre les vingt ans de guerre française, 1942-1962, dans laquelle on est resté tous avec eux embourbés, englués, ce qui se cache derrière notre malaise par rapport à toute cette période taboue, ces militaires kakis dehors (caca dedans), rasés, un peu vite taxés de "fachos", qui ils sont vraiment, leurs itinéraires dans ces vingts années passées à toute allure, comment nous avons assimilé socialement, depuis, dans notre pays cette idée de la guerre à la "française". Avec les inévitables résonnances sur notre époque contemporaine. Des allers-retours constants entre les différents conflits (maquis de la résistance, Indochine, Algérie) en compagnie d'un para-dessinateur Victorien Salagnon et les conversations entre ce même Salagnon, dans son petit pavillon désuet, et le narrateur qui se rencontrent dans cette banlieue de Lyon d'aujourd'hui, avec ses violences urbaines en toile de fond. Un style épatant, vraiment pour un premier roman, une maitrise de la langue incroyable, tout en fluidité. Sur l'ensemble, vraiment pas grand chose sur lequel on se lasse. Bon, le prix de la version numérique n'est pas donné, mais 632 pages de cette qualité, on ne le regrette pas. Je vais le passer autour de moi. Bien entendu, je me suis empressé de racheter la version imprimée pour ma bibliothèque (21 euros, le meilleur rapport qualité/prix de cette rentrée comme le dit Pierre Assouline, et il a bien raison), parce que ce livre je vais le garder en vue et le relire dans quelques temps, c'est clair. Franchement, je souhaite que cet Alexis Jenni soit au rendez-vous des jurys, quelqu'ils soient début novembre, qu'il aie une visibilité maximale auprès d'un large public. Il le mérite fichtrement le bonhomme et qu'il se remette vite à l'ouvrage, on prend date pour le suivant.

"Lu avec un NookTouch dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques", que je suis ravi d'inaugurer avec ce livre! Rien de particulier sur cette version numérique sinon la DRM et le prix, je l'ai évoqué".

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