76 notes dans la catégorie "Chroniques"

Eugène le bagnard- n°48

MagritteLa chronique dominicale de Thierry. Aujourd'hui "Au Bagne" d'Albert Londres.

«Bagnard, au bagne de Vauban
Dans l’île de Ré
Je mange du pain noir et des murs blancs
Dans l’île de Ré
A la ville m’attend ma mignonne
Mais dans vingt ans
Pour elle je ne serai plus personne
Merde à Vauban
Bagnard, je suis, chaîne et boulet
Tout ça pour rien,
Ils m’ont serré dans l’île de Ré
C’est pour mon bien
On y voit passer les nuages
Qui vont crevant
Moi je vois se faner la fleur de l’âge
Merde à Vauban.»
Léo Ferré
Eugène Camille Dieudonné est anarchiste. Il fréquente le local du journal «L’anarchie» dirigé par Victor Serge (à lire les indispensables «Mémoires d’un révolutionnaire» de Victor Serge). Le 29 février 1912, Dieudonné est arrêté. Il est accusé d’appartenir à la Bande à Bonnot (lire l’excellent «L’homme à la carabine» de Pécherot). Il est condamné à la peine capitale: la guillotine. Innocenté par ses camarades, sa peine est commuée par Raymond Poincaré en travaux forcés à perpétuité. Envoyé au bagne de Cayenne il n’a qu’une idée en tête: se faire la belle. Suite aux campagnes de soutien du journaliste Albert Londres, il sera gracié.
«Au bagne», publié en 1923, raconte la rencontre d’Albert Londres et de Dieudonné.
Le célèbre journaliste Albert Londres milite contre les conditions inhumaines des bagnards.
Une instructive virée dans notre Histoire de France des années 20, un juste regard sur la vie des bagnards. De 1852 à 1953, la France a transporté et déporté plus de 100000 personnes vers les bagnes de la Guyane et de la Nouvelle-Calédonie.
Libéré, Eugène Dieudonné s'installe comme ébéniste dans le faubourg St-Antoine à Paris.
En 1930 paraît son livre «La vie des forçats», souvenirs du bagne,  préfacé par... Albert Londres.
Londres-albert.1258229097.thumbnail"Au bagne" est un livre-témoignage passionnant. Le journaliste sait se faire oublier pour laisser la part belle (la bonne parole) à Dieudonné.
Une belle leçon de journalisme que devraient cogiter tous les "journalistes-people" d’aujourd’hui qui parlent, parlent, parlent et parlent sans fin, affamés de notoriété, sans jamais laisser parler!
Le Prix Albert Londres couronne, en France, le meilleur reporter de l’année en presse écrite depuis 1933 et audiovisuelle depuis 1985.
«Notre métier n'est ni de faire plaisir, ni de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie» écrivait Albert Londres.

Gratuit sur les sites EbooksGratuits et EditionsdeLondres, lire également le récit "L'Homme qui s'évada" paru sur Publienet récemment.

Livre lu en epub dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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La Reine des Glaces - n°47

MagritteThierry toujours au rendez-vous ce dimanche avec sa chronique habituelle.

"Journal intime d'une prédatrice" de Philippe Vasset, Editions Fayard.

«Elle» (ce sera son nom), elle est blonde («hâlée, d'une blondeur trop éclatante pour être naturelle»), toute de blanc vêtue et croqueuse de glaçons du Grand Nord. Femme d’affaires impitoyable, cyclique manipulatrice et charmeuse. Le pôle Nord peut rapporter gros: réserves de gaz, de pétrole ou de diamants. C’est ici, au pays des Inuits, que la Reine des Glaces va poser ses griffes acérées joliment peintes au vernis. «Elle» va tout anéantir sur son passage jusqu’à se (s’auto)détruire. Pour l’appât, sans partage, d’un bon gain, bon teint.
Le narrateur, «Il» (ce sera son nom) travaille dans l’ombre fascinée de «Elle».
«Il» la suit partout comme l’ombre de son ombre, comme l’ombre de son chien. Amoureux? Agent secret? Simple valet soumis? A vous de voir...
Cruel et cocasse, clinique et cynique ce roman glacial devrait figurer dans tous les trousseaux des juvéniles traders bourgeonneux et sans reproche qui partent, sabre au clair, au front des dégradantes agences de notation!
JournalCe roman efficace écrit avec éloquence est une démonstration sans tain et sans pitié de notre monde au frigide coeur économique.
Au temps cannibale de «notre» crise boursicoteuse, le salvateur Philippe Vasset veut nous «décrire les effloraisons incontrôlées de l'économie mondialisée.»
Philippe Vasset nous avait déjà immergés dans le monde sinistre des marchands d’armes avec son «Journal intime d’un marchand de canons», après la descente aux enfers dans le monde financier avec ce «Journal intime d’une prédatrice», que nous prépare t-il?
Peut-être un «Journal intime d’un marchand de sable»?
En attendant le troisième opus avec impatience, interrogeons-nous: mais dans quel monde vivons-nous?
Né en 1972, Philippe Vasset est journaliste et écrivain. Diplômé en géographie, en philosophie ainsi qu'en relations internationales, il a travaillé un temps dans un cabinet d’investigation américain, tiens, tiens! Il est aujourd’hui rédacteur en chef d’Intelligence on line, publication spécialisée dans le renseignement industriel et politique, tiens, tiens!

Lu en format epub dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Du temps de Debord - n°46

MagritteMilles excuses à Thierry, il était bien présent ce week-end pour sa petite chronique, c'est moi qui était aux abonnés absents!

"Qu'as-tu fait de tes frères?" de Claude Arnaud, Grasset.

«Pierre en aventurier mental, Philippe en penseur global, moi en Gavroche planant, nous sommes déterminés, chacun à notre façon, à ébranler le monde de notre père, à mesurer notre puissance destructrice. Cela nous mènera-t-il à une seconde Genèse ou à un suicide collectif? Tout vaut mieux que cette société de morts-vivants. C'est une vie si facile, abondante et animée, que je me découvre une ambition, celle de ne jamais rien faire. De passer mes journées à sentir, à comprendre, à paresser et à jouir, en respirant l'air du temps. Il est hors de question que je perde ma vie à la gagner; je la passerai à la dépenser.»
Voilà qui en dit déjà très très long...


Qu'as tu faisLe JE du livre c’est Claude Arnaud, l’auteur, écrivain né en 1955, biographe de Chamfort et de Cocteau et Prix Jean-Jacques Rousseau 2011 pour «Qu’as-tu fait de tes frères?».
Il s’agit donc d’un roman autobiographique. Le roman des années 70. Le roman de trois frères: Claude, Philippe et Pierre.
Une famille bourgeoise promise au firmament qui va vivre une terrible tragédie.
Attention: roman très très émouvant et très très bien écrit!
Dans l’amphithéâtre, pêle-mêle: les dérives de l’extrême gauche clandestine (la Gauche Prolétarienne), les crises d’identités adolescentes, les drogues prometteuses, les illusions perdues, les poignantes confessions, les révoltes antipatriarcales contre un père trop détesté, la mort prématurée d’une mère trop aimée, la folie et le suicide, les idéaux pensés-perdus d’avance. «Une hémorragie de noms propres qui s'écoulent de ma bouche."
Toute une autre époque!
Celle de Guy Debord, de «Socialisme et Barbarie», du manifeste des 121 contre la Guerre d’Algérie, de Mai 68, de la (dé)libération sexuelle...
Les regrets éternels d’une vie brûlée à tombeau ouvert: «Son champ d'intervention n'a cessé de se réduire avec la maladie, le mien s'est ouvert à l'infini. Elle s'est pelotonnée dans son intérieur jusqu'à ne plus quitter sa chambre, seuls les grands problèmes du monde me concernaient encore. Je m'en veux d'avoir pris tout le temps d'étudier la "pensée" de Mao à travers cent brochures indigestes, non de l'observer au quotidien.»
Un roman courageusement tourmenté et terriblement lucide sur la vie qui ne tient qu’à un fil où " l'intelligence est souvent la clef de la vie, parfois sa pire ennemie."

Livre lu en epub dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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La vie, mode d’emploi - n°45

MagritteC'est dimanche, la chronique de Thierry, bien sûr!

«La vie très privée de Mr Sim» de Jonathan Coe (version epub)

Si la crise, basse et lourde, pèse comme un couvercle sur votre esprit gémissant en proie aux longs ennuis (merci Baudelaire), si le dernier Sollers vous a provoqué des migraines ophtalmiques, si le dernier Delphine de Vigan vous a impulsivement précipité dans l’impérieux bouillonnement des soldes, si vous pensez que le dernier Marc Levy ne vaut pas un triple A, si la dernière cuvée de Jacques Attali vous a donné des nausées (j’vois pas bien le rapport mais tant pis, ça me fait du bien!), alors, éteignez télévision, ordinateur, GPS et téléphone et ouvrez grand la dernière livraison de Jonathan Coe.


SimSuivez les extras aventures ordinaires de Monsieur Sim. Prononcez «sim» comme la carte SIM de votre mobile. Mr Sim, Maxwell Sim, c’est, tenez-vous bien, tous à la fois et tout à la fois: Mr Hulot (non pas le Nicolas mais le Mr Hulot de Tati), Laurel et Hardy, les Monty Python et Donald Crowhurst.
Donald Crowhurst? Un homme d’affaire anglais qui participa à une course autour du monde à la voile en 1969, le Sunday Golden Globe Race. Il est l’acteur de la plus grande escroquerie de la navigation de compétition. Il écrivit un faux journal de bord qui prétendait avoir effectué le tour du monde alors qu’il avait à peine entamé le parcours. Devant cette supercherie qui le plaçait premier de la course, il paniqua, sombra dans la folie et se suicida (histoire vraie relatée dans le livre «L’étrange voyage de Donald Crowhurst»). Hum, hum, pas gai tout ça me direz-vous!
Et pourtant... et pourtant...
Cet émouvant et attachant personnage, tout droit sorti de l’imaginaire de Jonathan Coe, vit, plus vrai que nature, la vie sans mode d’emploi. Ou plutôt, ou peut-être lit-il le mode d’emploi (mais en existe t-il vraiment un? si oui, faites moi signe!) à l’envers et contre tous, en sautant des pages, dans le désordre ou bien dans une langue étrangère. Mr Sim ne sait pas s’il doit reculer ou avancer, tourner à droite ou à gauche... bref, la vie comme un indécis voyage solitaire au long-cours...
«Les voitures, c'est comme les gens. On va, on vient dans le grouillement du quotidien, on passe à deux doigts les uns des autres, mais le vrai contact est très rare. Tous ces ratages de peu, tous ces possibles irréalisés, c'est effrayant quand on y pense. Mieux vaut éviter soigneusement d'y penser.» nous confie Mr Sim. La vie comme une interminable et monotone autoroute... où personne ne se croise vraiment. Où tout le monde se croise sans vraiment se voir. Hum, hum, pas gai tout ça me direz-vous!
Et pourtant... et pourtant...
Mr Sim se sent seul. «Il y a quarante ans, Donald Crowhurst avait apparemment pu se cacher au cœur de l'océan l'Atlantique, grain de poussière dans l'océan, entouré par l'infini de la haute mer et dérobé aux yeux de tous les habitants de la planète. De nos jours, une quantité de satellites en orbite étaient braqués sur nous en permanence et pouvaient établir nos coordonnées avec une rapidité et une précision inimaginables. L'intimité ça n'existait plus. Nous n'étions plus jamais seuls.»
Alors le Mr Sim il tombe facilement amoureux: d’une inconnue voisine de table dans un restaurant, de la douce et rassurante voix féminine de son GPS. GPS qu’il va surnommer Emma en hommage à Jane Eyre.
Mr Sim: sa femme le quitte avec sa fille, il est VRP en brosses à dents, sa mère est morte depuis longtemps, son père inexistant vit en Australie et pour achever le tout il n’a pas d’ami. Hum, hum, pas gai tout ça me direz-vous!
Et pourtant... et pourtant...
Prenez la route au côté de Mr Sim pour un voyage désorganisé de Londres aux îles Shetland au nord de l’Ecosse. Vous n’avez pas fini de vous dérider!
Ce roman est hilarant. Lu à gorge déployée! Les seconds rôles sont de première classe: Emma la dame du GPS, Poppy l’ange gardienne des maris volages, Trevor le collègue vendeur de brosses à dents et j’en passe... Du grand Jonathan Coe! Je me suis surpris à rire en lisant. Et que dire de mes proches qui commençaient à s’inquiéter!
Jonathan Coe nous dépeint un monde désenchanté, nous brosse dru et dur une société anglaise déliquescente, nous observe drôlement en mordant là où ça fait mal mais sans blessure, nous regarde de travers en rigolant mais sans nous pointer du doigt, nous pousse dans nos derniers retranchements mais sans nous juger.
Une magistrale (auto)dérision!
Une fin (d)étonnante... Préparez vos mouchoirs!

Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques

«Testament à l'anglaise"
«La pluie, avant qu'elle tombe"
«Bienvenue au club" (très très recommandé!)
«La Maison du sommeil»
ces quatre livres de Coe sont disponibles au format epub

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Hum... diabolique histoire ! - n°44

MagritteLa chronique du dimanche de notre ami Thierry:

«Une histoire sans nom» de Barbey d’Aurevilly

«Les plus grandes séductions peut-être que l’histoire des passions pourrait raconter ont été accomplies par des voyageurs qui n’ont fait que passer et dont cela fut la seule puissance.»

Jules_Barbey_AurevillyBarbey d’Aurevilly (1808-1889) est un habile, talentueux et trop méconnu conteur (baroque? gothique? allez savoir!) fasciné par le Mal, le secret et les passions diaboliques. Catholique tourmenté, monarchiste, outrancier anti-révolutionnaire, polémiste et dandy opiomane (au premier abord, pas très sympathique le garçon, dans les salons, on le surnommait Brummell II!), il aime tremper ses personnages dans le péché. «Les êtres heureux sont graves. Ils portent en eux attentivement leur cœur comme un verre plein, que le moindre mouvement peut faire déborder ou briser.»

Ici, dans cette «Histoire sans nom» (parue avec succès en 1882), le génial prosateur à l’imagination débordante, Barbey D’Aurevilly peint, avec un réalisme impitoyable lourdement chargé de symbolisme (le tout servi bien crémeux à souhait d’adjectifs, j’aime ça et j’assume!), les ravages d’une passion filiale entre une mère et sa fille. L’aristocrate Mme de Ferjol, originaire de Normandie (comme l’auteur) se marie, suit son époux et se retrouve «coincée», presque cloîtrée dans un trou perdu du Forez (pas très loin de chez moi!). Son mari qu’elle adore meurt trop tôt. Elle va alors se plonger, jusqu’à se se noyer, dans la prière. Entièrement vouée à Dieu, elle va même jusqu’à délaisser sa fille Lasthénie qui va, en silence, cruellement souffrir d’un manque de tendresse maternelle. La belle, fraîche et innocente Lasthénie...


Une histoireLorsqu’un maudit jour un énigmatique et ténébreux prête capucin arrive dans le village pour célébrer le carême. Il sera logé chez Mme de Ferjol, reconnue figure généreuse du village. Pendant quarante jours, le temps du carême, cet obscur et taciturne capucin va inquiéter les trois femmes qui l’accueillent: Mme de Ferjol, sa fille et la fidèle servante Agathe. Pas aimable, pas causant le capucin! Toutes les trois semblent craindre, sans raison apparente, cet impénétrable passager. Puis, le dernier jour du carême, il disparaît comme par enchantement... comme par désanchantement... Plus aucune nouvelle de lui! Volatilisé ce diable de capucin!
Les jours passent et le souvenir du «fugitif» trépasse. Oui mais voilà que l’éclatante Lasthénie dépérit de jour en jour. Elle ne parle plus et s’automutile. (Lasthénie de Ferjol a donné son nom à un syndrome décrit en psychiatrie: le syndrome de «Lasthénie de Ferjol» qui est un type de pathomimie au cours duquel le patient se provoque intentionnellement une anémie par des saignements qu'il occasionne lui-même délibérément.) Coup de tonnerre chez les Ferjol, sans le savoir, Lasthénie serait enceinte! «Muette comme une tombe» (ou comme une carpe mais c’est moins romantique!), jamais elle ne dira le nom du père (ni du saint esprit!). Mme de Ferjol bannit sa fille et décide de retourner dans sa Normandie natale avec sa fille et sa servante afin de cacher cette grossesse inavouable dans ce village refoulé. Mais cher fébrile lecteur, je ne vous en dis pas plus...
La fin de cette histoire est étonnante, époustouflante... du Hitchcock vous dis-je!
Ce roman est noir, très noir mais tellement bien écrit!

«Connétable des lettres», Barbey d’Aurevilly influencera Proust, Bernanos et Mauriac. Un auteur oublié qui mérite d’être lu. Lui qui se voit ni au-dessus, ni au-dessous mais à côté des groupes littéraires, se dit «stylite» (non pas styliste mais stylite qui signifie ermite) et «fakir de la solitude». Il se brouille avec presque tout le beau monde littéraire de son temps: Flaubert, Zola et Victor Hugo qui le traite de «formidable imbécile». Tout de même, il sera un des seuls à défendre Baudelaire lors de son procès d’accusation à la publication des Fleurs du Mal.
Baudelaire, Walter Scott et Balzac seront épargnés par ces virulentes aristaques.

Le jeune Léon Bloy qui vénère Barbey d’Aurevilly comme un maître écrit: «L’enfer n’est jamais si effrayant que lorsqu’il est montré par un trou de d’aiguille.»

Version epub gratuite téléchargée sur ebooksgratuits.com lue dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Le petit monde de Plup ! - n°43

MagritteThierry toujours fidèle à son poste pour sa petite chronique hebdomadaire:

C’est ma première surprise partie... euh, non, c’est ma première BD téléchargée sur mon Opus de Booken.
L’auteur, Jeff Balek varie les plaisirs: blogs, photos, romans, nouvelles et BD. Par ces temps de crise pourquoi épargner?
Son Plup, prononcez Plup, petit personnage de petites cases, tendance comic strip, vit sa vie casanière sur son propre blog au http://leplup.com/. Allez y jeter un coup d’oeil avant de vous lancer dans un téléchargement compulsif!
La BD s’avère très agréablement lisible sur mon petit écran E-ink.
Plup le jaune, sans queue mais avec tête, est un captieux penseur voire un fieffé philosophe.
Le PlupA little goguenard, il a de gros yeux et s’acharne à contrarier son auteur. Doit pas être toujours facile à vivre le Plup! Son meilleur ami subsistant est un misérable cactus qui semble bien à l’étroit dans son petit pot de terre... tout comme Plup qui râle souvent de l’exiguïté de sa vie en cage... euh, non, en cases!
Les textes sont inégaux. Quelques-uns sont subtils et prêtent à sourire quand d’autres engagent à tourner la page, d’un coup décidé du clic de sa liseuse numérique ou d’un effleurement désabusé du touch-screen de son e-reader, c’est selon... vos moyens... ou la clémence du dernier Père Noël, le tout frais, là, celui qui vient de passer, y’a quelques jours seulement, quoi, vous avez déjà oublié, trop gâté tiens, vous dis-je!
En gros, y’a du bon et du moins bon... à vous d’écrémer le bon grain de l’ivraie! Des goûts, on ne discute pas et des couleurs non plus car Plup est jaune ou rien du tout! Autrement dit et pour que les choses soient claires entre nous, gustibus et coloribus non disputandum.
Mais pour 1,99€... pourquoi pas essayer?

Format epub à 1,99€ de chez Numeriklivres.
Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

Tiens, pour finir en lettré affecté, au point où j’en suis, j’ai bien envie de vous citer le bon vieux Aristote: "La plus grande injustice est de traiter également les choses inégales." A méditer...

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« Ah, Bartleby! Ah, humanité! » - n°42

MagrittePour commencer la nouvelle année dans la bonne humeur, cette chronique de Thierry, merci!

« Ah, Bartleby! Ah, humanité! »

«Bartleby», une nouvelle de Herman Melville
(oui, c’est bien lui, Melville, lui-même, l’auteur de Moby Dick!)
Format epub téléchargé gratuitement chez Publie.net

MelvilleLe titre original de cette dérangeante et hilarante nouvelle de Melville parue en 1853 est «Bartleby the Scrivener, A Wall Street History».
Le narrateur de cette histoire absurde est un homme de loi des célèbres bureaux de Wall Street. Il engage un scribe (un copiste quoi!) nommé Bartleby. Travailleur acharné ce fameux (fumiste?) Bartleby se dévoile au fil des pages. Bizarre, bizarre, il répond systématiquement aux demandes de son patron (le narrateur) par cette phrase énigmatique: «Je préférerais ne pas.» (dans le texte anglais «I would prefer not to.»). De plus ce personnage loufoque suit un régime alimentaire très très curieux: il ne mange que des biscuits au gingembre! La suite devient presque dramatique, angoissante: Bartleby refuse de travailler, de quitter les lieux et répète à qui veut l’entendre la même phrase obsédante: «Je préférerais ne pas.»
De là à ce que le philosophe Deleuze dise de lui «Bartleby n’est pas le malade, mais le médecin d’une Amérique malade, le medecine-man, le nouveau Christ, ou notre frère à tous.», il n’y a qu’un pas!
Mais qui est ce Bartleby? Un tir au flanc? Un élément subversif? Un anarchiste? Un adepte de la réduction du temps de travail? Un anti productiviste? Un poison infiltré dans l’ultralibéralisme? Un gentil nihiliste? Le grain de sable qui enraye la machine économique?
Mais que nous dit-il cet irritant Bartleby? Que notre vie agitée ne vaut pas un clou? Que travailler plus pour gagner plus est un attrape-nigaud? Que nous allons droit dans le mur? Que notre «overbooking» est une illusion d’optique? A vous de choisir...
Alors? Que faire de lui? Le virer comme un malpropre? Prévenir les flics? Jusqu’où aller? Que va faire son patron? Aujourd’hui, par ce mauvais temps de crise, je ne donnerai pas cher de la peau de ce Bartleby... mais, mais... à vous de lire...

«Qu’entendez vous par là? Êtes-vous dans la lune? Je veux que vous m’aidiez à collationner ces feuilles, tenez.» Et je les lui tendis.
«Je préférerais ne pas», dit-il.
Pour déjouer une nouvelle année de crise dépressive rien de tel qu’un bon et réjouissant Bartleby! Imaginez un instant un Bartleby chez les traders!
Lu dans le cadre du club des Lecteurs Numériques.

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Mona Cabriole chez La Tengo

Couv_requiem_pour_Mona_web_sJe vous avais déjà parlé des Editions La Tengo qui avait publié une revue très remarquée "Schnock" au printemps dernier. Succès qui ne s'est pas démenti tout au long de l'année. Thierry nous donne aujourd'hui son coup de coeur de Noël, une série de polar&rock'n'roll "Mona Cabriole" chez le même éditeur, qui n'est pas encore disponible en version numérique mais qui le mériterait bien! Avec des playlists en prime!

"Autant vous prévenir tout de suite. D'entrée j'annonce la couleur. J'aime bien Mona Cabriole. Beaucoup même. Je crois bien que je suis tombé amoureux d'elle! Voilà, c'est dit. Mona est une jolie brune aux yeux verts qui lui mangent le visage. Mona Cabriole, la trentaine, est journaliste à Parisnews, un quotidien en ligne, rubriques "rock critic" et faits divers, carte de presse numéro 100 457. Mona Cabriole vit sur sa péniche, port de l'Arsenal à Paris. Nom de coque: Nico. (nom de la Chelsea girl du Velvet Underground, vous connaissez?). Si jamais vous la croisez sur son scooter, Mona, donnez lui le bonjour de ma part! Mona Cabriole, cher lecteur, vous allez tombé sous son charme ou j'y connais rien. "Jolie fille, jolie bouche. La trentaine, jupe à mi-cuisses, tee-shirt à l'effigie de The Cure, blouson en cuir fané. Cheveux longs détachés qui tombent sur les yeux." Bien sûr, elle "porterez quelque chose comme un costume Yves Saint Laurent, un chignon un peu lâche, un léger maquillage. Du noir sur les yeux, elle serait tout simplement sublime!" Vraiment attachante cette Mona. Bravo aux "petites" éditions Tengo Editions qui nous offre encore une bonne galette!

Le principe de la Série des "Mona Cabriole" intitulée "Polar et Rock'n'Roll" est simple. Une aventure de Mona dans chaque arrondissement de Paris racontée à chaque fois par un auteur différent. Tenue minimum exigée du scénario: une visite guidée de Paris à dos de scooter, un morceau de rock associé à chaque chapitre, un ou deux meurtres (voire plus!) à élucider pour la journaliste très très curieuse. Dans chaque opus, on va retrouver son patron Langlois, sa collègue Karine, son "ex-futur-ex-futur-etc." amoureux Samuel (je le déteste ce Samuel!). Chaque livre de la Série se lit en une petite heure, le temps d'écouter la bande-son qui va avec. Attention, Mona n'écoute pas n'importe quoi. Elle a ses exigences la belle demoiselle: Iggy Pop, Lou Reed, Elliot Smith, entre autres... J'ai déjà chroniqué sur MyBoox "Onzième Parano" qui se situait dans le 11ème. "Requiem pour Mona" se situe dans le chic 16ème. L'intrépide Mona doit élucider trois meurtres, oui, trois, rien que ça en une petite centaine de pages. Comme d'habitude, Mona arrive à ses fins... par tous les moyens! Y'a du suspens, des fausses pistes, des personnages bien trempés. Ici on rencontre une sorte de Philippe Manoeuvre, une sorte de Lio. On y croise Carla Bruni et Kate Moos. On est en pleine crise économique et printemps arabe. Et le final se joue sur le tempo de la Neuvième en ré mineur de Beethoven! (comme quoi Mona sait écouter de la "grande musique" comme on dit) Alors à vos platines...

PS: ne vous attendez pas à lire du Flaubert (y'avait pas de scooter à son époque!). C'est écrit vite fait, bien fait. Comme un chanson des Ramones. Les Ramones, vous savez, le groupe de punk qui jouait aussi vite que leurs ombres, quand ils arrivaient à jouer! C'est fait pour danser dessus sans trop se poser de questions. Y'a de l'énergie à revendre c'est tout (c'est pas du Beethoven). Ben là c'est du pareil au même. Et en plus j'ai pas honte de le dire, je crois bien que je vais m'offrir toute la Série. Encore huit à lire... hum... Mona..."

Merci Thierry. Bonnes lectures avec Mona, je vous souhaite un très beau week-end de Noël à tous!


La Conquête de la littérature américaine - n°41

MagritteThierry revient vers nous avec un classique de la littérature américaine:

"La Lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne sur le site EbooksLibresetGratuits.

"Etoile jaune, tonte des femmes, fer rouge marqué au dos de l’esclave noir, fleur écarlate brodée au sein de Hester Pryme l’infidèle, «Il y a dans la nature humaine peu de traits plus laids que cette tendance - que l'on observe alors chez des gens ni plus ni moins méchants que leurs voisins - à devenir cruels simplement parce qu'ils possèdent le pouvoir de faire souffrir.» et je cite encore l’auteur «Il semble bien, en effet, que quelle qu'ait pu être la faute d'un individu, il n'y a pas d'outrage qui aille plus à l'encontre de notre commune nature que celui qui interdit au coupable de cacher son visage sous le coup de la honte.»

La lettre +®carlateNous sommes en 1642 à Boston. C’est la sombre histoire d’Hester Pryme condamnée par sa communauté puritaine à porter sur la poitrine la lettre A pour Adultère. Son mari a disparu depuis de nombreuses années. Est-il mort? Où vit-il? Dieu seul le sait! De ce «péché» naîtra Pearl une petite fille aux allures de lutin des forêts. La belle courageuse et digne Hester, l’indomptable Hester refuse de dévoiler le nom du père.
Plus tard, Roger Chillingworth, son mari, est de retour. Il apprend que sa femme l’a trahi. Il veut venger son honneur et retrouver l’amant de sa femme (mais non il ne s’agit d’une pièce de Boulevard avec l’amant caché dans le placard!?). Il est persuadé qu’il s’agit d’un jeune pasteur nommé Arthur Dimmesdale adulé de ses paroissiens, un véritable saint homme sur Terre! Voilà pour le début de l’histoire mais je ne vous dis pas tout... à vous de lire...
L’histoire est belle, sombre et triste à pleurer. Mais en parallèle s’écrit l’histoire de l’Amérique à travers un féroce pamphlet contre le puritanisme de ces premiers colons anglais et très très protestants. Hawthorne dénonce l’hypocrisie du pouvoir religieux, du pouvoir colonial qui enferment dans un même complice carcan jusqu’aux libertés les plus intimes... jusqu’aux derniers indiens. La colonie anglaise s’installe, sur le nouveau monde avec ses bûchers aux sorcières, ses mises au pilori, ses évangélisations de peaux-rouges et sa bonne conscience. Ce beau roman est aussi un hymne à la nature sauvage et rédemptrice... l’échappée belle. Pearl l’enfant «illégitime» apparaît alors comme un symbole libertaire, habillée de feuilles et couronnée de fleurs au milieu d’une forêt hantée de secrets païens.
L’écriture de ce roman est magnifique, tout en suggestions, allégories et images.

Nathaniel_HawthorneIci l’Amérique se dessine. Ici la littérature américaine écrit ses premiers maux. Ici Hawthorne ouvre grand les portes à F. Scott Fitzgerald, William Faulkner, Tennessee Williams et Philip Roth...
«Mais ce qui attirait tous les regards et transfigurait en quelque sorte la femme ainsi vêtue, si bien qu'hommes et femmes de son ancien entourage étaient à présent frappés comme s'ils la voyaient pour la première fois, c'était la LETTRE ÉCARLATE si fantastiquement brodée sur son sein. Elle faisait l'effet d'un charme qui aurait écarté Hester Prynne de tous rapports ordinaires avec l'humanité et l'aurait enfermée dans une sphère pour elle seule».

Nathaniel Hawthorne (4 juillet 1804, Dedham, Massachusetts, États-Unis -19 mai 1864, Plymouth, New Hampshire, États-Unis) est un écrivain américain, auteur de nouvelles et de romans. Il est considéré comme le fondateur de la littérature nord-américaine en prenant ses distances avec la littérature anglaise de l’époque considérée à ses yeux comme une «littérature coloniale». Avec Hawthorne c’est le début de l’histoire de la littérature nord-américaine qui commence.

Irréprochable version epub gratuite. Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Lire Dickens, c'est lire la vie! - n°40

MagritteThierry en avance ce week-end pour sa petite chronique:

«Le nom de famille de mon père étant Pirrip, et mon nom de baptême Philip, ma langue enfantine ne put jamais former de ces deux mots rien de plus long et de plus explicite que Pip. C’est ainsi que je m’appelai moi-même Pip, et que tout le monde m’appela Pip.»

«De Grandes Espérances» peut être à juste titre envisagé à part dans l’ensemble de l’oeuvre de Dickens. Il se distingue aussi bien des longs romans, par son format et sa relative concision, que des autres livres parus en magazine hebdomadaire, dont il évite la sécheresse excessive. Dans les années 1950, un jury d’homme de lettres français l’a élu meilleur roman étranger du XIXème siècle devant «Guerre et Paix» et «Crime et Châtiment», et aujourd’hui encore on le cite fréquemment comme le meilleur livre de son auteur. Fait significatif: même les critiques peu favorables à Dickens lui concédent des qualités particulières, un peu comme ceux qui, n’aimant ni «L’Education sentimentale», «Ni Salammbô», ni «Bouvard et Pécuchet», reconnaissent les mérites de «Madame Bovary». En somme, le «classicisme», la maîtrise formelle des «Grandes Espérances», s’ils ne déchaînent pas toujours l’enthousiasme, forcent au moins le respect.»
Ce passage est extrait de la passionnante biographie de Jean-Pierre Ohl, «Charles Dickens» qui vient de paraître dans la collection Folio-biographies (non disponible en numérique).
Charles Dickens finit d’écrire «Les Grandes Espérances» en 1861.
C’est l’un des derniers romans de l’auteur. Il meurt en 1870.
L'œuvre est publiée pour la première fois sous forme de feuilleton de décembre 1860 à août 1861, dans le magazine créé et dirigé par Dickens «All the Year Round», et paraît ensuite en trois volumes chez l'éditeur londonien Chapman and Hall, en 1861.

Charlesdickens_1302195243Non, Dickens n’est pas un auteur réservé aux enfants!
Dickens c'est Kafka, Dostoïevski ou Beckett avant l'heure. C'est une «substance fluide et composée» (Chesterton), un romancier de génie, un «transmutant» du réel.
C’est l’histoire du petit Pip, élevé «à la main» par sa soeur. Une sorte  de biographie fictionnelle de cet enfant qui va grandir avec nous.
Ce roman fourmille de personnages hauts en couleur comme souvent chez Dickens: Abel Magwitch le forçat, l'étrange Miss Havisham et sa fille Estella. Dickens sera malheureux en amour (malgré 11 enfants!) tout comme son héros Pip qui dit à propos d'Estella: «Je n’ai jamais connu une seule heure de bonheur en sa compagnie, et pourtant, je ne cessais d’espérer le bonheur de vivre avec elle jusqu’à sa mort.» Le gentil et le méchant, le sage et le fou, le riche et le pauvre, la belle et le laid. Les archétypes à la Dickens sont là.
L’héritage mystérieux d'une immense fortune (l'expression «grandes espérances» désigne une promesse d'héritage) va bouleverser sa vie... jusqu’aux plus belles espérances... jusqu’aux plus cruelles désillusions... Des manoirs lugubres, une campagne anglaise magique, un Londres sombre: «Londres. Le Grand Four. Le Coin des fièvres. Babylone. La Grande Verrue. La lanterne magique... remplie de plus de merveilles et de plus de crimes que toutes les cités de la terre.» Si vous voulez visiter le Londres industriel et miséreux de cette fin du 19ème siècle, n'allez pas vous perdre dans un savant, démonstratif  et ennuyeux livre d'Histoire, suivez le guide romanesque, suivez Dickens.
Des dialogues hilarants et cinglants... La misère et l’hypocrisie. Aventures et trahisons. Des larmes et des rires...
Ah! L’humour féroce de Dickens: inimitable!
Tout Dickens: magnifique!
Dickens, c’est la vie... dure et tendre, triste et joyeuse! 
A lire absolument!
John Irving écrit: «D'ailleurs c'est le propre des grands romanciers, qu'il s'agisse de Dickens, de Hardy, de Tolstoï ou de Hawthorne et Melville. On parle toujours de leur style, mais en fait, ils exploitent tous les styles, n'en refusent aucun. Pour eux, l'originalité de l'expression est un phénomène de mode qui passera. Les questions plus vastes et plus importantes, celles qui les préoccupent, leurs obsessions, resteront au contraire: l'histoire, les personnages, le rire, les larmes.»

2 tomes à télécharger gratuitement à la Bibliothèque du Québec dans une version epub irréprochable.
Ce livre de plus de 700 pages peut se lire au rythme d’un roman-feuilleton, par épisodes, comme une lecture au long-cours.

Dickens, Dumas père ou Balzac sont de talentueux feuilletonistes.
Le phénomène du roman-feuilleton naît en Angleterre au 18ème siècle et l’auteur se doit de tenir en haleine ses lecteurs à chaque épisode sous peine de protestations et de cessation de publication!

Lu dans le cadre du Club des lecteurs Numériques sur l’Opus de Booken.

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Rien à expliquer - n°39

MagritteNouvelle chronique de Thierry, décidément très prolixe cette semaine, merci.

"Don't Explain" de Marc Villard, paru chez Publie.net, 1,99€ en version epub inédite et impeccable.

Marc Villard fait ressurgir huit figures emblématiques du jazz.
«Le Jazz n’est ni un répertoire spécifique ni un exercice académique… mais une manière de vivre.» chante le trompettiste Lester Bowie.
Marc Villard nous joue huit noires nouvelles. Ici, rien à expliquer. Juste lire et écouter. La nuit et les villes, les femmes et les bars, les dealers et la dope, une trompette oubliée et une contrebasse dans son étui géant... les ombres noires de Miles Davis, de Coltrane, de Billie Holiday...


VillardVingt pages, vingt minutes... une syncope sans temps faible, des vies à contretemps!
A lire le temps du solo de Miles dans «Don'T Explain To Me Baby».
Le temps d’une vie? Pas plus...
«Je m’étais fait virer du quartet de Ferrero la semaine où j’ai rencontré Nadine au Perroquet Bleu. Les deux choses n’étaient pas liées. C’était une fille à musiciens...»

Pour les branchés jazz, à signaler: «Autobiographie du jazz» de Jacques Réda, un tableau de portraits des plus grands avec la discographie indispensable qui va avec, «Vita Nova Jazz» un roman de Enzo Cormann et «San Quentin jazz band» un polar de Pierre Briançon, tous disponibles en format epub.
Que de bonnes notes...

T.C.

Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Le Feu de l'amour - n°38

MagritteMerci à Thierry pour sa petite chronique du jour, le passage de relais a été bien assuré!

"Le Feu de l’amour!

Cher lecteur, vous vous demandez, parfois, peut-être, à quoi ça sert un blog d’informations comme Aldus. Oui! Celui-là même que parcourent vos yeux fatigués de lumière rétroactive, avides de nouvelles terres inconnues...
Et bien ça sert à ça: à découvrir un auteur, un livre.
Vous en doutiez? Non!


GardienJe tiens particulièrement à remercier Lionel Dujol, bibliothécaire responsable de la médiation numérique des collections aux Médiathèques du Pays de Romans dans la Drôme. Sa vidéo parue ici, m’a donné envie de lire «Le Gardien du feu» d’Anatole Le Braz.
La version epub impeccable chez Publie.net ne vous coûtera que 1,99€.
Alors, cher lecteur, à vos marques, prêt, téléchargez!
L’auteur tout d’abord. Anatole Le Braz. Vous connaissez?
Moi, non! Jamais entendu parlé de lui.
Son vrai nom est Anatole Jean François Marie Lebras et il a été nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1897.
Né à Saint Servais, au pied des Monts d'Arrée en Bretagne, il a fait ses études universitaires à Paris. Professeur, écrivain, poète, conteur et collecteur de mémoire, amoureux du Trégor (on en reparlera du Trégor!) et habitant de Port-Blanc.
Anatole Le Braz est né en 1859 et mort en 1926.
Il publie en 1893 «La Légende de la Mort chez les Bretons Armoricains», récits et témoignages recueillis auprès de paysans et de marins, et le «Le Gardien du feu» paraît en 1900.
Alors, Le Braz, un écrivain régionaliste au goût de chouchen et de crêpes bretonnes au beurre salé? N’ayez pas peur, ce livre n’est pas écrit en breton mais en bon français, très bon français. Non, non, et non.
Un thriller? Un roman romantique? Un roman gothique? Que sais-je?
Nous y voilà. Le pitch comme on dit à la télé qu’il ne faut surtout pas regarder.
Avant d’aller plus loin, retenez bien ce proverbe gaélique:
«Trois choses qui arrivent sans qu'on demande, la peur, l'amour et la jalousie.» Cela pourrait vous être utile!
Alors voilà. Nous sommes en 1876. Y’a Goulven Denès, le gars de l’intérieur des terres, le Léonard, le gars de Léon quoi, pas très doué pour la mer... ni pour l’amour. Faute de mieux (sa mère le verrait bien curé!), il s’engage dans la marine marchande avant de finir (oui, finir sera bien le mot de la fin!) gardien de phare. «Une haute silhouette de pierre dressée en plein Raz, dans une solitude éternelle, au milieu d’une mer farouche agitée d’incessants remous et dont les sourires même, les jours de calme, ont quelque chose d’énigmatique et d’inquiétant.» Le phare de Gorlébella. Et puis y’a Adèle Lézurec, la sirène au front romantique, qui chante et qui lit, Adèle la Trégorroise, la belle de mer, douée pour la vie, douée pour l’amour. Rien ne les assemble, ils ont tout pour ne pas se rencontrer et pourtant ils vont se marier, peut-être s’aimer? Goulven est amoureux fou (oui, fou sera bien le mot de la fin!).
L’Adèle de mer est-elle heureuse près de ce sombre et laborieux Goulven de terre, trop terrien?
De ce livre je ne vais rien vous cacher car vous le saurez dès la première page: Goulven va enfermer dans «son» phare sa belle aimée et son amant (celui qui prend sa relève au phare!). Enfin «soi disant» amant. A vous de juger! Allez-vous croire sur paroles (?) un perroquet des îles et une vieille bigote superstitieuse? Ils vont agoniser pendant treize jours. Goulven se suicidera en se jetant du haut du phare. Terrible! Alors pourquoi lire la suite?
Et bien parce que l’auteur sait nous y conduire avec mers et merveilles. Ce roman est une tempête. Il donne le vertige!
Un coup de cœur... un coup au cœur!
Fortement recommandé!

« Lorsqu'on la contemple en toute sécurité de la chambre d'un phare ou de la maisonnette blanche d'un sémaphore, comme cela, oui, je comprends la mer. Autrement, non! Paradis des hommes, mais enfer des femmes!...»

T.C.

François, Lionel, moi, Thierry, le relais se poursuit maintenant pour d'autres...

Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Chroniques de lecture - 37

ChroniqueNotre ami Thierry, toujours fidèle au poste ce week-end.

Aujourd'hui "La Jambe gauche de Joe Strummer" de Caryl Férey chez Folio Noir.

Ma chronique Polar and Rock!
Noir c’est noir!

Âmes sensibles passez votre chemin... Amateurs de slows langoureux de même. Mac Cash, notre héros n’est pas un tendre, c’est un roc ou plutôt un rock!
Mc Cash est au bout du rouleau. Il ne s’est toujours pas remis de la mort de Joe Strummer l’emblématique leader du groupe punk anglais The Clash, de sa séparation avec Angélique... de son combat de rue contre l’armée anglaise de la mère Thatcher qui le laissera borgne.
Mc Cash (loup solitaire, très loup, très solitaire, tendance suicidaire) est un ancien militant de l’IRA, un ancien flic... et un futur papa!


51ujYG9SKtL._SS500_Une lettre d’une lointaine amante barmaid décédée lui révèle la paternité d’Alice, petite fille d’une dizaine d’années placée dans une famille d’accueil. Le très bougon, pour ne pas dire emmerdeur, Mc Cash qui a tout de même un cœur gros comme ça, décide de tout quitter (son tout se résumant à rien!) pour rejoindre le village perdu où l’attend sa fille tant inattendue. Que Mac Cash attire les emmerdes ou que les emmerdes attirent Mac Cash, une chose est sûre, à peine arrivé dans ce bourgeois et paisible village de province, les morts tombent comme des mouches à toutes les pages. Le «borgne» qui voulait en finir se voit revenir à la Une des faits divers... La suite est pour vous...
Ce polar se lit sur le tempo d’une chanson des Clash: c’est à dire en deux temps trois mouvements. Ca va vite, très vite, trop vite. Le rideau tombe déjà sur scène alors que l’on commençait à bien s’habituer et même apprécier ce bougre de Mac Cash.
L’histoire d’amour entre ce rude père et sa fille reste émouvante.
L’auteur sait manier les armes du polar et une suite de notre grincheux héros serait la bienvenue... comme un rappel de fin de concert quoi...
«Should I Stay or Should I Go» hurlait au loup Joe Strummer.
Une autre, une autre... chantent en cœur les lecteurs...
Ha oui, j’oubliais le principal: la jambe gauche de Joe Strummer est celle qui battait la mesure!

T.C.

Polar à moins de 5€ au format epub lu sur un Opus Booken dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Chroniques de lecture - 36

ChroniqueThierry nous revient ce soir avec une nouvelle chronique un peu particulière. Merci à lui.

Comment le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon numérique... (hum, hum!)

Dans le cadre d’un partenariat Bookeen - NumérikLivres, en m’inscrivant sur une honnête proposition (si, si ça existe!) parue sur le web, j’ai profité du prêt d’une liseuse pendant 2 semaines: l’Orizon de Bookeen.
Avant tout, je tiens à remercier Bookeen et Numériklivres pour cette opportune possibilité d’essayer et de tester cette machine.
Bien sûr, si vous lisez régulièrement votre blog préféré Aldus, ce dont je suis sûr, vous avez évidemment remarqué que l’Orizon n’est pas tout nouveau. En technologie, aujourd’hui, on est déjà vieux (mort né?) dès la naissance. La vie numérique est brève comme une éphémère... à peine 1 jour. Celle d’un livre vaut bien celle d’une tortue... 150 ans et beaucoup plus...
Bookeen-orizonBref, depuis le temps de l’eau a coulé sur le web: l’Odyssey (de Bookeen justement), le Kobo de FNAC, le Kindle et autre NookTouch accostent à l’horizon de vos insatiables envies high tech (quelle belle tournure de phrase!).
Depuis Noël dernier (déjà?) je possède le petit (petit pour la taille mais grand pour le talent) Opus de Bookeen.
Actuellement, l’Opus est à 112€ et l’Orizon à 132€. Soit seulement 20€ de différence.
L’Opus a un écran E-Ink de 5 pouces. Cette jolie petite machine est faite pour lire. Point barre. Une machine à lire quoi. Et ça j’apprécie.
On a envie de lire, on appuie sur un ou deux boutons, et c’est parti, ça s’affiche vite, on tourne les pages avec un bouton et le texte défile sur un écran impeccable. Que demander de mieux? Comme un vrai livre papier quoi! J’ouvre le livre et je lis. Quand je lis, je lis. Je ne joue pas avec tous les boutons, je n’écoute pas de MP3, je ne surfe pas sur le web. Bref comme dirait le sage Montaigne «Quand je danse, je danse.»
L’Orizon a un écran tactile multi-touch SiPix de 6 pouces.
Là, oui, je vois la différence: la grandeur de l’écran est idéale pour lire comparée à celle plus petite de l’Opus. Un très bon point pour l’Orizon! Mais, mais, cet écran grande taille est moins lisible que celui de l’Opus: différence de technologie entre un écran E-Ink et un écran  SiPix oblige! Donc, un petit conseil, prenez un écran E-Ink en 6 pouces. L’écran de l’Orizon est tactile, celui de l’Opus non. Bon, alors le MultiTouch, parlons-en: c’est vrai, c’est pratique... quand ça marche du premier coup, ce qui n’est pas toujours le cas avec l’Orizon.
Donc, un petit conseil, prenez un écran E-Ink, 6 pouces, tactile qui... marche.
L’Orizon possède une connexion sans fil WiFi 802.11 b/g/n qui marche très bien (j’ai testé, ça va vite et ça marche tout de suite), et le Bluetooth 2.1. Bon alors là je ne vois pas, mais cela ne regarde que moi, je ne suis pas un geek, je ne vois pas l’utilité de cette fonction internet. A part transformer un lecteur en un consommateur compulsif de livres directement alimenté (sous perfusion?) sur une plateforme de vente, je vois pas, même si l’abus de lectures est fortement recommandé.
L’Orizon propose l’annotation, la prise de notes et le surlignage.
Je trouve ces fonctions indispensables. Quand je lis, je prends toujours des notes sur un petit carnet avec un stylo. J’attendais beaucoup de ces fonctions qui n’existent pas sur mon merveilleux Opus. C’est mon grand regret! Et là encore j’ai été déçu: pas pratique ce petit clavier virtuel et pourtant je n’ai pas de gros doigts (enfin je ne pense pas, peut-être que je me trompe mais c’est ce que tout le monde me dit ou alors c’est pour me faire plaisir, j’ai des doigts fins de guitariste, d’ailleurs, je suis guitariste!). Donc j’ai vite arrêté de tenter de prendre des notes vu le temps infini que cela me prenait.
Il est fourni avec un superbe étui de protection en néoprène noir. Indispensable et bien pensé!
Par rapport à l’Opus, l’Orizon serait un produit «au-dessus» dans la gamme, j’ai bien dit «serait»! Vous avez bien noté les guillemets. Ben moi je garde mon Opus adoré, ma petite machine à lire.
En fait et pour conclure j’ai dessiné le portrait-robot de ma liseuse idéale qui, j’insiste, doit servir à lire, servir la lecture, être au service du lecteur, donc se faire oublier au profit et uniquement au profit d’un texte à lire!  Je résume: un écran 6 pouces E-Ink tactile, sans accès internet, avec prise de notes et surlignage au stylet et un dictionnaire de français joignable rapidement.
Alors, vous avez trouvé de qui je parle?
J’attends vos réponses en attendant que le Père Noël vous apporte la bonne machine à lire...
Venons-en à... l’essentiel?
La lecture. Je devais lire un livre installé dans l’Orizon publié chez NumérikLivres. C’était le deal en échange du prêt. J’ai sauté de joie quand j’ai vu le livre sur le groupe de rock Téléphone car quand j’étais petit j’adorais ce groupe!
«Téléphone, au cœur d’une vie» de Daniel Ichbiah. J’avais déjà repéré ce livre sur la toile.
Oui, mais voilà, pas de chance: impossible d’ouvrir ce livre. Dès que je clique sur le livre ça plante l’Orizon... direction touche reset! («Je rêvais d’un autre monde»... qu’ils chantaient...)
Pourtant le livre existe je l’ai vu de mes propres yeux sur Adobe Digital Editions quand j’ai relié la liseuse à mon ordinateur. Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre?
Tant pis. Du coup je choisis un livre au hasard des auteurs inconnus au bataillon des célébrités publiés chez NumérikLivres.
MemainAlors j’ai choisi «Chienne de vie» de Marie Mémain.
Fallait bien se lancer... l’aventure c’est l’aventure. Y’a pas que Balzac et Jack London dans la vie. Faut savoir prendre des risques. Et là je n’ai pas été déçu.
La narratrice est une chienne nommée Noiraude (parce qu’elle est noire bien sûr!) qui raconte sa vie auprès de sa maîtresse. La chienne (non, pas la maîtresse, vous suivez pas ou quoi?) en profite pour relater les rencontres amoureuses de sa maîtresse. Et comme la chienne (oui, Noiraude!) voit la vie du bon côté d’un chien (c’est à dire à quatre pattes et un peu plus près du sol que nous les humains), notre narratrice, Noiraude donc, intitule chaque chapitre à vue de nez des chaussettes de ces messieurs.
«Chaussettes sales», «Chaussettes de sport», «Chaussettes chics», etc. se promènent allégrement tout au long du livre. Je vous laisse imaginer toutes les dénominations de chaussettes possibles et inimaginables! Voilà. C’est tout? Ben oui, c’est tout pour aujourd’hui! Dans le domaine des livres électroniques, comme pour des chaussettes sales, y’a décidément de la lessive à faire...
Finalement, je vais vite retourner voir Balzac et London...
J’ai aussi heureusement lu des poèmes de Baudelaire et un Maupassant sur ce grand écran: parfait!
Ah, j’oubliais de préciser. La liseuse électronique doit être une machine à lire qui se fait oublier au profit d’un... bon livre!
Je vais quand même faire une bonne pub à Bookeen pour les remercier.
Achetez un Opus ou le nouvel Odyssey (pas testé) et remplissez-le de bons livres... si, si ça existe je vous dis... j’en ai déjà lus...

Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Chroniques de lecture - 35

ChroniqueSoir du Renaudot justement, Thierry nous envoie sa chronique.

"Limonov" de Emmanuel Carrère (Editions P.O.L.)

Limonov héros de Jack London? De Knut Hamsun? De Blaise Cendrars? Pourquoi pas? Mais, non, Limonov héros de Carrère! "Ce mélange de mépris et d'envie ne rend pas mon héros très sympathique, j'en ai conscience." écrit Carrère. Ce livre, pavé étourdissant, roman fleuve intranquille hallucine le lecteur. L'écriture de Carrère est fascinante: oui, c'est bien ça, elle fascine! Ce "diable" de Limonov est un sacré personnage de roman. De son vrai nom, Edouard Savenko qui choisit comme nom de poète de l'underground soviétique Limonov: "hommage à son humeur acide et belliqueuse, car limon signifie citron et limonka grenade, celle qui se dégoupille." Limonov, c'est le "Johnny Rotten de la littérature russe", celui qui a "l'air à la fois d'un marin en bordée et d'une rock-star", un barbare, un voyou qui rêve d'insurrection violente, un écrivain hooligan, un buveur inoxydable qui pouvait descendre un litre de vodka à l'heure. L'homme qui valait mille vies!

Limonov-carrèreCarrère le suit pas à pas à la manière d'un agent du KGB, de près, de très très près, de loin, de Moscou à New-York, de Paris à Vukovar. En chemin, Carrère se dévoile. "Je vis dans un pays tranquille et déclinant... je suis devenu un bobo... Limonov, lui, a été un voyou..." Carrère raconte et raconte et raconte, à perdre haleine (quitte à se perdre, quitte à nous perdre?) cette histoire, "notre histoire à tous depuis la fin de la seconde Guerre mondiale. Quelque chose, oui, mais quoi? Je commence ce livre pour l'apprendre." Carrère nous raconte quelque chose: de lui, de nous. Quelque chose de grand... Non le héros de ce livre ce n'est pas Limonov. Le héros c'est l'écriture. Alors, cher lecteur, commence ce livre pour l'apprendre...

T.C.

Version epub chez DialogueS. Lu dans le cadre du club des lecteurs numériques.

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Chroniques de lecture - 33

ChroniqueC'est dimanche, la chronique de notre ami Thierry.

"La Lanterne d'Aristote" de Thierry Laget aux Editions Gallimard. LibrairieDialogues
Lu en partenariat avec la Librairie Dialogues dans le cadre de lectures croisées et pour le club des lecteurs numériques.

Azélie, une comtesse en jean rentré dans ses bottes et à chemise à carreaux, fumant des cigarillos charge un homme (inconnu?) de cataloguer l'immense et insondable bibliothèque de son château. La bibliothèque date du XVème siècle et compte vingt mille volumes, des manuscrits, des incunables, de belles reliures inestimables. "Si nous nous entendons, si la solitude ne vous effraie pas, vous y demeurerez tant qu'il vous plaira, on vous dérangera aussi peu que possible et je vous présenterai de vieux sages qui vous tiendront silencieusement compagnie. Les soirs où vous aurez envie de vraie société, je serai là et nous bavarderons. Réfléchissez. Mais, si vous vous décidez, ne venez pas avant le printemps." propose la comtesse. L'homme c'est le narrateur dont on sait peu de choses. Il est cultivé, grand lecteur, riche et a fait plusieurs fois le tour du monde. C'est à peu près tout. Ni un rat des villes, ni un rat des champs, un rat des livres. Le château fait aussi fonction de chambres d'hôtes. Une jeune étudiante le fait visiter aux touristes. Il y a également un homme à tout faire (un factoton qui effectivement sait tout faire sauf lire!), une cuisinière et des gens de passage, parfois curieux ou intrigants. Notre énigmatique narrateur va "hanter" le château jours et nuits, "traverser les apparences". Un bien étrange visiteur.

000978666Je ne devrais pas vous en dire plus... ce roman est une surprise. Ce livre est un enchantement à lire. Le style de Thierry Laget ravive Walter Scott et Giraudoux, Conan Doyle et Aristote. C'est parfois drôle, souvent érudit sans jamais être pédant, exigeant mais jamais facile. C'est encore un bel hommage à la littérature, cette "immense vibration du monde." Celui que vous appelez le Lecteur lit pour que nous continuions d'exister; s'il referme le livre, nous ne sommes plus." Je conseille vivement ce roman que j'ai eu du mal à lâcher...

T.C.

Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Chroniques de lecture - 32

ChroniqueNouvelle chronique de notre ami Thierry qui s'intéresse aujourd'hui aux histoires de la littérature:

De la "numérique" histoire de la littérature française...

Qui ne rêve pas d’avoir dans sa «chère» liseuse une histoire de la littérature française?
J’ai cherché un peu partout sur la toile ce qui se faisait de mieux en epub et PDF. Rien que pour vous cher lecteur numérique.

OrmessonPour 36€, en epub, vous avez droit, en 2 tomes, à «Une autre histoire de la littérature française» de Jean d’Ormesson.
Bon, tout le monde connaît ce "cabotin" érudit de Jean d'Ormesson. Télégénique, beau parleur, charmeur. Et ben voilà: je suis tombé sous le charme de son autre histoire de la littérature française. Jean d'Ormesson aime les livres, les écrivains et les lecteurs. Ce livre est né de notes prises par l'auteur pour préparer une série d'émissions de télévision. Il s'agit d'entretiens autour d'écrivains français en compagnie d'Olivier Barrot. Six DVD de ces émissions sont édités aux Editions Montparnasse. Jean d'Ormesson ne prend aucun risque: il choisit les écrivains "qui ont subi l'épreuve du feu." Ses livres (tome 1 et tome 2) ne parlent que de chefs d'oeuvre. "Le grand, peut-être le seul, inconvénient des livres nouveaux, c'est qu'ils empêchent, par leur nombre, de lire les livres anciens -dont on est sûr qu'ils sont bons, puisque les mauvais sont tombés dans la trappe de l'oubli." Vous appécierez. J'apprécie. Entre autres, mes préférés: Dumas, Nerval, Lautréamont, Maupassant, Baudelaire, Apollinaire, Montaigne, Balzac... et tous les autres. Bien sûr, vous allez chercher, compter les absents: Cendrars, Giraudoux... et tous les autres. Chacun ses goûts! La méthode de cette anthologie? "Présenter en quelques mots l'écrivain et son oeuvre; les situer dans leur temps; tâcher de leur rendre, sous la rouille, leur jeunesse et leur nouveauté; montrer ce qui fait leur importance et leur charme; donner quelques exemples de leur manière et de leur génie." Avec, en plus de l'humour et de la connivence pour plaire au lecteur! Deux petits poches à glisser dans votre liseuse adorée...

HaedensPour 9,99€, vous avez droit, en epub, à «Une histoire de la littérature française" de Kléber Haedens. C’est une très subjective référence incontournable. D’ailleurs d’Ormesson lui rend régulièrement hommage dans sa propre histoire de la littérature. Le partial Haedens «chouchoute» amoureusement Villon, Nerval, Proust et Cendrars.
L’écriture de l’auteur est remarquable. J’apprécie aussi.

Pour 16€, en epub, vous aurez droit à «La litterature française" de Nicole Masson, sous titrée "tout simplement". Ce livre est excellent, très pédagogique (presque scolaire) et remet bien les idées en place. L’auteur est prof de littérature à l’université. Frises chronologiques, fiches, influences, résumés, extraits, citations: le panorama est complet.
A mettre entre toutes les liseuses!

9782708137172Pour 18€, en epub, vous avez droit à «La littérature française pour les nuls» de Jean-Joseph Julaud.
Là aussi, c’est complet, bien écrit, agrémenté d’anecdotes.

Enfin pour 2,30€, en PDF très lisible, vous avez droit au «Petit livre des grands écrivains» de Jean-Joseph Julaud. C’est moins cher, plus succinct. Une fiche-résumé pour chaque écrivain, des origines à nos jours. On en a pour son argent...

Voilà, à vous de voir!
Personnellement, je consulte souvent le livre de Nicole Masson sur mon Opus de Booken. La navigation dans le livre est facile et vite je peux chercher, vérifier ce que je demande. Je le conseille donc.

T.C.

Ouvrages sélectionnés dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.

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Chroniques de lecture - 31

ChroniqueAmusante coincidence ce matin de trouver dans ma boite mail la chronique de Thierry sur le livre que j'ai chroniqué hier. Nous ne nous étions pas passé le mot!

"Mémoires d'un vieux con", Roland Topor, Editions Wombat.

Comment? Vous ne le saviez pas?
Oui c’est Topor qui a inventé le dadaïsme, le surréalisme et le cubisme. Le ponctualisme et le glissisme? C’est lui aussi. Entre autres «isme»!
Comment? Vous n’avez jamais su?
Oui c’est Topor qui a trouvé le titre d’un roman d’Ernest Hemingway, «Pour qui sonne le glas.».
Comment? Vous n’avez jamais entendu parler de ça?
Oui c’est bien Topor qui a écrit le célèbre et sulfureux roman «Histoire d’O» et pas Pauline Réage.
Comment? Vous étiez persuadé que c’était Breton qui avait écrit le Manifeste du Surréalisme?
Memoires-vieux-con-Topor-200x300Ben non figurez-vous, c’est Topor.
Comment? Vous n’étiez pas au courant?
Le fameux train de Trotski était exclusivement réservé à Topor pour qu’il voyage dans la nouvelle Union Soviétique.
On ne vous dit pas tout!
Vous ne me croyez pas?
Pas la peine d’aller vous précipiter sur votre encyclopédie Universalis ou sur votre Wikipédia adoré. Ils vous mentent!
Lisez les mémoires de Roland Topor, vous allez vous en frotter les yeux d’émerveillement. La vie de Topor c’est la piste aux étoiles.
C’est un hymne à la vie. C’est une franche rigolade, camarade. C’est toute une histoire de l’art «décontenue».
Topor n’est pas un vieux con. Il a de la mémoire lui! Il a tout vu, tout connu. Pourtant Topor reste encore aujourd’hui ni vu ni connu alors si ça vous dit de vivre à la Topor, n’hésitez pas un seul instant, lisez ses mémoires du XXème siècle. De Freud à Trotski, de Picasso à Malraux, de Braque à Giraudoux, de Chagall à Cocteau, de Sartre à Camus, il les a tous connus!
"Je les ai connus, tous! Et ceux que je n'ai pas rencontrés en chair et en os, je les ai vus à la télévision. C'est moi qui leur ai donné leurs meilleures idées..." dit-il.
Vous verrez, ce Topor là sera vraiment, très, très généreux avec vous... pour ma part il ne le sera jamais trop!
Topor reviens... ils sont tous devenus fous les artistes!!!!

T.C.

Lu dans le cadre du Club des Livres Numériques.

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Chroniques de lecture - 30

ChroniquePetite chronique ce dimanche de notre ami Thierry, la trentième de la série:

Les autos tamponneuses de Stéphane Hoffman, Editions Albin Michel.
lu en partenariat avec la Librairie Dialogues dans le cadre de lectures croisées et pour le club des lecteurs numériques.

Stéphane Hoffmann est un écrivain français né le 6 mars 1958 à Saint-Nazaire. Il obtient le prix Nimier en 1991 pour son roman «Château Bougon».

Stephane hoffmannPourtant tout avait bien commencé. D’entrée l’auteur frappait fort. Avec une sentence bien ficelée. Le mariage comparé à un tour d’autos tamponneuses. «C’est inconfortable, on prend des coups, on en donne, on tourne en rond, on ne va nulle part mais, au moins, on n’est pas seul.» D’où le titre du roman. Plus imagé... y’a pas! Bien entendu, on n’est pas obligé d’être d’accord mais force est de reconnaître que c’est bien tourné.
Alors voilà. C’est l’histoire de Pierre, marié donc, avec Hélène. Ca se passe en Bretagne, dans le golfe du Morbihan pour être exact. Pierre veut prendre sa retraite mais Hélène, sa femme donc, qui aime son homme quand il est absent, ne veut pas d’un mari qui traîne dans ses pattes à ne rien faire. Ils ne peuvent pas se supporter, ils sont riches, «arrivés» comme on dit et ne fréquentent que leurs semblables: ceux qui sont riches, arrivés et qui ne peuvent pas se supporter. L’auteur surfe sur la petite vague facile du cynisme à la mode de chez nous aujourd’hui: sa plume se veut acerbe, impitoyable, corrosive, désenchantée... que sais-je et que dira-t-on partout dans la presse qui «chouchoute" ce livre. Pas de quoi faire une tempête!
Ces vies ennuyeuses de bourgeois de province à la Chabrol finissent par ennuyer le «pôvre" lecteur!
Surtout quand il tombe sur des phrases de cet acabit: «Jolie femme, certes, appétissante pour qui aime le colossal, mais il semble qu’elle ait de la merde à la place du cerveau: quand elle a parlé, on dirait qu’elle a pété." Hum... hum!
Allons, pour les études de mœurs, retournons, en calèche, voir ce cher Balzac!

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Chroniques de lecture - 29

Chronique Nouvelle chronique de Thierry ce soir qui vient également alimenter notre club.

"L'Homme à la carabine" de Patrick Pécherot, édition epub aux Editions Gallimard.

«Ceci est mon testament. Moi, Soudy, condamné à mort par les représentants de la vindicte sociale dénommée justice..."

André Soudy, 21 ans, sera guillotiné le 21 avril 1913. Sur la planche à bascule, le cou dans la lunette, ses derniers mots seront: "Il fait froid, au revoir." Dans son testament, il va léguer ses pinces-monseigneur au ministre de la Guerre, ses hémisphères cérébraux à la faculté de médecine, son crâne en exhibition au profit des soupes communistes et son autographe à l'anarchie.
André Soudy? Ce nom ne vous dit rien?
Rien de plus normal après tout. André Soudy, c'est juste un petit, tout petit petit second rôle dans la célèbre et légendaire Bande à Bonnot.


Carabine Presqu'un figurant. C'est le plus jeune, le tuberculeux. Pas même un second couteau. Il n'a jamais tué personne! C'est l'enfance piétinée, mal élevée, comme une mauvaise herbe qui pousse entre les pavés des banlieues de Paris, un voleur de boîtes de sardines.
Condamné à 20 ans pour vol de bicyclette, c'est le "J'suis un pas de chance" qui écope tout le temps... à raison et très souvent à tort! C'est le sentimental aux yeux doux qui tombe aussitôt amoureux de la première chanteuse de rue qui passe.
C'est "l'homme à la carabine" qui pose, forcément, devant le photographe des services de la Préfecture de Police comme sur la couverture en noir et blanc du livre de Patrick Pécherot. Les livres de Pécherot sentent-chantent fort Arsène Lupin, les Brigades du Tigre, Nestor Burma, les tranchées du chemin des Dames ("Tranchecaille" polar primé en 2008), les années folles ("Les brouillards de la Butte" polar également récompensé en 2002), le Paris occupé et collabo ("Boulevard des Branques"), la guerre d'Espagne ("Belleville-Barcelone").
Cette époque là, qui couvre une quarantaine d'années, de 1910 à 1950, Pécherot nous y transporte littéralement comme par enchantement, avec enchantement! Ici, dans son dernier livre "L'homme à la carabine" paru en janvier 2011, le voyage dans le temps fonctionne à merveille. Le lecteur est aspiré-inspiré dans le Paris des anarchistes illégalistes. Les "en-dehors", les "hors des lois. Dans le pavillon fleuri de Romainville, la "crème" et la mauvaise graine des libertaires (du chien-dent comme disait De Gaulle de Dany le Rouge) en tout genre est en transit, sur terre... pas au ciel. Ici, René Valet le poète, Raymond Caillemin dit Raymond la science, Victor Serge (l'auteur des "Mémoires d'un révolutionnaire") et sa compagne Rirette, Jules Bonnot et... le tendre camarade André Soudy. Ici, ça jardine, ça cuisine, ça écrit, ça discute, ça trafique la fausse monnaie, ça refait le monde, ça fuit la police,ça fomente pour que "crève le vieux monde". Tous ont à peine vingt ans.
"Ils ont tout ramassé des beignes et des pavés. Ils ont gueulé si fort qu'ils peuvent gueuler encore. Ils ont le cœur devant et leurs rêves au mitan. Et puis l'âme toute rongée par des foutues idées." chante Léo Ferré.
Leurs devises... et encore quand ils en ont une? "Nous ne voulons être ni exploiteurs, ni exploités!", "La propriété, c'est le vol!" (bon là c'est du Proudhon) ou bien "Reprenons ce que la société nous vole !"
Ca passe et ça casse. Souvent ça casse! Tous se savent voués à la guillotine. Beaucoup finiront au bagne. Perpét'. D'autres réussiront à s'évader comme l’intrépide Barbe, une fille "pieds nickelés" de la bande. Imaginez la cocasse scène: «Pour sa comparution devant le juge, ils l'ont confiée à un vieux sergent de ville, rhumatisant et à moitié sourd. Tout juste assez vivant pour garder une idiote. Barbe n'était pas assise depuis cinq minutes sur le banc du couloir qu'elle se lève d'un bond, retrousse ses jupes et prend ses jambes à son coup. Le flic n'a rien pu faire que se tenir les reins, son sifflet à la bouche? Avant qu'il souffle dedans, Barbe avait filé."
Il faudra 500 hommes armés, rien que ça, pour venir à bout de Bonnot. Le "tout Paris" se précipite pour assister au spectacle de l'assaut final. Imaginez le tableau: "On déboule de Paris. Taxi pour les beaux messieurs et les élégantes, décolletés pigeonnants, froufrous et crinolines, blazers sportsman, poils de chameau. A Vincennes, les tacots vendent la balade deux francs cinquante. Du champ de courses au champ d'honneur. On embarque le whippet et le chihuahua. On accourt, en bande, en trombe, aux premières loges."
Victor Serge sera condamné à 5 ans de prison avant de rejoindre la Russie en révolution et côtoyer Lénine et Trosky. Il sera le premier à désapprouver les abus de la dictature du prolétariat. Pécherot, par un savant collage littéraire d'extraits de lettres, d'articles de journaux, de rapports de Police, de dialogues romancés, de photos nous prend en mains et nous promène dans ce Paris d' Eugène Sue, ce Paris de Léo Malet. Avec courts chapitres et nombreux flash-back, Pécherot esquisse, crayonne le portrait d'un enfant perdu dans la tourmente des idées révolutionnaires... perdu d'avance. "Je suis comme un papier tue-mouches où le malheur viendrait se coller." écrit Soudy.
Avec générosité, poésie, l'auteur, né en 1953 à Courbevoie (comme Arletty!) journaliste et scénariste de BD sait émouvoir son lecteur avec des décors et le langage de l'époque bien plantés, bien parlés.

"Je suis de ceux qui goûtent fort les bandits, non que j'aime à les rencontrer sur mon chemin; mais malgré moi, l'énergie de ces hommes en lutte contre la société tout entière m'arrache une admiration dont j'ai honte."» (Prosper Mérimée)
Longtemps, longtemps, après que vous ayez fermé ce livre, vous chanterez encore l'histoire des bandits tragiques...fils de Mandrin! "Compagnons de misère Allez dire à ma mère Qu'elle ne m'reverra plus J'suis un enfant, vous m'entendez, Qu'elle ne m'reverra plus J'suis un enfant perdu."
C'est la triste complainte de Soudy...

T.C.

Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques sur un Cybook Opus de chez Bookeen.

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Chroniques de lecture - 28

Chronique Notre ami Thierry, décidément prolixe en cette rentrée!


«Ballast» de Jean-Jacques Bonvin

(Editions Allia, Edition epub, 2,99€, sans DRM, Septembre 2011)

Petite précision ferroviaire: «le ballast est le lit de pierres ou de graviers sur lequel repose une voie de chemin de fer».
Instructive et poétique définition du dictionnaire d’où émergent joliment des mots qui en disent long: «lit de pierres» et «repose».

Où repose-t-elle à présent la bande des quatre bohémiens?
Les cheminots Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William S. Burroughs et Neal Cassady.
Sur un lit de pierres? De poussière? Le long d’une voie de chemin de fer? D’une voie lactée?
La Beat Generation, le road-movie, l’écriture spontanée, la drogue, l’alcool, les grands espaces américains, le jazz, la révolte contre l’argent et la violence... La vie à outrance, à toute allure, pied au plancher de la machine à écrire. L’outrance du trop: trop vite, trop fort, trop d’expédients... tous finiront mal... trop tôt!


Book_541_image_cover Avec une ardeur communicative, Jean-Jacques Bonvin, ressucite, évoque, invoque ces écrivains des années cinquante qui couvent dans leurs mots et sous leurs pas les hippies, Woodstock et le psychédélisme.
L’auteur s’attache à Neal Cassady. Neal Cassady c’est le Dean Moriarty du livre de Kerouac, «Sur la route», la «bible» de tous les routards.
Neal Cassady élevé par un père alcoolique dans une sorte de cabane tordue à la Van Gogh va vite devenir un enfant terrible: vols de voitures, maisons de correction, prisons.
«Né sur la route dans une bagnole alors que ses parents traversaient Salt Lake City en 1926 pour gagner Los Angeles » écrit Kerouac.
A sa sortie de prison, il épouse LuAnne et veut apprendre la philosophie auprès de Ginsberg. C’est là qu’il va rencontrer Kerouac.
Cassady est un dur, une teigne. Collectionneur de voitures volées et de maîtresses, les deux intellectuels sont sous le charme.
Ensemble ils vont tailler la route...
Cassady, plus loin, épouse Carolyn Robinson et semble «rangé des voitures». Puis re-route, re-mariage, re-route, etc.
La vie brûlée par les deux bouts.
Pas de la petite chandelle vacillante... mais de l’explosif!
Avant de mourir de froid le long d’une voie ferrée, il fait connaissance avec un certain Bukowski! Comme les Etats-Unis sont petits!
Ce récit «hallucinant», au tempo emportant de Bonvin rend un hommage amoureux à ce diable de Cassady aux fourmis dans les jambes. L’entraînante écriture de Bonvin sur une version epub impeccable devrait combler les lecteurs.
Encore une belle découverte!
A lire à la belle étoile... en écoutant du bop!

PS: pour la nuit à la belle étoile sans pleine lune se munir de la petite lampe spécialement conçue pour les liseuses électroniques... cela va de soi!

«... les hommes en imperméable au petit matin, ceux du fisc un peu comptables, un peu flics, trop de femmes, trop peu de temps, les voitures qui versent et ce qu’il ne dit pas et qui le tuera, la benzédrine qui le conduira le long du ballast dans le petit matin mexicain.» écrit Bonvin.

T.C.

Livre lu au format epub sur un Opus de Booken dans le cadre du Club des lectures numériques.

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Chroniques de lecture - 27

Chronique Merci à Thierry pour cette chronique sur "Le Doigt de l'historienne" de Ray Parnac aux Editions Emue.

Ray Parnac, documentaliste d’origine berrichonne établie à Londres, publie chez Emue un recueil de dix nouvelles (Emue est une toute nouvelle maison d’édition numérique).
«La nouvelle a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l’intensité de l’effet.» écrivait Baudelaire. Une nouvelle doit donc faire effet. Effet immédiat. Pour l’auteur comme pour le lecteur, le temps presse.
Et là, Ray Parnac sait astucieusement appâter, amorcer le lecteur. On mord tout de suite, dès la première phrase lancée.
Rapidement, le lecteur sait où il est, où il en est et avec qui. Certaines nouvelles nous gardent plaisamment (parfois complaisamment) dans une efficace épuisette de phrases impeccablement maillées quand d’autres nous font décrocher lentement pour aller voir la suivante.
L’entreprise reste inégale, certaines historiettes (pour la rime en «-ette» allez voir la belle Fantômette en couverture du livre) pêchent dans le vide.
D'autres, heureusement nombreuses, fonctionnent à merveille car Ray Parnac possède une écriture qui tient ferme le lecteur.
Emue L’unité du recueil tourne autour de Londres, de Leeds, ou Hull, de la campagne anglaise, esquisse des portraits de personnages en perdition, plus ou moins loufoques, détraqués, évoque des couples usés, suggère une société bloquée qui débloque . L’humour féroce (humour à la british oblige!) nous fait grincer des dents et l’observation méticuleuse et peu complaisante de nos travers n’est pas pour nous complaire.
J’ai apprécié particulièrement le très émouvant deuil d'une mère intitulé «La grosse bouche».
«Elle se souvint de sa vie d’avant, un fragment seulement, comme un galet trouvé sur les bords d’un ruisseau, une pierre douce, ordinaire et extraordinaire à la fois, et qu’elle polissait et repolissait dans sa mémoire depuis les événements.»
Ainsi que «La fin de Lawrence Sibbey» et son personnage atteint de «trichotillomanie» (trouble caractérisé par l’arrachage compulsif de ses propres poils, cheveux ou cils).
«Aux portes du théâtre» décrit l’immobile monde apocalyptique des SDF et l’inhumanité de ceux qui passent.
«Détraqué» qui inaugure le recueil ne manque pas de cruauté cachée sous un tapis d’humour cruel (ou d’amour... cruel aussi).
Même si les histoires de Ray Parnac sont beaucoup, beaucoup, hum, comment dire, très, très désenchantées, j’ai lu ce livre avec un vrai plaisir.

Un auteur à suivre de près donc comme on dit. A suivre de très près!

T.C.

Livre lu au format epub sur un Opus de Booken dans le cadre du Club des lectures numériques.

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Chroniques de lecture - 26

Chronique Merci à Thierry qui nous revient en cette rentrée avec la reprise de ses chroniques de lecture:

«Après le livre», François Bon, Publie.net
(paru en septembre 2011)

François Bon, auteur rock’n’roll des «Rolling Stones, une biographie», «Bob Dylan, une biographie» et «Rock'n roll, un portrait de Led Zeppelin», mais aussi des romans «Sortie d’usine» (publié en 1982 aux Editions de Minuit qui vient d’être réédité en numérique) et autre «Tumulte», auteur de pièces de théâtre et de nombreux essais, François Bon, dis-je, est aussi éditeur de textes numériques, fondateur du désormais célèbre et incontournable site Publie.net, une sorte de «coopérative d'auteurs» consacrée à l'édition et à la diffusion numériques de littérature contemporaine. Ouf!
Je précise que les livres publiés sur Publie.net sont tous sans DRM et que les droits reversés aux auteurs sont de 50%.
Mais, ce n’est pas fini, François Bon est, avant tout, un amoureux de la littérature. Il écrit et il lit.
Son livre, oui,  j’ai bien dit son «livre» car après tout un livre en epub est un livre aussi, un livre comme les autres qui se lit comme les autres aurait pu s’intituler «Le livre, une biographie» ou bien «Nouvelles technologies, un portrait de lecteur». Et là je trouve que le débat «pour ou contre le livre numérique» me semble, déjà, dépassé et inutile.
Dans son essai «Après le livre», François Bon revient sur les mutations des formes de lecture, des types de supports, des habitudes d’écriture. Ah le beau passage sur le carnet de notes toujours glissé dans la poche avec le stylo qui va avec.
François Bon n’est pas un inconditionnel aveuglé du tout numérique.
Il sait encore «vénérer» le livre papier.
Au même titre que Roger Chartier avec son «Histoire de la lecture dans le monde occidental», il nous propose, déjà, une histoire du livre numérique, une histoire des nouveaux lecteurs et écrivains du tout numérique. Les nouvelles technologies transforment, nous transforment... à nous de refuser toute déformation. Il nous suffit de rester quelque peu vigilant, intelligent.
Après-le-livre C’est un livre instructif, érudit, jamais partisan. Ce «doux fanatique» de Baudelaire et de Balzac nourrit son livre d’anecdotes, d’exemples, d’expériences toujours plaisants. Eveilleur, veilleur de curiosités, il sait nous offrir des réflexions sur hier, aujourd’hui... jusqu’à demain. Nous avons lu, nous lisons et nous lirons. Peu importe le contenant, l’important c’est le contenu.
Il est vrai que l’édition électronique a encore beaucoup de sueurs chaudes devant elle. Les fautes d’orthographe (fautes de copie?), erreurs de ponctuation abondent, la typographie mérite mieux à mon goût tout comme la justification des lignes , bref il y a encore du pain sur la planche (la planche à billets?) pour arriver à un confort de lecture digne d’un livre papier.
Mais là où je rejoins volontiers François Bon, c’est sur les promesses d’une nouvelle écriture numérique contemporaine liées aux inimaginables interactivités que suggère la numérisation.
Il faudra donc rester attentifs et curieux de nouvelles écritures, de nouveaux textes, de nouveaux auteurs.
Nous le ferons dans le cadre de ce «Club des lectures numériques» tout en gardant sous le coude et sans honte aucune un bon vieux Balzac ou Kessel sur un chiffonné papier jauni.
«Qu’importe le flacon... pourvu qu’on ait l’ivresse!» (Alfred de Musset)

T.C.

Livre lu au format epub sur un Opus de Booken dans le cadre du "Club des lecteurs numériques".

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Raymond Roussel : trois titres à découvrir

Roussel A signaler trois titres de Raymond Roussel, Chiquenaude, Impressions d'Afrique et Locus Solus mis en ligne sur la bibliothèque Efélé de Eric Muller. Un beau travail, une composition soignée en Garamond Premier. Dans tous les formats possibles. Pourquoi ne pas se lancer pendant cette période estivale dans l'univers de ce grand créateur? Bonne lecture!


Chroniques de lecture - 25

Plume

Petite chronique de Thierry avant de partir, bonnes lectures!

«Les mots savent de nous des choses que nous ignorons d'eux.» René Char

Escorté par deux citations bien choisies, je suis, déjà, ailleurs...
Sur mon dos y’a mon sac à dos, dans mon sac à dos y’a une pt’tite poche, dans une pt’ite poche y’a mon Opus, dans mon Opus, y’a :
Le peuple de l’abîme de Jack London
La guerre des femmes d’Alexandre Dumas
Qu’as-tu fait de tes frères? de Claude Arnaud
une biographie de Jacques Vaché de Bertrand Lacarelle
et puis du Balzac, du Balzac, toujours du Balzac...

A noter qu’une mise à jour est prévue pour l’Opus de Booken à la rentrée de septembre-octobre (dixit Booken en personne !)

Veuillez excuser mon absence momentanée, très dépendante de ma volonté...

En attendant bonnes lectures à tous... et à très bientôt sur ALDUS.

«Acheter des livres serait une bonne chose si l’on pouvait simultanément acheter le temps de les lire.» Schopenhauer

T.C.