Immatériel: le chantier numérique en question
24 octobre 2011
A lire l'interview du distributeur numérique Immatériel sur Idboox.
A l'heure où les géants américains arrivent sur le marché français avec des modèles BTP verticaux extrêmement forts (suivis par la Fnac et sans doute d'autres encore), des deals en direct avec auteurs et éditeurs, la détention des fichiers, etc., le marché du pavillonnaire a t-il un avenir? J'ai retenu deux passages plus particulièrement intéressants:
Pour vous et votre profession quels problèmes rencontrez-vous pour travailler avec Amazon, et Google?
Bien sûr, il y a cette manie de la clause de confidentialité qui est pénible, voire un peu risible. Mais le principal problème, que nous ne rencontrons pas avec Apple, est la mauvaise compréhension du rôle de distributeur: la plupart des acteurs nord-américains, ont tendance à nous voir comme un simple entrepôt intermédiaire, pas comme un gestionnaire de flux (qui gère des offres complexes, met à jour en masse des contenus et des métadonnées, et propose des relevés de ventes en temps réel). D’une certaine manière tant mieux: cela rééquilibre la donne en faveur de la librairie indépendante.
A propos du prix unique du livre numérique (PULN) et de la TVA sur les ebooks que pouvez-vous nous dire?
L’erreur fondamentale est de considérer que le prix de vente est lié à l’œuvre elle-même, alors que de tout temps il a servi à valoriser les manifestations de l’œuvre. L’arrivée du numérique multipliant les manifestations possibles, appliquer un même tarif à ces différents services d’accès à une même œuvre est absurde. Surtout, alors qu’elle est censée protéger les libraires quelle que soit leur taille, elle favorise uniquement les structures capables de créer une plateforme fermée et d’établir leur siège à l’étranger! J’affirme que cette loi ôte aux éditeurs et aux libraires la possibilité de proposer les services d’accès riches et personnalisés que promet le numérique et qui leur permettraient de lutter efficacement contre les offres standardisées. Je pourrais développer, mais en conclusion, j’espère que l’Europe protègera la France contre elle-même en retoquant cette loi.
Quant à la TVA à 5,5%, cela participe de la même erreur: on croit que le livre numérique est un bien, alors qu’il s’agit d’un service d’accès à l’œuvre, plus encore que le livre papier. Non seulement cela risque de brider l’innovation en terme de services (on hésitera à dépasser l’homothétique pour ne pas risquer d’être taxé comme service), mais la commission européenne risque de ne pas s’y tromper non plus. Par ailleurs, je ne suis pas sûr que ce soit le moment de priver l’Etat de ressources".
Défendre la voie de l'édition et de la librairie indépendante sans une loi sur le prix unique pour éviter le dumping, un sacré exercice d'équilibriste. Attention sur le chantier!