Moi et ma disruptivité...
02 février 2009
J'avais lancé cette réflexion dans un commentaire la semaine dernière: "Nous ne sommes pas dans un schéma disruptif pour la profession, faire croire cela n'est pas honnête." Et bien, cette réflexion à propos d'un schéma disruptif pour le livre (bon sang, où ai-je été chercher un mot pareil, décidément une sorte de flash inscrit dans ma mémoire, Pisani s'était même fendu d'une analyse à l'époque! ) a rebondi avec passion (j'ai dû réveiller des vieux démons du web2.0), d'abord chez les Complexes qui mettent en place un outil de production éditorial destiné à tout un chacun sur internet, journaliste, essayiste, auteur, éditeur de revues, de livres - l'objectif étant de mettre à disposition un modèle de mise en forme des textes qui soit multi-supports et exportable de la manière la plus exhaustive possible (la chaine du livre réduite à rien en quelque sorte) puis encore aujourd'hui du côté de Narvic qui parle de dislocation du livre par le web et du côté d'Hubert Guillaud (LaFeuille) qui vient de mettre en libre (pardon en ligne, lapsus révélateur) la première partie d'un dossier Papier contre électronique? sur InternetActu. Avec en préambule cette réflexion de Nicolas Carr (je suppose que c'est lui, ce n'est pas bien clair): "Lit-on de la même manière sur un support de papier et sur un support électronique? Le débat commence à être ancien : on pourrait le faire remonter aux critiques de Socrate à l’encontre de l’écriture à une époque où la transmission du savoir se faisait uniquement de manière orale. Elle se pose également en terme de conflit depuis la naissance de l’hypertexte, comme l’évoquait Christian Vandendorpe dans Du Papyrus à l’hypertexte. Un peu comme si deux mondes s’affrontaient: les anciens et les modernes. Ceux pour qui le papier est un support indépassable et ceux pour qui le changement, la bascule de nos connaissances vers l’électronique, à terme, est inévitable." Sempiternelle vision manichéenne en effet, affrontement des jeunes et des anciens, de l'avenir et du passé, des modernes et des conservateurs, des branchés et des "has been", du progrès et de l'immobilisme, des "non-publiés" et des "publiés", de l'internet et des livres... Pluralité presque infinie des livres, des discours, des objets (la notion de beau livre garde tout son sens) trouvés au hasard des librairies (et d'internet) qui donne leur pleine justification au rôle de passeurs des éditeurs, des libraires, des bibliothécaires, et j'aime à réécouter en boucle un sage "has been" qui a consacré sa vie à ces petites choses d'un autre âge, Roger Chartier, qui énonce la formule pour moi définitive "les formes d'inscription d'un texte délimite ou impose des possibilités de son appropriation" (c'est à la 2ème minute)...