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Marc-Edouard Nabe se publie en seigneur

100_7857100_7858 Quel livre! J'ai découvert hier soir le colis avec le nouveau livre de Marc-Edouard Nabe "L'Homme qui arrêta d'écrire". Emballage carton irréprochable, sous thermo, le bébé est impressionnant, 800g. Celui-là, c'est pas un prématuré, il aurait même sérieusement dépassé le terme! Un livre magnifiquement réalisé qui ferait rougir pas mal d'éditeurs. Un format 13,8 x 20cm, 696 pages sur un beau papier bouffant légèrement ivoiré (Munken Print crème 80g avec une main de 1.8), broché cousu. La seule petite réserve en ce qui concerne la couverture, j'aurais personnellement opté pour un grammage un peu plus fort et un pelliculage mat plutôt qu'un vernis en ligne. Mais c'est un point de détail. Vous chercherez vainement les métadonnées (un numéro ISBN car c'est un livre, un auteur, un titre, une date), pas de mention d'éditeur (il n'y en a pas, d'éditeur), pas de code barre (uniquement vendu par internet), pas de 4ème, pas de photo, rien sur le dos, le n°28 au verso de l'ouvrage signale sobrement qu'il s'agit du 28ème livre de l'auteur. Plus simple y a pas. Un compositeur, une correctrice, un graphiste pour la couverture, un papetier, un imprimeur, un site internet, un distributeur pour préparer l'envoi, vous l'avez entre les mains. Choix de mise en page et composition typographique remarquables. 33 lignes par page, Garamond 11,5 (ligaturé s'il vous plait). Les puristes apprécieront (tout sur la physiologie du Garamond chez Peter Gabor), les autres aussi même s'ils ne savent pas pourquoi... Si tous les auteurs se mettent à faire des livres de cette qualité en direct, avec un tel respect du lecteur... Tirage à 1000 exemplaires (ils sont partis), la réimpression en cours, disponible uniquement sur le site de l'auteur. Un seul premier mot, bravo Marc-Edouard Nabe. Le beau bébé joufflu trône déjà sur ma table de chevet. Allez, souhaitez-moi une bonne lecture!

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PS: Excellent livre que j'ai dévoré en huit jours. 700 pages bien tassées et pourtant on voit pas le temps passer. Sevré d'écriture (on ne le reprendra plus), l'auteur déambule dans Paris pendant une semaine dans les milieux "culturels". Journalisme, édition, mode, télévision, art contemporain, web... Tout ce joli monde vue à travers la lorgnette de Nabe. Chacun pris aux pièges de ses petites médiocrités quotidiennes. Personne n'échappe au jeu de massacre, comme d'habitude tout est vrai, un livre qui n'aurait jamais pu être publié chez aucun éditeur en l'état. Vous pensez, une coupe par pages, combien de nègres pour le livre noir de Nabe? En ces temps de virtuel généralisé, c'est un monde en contraire surréalisé (le terme est de Delfeil de Ton dans le Nouvel Obs) qui nous est donné. C'est très drôle, les références littéraires sont nombreuses comme d'habitude chez Nabe (Joyce, Dante, Céline...). On retrouve avec bonheur le Nabe du Journal ou du Bonheur justement, qui sème ses farces et attrapes, ses espiègleries. Des scènes d'anthologie comme celles entre autres au Palais de Tokyo, du journal unique pour la presse ou avec Julien Doré, Alain Delon... On citerait tout, comme dans le cochon, tout est bon (sauf peut-être avec les passages du Libre Penseur qui nous bassinent un peu, mais c'est sans doute exprès). Une fois refermé, on a envie de remettre le couvert une nouvelle fois. A laisser décanter et à reprendre dans quelques temps. Bref une semaine de lecture jubilatoire comme on n'a rarement l'occasion d'en faire. Mille lecteurs, Nabe? C'est clair qu'avec ce livre, il met dans le mille. Qu'on se le dise, Marc-Edouard Nabe est de retour, et quel retour... (01/03/2010)

PS: pour la réimpression, grammage de la couverture et pelliculage mat ont été rectifiés, résultat impeccable, chapeau Monsieur Nabe! (17/04/2010)

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