684 notes dans la catégorie "Auteurs"

Franz Kafka : entre sa biographie et son œuvre au format numérique

KafkaPassionnante biographie de Franz Kafka de Reiner Stach qui vient de paraître au Cherche-Midi. C'est seulement le premier volume d'une trilogie pour l'instant. On est stupéfait qu'il ait fallu attendre plus de douze années pour découvrir une traduction en français. J'ai rarement pris autant de plaisir à lire une biographie, un texte littéraire d'une grande qualité, compliments au traducteur Régisquatresous. J'ai voulu reprendre la lecture de l'œuvre de Kafka au fur et à mesure du texte et j'ai eu une riche idée je dois dire, tant les échos entre la biographie et les textes se renvoient dans un sens comme dans l'autre. Cela a été aussi l'occasion de me pencher sur une édition numérique digne de ce nom.

Il faut bien dire que ce n'est pas facile, Franz Kafka est loin de faire l'objet d'une attention particulière en la matière. En Allemagne, l'œuvre de Kafka est bien sûr disponible, elle est entré dans le domaine public depuis bien longtemps. On se procurera aisément une bonne édition complète (Gesammelte Werke) à petit prix. Même chose en anglais, en espagnol, en japonais, etc. En français, rien de tout cela. Les éditions dans la Pléiade chez Gallimard soigneusement privées de versions numériques, il ne reste que celles des poches dans des traductions plus anciennes, chez Folio et Garnier-Flammarion, complétés par quelles autres éditions ici et là. Alors que Franz Kafka est sans doute l'auteur qui bénéficie d'une immense bibliographie dans toutes les langues (peut-être même la plus grande), pour le lire en français en version numérique il vous faudra bricoler au gré du catalogue disponible. Plusieurs dizaines d'euros au total sans avoir fait le tour de son œuvre, loin de là, avec des traductions qui sont amorties depuis des décennies chez les éditeurs, que l'on trouve dans toutes les boites à livres du territoire. Pas de quoi être bien fier pour notre pays pour une œuvre aussi universelle aujourd'hui...

Comment faire alors pour lire tout Kafka? Une base de départ, les traductions d'Alexandre Vialatte des principaux romans et nouvelles, qui entreront dans le domaine public en 2041. Laissées en jachère par Gallimard, vous les trouverez aisément et gratuitement du côté d'Ebooks Gratuits. Comme d'habitude, ce sont d'ailleurs celles qui sont récupérées ici et là chez les pseudos-éditeurs sur les plate-formes. Certaines traductions plus récentes sont disponibles. Pour le reste plus compliqué, Contemplation/Considération au Castor Astral ou G.-F., les différents récits chez Folio et G.-F. (soyez vigilent pour ne pas acheter deux fois), Le Terrier du côté de L'Herne, le Journal chez Folio paru heureusement il y a deux ans. Pour les traductions de Marthe Robert, de Catherine Billmann (Actes Sud), celles d'Alexandre Vialatte de La Muraille de Chine et surtout de L'Amérique, rien du tout. On se demande bien pourquoi la traduction plus récente de Amerika, le Disparu n'est pas proposé au format numérique chez G.F. C'est insensé pour un livre de cette importance dans l'œuvre de Kafka. Allez comprendre... Il vous faudra patiemment reconstituer le puzzle, l'ordre des textes comme leur globalité. On a l'impression que Gallimard attend délibérément l'année prochaine (centenaire de la naissance de Kafka) pour proposer enfin les traductions récentes parues dans la Pléiade, dans des versions poche et numérique. En attendant, bon courage donc pour lire tout Kafka au format numérique.


Jean-Pierre Martinet : petit retour et puis repartira...

MartinetEt l'on reparle de Jean-Pierre Martinet. Au fil des années, Le Dilettante, Finitude, L'Arbre vengeur, c'est aujourd'hui un autre éditeur L'Atteinte qui remet en lumière le dernier livre de cet auteur, L'Ombre des forêts paru à la Table Ronde en 1987. Autant de "petits" éditeurs qui ont essayé d'extirper des limbes Jean-Pierre Martinet, disparu en 1993, aujourd'hui bien confidentiel. Son dernier livre était indisponible dans sa version de poche à La Petite Vermillon parue en 2008. C'était d'ailleurs la seule version poche qui existait de ses livres. Martinet exclu des catalogues, du numérique aussi d'ailleurs, hormis quelques titres secondaires. Ses principaux livres comme Jérôme ou La Somnolence, découverts en leurs temps par Jean-Jacques Pauvert ou Le Sagittaire de Gérard Guégan, des crémeries passées dans les laiteries industrielles des groupes. Que peut bien peser Jean-Pierre Martinet dans leurs lignes de comptes, par compte même interdits de poche, pas question de libérer les formats numériques.

Martinet, un auteur qui compte pour tout ceux qui se sont plongés dans ses livres, un univers qui n'appartient qu'à lui. J'en fait même un signe de la qualité d'une librairie quand j'en découvre une nouvelle. Martinet est-il sur une étagère perdu autour de Martin du Gard, Maupassant, Mauriac, avant celle bien pleine de Musso?  Pendant quelques semaines en ce début d'année il aura la primeur de quelques tables, se frottant aux piles de la rentrée littéraire et puis s'en ira, les purgatoires sont décidément bien verrouillés pour les auteurs qui ne rentrent pas dans les moules. Combien de lecteurs pour lui? Comment Martinet pourrait-il bénéficier enfin du statut qu'il mérite sans voir ses trois principaux livres passer dans des versions de poche et le numérique associé? On n'ose bien sûr pas évoquer une pléiade, vous imaginez bien, plus modestement une édition complète en Bouquins (comme récemment Jean-René Huguenin) ou autre qu'il mériterait amplement.

Les passages météores chez des petits éditeurs depuis une quinzaine d'années, dans des versions en grand format aux prix élevés le maintiennent soigneusement dans l'ornière qu'il ne devrait jamais quitter. Une stratégie de l'échec de l'auteur soulevé il y a bientôt dix ans dans cet article de Causeur, une même stratégie de l'échec éditoriale aujourd'hui. Le temps hélas n'y change rien...


Tout Eugène Dabit en numérique

Eugene-dabit-portrait-dyvonne-chevalier-au-fauteuilAprès "La Zone Verte" en janvier, je viens de terminer de numériser "Yvonne" d'Eugène Dabit, en collaboration avec la BNR. Un livre inédit paru chez l'éditeur Bernard Pascuito fin 2008. L'éditeur a malheureusement disparu quelques années plus tard, le livre indisponible depuis.

Si nous connaissons Eugène Dabit (1898-1936) par son livre "L'Hôtel du Nord" qui a connu une destinée cinématographique providentielle avec son histoire d'atmosphère, nous connaissons moins ses autres livres, c'est une véritable injustice pour un écrivain parti bien trop tôt. Beaucoup de plaisir et de fierté à sortir ce livre des limbes dans lequel il se trouve comme tant d'ouvrages indisponibles. On se demande bien pourquoi Gallimard n'a pas trouvé l'intérêt de le reprendre dans sa collection L'Imaginaire parmi les autres, d'autant plus qu'il n'est plus question de droits, l'écrivain dans le domaine public depuis bien longtemps.

"Yvonne" est un magnifique portrait de femme en recherche d'émancipation, un beau témoignage posthume envers le talent d'écrivain d'Eugène Dabit, dont l'action se situe dans le milieu des peintres et des modèles parisiens. Un milieu que l'auteur connaissait bien puisqu'il a longtemps hésité entre l'écriture et la peinture, sa compagne Béatrice Appia elle-même peintre, leur atelier installé rue Paul de Kock dans le XXème arrondissement de Paris (voir la page d'Eugène Dabit sur ArtNet).

L'équipe de la Bibliothèque Numérique Romande a décidé la publication de l'ensemble de l'œuvre d'Eugène Dabit. Les parutions vont se poursuivre durant toute cette année. Restez vigilent...

[llustration : Portrait d'Yvonne Chevalier au fauteuil d'Eugène Dabit.]


Eugène Dabit : Faubourgs de Paris

DabitBelle publication du côté de la Bibliothèque Numérique Romande, celle de "Faubourgs de Paris" d'Eugène Dabit. Vous connaissez tous le célèbre film "Hôtel du Nord" qui avait été tiré du roman de ce même Eugène Dabit, emporté trop tôt en 1936 à l'âge de 37 ans seulement. Mais tant d'autres bons livres aussi. Injustement oublié aujourd'hui, Eugène Dabit mériterait bien mieux. Plusieurs de ses livres dans la collection L'Imaginaire chez Gallimard, qui n'a pas même daigné les proposer en version numérique, absent chez Gallica bien sûr, c'est bien verrouillé. Nos biens communs de notre littérature, toujours... J'espère que nos amis suisses de la BNR se lancent aujourd'hui dans la publication de tous ses livres. Lisez ce premier titre (proposé gratuitement comme d'habitude, dans tous les formats), les quartiers populaires de Paris et de sa banlieue, épatant, c'est par ici.

PS: En effet, la BNR annonce à paraître bientôt "L'Ile" et "Petit-Louis"; à signaler une excellente version d'"Hôtel du Nord" chez Efele.


Jack Kerouac : relire son œuvre complète

KerouacOn aura beaucoup parlé de Céline et de Proust cette année. Assez peu d'un écrivain dans la lignée, je veux parler de Jack Kerouac dont c'était le centenaire de la naissance au printemps dernier. 1922, Proust s'en va, Kerouac arrive... Un auteur dont l'importance est de plus en plus évidente au fil des années et qui va bien au-delà du simple phénomène littéraire de Sur la Route. L'occasion de relire l'ensemble de son œuvre, notamment La Légende de Duluoz, nom générique donné par l'écrivain à la majeure partie de son œuvre, dont il disait lui-même :

« Mon œuvre compose un grand livre, à la manière de la Recherche du temps perdu de Proust, à la différence que mes souvenirs sont écrits comme durant une fuite plutôt que malade dans mon lit. En raison des objections de mes premiers éditeurs, il ne me fut pas permis d'employer les mêmes noms de personnages dans chacune de mes œuvres. Sur la route, Les Souterrains, Les Clochards célestes, Docteur Sax, Maggie Cassidy, Tristessa, Les Anges vagabonds et les autres ne sont que des chapitres d'un ensemble que j'appelle La Légende de Duluoz. Étant âgé, j'aimerais rassembler toute mon œuvre, réinsérer mon panthéon de noms identiques, laisser la longue étagère pleine de livres, et mourir heureux. Cette chose dans son ensemble forme une énorme comédie, vue au travers des yeux du pauvre Ti'Jean (moi), également connu sous le nom de Jack Duluoz, un monde d'actes et de folie déchaînés et aussi d'aimable douceur vue au travers du trou de serrure de ses yeux ». (source).

Jack Kerouac pensait pouvoir, à la fin de sa vie, rééditer toutes son œuvre en redonnant à ces personnages leurs noms d’origine, car ses éditeurs de l’époque l’ont obligé à changer les noms dans les différents livres qu’il a publié. Décédé prématurément à l'âge de 47 ans en 1969, il n'aura pas eu le temps d'aller jusqu'au bout de son projet, aujourd'hui 14 livres (peut-être 16), 14 chapitres de cette Légende de Duluoz. Pas d'œuvres complètes malheureusement. Une compilation incomplète était sortie il y a 20 ans dans la collection Quarto, elle est désormais bien dépassée avec l'ancienne traduction décevante de Sur la Route. Pour le centenaire, Gallimard (à défaut d'une Pléiade que beaucoup jugeront incontournable pour l'un des auteurs américains les plus importants du XXème siècle), aurait pu faire au moins l'effort d'une nouvelle publication en Quarto. Juste Le Livre des Rêves dans l'Imaginaire, un roman inédit L'Océan est mon frère et Mexico Blues en Poésie/Gallimard. C'est peu pour une année centenaire.

Il faudra se tourner vers les éditions de poche et les grands formats parus chez Gallimard, Denoël et la Table Ronde. Versant numérique, presque tous les livres sont proposés hormis Visions de Cody et Vanité de Duluoz, dans la série de la Légende justement. Une somme conséquente. J'attire votre attention sur l'offre en bibliothèque pour alléger.

Beaucoup piratée par nos amis québecois et les francophones dans le monde entier on s'en doute, l'œuvre originale de Kerouac, dans toute son étendue (romans, essais, poèmes et correspondance) et sa complexité, fait partie du domaine public au Canada depuis le 1er janvier 2020.


Charles Ferdinand Ramuz au format numérique

RamuzEntré dans le domaine public depuis le 1 janvier 2018, l'écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz fait l'objet d'une très complète numérisation de tous ses livres de la part de l'équipe de la Bibliothèque Numérique Romande. Je l'avais signalé à l'époque, le chantier continue avec des parutions régulières, la dernière le mois dernier. Un grand soin est apporté. Pour l'instant 33 titres sont proposés gratuitement dans tous les formats, c'est par ici.


Tout Rabelais chez Bouquins: pertinence de la version numérique

CoverÉvénement en cette rentrée que la parution de ce "Tout Rabelais" aux Éditions Bouquins, en coédition avec la librairie Mollat, comme l'avait été le dernier Montaigne, il y a trois ans. À signaler la très belle préface de Romain Menini et l'important appareil de notes proposé à la fin du copieux volume, sacrée brique. Tout Rabelais en un seul livre, saluons le pari éditorial.

En ce qui concerne la version numérique, déjà saluer l'éditeur, le seul à proposer des œuvres complètes avec La Pochothèque je pense; à contrario de la Pléiade, Omnibus, Babel et d'autres encore. Alors que ces derniers sont sur la défensive par rapport au format numérique, Bouquins propose résolument les versions à la parution des ouvrages.

L'intérêt de cette nouvelle édition de Rabelais est à la fois de donner un texte original aussi exact que possible des livres complets, mais aussi de proposer une version moderne, une "translation" (c'est le terme utilisé) dans notre langue actuelle. À chacun de choisir...

Dans la version imprimée, le texte original est donné systématiquement en belle page, la translation en regard sur les pages de gauche. Personnellement j'aurais préféré le choix inverse. Je comprends le choix éditorial mais j'ai toujours eu beaucoup de difficulté à mener la lecture de Rabelais en vieux français sur des centaines de pages. La translation est pour moi le socle de ma lecture. Cela a toujours été le cas, comme du temps où mon édition préférée était celle dans l'Intégrale au Seuil. Si d'ailleurs vous pouvez vous la procurer à petit prix sur le marché de l'occasion, n'hésitez pas.

Dans ce "Tout Rabelais", comme la disposition des textes en regard est impossible bien évidemment dans une version numérique, l'éditeur propose dans celle-ci intelligemment trois versions à la suite :

  • le texte original seul.
  • le texte dans la translation moderne seul.
  • le texte dans l'original et la translation, au fur et à mesure du texte à la suite, alternativement dans l'ordre des pages.

Ce qui relève d'un codex pour la version imprimée est donné en quelque sorte sous forme de volumen dans la version numérique.

Dans la version numérique, le lecteur peut faire le choix de la version qui lui convient, oublier le texte original en continu ou apprécier celui-ci seul ou en comparatif. C'est plus de 7000 pages qui sont proposés avec les reprises au lieu des 2000 pages de la version imprimée.

C'est remarquable, la complémentarité entre la version imprimée et numérique est un vrai atout pour le lecteur moyen comme pour le chercheur. C'est là aussi que l'on voit l'absurdité actuelle de ne pas pouvoir proposer une offre couplée, celle-ci aurait un sens évident.

Félicitations à Bouquins/ Mollat pour cette édition la plus complète que possible de l'œuvre de Rabelais, dans le fond comme dans la forme; quand le numérique vient enrichir lui aussi l'accès aux textes. Bientôt cinq cent ans après leurs parutions, la rupture du codex s'en trouve amplifier...

Un petit hommage, entre pérennité et modernité...

Rabelais

 


Marcel Proust : centenaire de sa mort

ProustCentenaire de la mort de Marcel Proust le 18 novembre prochain, la rentrée nous promet sans doute encore de nombreuses publications, manifestations, podcasts et mises en ligne diverses autour de l'écrivain et de son œuvre. Versant numérique, à signaler la mise à jour importante du site marcel-proust.com qui propose l'intégrale du texte de la Recherche en ligne avec les résumés, des citations, des études, etc. Regret de ne pas trouver de versions en ePub ou en PDF pour les lecteurs. Je vous redonne le lien vers le billet que j'y avais consacré il y a plus de cinq ans. C'est par ici avec une excellente version numérique. Je vous recommande également l'excellent Proustonomics, incontournable s'il en est, vous ne manquerez rien. L'œuvre de Marcel Proust à partager sans modération, elle est depuis 35 ans dans le domaine public, s'il fallait le rappeler.

PS : si vous recherchez une version audio de La Recherche libre et gratuite, je ne saurais trop vous conseiller l'excellente version réalisée par les sociétaires de la Comédie Française l'année dernière, en relais soir après soir, comme un mini-marathon en écho à la mise en scène par Christophe Honoré du «Côté de Guermantes» jouée au Théâtre Marigny. Magnifique évidemment, quand on a le meilleur. Pas moins de 149 lectures au total, sans modération...

C'est par ici.


Un été avec Blaise Cendrars : quelles oeuvres complètes ?

ImagcendrarsCet été en compagnie de Blaise Cendrars. L'envie de relire tous les livres de cet écrivain très important dont j'avais déjà lu plusieurs titres par le passé. L'occasion aussi de regarder quelle édition choisir et plus largement le statut de ces œuvres complètes disponibles chez les éditeurs français. Laquelle choisir?

Les œuvres complètes de Cendrars ont été publiées juste après la mort de l'auteur entre 1960 et 1965 aux Éditions Denoël, dans une belle édition en 8 volumes en toile verte sous jaquette. Au début des années 2000, sous le titre général « Tout autour d’Aujourd’hui », une nouvelle série, enrichie de préfaces et d’annotations, remplace la première édition, cette fois-ci en 15 volumes brochés. Cette édition est disponible au format numérique au seul format PDF, pas de version ePub, bien dommage que l'éditeur n'ait pas fait l'effort. En plus 20€ le volume, vous imaginez la somme, j'ai oublié. Autre édition, celle dans la Pléiade, en deux volumes sortis en 2013, mais ce sont ces seules œuvres autobiographiques qui sont disponibles. Exit bon nombre de titres importants. Comme vous l'aurez peut-être déjà remarqué, je ne suis pas très amateur de cette collection. Je ne reviendrais pas sur un certain "snobisme de mise" autour de cette collection au fil des années, c'est aussi le développement sans cesse des appareils critiques qui gonflent les volumes de manière intempestive à mon sens. Ce n'était pas la philosophie de cette collection à ses débuts. Lire un grand écrivain sans la glose universitaire. C'est aussi le corps bien petit de la typographie, l'absence de marges qui me rebute. Au fil des années, je me suis débarrassé de bon nombre de Pléiade que je n'avais plus l'envie de relire sous ce format, La Recherche de Proust notamment, relu au format numérique il y a quelques années. Bref, oublié la Pléiade...

Rien chez Quarto, Omnibus ou Bouquins bien sûr dont j'aime tant la complémentarité du numérique. J'aurais pu aussi choisir les versions numériques disponibles chez Folio, mais pour une somme identique voire bien moindre, je préfère une version imprimée. J'ai mis de côté la version brochée, j'ai fait le choix de la première édition sans appareil critique, publiée dans les années 60 d'occasion. Revenir aux fondamentaux en quelque sorte. Je pensais acheter les 8 volumes au fur et à mesure, en fouillant j'ai trouvé pour 120€ les 8 volumes d'un coup, en très bon état. Près de 4500 pages au total. Une belle étagère dans ma bibliothèque, de belles reliures en toile qui n'existent plus chez les éditeurs aujourd'hui, des éditions qui étaient courantes dans les années 60 à 80 chez les éditeurs comme en versions club et qui ne sont plus utilisées aujourd'hui, c'est bien dommage. Bon nombre d'écrivains importants mériteraient de telles éditions de prestige aujourd'hui.

Il faudrait absolument repenser ces éditions de prestige, relancer peut-être des souscriptions, je pense qu'il y aurait un public pour cela, le dernier succès de Lovecraft chez Mnemos est un signe évident. N'hésitez pas à me laisser vos commentaires, bel été à vous.


Ulysse de James Joyce en version numérique

JoyceUlysses2Centenaire de la publication d'Ulysse de James Joyce hier, c'est l'occasion de mettre en valeur ce grand classique de la littérature du XXème siècle. Rappeler aussi qu'il est toujours absent au format numérique chez l'éditeur. Le site EbooksGratuits le propose heureusement depuis quelques années.

Il s'agit de la traduction de référence d'Auguste Morel revue par Valéry Larbaud, Stuart Gilbert et l'auteur lui-même, sortie en 1929 à la Maison des Amis des Livres d'Adrienne Monnier. Joyce "pléiadisé" en 1995 avec cette traduction, Gallimard en proposait une nouvelle en 2004, relançant évidemment ainsi les droits pour la maison. L'éditeur n'a rien juger bon de faire en cette année de centenaire...

Cent ans après sa sortie en langue anglaise en 1922, Ulysse de James Joyce est bien sûr dans nos biens communs avec l'ancienne traduction, téléchargeable librement pour tous les francophones. Une version réalisée avec le soin habituel qui caractérise nos amis québecois d'EbooksGratuits. Un considérable travail de numérisation et de corrections, près de 800 pages au total. A retrouver sur le site en deux volumes ici et ici.

Vicissitude de cette traduction: "Avant même que la traduction française sorte, en 1929, aux Amis du livre, Gaston Gallimard comprend qu'il a fait une grosse erreur en laissant filer ce livre. Il alterne lettres patelines et propositions fermes en direction d'Adrienne Monnier. Rien n'y fait. Mais, finalement, celle-ci, en proie à des difficultés financières, cède, en 1937. Au terme de longs marchandages, Gaston rachète Ulysse pour 22.000 francs (soit 12.000 euros d'aujourd'hui) et 5% des droits à Joyce. Comme avec Du côté de chez Swann de Marcel Proust, il récupère le stock restant et le recouvre de la célèbre couverture de la NRF. Joyce est "blanchi"" (via L'Express). Toutes éditions confondues, une bien belle affaire...

Je vous propose une version en un volume. Merci de télécharger parallèlement les versions d'EbooksGratuits pour saluer leur travail.

Téléchargement Joyce James-Ulysse

Si vous souhaitez la version originale en langue anglaise, je ne saurais trop vous conseiller l'excellente version chez PlanetEbook.


Joël Dicker fait le choix du sans DRM pour ses livres numériques

L-Affaire-Alaska-SandersIntéressante initiative de la part de Joël Dicker, qui publie aujourd'hui son nouveau roman "L'Affaire Alaska Sanders" sans DRM avec un seul tatouage numérique, sur les plate-formes des acteurs indépendants. C'est à mon avis la première fois qu'un auteur de grands best-sellers se lance dans une telle initiative. Joël Dicker a créé sa propre maison d'édition Rosie & Wolfe, autant dire bien sûr qu'il a les coudées franches pour ce choix. La distribution numérique semble être le fait de son distributeur Editis, dont beaucoup d'éditeurs indépendants distribués sont déjà sans DRM.

C'est intéressant d'autant plus que ces best-sellers sont les premiers livres à être piratés très rapidement, souvent dans la journée même de publication. S'il y avait une crainte de la part des groupes il y a dix ans au démarrage du marché, c'est un secret de polichinelle aujourd'hui. Jamais une quelconque DRM n'a empêché cette diffusion illégale, elle n'a aucune espèce d'influence sur les ventes. Ces verrous ne font que renforcer l'hégémonie propriétaire des grandes groupes anglo-saxons. Plus vertueux un tatouage numérique discret sur le fichier, véritable marque de confiance entre l'éditeur et le lecteur. Ce lecteur qui peut disposer du fichier dans son entourage proche comme il le ferait avec un livre imprimé. Succès donc au nouveau livre de Joël Dicker chez les libraires indépendants, qui viendra peut-être écorner cette plaie des DRM et relancer un débat qui semble au point mort aujourd'hui.


Dante : 700ème anniversaire - La Divine Comédie en version numérique, Gustave Doré

DantecvAujourd'hui même 14 septembre, voit le 700ème anniversaire de la mort de Dante en 1321. C'est l'occasion de nombreuses publications chez les éditeurs. Je remet en valeur ce billet paru au printemps dernier sur mon blog personnel.

J'avais démarré il y a deux ans maintenant une numérisation de la Divine Comédie dans la traduction en vers rimés de Louis Ratisbonne parue en 1852 (voir sur Calameo). Une belle version imprimée que j'ai dans ma bibliothèque depuis des années, j'y reviens régulièrement. Au fur et à mesure, L'Enfer, Le Purgatoire et Le Paradis, j'ai décidé d'inclure dans cette version les magnifiques illustrations de Gustave Doré, si inséparables désormais de l'œuvre de Dante, que j'ai récupéré sur le site de Gallica (76 au total dans ce seul Enfer). La traduction a été publié pour la première fois chez Michel Lévy en 1852, les illustrations dans une autre édition chez Hachette à partir de 1861.

Les débats sont toujours aussi vifs aujourd'hui entre le recours à la prose ou aux vers libres/ rimés pour les traductions, c'était déjà le cas au XIXème siècle, vous lirez dans la préface de l'époque. Personnellement, je trouve que la traduction en vers (en plus ici rimés, même si c'est sur un mode un peu différent de la célèbre terza rima de Dante) donne une toute autre dimension à cette œuvre universelle. À sa publication, Lamartine ne s'était d'ailleurs pas trompé pour la saluer.

Assez fier du résultat de cette version, une belle harmonie entre texte et illustrations, j'espère que vous apprécierez. Pour les illustrations j'ai fait au mieux par rapport à ce dont je disposais, que cela soit aussi raisonnable en terme de poids.

Les trois versions ePub sont disponibles en téléchargement. D'ici la fin de l'année j'avancerais sur une version imprimée à la demande.

Merci d'avance pour vos commentaires. Très bonne lecture, Dante éternel...

Téléchargement Dante_Alighieri_La_Divine_comedie_L_Enfer

Téléchargement Dante_Alighieri_La_Divine_comedie_Le_Purgatoire

Téléchargement Dante_Alighieri_La_Divine_comedie_Le_Paradis


Arsène Lupin : un ebook complet de la série

Lupin-250x175Je reprends quelques billets publiés sur mon défunt blog perso (merci InternetArchive). Depuis le printemps on parle beaucoup d’Arsène Lupin avec la série sur Netflix qui cartonne. La célèbre série de l’écrivain français Maurice Leblanc publiée entre 1907 et 1941 redevient pour cette année un phénomène d’édition. Les éditeurs évidemment s’en sont emparés, c’est bien. Beaucoup moins pour les versions numériques et les propositions indécentes dans les librairies et les bibliothèques. Des amis m’avaient demandé quelle version numérique acheter. Cela a été l’occasion de parler du domaine public, Maurice Leblanc décédé en 1941, tous ses livres sont dans nos biens communs, libre d’accès pour tous. J’ai regardé un peu ce qui était disponible. Le site Ebooks Gratuits avait tout numérisé, corrigé et mis en ligne il y a une quinzaine d’années avec le soin habituel qu’on leur connait. Depuis évidement, de nombreux pseudo-éditeurs se sont empressés de récupérer ces textes pour les mettre en vente sur les plate-formes. Sans relecture supplémentaire ni ajouts, les mises en forme sont faites avec les pieds, vous pensez bien. Avec une série aussi populaire, c’est d’ailleurs l’occasion de lister tous ces aigrefins, ils sont tous là. Allez, gardez-vos petits euros pour autre chose, soyez attentif dans vos recherches.

Au printemps dernier j’ai préparé un fichier ePub complet, les 22 romans d’Arsène Lupin, près de 3800 pages au total. Mes amis sont ravis, je vous le partage volontiers, n’hésitez pas…

C’est aussi l’occasion de parler du domaine public autour de vous. Arsène Lupin est dans nos biens communs. À partager sans modération, bonne lecture !

Fichier:

Téléchargement Leblanc Maurice-Arsene Lupin complet


L'Odyssée de Nikos Kazantzaki (chants XIII à XXIV)

NikosJe vous propose le deuxième volume de "L'Odyssée" de Nikos Kazantzaki. Un important travail de numérisation entrepris le 22 mars dernier au démarrage du confinement (lire ici). Deux mois tout juste, j'en ai fini. 24 chants, 33.333 vers, 1.611.482 signes, deux volumes respectivement de 484 et 488 pages.
Une pensée particulière pour un libraire d'ancien, spécialiste des ouvrages grecs anciens et amoureux de la Grèce. Entre nos échanges à propos de "L'Odyssée" d'Homère et du "Colosse de Maroussi" d'Henry Miller, c'est lui qui m'a ouvert le chemin de Kazantzaki et de son "Odyssée" à la fin de l'année dernière, je l'en remercie. Ne me restait plus qu'à me procurer cet ouvrage complètement introuvable, même dans les bibliothèques. Paru au début des années 70, jamais réédité, indisponible depuis trop longtemps dans sa traduction française, il m'a semblé important de m'atteler à la tâche. Ce livre est à découvrir sur la plateforme Calaméo.
La version numérique au format ePub est disponible sur demande (je répondrais à vos commentaires en mode privé). Bien évidemment, je me réjouirais qu'un éditeur ressuscite enfin ce livre dans une édition imprimée. Ce travail pourra être transmis.

Je veux témoigner du plaisir particulier à m'être confronté au quotidien à ce texte pendant ces deux mois. Je suis ravi de vous le proposer aujourd'hui.


L’Odyssée de Nikos Kazantzaki : version numérique - Chants I à VIII

Kazantzakiodyssee-page-001En ce lundi de Pâques je termine le premier tiers du poème.
Cette première étape c'était l’assouvissement de la Beauté et l’expérience de l’Éros dont parle Jacques Lacarrière, la rhapsodie de l’Amant, du conquérant des femmes. "Ulysse enlève Hélène à Sparte, enlève Dictynna, fille du roi de Crète, où il s’adonne aux orgies et aux mystères taurins, et qu’il quitte après avoir incendié le palais de Cnossos. Femmes et flammes, tels sont les thèmes de cette première étape, un voyage au cœur du Désir".
La Grèce derrière moi, en route pour l'Arabie...
Toutes voiles dehors, j'avance à un bon rythme, je pense terminer avant la fin mai, sans doute avant la fin du confinement qui sait.
Plus de 400 pages faites, je mettrais les douze premiers chants sur Calaméo ; en attendant la version ePub est bien entendu disponible sur demande.
J'espère que vous avez tous de bons livres, prenez soin de vous.
 
PS: merci à Poezibao pour son relais, ce site est une mine de trouvailles en cette période.
A voir également ce court interview à la télévision française en 1957; il prend un relief particulier dans la période que nous vivons actuellement.
 


L’Odyssée de Nikos Kazantzaki : version numérique - Chants I à IV

CoverJe vous propose aujourd'hui les 4 premiers chants de L'Odyssée de Kazantzaki. Un ouvrage indisponible dans sa traduction française depuis des décennies, il est très onéreux de se le procurer sur le marché de l'occasion.

Le billet introductif est ici. En avance sur mes prévisions, j'avance à un bon rythme chaque jour. Je prévois les prochains chants vers le 10/15 avril.

La version au format ePub est disponible sur demande, m'en faire part dans les commentaires. N'hésitez pas aussi à me signaler les coquilles qui pourraient rester.

À lire sur la plate-forme Calaméo. Très bonne lecture.


L’Odyssée de Nikos Kazantzakis : version numérique

KazanDurant cette période de confinement exceptionnelle, je rouvre ce blog. Je vais entreprendre un vaste chantier qui va compléter celui que j’avais entrepris l’année dernière autour de l’Odyssée d’Homère, voir ici.

Nikos Kazantzakis ou Kazantzàki (1883-1957) est un écrivain grec principalement connu pour son roman Alexis Zorba. Entre 1924 et 1932, il compose son Odyssée, une vaste épopée poétique de 33.333 vers qu’il considérait comme son œuvre majeure.

Kazantzakis prend le parti de prendre la suite d’Homère. Ulysse, revenu à Ithaque, décide d’en “repartir à jamais sur les mers et les routes du monde”. Cette Odyssée représente pour certains l’un des plus grand exploit poétique du XXè siècle. La traduction française de Jacqueline Moatti a été publié à la fin des années 60. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle n’a jamais été rééditée depuis. Pour donner une idée la traduction anglaise est toujours restée disponible chez Simon & Schuster.

Tout est artifices de l’âme et jeux de l’esprit, tout est vent qui souffle et ouvre les tempes.

Un rêve léger et ce monde est né.

Partons à la conquête du monde, amis, avec le chant !

 

NikosComme celui d’Homère, le poème est composé de 24 chants ; j'essaierais de me tenir à un chant tous les deux/trois jours, soit entre 48 et 72 jours (soit le mercredi 3 juin maxi) ; je pars sur une hypothèse longue de notre confinement, bien sûr, j’espère que nous n’irons pas jusque-là, cependant sans trop d’illusions. C'est un rythme soutenu (près d'un millier de pages bien serrées), numériser, corriger, mettre en ligne.

Je procéderais à la publication sur le site Calaméo tous les quatre chants, je vous proposerais également une version ePub au fur et à mesure (à me demander dans les commentaires).

La première date, en principe le 4 avril prochain, à suivre...

M’évader avec ce projet va m’occuper dans mon quotidien. Je sais trop la chance que j’ai d’être bien portant ; je pense aux malades, à tous ceux qui luttent déjà et vont lutter auprès des malades, des plus faibles dans toute l’Europe. Humblement, c’est une petite pierre à notre culture européenne et universelle que je peux apporter, mais elle sera durable pour tous les francophones.

Nikos Kazantzakis décédé en 1957, je sais parfaitement que ce livre est sous droit ; il sera temps après la période que nous traversons pour le proposer à l’éditeur s’il envisage à nouveau sa publication. Nous verrons bien.

Près de trente siècles après Homère, la Grèce, l’invitation au voyage, le destin de l’homme, la poésie, les mots, l’imagination, j’espère que vous aurez le même plaisir que moi à lire cette Odyssée. Pour vous donner envie, plus que de grands discours de ma part, je vous donne ci-dessous le texte éblouissant de Jacques Laccarrière publié dans son Dictionnaire amoureux de la Grèce, publié chez Plon en 2001. Il nous a quitté lui-même il y a une quinzaine d'années.

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Lacarr"Il eut son heure de gloire au lendemain de la guerre, grâce principalement à ses romans et surtout à Alexis Zorba, le plus connu d’entre eux. Kazantzakis est un monument de la littérature grecque d’aujourd’hui, un monument que, dans notre jargon moderne, on pourrait dire incontournable. Pourtant je le contournerai, pour ne m’attarder que sur un aspect bien précis et particulier de son œuvre, je veux parler de l’Odyssée, plus exactement de son Odyssée, poème épique de trente-trois mille trois cent trente-trois vers exactement, qui demeure pour moi l’entreprise la plus folle et la plus fascinante de ce XXe siècle. Kazantzakis ne vivait que dans l’ombre et le murmure des grands esprits et s’entretenait quotidiennement avec Homère et Dante – il le dit presque dans ce merveilleux et admirable livre qu’est son Anaphora ston Gréco, traduit en français par Lettre au Gréco, l’œuvre de lui que je préfère de loin à toutes les autres. Oui, et quelquefois aussi il conversait avec Nietzsche, Bouddha et Lénine. Ne sourions pas puisqu’on retrouvera leur trace, ombres, murmures, chants ou prières, dans l’Odyssée. Un monument elle aussi de la littérature, cette Odyssée, traduite en français et en anglais, et que Kazantzakis reprit, réécrivit intégralement à trois reprises ! Je ne vais pas en résumer les vingt-quatre chants – le même nombre que dans l’œuvre d’Homère -, je dirai simplement que cette œuvre n’est pas du tout une reprise mais une continuation de celle d’Homère et qu’elle restera sûrement comme le dernier poème épique de notre siècle. Ce que propose Ulysse en cette folle entreprise n’est rien de moins que l’édification d’un nouveau monde et la genèse d’un nouvel homme. Rien de moins que la mise en chantier d’une Utopie de notre temps. Y est-il parvenu ? Je laisse à l’éventuel lecteur le soin d’en juger par lui-même. Pour ma part, je sais que pendant la double traversée de cet océan poétique – car je l’ai lu d’abord en grec et plus tard en français -, je me suis senti comme un moderne Robinson dérivant sans fin sur une île flottante !

    Voici le compte rendu que j’en ai publié dans le journal Le Monde du 28 janvier 1972 :

   UNE ODYSSÉE DE NOTRE TEMPS
    Ronsard disait dans un poème des Amours « Je veux lire en trois jours l’Iliade d’Homère. » Combien de jours faut-il, dans notre monde d’aujourd’hui, pour lire les trente-trois mille trois cent trente-trois vers de l’Odyssée de Nikos Kazantzakis, que voici traduite en français ? Dès que l’on aborde les premières mesures de cette rhapsodie gigantesque, œuvre d’une vie entière, le temps s’efface, les jours ne comptent plus. Ce poème est un vertige continuel, une démesure, un défi au lecteur lui-même, qui doit, pour l’affronter, s’arrimer solidement au livre, comme pour un long périple au pays des cyclones. Car cet océan poétique ne se traverse pas impunément. Tel Ulysse, on en sort épuisé, mais comme renouvelé, au terme d’une constante et prodigieuse initiation.
    L’Odyssée de Kazantzakis n’est ni une traduction ni une adaptation de l’Odyssée d’Homère, mais une œuvre entièrement originale. Cette Odyssée commence exactement où finit celle d’Homère : au moment où Ulysse, revenu à Ithaque, décide d’en repartir à jamais sur les mers et les routes du monde.
   Cinq étapes marquent, au cours des vingt-quatre chants de l’épopée, ce cheminement d’Ulysse, de son départ d’Ithaque à sa mort solitaire dans les glaces du pôle.
    Première étape : l’assouvissement de la Beauté et l’expérience de l’Éros. C’est la rhapsodie de l’Amant, du conquérant des femmes. Ulysse enlève Hélène à Sparte, enlève Dictynna, fille du roi de Crète, où il s’adonne aux orgies et aux mystères taurins, et qu’il quitte après avoir incendié le palais de Cnossos. Femmes et flammes, tels sont les thèmes de cette première étape, un voyage au cœur du Désir.
    Deuxième étape ; la Faim et la Justice. Cadre : l’Égypte. Dans ce pays où le peuple asservi est en proie à la misère, à la famine, Ulysse combat contre le Pharaon. Capturé et condamné à mort, il se sauve grâce à sa ruse. Ses compagnons sont ici des militants de notre monde : le soldat, le paysan et l’ouvrier. C’est la rhapsodie de la lutte contre l’injustice et la tyrannie, la rhapsodie du Combattant.
    Troisième étape : la Cité idéale. Avec quelques desperados échappés comme lui des geôles de Pharaon, Ulysse s’en va vers les déserts du Sud pour fonder la cité dont il rêve. C’est le monde de la soif et du dénuement volontaire, et, plus tard, de la jungle et des fauves. Les faibles, les indécis, seront éliminés. Seuls resteront les purs, les courageux, “ceux qui sont décidés à tout, même à tuer”. Ils édifient une cité mirifique, dont Ulysse établit les lois : ce sont les Dix Commandements du monde nouveau. C’est la rhapsodie du Bâtisseur et du Maçon des âmes.
    Quatrième étape : l’Ascèse et la Délivrance. Cadre : les montagnes et les rivages de Haute-Égypte. Le rêve s’écroule. La Cité idéale disparaît au cours d’un séisme. Les derniers compagnons d’Ulysse sont engloutis dans le feu de la terre. Resté seul, Ulysse se réfugie sur une montagne, où il vit en ascète. Beauté, justice, Cité, tout lui paraît vain désormais. L’Amant, le Combattant, le Bâtisseur s’effacent devant l’Ascète, qui redescend vers le monde des hommes pour y vivre en mendiant. C’est la rhapsodie de l’expérience libératrice, des ombres congédiées de l’Ascète errant, de la totale liberté.
    Cinquième étape : la mort dans l’univers réconcilié. Cadre : les glaces du pôle Sud. Après avoir erré un temps sur les rivages de la mer Rouge, rencontré sous des formes transposées : Bouddha – un prince indien -, Don Quichotte – un chevalier capturé par des anthropophages -, Jésus – un pêcheur d’une bourgade de la mer Rouge -, Ulysse construit un esquif et se laisse emporter vers le sud. À mesure qu’il avance vers le pôle – où la Mort viendra lui tenir compagnie à la proue du vaisseau – tous les fantômes de son passé, ses femmes, ses compagnons, ses adversaires, ses héros préférés et même les éléments de l’univers, l’escorteront jusqu’à l’ultime instant où il se diluera dans la blancheur de la mer et du ciel.
    Ce que ce résumé est impuissant à rendre, c’est évidemment et en premier lieu le poème lui-même. Car tout cela est dit en vers de dix-sept syllabes que la version française de Jacqueline Moatti a transposés dans une prose évocatrice. La langue utilisée par Kazantzakis – que tant de Grecs ont eu l’absurdité de lui reprocher – n’est pas, comme on l’a dit, une langue fabriquée, absconse, artificielle. C’est la langue même que le poète a employée toute sa vie, celle qui n’existe dans aucun dictionnaire savant. Kazantzakis va chercher ses mots là où ils se trouvent et où bien peu avant lui ont songé à les recenser – « sur la bouche des paysans, des pêcheurs, des bergers et des artistes ».
    Le poète a passé des années à parcourir la Grèce, à noter tout ce qu’il entendait – noms de fleurs, de métiers, appellations familières, termes religieux – pour créer peu à peu une langue qui soit pleinement panhellénique. Ce seul aspect de l’œuvre est déjà en lui-même une entreprise novatrice. Et ce poème, fait de milliers de mots – rarement ou jamais utilisés jusqu’alors en langue littéraire – apparaît déjà, de ce seul point de vue, comme un monument linguistique, un corpus où se trouvent recueillies et souvent rehaussées les expressions, les inventions les plus précieuses de la langue démotique. D’ailleurs, tous ceux qui, dans cette œuvre, vivent et luttent aux côtés d’Ulysse, qui sont-ils ? Ce ne sont pas des intellectuels, encore moins des linguistes, mais des corsaires, des artisans, des bergers, des klephtes, des mendiants, toute une foule de déracinés, de cœurs et de têtes brûlés. Malgré le parti poétique pris par Kazantzakis, malgré ces vers longs et rythmés comme une houle venue du large, c’est bien leur langue que l’on retrouve, toute la langue du monde hellénique. L’Odyssée est aussi le plus grand et le plus merveilleux dictionnaire dont on puisse rêver, c’est une anthologie vivante de la parole grecque.
    Quant aux thèmes et à l’éthique qui se dégagent de cette œuvre, ils constituent le credo que Kazantzakis n’a cessé de proclamer toute sa vie depuis Ascèse, son premier livre, qui se trouve ici magnifié, épuré, au terme d’une série d’épreuves ulysséennes qui recouvrent les itinéraires personnels de l’auteur. À chaque épreuve on peut d’ailleurs faire correspondre le modèle humain ou mythique, l’ombre initiatrice qui dominèrent l’auteur aux différentes époques de sa vie. En Ulysse se conjuguent et se dissolvent tour à tour Tantale, Héraclès, Lénine, Bouddha, don Quichotte, Nietzsche, le Gréco, saint François d’Assise, maître Eckhart et bien d’autres, que l’auteur a nommés « les gardes du corps de l’Odyssée ». Et ce qu’Ulysse vit et découvre au terme du voyage, c’est ce pessimisme héroïque, déjà affirmé dans Ascèse, credo de notre temps. Tout connaître et tout vivre – y compris le meurtre et le sang – pour épuiser le mal, absorber le néant. Être amant jusqu’au bout pour ensuite renoncer à l’Éros, militer jusqu’au bout pour ensuite se désengager, devenir un héros pour renoncer à l’héroïsme, et devenir un saint pour renoncer à la sainteté même.
    Vingt ans avant les philosophes et écrivains de l’Occident, Ulysse découvre en haut de sa montagne l’absurde de la vie. Et en ce sens, cette œuvre nous révèle que ni Camus, ni Sartre ne furent – sur le plan littéraire – les premiers à ressentir et exprimer l’absurde de toute existence, mais Ulysse le conquistador, l’amant, le bâtisseur et le desperado. Les universitaires auront beau jeu – si le cœur leur en dit – de rechercher dans cette œuvre lyrique les influences philosophiques qui, par endroits, la marquent. Ce qu’ils ne pourront toutefois lui ôter – une fois mises en lumière les révélations esthétiques, éthiques, métaphysiques qui jalonnent le voyage d’Ulysse – c’est la flamme qui d’un bout à l’autre la parcourt. Elle emporte le lecteur sur des mers inconnues, des déserts jamais entrevus, des montagnes où le cœur s’endurcit et qui tous sont de notre temps. Beaucoup moins que le chant d’un passé pastoral où l’homme vivait à sa mesure étroite, l’Odyssée est celui d’un présent élargi aux dimensions de la planète."

Jacques LACARRIÈRE,

Dictionnaire amoureux de la Grèce, Plon, 2001, pp. 323-329.

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À signaler l'excellente maison d'édition Cambourakis qui proposent huit livres de Nikos Kazantzakis, voir ici. Ils ne sont malheureusement pas proposés au format numérique.

Voilà, rendez-vous le 4 avril pour la première publication, n'hésitez pas à m'envoyer vos commentaires et me signaler les éventuelles coquilles qui resteraient. Bonne lecture, prenez-soin de vous.


Homère : L'Iliade, toutes les traductions en ebook gratuit

Homer-250x175"Chante, Déesse, la colère du Péléide Achille, pernicieuse colère qui valut aux Achéens d'innombrables malheurs, précipita chez Hadès les âmes généreuses d'une foule de héros, et fit de leurs corps la proie des chiens et de tous les oiseaux — ainsi s'accomplissait la volonté de Zeus — depuis le moment où, sitôt après leur querelle, se séparèrent l'Atride roi des guerriers, et le divin Achille. Quel dieu les jeta dans la lutte et dans ce désaccord ? Le fils de Latone et de Zeus."

Composé il y a près de 2700 ans, L'Iliade, vaste poème et véritable fresque héroïque, peut aussi se lire comme un vrai roman d'aventures. Découvrez-le sans préjugés. Si vous aimez le fantastique, la fantasy, Le Seigneur des Anneaux, Le Trône de fer, et tant d'autres livres, les épopées d'Homère sont aussi pour vous, vous serez surpris...

De très nombreuses traductions en français de L'Iliade d'Homère ont été proposées au fil des siècles. Malheureusement bien peu sont disponibles en version numérique, aussi bien chez les éditeurs que sur les sites gratuits.

Comme pour L'Odyssée, on retrouve très régulièrement celle de Leconte de Lisle parue en 1866. Elle est aujourd'hui datée et pas forcément très accessible pour les lecteurs, notamment pour les plus jeunes. Que dire des numérisations de la BnF sur Gallica? Le travail n'est pas fait. Aucune version n'est disponible au format ePub. De très nombreux livres complètement superficiels au catalogue mais pas les deux poèmes d'Homère, allez comprendre...

On peut signaler l'intéressant site IliadeOdysseefree qui propose librement en ligne beaucoup de ces traductions. Synthèse de numérisations éparses, les textes n'ont malheureusement pas été consciencieusement relus. Il reste énormément de coquilles, il manque même des pages entières, c'est bien dommage. D'autre part, on ne trouve pas sur ce site de versions au format ePub pour télécharger sur les liseuses, smartphones ou tablettes pour des lectures plus agréable et pratique sans connexion.

En ce XXIème siècle, L'Iliade d'Homère mérite décidément mieux, commençons donc...

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Je vous propose des versions numériques au format ePub, soigneusement numérisées, relues et préparées par mes soins. Je les mettrais en ligne au fur et à mesure de mes lectures, en essayant d'être le plus exhaustif possible. J'espère que vous apprécierez.
À vous de choisir la traduction que vous préférerez, vous vous en rendrez compte rapidement au bout de quelques dizaines de pages. Peut-être même vous prendrez-vous au jeu et lirez-vous plusieurs d'entre elles, celles en vers dans un second temps, les versions en prose sans doute plus accessibles pour se familiariser avec l'intrigue.

Mettre à disposition ces textes, les faire redécouvrir, c'est aussi rendre hommage à tous ces traducteurs, tous ces "passeurs" qui se sont succédé pour transmettre l'œuvre d'Homère à leurs contemporains, à nous aujourd'hui. Au fil des lectures, j'ai été frappé par leurs grandes qualités littéraires. Tous sont dignes d'intérêt. C'est aussi un formidable laboratoire sur l'exercice difficile de la traduction.

Après avoir mené à bien un travail similaire de l'été 2018 à décembre 2019 avec L'Odyssée (22 traductions à ce jour, voir ce billet), je m'attaque désormais au premier poème d'Homère.

Ce chantier est plus vaste encore; si c'était plus de 5000 pages pour L'Odyssée, c'est sans doute entre 7500 et 8000 pages pour L'Iliade selon mes premières estimations. De plus s'il y a 25 traductions de L'Odyssée, il y en a plus de 30 pour L'Iliade. Un travail qui me prendra sans doute trois ans minimum.

J'ai d'autre part décliné des versions en pages pour l'imprimé. Vous pouvez lire ces livres au fur et à mesure sur la plate-forme Calaméo. Les fichiers ePub sont disponibles sur demande. Les versions imprimées à la demande seront proposées bientôt.

Un grand puzzle à compléter peu à peu, je mettrais bientôt la liste des traductions repérées.

Sept premières traductions sont déjà disponibles :

1866 : traduction de Charles-Marie-René Leconte de Lisle (lire sur Calameo)

1933 : traduction de Eugène Lasserre (lire sur Calameo)

1938 : traduction de Paul Mazon (sous droits, sur demande)

1943 : traduction de Mario Meunier (lire sur Calameo)

1989 : traduction de Frédéric Mugler (sous droits, sur demande)

1995 : traduction de Louis Bardollet (sous droits, sur demande)

2010 : traduction de Philippe Brunet (sous droits, sur demande)

Les versions ePub sont proposées sur demande.

Bonnes lectures; merci d'avance pour vos commentaires, je répondrais à tous en mode privé.

[Premier jet de ce billet : 25 décembre 2019/ MAJ : 08 novembre 2020]


Un été de lectures : relire Pierre Bourgeade

BourgeadepierreRedécouvrir des auteurs un peu oubliés, c'est ce que je vous propose cet été. Aujourd'hui Pierre Bourgeade (1927-2009), une oeuvre très protéiforme de plus de 40 livres dans les genres et les formes les plus divers. Romans, nouvelles, essais, critiques, théâtre, poésie, etc. En digne continuateur de Georges Bataille, Pierre Bourgeade semble avoir tout exploré avec un parfum de scandale constant, jusque même dans ses polars. Une première partie de ses livres aux Editions Gallimard dans la collection Le Chemin de Georges Lambrichs. Les dix dernières années avec les Editions Tristram qui le présentent mieux que quiconque: "Et maintenant? La lecture de Bourgeade, découvert quand nous avions vingt ans, longtemps avant de le rencontrer, puis de l’éditer, n’a jamais cessé de nous accompagner. Et nous n’avons eu de cesse, depuis, prosélytes que nous sommes, de vouloir le faire lire autour de nous. Une fois sur dix hélas: rejet violent. Deux fois sur dix: rejet embarrassé. Mais sept fois sur dix: coup de foudre. Conscience instantanée de la rareté de cette écriture, alliage d’extrême crudité et de classicisme désinvolte, dont seul Pierre Bourgeade, apparemment, possédait le secret." Peu de titres au format numérique malheureusement. A lire ou relire absolument...

PS: Vous trouverez de nombreux livres de Pierre Bourgeade sur LibGenesis.


Sade : "Les 120 journées de Sodome" en version numérique libre

Cover2J'ai souhaité relire l'œuvre du Marquis de Sade en version numérique. J'ai commencé par son premier texte jamais publié, "Les 120 journées de Sodome". Le manuscrit a été déclaré "Trésor National" par la Ministre de la Culture Françoise Nyssen il y a tout juste trois ans. Vous vous rappelez peut-être du rocambolesque destin de ce manuscrit écrit par Sade à la Bastille à la fin de 1785. Définitivement perdu pour son auteur après la prise de la Bastille, il fut récupéré et transmis discrètement de familles en familles jusqu'au début du XXème siècle. Le texte enfin édité dans les années 20, puis repris par les bons soins de Jean-Jacques Pauvert avec les déboires judiciaires qui ont suivis... Un texte sulfureux, le pire peut-être de la littérature française...

285 ans après sa rédaction, les versions numériques sont assez rares et de qualités très moyennes, surtout en version ePub, tant sur Feedbooks (avec des manques), que sur Wikisource. Rien sur EbooksGratuits, ne parlons pas de Gallica avec une version numérisée bien médiocre. Un "Trésor National" mérite décidément mieux.

Sade mériterait bien un site libre qui propose tous les textes, comme ceux de Jean-Jacques Rousseau, Balzac (la référence selon moi en matière d'humanités numériques). Tant de nos écrivains classiques du domaine public sont malheureusement dans le même cas, orphelins du numérique libre...

Je n'ai pas acheté les quelques versions disponibles, pas trop confiance, sans doute repompées sans corrections comme d'habitude... Il y aurait bien la version chez Publie.net mais j'ai préféré rester dans le libre. Je me suis attelé à la tâche, relecture et corrections, avec une excellente version imprimée selon l'édition faite par Jean-Jacques Pauvert. Je vous propose aujourd'hui cette version numérique ePub avec une agréable couverture, j'espère que vous apprécierez. L'établissement de cette version suit donc celle proposée par Jean-Jacques Pauvert, lors de la première édition officielle des Cent vingt journées de Sodome en 1933. À la mémoire de ce grand éditeur, grâce à qui Sade est enfin libre...

Cette version est proposée en partenariat avec le groupe de la "Bibliothèque Numérique Romande", je les en remercie. Le texte de Sade entre la France et la Suisse, l'histoire continue. Ma propre version est proposée sur demande dans les commentaires. Comme d'habitude, si vous voyez quelques coquilles qui auraient échappé à ma vigilance, merci de me le signaler.

Je proposerais d'autres livres du Marquis de Sade dans l'année.


Un film, un livre : Demande à la poussière de John Fante

Cover1 Cover2Nouvelle proposition cette semaine, celle à la fois de lire le livre et de voir le film dont il a été tiré. C'est le quatrième, j'ai décidé de rester dans des livres assez courts pour en lire beaucoup. Je reste aux Etats-Unis avec Demande à la poussière de John Fante publié en 1939. L'adaptation cinématographique sortie en 2006 avec Colin Farrell se révèle assez fidèle. Je vous renvoie sur l'excellente et juste critique parue dans Le Monde à l'époque. La version numérique du livre n'est pas vendu seule, il faudra acheter la trilogie Bandini, mais la lecture des trois volumes vaut absolument la dépense. Les livres de John Fante font l'objet de nouvelles éditions au format de poche cet été chez 10-18, allez les découvrir. J'espère que mes petits billets (ils sont tous à retrouver ici) vous donnent des idées pendant cet été, vos commentaires sont les bienvenus. 


Un été de lectures : relire Jean-Patrick Manchette

ManchetteQuatrième auteur que je vous propose de redécouvrir cet été, partons du côté du polar avec Jean-Patrick Manchette (1942-1995). A la fois auteur de romans policiers, critique littéraire, scénariste, dialoguiste et critique de cinéma, mais également traducteur. Il est reconnu comme l'un des auteurs les plus marquants du polar français des années 1970-1980. Ses livres sont malheureusement indisponibles au format numérique chez ses éditeurs, bien dommage. Je vous conseille trois livres pour commencer, ses formidables Chroniques parus chez Rivages après sa mort, La Position du tireur couché et O dingos, O chateaux!, avant d'aller plus encore avec son Journal.


Un film, un livre : Gatsby de Francis Scott Fitzgerald

Film GatsbyL'été se poursuit. Troisième semaine pour revoir un film et relire un livre dont il a été tiré. C'est un grand classique de la littérature américaine que je vous propose aujourd'hui, The Great Gatsby de Francis Scott Fitzgerald publié en 1925. Une plongée dans les années folles à New York. Entre folie et démesure, la gloire et la chute d'un d'un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby. Plusieurs films dont le dernier qui a connu un grand succès il y a quelques années avec Leonardo Di Caprio. Neuf chapitres, un court roman que je vous conseille pour vos vacances. Pas moins de cinq traductions sont disponibles, trois d'entre-elles depuis 2010 qui ont profité de l'entrée de son auteur dans le domaine public. Je vous recommande la dernière, celle parue chez 12-21 réalisée par Jean-François Merle. Une traduction moderne excellente, un tout petit prix et elle a aussi le grand mérite de ne pas comporter de DRM (dans toutes les librairies indépendantes). A partager avec vos proches sans modération. Gatsby? Quel Gatsby? Une lecture inoubliable... 


Un été de lectures : relire François Cavanna

CavannaTroisième semaine pour redécouvrir des écrivains un peu oubliés. Après Jacques Sternberg et Antoine Blondin, ce sont les livres de François Cavanna (1923-2014) que je vous propose cet été. Si c'est l'humoriste et l'homme de presse qui a bien souvent accaparé les projecteurs au travers de Charlie-Hebdo et d'Hara-Kiri, Cavanna est l'auteur d'une oeuvre très importante de récits autobiographiques, d'essais, de chroniques, etc. Beaucoup de best-sellers à l'époque. Aujourd'hui la marque d'un immense écrivain dont les livres comptent. Il y a quelques années le critique littéraire Grégoire Leménager lançait même un appel pour son entrée dans la Pléiade. Par quoi commencer? Sans aucun doute son dernier livre Lune de miel, puis sa célèbre série Les Ritals, Les Ruskoffs, à la verve et à l'humanité incroyables. Les Ritals reste indisponible au format numérique ce qui n'est guère à l'honneur de son éditeur. Vous le trouverez heureusement facilement en quelques clics. Plongez-vous sans modération dans les livres de Cavanna, vous ne le regretterez pas!