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Project Gutenberg : les allemands sont bloqués

ProjectgutenbergProject Gutenberg a été condamné par un tribunal allemand pour la mise en ligne de 18 livres protégés par copyright selon les lois allemandes. Une plainte déposée par la maison d'édition allemande S. Fischer Verlag, filiale du groupe Holtzbrinck. PG a fait appel de cette décision et a entretemps bloqué l'accès à l'ensemble de son site à toutes les IP allemandes sans distinction, afin de prévenir d'autres plaintes éventuelles. Voir le communiqué. Le site EbooksGratuits avait mis en place il y a quelques années un blocage des IP "français" pour des contenus encore sous droits en France sous la pression des éditeurs. Ironie de l'histoire, les éditeurs allemands s'attaquent à des livres proposés gratuitement par Project Gutenberg alors que depuis des années des pseudos "éditeurs" aigrefins vendent en France des classiques allemands sous droits sur les plateformes. Faites quelques recherches sur Thomas Mann, Hermann Hesse, pour ne parler que d'auteurs allemands. Allez comprendre... (via Teleread).
 
PS: en parlant de Project Gutenberg, merci à Bookeen de rappeler que c'est aujourd'hui le 8 mars, date anniversaire de la naissance de son fondateur Michael Hart. A sa mémoire, pour qu'un jour les livres numériques n'aient plus de frontières...
 
Hart

Le premier ebook a 45 ans aujourd'hui

Michael_S_HartLe premier ebook a 45 ans aujourd'hui. C'est en effet le 3 juillet 1971 que l'américain Michael Hart numérisait la déclaration d'Indépendance américaine et la proposait dans une version numérique sur les réseaux précurseurs de l'Internet. Un fichier de 5kB qui avait été téléchargé par 6 personnes à l'époque. C'était le premier titre du Projet Gutenberg. Michael Hart est malheureusement décédé en 2011 à l'âge de 64 ans (via Forbes). 


Projet Gutenberg : le 50.000ème titre est atteint

Pg50000.cover.mediumUn cap symbolique est atteint. Le projet Gutenberg, qui propose le partage universel d'oeuvres du domaine public de manière gratuite, vient de dépasser les 50.000 titres. Il a été démarré en 1971 par Michael Hart, décédé à 64 ans en septembre 2011. Ce 50.000ème titre concerne une biographie de Gutenberg, ici (via TodoEreaders).


Le pillage des classiques du domaine public

LivresJe relaie bien volontiers le billet d'un de mes lecteurs, Michel Morin, à propos des offres de livres du domaine public à très bas prix qui se développent actuellement sur les catalogues des plateformes numériques. Beaucoup d'officines peu scrupuleuses s'engouffrent dans la brêche et récupèrent, sans aucune valeur ajoutée, le travail de centaine de bénévoles qui relisent et corrigent les textes puis les proposent gratuitement sur le web. On souhaiterait que des plateformes leaders comme Amazon, Kobo montrent l'exemple et fassent régulièrement le ménage dans leurs catalogues pour des offres qui grugent leurs lecteurs. C'est d'ailleurs bien souvent le même distributeur numérique qui sert de pourvoyeur:

Les débuts de l'ère numérique du livre ont amené un étrange et beau phénomène: des centaines, des milliers de personnes se sont jetées sur des livres pour les retranscrire et les offrir au monde. Ce sont tous ces textes ressuscités que l'on trouve sur Ebooks Libres et Gratuits, Wikisource, Projet Gutenberg, et sur tant d'autres sites.

Mais ce noble phénomène a un étrange revers: les marchands du temple, qui veillent à la moindre occasion de s'enrichir, et de s'enrichir en se tournant les pouces, de préférence. La comparaison est usée jusqu'à la corde, mais il s'agit bien là des textes du temple de la littérature qu'est devenu Internet. Ces textes sont disponibles, à portée de main, libres de droits. Quelle idée pourrait germer dans ces cerveaux retors? Les vendre, bien entendu!   

Car tout le monde n'est pas au fait de l'existence de ces textes gratuits. L'essor des plateformes numériques permet à n'importe qui de se proclamer éditeur et de côtoyer Gallimard, Grasset et consorts.   

Il pourrait ne s'agir que d'un banal conflit éditeurs/ bibliothèques, dans lequel les gratuits seraient les bibliothèques patiemment remplies par les bénévoles; on dirait alors: «Il faut bien que les éditeurs vivent!...» Non, car ces soi-disant "éditeurs" (méritent-ils même ce nom?) n'ont rien fait, rien accompli, et vendent le travail patient, méticuleux et passionné des autres, en comptant sur l'ignorance et la crédulité des lecteurs. Le potentiel de textes et de ventes est infini. Il suffit d'aller sur Internet, de prendre un texte gratuit, de le recopier dans un traitement de texte et de le convertir en "EPUB", d'ajouter une couverture sympathique, de les déposer sur une plate-forme, et de regarder les sous entrer à chaque téléchargement.   

Quoi de plus machiavélique? Rien de plus légal, puisque le texte est libre, rien de plus simple. Chaque texte est généralement fixé à 0,99€; cela semble peu, bénin; aussi leur faut-il recopier le plus de textes possible, sans cesse.

Bien entendu, nos soi-disant éditeurs diront qu'ils ont remis en forme le texte «spécialement pour une lecture numérique» (cela sonne très "club de gym"), qu'ils l'ont relu et corrigé des erreurs restantes. Quand on connaît le degré d'exigence et d'excellence des relectures d'Ebooks Libres et Gratuits, principal pourvoyeur de ces rapaces, on ne peut que sourire. Ou qu'ils ont ajouté des préfaces et des biographies (les "Editions" Humanis, par exemple, ont la grande intelligence de recopier les articles Wikipedia de chaque auteur. Ils ne berneront personne.  

Prenons donc l'exemple de la Bête humaine tel qu'on peut le trouver sur une plateforme numérique: tous se battent pour vous vendre ce texte trouvable gratuitement ailleurs à 0,99€ ou plus: Éditions de Londres, Ink Book, Candide & Cyrano, Culture commune... Tous ne sont pas absolument mauvais. Certains éditent des textes d'auteurs récents (Éditions de Londres, Publie.net, Numeriklivres, etc), mais il semble très dur de résister à cette tentation de recopier de temps en temps un gratuit que l'on va présenter comme une redécouverte: ainsi, le "premier prix Goncourt", Force ennemie de John-Antoine Nau, réédité chez Publie.net, mais depuis longtemps disponible gratuitement sur Internet.  

Citons surtout les noms de ces soi-disant éditeurs, ceux qui pratiquent cette activité en masse, avec un tel acharnement que c'en deviendrait maladif: Ink Book, Candide & Cyrano, Culture commune, Thriller Editions. J'en oublie certainement, et certainement d'autres viendront encore. Ink Book (plus de 500 livres pillés qui dit mieux?) ne se gêne même pas pour recopier des les moindres textes récupérables ici et là (tel texte issu de la Bibliothèque de Lisieux est tout simplement recopié et vendu) ou encore les belles traductions de Saint Augustin disponibles sur un obscur site d'abbaye... Tout est bon à prendre et à revendre. 

Heureusement, les lecteurs semblent se détourner de ces attrape-nigauds avec des prix trop bas jugés dissuasifs. Puissent ces soi-disant éditeurs, dont les textes polluent les plates-formes de vente, tomber dans l'oubli et, à défaut d'en être exclus, ne demeurer que comme un témoignage des débuts erratiques et balbutiants de l'édition numérique.  

L'exemple de "Gatsby le magnifique" est frappant à ce titre. A peine est-il paru, gratuitement, sur Ebooks Libres et Gratuits ici, le 16 décembre 2012, que la meute, déchaînée par l'actualité cinématographique, s'est jetée sur la proie. Ainsi l'a t-on retrouvé comme par hasard publié par Numeriklivres (20 février 2013), Culture Commune (10 mars), Black Moon (18 Avril), Les Editions de l'Ebook Malin (4 mai), Neobook (13 mai), République des lettres (14 mai). On ne fera croire à personne qu'aucun d'entre eux n'a scanné et créé l'ouvrage; il est tellement plus facile d'attendre et de recopier.

Contribution de Michel Morin, lecteur/bénévole en colère


Les bonnes idées de Gutenberg: Dropbox et QR Code

GutenbergDeux fonctionnalités géniales qui ont été mises en place sur le site bien connu Gutenberg.org. D'une part, l'accès direct à Dropbox. Si vous disposez d'un compte, vous pouvez le synchroniser automatiquement et télécharger directement les livres que vous aurez repéré, avec le logo à droite des fiches. L'autre bonne idée, c'est l'accès, toujours direct, à un QR Code qui vous permettra de récupérer le livre avec votre smartphone ou votre tablette. Essayez-les absolument. Deux très bonnes idées dont devraient s'inspirer rapidement nos librairies numériques, type ePagine ou autres. Le QR Code pourrait même être très facilement imprimé sur un ticket de caisse en librairie, et hop son livre téléchargé à peine rendu sur le trottoir! Merci Gutenberg! (via GoodeReader).


Gutenberg passe à l'auto-publication

SelfgutenbergLe site Gutenberg, référence depuis 1971 dans le domaine des livres numériques gratuits libres de droits avec 40.000 références, propose désormais une plateforme d'auto-publication pour les auteurs qui souhaitent diffuser leurs oeuvres, toujours avec les mêmes principes de partage et de gratuité. C'est SelfGutenberg, pour l'instant seulement en anglais avec le seul format PDF (via CNetFrance, merci Florent).


Gutenberg: de l'imprimé au numérique

Couv_pedauqueA l'occasion de l'anniversaire de la mort de Gutenberg, c'était le 3 février 1468, C&F Editions proposent jusqu'à ce soir minuit l'envoi gratuit du livre "Le Document à la lumière du numérique" de Roger T. Pédauque en version ePub. Un livre qui date de quelques années mais qui garde un très grand intérêt (via Hervé et Olivier sur twitter, merci).


En hommage à Michael Hart

Hart A signaler le beau papier que vient de faire Hervé Le Crosnier en hommage à Michael Hart, le fondateur du Projet Gutenberg, décédé en début de semaine. Un texte diffusé en Créative Commons, une belle façon d'apporter la pierre de la francophonie reconnaissante. Je le reproduis ci-dessous:

"Le projet Gutenberg est orphelin: décès de Michael Hart

Michael Hart est décédé le 6 septembre, à l'âge de 64 ans. Il restera dans l'histoire de la culture numérique comme le fondateur du «projet Gutenberg», un projet coopératif majeur datant des débuts de l'internet et ayant réussi à créer un gigantesque fonds de livres numérisés offerts en partage.

Il y a quarante ans, en juillet 1971, le jeune Michael Hart reçoit son sésame pour utiliser, en temps partagé, l'ordinateur Xerox de l'Université d'Illinois à Urbana-Champain. Peu versé sur le calcul, il se demande ce qu'il pourrait bien faire d'utile à la société à partir d'un tel outil, limité, n'utilisant qu'un jeu de caractères en capitales, et très lent en regard des ordinateurs d'aujourd'hui. Il utilisera son temps pour recopier la «Déclaration d'Indépendance» des États-Unis, en songeant aux idées de bibliothèques universelles lancées par les «pères fondateurs» de l'informatique, notamment Vannevar Bush, Joseph Licklider ou Ted Nelson. Le fichier pesait seulement 5 kilo-octets, mais il du renoncer à sa première idée d'envoyer le texte à la centaine d'usagers ayant une adresse sur Arpanet, car cela aurait bloqué tout le réseau. Il le mit donc en dépôt sur un serveur pour un libre téléchargement (sans lien hypertexte, une notion qui n'existait pas il y a quarante ans). Même s'ils ne furent que six à profiter de l'offre, on considère que le premier «livre électronique» du réseau informatique avait vu le jour. Ce fut d'ailleurs le livre numérique le plus cher de l'histoire, Michael Hart ayant un jour calculé une valeur approximative de son accès à l’ordinateur et l'évaluant à 1 million de dollars.

Michael Hart a continué sur sa lancée pour rendre disponible la plus grande quantité de livres possible. Même si les premiers textes étaient difficilement lisibles, sans typographie, en lettres capitales, sans mise en page,... il n'a jamais dévié de sa volonté de rendre les œuvres disponibles à tous. Pour cela, il s'appuyait sur une caractéristique essentielle du document numérique: la reproduction et la diffusion via le réseau ne coûte presque rien, et même de moins en moins quand les machines et les tuyaux deviennent plus performants. Comme il l'écrivait encore en juillet dernier, «à part l'air que nous respirons, les livres numériques sont la seule chose dont nous pouvons disposer à volonté». Et il anticipait sur les usages à venir au delà de la lecture, comme l'analyse du texte, la comparaison de mots, la recherche par le contenu, l'établissement de correspondances ou les études linguistiques ou stylistiques assistées par l'ordinateur.

Longtemps son credo fut celui du «plain vanilla ascii», c'est à dire de refuser toute mise en page afin que les textes soient accessibles à toutes les machines, par tous les utilisateurs. Ceci conduisait les volontaires du projet Gutenberg à un codage particulier des accents, placés à côté de la lettre concernée. Mais sa méfiance devant HTML a disparu quand le web est devenu le principal outil de diffusion des écrits numériques: l'universalité passait dorénavant par le balisage, et l'utilisation de UTF-8, la norme de caractères qui permet d'écrire dans la plus grande partie des langues du monde.

Comme son projet, disons même sa vision, était généreuse et mobilisatrice; comme il possédait un grand sens de la conviction et de l'organisation et proposait un discours radical, il a su regrouper des millions de volontaires pour l'accompagner dans sa tentative de numériser le savoir des livres. Des volontaires qui ont commencé par dactylographier les textes, puis utiliser scanner et reconnaissance de caractères, mais toujours incités à une relecture minutieuse. On est souvent de nos jours  ébahi devant les projets industriels de numérisation. Nous devrions plutôt réfléchir à la capacité offerte par la mobilisation coordonnée de millions de volontaires. Construire des communs ouverts au partage pour tous répond aux désirs de nombreuses personnes, qui peuvent participer, chacune à leur niveau, à la construction d'un ensemble qui les dépasse. Dans le magazine Searcher en 2002, Michael Hart considérait cette situation comme un véritable changement de paradigme: «il est dorénavant possible à une personne isolée dans son appartement de rendre disponible son livre favori à des millions d'autres. C'était tout simplement inimaginable auparavant».

La volonté de Michael Hart lui a permis de poursuivre son grand œuvre tout au long de sa vie. S'il fallut attendre 1994 pour que le centième texte soit disponible (les Œuvres complètes de Shakespeare), trois ans plus tard la Divine Comédie de Dante fut le millième. Le projet Gutenberg, avec ses 37000 livres en 60 langues, est aujourd'hui une des sources principales de livres numériques gratuits diffusés sous les formats actuels (epub, mobi,...) pour les liseuses, les tablettes, les ordiphones, et bien évidemment le web. Les textes rassemblés et relus sont mis à disposition librement pour tout usage. La gratuité n'est alors qu'un des aspects de l'accès aux livres du projet Gutenberg: ils peuvent aussi être transmis, ré-édités, reformatés pour de nouveaux outils, utilisés dans l'enseignement ou en activités diverses... Le «domaine public» prend alors tout son sens: il ne s'agit pas de simplement garantir «l'accès», mais plus largement la ré-utilisation. Ce qui est aussi la meilleure façon de protéger l'accès «gratuit»: parmi les ré-utilisations, même si certaines sont commerciales parce qu'elles apportent une valeur ajoutée supplémentaire, il y en aura toujours au moins une qui visera à la simple diffusion. Une leçon à méditer pour toutes les institutions qui sont aujourd'hui en charge de rendre disponible auprès du public les œuvres du domaine public. La numérisation ne doit pas ajouter des barrières supplémentaires sur le texte pour tous les usages, y compris commerciaux... qui souvent offrent une meilleur «réhabilitation» d’œuvres classiques ou oubliées. Au moment où la British Library vient de signer un accord avec Google limitant certains usages des fichiers ainsi obtenus, où la Bibliothèque nationale de France ajoute une mention de «propriété» sur les œuvres numérisées à partir du domaine public et diffusées par Gallica... un tel rappel, qui fut la ligne de conduite permanente de Michael Hart, reste d'actualité.

Le caractère bien trempé de Michael Hart, sa puissance de travail et sa capacité à mobiliser des volontaires autour de lui restera dans notre souvenir. Les journaux qui ont annoncé son décès parlent à juste titre de «créateur du premier livre électronique». C'est cependant réducteur. Il est surtout celui qui a remis le livre au cœur du modèle de partage du réseau internet. C'est la pleine conscience qu'il fallait protéger le domaine public de la création des nouvelles enclosures par la technique ou par les contrats commerciaux qui a animé la création du Projet Gutenberg. Michael Hart n'a cessé de défendre une vision du livre comme organisateur des échanges de savoirs et des émotions entre des individus, mobilisant pour cela des volontaires, le réseau de tout ceux qui aiment lire ou faire partager la lecture."

Caen, le 10 septembre 2011
Hervé Le Crosnier

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