45 notes dans la catégorie "ChroniquesLesLibraires.fr"

Sasha Arango : La Vérité et autres mensonges

Arango"Henry Hayden a tout pour être heureux. Il est un auteur encensé de bestsellers et est marié depuis plusieurs années à Martha. Pourtant leur première nuit passée ensemble sentait l'aventure sans lendemain. Mais Henry découvre que Martha écrit sans n'avoir jamais expédié aucun de ces manuscrits à une maison d'édition "La littérature ne m'intéresse pas", disait Martha si l'on évoquait ce thème, "je veux juste écrire".

Henry a flairé le bon filon et avec l'accord de Martha il signera de son nom. Le succès est au rendez-vous à chaque nouveau livre. Henry est sous les feux de la rampe et Martha continue à son habitude d'écrire la nuit. Sauf qu'Henry a une maîtresse Betty et que cette dernière lui apprend être enceinte. Même si elle le pousse à dire la vérité à sa femme, Henry ne veut pas. Qui aurait envie de tuer la poule aux oeufs d'or et de voir sa calomnie étalée au grand jour? Sur les deux femmes de sa vie, il y en une de trop. Il a le plan parfait pour se débarrasser de Betty. Sauf qu'un malheureux quiproquo retourne la situation: Betty est toujours vivante et il a tué Martha. Mais ce manipulateur diabolique a plus d'un tour dans son sac et plus d'un mensonge à servir... Reste à savoir si Henry parviendra à s'échapper des mailles du filet de la vérité. Ce roman a tout du genre policier: une bonne intrigue, des rebondissements inattendus et des touches d'humour grinçant. Sans compter une fin stupéfiante.

Un portrait réussi d'un manipulateur et une lecture bien ficelée à découvrir!"

A signaler que ce livre vient de recevoir le Prix Le Point du polar européen 2015 lors du dernier Quais du polar à Lyon.

[La Vérité et autres mensonges de Sasha Arango chez Albin Michel]

Posté par Clara.

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Fred Vargas : Temps glaciaires

Tempsglaciaires"Pour Fred Vargas, au commencement doit être le verbe. Enfin le verbe, entendons-nous, les verbes, les substantifs, les adjectifs, attributs, adverbes et toute la panoplie des mots possibles. Cet ensemble sémantique qui vient construire et habiller l'idée ou les idées qui la hantent et l'obligent à se lancer une fois de plus dans les sentiers obscurs des aventures de son commissaire Adamsberg.

Pour Adamsberg, au commencement, c'est le signe qui compte. Ce peut être un cercle bleu, une morsure de loup gigantesque, un os dans une déjection canine, un 4 à l'envers, une chaussure avec un pied dedans, un trident ou, comme dans ces Temps Glaciaires, un H mal foutu affublé d'un gribouillis convexe. Hiéroglyphe, lettre cyrillique, idéogramme ou symbole sectaire farfelu? Danglard est là pour éclairer ou pas, mettre son érudition en marche, et, le lumineux Lucio pour nommer l'araignée qui gratte ou le chemin ignoré. Chacun sa place, Adamsberg, c'est le repèreur de signe abscons qui font les grandes enquêtes et les belles énigmes.

Fred Vargas, en bonne archéologue, exhume les mots des profondeurs du champ lexical, les libère de la gangue de sens accumulée par le temps ou l'usage commun, les bichonne et leurs trouve habilement une place choisie qui va faire sens dans une histoire de Robespierre et d'Islande qui, a priori, n'en a aucun. Elle sculpte un monde où chaque détail a sa vie propre, un monde qui n'est pas le reflet de la réalité, un monde original et unique qui nous aspire, substituant son imaginaire à notre réel. Le personnage le plus insignifiant y a sa description précise et nette, il s'anime, même mort depuis plus de deux siècles ou aussi improbable qu'un monstre islandais.

Temps Glaciaires est encore un roman rare, exceptionnel même. De ceux que j'appelle une confiserie, domaine du plaisir pur. Quatre ans sans nouvelles et paf! Adamsberg, de son pas indolent revient et l'on replonge immédiatement sans pouvoir lui en vouloir une seconde de cette absence. De toute façon, il n'en aurait réellement rien à faire de nos états d'âme alors à quoi bon récriminer?

Le charme n'est pas rompu, il opère comme toujours. Vargas, seule, peut nous passionner pour un démon islandais intervenant dans une histoire de députés révolutionnaires avec des témoins qui tournent leurs pensées sept fois - et pas une de plus – dans leurs têtes. Poétique, absurde, étonnant, désarmant, ce roman est tout cela à la fois et ne répond heureusement à aucune étiquette.

Entrez sans aucune hésitation dans ce roman, sans référence, sans préconçu ni préjugé. Il faut, pour que le sortilège agisse, juste suivre attentivement les déambulations d'Adamsberg et se laisser griser par la magie des mots."

Suite de la chronique sur Quatre sans quatre

[Temps glaciaires de Fred Vargas chez Flammarion]

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Abdourahman A. Waberi : La Divine chanson

Waberi"Ce roman est une libre inspiration de la vie de Gil Scott-Heron, un des musiciens noirs les plus importants des ces dernières années. Il a emprunté au jazz au blues, a planté les premières graines du rap et du slam, et pourtant, comme beaucoup, je ne le connaissais pas. Enfin, ça c'est ce que je pensais avant d'ouvrir le livre et de faire des recherches sur Gil Scott-Heron. Et là, je découvre que je connais au moins deux titres: The bottle et Me and the devil. Et ces deux titres sont tellement excellents que je vais continuer à découvrir l'œuvre de cet homme.

Le roman est malicieusement construit. Le narrateur, ce vieux chat roux est un raconteur d'histoire hors pair qui n'oublie pas de raconter ses propres mésaventures, qui ressemblent à celles de beaucoup d'Etats-uniens pauvres. Très attaché à Sammy, il le suit partout: "Un jour, après une course-poursuite mémorable, à bout de souffle, il m'a confié que je suis sa lune. Je lui ai rétorqué qu'il est mon soleil. Nous avons éclaté de rire. Un rire franc et massif, sous les yeux des passants ahuris. (...) Je peux vous garantir que pas une fois je ne l'ai quitté d'une semelle car le soleil n'est rien sans la lune, et la lune rien sans le soleil". Parfois, il s'éloigne de son soleil pour raconter ses aïeux: le père Reginald Kamau, Jamaïcain débarqué aux Etats-Unis, qui deviendra joueur de football, sera le premier joueur noir à évoluer en Écosse, puis finira sa carrière sportive au Brésil. Les pages consacrées au Brésil et à l'Afrique qui y a laissé son empreinte surtout dans certaines régions sont sublimes: poétiques, musicales, sensuelles... Il parlera aussi un peu de la mère de Sammy et beaucoup de Lily, sa grand-mère, celle qui l'a élevé les douze premières années de sa vie, cette femme née en Afrique et arrivée en Amérique, qui fut de toutes les campagnes menées par les noirs américains pour les droits civiques. Des pages aussi sur l'esclavage, pour bien redire que les noirs n'ont pas demandé à être envoyés en Europe ou en Amérique.

Mais bien sûr le livre s'attarde sur Sammy Kamau-Williams, nous donne envie de (re)découvrir sa musique. Sans faire une biographie complète, détaillée et linéaire, il insiste sur des points importants, des concerts mémorables, des morceaux qui ont marqué l'histoire de la musique, des descentes aux enfers, des passages à vide, de sa voix profonde, et toujours cette lumière qui émane de Gil Scott-Heron et qui illumine le roman. Normal me direz-vous pour un soleil."

[La Divine chanson de Abdourahman A. Waberi chez Zulma]

Posté par Yvi

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Mathieu Belezi : Un faux pas dans la vie d'Emma Picard

Belezi"Fin des années 1860. Emma Picard se voit offrir par le gouvernement français vingt hectares en Algérie. L'homme derrière son bureau lui décrit l'Algérie comme un pays d'abondances. Cette veuve quarantaine mère de quatre fils ne refuse pas et traverse la Méditerranée avec ses fils. Les terres se situent entre Mascara et Sidi Bel Abbès.

Emma raconte à son Léon le seul fils qu'il lui reste ces années de labeur, de peines, de douleur. Et elle lui rappelle comment ils n'ont pas ménagé leurs peines aidés par Makika qui travaillait pour les anciens colons de cette ferme avant eux. Vingt hectares d'une terre aride aux entrailles stériles et il faut aller chercher l'eau à dos d'âne très loin. Ils défrichent, sèment, espérant des récoltes prometteuses. Comme d'autres colons arrivés avant eux et comme ceux qui continuent chaque semaine d'arriver de France car l'Algérie est une colonie de peuplement. Mais le fonctionnaire de l'état n'a dit aucun mot sur ce sujet. Il faudra affronter l'été caniculaire où animaux et cultures mourront, les sauterelles qui anéantiront tout, les maladies, l'hiver.
Emma doute, se sent dupée mais elle doit continuer à se battre contre cette terre. Et ils le font malgré les ventres tenaillés par la faim. La dysenterie emporte un de ses fils et l'argent manque. Qu'ont-ils fait pour mériter cela? Elle renie son Dieu de lui infliger tant de souffrances malgré les bonnes paroles du curé.
Son monologue est un cri, elle se reproche d'avoir entraîné ses fils dans cette descente aux enfers, d'avoir cru à ce qu'on lui promettait. Et les dernières pages où la colère côtoie la folie engendrée par le désespoir et la culpabilité de mère font affreusement mal.

A travers Emma Picard, Mathieu Belezi nous raconte un pan peu glorieux de l'histoire de France. Des hommes et des femmes trompées et sacrifiés au nom de la colonisation à qui il rend hommage.
Un roman bouleversant qui jamais ne verse dans les excès mais explore très justement les pensées d'Emma. A lire absolument!"

[Un faux pas dans la vie d'Emma Picard de Mathieu Belezi chez Flammarion]

Posté par Clara

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Léonor de Récondo : Amours

Amours"1908. Voici l'histoire d'un trio entre Anselme, riche notaire qui trompe sa femme avec leur jeune bonne Céleste. L'inévitable advient alors. Cette dernière tombe enceinte. Victoire, la femme d'Anselme acceptera cette grossesse à condition de devenir la mère de l'enfant dès sa naissance. Ce qui pourrait être une histoire presque banale prend une tournure inattendue. Incapable de s'occuper seule de l'enfant, Victoire va se rapprocher de Céleste.

Léonor de Récondo signe un roman fort plein de subtilité, où les barrières sociales sont balayées et l'amour plus fort que tout. Grâce à une écriture simple et fluide, cet ouvrage se dévore. Curieux de savoir quels seront les destins de Victoire et Céleste, on ne peut interrompre sa lecture. Avec un note de fraîcheur et de gravité, ce livre vous transportera dans la campagne française du début du XXème siècle.
Léonor de Récondo est une petite perle à découvrir dans cette rentrée littéraire de janvier."

[Amours de Léonor de Récondo chez Sabine Wespieser]

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Martin Page : Je suis un dragon

Martinpage"Coup de coeur littérature française. Qui pourrait soupçonner que sous l’apparente fragilité d'une gamine de 12 ans se cache une arme de guerre indestructible? A 6 ans, Margot voit ses parents se faire assassiner sous ses yeux. Sans famille, sans repères, elle ne sait à qui confier son secret: si elle parvient à simuler la douleur, elle ne l'a en fait jamais expérimentée. Et pour cause. Alors qu'après un terrible accident dans son collège, une poignée de scientifiques et de spécialistes se penchent sur son cas, il apparaît que sa peau est comme une armure blindée, et que sa force est surhumaine. Tiraillée entre son envie de "faire le bien" et son besoin d'émancipation, Margot chercher sa place. Peut-on avoir une adolescence "normale" quand on est doté de super-pouvoirs? Au delà de la question du surnaturel, Martin Page s'interroge sur la façon dont, réellement, un être humain peut sauver le monde, ou à défaut, son prochain. Et si finalement, nous étions tous en mesure d'accomplir des exploits du quotidien?"

[Je suis un dragon de Martin Page chez Robert Laffont]

A lire également la critique sur Elbakin

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Virginie Despentes : Vernon Subutex 1

Despentes"Après avoir lu Apocalypse Bébé de Virginie Despentes, j'étais restée sur trop de trash, trop de provocation. Soit avec le nombre des années, il faut plus pour me choquer soit en effet ce nouveau livre de l'auteure est un plus sage.

A vingt ans, Vernon Subutex était disquaire spécialisé dans le rock. Maintenant âgé de cinquante ans, son magasin le Revolver a fermé depuis belle lurette en 2006. Il touche le RSA et un ami Alex Bleach chanteur et ancien fondateur d'un groupe de rock lui paie son loyer. Sauf que ce dernier meurt d'une overdose. Et voilà Vernon à la rue avec quelques affaires dont des vidéos inédites d'Alex. Sans qu'il soit au courant, beaucoup de personnes aimeraient mettre la main sur ces enregistrements.

Il s'incruste pour une nuit ou plus, à gauche et à droite, chez des anciens du groupe d'Alex ou chez des ancienne copines ou chez un ami d'une copine. Du transsexuel qui a réussi une reconversion dans le cinéma derrière les manettes, aux copains désormais dont les femmes grincent des dents en voyant Vernon, des soirées dans le Paris branché saupoudrées de drogue et où l'alcool verse à flots, des lendemains difficiles où il se fait éjecter, des copines hétéros ou non qui veulent coucher avec lui, du gars raciste ou violent avec sa copine, de la fille complètement barrée à la jeune fille de confession musulmane. Et ce sont autant de personnages qui nous emportent dans des univers différents mais à chaque fois ça sonne juste!
Vernon erre et cherche un toit alors que la toile pour le retrouver se resserre. A l'heure de Facebook, il est traqué sur le Net. Il a laissé les vidéos tant convoitées chez la première fille qui l'a hébergé et n'a plus d'endroit pour dormir.

Il est difficile de situer ce livre: chronique sociale que Virginie Despentes radioscopie avec un soupçon de roman policier. Et peu importe car il est terriblement réussi et il ferre le lecteur! L'écriture est vive (avec un peu de trash), déborde d'énergie ou de colère et ce sont autant de réflexions qui interpellent ou qui touchent. On n'a pas le temps de s'ennuyer dans cette comédie humaine actuelle qui dérange à plus d'un titre. Je l'ai dévoré!
Et vivement mars pour la suite!"

[Vernon Subutex 1 de Virginie Despentes chez Grasset]

Posté par Clara

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Joyce Maynard : L'Homme de la montagne

Maynard"Un été mortel. Californie, années 70. Rachel, 13 ans et sa sœur Patty, 11 ans, profitent de l'été dans leur banlieue tranquille non loin de San Francisco. Elles entretiennent une relation fusionnelle et s'inventent un monde à leur image, fait de courses poursuites dans la montagne, de pique-niques à la belle étoile et d'espionnage des voisins. Vouant une adoration sans borne à leur père, inspecteur de police qui a pourtant quitté le domicile familial, elles se trouvent délaissées par leur mère dépressive.
Jusqu'au jour où un tueur en série sème la terreur dans la région, le père des jeunes filles devenant responsable de l'enquête.
Plusieurs années plus tard, Rachel devenue écrivain revient sur cet épisode de sa vie qui va tout bouleverser.
Encore un superbe roman de Joyce Maynard qui traite de son sujet favori, l'adolescence. Plus qu'une simple intrigue policière, c'est avant tout le passage à l'âge adulte qui est évoqué avec tout ce que ça comporte de difficultés. Un beau roman sur la famille et les liens fraternels."

[L'Homme de la montagne de Joyce Maynard chez Philippe Rey]

Posté par Lucie (Librairie Fontaine Passy)

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Valérie Zenatti : Jacob, Jacob

Jacob"Roman court mais d'une très grande intensité. Valérie Zenatti nous entraîne au coeur d'une famille juive d'Algérie prise dans les affres de la Seconde Guerre mondiale. Jacob, le petit dernier d'une fratrie de quatre enfants incarne la douceur et l'intelligence, à la différence des autres hommes plus rustres de sa famille. Il est adoré de beaucoup, mais va devoir partir combattre en 1944 pour la France.
L'auteur décrit avec justesse l'attachement d'une mère à son fils prête à tout pour le retrouver, ainsi que le quotidien de cette famille pauvre religieuse, vivant dans un pays où langue arabe et française cohabitent.
Avec beaucoup d'émotions, nous suivons la mutation et les pertes douloureuses que vont subir ces personnages.
Petit bijou de la rentrée littéraire, on ne ressort pas indifférent de cette lecture, imprégné de ce Jacob, comme si nous l'avions réellement connu."

[Jacob, Jacob de Valérie Zenatti chez L'Olivier]

Posté par Hélène (Librairie Fontaine Victor Hugo)

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Leonardo Padura: Hérétiques

Heretiques"Une merveilleuse quête. La Havane, 1939. Le bateau, le «Saint Louis» arrive dans la baie de la capitale cubaine. Le jeune Daniel Kaminsky attend avec impatience le débarquement de toutes ces familles juives en provenance d’Allemagne, parmi lesquelles se trouve sa famille, avec dans ses bagages un tableau de Rembrandt. Contre toute attente, le «Saint-Louis» repart et le tableau disparaît dans la nature… Jusqu'à une vente aux enchères à Londres en 2008. Mario Conde, ancien flic un peu largué est embauché par un obscur peintre américain pour partir sur les traces de ce fameux tableau.
Leonardo Padura est un petit malin. Non content de brouiller les pistes en écrivant un roman qui se veut social, policier, historique, il balade son lecteur avec délice à travers les époques avec une intelligence et une maestria stupéfiantes. Au-delà de cette quête sur le parcours méandreux de ce tableau au fil des siècles, qui devient identitaire au fil des pages, "Hérétiques" est un brûlant manifeste contre le conformisme et pour l’affirmation du libre-arbitre, de la liberté de penser en toute circonstance, malgré les vents contraires. Malgré ce qu’il laisse penser en interview, Padura n’est pas aussi apolitique qu’il ne veut le faire croire."

Voir également la chronique de Gérard Collard.

[Hérétiques de Leonardo Padura chez Métailié]

Posté par Guillaume (Librairie Fontaine Victor Hugo)
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Herbjorg Wassmo: Ces instants-là

Cesinstantslà"Voilà un livre d'une beauté qui s'insinue dans le lecteur à chaque page, à chaque ligne. Un livre qui vous vrille le coeur et l'esprit. Nous sommes au Nord de la Norvège et la narratrice revient sur des moments de sa vie. La période de son enfance quand elle entre au collège et où d'emblée elle dit la haine qu'elle éprouve pour son père. Une mère qui ne dit mot, une petite soeur souriante. Et elle qui voudrait savoir que faire de sa vie. Mais il y a la gaucherie de l'adolescence, et une certaine timidité qui font d'elle une mère avant l'heure. Les études arrêtées puis reprises: elle devient institutrice et se marie. Elle prend confiance en elle ou plus exactement l'acquiert entre ses lectures et ses crises d'une forme d'épilepsie qui lui permettent paradoxalement de gagner en détermination. Et des états où inconscient et conscience se chevauchent, elle en tire une force. Elle se construit, s'affirme, reconnaît ses erreurs mais va au bout de son projet d'écriture. Elle peut laisser son travail et se consacrer uniquement à l'écriture. Mais il y a des sacrifices et des dommages collatéraux. Et tous ces instants intenses, tristes, beaux, où surgissent des questionnements mais aussi des sourires, du féminisme et un hommage à Simone de Beauvoir sont écrits dans un style court qui nous transperce. Il y a une vraie pudeur, une manière de suggérer qui donnent une âme à ce livre. Celle d'Herbjørg Wassmo. Une lecture magnifiquement bouleversante!"

[Ces instants-là de Herbjorg Wassmo chez Gaïa]

Posté par Clara
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Lily Brett : Lola Bensky

Lily brett"Londres 1967: Lola Bensky est journaliste pour le magazine australien Rock-Out et interviewe les stars montantes du rock. Elle se trouve trop grosse et passe son temps à vouloir essayer de maigrir, sans d’ailleurs y parvenir. Ainsi, de Londres à New-York, de Jimi Hendrix à Jim Morisson, Lola voyage et rencontre une multitude de célébrités et nous en apprenons beaucoup sur la vie de ces héros des temps modernes. Troisième sujet du roman et non des moindres, après le rock et les régimes, l’évocation du passé des parents de Lola, rescapés d'Auschwitz, propos bien plus graves et sérieux, étonnamment juxtaposés, dans un style d'écriture plaisant et vivant. Bref, on apprend des tas de choses sur les Stones et Jimi Hendrix, c’est très sympa quand on s’intéresse au monde du rock et on passe un bon moment dans une plongée au coeur des sixties. Un roman que je conseille à ceux qui aiment les groupes de rock de cette époque et à tous ceux qui souhaitent explorer ce monde étrange, à la fois si proche de nous et si éloigné. De joyeux portraits et une quête identitaire très intéressante."

[Lola Bensky de Lily Brett chez La Grande Ourse]

Posté par Michèle F.
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Stéphane Pajot : Anomalie P

Anomaliep""Attention, âmes sensibles et esprits étroits s'abstenir!" est-il écrit en quatrième de couverture. Je confirme en précisant que rien n'est dur ou sanglant dans ce fabuleux court roman, "âmes sensibles" vaut surtout pour le sens premier d'âme puisque certaines d'artistes étant venus à Nantes et ayant eu un destin tragique se retrouvent dans les animaux du bestiaire des Machines de l'île -que vous devez absolument visiter, au moins aller sur le site voir les photos. En tant qu'habitué et amateur du lieu comme quasiment tous les Nantais, après ma lecture de ce livre, je ne verrai plus l'éléphant ni les animaux du Carrousel de la même manière, il se peut même que je m'arrête et que je tente d'entrer en communication avec eux!

"Esprits étroits", parce que Stéphane Pajot part dans un délire absolument formidable, basé sur les légendes liées au Lac de Grand-Lieu, notamment celle de la cité engloutie d'Herbauges, sorte de Sodome de la région qui fut noyée car rétive à l'évangélisation de Saint-Martin. Sous la plume de l'auteur elle perdure sous le nom d'Herbadilia, habitée et gouvernée par des grenouilles. Dès lors, il ne reste plus qu'à se laisser porter par la poésie, l'étrangeté de l'histoire et de ses personnages, tant les animaux vivants ou non que les hommes fictifs ou réels (le professeur Jean Rostand a bien existé, il est le fils d'Edmond et de Rosemonde Gérard dont il serait bien étonnant que vous ne connaissiez au moins un poème appris à l'école, et a bien étudié les grenouilles polydactyles*). Stéphane Pajot mélange tout cela dans un roman joyeux et jouissif. Il y ajoute même une part de polar, une histoire de dictature aux thèses proches de celles des nazis qui affronte aussi une Résistance, une part de fantastique, un récit naturaliste, un hymne à la nature, à la diversité et à la différence et un guide du Lac de Grand-Lieu et de la région nantaise. Et tout cela en seulement 154 pages! Une fable, un conte qui se déguste lentement pour faire durer le plaisir.
Comme à chaque fois que je ressors d'un livre enthousiaste avec la folle envie de le faire partager au plus grand nombre, je me trouve maladroit et pas totalement en phase avec tout ce que j'ai envie de dire. Sachez que depuis septembre, j'ai lu avec bonheur quelques romans ou BD dans lesquels l'aventure est de retour, l'aventure à la Jules Verne. Celui-ci en fait partie avec une petite partie de folie en plus, un gramme de fantaisie qui m'a ravi. Et comme j'aimerais tellement que vous tous qui passez me lire régulièrement -ou pas- plongiez immédiatement dans le Lac de Grand-Lieu, je vous laisse avec le meilleur argument possible tiré de la page 123 du livre, celui qui résume le livre et ne peut que faire mouche auprès des plus curieux d'entre vous:
"Il suffit de percer la bulle du quotidien dans laquelle on vit, de balayer de temps à autre les codes, les idées toutes faites. Souvenez-vous des mondes fabuleux de l'enfance, des histoires extraordinaires."
Stéphane Pajot est journaliste à Presse Océan, écrivain -j'ai déjà chroniqué pas mal de ses livres-, amoureux de sa ville, Nantes. Ce bouquin est né d'un projet autour de la légende d'Herbadilia, lui écrit le roman et avec Philippe Guihéneuf, un scénario pour un film, "un éco-polar fantastique où tout sera permis." (p.155) Vivement la projection!"

[Anomalie P de Stéphane Pajot chez l'Atalante]

Posté par Yv (blog de Yv).
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Pauline Klein : Fermer l'oeil de la nuit

Fermer l'oeil"Pauline Klein poursuit son interrogation sur l’art, l’écriture, le mensonge et la fabrication de nos vies. La narratrice, élevée seule par sa mère, emménage au début du roman dans un appartement parisien. Elle découvre bientôt que ses voisins du dessus sont des artistes, à propos desquels elle a lu une interview récemment. A partir de ces éléments, et des bruits qu’elle entend, elle imagine leur quotidien, reconstitue leur histoire. En parallèle, elle pense avoir découvert l’identité de son présumé demi-frère. Celui-ci serait un ancien boucher, incarcéré depuis plusieurs mois. Elle même s’étant toujours enfermée dans son corps comme dans une prison, elle entame une correspondance avec cet homme qui la "complète" enfin.
Un roman fort, troublant, construit par petites touches, trente courts chapitres, comme on peindrait une toile, comme on reconstituerait un puzzle."

[Fermer l'oeil de la nuit de Pauline Klein chez Allia]

Posté par L'équipe du Bateau Livre (Le Bateau Livre)
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Serge Joncour: L'Ecrivain national

Joncour"Dans ce roman, le narrateur est écrivain et s'appelle Serge (hasard ou non?). Il est invité en résidence d'écriture durant quatre semaines à Donzières une petite ville du Morvan. Logé à l'hôtel où la propriétaire l'entoure de gentillesse et de considération, il doit animer quelques ateliers sous les ailes protectrices d'un couple de libraires. Lors du discours inaugural, il est appelé l'écrivain national (avec un trait d'ironie) par monsieur le maire devant la population présente.

Il apprend dans le journal local qu'un homme âgé riche a disparu et que les soupçons se portent sur un jeune couple Aurélik et Dora arrivées depuis peu. Il s'agissait des plus proches voisins du disparu et tout le monde les considère comme des marginaux. Preuve accablante: une forte somme d'argent a été trouvée en possession d'Aurélik. Au lieu de penser au feuilleton qu'il doit écrire pour le journal ou de se focaliser sur ses différents ateliers et de les préparer, notre écrivain s'intéresse à cette affaire. La photo de Dora l'attire comme un aimant.
On est loin de l'idée d'un écrivain comme on pourrait se l'imaginer: pointilleux, sûr de lui. Et notre écrivain pose des questions ce qui déplait et dérange. Au lieu de rester à la place qui lui est attitrée, il vadrouille dans les bois, arrive en retard à ses rendez-vous pour affronter des lectrices qui démontent un de ses romans, il se fait remonter les bretelles par le libraire.
On se prend de sympathie pour lui dès le départ: mal à l'aise, un peu maladroit mais franc et un brin naïf.

Un roman qui interroge sur le rôle de l'écrivain, qui en plus joue habilement sur le terrain du genre policier et nous offre un portrait brossé d'humour et de justesse des petites villes de province.
Et dans les descriptions, les ressentis, j'ai retrouvé le Serge Joncour rencontré aux Escales de Binic avec qui j'avais discuté un peu. Un écrivain un peu timide qui n'essayait pas de me vendre ses livres, qui balbutiait un peu et loin, très loin d'être orgueilleux.
Un bonheur réjouissant et un livre chaleureux!"

[L'Ecrivain national de Serge Joncour chez Flammarion]

Posté par Clara
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Gaëlle Josse : Le Dernier gardien d'Ellis Island

Josse"Ellis Island à l'embouchure de l'Hudson, ferme ses portes en 1954 après avoir accueilli et rejeté des milliers d'hommes et de femmes venus se presser contre les portes dorées des États-Unis d'Amérique. Un homme encore demeure sur l'île. Il s'appelle John Mitchell et il est le dernier gardien d'Ellis Island. Quelques heures avant de quitter définitivement l'île, son domaine depuis tant d'années, Mitchell revient sur sa vie et explore les tréfonds de sa conscience.

Gaëlle Josse signe, avec "Le Dernier gardien d'Ellis Island" un roman fort qui mêle adroitement le destin unique d'un individu et la grande histoire d'Ellis Island, destination rêvée d'une partie du monde de 1892 à 1954. Tout au long de cette dernière soirée, John Mitchell se remémore les évènements marquants de son existence tout en cherchant vainement la rédemption. C'est un homme prisonnier de sa propre conscience que l'on découvre, usé par un enfermement intérieur. Des rouages de l'administration aux tragédies humaines, ce roman poignant nous narre les heures sombres d'un homme face à sa propre humanité. "Le Dernier gardien d'Ellis Island" explore la thématique de l'exil et de l'exilé qui sait prendre de multiples et douloureuses formes."

[Le Dernier gardien d'Ellis Island de Gaëlle Josse chez Noir sur Blanc]

Posté par Marine S. (Fontaine Auteuil)
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Adrien Bosc : Constellation

Bosc"C'est un livre sur ce que les surréalistes et le premier d'entre eux, André Breton, appelaient le "hasard objectif". L'auteur s'interroge sur les coïncidences malheureuses qui, réunies toutes ensemble, aboutirent à la mort des trente-sept passagers de l'avion "Constellation", un jour d'octobre 1949. Parmi tous, on connaissait Marcel Cerdan, l'amant boxeur d'Edith Piaf et aussi Ginette Neveu, la grande violoniste. Les autres, plus personne ne s'en souvient et c'est l'un des mérites de ce livre que de les faire sortir de l'oubli dans lequel ils étaient tombés. L'auteur s'intéresse à la vie de chacun d'entre eux et aux circonstances de ce dernier voyage.

C'est un livre très documenté mais qui, pour autant, ne s'en tient pas qu'aux faits. Tandis que les secouristes ont les yeux rivés au sol et que les biographes retournent le passé à la recherche de débris ou de souvenirs oubliés, Adrien Bosc, pour son premier roman, lève les yeux au ciel pour mieux comprendre. C'est beau, passionnant, poétique... Bref, on en redemande!"

[Constellation d'Adrien Bosc chez Stock]

Posté par Yann D. (Librairie L'Armitière, Rouen)
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Silvia Avallone : Marina Bellezza

Marinabellezza"Un amour puissant, torturé et presque impossible, tel est le fil rouge du nouveau roman de Silvia Avallone qui se déroule dans une vallée du Piémont.
Ces deux protagonistes Marina et Andrea ont grandi dans le même village, s'aiment et pourtant ne cessent de se déchirer. L'une participe à des télé-réalité en vue de devenir une chanteuse célèbre, tandis que l'autre rêve de reprendre la ferme de son grand-père pour élever des vaches et fabriquer du fromage. Deux destins et deux personnalités à l'opposé qui pourtant ne cessent de se retrouver tels deux aimants. Ces deux jeunes touchés par un pays en crise et écorchés vifs par les rapports complexes entretenus avec leurs parents servent de prétexte à l'auteur pour aborder différents thèmes de notre société et peindre un village italien qu'elle a bien connu durant son enfance.
Ce livre est une bouffée d'oxygène, un espoir pour une jeunesse parfois perdue et un déferlement de sentiments qui ne peuvent laisser indifférent. Les personnages sont si attachants qu'arrivé à la fin du roman, il est dur de les quitter.
Véritable cri d'amour, cette histoire vous prendra aux tripes. Espérons que Silvia Avallone continue à nous offrir des pépites comme celle-ci."

[Marina Bellezza de Silvia Avallone chez Liana Lévi]

Posté par Hélène A. (Librairie Fontaine Victor Hugo)
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Laurent Mauvignier : Autour du monde

Mauvignier"Avec "Autour du monde", Mauvignier nous narre la vie de plusieurs personnages aux quatre coins du monde avec comme évènement commun le tsunami au Japon en mars 2011. J'ai trouvé que cet ouvrage demande un temps d'adaptation dans sa forme narrative inhabituelle et est quasiment impossible à résumer. Cet enchevêtrement de vies permet d'aborder certains conflits dans le monde comme celui israélo-palestinien ou le terrorisme en Somalie ou bien encore la vie d'une famille japonaise à Paris pendant le tremblement de terre chez eux ou un mari qui avoue à sa femme des années après un accident mortel qu'il a eu avec un ami mais toujours caché...
Ce roman nous ouvre les portes sur de multiples questions: le beau versus le mal, les religions, le pardon, la faiblesse des hommes, l'humain contre l'inhumain, la mémoire et l'oubli... Roman époustouflant et exigeant!"

[Autour du monde de Laurent Mauvignier aux Editions de Minuit]

Posté par Véronique T. (Librairie Fontaine Passy)
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Nickolas Butler : Retour à Little Wing

Retour à little wing"Une superbe découverte! Hank, Lee, Ronny et Kip ont grandi dans le petit village de Little Wing, au cœur du Wisconsin. Devenus respectivement fermier, star de rock internationale, champion de rodéo et richissime financier, les quatre amis connaissent des fortunes diverses.
Pourtant, régulièrement, la vie, les mariages et les séparations les conduisent à nouveau à Little Wing, où la nature magnifique du Wisconsin sait les consoler et les faire grandir.
Cet hymne aux grands espaces américains est également un roman puissant sur l'amitié, les rêves, les mensonges et les déceptions qui jalonnent nos vies et nous poussent à avancer, parfois bien malgré nous...
Un superbe roman à faire découvrir largement!"

A signaler que ce livre vient d'obtenir le prix Page-America au Festival America de Vincennes.

[Retour à Little Wing de Nickolas Butler chez Autrement]
 
Posté par Viviane L. (Librairie A chacun son livre)
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François Roux : Le Bonheur national brut

Lebonheur"Mai 1981: l'élection de François Mitterrand est pour certains une douche froide et pour d'autres synonyme de renouveau et d'espoir. Pour Paul, Rodolphe, Tanguy et Benoît, il ne reste que quelques jours avant le bac. Contrairement à ses amis, Benoît ne veut pas quitter sa petite ville de Bretagne et poursuivre des études. Seule la photographie compte à ses yeux. Rodolphe est déjà attiré par la politique et prend un malin plaisir à défendre ses convictions contraires à celles de son père ouvrier. Tanguy, aussi brillant que Rodolphe, a du s'impliquer dans la conserverie familiale très tôt et rêve d'intégrer une prestigieuse école. Enfin Paul, issu d'une famille bourgeoise, se cherche alors qu'il aimerait assumer son homosexualité.

Le bonheur national brut déroule la vie de ces quatre amis au lycée sur presque trente ans. Après le bac chacun suit sa voie. Paul se retrouve à Paris dans une prépa pour intégrer la fac de médecine selon les volontés de son père. Enfin loin de ses parents, il passe son temps dans les fêtes et au cinéma. Ambitieux de briller sur la scène nationale, Rodolphe s'investit dans la politique tandis que Tanguy travaille d'arrache-pied à ses études. Benoît lui est plongé dans le monde du travail. Parviendront-ils à réaliser leurs rêves tout en gardant intact leurs idéaux et leurs valeurs?

Le bonheur national brut est un roman captivant et sans temps mort! A travers ces quatre personnages, il s'agit de toute une génération qui est brossée. Une génération confrontée à l'envolée de la crise et du chômage, aux désillusions.
François Roux ne s'en tient pas aux destins de Paul, Rodolphe, Tanguy et Benoît, il ponctue son livre de faits politiques, économiques qui ont marqué nos esprits et qui par leurs répercussions, façonnent des vies directement ou non.
Une fresque sociale dont on tourne les pages avec plaisir avec des personnages attachants en quête de bonheur personnel, familial et professionnel. Un roman rythmé avec de l'humour, de la tendresse et surtout cette justesse incroyable! Rien à redire!"

[Le Bonheur national brut de François Roux chez Albin Michel]

Posté par Clara (Clara et les mots)
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Steve Tesich : Price

Price"Après nous avoir fait découvrir "Karoo", les éditions Monsieur Toussaint Louverture nous offrent le premier roman de Steve Tesich, qui cette fois aborde les tourments d'un adolescent.
Daniel Price vient de finir le lycée, obtenant son diplôme et ne sait quelles vont être ses occupations pour l'été. Accompagné de ses deux amis Freud et Misiora, il erre dans la ville sans trop savoir quel sera son avenir. Sa rencontre avec Rachel, une jeune fille nouvellement arrivée dans le quartier va littéralement bouleverser son existence. Tiraillé entre un père inaccessible, bientôt foudroyé par la maladie et ce premier amour, son quotidien va devenir un désenchantement. Obsédé par Rachel et prêt à tout pour elle, Daniel va doucement délaisser ses amis et sa famille, préférant passer du temps avec sa belle. Malheureusement, celle-ci est d'une grande complexité, jouant de caprices en manipulation. Elle restera un mystère pour Price durant tout le roman.
Grâce à une écriture claire et fluide, Tesich impose un style de qualité, très agréable à lire, créant un véritable roman initiatique. Sur un ton qui pourrait sembler léger, voire parfois humoristique et décalé, il aborde des sujets profonds, évoquant la mort, l'amour, la quête de soi et l'écriture. Tous ces thèmes sont dépeints à travers le portrait de ce jeune Price, qui passera un été plein de surprises et de désillusions, le changeant à jamais.

N'attendez plus pour découvrir l'univers original et excentrique de Steve Tesich, qui malheureusement n'avait écrit que deux romans."

[Price de Steve Tesich chez Monsieur Toussaint Louverture]

Posté par Hélène A. (Fontaine Victor Hugo, Paris)
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Jean-Marie Blas de Roblès : L'Ile du Point Némo

Robles"Foisonnant, rayonnant, érudit, facétieux, jubilatoire, extravagant... génial! Roman d'une ampleur extravagante et géniale. Complètement inclassable même si le point de départ s'inscrit dans le registre de l'aventure, de la grande aventure. C'est foisonnant, rayonnant, érudit, facétieux avec de légères touches jubilatoires. Vous tenez entre les mains un grand roman. Vous ne le lâcherez plus et de toutes façons vous l'aimerez... Ou bien je ne comprends plus rien à la littérature.
Il s'agit d'un véritable hymne à la littérature, aux livres, aux auteurs, aux lecteurs, à l'imaginaire débordant mais parfaitement maîtrisé, doté d'une petite dimension utopique, voire écologique qui n'est pas pour déplaire.
Embarquez vite dans ce roman à la recherche du diamant volé..."

[L'Ile du Point Némo de Jean-Marie Blas de Roblès chez Zulma]

Posté par Betty D. (Librairie La Buissonière)
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L'occasion aussi de retrouver toutes leurs chroniques sur la rentrée littéraire.

Paul Colize : Un long moment de silence

Paul colize"D'entrée de jeu ça décolle: un prologue vu à hauteur de très petit enfant, un premier chapitre décrivant un attentat au Caire (en 1954), un narrateur peu complaisant envers lui-même, ce qui est assez remarquable, de mettre ainsi le lecteur entre les mains d'un odieux décomplexé -dont on devine qu'à un moment donné on comprendra ses circonstances atténuantes- et des chapitres de retour vers l'histoire contemporaine et comment tout ça prend forme peu à peu dans l'esprit de qui se laisse embarquer, et le bon dosage entre révélations, et zones d'ombres persistantes, pensées introspectives, sexe, action et mise en ambiance -le petit village italien où l'on se croirait, des villes allemandes, une aire d'autoroute, le New-York d'après guerre...-.
Voilà, nous sommes dans le bon, le très bon roman policier mais pas seulement.
Il n'y aura guère que deux catégories de public à écarter de ce roman, pour lesquelles il pourrait ne pas apporter le bon effet de lecture escompté:
- ceux qui n'aiment pas le genre policier, roman à énigme, plein d'actions;
- les migraineux chroniques, dont j'ai peur que les trop efficaces descriptions des maux de tête du héros Stanislas Kervyn, ne viennent à leur rappeler douloureusement les leurs; à moins qu'au contraire ils se sentent ainsi un peu moins seuls dans leurs souffrances.

A ces deux exceptions près, foncez!"

[Un long moment de silence de Paul Colize chez Folio Policier]

Posté par Gilda F. (Librairie Fontaine Kléber, Paris)
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Valentin Musso : Sans faille

MussoRomuald, Théo et David ont été étudiants dans le même établissement où ils passaient plus de temps à faire la fête, boire et se droguer plutôt qu'à travailler. Ils étaient amis, même si Romuald vient d'un milieu défavorisé alors que les deux autres sont issus de familles riches.
Ils s'étaient perdu de vue pendant 12 ans avant que Romuald et Théo se retrouvent par hasard dans un bar. Romuald invite Théo et son amie Dorothée, ainsi que David et Juliette à venir passer un week end dans son magnifique chalet dans les Pyrénées. Ce qui devait être deux jours de retrouvailles et de détente se transforme en cauchemar. Beaucoup de questions se posent, des rancœurs ressurgissent et le drame survient...
Même si la fin est tout à fait inattendue, j'ai adoré ce livre. Captivant du début à la fin, très bien écrit et plein de suspense.
Je ne connaissais pas cet auteur, mais je vais me procurer ses œuvres précédentes.

[Sans faille de Valentin Musso au Seuil] A voir aussi la chronique de Gérard Collard.

Posté par Carine C.
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