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5 notes en mars 2024

Comment ranger sa bibliothèque de livres numériques ?

BiblioIl y a quelques mois, je remballais et déballais ma bibliothèque de livres imprimés; l'occasion de faire du ménage aussi, des livres dont on se sépare, beaucoup d'ailleurs qui vieillissent bien mal, le papier jauni. Comme d'habitude la question se pose, comment les ranger, modifier le classement, lesquels garder, relire, etc. Quand vous en avez peut-être plusieurs milliers comme moi, c'est souvent un vrai casse-tête suivant vos pièces, vos bibliothèques, vos étagères.

Plus les années passent, plus je me rends compte que je suis moins sensible à un quelconque classement. Je me limite à trois grandes classifications, "littérature française", "littérature étrangère" et "histoire du livre" qui est proche de mes intérêts. Pour le reste, je laisse faire la sérendipité et c'est bien comme cela. Les livres illustrés et beaux-livres sont dans un autre coin à part.

En revanche ma bibliothèque de livres numériques est resté la même depuis des années. Quel rangement? C'est l'aspect pratique que j'ai utilisé pour le classement. Des dossiers "éditeurs", puis alphabétique nom de l'auteur à l'intérieur, rien de plus simple. Facile à retrouver, le moteur pour chercher des livres qui seraient chez des éditeurs différents. J'ai toujours privilégié ces dossiers "éditeurs". Un classement que je n'utiliserais pas pour un classement physique mais que je trouve pratique dans l'univers numérique avec un moteur intégré en plus. Je n'aurais pas cette "proximité" avec les éditeurs, j'utiliserais certainement des dossiers thématiques.

L'ensemble sur un cloud perso, en l'occurrence pCloud de l'autre côté des Alpes, en Suisse, que je trouve très efficace aussi bien depuis l'ordinateur que le smartphone, pour envoyer sur mon application favorite PocketBook, pour le peu (vraiment très peu) que je lis dessus. Bien évidemment, toutes les DRM sont dégagés, aucune ne rentre chez moi, question de principe. Les marquages/tatouages restent, ils ne me dérangent pas, même quand je partage avec des proches, la confiance est là. Je supprime aussi systématiquement avec l'indispensable SIGIL (un outil libre) toutes les polices embarquées dans mes livres. Elles n'ont strictement aucun intérêt et ne font que surcharger la taille des fichiers. En plus, je procède à une sauvegarde sur un disque dur externe une fois par an, je pourrais le faire sur une clé USB assez copieuse.

Si j'utilise l'excellent logiciel Calibre (un outil libre de plus) pour convertir ou diminuer la taille de mes fichiers de temps en temps, je ne l'utilise pas pour gérer ma bibliothèque. Je n'y ai jamais vu un grand intérêt; la gestion avec mes différentes liseuses je la fais avec le petit câble USB, par pCloud sur l'ordinateur. Si vous êtes intéressé par Calibre, je vous conseille le très complet tutoriel préparé par Nicolas il y a quelques mois, c'est par ici.

Curieux de savoir comment vous gérer votre propre bibliothèque numérique, n'hésitez-pas à m'envoyer vos commentaires.


Démarrer une bibliothèque de livres numériques

EbooksUne bonne idée pour démarrer la constitution d'une bibliothèque numérique? Les classiques de la littérature sont bien sûr un bon socle. Vous pouvez évidemment télécharger un par un des fichiers qui vous intéressent au hasard de vos recherches. Mais vous pouvez aussi aller bien plus rapidement, en téléchargeant en masse une grande quantité de fichiers à la fois, à l'aide de torrents quand le site le permet. Il vous suffira ensuite de supprimer rapidement ceux qui ne vous intéresse pas.

C'est le cas pour des lecteurs qui partent en voyage pour longtemps, dans certaines destinations lointaines où ils ne vont pas forcément trouver de connexions. J'ai plusieurs fois croisé ces demandes, partir avec une liseuse et une copieuse bibliothèque embarquée.

L'excellent site eBooksGratuits permet cette option. Bravo à eux. Tous les détails sont ici.

PS: à signaler que vous pouvez faire la même chose du côté de la Bibliothèque Numérique Rommande, c'est par ici.


André Lavacourt : Les Français de la décadence

DecadenceLa situation des livres indisponibles numérisés du XXème siècle est toujours en question. Hélas, toujours beaucoup de frustration de ne pouvoir disposer que d'une seule version PDF; certes qu'une version numérique existe en soit, c'est déjà une bonne chose, mais pourquoi n'être pas allé plus loin dans le processus de numérisation vers une version ePub du côté de chez Fenixx?

C'est une nouvelle fois la question qui se pose pour le livre d'André Lavacourt "Les Français de la décadence" que Juan Asensio sur le blog Stalker a remis en lumière (presque exhumé), à la fin de l'année dernière (voir ici). Un livre publié chez Gallimard en 1960, qui avait eu à l'époque les faveurs entre autres de Raymond Queneau, Roger Nimier, Michel Déon et complètement oublié aujourd'hui.

Je ne résiste pas au plaisir de vous joindre ce commentaire très drôle sur Amazon qui traduit parfaitement la question :

"FeniXX est une bonne œuvre qui numérise les livres disparus du marché et qui mériteraient de nouveaux lecteurs, et vend l'e-book à un prix raisonnable. (...) Les textes donnent un livre de texte qui rentre dans toutes les machines Kindle, et les images un livre d'images qui ne rentre que dans les tablettes en couleurs, c'est logique. Mais cette fois les 600 pages d'un roman Gallimard deviennent 600 images, qui ne rentrent pas dans mon Kindle Oasis, c'est la première fois que je serai obligé de lire un roman sur ma tablette Androïd. Peut-être le bas de plafond qui a dirigé ce travail a jugé que les taches et les plis de l'original papier méritaient d'être contemplés par le lecteur d'aujourd'hui, comme si c'étaient des photos de David Hamilton. C'est 250 fois plus encombrant que le texte et ça n'apporte rien. A l'intention de FeniXX : l'outil qui permettrait de faire comme il faut s'appelle OCR."

Bien sûr, la spéculation comme d'habitude joue pleinement sur les plate-formes de livres d'occasion, il ne faudra pas trop y compter. Des sommes élevées et des livres dans un état dégradé. Alors, quelle solution pour le lire?

Comme le web a souvent horreur du vide, une version ePub est apparue la semaine dernière sur les réseaux. C'est toujours des équipes francophones discrètes, actives au fil des années, qui font le job. Je ne peux que vous encourager à la récupérer et à lire ce très bon livre qui mériterait assurément une réédition chez l'éditeur. Mais sans trop d'illusions...


Feedbooks : un pionnier de la lecture numérique tire le rideau

FeedbooksFeedbooks va définitivement fermer en ce mois de mars. Créé en 2007, c'est une page de la lecture numérique en France qui se tourne. Repris par la société québecoise DeMarque (qui développe la marque Cantook) il y a quelques années, la librairie numérique Feedbooks va en effet définitivement disparaître le 15 mars prochain, cédant la place Cantook.

Feedbooks, c'était deux petits surdoués, pionniers du livre numérique, Hadrien Gardeur et Loïc Roussel qui avaient très vite compris les prémisses de ce nouveau marché qui démarrait tout juste. Je crois que la première fois que je les ai rencontré c'était en septembre 2007 sur Paris, du côté de chez LaFeuille en terrasse autour d'un verre.

2007, c'est l'année où j'ouvrais Abicia sur Nantes. Le même mois que Feedboks justement, en juin.  Contrairement à eux, je choisissais le modèle d'abonnement pour lire des pages. C'était difficile à l'époque de convaincre les éditeurs "d'y aller" comme on dit. Ils se regardaient tous en chiens de faïence. Le format ePub n'existait pas, vous pensez. L'avantage que Feedbooks avait sur moi, c'est qu'Hadrien et Loïc développaient eux-mêmes. Au bout d'un an et demi, je n'ai pas pu retenir mes deux développeurs qui ont volé vers d'autres cieux plus rémunérateurs. Fin de l'aventure pour moi, les dernières traces sont du côté de la WebMachine. La difficulté de partir trop tôt comme on dit, mais bon, on apprend.

Amazon est arrivé fin 2010 en France quelques mois après l'iPad, le vrai démarrage du marché. Une éternité pour tenir. En attendant cela, Feedbooks passait quelques années de l'autre côté de l'Atlantique pour enrichir le site des catalogues anglo-saxons, d'autres langues aussi sont venues, la France et ses tergiversations attendront.

Feedbooks, c'est plein de souvenirs qui reviennent, la volonté d'organiser un environnement indépendant et ouvert du livre numérique, leurs efforts du côté de l'interprofession, des bibliothèques, des librairies, le format OPDS, etc. La belle application Aldiko qui est venue aussi.

Et puis les rouleaux compresseurs sont apparus, pas facile d'avoir de la visibilité dans un monde de brutes, de verrous, d'environnements propriétaires qui cadenassent les livres aux machines. Leurs difficultés aussi du côté des groupes éditoriaux français, je me rappelle leurs vicissitudes pour agréger l'indispensable catalogue d'Hachette, cela devenait une véritable Arlésienne, en France il n'est pas bon d'être français.

Pas facile de trouver un chemin en restant indépendant, la règle est bien connue, tant d'expériences similaires. La fin a été difficile pour eux. En redressement judiciaire en juin 2019, Feedbooks et sa filiale Aldiko avaient été rachetées par la société québecoise De Marque dans le cadre d’un plan de cession, pour un montant de 230.000 euros et le rachats de créances, selon le jugement du tribunal de commerce de Paris prononcé le 9 août de la même année (voir Livres-Hebdo).

Il était logique que la marque Cantook poussée au Québec prennent ensuite la suite, une nouvelle librairie est prévue en avril prochain, uniquement dans les pays suivants : France, Belgique, Suisse et Luxembourg.

Fin de Feedbooks donc. Avant le 15 mars, les clients ont la possibilité de télécharger une dernière fois leur bibliothèques.

P.S. : Pour retrouver le fil chronologique de l'aventure Feedbooks, le tag Feedbooks et 74 petits billets.


Blaise Cendrars au format numérique

CendrarsEn complément du dernier billet sur Julien Gracq qui ne bénéficie pas d'éditions numériques ni partielles ni complètes, il m'a paru intéressant de revenir sur le cas de Blaise Cendrars. Les Éditions Denoël ont entrepris il y a quelques années une nouvelle édition de ses œuvres complètes. La parution s'échelonne au fil des années, les derniers volumes 10 à 15 paraitront en principe dans les deux années à venir.

La très bonne surprise est que la version numérique est proposé au format ePub, à prix élevé certes, mais qui a le mérite d'exister pour les amateurs. Il y a deux ans j'avais acheté une version imprimée (la première en toile verte), une édition numérique au seul format PDF était proposé par l'éditeur, un format insatisfaisant pour moi.

On peut féliciter l'éditeur de fournir aujourd'hui une version ePub de ses œuvres complètes, une politique radicalement différentes d'autres éditeurs, Gallimard en tête pourtant faisant partie du même groupe. Toutes les versions existent, brochés, numériques, comme tous les titres en Folio également. Je ne pensent pas que la version numérique ne morde sur quoi que ce soit en terme de ventes pour les autres versions. Denoël l'a surement bien compris, comme les ayants-droits. Chaque manifestation de l'œuvre apporte des usages de lecture différents.

Voici un éditeur entré résolument dans le XXIème siècle pour un auteur désormais classique du XXème siècle comme Blaise Cendrars. La prochaine étape serait une version complète imprimée et numérique associés; espérons que les amateurs l'auront un jour sans débourser une somme folle il faut bien le dire.