Jean-Pierre Martinet : petit retour et puis repartira...
17 février 2023
Et l'on reparle de Jean-Pierre Martinet. Au fil des années, Le Dilettante, Finitude, L'Arbre vengeur, c'est aujourd'hui un autre éditeur L'Atteinte qui remet en lumière le dernier livre de cet auteur, L'Ombre des forêts paru à la Table Ronde en 1987. Autant de "petits" éditeurs qui ont essayé d'extirper des limbes Jean-Pierre Martinet, disparu en 1993, aujourd'hui bien confidentiel. Son dernier livre était indisponible dans sa version de poche à La Petite Vermillon parue en 2008. C'était d'ailleurs la seule version poche qui existait de ses livres. Martinet exclu des catalogues, du numérique aussi d'ailleurs, hormis quelques titres secondaires. Ses principaux livres comme Jérôme ou La Somnolence, découverts en leurs temps par Jean-Jacques Pauvert ou Le Sagittaire de Gérard Guégan, des crémeries passées dans les laiteries industrielles des groupes. Que peut bien peser Jean-Pierre Martinet dans leurs lignes de comptes, par compte même interdits de poche, pas question de libérer les formats numériques.
Martinet, un auteur qui compte pour tout ceux qui se sont plongés dans ses livres, un univers qui n'appartient qu'à lui. J'en fait même un signe de la qualité d'une librairie quand j'en découvre une nouvelle. Martinet est-il sur une étagère perdu autour de Martin du Gard, Maupassant, Mauriac, avant celle bien pleine de Musso? Pendant quelques semaines en ce début d'année il aura la primeur de quelques tables, se frottant aux piles de la rentrée littéraire et puis s'en ira, les purgatoires sont décidément bien verrouillés pour les auteurs qui ne rentrent pas dans les moules. Combien de lecteurs pour lui? Comment Martinet pourrait-il bénéficier enfin du statut qu'il mérite sans voir ses trois principaux livres passer dans des versions de poche et le numérique associé? On n'ose bien sûr pas évoquer une pléiade, vous imaginez bien, plus modestement une édition complète en Bouquins (comme récemment Jean-René Huguenin) ou autre qu'il mériterait amplement.
Les passages météores chez des petits éditeurs depuis une quinzaine d'années, dans des versions en grand format aux prix élevés le maintiennent soigneusement dans l'ornière qu'il ne devrait jamais quitter. Une stratégie de l'échec de l'auteur soulevé il y a bientôt dix ans dans cet article de Causeur, une même stratégie de l'échec éditoriale aujourd'hui. Le temps hélas n'y change rien...