François Bon allume la mèche
20 mai 2010
Deuxième étage de la fusée Publienet dirigée par François Bon, l'édition numérique de livres précédemment parus chez des éditeurs dans leurs versions papier. Si depuis plus de deux ans maintenant il s'en était toujours tenu soigneusement, sans franchir la barrière, à l'édition au format numérique d'inédits d'écrivains reconnus ou de textes n'ayant pas trouvé d'éditeurs, François Bon s'engage maintenant dans l'édition de ses propres textes parus chez ses anciens "petits" éditeurs. L'Enterrement (paru chez Verdier) aujourd'hui, Limite paru aux Editions de Minuit suivra dans quelques semaines: "Les droits numériques m'en appartiennent évidemment, mais surtout le souhait de compléter le travail de fond mené par Verdier: si vous avez L'Enterrement Verdier dans votre bibliothèque, ou si vous vous le procurez en librairie dans sa couverture jaune (le prix en Folio est sensiblement le même que la version numérique, il y était paru en 1994, avec un nouveau tirage en 2000 je crois, mais on est peu informé, dès lors que c'est en poche), envoyez-moi une photo, et on vous donnera code d'accès pour la version numérique. On doit marcher en complément, et disposer d'une version numérique, avec recherche plein texte, portabilité sur téléphone ou liseuse, bibliothèque numérique transportable, c'est un service que vous, lecteur, êtes en droit d'exiger de l'éditeur lorsque vous achetez un livre papier –le contrat que vous passez avec l'auteur et l'éditeur est un contrat sur la lecture, donc les services qui y sont associés, et pas seulement sur le transfert d'un objet matériel". Au delà d'un choix individuel, François Bon compte bien fédérer d'autres auteurs avec lui avec des arguments dans la rémunération bien supérieurs à ce que proposent actuellement les éditeurs. "Auteurs, Publie.net vous propose une exploitation de ces droits numériques à partage égal de recettes, ne signez pas un avenant numérique à moins de 20%, et –selon le droit commercial en vigueur– si notre proposition est meilleure que celle de votre éditeur papier, vous avez toute légitimité à nous confier cette diffusion. Il ne s’agit pas d’une diffusion concurrentielle de celle encore très bâtarde de vos éditeurs principaux (DRM qui ne gênent que le client, prix prohibitif, pur décalque papier), mais d’un outil complémentaire et stratégique –sur le web en général, et sur l’iBookStore en particulier." Un véritable défi aux plateformes récemment mise en place par les distributeurs traditionnels avec une invitation aux petits éditeurs à entrer en discussion avec Publienet plutôt qu'avec elles! "Nous pouvons envisager toute forme technique adaptée à une éventuelle collaboration: simple insertion de vos epub et PDF sur notre plateforme, et nous vous reversons 50% des recettes, soit prise en charge création des ressources numériques, etc. L’important c’est la présence, et c’est d’agir ensemble. Et bien sûr, autre point stratégique: la page web avec ressources numériques renvoie au livre papier, et possibilité d’offrir à l’acheteur du livre en librairie un code privé pour la version numérique (simple tatouage à son e-mail) en sus. Amis éditeurs: l’excellence de votre savoir typo, presses, colles et papiers, distribution à coups de kilomètres et de dimanches, nous c’est la même chose en terme de codage, Ruby on Rail, Onix 3, communautés et réseaux, nuits de geeks –travaillons ensemble, et ce sera le meilleur moyen pour vous de vous approprier les outils..." A suivre de très près cette initiative dans la mesure où beaucoup d'auteurs sont dans la même situation que lui et se trouvent déjà dans la sphère Publienet avec des inédits. Publienet sort du bois et entre bien en concurrence avec les plateformes numériques (une de plus). Le catalogue Publienet dispose d'ailleurs d'un accès potentiel à tous les libraires de France avec l'interopérabilité des catalogues en vigueur dans quelques semaines (via Immatériel). Toussaint, Chevillard, Rollin, Delaume et d'autres vont-ils s'engager dans un tel pari? Est-ce que François Bon, renégat qu'il est, n'est pas en train de signer son "Enterrement" dans l'édition et dans la librairie traditionnelles? A suivre, mais c'est clair que c'est une mini-bombe dans le landernau de l'édition française!