Pourquoi les liseuses séduisent-elles toujours autant?
28 octobre 2013
Il y aura dix ans l'année prochaine que sortait sur le marché japonais le premier livre électronique/ liseuse chez Sony, le Sony Librié. Bientôt dix ans donc et malgré l'arrivée en force des smartphones, des presque défunts netbooks, des grandes/ moyennes tablettes et des petites phablets, ce sont toujours aujourd'hui des dispositifs de lecture qui séduisent des millions de lecteurs à travers le monde. Une étude américaine la semaine dernière confirmait même que leur adoption progressait aux Etats-Unis, sur un marché américain pourtant saturé par les Kindle d'Amazon au fil des années. C'est près d'un américain sur quatre aujourd'hui qui en sont équipés. Dans tous les pays européens, le taux d'équipement progresse fortement avec des modèles désormais proposés par toutes les enseignes, une petite vingtaine de modèles pour le marché français. Nouveaux lecteurs mais aussi anciens, ceux qui les ont déjà adoptés en rachètent de nouvelles, preuve qu'elles remplissent bien leurs fontions de machines à lire.
Quelles sont les raisons de l'engouement et de la fidélité à ces dispositifs? Elles sont de plusieurs ordres que l'on peut regrouper sous quatre rubriques:
- une technologie innovante qui progresse: vraiment plus grand chose à voir entre les premières générations de liseuses et les nouveaux modèles actuels. Qualité du design, poids, finesse, tactile, résistance aux chocs, blancheur de l'écran, noirs et définition des caractères, rapidité des processeurs, autonomie doublée, qualité de l'ergonomie et de la navigation, choix typographiques, imports de dictionnaires, annotations, éclairage intégrée pour certaines, accès à de vastes corpus de livres numériques en quelques minutes. La liste est longue de tous les paramètres qui ont été améliorés au fil des années. Les récentes annonces d'eInk sur la technologie Carta et un taux de contraste accru est la preuve que la technologie avance toujours, l'objectif étant de reproduire au plus près un confort optimal de lecture qui est celui du papier. On pourra réécouter à ce sujet les propos de Thierry Baccino, directeur scientifique au Lutin, il y a trois ans sur France-Inter (j'avais pris la peine d'enregistrer la discussion).
- des prix de plus en plus bas: les prix ont été divisés par quatre/cinq environ depuis les débuts, des modèles d'entrée de gamme aujourd'hui entre 50 et 70€. La baisse des prix a permis à de nouveaux lecteurs de s'équiper, qui n'étaient pas forcément de très gros lecteurs en mobilité au début. Rentabiliser un appareil entre une cinquantaine de livres et une quinzaine seulement change radicalement la donne. Disposer d'un appareil à un prix abordable pour être un complément utile dès que l'on part loin de chez soi en transport ou en voyage sans trop se préoccuper d'autonomie et de connection internet, est un argument qui séduit beaucoup.
- une lecture sans connectivité: contrairement aux smartphones et aux tablettes qui ne trouvent leur principal intérêt que connectés, pas besoin de connection pour ces machines. Une fois que vous aurez fait le plein d'un choix de livres suffisant chez vous, plus besoin de revenir à l'internet. Adieu l'hyper-connectivité. Je sais que c'est un élément qui est souvent perçu comme un défaut ("on ne peut pas lire sur le web"), c'est aussi une qualité plébiscitée. Beaucoup d'entre vous me parlent de leur rapport intime à la lecture, "couper avec le web pour prendre sa liseuse comme l'on prend un livre" pour reprendre un témoignage récent.
- une lecture avec une bibliothèque personnelle: pas de lecture en streaming possible, les fichiers ePub téléchargés sont un pré-requis pour ces appareils. Malgré ce que veulent nous faire croire certains, il est faux de croire que les lecteurs ne cherchent plus que de l'accès à des bibliothèques avec des formules d'abonnement. Beaucoup de lecteurs sont très sensibles à constituer leurs bibliothèques numériques personnelles, pouvoir partager leurs livres en famille ou avec des amis en toute indépendance. Le téléchargement à l'unité a de beaux jours devant lui, même si d'autres modèles vont venir. A l'heure où des stratégies se développent pour toujours plus de restrictions dans les accès avec les DRM et les modèles propriétaires, d'autres éditeurs font le choix de distribuer leurs livres avec des solutions plus libres et ouvertes en marquage pour leurs lecteurs, complètement adaptées à l'univers des liseuses.
Si vous voyez d'autres éléments auxquels je n'ai pas pensé, n'hésitez pas à me laisser vos commentaires, je serais ravi de les remonter dans le billet. Bonnes lectures!