Vincent Monadé (CNL) : le numérique en relais de croissance
20 mars 2014
A lire l'interview de Vincent Monadé, président du Centre National du Livre, sur le site Atlantico. Il revient sur les relais de croisssance pour le secteur du livre. Le livre numérique en tête et le rôle que pourrait avoir les libraires avec l'offre de liseuses. Le CNL désormais en réflexion avec les librairies indépendantes, de plus en plus nombreuses à ouvrir des offres de livres:
Le livre résiste à la crise, alors qu’il subit lui-même une crise du papier en général et de l’édition en particulier. Finalement, quels sont les relais de croissance?
Le numérique, évidemment! Il peine à se développer en France. Longtemps, on a cru, moi le premier, que l’offre n’était pas présente. Mais en fait, non! c’est l’équipement qui pose problème. Les grands éditeurs font du natif en numérique alors qu’il y a encore deux ans ce n’était pas le cas, c’est-à-dire que tous les livres papiers vendus le sont aussi en version numérique. On lit des livres dématérialisés parce qu’on lit également en papier. Les consommateurs gardent les deux usages. C’est vrai qu’avec une liseuse j’ai 350g dans la poche et pas toute ma bibliothèque. Peut être les générations qui viennent, en travaillant uniquement sur les écrans, prendront le chemin du tout numérique. Mais pour celles d’aujourd’hui et d’avant, on développe ces deux usages. C’est entré dans les mœurs, l’offre est là, et pourtant, le marché ne décolle pas réellement. J’y vois deux raisons: d’une part, un très fort attachement dans ce pays au livre papier; et d’autre part, un taux d’équipement qui progresse énormément en tablettes, mais pas en liseuses. Or, on sait que sur tablette, la lecture est concurrencée par d’autres loisirs: le jeu vidéo, le film, ou les séries, sont plus faits pour la tablette, parce qu’un l’écran est rétro-éclairé, ce qui est particulièrement pénible pour simplement lire un livre. Il y a plus d’un jeune de moins de 19 ans sur 5 qui dispose d’une tablette pour son usage personnel, selon Ipsos. Et 37% des Français ont une tablette à la maison. Sur liseuse, on ne peut que lire, mais le taux d’équipements sur ce produit ne progresse pas. Est-ce que le réseau de librairies indépendantes est capable de fournir une offre de liseuses, contrôlées par les libraires évidemment afin d’acheter les livres numériques facilement dans ces enseignes et qui permettrait de développer ainsi l’équipement, plutôt que Kindle qui autorise uniquement de commander sur Amazon? C’est une question que je me pose et sur laquelle j’ai envie de travailler avec les libraires.