Petite visite aux Editions Leduc.s à Paris, à deux pas de Montparnasse, où j'ai rencontré Stéphane Leduc (directeur et fondateur) et Aurélie Scart (responsable numérique) que certains d'entre vous connaissent peut-être, car elle a travaillé avec Bruno Rives. Une observatrice avertie du numérique, de longue date!
Créées en 2003, les éditions Leduc.s ont dès le départ marqué une ambition très précise: accompagner au quotidien dans des domaines aussi variés que la famille, le travail, la santé, la minceur ou l’humour. Une équipe de dix personnes, travaillent à la création et à la promotion des huit à dix guides pratiques, documents et même romans qui paraissent chaque mois. Quatre grandes thématiques dans les collections: santé préventive/ naturelle, développement personnel, vie professionnelle/ business et des rééditions de livres à contre-courant comme "Capitalisme et liberté" de Milton Friedman par exemple. Des livres imprimés bien sûr, mais aussi depuis un an maintenant, des versions numériques qui étoffent une offre de plus en plus large. L'occasion de revenir avec eux sur le déploiement du numérique.
Est-ce que le numérique a été très tôt au centre de vos préoccupations, de votre veille?
Bien entendu, cela fait partie de mes gênes! J'ai débuté en tant que concepteur/rédacteur dans la presse télématique. Cela démarrait à l'époque, il n'y avait pas encore d'internet. J'ai participé à l'aventure du minitel, on peut dire que j'ai été "webmaster avant l'heure" pour des titres dans la presse comme Marie-Claire, Libération, etc. Ensuite dans les années 90, je me suis consacré à la photographie.
Mais en fait, depuis que je suis enfant j'ai toujours été baigné dans l'édition. Mon père était éditeur chez Marabout. C'est en échangeant avec lui que le projet de créer ma propre maison d'édition a mûrie au début des années 2000. Et je gardais bien entendu toujours un oeil sur le numérique, sur le développement du web, comment il impactait mon travail d'éditeur.
L'élement déclencheur est venu quand?
C'est lors d'un voyage aux Etats-Unis dans la Silicon Valley en 2009, quand j'ai participé au Stanford Publishing Course que j'ai compris qu'il fallait se lancer dans l'édition numérique. Nous avions déjà très tôt négocié les droits numériques dans nos contrats d'édition. Nos premiers livres ont été distribués par les pionniers comme Cyberlibris.
Comment s'est fait la mise en oeuvre?
Pour moi, il était indispensable de recruter une personne pour s'occuper à plein temps du développement numérique. Aurélie est venu intégrer notre équipe fin 2010. Nous avons réfléchi ensemble sur le choix de la plateforme de distribution. Nous voulions absolument garder notre indépendance. C'est pour cela que nous avons fait le choix de traiter en direct avec quatre plateformes : YouScribe, Apple, Amazon et Fnac/Kobo. D'autres suivront.
Pouvez-vous nous dire les choix que vous avez faits?
Il était évident pour nous que les DRM n'étaient pas le bon choix pour nos ouvrages. Mon expérience du numérique m'avait convaincu qu'elles étaient un frein à l'achat, comme dans la musique il y a quelques années. Nous avons opté pour des solutions de watermarks qui ne restreignent pas nos lecteurs, quand c'est possible. Concernant les prix, nous n'avons pas attendu la baisse de la TVA en pratiquant dès le début des remises de prix de 30 à 50% par rapport aux versions imprimées. En général, nous essayons au maximum d'être aux alentours de 10€.
Quelles sont vos premiers résultats de ventes?
Nous avons vendu à peu près 10.000 exemplaires au total l'année dernière, je n'ai pas encore fait le relevé total des ventes de fin d'année. L'accélération est très nette depuis l'automne dernier. Notre best-seller a bien évidemment été le livre sur Steve Jobs, avec plusieurs milliers d'exemplaires dans sa version numérique.
Comment s'organise la promotion?
Nous essayons d'être très réactifs pour arriver dans les têtes de gondoles d'Amazon et d'Apple. Nous relayons à chaque fois nos nouveautés au travers de notre blog, notre site, Facebook et Twitter.
Par exemple l'un de nos derniers titres, un livre sur le Konjac (plante coupe-faim japonaise) préfacé par Pierre Dukan, est sorti en avant-première numérique sur les 4 plateformes (9,99€ sans DRM). Le livre imprimé sortira en librairie début mars.
Nous avons lancé un blog dédié sur le livre et sur la thématique, animé par les 2 auteurs, ainsi qu'une page Facebook.
Comment voyez-vous le développement?
C'est une aventure qui démarre, c'est très stimulant. Nous avons de très bons retours de nos lecteurs, qui nous encouragent à avancer. Pour l'instant notre catalogue numérique comprend 65 titres sur les 250 au catalogue. Notre objectif est de proposer très vite la quasi totalité de notre fonds. Il faut repenser certains titres qui ne peuvent pas simplement être convertis au format ePub. N'oublions pas que nous sommes une maison de titres pratiques!