Merci François Bon
29 août 2007
C'est François Bon sur Tiers Livre qui m'avait remis la puce à l'oreille sur l'un de ses articles, où il évoquait le Livre de Sable de Borgès. Bon sang, oui, c'est cela, un lointain écho. J'avais lu cette nouvelle, il y a bien longtemps. Ce petit livre dans la collection Du Monde Entier chez Gallimard qui trainait quelque part, bon sang, pas moyen de remettre la main dessus. Et puis, miracle, à force d'effort, j'ai fini par le retrouver! Si la bibliothèque de Babel imaginait un nombre infini de livres, le livre de sable, lui, évoquait un volume au nombre infini de pages. Cette nouvelle a plus de trente ans, c'est le moment où Alan Kay commençait ces travaux sur l'encre électronique! Les grains de sable comme des goutelettes d'encre minuscules, volatiles, qui s'assemblent et s'évaporent, pour se réassembler à nouveau (le courant électrique faisant office de zéphyr). C'est très troublant de relire cette nouvelle, qui est tout à fait prophétique de l'encre électronique. Prisonnier du livre qui finit par lui devenir monstrueux, le narrateur se rappelle avoir lu quelque part que le meilleur endroit où cacher une feuille c'est une fôret. Il profite de l'inattention des employés pour l'abandonner sur un rayonnage de la Bibliothèque nationale. Est-ce le destin des tablettes en papier électronique? Relisez absolument cette petite nouvelle lumineuse.
Le même François Bon qui a eu l'heureuse idée de photographier les bureaux des Editions Albin Michel. Incroyable de retrouver au hasard sur son blog, ma propre fenêtre qui donnait sur les toits, il y a vingt ans... Et puis le bureau de Dominique, à l'étage au-dessous, Dominique Camus avec qui nous avons partagé tant de bons moments sur tant de livres illustrés, Dominique qui se révait quelque part en gardienne de phares, emportée par une terrible maladie, il y a dix ans cet été. Pour tout cela, merci à vous, Monsieur Bon...