Je ne suis pas un pirate: voilà pourquoi
19 mars 2009
"Tant que les conditions de protection des contenus numériques sur les réseaux ne sont pas fixés, que les choses soient claires, vous n'aurez pas nos contenus". C'est en substance le message que tous les professionnels de l'édition (groupes, éditeurs indépendants moyens et petits) réunis lors de ce Salon du Livre ont fait passer de manière unanimes.
Alors que les positions se radicalisent de part et d'autre, alors que la loi HADOPI est en discussion à l'Assemblée nationale (voir L'Express), il faut être clair:
Depuis quelques jours, je vous propose plus de 750 livres sur un serveur Free, 3 heures et demi de téléchargement. Ces livres représentent à peine le quart de la capacité d'une SD Card de 2Go de 10 euros. Tous ces textes sont libres de droits et ont été choisis, produits, relus, maquettés et mis en forme sous l'initiative d'une personne physique à savoir Jean-Yves Dupuis, habitant du Québec et lui-même auteur, en respect avec les lois internationales régissant le droit d'auteur.
Demain sur le même serveur Free, en 15/20mn, tout Folio, tout Livre de Poche, tout PointsSeuil, tout PressesPocket, tout Bouquins, tout Quarto, tout Que sais-je?, toute la Pléiade, tout Babel, tout Libretto, tout FictionsetCie, tout GallimardDécouvertes, tout LeMasque, tout Omnibus, tout Mille et une Nuits, tout J'aiLu, tout Librio, toute la Série Noire, tout CastorPoche, tout 10-18, tout Harlequin, tout SAS, tout RivagesNoir, toute la PetiteBibliothèquePayot, tout SpécialSuspense... La liste pourrait prendre plusieurs pages encore.
Certes, vous pouvez lire des grands discours des défenseurs libres des réseaux, avec des trémolos dans la voix, des défenseurs de la Connaissance et de la Libre Pensée...
Mais c'est du siphonnage de centaines de milliers de textes dont il s'agit actuellement de réfléchir, rien que de cela...
Mon choix personnel est simple, j'ai envie de continuer à acheter des livres, en papier et en numérique, et je veux que l'on m'explique clairement comment on va pouvoir ne pas tarir la création, la richesse et la diversité éditoriale dans notre pays si l'on procède à un pareil siphonnage des contenus. J'ai très envie que chacun prenne position sur ce sujet. Qui paye le travail de Monsieur Dupuis?
PAS PIRATES: ALDUS
PS: on lira avec intérêt l'interview d'Alain Rocca, président des productions Lazennec, membre du Club des
producteurs européens, et président d’UniversCiné, société de
distribution de films indépendants en VOD, dans le Monde.
"C'est certain qu'à partir du moment où il y a un prix, c'est toujours moins bien qu'une situation dans laquelle on peut avoir la même chose sans payer. Mais dans ce cas-là, il faut avoir le courage de dire, quand on regarde un film sans le payer, qu'on prétend que la maquilleuse, le chef opérateur, le réalisateur, le scénariste et tous ceux qui ont collaboré à la fabrication de ce film doivent le faire le week-end et gagner leur vie autrement"
"La loi Hadopi, c'est juste pour essayer de ne pas faire perdre aux Français l'habitude de payer un film de cinéma quand ils le regardent. On ne répond pas à son boucher qui vous propose le steak trop cher en lui volant le steak quand il a le dos tourné. Sinon, on n'a plus de boucher, et on n'a plus de steak."
Mise à jour du 21 mars:
"La loi arrive à un moment dans lequel les acteurs de la création ont
perdu beaucoup d'argent et sont dans une relation polémique avec le
monde du numérique. On a laissé le mal s'installer, prospérer et le
débat survient tard par rapport à une pratique déjà installée. C'est
pour cela que c'est difficile. Je ne veux pas que cela se reproduise
sur les autres secteurs qui sont confrontés à ces questions. C'est ce
que j'ai dit au Salon du Livre : il faut réfléchir en amont, anticiper
avant d'être submergé par le problème, pour ne pas se retrouver dans la
situation de la musique, à discuter une loi dans le pire des contextes." (Nathalie Kosciusko-Morizet, Figaro.fr)