La Tva fausse la donne
02 novembre 2009
On parle beaucoup des livres numériques trop chers en France surtout si on les compare à nos voisins anglo-saxons et allemands. Ne parlons pas du cas Amazon qui casse les prix en vendant à perte les livres qu'il achète aux éditeurs pour doper son Kindle. Même si on regarde les prix pratiqués par les autres grands libraires anglais, il faut vraiment avoir en tête que le différentiel de Tva en France (5,5% sur le papier et 19,6% pour son équivalent numérique) fausse complètement la donne et qu'il va bien falloir trouver rapidement une solution.
Ci-dessous un petit tableau récapitulatif pour bien apréhender les remises effectivement consenties par les éditeurs, à Tva constante:
- une remise de 10% sur le prix public = une remise de 20,5% effective pour l'éditeur
- une remise de 15% sur le prix public = une remise de 25% effective pour l'éditeur
- une remise de 20% sur le prix public = une remise de 29,5% effective pour l'éditeur
- une remise de 25% sur le prix public = une remise de 34% effective pour l'éditeur
- une remise de 30% sur le prix public = une remise de 38,5% effective pour l'éditeur
- une remise de 35% sur le prix public = une remise de 42,5% effective pour l'éditeur
- une remise de 40% sur le prix public = une remise de 47% effective pour l'éditeur
- une remise de 50% sur le prix public = une remise de 56% effective pour l'éditeur
Les éditeurs les plus hardis (Seuil, Flammarion) en ce moment font un effort très significatif, qui est à saluer sans démagogie. Antoine Gallimard revenait sur ce problème dans son article de vendredi: "Dans cette perspective, il est urgent que les éditeurs puissent être assurés de la maîtrise des prix et des fichiers dans l'univers numérique; il est urgent que le livre dématérialisé puisse bénéficier d'une TVA réduite. Il faut aussi veiller à ce que l'économie du numérique ne vienne pas mettre en cause les équilibres que la loi sur le prix unique a permis de tenir, en particulier la pluralité des réseaux de vente. Il semble que ni Bercy ni Bruxelles ne partagent une telle lecture de ces enjeux. C'est une faute grave: faut-il considérer que le taux de TVA réduit, adopté pour le livre traditionnel, vise à protéger le papier et non les oeuvres elles-mêmes?". Beaucoup pensent que rouvrir le débat sur le prix du livre en France reviendrait à ouvrir une boite de Pandore; mais ne rien faire serait pire à moyen terme. Et quand je dis moyen, ce n'est pas si loin que cela à l'échelle du numérique. Si les lecteurs n'ont pas d'offres intéressantes, ils iront chercher ailleurs et vous savez où...