Chroniques de lecture - 18
15 mai 2011
Colères de Lionel Duroy (Julliard)
à télécharger sur la FNAC
"J'ai fait quelque chose contre la peur. Je suis resté assis toute la nuit et j'ai écrit"
Rainer Maria Rilke
Un livre d'amour. L'amour. Toujours l'amour. Ben oui, c'est normal non? Qu'est-ce qui nous fait vivre? L'amour. Toujours l'amour.
Pas facile d'aimer. D'être aimé.
Qui a le mode d'emploi lève le doigt!
Pas toujours simple la vie.
Vous savez aimer une femme, voire deux, quatre enfants, écrire un roman, porter le lourd souvenir de vos parents tout en installant une tringle à rideaux, vous savez faire tout ça en même temps sans vous donner un coup de marteau sur le doigt? Vous savez faire ça?
C'est l'histoire de Marc, écrivain, père d'une famille recomposée comme on dit maintenant. Presque comme tout le monde quoi?
Son fils lui «pourrit» la vie, lui soutire de l’argent et sa femme semble s’éloigner de jour en jour.
Marc nous raconte sa vie. Une vie maudite, écorchée... à vif. Il nous l'écrit. Une écriture écorchée... à vif. C'est vital pour lui, l'écriture. Une question de vie ou de mort.
Ecrire pour survivre.
«...je devais très vite me mettre à écrire si je ne voulais pas commencer à mourir...»
Marc n'arrive pas à vivre "comme il faut". Il angoisse d'aimer.
J'ai retenu une phrase que j'aime bien, sur les enfants : «Elever un enfant, me dis-je, c'est lui apprendre à porter avec légéreté, avec élégance, cette part sombre et nauséeuse que chaque être contient et avec laquelle il lui faut cheminer et composer toute sa vie.»
La vie est un roman? La vie pire qu'un roman?
Là, c'est le roman de Marc, le roman de Lionel Duroy, sa vie très intime, celle d’un «papa qui installe toutes ses femmes partout, et qui bientôt va se retrouver tout seul dans la grande maison.»
Un livre émouvant, très autobiographique.
T. C.