Chroniques de lecture - 26
16 septembre 2011
Merci à Thierry qui nous revient en cette rentrée avec la reprise de ses chroniques de lecture:
«Après le livre», François Bon, Publie.net
(paru en septembre 2011)
François Bon, auteur rock’n’roll des «Rolling Stones, une biographie», «Bob Dylan, une biographie» et «Rock'n roll, un portrait de Led Zeppelin», mais aussi des romans «Sortie d’usine» (publié en 1982 aux Editions de Minuit qui vient d’être réédité en numérique) et autre «Tumulte», auteur de pièces de théâtre et de nombreux essais, François Bon, dis-je, est aussi éditeur de textes numériques, fondateur du désormais célèbre et incontournable site Publie.net, une sorte de «coopérative d'auteurs» consacrée à l'édition et à la diffusion numériques de littérature contemporaine. Ouf!
Je précise que les livres publiés sur Publie.net sont tous sans DRM et que les droits reversés aux auteurs sont de 50%.
Mais, ce n’est pas fini, François Bon est, avant tout, un amoureux de la littérature. Il écrit et il lit.
Son livre, oui, j’ai bien dit son «livre» car après tout un livre en epub est un livre aussi, un livre comme les autres qui se lit comme les autres aurait pu s’intituler «Le livre, une biographie» ou bien «Nouvelles technologies, un portrait de lecteur». Et là je trouve que le débat «pour ou contre le livre numérique» me semble, déjà, dépassé et inutile.
Dans son essai «Après le livre», François Bon revient sur les mutations des formes de lecture, des types de supports, des habitudes d’écriture. Ah le beau passage sur le carnet de notes toujours glissé dans la poche avec le stylo qui va avec.
François Bon n’est pas un inconditionnel aveuglé du tout numérique.
Il sait encore «vénérer» le livre papier.
Au même titre que Roger Chartier avec son «Histoire de la lecture dans le monde occidental», il nous propose, déjà, une histoire du livre numérique, une histoire des nouveaux lecteurs et écrivains du tout numérique. Les nouvelles technologies transforment, nous transforment... à nous de refuser toute déformation. Il nous suffit de rester quelque peu vigilant, intelligent.
C’est un livre instructif, érudit, jamais partisan. Ce «doux fanatique» de Baudelaire et de Balzac nourrit son livre d’anecdotes, d’exemples, d’expériences toujours plaisants. Eveilleur, veilleur de curiosités, il sait nous offrir des réflexions sur hier, aujourd’hui... jusqu’à demain. Nous avons lu, nous lisons et nous lirons. Peu importe le contenant, l’important c’est le contenu.
Il est vrai que l’édition électronique a encore beaucoup de sueurs chaudes devant elle. Les fautes d’orthographe (fautes de copie?), erreurs de ponctuation abondent, la typographie mérite mieux à mon goût tout comme la justification des lignes , bref il y a encore du pain sur la planche (la planche à billets?) pour arriver à un confort de lecture digne d’un livre papier.
Mais là où je rejoins volontiers François Bon, c’est sur les promesses d’une nouvelle écriture numérique contemporaine liées aux inimaginables interactivités que suggère la numérisation.
Il faudra donc rester attentifs et curieux de nouvelles écritures, de nouveaux textes, de nouveaux auteurs.
Nous le ferons dans le cadre de ce «Club des lectures numériques» tout en gardant sous le coude et sans honte aucune un bon vieux Balzac ou Kessel sur un chiffonné papier jauni.
«Qu’importe le flacon... pourvu qu’on ait l’ivresse!» (Alfred de Musset)
T.C.
Livre lu au format epub sur un Opus de Booken dans le cadre du "Club des lecteurs numériques".