UK : Amazon passe en force pour l'offre Kindle Unlimited
06 octobre 2014
Certains éditeurs indépendants britanniques voient malgré eux certains de leurs titres passer dans l'offre Kindle Unlimited d'Amazon lancée la semaine dernière, une offre qu'ils refusent ouvertement. La bataille se déplace désormais sur le terrain juridique. Pour les éditeurs concernés dont la liste est déjà longue -Bloomsbury, Scholastic, Faber, The History Press, Canongate, Atlantic, Granta, Head of Zeus, Hesperus Press, Michael O’Mara, Icon Books, etc-, se mettre en opposition frontale face à Amazon, c'est risquer un bras de fer et un déréférencement de leurs titres en versions imprimées, on le voit bien avec Hachette.
Le responsable de Waterstones, James Daunt, se dit préoccupé par l'impact du modèle d'abonnement/ souscription sur le marché du livre au sens large, si celui-ci s'avère populaire: "Evidemment, je suis extrêmement préoccupé par le concept de celui-ci et l'impact potentiel qu'il pourrait avoir sur les livres qui dévaluent".
Malgré leurs inquiétudes, les éditeurs ont dit qu'ils étaient "impuissants" à retirer les titres du service contractuellement, car Amazon utilise le modèle "revendeur" de paiement pour Kindle au prix de détail d'un livre à chaque fois qu'il est téléchargé et lu. Les auteurs reçoivent eux-aussi les mêmes paiements de redevances comme ils le seraient si un ebook avait effectivement été acheté.
Bien qu'aucun éditeur ne voulait être cité par crainte de représailles de la part d'Amazon, beaucoup parlent en privé de leur colère face à la conduite d'Amazon et ont dit qu'ils engagaient des avocats pour examiner la légalité de la situation: "Nous avons dit très clairement que nous n'avions pas intérêt à mettre nos titres dans ce service, en dépit de la persistance d'Amazon, c'est une vraie surprise de trouver nos titres dedans." Un autre dit: "Nous avons examiné nos contrats et tentons de déterminer s'il est légal pour être utilisé dans le cadre d'un autre service, mais il le semble que tant qu'ils nous paient comme si c'était une vente alors que cela n'en est pas une". Un autre encore: "Ce n'est pas quelque chose que nous sommes en mesure de combattre. Nous nous sentons impuissants. Le problème est de savoir si ceux-ci ne représentent qu'un premier tour de titres, s'ils vont ajouter plus tard peut-être de grands éditeurs" (via TheBookSeller).
Amazon dispose sur ses propres serveurs des fichiers des éditeurs. Il règne en maître avec un certain cynisme sur des éditeurs impuissants, désormais réduits à l'état de servage, se voyant imposés malgré eux un modèle d'abonnement que seul Amazon est en mesure de rémunérer au-delà des sommes qu'il perçoit effectivement. Situation bien connue, le géant américain n'est pas à une stratégie de dumping près pour prendre place sur le marché avec ce type d'offre. Un phénomène qui ne fait que renforcer une fois de plus une situation de monopole extrèmement préoccupante sur le marché anglo-saxon. Jusqu'où peut aller le rouleau compresseur Amazon? Va-t-on aller vers une situation équivalente dans les autres pays d'Europe?