Réseau Carel : un point sur le dispositif PNB pour les bibliothèques
30 novembre 2016
Un rapport d'étape très intéressant de Réseau Carel sur l'avancement du dispositif PNB (Prêt Numérique en Bibliothèques). Depuis juin dernier, les éditeurs déjà engagés dans PNB revoient leurs conditions et critères de prêt. Ce mouvement est dû à la fin de la période de test qui autorise les éditeurs à revoir leurs conditions en fonction de l’expérience accumulée pendant un peu plus d’un an. Je retiens particulièrement de ce rapport:
Globalement, les éditeurs ont assoupli les conditions sur les titres de leurs fonds mais en parallèle durci leurs conditions sur les nouveautés par rapport à celles de la période de test. Certains ont certes gommé des critères aberrants (une durée de prêt de 1 an dans le cas d’un groupe, impraticable) mais ils ont en général augmenté le prix par jeton (le seul qui fasse référence, la hausse pouvant atteindre 30%). Ils ont réduit, parfois drastiquement, le nombre de prêts simultanés (certains sont passés de 20 à 5) au risque de faire perdre à PNB sa spécificité. De dures réalités. La plupart se sont toutefois alignés sur une durée de licence (période de validité des droits pour un titre) entre 6 et 10 ans, une augmentation très fortement demandée par Réseau Carel.
Voici, pour affiner, un petit bilan des principaux résultats obtenus jusqu’à présent par Réseau Carel suite aux discussions avec les groupes d’éditeurs :
- un passage de tous à une durée de prêt de 59 jours (au départ certains groupes limitaient à 21 jours !) ;
- un passage de tous à une durée de licence de min. 5 ans (au départ certains groupes proposaient 3 ans voire même 1 an !) ;
- des lots de jetons majoritairement autour de 30 (les plus petits lots permettent aux petites bibliothèques de ne pas prendre trop de risque en acquérant un titre de la longue traîne alors que les grands réseaux peuvent eux acquérir plusieurs lots de ce titre si elles le souhaitent) ;
- une rétractation de deux groupes lorsqu'ils ont voulu monter significativement les prix des nouveautés au printemps 2016 (et n'ont finalement augmenté que marginalement) ;
- une rétractation face au projet d’un groupe de passer ses BD à 5 prêts simultanés (simultanéité in fine fixée à 10) ;
- une différenciation nouveautés/fonds proposée aujourd’hui par plusieurs groupes (au départ aucun groupe ne distinguait, sauf Madrigall, alors que nous recommandions une amélioration des conditions pour la longue traîne, plus difficile à vendre pour les éditeurs et dont la mise en exergue fait partie aussi des missions des bibliothèques) ;
- l'uniformisation des conditions au sein de chaque groupe (Editis était loin de cela avant qu'on les rencontre et le leur recommande ; chaque groupe ayant des conditions différentes des autres une hétérogénéité intra-groupe s’ajoutant à celle entre groupes aurait encore ajouté à la difficulté de lisibilité du catalogue) ;
- une augmentation significative pour certains éditeurs du nombre de titres versés au catalogue PNB par rapport aux titres proposés aux particuliers (même si une des douze recommandations précise qu’il ne devrait pas y avoir d’écart restant).
Réseau Carel regrette également le blocage du côté du groupe Hachette et appelle même à un boycott pur et simple du côté des établissements.
Une seule offre se différencie radicalement des autres, celle du groupe Hachette. Il y a peu de perspective de la voir évoluer étant donné qu’elle est fixée par ce groupe pour le monde entier. C’est la seule qui ignore totalement la simultanéité. Elle prétend compenser par la cession de droits sans limite de durée: c’est un avantage qui est sans doute en partie trompeur car après 8 à 10 ans les livres ont souvent «fini» leur vie (romans ou documentaires), même si les bibliothèques portent aussi la longue traîne auprès de leurs publics.
Cette offre se caractérise aussi par un prix très élevé la première année: 45€ environ, soit trois fois le prix d’un livre numérique grand public. Si ce livre est acquis au 10ème mois de la nouvelle année, cela fait cher les deux mois restants. En effet, le prix après un an ou après la parution du poche se rapproche alors des conditions de leurs confrères car après un an le prix passe à 1,5 fois le prix public et lors du passage en poche le prix est calculé sur base du prix public du poche cette fois (ce qui fait deux décotes, dans un ordre qui peut changer). Réseau Carel déconseille l’achat de nouveautés pour les éditeurs d’Hachette tant ces conditions semblent difficilement acceptables pour les bibliothèques. En revanche, il s’agit d’un modèle pérenne plutôt intéressant par rapport à la longue traîne, pour laquelle la simultanéité n’apparaît pas aussi importante.
Réseau Carel pointe toujours sur le rôle de Dilicom, le manque de visibilité du système, le manque de pouvoir des bibliothèques en l'absence d'un droit de prêt numérique et le non-respect des 12 recommandations du Ministère de la Culture. Voir l'ensemble du communiqué "Où en est PNB fin 2016?" sur Réseau Carel.