Un an avec l'Iliad
19 septembre 2007
Ce titre pour reprendre le titre du blog d'Hélène qui vient de démarrer deux semaines d'abonnement aux Echos sur l'Iliad. Bon sang, déjà un an que je déballais fiévreusement ma boite, plus de temps encore que j'avais découvert ce fameux papier électronique (j'ai retrouvé l'autre jour l'article imprimé, avril 2004, la page web est toujours là!, à l'époque c'est la présence du géant japonais de l'imprimé Toppan qui m'avait interpellé au côté de Sony et Philips, tiens, tiens). Puis le Librié dans les mains fin 2004 à Montréal, la veille technologique avec Tebaldo, puis Irex, le choix de l'Iliad, plus grand, plus ouvert, plus communicant, plus tout... Cette excitation que j'avais à parcourir furtivement le web à la recherche de contenus. La frustration de ne trouver à l'époque que bien peu de choses intéressantes, des livres dont je n'aurais même pas prêté attention sur des tables de librairies physiques. Est-ce moi qui suis trop exigeant sur ce que je lis? Ma méfiance du gratuit. Trop sensible à la mise en forme, aux fautes typographiques, aux choix des éditions... Oui, certainement, un choix délibéré au départ aussi. Ne rien lacher, ne rien sacrifier à mes choix de lectures sous prétexte de passer sur l'Iliad. Observer comment cet objet allait peu à peu modifier mes pratiques de lectures, mon temps sur le web, ma consommation de ramettes (j'ai pas surveillé ma consommation d'électricité!). Et puis aussi cette certitude que c'est par la presse que ça viendrait. Une évidence, l'instantanéité, les flux d'informations, tout ce papier imprimé que l'on ne garde pas, qui coûte si cher. Cette rencontre avec le rédacteur en chef de l'Humanité à Nantes qui me disait perdre 0,57€ à chaque exemplaire tombé de la rotative (c'est pas le cas des livres qui tombent de la Cameron!); parralèllement la montée des gratuits, la montée des flux d'informations sur le web, le sentiment qu'il y avait certainement une opportunité pour la presse, à condition de mutualiser les offres.
Alors un an, la sortie des Echos, c'est le moment de faire un petit bilan de mes pratiques:
- l'Iliad n'a pas radicalement changé mes habitudes de lectures. J'achète toujours autant de livres, j'ai toujours autant le désir d'en acheter. Même si les librairies se développent du côté de l'offre, les ebooks sont chers (après vingt années de fabrication dans l'édition, je connais trop bien les prix de revient!), j'ai des doutes sur les éditions, c'est pas clair. Certains livres que je n'achèterais pas en papier? Qui ne sont pas en poche? Les prix restent élevés, j'hésite et puis j'oublie. Ma fréquentation des librairies reste intacte. J'achète toujours autant la presse mais c'est là que ça peut basculer pour moi si j'ai des offres complémentaires mutualisées (j'en ai dressé une liste idéale hier!). Si mon frère journaliste est viscéralement attaché au papier-journal, j'avoue que je ne le suis pas.
- l'Iliad a fait baisser mon temps de lecture sur le net, c'est indéniable. Dès que je repère un article un peu long, je m'empresse de le formater pour l'Iliad, c'est un peu petit mais très suffisant pour un article. Cela avec le corelatif qui va avec, l'Iliad a fait baisser ma consommation de ramettes, tous ces articles que j'imprimais, qui trainaient aussi bien sur mon disque dur que dans des chemises, tout va sur l'Iliad, bref un sacré ménage de ce côté-là. C'est bien les marchands de ramettes et d'encre qui ont des soucis à se faire. Côté internet, hormis le wifi indispensable pour un accès automatique des contenus, je ne recherche pas un livre électronique connecté pour des usages web. Je n'ai pas de PDA, pas de smartphone (et je n'en éprouve pas le besoin), j'ai un téléphone-portable dernier cri (je m'en sers seulement pour téléphoner, mais je l'ai choisi -en plus du fait que l'on me l'a donné avec des points- parce qu'il est ultra-fin et qu'il ne déforme plus mes poches!). Le passage par l'ordinateur ne me pèse pas.
- J'utilise l'Iliad aussi bien hors de chez moi (trajets quotidiens, week-ends), que sur mon bureau, dans mon salon, dans mon lit. Il voisine sans concurrence avec livres et journaux; avec lui j'ai eu envie d'acheter des livres, de retourner sur le web, de poursuivre des lectures ailleurs. C'est ce qui est le plus intéressant. Plutôt que de diaboliser, de présenter un monde manichéen numérique vs imprimé, c'est la complémentarité qui est extraordinaire.
Bon voilà, les livres électroniques vont lentement mais sûrement se diffuser. D'après Olivier aux Echos, nous serions seulement 3 a avoir souscrit l'offre abonnement-seul!, mais combien au total pour la fin de l'année?; ils tablent sur 1500/2000. Je vous le dis bien que tout va venir de la presse... Et quand je vois ma petite vidéo visionnée plus de 1100 fois en trois semaines, ça doit en exciter plus d'un!