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Lecture numérique: 4 clientèles identifiées

Reading Très intéressant billet de Hubert Guillaud sur LaFeuille qui revient sur une conférence des dirigeants de Kobo au dernier TOC avec une typologie de 4 clientèles identifiées:

"Des données qu’ils analysent quotidiennement, Michael Tamblyn et son équipe proposent de dresser 4 profils de lecteurs:

1. Les lecteurs sur livre électronique
C’est le segment de clientèle le plus apprécié. Et pour cause. Ce type de lecteur dépense 35$ en moyenne (des dollars canadiens, attention) a sa première visite, puis 20 à 25$ chaque fois qu’il revient sur la boutique, en moyenne 7 fois par mois! Ce sont des lecteurs continuels. Ils lisent de la fiction. Ils vont être des clients de longue durée. Ils payent 100% de ce qu’ils lisent. Leur mode de lecture passe par le web, mais surtout via le livre électronique Kobo. Chez ces clients là, la consommation de livres numériques s’accélère, dans le temps ainsi qu’à mesure que de nouveaux clients rejoignent la plateforme (un primoclient de février 2011 consomme plus qu’un primoclient de mai 2010). Pourquoi est-ce que ça marche aussi bien? Michael Tamblyn pense que c’est lié au fait qu’ils séduisent là un public de lecteur assidu, qui est motivé par l’amélioration des applications, des systèmes de recommandation et de commercialisation. Mais surtout, ce sont de meilleurs consommateurs de livres que les autres.

2. les lecteurs sur petit écran (smartphone)
En nombre, c’est le plus grand segment d’utilisateurs de Kobo. Ils achètent moins fréquemment et sont des clients qui dépensent moins que ceux qui consultent des livres sur un écran plus grand. A leur première visite, ils dépensent en moyenne 15 dollars. Ils font en moyenne une visite par mois et dépensent 7 dollars à chaque fois. Ils consomment surtout les contenus via leurs iPhone. Leur conversion est assez faible: c’est visiblement pour Michael Tamblyn, le moins bon canal de vente (peut-être aussi parce que Kobo a d’autres concurrents sur ce secteur). Ce sont des clients volatils (taux de désabonnement élevé) qui ont plutôt tendance à acheter de la romance qu’autre chose. Ce sont des consommateurs qui consomment à la fois des titres gratuits et des titres payants.

3. Les mondains de l’iPad
Ce segment n’est pas aussi intéressant que le premier. Ils dépensent en moyenne 22$ à la première visite. Ils achètent presque fréquemment: ils dépensent en moyenne 16$ par commande et font en moyenne 4,5 commandes par mois! Depuis décembre 2010, ils bénéficient de l’application Reading Life, dotée de fonctionnalités sociales.

Et cette application a des effets importants: les gens qui l’utilisent et la connectent à leur compte Facebook passent 33% de temps en plus dans l’application. Cette application permet d’obtenir des statistiques de lectures plus précises montrant ainsi que les lecteurs du soir lisent plus que ceux qui lisent tard dans la soirée, depuis leur lit. Les lecteurs qui ont lu au cours de la journée (déplacement, repas…) passent plus de temps à lire ensemble. Les utilisateurs montrent également qu’il y a plus de lecteurs en soirée que de lecteurs en journée, par contre, les gens achètent principalement des livres numériques entre 20h et minuit !

4. Le freegan
Le freegan (je ne sais pas comment traduire cela) ne dépense pas d’argent pour ses livres numériques. Il les veut gratuitement. Le web est sa source première. Il dispose de plusieurs objets électroniques et cherche du contenu gratuit à charger sur chaque. Tous les utilisateurs qui lisent des livres numériques gratuits ne sont pas des freegans, certains sont des paygans. Ces clients ont en moyenne quelques livres gratuits: 1 à 2. Les vrais freegans ont en moyenne 9 livres gratuits dans leur bibliothèque et ils passent du temps à chercher activement des livres gratuits. Ils sont “scandaleusement” résistants à la commercialisation.

La conclusion de Michael Tamblyn est simple. Les données collectées servent à améliorer l’expérience de lecture de l’utilisateur. “Et c’est en connaissant mieux ses lecteurs qu’on va pouvoir améliorer les ventes”. CQFD. En tout cas, il a montré qu’il existait bien bien différentes catégories de lecteurs de livres numériques, avec des comportements d’achats et de lectures différents et que ce comportement semble corrélé aux supports que les consommateurs utilisent."

Merci Hubert. Bravo à Kobo de communiquer de la sorte sur des chiffres qu'Amazon garde précieusement depuis des années. Vous vous reconnaîtrez certainement dans votre propre catégorie! En tous cas, un sacré rectificatif pour ceux qui enterrent les livres électroniques. Magré le buzz, l'iPad et les tablettes ne sont pas tout. On est au coeur de la stratégie d'Amazon avec une cible parfaitement identifiée depuis le début. Les lecteurs assidus avec un fort potentiel d'achat qui vont être clients de longue durée. C'est principalement là que les enjeux se jouent pour les éditeurs. Pour Amazon, Kobo et consorts, il s'agit de fidéliser avec des offres d'abonnements intéressantes; le Kindle offert (ou presque), sûrement pour bientôt, pour des clients pour longtemps...

PS: Pour la catégorie "freegan" vers laquelle tout malheureusement nous incite actuellement en France, une proposition de traduction que je trouve excellente dans les commentaires: "Pour freegan, puisque le mot vient d'une déclinaison de vegan ou vegetarian, je propose de traduire par "gratuitarien". Soit un commentaire bien sonore sur cette idéologie assez ridicule du tout gratuit. Non?" (merci Romuald).

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