La bande dessinée numérique n'intéresse guère les français
05 janvier 2017
La bande dessinée numérique est encore dans le bac à sable. Rien à faire, année après année, le constat reste le même. Alors que le secteur de la bande dessinée est toujours aussi florissant, le numérique déçoit toujours autant. Les éditeurs concernés ne sont guère disposés à trop communiquer sur les chiffres décevants. Le député Hervé Gaymard confiait même en aparté au printemps dernier qu'"Iznéo n'était pas un franc succès". C'est peu de le dire. Le récent rapport 2016 de l'ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée) confirme que c'est encore moins de 1% du secteur:
"La bande dessinée numérique, quant à elle, peine toujours à trouver ses marques sur un marché francophone qui reste dominé par le papier. Si la part de la diffusion des livres digitaux est passée, en moyenne, de 4% à 5% entre 2015 et 2016, pour l’ensemble de l’édition (baromètre de l’offre de livres numériques en France, 3ème édition, KPMG, septembre 2016), elle ne dépasse guère 1% dans la seule bande dessinée, de l’avis de tous les professionnels interrogés. Pourtant, ce genre est — avec les ouvrages pratiques et la littérature – l’un de ceux où l’offre est la plus disponible: 80% des nouveautés et 70% du fonds récent sont désormais accessibles en version digitale, même si le pourcentage tombe à moins de 50% pour le fonds ancien. Ceci témoigne d’une certaine prudence des éditeurs devant les investissements nécessaires à engager pour des perspectives de ventes aléatoires." A retrouver le rapport complet ici.
L'écart se creuse de plus en plus avec les autres secteurs. Et pourtant l'offre large de titres est là, les prix attractifs sont là par rapport à ceux de la littérature générale. Bizarre quand même. Alors? Si la bande dessinée numérique ne fonctionne pas c'est que le modèle proposé ne convainc pas. Plusieurs fois j'en ai fait le constat autour de moi auprès de grands lecteurs de bandes dessinées avec l'impossibilité de se (re)constituer des bibliothèques, de retrouver ses séries favorites sous forme numérique en toute liberté de manière déconnectée. Ce qu'ont compris certains éditeurs de fantasy par exemple comme Bragelonne, sur des publics de lecteurs souvent proches. Bragelonne doit être sans doute proche des 10% des ventes au format numérique. Un rapport de 1 à 10. Une stratégie radicalement opposée. L'impossibilité de disposer des fichiers est un vrai repoussoir. On a beau chercher toutes les formules, illimité, location, rien n'y fait... "On nous propose d'acheter du vent". J'ai plusieurs fois entendu ce genre d'expression. Tant que les éditeurs n'auront pas compris que les seules offres d'abonnements en streaming ne feront jamais décoller le marché français, pas de raison que cela change du côté des lecteurs. Si les éditeurs suivaient les autres secteurs, la bande dessinée numérique connaitrait un grand succès, aucune raison objective qu'il en soit autrement...