Mes livres du mois - février 2013
03 février 2013
Petit rendez-vous comme d'habitude, premier dimanche de chaque mois, pour vous donner mes deux livres coups de coeur. Ce ne sont pas des nouveautés du mois, mais deux livres que j'ai découvert sur le tard en ce début d'année, comme d'habitude l'un français, l'autre étranger.
Le premier, "Ciseaux" de Stéphane Michaka chez Fayard. Une très intelligente mise en scène des déboires de l'écrivain américain Raymond Carver (son nom n'est jamais mentionné) avec son éditeur qui dénature complètement ses textes à grands renforts de coups de ciseaux. On suit les espoirs, les remords, les menaces, les errances avec l'alcool, les rapports compliqués avec les deux femmes dans la vie de Carver. Son cas atteignant un sommet tant ses textes ont été massacrés, nécessitant des éditions posthumes rétablies. Au-delà de l'exemple de Carver, c'est tous les rapports de l'écrivain avec son éditeur qui sont mis en valeur, jusqu'où peut aller le travail sur le texte d'un auteur luttant pour son existence, qui n'a pas le choix. Je remercie Thierry Crouzet d'avoir attiré mon attention sur ce livre.
Le deuxième, attention chef-d'oeuvre, c'est "Le Diable, tout le temps" de Donald Ray Pollock chez Albin Michel. J'avais remarqué la mise en valeur qu'en donnait le magazine Lire en fin d'année. C'est tout à fait justifié, un livre que j'ai adoré. Attentions aux âmes sensibles, c'est du violent, du sordide. Le périple croisé de personnages paumés, dégénérés et cauchemardesques dans l'Ohio de la fin de la Seconde Guerre Mondiale aux années 60. On flingue, on égorge, on éviscère, on enterre les corps, sur fond de prédications et de crucifixions. Une interrogation sur la part du Diable qui sommeille dans l'Amérique profonde et qui résonne étrangement avec la violence de l'actualité récente. Un style vraiment génial, on est accroché jusqu'au bout, on sort rincé. Son premier livre paru en France va reparaître chez Libretto bientôt. Une certaine littérature américaine réaliste et noire, Donald Ray Pollock a, par bien des aspects, des accents d'Hubert Selby. Bref, courrez y voir.