155 notes dans la catégorie "Piratage"

Je ne suis pas un pirate: voilà pourquoi

"Tant que les conditions de protection des contenus numériques sur les réseaux ne sont pas fixés, que les choses soient claires, vous n'aurez pas nos contenus". C'est en substance le message que tous les professionnels de l'édition (groupes, éditeurs indépendants moyens et petits) réunis lors de ce Salon du Livre ont fait passer de manière unanimes.
Alors que les positions se radicalisent de part et d'autre, alors que la loi HADOPI est en discussion à l'Assemblée nationale (voir L'Express), il faut être clair:
Depuis quelques jours, je vous propose plus de 750 livres sur un serveur Free, 3 heures et demi de téléchargement. Ces livres représentent à peine le quart de la capacité d'une SD Card de 2Go de 10 euros. Tous ces textes sont libres de droits et ont été choisis, produits, relus, maquettés et mis en forme sous l'initiative d'une personne physique à savoir Jean-Yves Dupuis, habitant du Québec et lui-même auteur, en respect avec les lois internationales régissant le droit d'auteur.
Demain sur le même serveur Free, en 15/20mn, tout Folio, tout Livre de Poche, tout PointsSeuil, tout PressesPocket, tout Bouquins, tout Quarto, tout Que sais-je?, toute la Pléiade, tout Babel, tout Libretto, tout FictionsetCie, tout GallimardDécouvertes, tout LeMasque, tout Omnibus, tout Mille et une Nuits, tout J'aiLu, tout Librio, toute la Série Noire, tout CastorPoche, tout 10-18, tout Harlequin, tout SAS, tout RivagesNoir, toute la PetiteBibliothèquePayot, tout SpécialSuspense... La liste pourrait prendre plusieurs pages encore.
Certes, vous pouvez lire des grands discours des défenseurs libres des réseaux, avec des trémolos dans la voix, des défenseurs de la Connaissance et de la Libre Pensée...
Mais c'est du siphonnage de centaines de milliers de textes dont il s'agit actuellement de réfléchir, rien que de cela...
Mon choix personnel est simple, j'ai envie de continuer à acheter des livres, en papier et en numérique, et je veux que l'on m'explique clairement comment on va pouvoir ne pas tarir la création, la richesse et la diversité éditoriale dans notre pays si l'on procède à un pareil siphonnage des contenus. J'ai très envie que chacun prenne position sur ce sujet. Qui paye le travail de Monsieur Dupuis?

PAS PIRATES: ALDUS

PS: on lira avec intérêt l'interview d'Alain Rocca, président des productions Lazennec, membre du Club des producteurs européens, et président d’UniversCiné, société de distribution de films indépendants en VOD, dans le Monde.

"C'est certain qu'à partir du moment où il y a un prix, c'est toujours moins bien qu'une situation dans laquelle on peut avoir la même chose sans payer. Mais dans ce cas-là, il faut avoir le courage de dire, quand on regarde un film sans le payer, qu'on prétend que la maquilleuse, le chef opérateur, le réalisateur, le scénariste et tous ceux qui ont collaboré à la fabrication de ce film doivent le faire le week-end et gagner leur vie autrement"

"La loi Hadopi, c'est juste pour essayer de ne pas faire perdre aux Français l'habitude de payer un film de cinéma quand ils le regardent. On ne répond pas à son boucher qui vous propose le steak trop cher en lui volant le steak quand il a le dos tourné. Sinon, on n'a plus de boucher, et on n'a plus de steak."

Mise à jour du 21 mars:

 

"La loi arrive à un moment dans lequel les acteurs de la création ont perdu beaucoup d'argent et sont dans une relation polémique avec le monde du numérique. On a laissé le mal s'installer, prospérer et le débat survient tard par rapport à une pratique déjà installée. C'est pour cela que c'est difficile. Je ne veux pas que cela se reproduise sur les autres secteurs qui sont confrontés à ces questions. C'est ce que j'ai dit au Salon du Livre : il faut réfléchir en amont, anticiper avant d'être submergé par le problème, pour ne pas se retrouver dans la situation de la musique, à discuter une loi dans le pire des contextes." (Nathalie Kosciusko-Morizet, Figaro.fr)


Le prix du numérique?

Très intéressant post relevé sur le site TheDigitalist (Via Alain Perrot par mail, merci à toi) qui revient sur le prix des livres dématérialisés -ou plutôt virtuels comme le souligne très justement Milad Doueihi-. Sortes d'avatars de livres papiers "réels"?
Donc combien, ça peut valoir le fichier numérique d'un livre? J'avais déjà essayé d'approcher la question il y a quelque temps, c'est vrai que pour l'instant on nage dans le flou total.
Les coéfficients multiplicateurs font partie des secrets de cuisine chez les éditeurs. Je me rappelle une confidence du regretté Jean Guéret, éditeur chez Dessain et Tolra, qui m'avait expliqué que le fondateur Monsieur Dessain (il y avait une demoiselle Tolra) avait dans sa maison d'édition une grande balance. Chaque titre, une fois fabriqué, passait sur la balance et le prix était fixé au poids! Pas si bête que ça finalement et sa petite économie se portait bien à l'époque!
Mais dans ce monde numérique, comment va t-on fixer les prix?
"Il y a l'instinct de protéger les revenus futurs, afin d'éviter une cannibalisation de l'impression. Que l'instinct conduit à la tarification qui flotte dans ou autour de la tarification des produits d'impression comparables, ce qui d'un point de vue du consommateur, apparait tout simplement absurde - ce n'est pas un "produit" palpable, pas de stock ou de distribution physique, alors pourquoi le prix élevé? Mais cet instinct ne va t'il pas se révéler insensé finalement pour les éditeurs?
Et cette remarque judicieuse de Seth Godin (Combien pour le digital?) qui concerne la vidéo mais que l'on peut aisément transposer aux livres:
«Il est important de faire payer quelque chose, parce que l'acte de payer modifie fondamentalement la dynamique de la relation. La question est la suivante: au départ, votre objectif est-il de maximiser le profit ou de construire une plate-forme avec des barèmes? Le fait est que le marché est trop petit pour le moment pour le prix à la matière. Ce qui importe est de savoir si vous pouvez construire un public qui est dans l'habitude de vous payer, un public qui veut entendre parler de vous, un public avec qui l'on peut bâtir une entreprise.
A cinquante cents la location, tout désir de la piraterie passe par la fenêtre, remplacé par la commodité, la facilité d'utilisation et une bonne conscience pour le lecteur. Plus important, la totalité des nouveaux services apparaissent, les habitudes sont construites et les studios de se retrouver avec une relation directe avec les consommateurs qui veulent bien les écouter. Tout cela s'ils ne sont trop gourmand au départ."

Je repense à la longue confession de Paulo Coelho (via Lafeuille) qui organise le téléchargement gratuit de tous ses livres sur BitTorrent pour maximiser (selon lui) ses ventes en papier. Mais est-ce vraiment bâtir un contrat de confiance dans une économie du numérique?


Le spectre du piratage

Logo_pirate_bay Le Kindle et sa vaste opération médiatique sera-t-il le premier vecteur d'un piratage de contenus à grande échelle? Est-ce que les pirates passeront par le Kindle? C'est l'inquiétude qui pointe au travers de différents commentaires notamment sur le site Silicon.fr: "Si Amazon a acquis en 2005 Mobipocket, une société créatrice d’un format propriétaire de documents, le géant de la vente en ligne n’a pas jugé utile d'installer un verrou contraignant sur son terminal. Le fonctionnement conventionnel voudrait que chaque utilisateur dispose d'une adresse mail ([email protected]), achète légalement son contenu sur le site d'Amazon prévu à cet effet et le télécharge de son mail jusqu'a son Kindle. Le tout moyennant, suivant le cas, un paiement de 10 cents. Oui, mais... Les documents téléchargés en format .doc ou .txt peuvent être associés au format du terminal, le .azw. Les documents PDF peuvent eux aussi être convertis au format .txt. Résultat, inutile de passer par le site d'Amazon. Une plate-forme de 'peer-to-peer' et une connexion USB suffisent à installer les contenus sur le terminal. Gratuitement. La dernière invention d’Amazon risque de jouer un rôle non négligeable dans l’installation des livres et autres contenus numériques dans les mœurs. Néanmoins, les éditeurs de livres, les détaillants, ainsi que les journaux devraient modérément apprécier. Le retour de bâton pourrait être encore plus sévère pour Amazon. En effet, pourquoi continuer d’acheter des livres si un support permet de les acquérir sans payer?"
Il serait intéressant d'avoir le point de vue de spécialistes de formats sur ces questions. Je recommande bien sûr le blog d'Hadrien de Feedbooks et notamment sa synthèse passionnante sur le Kindle. En tout cas nul doute que les pirates planchent depuis la sortie du Kindle. Déjà qu'il nous promet de "mettre le feu"...


Quels prix pour les e-books ?

100_2886 Au moment où les livres électroniques entament une baisse des prix sensibles (vous me direz, ils sont partis de tellement haut qu'il y a encore du chemin à faire...), je crois qu'il est intéressant de s'interroger sur le prix des livres numériques, des contenus. J'ai repris l'intéressante analyse qu'a faite Hélène au moment où elle testait l'Iliad. C'est un débat qui va rapidement se poser en France, peut-être qui est même certainement déja en train de se poser chez les éditeurs. Avec les contrats d'auteurs, les prix de revient à repenser... D'un côté du curseur, les tout-gratuits libres de droits (Gutenberg et consorts avec les réserves sur la qualité), les tout-gratuits avec droits (Google avec l'accord ou "sans" l'accord des éditeurs, des sites-pirates à venir bientôt - rappelez-vous de l'exemple EbookFactory pour la presse). A l'autre extrémité du curseur des livres numériques récents au même prix que les versions papier (c'est le cas actuellement). On voit que l'éventail est large. Quand on regarde les librairies numériques actuelles, les ebooks sont vendus en moyenne aujourd'hui avec une réduction de 25% en moyenne par rapport au livre "papier" et ce malgré une TVA à 19,6% contre 5% pour le papier). Il est urgent bien sûr que l'on accorde le même taux de TVA à la version numérique, c'est quand même bien la même démarche culturelle, non?
Maintenant, est-ce suffisant pour faire décoller le livre électronique et "rentabiliser" l'achat d'un livre électronique?
C'est un calcul que le lecteur va faire, un simple petit ratio et si les livres numériques sont chers, il ne verra pas l'intérêt, à moins bien sûr d'un vaste choix de version-pirates et il faut lui faire confiance pour les trouver! Si la qualité des livres électroniques est au rendez-vous, c'est cela qui peut se passer rapidement...
Tout le monde a en tête l'exemple de la musique, les éditeurs accrochés à leurs prix de vente pendant que le téléchargement illicite s'étendait inexorablement. La longue agonie, DRM, chutes de prix sur les CD, puis finalement sans DRM et ce n'est pas encore fini, les modèles se cherchent encore...
DRM pour le livre bien sûr, il en va de la protection de tout un secteur, déjà suffisament fragile sans le livre numérique. Des auteurs, des éditeurs, des diffuseurs-distributeurs, des libraires... La contrefaçon sur le livre... on évalue bien le manque à gagner dans l'industrie du luxe, pour le livre ce serait bien plus grave, Gallimard, ce n'est pas Hermès.
Bon, imaginons, le best-seller de l'été:
L'Elégance du Hérisson :
- version papier-grand format: 20€ (19€ avec la remise éditeur)
- version numérique: 19€
- version papier-grand format (dans six mois): 19€ (prix unique du livre)
- version papier-poche (dans six mois): 6,5€ (prix unique du livre)
- version numérique (dans six mois): 4€
(disons que la version numérique perdrait 0,5€ tous les six mois, avec un prix plancher de 2€)
Je suis dans le vrai? Le e-book, concerné par le prix unique?
Soit lire tout de suite au prix fort, soit attendre pour un prix plus light, c'est ce que nous faisons déjà sur du poche, pourquoi ne pas l'envisager sur le livre numérique? Si le poche n'a pas tué le livre grand-format, c'est bien que les éditeurs ont pensé et organisé cette double vie d'un même livre. Il va falloir se résoudre à organiser la vie d'un cousin supplémentaire...
Bon, tout cela semble idéal, le meilleur des mondes. La seule préoccupation serait de trouver l'année prochaine sur un serveur chinois, l'ensemble des nominés pour les prix littéraires de la rentrée 2008, soit une cinquantaine de livres au grand maximum (15000 pages au total), mais qui représentent en terme de chiffre d'affaires, une bonne partie de la rentabilité sur l'année de tout un secteur. Et alors là, mon petit raisonnement, patatras... Et le cousin, il va se faire appeler Arthur...